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L’intégration environnementale des

PME marocaines :
entre motivations et freins.
Cas du Grand Agadir

Jamila OUBIHI
Doctorante
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales
Université Ibn Zohr
jamila.oubihi@gmail.com

Abdelkbir ELOUIDANI
Enseignant chercheur
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales
Université Ibn Zohr
elouidani@gmail.com
Jamila OUBIHI & Abdelkbir ELOUIDANI 38

Résumé
L’intégration environnementale des PME marocaines : Entre motivations
et freins. Cas du Grand Agadir.
Les recherches sur l’implication environnementale des entreprises sont
dominées par des travaux portant globalement sur les grandes firmes. Toutefois, les
PME semblent aujourd’hui de plus en plus sollicitées pour l’adoption des pratiques
environnementales. Ainsi, ce travail vise, d’une part, à identifier les motivations
d’implication des PME à la protection de l’environnement. D’autre part, à chercher les
raisons pour lesquelles ces PME ne s’intègrent pas dans l’environnemental.
Une étude empirique par questionnaire a été réalisée dans le secteur
agroalimentaire du Grand Agadir.
Mots-clés : PME, Engagement environnemental, Motivations, Freins.

Abstract
Environmental integration of Moroccan SMEs: Between motivations and
brakes. Case of the Great Agadir.
Researches on the environmental involvement of firms are dominated by
studies concerning the big companies on the whole. Nevertheless, SMES seem more
and more solicited for the adoption of environmental practices today. So, this article
aims, on the one hand, at identifying the motivations of involvement of SMES with the
protection of environment. On the other hand, to search reasons why these SMES do
not integrate into the environmental.
An empirical study by questionnaire was accomplished in the agri-food sector
of Great Agadir.
Keywords: SMEs, Environmental commitment, Motivations, Brakes.

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro 6 : Septembre 2017


L’intégration environnementale des PME marocaines : entre motivations et freins 39

Introduction
L’intérêt alloué aux problèmes environnementaux et leurs effets éventuels sur
l’humanité a abouti à un changement dans la perception de l’environnement naturel.
En effet, face à l’épuisement des ressources naturelles et à l’aggravation de pollution
susceptible de compromettre l’avenir, les problèmes d’environnement représentent
des enjeux croissants et importants pour nombre d’entreprises. Cependant, les
recherches portent le plus souvent seulement sur les pratiques environnementales des
grandes entreprises ou de celles qui apparaissent en tête des classements. Or très peu
d’études réservées aux petites et moyennes entreprises. Ainsi il semble aujourd’hui
que les PME n’échappent pas à cette tendance.
L’impact environnemental global des PME ne peut être négligé. En effet, les
PME sont aussi confrontées à une multitude de problèmes environnementaux. Elles
sont consommatrices de ressources naturelles, productrices de déchets et génératrices
de pollutions. Leurs activités modifient plus ou moins profondément l’environnement.
A cet égard, les PME doivent répondre aux problèmes environnementaux auxquels
sont confrontés.
Face à ce constat, il y a lieu de questionner sur le degré d’implication des PME à
la protection de l’environnement, surtout, de se rendre compte du véritable rôle
qu’elles pourraient occuper.
De ce fait, cette recherche s’interroge, d’une part, sur les motivations qui
poussent les PME à s’intéresser à la protection de l’environnement. D’autres part, sur
l’identification des freins à l’intégration de la dimension environnementale dans les
PME.
Afin de répondre à ces questionnements, le secteur agroalimentaire du Grand
1
Agadir a été sélectionné comme un terrain d’investigation de notre recherche. Le
caractère sensible de ses activités porteuses des nuisances sérieuses à l’encontre de
l’environnement naturel justifie le choix d’un tel secteur.

1
Le grand Agadir concerne la ville d’Agadir, Inezgane et Ait Melloul,.
Jamila OUBIHI & Abdelkbir ELOUIDANI 40

Pour ce faire, dans une première partie, nous allons présenter une revue de
littérature sur les travaux antérieurs en termes de motivations et de freins à
l’engagement environnemental des PME. Ensuite, la méthodologie d’étude est décrite
dans la seconde partie. Les résultats de notre étude empirique seront enfin exposés et
discutés (partie 3).
1. Revue de littérature
Le volet environnemental est largement considéré comme la porte d’entrée
privilégiée des PME dans le développement durable (GHERIB & BERGER-DOUCE,
2008). Plusieurs facteurs ont fortement contribué à la dégradation de
l’environnement. Il s’agit de la forte croissance démographique, de l’urbanisation
rapide de la population et du processus d’industrialisation (ABDOUN, 1999). A cet
égard, parmi les acteurs qui influencent fortement sur la solution des problèmes de
l’environnement et qui en sont responsables, on trouve les entreprises. Le
développement durable implique que ces dernières cherchent à atteindre une triple
rentabilité : économique, sociale et environnementale. Cependant, les PME peu
impliquées, ne peuvent rester en dehors de ce champ qui questionne l’ensemble des
entreprises.
L’engagement environnemental fait l’objet de nombreux travaux académiques
souvent consacrés aux grandes entreprises. Ces dernières ont été les premières à être
interpellées. Toutefois, les petites et moyennes entreprises ne peuvent être écartées du
mouvement, et semblent actuellement de plus en plus sollicitées pour intégrer la
dimension environnementale dans leurs stratégies. La préoccupation
environnementale devient un enjeu stratégique pour les entreprises de toutes tailles
confondues aujourd’hui (BERGER-DOUCE, 2007).
Selon GHERIB & M’HISSEN (2010), malgré l’impact individuel d’une PME sur
l’environnement peut paraître relativement limité, les conséquences cumulées de ces
entreprises sur l’environnement naturel sont substantielles puisqu’elles contribuent à
hauteur de 70% à la pollution industrielle totale.

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En raison de leur poids dans le tissu économique et social, les PME constituent
un facteur de croissance économique très important. Elles sont promotrices de
développement des territoires du fait qu’elles y jouent un rôle indéniable dans la
dynamique économique et représentent de véritables facteurs de promotion de
l’emploi et de création et partage de richesses.
Au Maroc, les petites et moyennes entreprises constituent le centre névralgique
de l’économie avec 40% de la production, et 31% des exportations, elles disposent
d’une importance significative dans le tissu économique dans lequel elles représentent
95% selon les statistiques de la confédération de la PME2.
Vu ce poids important, les PME sont aussi confrontées à une multitude de
problèmes environnementaux. Elles sont consommatrices de ressources naturelles,
productrices de déchets et génératrices de pollution. Leurs activités modifient plus ou
moins l’environnement.
C’est dans ce contexte que les PME ne peuvent être écartées du champ et
l’adoption des pratiques environnementales par ces PME est nécessaire.
La littérature relative à l’implication environnementale des PME suppose
l’existence de plusieurs motivations. Nous explicitons théoriquement les principales
raisons pour lesquelles les entreprises s’intéressent à la protection de l’environnement.
1.1. L’intégration environnementale des PME : Quelles motivations ?
Les motivations des entreprises à s’engager dans des activités responsables vis-
à-vis de l’environnement peuvent comprendre un vaste ensemble de considérations.
Selon la littérature existante et les constats empiriques, Reynaud(2008) a
identifié les déterminants du comportement de protection de l’environnement. Deux
groupes de motivations à distinguer. Premièrement, les motivations qu’elle classe de
sociologiques. Celles-ci regroupent d’une part, les pressions externes et internes à

2
Conseil déontologique des valeurs mobilières (2011) : le financement des PME au Maroc, Mai
2011, p.25.
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l’organisation. D’autre part, l’éthique du dirigeant. En second lieu, l’auteur distingue les
motivations économiques. Ces dernières consistent à améliorer la position
concurrentielle, réduire les coûts (Bensédrine, 2001), gérer les incertitudes liées aux
accidents, à la concurrence, à la demande ou à la législation (Boiral, 2003), et
rechercher une image responsable (Mathieu et Soparnot, 2006).
Selon une étude réalisée par Reynaud (2008), elle montre la prédominance de
trois raisons principales au comportement de la protection de l’environnement :
l’éthique du dirigeant, la position concurrentielle et l’incertitude liée à la législation.
Quant à ATIL (2009), l’intégration environnementale des entreprises est
souvent justifiée par de nombreuses motivations. L’auteur a proposé deux catégories :
des motivations réglementaires et des motivations économico-managériales. En effet,
les premières motivations concernent la conformité de l’entreprise aux normes et aux
règlements en vigueur dans son secteur d’activité. Ces motivations sont généralement
liées aux actions de mise en conformité aux nouvelles réglementations ou à des
solutions apportées à des problèmes environnementaux. La deuxième catégorie des
motivations cherchent à réduire les coûts à travers la prévention des nuisances à la
source et l’usage économisé des matières premières, de l’eau ou de l’énergie. En fait,
les firmes écologiquement efficaces peuvent à la fois réduire leurs coûts et leurs
impacts environnementaux en utilisant efficacement les ressources, en développant
des procédés réfléchis dans le cadre de la protection de l’environnement afin
d’abaisser les coûts de gestion des déchets, de traitement de l’eau et de la facture
énergétique.
Une typologie de motivations peut être retenue récapitulant ce qui a été déjà
cité. Ainsi, nous considérons quatre catégories de motivations à savoir :
- Les motivations stratégiques
Cette catégorie consiste en l’amélioration de la compétitivité à travers des
stratégies de réduction des coûts et des risques, d’amélioration de l’image de marque,
de différenciation.
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Ou encore l’anticipation qui vise à prévoir les nouvelles réglementations et s’y


adapter préventivement.
- Les motivations relationnelles
Dans ce cadre, les entreprises s’attachent à se conformer aux attentes des
différentes parties prenantes. Ainsi, la menace éventuelle de ces acteurs ne peut être
ignorée (Quairel et Auberger, 2005).
Les parties prenantes peuvent exercer des pressions sur les firmes afin de les
inciter à répondre à leurs attentes. Ainsi, la négligence de leurs intérêts risquent de
menacer l’existence même des entreprises (Capron et Quairel, 2002). Ceci motive les
entreprises à s’impliquer davantage dans l’environnemental.
- Les motivations institutionnelles
Elles tiennent compte du fait que l’environnement de l’entreprise est caractérisé
par des règles et des exigences sociales et culturelles auxquelles les managers doivent
se conformer afin de recevoir la légitimité de leur environnement. C’est le cas des
subventions accordées ou des plans de mise à niveau proposés par les pouvoirs
publics.
- Les motivations éthiques
L’émergence du concept du développement durable a largement contribué à la
prise en considération des aspects économiques, sociaux et éthiques dans le
fonctionnement des firmes (Wood, 1991). Leur objectif est d’assumer la responsabilité
sociétale. Il s’agit d’une nouvelle typologie de motivations. Ce sont des motivations
éthiques.
Ces motivations sont d’ordre interne. Elles reposent sur la vision, les valeurs ou
les convictions personnelles des dirigeants de l’entreprise. Elles deviennent plus
significatives dans les PME que dans les grandes entreprises (Paradas, 2006). Torrès
(2000) défend de son côté cette idée. Il tire conclusion que la domination hiérarchique
permet au propriétaire-dirigeant de la PME de passer l’aspect éthique à son personnel
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mieux que le dirigeant d’une grande entreprise Ainsi, Cette catégorie de motivations
suggère que la prise en compte de l’environnement peut ne pas découler de
considérations économiques de type coût/bénéfice.
Après avoir présenté les principales raisons qui peuvent motiver les entreprises
à s’impliquer dans le domaine environnemental, nous proposons d’analyser les freins
qui rendent difficile l’intégration environnementale dans les entreprises.
1.2. L’identification des freins à l’intégration environnementale des PME
L’Observatoire des PME européennes s’intéresse à l’analyse des freins qui
limitent l’engagement environnemental des PME. Ces freins sont soit de nature
externe, soit de nature interne à la firme.
Les freins externes peuvent se regrouper en trois catégories :
- La pression des consommateurs : contrairement aux grandes entreprises, les
PME sont souvent, soumises à de moindres pressions de la part des consommateurs et
des employés pour adopter des politiques environnementales.
- Les outils de management environnemental : les outils existants seraient
conçus spécifiquement par et pour les grandes entreprises, ce qui compliquerait leur
éventuel transfert ou adaptation dans un contexte de PME ;
- La pression environnementale des autorités publiques : cette pression est
souvent moindre sur les PME que sur les grandes entreprises, ce qui selon
l’Observatoire des PME européennes, justifie une approche différente de celle utilisée
pour promouvoir l’environnement dans les plus grandes entreprises.
Quant aux freins internes, ils peuvent se regrouper en trois catégories :
- Les ressources : le manque de temps, de ressources allouées aux problèmes
l’environnement et d’investissement dans la formation et contraintes de coût dans les
investissements constituent les principaux freins en matière de ressources ;

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- L’attitude et la culture d’entreprise : le manque d’une culture


environnementale et écologique dans l’entreprise qui se traduit par la perception de
l’environnement n’a pas de rapport avec les affaires et n’engendre que des coûts.
- La Connaissance : une faible connaissance en matière de la législation
environnementale, de contact avec les organisations d’appui et des sources
d’information limitent la participation des PME dans l’amélioration environnementale.
Par ailleurs, il convient de signaler que les freins à la mise en œuvre des
pratiques environnementales sont nombreux, surtout quand ces pratiques concernent
les petites et moyennes entreprises. Dans ce cas, le dirigeant assume très souvent les
fonctions de propriété et de direction3.
Dans le même ordre d’idées, pour Labarone et Oueslati (2011), il existe des
facteurs qui contribuent à freiner l’intégration environnementale au sein des PME. Il
s’agit notamment d’une forte centralisation du pouvoir décisionnel, de la vulnérabilité
économique et sociale élevée, d’un manque d’information et de ressources humaines,
et d’une insuffisance des moyens financiers…
Les deux auteurs ajoutent, des difficultés organisationnelles, liées à la
gouvernance et à la culture managériale, peuvent accentuer ces freins. Les systèmes
de gouvernance dans les pays en développement sont encore largement fondés sur
des relations interpersonnelles et informelles. Ils s’opposent à ceux observés dans les
pays développés plus transparents et davantage respectueux des règles de droit,
systèmes dans lesquels ceux qui exercent le pouvoir économique et politique doivent
davantage répondre de leurs actes (Labaronne et Ben Abdelkader, 2008).
Par ailleurs, ces freins indiqués ne sont pas exhaustifs. Ils dépendent de
l’organisation elle-même. Pour compléter la recherche dans ce sens, une étude
empirique a été réalisée dans les PME agroalimentaires du Grand Agadir.
3
Selon les textes de loi relatifs à la PME au Maroc, celle-ci est officiellement définie comme une
entreprise gérée et/ou administrée directement par les personnes physiques qui en sont les
propriétaires, copropriétaires ou actionnaires.
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2. Cadre méthodologique
2.1. L’échantillon de l’étude
Le secteur agroalimentaire du Grand Agadir constitue le cadre d’application de
notre recherche. Il représente un poids économique important au niveau de la région
et à l’échelle nationale.
Par ailleurs, le caractère sensible de ses activités porteuses de nuisances
sérieuses à l’encontre de l’environnement naturel justifie le choix d’un tel secteur.
Les petites et moyennes entreprises agroalimentaires offrent à ce titre un terrain
d’analyse particulièrement pertinent à étudier.
L’étude a été menée, par questionnaire, auprès de 42 PME agroalimentaires de
différentes branches d’activité. En effet, la moitié de notre population étudiée est
constituée des entreprises appartenant à l’industrie de poisson 66,7 % suivie par
l’industrie de corps gras (huile végétale et huile de poisson) avec 9,5 %, ensuite les
minoteries avec 7,1%. L’industrie de l’aliment de bétail, l’industrie laitière et l’industrie
de viande ont les mêmes parts de 4,8 %. En ce qui concerne l’industrie de boissons et
la conserverie végétale ne représente qu’une part faible de 2,4 % chacune.
2.2. Outil et technique d’investigation
La méthode de collecte des données choisie est le questionnaire. Dans la
plupart des cas, ces questionnaires ont été administrés sans que les destinataires
bénéficient de notre présence physique. La majorité des entreprises nous fixe un
rendez-vous pour récupérer le questionnaire. Il était difficile de remplir le
questionnaire le face à face du fait que les responsables étaient occupés tout le temps.
Le questionnaire est administré à chacune des 79 entreprises. 42 d’entre elles,
ont alimenté cette étude par leurs réponses. Soit un taux de réponse de 53,16%.
Pour les non répondants, les raisons sont principalement le manque de
disponibilité des responsables des entreprises, simple refus sans justifications, retard
excessif dû à la réticence des dirigeants.
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3. Présentation et analyse des résultats


Les déchets hydriques et les rejets solides sont les principales pollutions dans
les industries agroalimentaires.
78,6% des PME engendrent des déchets hydriques, suivi des rejets solides
dans 76,2% des cas. Cependant, les autres types de pollution à savoir les rejets
atmosphériques et les nuisances sonores sont faibles dans l’industrie agroalimentaire.
11,9% des entreprises émettent des nuisances sonores. Quant aux rejets
atmosphériques, ils ne sont présents que dans 9,5% des industries agroalimentaires.
Par ailleurs, 45,2% des entreprises enquêtées, ont déclaré qu’elles ont réduit
leur consommation en eau. En effet, avant d’entamer des études de réalisation des
STEP4, chaque usine met en place les potentiels d’optimisation c'est-à-dire la
minimisation de la consommation d’eau par le nettoyage à sec….
En ce qui concerne les ressources renouvelables, elles sont utilisées à faible
taux, soit deux entreprises sur les quarante deux seulement.
3.1. Résultats liés aux motivations environnementales
Les motivations qui poussent les PME agroalimentaires à s’impliquer au respect
de l’environnement sont diverses. Le tableau suivant illustre les résultats de l’enquête
effectuée :

4
Station d’épuration
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Tableau 1 : Les motivations aux pratiques environnementales


Nombre
MOTIVATIONS Fréquence
d’entreprises
Réduire les coûts et réaliser des économies 36 85,7%
Pour s’adapter à la règlementation 27 64,3%
Accroitre la rentabilité de l’entreprise 26 61,9%
Moyen de valoriser l’image de l’entreprise vis-à-
24 57,1%
vis du public
Pour un avantage concurrentiel 6 14,3%
Par conviction personnelle 4 9,5%
Pour bénéficier d’aides ou subventions 3 7,1%
Dans le cadre de norme ISO 14001 1 2,4%
Pour bénéficier d’avantages fiscaux 0 0%
Autres 0 0%
TOTAL DES ENTREPRISES 42
Source : Résultats de l’enquête
Les résultats relatifs aux motivations sont classés par ordre décroissant selon le
degré d’importance. A la lecture de tableau 5, la réduction des coûts et la réalisation
des économies arrivent en tête des motivations citées et cela dans 85,7 % des PME
interrogées. Le deuxième facteur incitatif est la mise en conformité avec la
règlementation (64,3%).
Ensuite vient l’accroissement de la rentabilité de l’entreprise (61,9%). Suivi de la
valorisation de l’image de l’entreprise (57,1%). Dans un secteur où la confiance des
consommateurs est une condition indispensable à la pérennité de l’entreprise, l’image
est en effet primordiale.
La conviction personnelle n’est présente que dans une faible part de 9,5 % des
entreprises. Par conséquent, l’implication au respect de l’environnement ne résulte

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pas d’un comportement volontaire. Pour les autres motivations, elles sont citées très
faiblement.
Nous avons posé la question suivante : « avez- vous déjà bénéficié d’une aide
ou d’un accompagnement externe dans vos démarches environnementales ? ».
Figure 1: Proportion des IAA bénéficiant d’une aide ou d’un
accompagnement

Source : Résultats de l’enquête


La figure ci-dessus montre qu’un nombre significatif d’entreprises n’ont
bénéficié d’aucune aide ou d’accompagnement dans leurs démarches
environnementales, soit une proportion de 95,2 % des entreprises enquêtées.
Cependant, une faible partie de la population de 4,8% (2 entreprises) a
répondu positivement à la question posée.
Nous avons aussi demandé à ceux qui sont bénéficiaires d’aide ou
d’accompagnement d’identifier l’organisme concerné. Deux entreprises ont cité la
RAMSA5 et le FODEP6.

5
Régie Autonome Multies services d’Agadir.
6
Fonds de dépollution : instrument incitatif vise l'encouragement des entreprises industrielles et
artisanales à réaliser des investissements de dépollution ou d'économie de ressources et introduire
la dimension environnementale dans leurs activités.
Jamila OUBIHI & Abdelkbir ELOUIDANI 50

Figure2 :PME ayant des difficultés à l’adoption des pratiques environnementales

Source : Résultats de l’enquête


3.2. Résultats liés aux freins à l’implication environnementale
Toutes les PME agroalimentaires interrogées ont des freins et des obstacles
pour s’impliquer dans la protection de l’environnement.
Ces freins sont identifiés dan le tableau suivant classés par ordre d’importance
selon les réponses reçues.
Tableau 2 : Les différents freins à l’intégration environnementale
Nombre
FREINS Fréquences
d’entreprises
Trop coûteux 39 92,9%
Manque de ressources financières 26 61,9%
Manque d’incitation 9 21,4%
Manque de temps 5 11,9%
Manque d’informations 5 11,9%
Manque de moyens humains 4 9,5%
Manque d’accompagnement 2 4,8%
Autres 0 0%
Total des entreprises 42
Source : Résultats de l’étude
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Le coût élevé est le frein le plus fortement évoqué par les entreprises. 92,9 %
des répondants ont cité cet obstacle. En effet, les installations nécessaires à s’impliquer
dans la protection de l’environnement coûtent chères. Ce qui rend leur acquisition
n’est pas à la portée de toutes les industries.
Le deuxième frein, d’après les résultats obtenus, est le manque de ressources
financières (61,9 %). En effet, la population étudiée se compose de petites et
moyennes ayant des âges confondus. Souvent, dans les entreprises de petites tailles et
celles qui sont nouvellement crées peuvent être confrontées à des problèmes de
ressources financières. Ensuite vient le manque d’incitation (21,4 %).
Pour le manque de temps (11,9 %), manque d’informations (11,9 %), manque
de moyens humains (9,5 %) et manque d’accompagnement (4,8 %) sont cités avec des
parts faibles.
Conclusion
Les résultats déclarent que les motivations qui incitent plus les industriels à
s’impliquer dans la protection de l’environnement est d’ordre économique (réduction
des coûts et amélioration de la rentabilité), suivi de motivations d’ordre institutionnel
(s’adapter à la réglementation).
De ces motivations, on conclut que le comportement environnemental dans les
industries agroalimentaires n’est pas volontaire mais plutôt déterministe.
La mise en œuvre de la protection de l’environnement reste toutefois
confrontée à des difficultés surtout d’ordre financier.
L’étude nous recense des freins à l’adoption des actions environnementales. Le
coût élevé de ces dernières est pointé du doigt par les responsables des industries
comme l’obstacle majeur à l’implication environnementale. Le manque de ressources
financières est aussi incriminé.
Connaître les programmes d’aides offerts aux industriels peut largement
faciliter la mise en œuvre d’initiatives environnementales et même en diminuer les
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coûts. Pourtant, le fonds de dépollution (FODEP) mis sur pied par le ministère de
l’environnement pour aider les industries polluantes à adopter des pratiques
environnementales plus saines, ne semble guère connu et encore moins utilisé.
Il ressort de notre étude empirique que les PME agroalimentaires tendent
davantage à limiter leurs actions environnementales aux domaines ayant un impact
direct sur la rentabilité.
Les PME de la population observée ne contribuent donc que partiellement aux
exigences de la protection de l’environnement.
En revanche, l’existence déjà à ce temps d’actions et démarches rattachées à
l’environnement constitue un point d’appui de dire qu’au futur les taux vont
augmenter.
Les résultats de cette recherche sont ainsi préliminaires en raison de la taille de
l’échantillon. Il serait intéressant d’élargir le cadre de l’étude géographiquement à un
échantillon statistiquement représentatif à l’échelle nationale afin de pouvoir tirer des
conclusions plus générales sur le contexte marocain.

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Liste des tableaux


Tableau 1: Les motivations aux pratiques environnementales
Tableau 2 : Les différents freins à l’intégration environnementale

Liste des figures


Figure 1 : Proportion des IAA bénéficiant d’une aide ou d’un accompagnement
Figure 2: Les PME ayant des difficultés à l’adoption des pratiques environnementales.

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