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Honoré de Balzac, Eugénie Grandet : résumé,

personnages et analyse

Paru en volume en 1834 chez Madame Béchet, Eugénie Grandet est un roman réaliste d’Honoré de
Balzac. Son manuscrit initial, constitué de 116 feuilles, est aujourd’hui conservé à New York, à la
Pierpont Morgan Library.

Résumé de Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac


Chapitre 1 : Physionomies bourgeoises

Félix Grandet, un ancien tonnelier, fait partie intégrante de la génération ayant su tirer bénéfice de
la Révolution. Avec un bon sens des affaires, à d’excellents placements et à une avarice hors du
commun, il a réussi à se constituer un patrimoine conséquent. Il a acquis de grands et magnifiques
vignobles, plusieurs métairies et une vieille abbaye. À tout cela s’ajoutent des biens confisqués au
clergé. Cependant, la fortune de l’homme que l’on surnomme père Grandet n’a aucun égal que sa
propre cupidité. Ce dernier règne en dictateur sur son foyer à qui il fait vivre une existence
refermée.

Le père Grandet était auparavant maire de la petite ville de Saumur. Désormais, il fait fructifier sa
grande fortune en faisant semblant devant sa femme, Mme Grandet, sa fille, Eugénie Grandet, et sa
domestique Nanon, qu’ils sont pauvres et qu’il y a à s’inquiéter pour le futur. L’avare place tout sous
clef et calcule le moindre centime dépensé. La population de Saumur voit en sa fille une belle
opportunité pour s’enrichir dans leur localité. Alors, avec qui Eugénie Grandet se mariera-t-elle ?

Deux clans de la riche bourgeoisie de Saumur s’attellent donc à séduire la fille Grandet de manière
ardente. Les Des Grassins (une famille de banquiers) et les Cruchot (une famille de notaires)
bataillent de flatteries et ne tarissent pas de louanges afin de faire en sorte qu’un membre de leur
lignée conquière la main d’Eugénie. En véritable harpagon, le grigou Grandet tire avantage de cette
concurrence, et ce, jusqu’à ce qu’une correspondance de Paris lui vienne.

Chapitre 2 : Le cousin de Paris

Le mois de novembre 1819, la famille Grandet fête le vingt-troisième anniversaire d’Eugénie.


Comme d’habitude, les clans Des Grassins et Cruchot sont venus présenter leurs vœux et faire
assaut d’amabilités. Un jeune homme habillé de manière très élégante débarque alors dans la salle.
C’est Charles Grandet, fils du frère du père Grandet, Guillaume, un riche négociant à Paris.

Alors que le reste de la maisonnée accueille le jeune neveu avec dignité, Félix apprend par lettre que
Guillaume est ruiné et poursuivi par plusieurs créanciers. Il a d’ailleurs l’intention de se donner la

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vie et lui confie donc son fils unique. Lorsque Charles est conduit à sa chambre sordide sous le
regard curieux des convives, Eugénie s’attarde à sa toilette en admirant le jardin, tout en sentant
naître l’amour en elle.

Chapitre 3 : Amours de Province

Le lendemain, le père apprend le suicide de son frère. Il annonce impassiblement la mauvaise


nouvelle à Charles qui fond en larmes. Félix Grandet n’est point ému d’une telle perte brutale, par
ailleurs, il méprise ce neveu devenu insolvable. Il le traite même de bon à rien, estimant qu’il se
tracasse plus des décédés que de l’argent. Face à autant d’insensibilité, Mme Grandet et Eugénie
font tout pour rendre l’existence de Charles plus agréable, ce qui met en rage le maître de maison.

Félix tente d’éponger les dettes du regretté Guillaume tout en dépensant le peu d’argent possible.
Pendant une réunion avec les Cruchot et les Des Grassins, l’harpagon envoie le banquier Des
Grassins dans la capitale afin de se renseigner de l’affaire. Au cours de ce temps, Charles ne peut
plus se passer de sa cousine. Les deux jeunes se perdent même en confidences et s’avouent très
rapidement leur amour.

Chapitre 4 : Serments d’amour

Une nuit, Eugénie est attirée par des lamentations et entre dans la pièce de Charles qu’elle retrouve
assoupi. Elle cède à la tentation de lire les deux lettres que son cousin a écrites avant de s’endormir.
La première est pour Annette. Charles lui informe son départ pour les Indes ainsi que sa décision de
mettre fin à leur relation. Cette correspondance sous-entend également qu’il désire épouser
Eugénie. La deuxième lettre est quant à elle destinée à son ami Alphonse. Il lui demande de liquider
tous ces biens pour régler ses créances.

Émue par la bonté de Charles, Eugénie décide de lui offrir ses avoirs. Il s’agit de pièces d’or que
Félix lui donnait à chaque célébration et qu’elle préservait dans une bourse. Bien qu’il soit réticent
au début, Charles finit par accepter le présent. En retour, il lui offre tout un coffret en or de toilette
et deux portraits ornés de perles qui appartenaient à sa mère. Il promet également de revenir et
l’épouser lorsqu’il aura fait fortune. Au moment où Charles part pour les Indes, les deux tourtereaux
se jurent un amour éternel.

Chapitre 5 : Chagrins de famille

À la suite d’une transaction financière réussie le premier janvier 1820, Félix Grandet est plus
heureux que jamais et offre une pièce de napoléon à Eugénie. Il lui demande ensuite de lui montrer
tout son or. Mais la jeune fille est déjà majeure et a fait ce qu’il lui a plus d’en faire à sa bourse. Le
père devine alors qu’Eugénie a offert ses avoirs à son neveu. Avare qu’il est, il pique une colère
immense et réprimande sa fille en l’enfermant pendant des mois dans sa chambre.

Lassée du conflit, Mme Grandet finit par tomber malade, sa santé commence à se dégrader
rapidement. Elle demande donc l’intervention du notaire Cruchot qui recommande à Félix de se

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mettre un terme à sa dispute avec sa fille pour son propre intérêt. Effectivement, étant seule
héritière de la famille, Eugénie a le droit de réclamer une part de l’héritage si jamais sa mère venait
à mourir. Le père Grandet finit par accepter de se rapprocher de sa fille unique, comptant la faire
abandonner en ce qui concerne cette part de succession.

Chapitre 6 : Ainsi va le monde

Après deux années de martyre, en octobre 1822, Mme Grandet meurt épuisée. Le père Grandet
arrive à faire signer un document à Eugénie, ce qui l’oblige à renoncer à l’héritage maternel. Elle
reste aux côtés de Félix pour prendre soin de lui. Pendant les cinq prochaines années, l’avarice de
l’harpagon augmente au fur et à mesure que sa santé régresse. Sa fin proche étant très proche, il
initie les secrets du métier à Eugénie. Le père Grandet rend son âme en 1827, en admirant
fiévreusement ses écus.

Pendant tout ce temps, Eugénie Grandet est toujours dans l’attente de son amoureux. Charles a bel
et bien fait fortune aux Indes, cependant, il s’est aussi renfermé. Il revient dans la capitale
parisienne et refuse catégoriquement de payer les dûs de son père. Eugénie reçoit enfin une
correspondance où son cousin lui informe ses noces avec la marquise d’Aubrion dont il ne désire que
la noblesse. Désespérée, la fille Grandet propose donc un mariage au vieux Cruchot de Bonfons qui
paie tous les dûs de son oncle. Peu de temps après avoir été désigné député, le mari d’Eugénie
meurt. Devenue veuve à seulement 33 ans, elle revient au domicile des Grandet, où elle vit
petitement malgré sa grosse fortune, en consacrant sa richesse à la charité, en finançant des
associations caritatives. Malgré son grand cœur, la jeune femme mène une vie tout à fait monotone.

Les personnages principaux du roman


Le grigou Félix Grandet, surnommé le père Grandet

Ce vieil harpagon tyrannique est un des personnages principaux du roman. Ses rapports sont régis
par une seule et unique règle : son intérêt financier. Pour le père Grandet, la faillite représente une
honte suprême, « l’action la plus déshonorante » qui soit. Il n’a aucune considération que pour les
personnes qui peuvent lui être d’un certain intérêt, ignorant les autres, même sa propre famille.
Malgré sa grosse fortune, son avarice l’exige à vivre chichement et à se refuser un confort matériel.
Il refuse d’allumer un feu à condition que le froid soit intenable ou refuse de contacter un médecin
lorsque sa femme tombe malade.

Félix Grandet se distingue par sa manière de parler et son physique qui va parfaitement de pair avec
son ignoble attitude. Tout comme certains « personnages balzaciens », il doit notamment sa passion
à son hérédité et à son tempérament. Elle est également consolidée par son environnement : la
soumission de ses proches et la servilité intéressée de toutes ses relations.

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Eugénie Grandet, la « belle sans être jolie »

Toujours enfermée dans la demeure paternelle, la jeune Eugénie n’a jamais goûté aux différents
plaisirs de la vie. Elle n’a connu qu’une vie frugale et plutôt simple sous le joug de son propre père.
Ensuite, elle découvre en son cousin Charles son plus grand amour, dont son cœur en or ne pourra
jamais accepter la trahison. N’étant pas d’un naturel avare, elle va toutefois devenir raboteuse au
gain et insensible. Nul ne doute que ce dérapage de la générosité à l’art d’entasser et de la crédulité
au calcul vient de sa déception amoureuse. À la fin de sa vie, elle « marche au ciel, accompagnée de
cortège de bienfaits ».

Charles Grandet, le neveu de l’avare

Charles est le fils du frère de Félix Grandet et donc le cousin d’Eugénie. Au début du roman, il ne
s’intéresse point à l’argent. Avant de s’installer à Saumur, son éducation frivole ainsi que sa vie
dissipée de la capitale ont déjà commencé à effiler ses velléités de bons sentiments. Sa brutale ruine
réveille en lui une grande ambition de revanche contre l’impassibilité du destin et une volonté de
puissance. L’amour qu’il ressent pour sa bien-aimée Eugénie est très sincère, mais quand il part aux
Indes pour faire fortune avec le pécule que celle-ci lui offre, sa nature a complètement changé. Son
cœur s’endurcit et il contracte un mariage avec une comtesse qu’il n’aime pas, trahissant ainsi
Eugénie qui attendait impatiemment son retour. Il est mené par une injonction à la réussite
matérielle engendrée par la honte de la faillite de son père Guillaume.

Les Des Grassins et les Cruchot

Ces deux familles de notables se disputent quotidiennement l’héritage de Félix Grandet en


courtisant les faveurs de celui-ci, dans l’unique espoir d’acquérir Eugénie en mariage pour leurs fils.
En apparence, ils sont serviles, cependant, ils ne sont enthousiasmés que par l’artifice du gain et
honnissent en secret la famille Grandet. Ils sont l’incarnation même de la mesquinerie et de la
duplicité, n’agissant que par intérêt.

Analyse du roman Eugénie Grandet


Les thèmes dominants et le cadre de l’action

L’action du roman se déroule au cours de la Restauration française, période pendant laquelle se


perpétuent la croissance de l’industrie et l’enrichissement de la bourgeoisie qui devient la classe la
plus dominante. Le rôle pris par l’argent dans une telle ascension est l’un des thèmes principaux de
cette œuvre littéraire.

Le rapport à l’argent, les liens entre l’amour et l’argent sont des thèmes que l’auteur, Honoré de
Balzac, développe en détail à travers chaque personnage. Félix Grandet et sa cupidité maladive,
Eugénie Grandet et son total désintéressement vis-à-vis de l’argent et Charles qui trahit son amour
pour de l’argent.

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Le roman se passe dans des endroits peu variés, la demeure des Grandet abritant la majorité des
scènes.

Tout un enchaînement de mouvements symboliques

Pour de nombreux contemporains, Eugénie Grandet est l’œuvre littéraire la plus parfaite de Balzac.
À cette occasion, on l’applaudit sournoisement des qualités qu’il ne dispose pas, la sobriété, la
mesure, la délicatesse. Les balzaciens ont alors fini par penser tout comme lui.

Dans une préface, l’auteur définit les difficultés et les caractéristiques du sujet. Il explique que la vie
de province est monotone, calme et immobile en apparence. Cependant, sous une telle uniformité se
cachent des caractères raboteux et des passions violentes. C’est justement ce contraste qui donne
vie à la matière de tout roman localisé en province. Mais à l’inverse de ce qui particularise les autres
romans des « Scènes de la vie de province », l’environnement local est décrit d’une façon concise
dans Eugénie Grandet. Ce que Balzac dépeint à Saumur n’est point une bataille rangée ni un
grouillement d’ambitions. Il s’agit d’une assemblée de spectateurs qui observent et contemplent les
coups, presque un univers mort de produits provinciaux.

Puisque les événements sont des mouvements quasi imperceptibles, des signes que l’on discerne
dans ce silence, la tâche de l’auteur consiste à faire appréhender l’importance de ces signes, pas
uniquement à les faire comprendre, mais aussi à les rendre plus émouvants. Dans ce drame
domestique, tout mouvement se doit d’être décodé et la tragédie ne sera qu’un enchaînement de
mouvements symboliques qui sont aussi des indices et qui évoluent en des événements. Les
différentes expositions au commencement du récit, les portraits et les descriptions minutieuses ont
pour objet de prouver la valeur des différents enjeux.

La naissance des idées fixes, des ambitions des personnages

La psychologie de Balzac consiste principalement à exposer ce que Stendhal nommait «


cristallisation ». Ce dernier appliquait cette notion à la naissance de l’amour. Balzac, quant à lui,
l’appose à la naissance et l’incursion de tous les sentiments et de toutes les idées en nous, et qui
deviennent au fur du temps des idées fixes. Pour le romancier, une idée fixe est un désir, un
sentiment, une ambition auxquels on a donné une telle valeur qu’ils deviennent l’essentiel de la vie.
L’argent pour Félix Grandet, l’amour du fiancé imaginaire pour Eugénie… Tout cela devient les
pôles de leur vie, les objets rehaussés par leur imagination.

C’est justement cet envoûtement que l’auteur nomme « la peinture d’une passion » ou « la peinture
d’un sentiment » dans ses préfaces. Par ailleurs, ces deux expressions s’appliquent parfaitement au
roman. La passion peinte chez le père Grandet dévoile un avare. Ce personnage est même devenu
l’image vivant de l’avarice.

Une passion amoureuse dans un environnement vide

Né de l’imagination du romancier, le personnage principal demeure Eugénie Grandet. Il était dans

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l’exigence d’accorder à l’existence accablée de la jeune fille, un fort attachement d’imagination. Le
sentiment qu’elle ressent pour Charles et qui se développe avec énormément de rapidité ne perçoit
la moindre résistance. C’est une situation singulière et saisissante de ce phénomène auquel l’auteur
rattache tout : la puissance de l’idée fixe dans un environnement complètement vide. L’histoire
d’Eugénie relate l’histoire d’un amour qui emplit toute une vie, qui lui apporte toute sa couleur et sa
ligne comme destinée : la passion de l’argent chez le père Grandet et la passion amoureuse pour la
jeune Eugénie.

Seules leurs propres obsessions sont les plus importantes. L’histoire révèlera que la trahison de son
bien-aimé, la déception et la méchanceté de la gent masculine lui exhiberont la fermeté que l’instinct
offrait à son père. Au final, elle lui ressemblera : tout lui sera indifférent, sauf ce qui affecte son
obsession. C’est justement par une telle signification que l’œuvre littéraire Eugénie Grandet a
rejoint « La Comédie Humaine ».

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