ski a lpin Coupe du monde Géant Femmes footba ll Monaco

Worley, la victoire Kovac

qui tombe à pic PAGES 22 ET 23
sur la sellette PAGES 16 ET 17

2,10 € mercredi 29 décembre 2021 76e année N° 24 610 France métropolitaine

Marco Tacca/AP

2021

MOND E

Pour la première
fois de leur carrière,
Étienne Garnier, Frédéric Porcu/L’Équipe

le tennisman serbe
NOVAK DJOKOVIC
et la sprinteuse jamaïquaine
ELAINE THOMPSON ont été sacrés
Champions des champions monde par « L’Équipe ».
PAGES 2 à 13

ANT 2,40 € - BEL/LUX 2,40 € - CH 3,20 FS - ESP/AND 2,70 € - GR 3,10 € - MAR 25 MAD - PORT CONT 3,00 € - REU 2,40 € - TUN 4,80 DIN
 2 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

trophée
CHAMPION DES CHAMPIONS Monde
HOMMES

745
1 Novak Djokovic (SER)
Tennis

J’ai senti l’amour

points

2 Caeleb
DRESSEL (USA)

et le soutien des gens

430 Natation
points

3 Tadej
POGACAR (SLV)
347 Cyclisme
Champion des champions monde pour la première fois de sa carrière,
points

4 Julian le numéro 1 mondial s’est longuement confié à « L’Équipe » et a revisité

ALAPHILIPPE
274
sa folle année où le Grand Chelem lui a finalement échappé sur le fil.
points Cyclisme

5 Karsten DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ble dans les champs environnants. Durant cette trêve, numéro 1 mondial est sensible à cette récompense.
WARHOLM (NOR) FRANCK RAMELLA il est passé par Kopaonik, la station où tout a démarré Même s’il cligne des yeux face aux flashes inquisi-
pour lui. Il a fait du ski, bien sûr. Dans tous ses contrats, teurs, il joue le jeu pendant la séance photo. Puis, pen-
247 Athlétisme BELGRADE – Le rendez-vous a été fixé à Belgrade, dans il prend bien garde de faire préciser qu’aucun alinéa dant une demi-heure, il revient sur les épisodes les
points
l’un des salons de son académie Novak Center. Novak ne puisse lui interdire cette activité qu’il adore tant. En plus fameux d’une année dingue. Aucune question ne
Djokovic (34 ans), qui a scolarisé ses enfants dans son phase de reprise, il a aussi pris un peu de temps pour devait lui être posée sur sa participation, ou non, à
6 Tyson pays natal, revient de plus en plus souvent en Serbie. les visiteurs français. Le clan a été surpris par l’annon- l’Open d’Australie. Mais il ne s’est pas fait prier pour
FURY (GBR) Même quand il fait froid et que la neige est encore visi- ce du résultat du vote des journalistes de L’Équipe, et le faire machine arrière en 2021.

133 Boxe
points
«Avec des hauts qui vous ont mené si haut Déjà, Daniil a joué mieux que moi ce jour-là. là, presque tout le stade était derrière moi! Novak Djokovic avec son trophée
et des bas si intenses, est-ce la saison la Il était si clair avec son plan de jeu qu’il Je l’ai senti dès que je suis rentré sur le court. de Champion des champions monde,
7
Alexis plus folle de votre carrière? exécutait à merveille. Honnêtement, il ne Je ne m’y attendais pas du tout et j’ai été pris à Belgrade, le 18 décembre.
PINTURAULT C’est une saison de montagnes russes m’a pas laissé beaucoup de chances. J’ai eu au dépourvu. Ce ressenti émotionnel Six mois plus tôt, à Roland-Garros,
pour plein de raisons. Avec la pandémie, quelques occasions de revenir en début de différent a peut-être affecté mon jeu. le Serbe s’impose en finale
130 Ski tout le monde a vécu une période deuxième set. Mais il était sur sa vague. Fixé Ça ne vous a pas plu? après avoir été mené deux
points
compliquée. Mais, pour nous, contraints de sur sa ligne de fond, en ne commettant que J’aime être supporté. Je ne suis pas un gars sets à zéro par le Grec
voyager pour exercer notre métier avec des très peu de fautes directes. En fait, il était qui se motive dans un environnement Stefanos Tsitsipas
8 réglementations différentes dans chaque plus agressif qu’à l’habitude, à faire des hostile. C’est juste que j’y étais habitué. Et (6-7, 2-6,
Giannis pays, c’était très difficile de rester “sain” coups gagnants sur chacune des balles un d’une certaine manière, je n’ai pas réussi à 6-3, 6-2, 6-4).
ANTETOKOUNMPO (GRE mentalement pour maintenir les routines peu plus courtes. Son service était bien rentrer dans le match. J’ai perdu
112 )Basket qui vous permettent de donner le meilleur imprévisible, avec beaucoup de variations, d’entrée mon service et puis ç’a été très dur
points
de vous-même. On ne se sent pas libre. Il y a en touchant tous les coins. Il y a eu aussi un de lui prendre ses engagements, tellement
eu la quarantaine en Australie; à Paris, on élément concernant l’énergie dans le jeu. il servait bien. J’étais toujours derrière au
9 n’avait pas plus d’une heure pour sortir de Normalement, quand je rentre sur le court score, toujours… Sans parler de la pression
Max
VERSTAPPEN (HOL) l’hôtel,etc. Il y avait beaucoup de tension dans les grands matches, je ne suis pas le du moment. Toute ma carrière, j’ai réussi à
dans l’air. Et hors du court également, là où favori dans le cœur des spectateurs. Je la gérer dans les grands moments, mais là,
94 Formule 1 on est censé se relâcher. Il fallait penser à m’étais préparé à ce genre d’atmosphère. Et je n’en étais juste pas capable. uu
points
plus de choses que d’habitude: où et quand
mettre le masque, ne pas oublier de faire
10 Robert les tests... Il y a donc eu encore plus
LEWANDOWSKI (POL) d’attentes et de pression sur cette saison.

93 “Une chose est sûre, je me serais

Football
points senti mieux préparé à New York
si je n’avais pas disputé les JO.
MODE D'EMPLOI Mais une fois que j’ai dit ça,
Décerné depuis 1946 pour la
France et 1975 pour le monde,
le trophée de Champion
d’y être allé ,,
je ne regrette pas

des champions récompense
le sportif qui a marqué l’année,
selon les journalistes des
rédactions du groupe L’Équipe.
Le classement est établi à
l’issue d’un vote à bulletins
secrets. À partir d’une liste
de nommés close le 29
novembre, chacun a établi sa
liste des cinq sportifs les plus
remarquables. La première
place vaut 6 points, la
deuxième, 4, la troisième, 3, la
Vous l’avez mieux gérée que les autres?
Je ne le dirai pas ainsi. Mais j’ai eu de
meilleurs résultats que les autres dans les
tournois du Grand Chelem. Sur la
deuxième partie de saison, avec les JO sans
médaille, avec la finale perdue à New York, il
y a eu des défaites difficiles. Mais dans le
même temps, j’ai appris et elles me feront
grandir. Bien sûr que j’aurais été fier et
heureux de gagner les quatre titres du
Grand Chelem, mais il y a toujours une
raison puissante pour laquelle ça n’a pas
été le cas. Je préfère y voir un signe, sur le
Pierre Lahalle/L’Équipe

quatrième, 2, et la cinquième,1. fait notamment qu’il aurait peut-être fallu

Depuis 2012, le trophée n’est faire certaines choses différemment.
plus mixte et distingue, pour Puisque vous parlez de défaites difficiles,
la France et pour le monde, on ne peut pas oublier la conclusion de cet
un lauréat et une lauréate. US Open face à Medvedev (6-4,6-4,6-4)... uu
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
Monde
Novak Djokovic très ému lors de la remise des prix de l’US Open. Quelques minutes plus tôt, le Serbe s’était
nettement incliné en finale face à Daniil Medvedev (6-4, 6-4, 6-4), ratant pour un match le Grand Chelem en 2021.
uu Pouvez-vous nous raconter ces quinze
jours d’extrême pression avec cette
perspective d’un potentiel Grand Chelem?
Il aurait peut-être été préférable que je
n’aille pas aux Jeux avant cet US Open.
J’aurais eu plus de réserves en énergie
mentale, physique. Je suis allé à Tokyo
avec le réservoir à 50%. Le jeu, ça
allait, mais je marchais déjà sur la
réserve. Dans des conditions
extrêmement difficiles, avec une
humidité incroyable et deux
matches en plein milieu de
journée, le réservoir en énergie
baissait, baissait... Et ça a
tourné contre Zverev en demi-
finales (1-6, 6-3, 6-1) dans un
match que j’aurais pu gagner.
Et quand je suis rentré des
Jeux, j’étais comme (il souffle)...
Je pensais: “Oh, j’ai besoin de
pas mal de temps pour
récupérer!” Mais je n’en avais
pas. Il fallait vite aller à New York.
Je n’essaie pas de me trouver
des excuses. Je ne passe pas
d’habitude trop de temps dans ma
vie, dans ma carrière, à en
chercher. Je ne suis pas non plus
du genre à ressasser. Le “et si?”, je
n’aime pas ça. Notre cerveau est
ainsi fait à toujours vouloir résoudre
uu le challenge suivant. Mais une chose
est sûre, je me serais senti mieux
préparé à New York si je n’avais pas
disputé les JO. Mais une fois que j’ai dit
ça, je ne regrette pas d’y être allé.
Vous avez été le roi du Village!
Je vous laisse cette expression mais oui,
toute l’attention portée sur moi a été
incroyable! J’ai été touché bien sûr parce
que ça venait de mes collègues athlètes. Ce
genre de respect, c’est très spécial dans ce
rendez-vous qui n’a lieu que tous les quatre
ans. J’ai aimé toutes mes rencontres,
toutes mes discussions sur des sujets
comme l’entraînement, la force mentale, la
récupération... J’ai juste adoré. Adoré
partager, apprendre... Pour être honnête,
ça m’a donné l’énergie en tout cas d’aller
loin dans le tournoi. Car je le répète, quand
Étienne Garnier/L’Équipe
j’ai débarqué, j’étais presque vide. Mais
c’est vrai que le cerveau dicte le
comportement. Et bien sûr, ces Jeux
resteront une expérience positive. Même si
ç’aurait été mieux avec une médaille et des
spectateurs au bord des courts. J’aurais
3
CHAMPION DES CHAMPIONS
Robert Deutsch/L’Reuters/Panoramic
été encore plus poussé. Eh oui, même avec
ces défaites durant la deuxième partie de
l’année, j’ai senti l’amour et le soutien des
gens. Cela apporte beaucoup de positivité.
Je me concentre dessus pour le prendre
comme un merveilleux “highlight” de cette
année 2021. Sans oublier bien sûr que je
finis l’année numéro 1, un défi important à
mes yeux.
“Ce n’était pas une victoire
sur le court, mais une plus grande
victoire avec cette connexion
vécu ça à New York ,,
avec les gens. Je n’avais jamais
Désolé, mais revenons sur New York, et
ces deux semaines d’extrême pression...
Je m’étais mis à l’écart dans la résidence
d’un ami en dehors de New York, dans la
nature. J’ai essayé de m’extirper de la folie
de cette ville. Je voulais préserver l’énergie
pour rester focus. Et je dois dire que ça a
marché. Une finale, ce n’est pas si mal (il
sourit). Mais j’ai toujours eu le sentiment de
ne pas être à mon meilleur au niveau de
mon jeu et de mes sensations sur le court.
Surtout en deuxième semaine. Je perdais
des sets. Et je suis arrivé en finale en ne me
sentant pas très bien. Même si je savais que
j’avais battu Medvedev lors de notre
dernière confrontation, et que j’avais plus
d’expérience. Je n’étais pas frais. Pouvoir
gagner trois titres du Grand Chelem en si
peu de temps, de Roland-Garros à l’US
Open en passant par Wimbledon, sans
oublier les JO… C’était si condensé, la
programmation était chargée de folie! Et
chaque Grand Chelem vous pompe une
énergie incroyable.
Vous aviez dit que vous joueriez cette finale
comme si c’était le dernier match
de votre vie… C’était donc un match
plus que spécial, non?
J’ai pleuré (en plein match) d’abord à cause
de cet incroyable soutien. C’était des
larmes de joie. Avec tout cet amour. Puis
ces larmes de joie sont devenues des
larmes de tristesse.Bien sûr je n’allais pas
céder mais j’avais le sentiment que ça
devenait très, très dur de gagner. Vous
voyez? C’était un mélange de tout ça.
Toutes les émotions cachées à l’intérieur
se sont libérées avec ces larmes. La seule
uu
chose que je regrette, c’est de ne pas avoir
pleuré plus tôt dans le match. La libération
est arrivée trop tard! Parce qu’après, j’ai
 4 trophée
CHAMPION DES CHAMPIONS Monde
uu
Novak Djokovic s’impose
en finale de l’Open d’Australie,
le 21 février, décrochant
à Melbourne son 9e trophée.
Icon/Panoramic
pris son service, remporté le jeu suivant, je
ne dis pas que j’allais gagner le match, qui
sait? Mais bon, dans la vie, je crois vraiment
que tout arrive pour une raison. Que Dieu,
l’univers ou autre chose décide que ça se
passera comme ça, le jour donné.
Au final, vous étiez détruit ou soulagé?
En fait, je suis allé dîner avec mon équipe,
ma famille et des amis. On était une
vingtaine environ dans un restaurant où on
aime aller, Bar Italia, sur Madison Avenue.
Le propriétaire est un ami (il sourit). Ma
motivation pendant le tournoi, c’est qu’il
m’avait dit: “Dimanche, je te réserve
l’endroit pour une grande célébration! On
va le faire.” Il y avait des ballons gonflables
partout. Et ç’a été un dîner merveilleux. J’ai
beaucoup pleuré pendant le repas, c’était
émouvant, mais c’était un moment de
soulagement plus que d’effondrement.
J’étais bien sûr détruit émotionnellement.
Normalement, après une grosse défaite, je
n’aime pas qu’on me dérange, au moins
durant cette journée, même si c’est ma
femme... Je veux rester seul avec moi-
même. J’ai besoin de digérer à ma
manière. Ça passe vite, le lendemain ça va
Étienne Garnier/L’Équipe
déjà beaucoup mieux. Ce soir-là, j’étais prêt
à ne pas aller à ce dîner. Mais tout le monde
m’enlaçait après la défaite, et j’avais faim!
Alors j’ai dit OK, je passe juste manger et je
partirai. Et puis… ça s’est terminé par une
soirée de plusieurs heures. Monica Seles
m’a appelé. Elle pleurait à l’autre bout du fil.
La soirée a été tellement émouvante, mais
d’une belle façon. On était tous tristes, mais
j’étais très reconnaissant de recevoir tout
cet amour. Même dans la rue en sortant,
les gens venaient me consoler en disant
qu’ils avaient été à fond pour moi. C’était...
waouh! Ce n’était pas une victoire sur le
court, mais une plus grande victoire avec
cette connexion avec les gens. Je n’avais
jamais vécu ça à New York.
“Avec ma femme, on est aussi
allés aux Maldives. Je voulais
des montagnes, elle voulait
la mer, j’ai dû écouter
la boss (sourire) ,,
Cela vous a aidé pour surmonter tout ça?
Le lendemain, j’étais OK. Savoir que je
rentrais à la maison à Belgrade pour voir
les enfants et prendre du temps avec eux,
savoir que je serais pour un certain
temps en dehors des courts, dans la
nature, c’était idéal pour
la guérison. Avec ma
femme, on est aussi allés
aux Maldives. Je
voulais des
montagnes, elle
voulait la mer, j’ai
dû écouter la boss
(sourire). Après New York, je pensais finir là
la saison, c’était assez. Et puis aux
Maldives, je me suis régénéré. Après une
semaine, j’étais déjà à la gym pour
l’entraînement. J’ai appelé mon équipe.
Pour être honnête, je ne savais pas si
Medvedev en me battant m’avait dépassé
au rang de numéro 1 mondial. Je pensais
que c’était le cas. Ils m’ont dit que j’étais en
bonne position pour finir l’année numéro 1,
alors pourquoi ne pas le faire? J’ai réfléchi,
et j’ai répondu: “Faisons-le.” À vrai dire, la
seule compétition qui m’intéressait après
l’US Open, c’était la Coupe Davis. Jouer
pour mon pays m’apporte la plus grande
motivation, toujours. Donc j’ai fini par
rejouer. D’abord à Paris (le Rolex Paris
Masters , début novembre), la ville où il s’est
toujours passé des choses incroyables
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
“Encore aujourd’hui,
certaines personnes
ne me croient pas
quand je dis que
j’avais une déchirure
musculaire depuis
mon match contre
,,
Fritz au troisième tour
en Australie
dans ma carrière. Je me sens bien là-bas. Il
y a une bonne énergie. Et c’était une bonne
décision puisque j’ai gagné le tournoi en
jouant du très bon tennis!
En finale contre Medvedev (4-6, 6-3, 6-3),
votre décontraction
était un peu déconcertante…
C’était une façon, presque enfantine, de
retrouver de l’énergie. Pour oublier ce
processus du “il faut repartir”, “il faut le
faire”... Je me suis dit: “Tu sais quoi? Tu n’as
pas à, tu n’es pas obligé de…” Et ça a
marché. Je n’avais plus cette mentalité
de… (il mime un visage en serrant les dents).
Comme s’il y avait une sorte de
transmutation d’énergie. Et mes enfants
(présents au bord du court) m’ont beaucoup
aidé. Chaque fois que je les regardais, cette
énergie transmise m’éveillait. Je me
sentais bien. Je me disais: “Apprécie! Joue,
essaie de gagner, mais il n’y a rien dans la
vie que tu sois obligé de faire.” J’avais ce
genre de conversation intérieure. Ça
pouvait paraître étrange vu de l’extérieur,
mais je devais le faire. Après, j’étais sur la
vague, je ne ratais pas une balle, je servais
bien. C’était fantastique! C’était une bonne
manière de finir l’année. Même à Turin
(pour le Masters), mes trois premiers
matches ont été remarquables (face à
Ruud, Rublev et Norrie, avant une défaite
serrée contre Zverev en demi-finales). Et
pour la Coupe Davis (jusqu’en demi-finales,
après des rencontres à Innsbruck et Madrid),
j’étais à nouveau un peu vidé. Mais je dirais
que j’ai apprécié toutes ces expériences.
Cette saison a été l’une des plus spéciales
de ma vie, pas uniquement en termes de
résultats mais avec ces records, la
pandémie, et toutes ces émotions sur et en
dehors du court. Et je suis content qu’après
avoir tracé ce chemin, 2021 soit terminé.
Il faut aussi parler de vos grandes
victoires, notamment de ce match furieux
contre Nadal en demi-finales
de Roland-Garros (3-6, 6-3, 7-6, 6-2)...
Dans mes matches de l’année, en évaluant
les batailles intérieures et le combat face à
l’adversaire, je le classe en numéro1,
devant la finale de Roland contre Tsitsipas uu
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
5
Monde CHAMPION DES CHAMPIONS

court à les voir faire des balles tous les deux.

Je me suis toujours rendu disponible pour
l’encourager ou lui donner des conseils. Il 2021

m’a toujours respecté, admiré, supporté

pendant les entraînements. Notre relation
s’est construite ainsi. On parle beaucoup en
dehors du court. Parmi mes plus grands
rivaux, c’est avec lui que j’ai les relations les
plus proches.
Palmarès monde
Et Medvedev, votre dauphin actuel? 1975
Je l’ai d’abord vu à Monte-Carlo où il passait 1976
du temps. On s’est bien entendus. Quand je 1977
vois arriver un jeune plein de potentiel, 1978
j’aime bien le guider. Ça me motive de les
1979
voir bien faire. En 2017, avant un match de
Coupe Davis Serbie-Russie, on s’entraînait 1980
ensemble sur la Côte d’Azur et je lui ai 1981
demandé comment il comptait se rendre 1982
dans mon pays. Finalement, je l’ai emmené 1983
avec moi dans un vol privé. Il avait vraiment 1984
apprécié. Le vendredi, on avait d’ailleurs 1985
joué l’un contre l’autre (victoire du Serbe par 1986
abandon au 4e set). Ensuite, on a discuté de 1987
plus en plus. En fait, j’aime son caractère. Il 1988
donne à tout le monde l’image du ‘“Je suis
1989
comme je suis, je ne copie personne.” Ça
peut paraître déroutant. On a plutôt 1990
l’habitude de jeunes qui débarquent et 1991
parlent des plus anciens, genre “c’est mon 1992
idole, je veux être comme lui”. Mais lui est 1993
authentique et j’aime ça. Même si ça lui 1994
arrive de mal se conduire sur un court, 1995
comme moi, en jetant des raquettes ou en 1996
se battant avec la foule, au moins il s’en 1997
John Walker (NZL, athlétisme)
Alberto Juantorena (CUB, athlétisme)
Rosemarie Ackermann (RDA, athlétisme)
Henry Rono (KEN, athlétisme)
Sebastian Coe (GBR, athlétisme)
Eric Heiden (USA, patinage de vitesse)
Sebastian Coe (GBR, athlétisme)
Paolo Rossi (ITA, football)
Carl Lewis (USA, athlétisme)
Carl Lewis (USA, athlétisme)
Sergueï Bubka (URSS, athlétisme)
Diego Maradona (ARG, football)
non attribué
Florence Griffith-Joyner (USA, athlétisme)
Greg LeMond (USA, cyclisme)
Ayrton Senna (BRE, Formule1)
Carl Lewis (USA, athlétisme)
Michael Jordan (USA, basket)
Noureddine Morceli (ALG, athlétisme)
Romario (BRE, football)
Jonathan Edwards (GBR, athlétisme)
Michael Johnson (USA, athlétisme)
Sergueï Bubka (UKR, athlétisme)

20
uu (6-7, 2-6,6-3,6-2, 6-4) et la finale de Rafa, sur chacun des points, je me tient à ce qu’il est. Ses sentiments peuvent
1998 Zinédine Zidane (FRA, football)
Melbourne contre Medvedev (7-5,6-2,6-2). demandais si j’allais finir par gagner ou être chamboulés au milieu d’un match,
Pourquoi mettre cette dernière dans le perdre. C’était plus imprévisible. Quand je mais il se bat. Et il dit: “Si vous voulez me 1999 Andre Agassi (USA, tennis)
top 3? Encore aujourd’hui, certaines l’ai breaké à 3-2 au quatrième set, là, je me siffler, sifflez-moi!” J’aime cette honnêteté. 2000 Tiger Woods (USA, golf)
personnes ne me croient pas quand je dis suis senti un peu mieux. Je le sentais avec C’EST LE NOMBRE Avec son statut de top joueur, il aurait 2001 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
que j’avais une déchirure musculaire une énergie déclinante et j’ai vu que j’avais DE TOURNOIS DU beaucoup à perdre à se comporter parfois 2002 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
depuis mon match contre Fritz au pris le dessus. Mais jusque-là, il avait fallu GRAND CHELEM ainsi, avec les sponsors,etc. Il n’est pas 2003 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
troisième tour en Australie. Seule mon s’arracher sur tous les points. Tous. C’était REMPORTÉS PAR politiquement correct, mais je suis comme 2004 Hicham el-Guerrouj (MAR, athlétisme)
équipe sait par quoi on a dû passer à la guerre. Une intensité incroyable. Une de NOVAK DJOKOVIC. ça. Je peux facilement m’identifier. Pareil 2005 Roger Federer (SUI, tennis)
chaque journée. Je ne me suis jamais mes plus belles victoires, sûr! En s’imposant en 2021 à pour Zverev. Il a la même approche. On peut 2006 Roger Federer (SUI, tennis)
entraîné, pas même une seule fois. J’ai Une nouvelle rivalité s’installe l’Open d’Australie, Roland- parler d’une mentalité rebelle, mais pas
2007 Roger Federer (SUI, tennis)
utilisé chaque heure disponible pour la contre Medvedev et Zverev qui vous ont Garros et Wimbledon, que. On veut être authentique, coller à nos
récupération. Sur la table de massage, sur battu dans des matches clés en 2021. le Serbe a rejoint Roger valeurs. Quand on fait une erreur, j’aime 2008 Usain Bolt (JAM, athlétisme)
les machines, en prenant des Mais vous avez eu des mots gentils Federer et Rafael Nadal en qu’on dise: “J’ai fait une erreur”. Si vous 2009 Usain Bolt (JAM, athlétisme)
médicaments antidouleur à haute dose. à leur égard cette saison. Pourquoi? tête des vainqueurs des voulez me critiquer, OK, c’est votre choix. Je 2010 Rafael Nadal (ESP, tennis)
Tout ce qu’il pouvait être possible de faire, je Je les apprécie d’abord comme personnes. tournois majeurs dans ne suis pas parfait, mais je vais essayer 2011 Lionel Messi (ARG, football)
l’ai fait pour me mettre en position de jouer. J’ai eu de bonnes relations avec eux dès l’ère Open (depuis 1968). d’apprendre de tout ça. Je n’aime pas Serena Williams (USA, tennis)
2012
Gagner ce tournoi a été un miracle. notre première rencontre. Concernant Le numéro 1 mondial l’a quand les personnes se présentent et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
Vraiment. Contre Raonic en huitièmes de Zverev, je connais bien son frère aîné Misha, emporté 9 fois dans sa comme parfaites, sur et en dehors des Serena Williams (USA, tennis)
finale et Zverev en quarts, je m’échauffais on est de la même génération, on a joué carrière à l’Open courts. Ça n’existe pas. Voilà pourquoi 2013
et Rafael Nadal (ESP, tennis)
avant les matches à peine une demi-heure beaucoup de tournois juniors ensemble. d’Australie, 2 fois j’apprécie Sasha et Daniil. En plus, ce sont Katie Ledecky (USA, natation)
– normalement c’est trois heures – et Misha venait en famille, avec Sasha à Roland-Garros, 6 fois des joueurs de tennis incroyables. J’aurais 2014
et Renaud Lavillenie (FRA, athlétisme)
chaque fois que je commençais à servir je (Alexander), sur les tournois. Je me souviens à Wimbledon et 3 fois espéré leur botter les fesses quelques fois
regardais Goran (Ivanisevic, son coach) et je de Sasha petit comme ça (il mime la taille à l’US Open. cette année à Tokyo ou à New York (il sourit), Serena Williams (USA, tennis)
2015
lui disais: “Ça ne va pas être possible…” d’un enfant), il jouait avec mon frère Djordje mais on finit toujours par en plaisanter. et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
Finalement j’ai pu surmonter ça et je dois qui a seulement deux ans de plus que lui. Et J’adore. C’est ça la rivalité Next Gen: Simone Biles (USA, gymnastique)
2016
admettre que ça allait mieux en demi- nous, avec Misha, on rigolait au bord du Zverev, Djokovic, Medvedev (rires)! » É et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
finales (contre Karatsev) et en finale. La Katie Ledecky (USA, natation) ;
douleur était là, mais mon corps s’était 2017 Rafael Nadal (ESP, tennis)
ajusté. et Roger Federer (SUI, tennis)
“Je n’aime pas quand Simone Biles (USA, gymnastique)
2018
et Marcel Hirscher (AUT, ski alpin)
les personnes se présentent
Simone Biles (USA, gymnastique)
comme parfaites, sur et en dehors 2019
et Rafael Nadal (ESP, tennis)
des courts. Ça n’existe pas. Marte Olsbu-Roeiseland (NOR, biathlon)
Voilà pourquoi j’apprécie 2020

,,
et Lewis Hamilton (GBR, Formule 1)
Sasha (Zverev) et Elaine Thompson (JAM, athlétisme)
Daniil (Medvedev) 2021
et Novak Djokovic (SER, tennis)
À Roland-Garros, il y a eu moins de
souffrance, mais plus de spectacle…
En termes de qualité et de combat, les deux
matches de Roland contre Nadal et
Tsitsipas étaient incroyables. La seule
Jérôme Prévost/L’Équipe

différence – et je ne veux surtout pas Novak Djokovic considère

paraître arrogant et ne veux rien enlever à sa victoire face à Rafael Nadal,
Tsitsipas –, c’est que j’avais le sentiment en demi-finale à
contre lui que même mené deux sets à rien, Roland-Garros, comme
je pouvais encore gagner. J’avais le son plus grand match de l’année
sentiment d’avoir plus de contrôle. Contre 2021 (3-6, 6-3, 7-6, 6-2).
 6 trophée
CHAMPION DES CHAMPIONS
2 Toujours en construction
Caeleb Dressel
JEAN-PIERRE BIDET
Il y a un peu plus d’un an, nous avions ren-
contré Caeleb Dressel dans un salon de son
hôtel sur l’île Marguerite, à Budapest, où il
disputait la phase finale de l’International
Swimming League. Pendant près de qua-
rante-cinq minutes, le Floridien s’était livré
sans fard sur sa vie de sportif au temps du
Covid, sur sa passion de la natation et sur sa
quête olympique. L’homme aux treize titres
mondiaux n’était alors que le double cham-
pion olympique, en relais (4× 100 m et
4×100 m 4 nages) qui, grâce en particulier à
ses départs canon et ses coulées hors
norme, visait six médailles d’or à Tokyo.
Pas comme un but ultime, juste comme
une étape dans sa construction. Car, pour
lui, rien n’est jamais acquis. « L’autosatis-
faction tue, c’est peut-être un cliché, mais je
déteste rester immobile, avouait-il. Je veux
toujours avancer. Ma plus grande peur, c’est
de plafonner. Et plus c’est dur, plus j’ap-
prends. J’ai vécu des périodes sombres
comme en 2014, où j’ai failli tout plaquer
parce que j’en avais marre de nager. J’ai ar-
rêté six mois et la natation m’a rappelé. Para-
doxalement, ce sont des moments comme
celui-là qui m’ont été le plus utiles. Lorsque
vous luttez vraiment, vous apprenez beau-
coup sur vous-même. L’endroit où je me
sens le plus vulnérable, c’est à l’entraîne-
ment. Parce que je sais que j’aurai toujours
quelque chose à y apprendre.»
“J’ai gagné en expérience
,,
mais je mesure tout
ce qu’il me reste à accomplir
Plus d’un an a passé et Dressel est désor-
mais, à 25 ans, septuple champion olympi-
que. Dans les eaux du Centre aquatique
olympique de Tokyo, cet été, il s’est adjugé
l’or sur 50 m, 100 m, 100 m papillon,
4x100 m et 4x100 m 4 nages (5e avec le
4x100 m 4 nages mixte). Jusque-là, seuls
ses compatriotes Michael Phelps (8 titres
en 2008), Mark Spitz (7 en 1972) et Matt
Biondi (5 en 1988) avaient réalisé une telle
razzia. Mais, là encore, pas question de se
reposer sur ses frais lauriers. « J’ai beau-
coup appris pendant cette compétition et ce
n’est pas une question de médailles,
PA Images/Icon Sport
Le 29 juillet, Caeleb Dressel montre sa joie après avoir remporté
le 100 m des JO, le premier de ses cinq titres gagnés à Tokyo.
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
Monde
Quintuple champion olympique à Tokyo, le nageur américain
est un éternel insatisfait. La preuve: il vient de changer d’entraîneur.
expliquait-il lors de son ultime conférence
de presse au Japon. Je repars meilleur na-
geur, je suis fier de tout ce que j’ai fait et que je
peux en tirer des leçons. Parce qu’aucune de
mes courses n’était parfaite, loin de là, et au-
cune approche mentale dans la chambre
d’appel non plus. Ça n’a pas été une semaine
facile, j’étais très stressé. Au réveil parfois, je
me disais : “Putain, je vais en baver au-
jourd’hui !” J’ai gagné en expérience mais je
mesure tout ce qu’il me reste à accomplir.»
Sans vouloir minimiser la portée de son
exploit, Dressel n’a pas été aussi souverain
qu’attendu aux Jeux. À part sur 50 m (vic-
toire en 21’’07 contre 21’’55 à Florent Ma-
naudou), il a dû puiser très loin pour terras-
ser ses rivaux, l’Australien Kyle Chalmers
sur 100 m et le Hongrois Kristof Milak sur
100 m papillon. Alors, s’il veut réussir la
passe de sept (il peut aussi nager le
4 × 200m) en 2024 à Paris, l’Américain sait
qu’il ne doit pas lambiner.
C’est dans cette optique qu’il a annoncé
mi-novembre, à la surprise générale, qu’il
quittait Gregg Troy (71 ans), son coach de-
puis 2014. Un homme que Dressel respecte
plus que tout. «J’apprécie chaque entraîneur
qui a fait partie de ma vie, a-t-il expliqué sur
son compte Instagram. Et je me sens bien
car je sais que j’aurai toujours coach Troy
comme mentor, ami et surtout comme mo-
dèle. Cet homme m’a appris plus qu’il ne le
saura jamais dans l’eau et en dehors.»
Le septuple champion olympique n’a
donc pas hésité à rompre ce fil. Il va toute-
fois continuer de s’entraîner à Gainesville
sur le campus de l’université de Florida,
mais cette fois sous la baguette d’un duo, le
Surinamien Anthony Nesty (53ans), cham-
pion olympique du 100 m papillon en 1988,
et son adjoint Stephen Jungbluth, qui le
connaît parfaitement pour avoir été l’assis-
tant de Troy. Dressel a intégré un groupe de
très haut niveau avec le double champion
olympique (800 m, 1500 m) de Tokyo Bobby
Franck Faugère/L’Équipe
Finke, le médaillé de bronze sur 400 m Kie-
ran Smith et, surtout, la multititrée (du
200 m au 1 500 m) Katie Ledecky, fraîche-
ment débarquée de Stanford. «Je suis plus
que reconnaissant de cette opportunité de
faire partie de cette équipe talentueuse et mo-
tivée, a-t-il écrit. Maintenant, mettons-nous Caeleb Dressel a eu plusieurs fois l’occasion de poser avec une médaille d’or aux Jeux de Tokyo. Après celle du 100 m
au travail!» É (ci-dessus), suivront celles du 100 m papillon, du relais 4 x 100 m, du 50 m et du relais 4 x 100 m 4 nages.
Franck Faugère/L’Équipe
Mike Lewis/ISL
Le 31 juillet, le nageur américain devient champion olympique Les 21 et 22 novembre, Caeleb Dressel bat trois records du monde
du 100 m papillon en battant le record du monde en 49’’45. en petit bassin (50 m, 100 m papillon, 100 m 4 nages), à Budapest.
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
PHILIPPE LE GARS
Quelques jours avant la présentation du
Tour de France, mi-octobre à Paris, Tadej
Pogacar a rencontré Eddy Merckx. Il appré-
hendait ce rendez-vous, comme s’il fran-
chissait, là, une nouvelle étape dans sa car-
rière, celle de l’adoubement par le
champion ultime du cyclisme. Le Belge,
qui déteste qu’on désigne tous les quatre
matins le nouveau Merckx, n’avait pas hé-
sité, au soir de la victoire du jeune Slovène
au Tour de Lombardie le 9 octobre, à le pré-
senter comme son successeur. Rien que
ça ! S’il refuse toujours de placer au même
niveau l’autre prodige du peloton actuel,
son compatriote Remco Evenepoel (21 ans)
en quête de reconnaissance auprès du
« Cannibale », il a clairement désigné le
double vainqueur du Tour de France (2020,
2021) comme le grand talent des années à
venir, celui qui pourrait égaler (du moins en
partie) son immense palmarès. Quitte à se
mettre à dos une partie de la presse belge.
« Avec Pogacar, oui je pense qu’on a là le nou-
veau Eddy Merckx », a-t-il répété comme
pour bien enfoncer le clou.
“ Si c’est Eddy Merckx qui le dit,
,,
alors je suppose que je marque
l’histoire de mon sport
TADEJ POGACAR
Tadej Pogacar était resté jusque-là presque
insensible aux éloges et aux comparaisons
avec les plus grands champions de l’histoire
du cyclisme, par pudeur mais surtout par
manque de repères en raison de son jeune
âge. « Pour moi, jusqu’ici, cette volonté de me
comparer aux anciens et surtout à Eddy
Merckx étaient le fait de la presse, et je n’étais
pas sûr que cela intéresse vraiment le public.
Mais venant d’Eddy Merckx en personne, ça a
une autre portée, j’en suis très fier. »
À 23 ans, son palmarès parle pour lui.
Après sa victoire in extremis sur le Tour l’an
passé – il avait coiffé sur le fil son compatri-
ote Primoz Roglic en haut de la Planche
des Belles Filles lors de l’avant-dernière
étape –, il avait la lourde tâche de confirmer
cette année.
«Tout s’est parfaitement déroulé, résume-
t-il aujourd’hui avec une simplicité décon-
certante, je crois que c’était impossible de
faire mieux.» Avec le gain d’un deuxième
Tour (plus trois étapes), de deux Monu-
ments – Liège-Bastogne-Liège et le Tour de
Lombardie –, de Tirreno-Adriatico sans ou-
blier la médaille de bronze olympique à To-
kyo, Pogacar a placé la barre déjà très haut.
Son assurance en course impressionne
également, surtout pour un si jeune cou-
reur. « N’imaginez pas que je suis si confiant,
ça m’arrive tout de même de douter sur le
vélo. Je ne suis pas le coureur le plus sûr du
peloton, j’ai passé aussi de mauvaises jour-
nées cette saison. Le plus dur en fait a été de
retrouver un pic de forme en fin de saison
pour gagner le Tour de Lombardie. Je rêvais
de cette course. »
Il va découvrir le Tour
des Flandres en avril
Il a beau rester modeste, au moment de
dresser le bilan de son année, il figure déjà
dans les annales. Il a tout simplement re-
joint Fausto Coppi et Eddy Merckx, les seuls
jusque-là à avoir gagné le Tour de France et
deux Monuments (sur les cinq que compte
une saison) la même année. Sauf que l’Ita-
lien avait déjà 29 ans en 1949 et le Belge,
24 ans en 1969, l’année de son premier Tour
de France. Le Slovène est surtout le seul à
avoir gagné déjà deux Tours de France à
Le 9 octobre, Tadej Pogacar décroche à Bergame son deuxième Monument de l’année,
le Tour de Lombardie, devant l’Italien Fausto Masnada.
7
Monde CHAMPION DES CHAMPIONS
3
Tadej Pogacar
L’histoire
en marche
Sa deuxième victoire
sur le Tour de France et ses
succès sur Liège-Bastogne-
Liège et le Tour de Lombardie
ont fait entrer le Slovène,
Étienne Garnier/L’Équipe
à seulement 23 ans,
dans une autre dimension.
22 ans (il a fêté ses 23 ans en septembre). Il
ne cache également jamais son plaisir sur
le vélo, ce qui lui donne toujours un côté ga-
min et joueur qui, pour l’instant, l’éloigne
d’une quelconque quête de records. « Je n’ai
pas encore vraiment compris ce qui m’arrive
depuis deux ans. » Mais c’était avant qu’Eddy
Merckx parle de lui avec une admiration
sans borne. « Si c’est lui qui le dit, alors je sup-
pose que je marque l’histoire de mon sport »,
admet-il.
Sa présence sur le devant de la scène de
février à octobre redonne aussi une cer-
taine image du cyclisme, celle d’une épo-
que qu’on croyait révolue où les favoris du
Tour ne se concentraient pas uniquement
sur le mois de juillet. Il sait qu’il sera désor-
mais autant attendu sur le Tour que sur les
trois autres Monuments qu’il lui reste à ga-
gner pour égaler Rik Van Looy, Eddy
Merckx et Roger De Vlaeminck, les seuls à
avoir gagné les cinq au cours de leur car-
rière. Si Milan-San Remo semble le plus
dans ses cordes, Paris-Roubaix qu’il n’a ja-
mais couru reste encore inaccessible à ses
Bernard Papon/L’Équipe
yeux.
Mais contrairement à ce qu’il avait laissé
entendre après sa victoire au Tour de Lom-
bardie, il devrait découvrir le Tour des Flan-
dres en avril prochain. Par curiosité, mais
aussi pour prendre racine sur des terrains
qui lui sont encore étrangers et qu’il veut Le 17 juillet, le Slovène assure sa victoire dans le Tour de France à la
dompter au plus vite. É veille de l’arrivée lors du chrono disputé entre Libourne et Saint-Émilion.
Bernard Papon/L’Équipe
Frédéric Mons/L’Équipe
Le 25 avril, victoire de Tadej Pocacar dans Liège-Bastogne-Liège,
où il surprend Julian Alaphilippe (à droite) et David Gaudu (derrière lui).
8 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

trophée
CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES Monde
FEMMES

808
1 Elaine Thompson (JAM)
Athlétisme

Label Elaine
points

2 Clarisse
AGBÉGNÉNOU
477 Judo
points

3
Triple championne olympique à Tokyo,
Emma
McKEON (AUS) sprinteuse vivante la plus rapide de l’histoire
261
points Natation sur 100m et 200m, la Jamaïquaine
est sacrée championne des championnes
4 Katie
LEDECKY (USA)
monde de «L’Équipe», pour qui elle revisite
234 Natation
son exceptionnelle saison.
points

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL Mais le travail n’empêche pas les inquié-

5 Emma STÉPHANE KOHLER tudes. Si l’année commence plutôt bien à
RADUCANU (GBR) l’entraînement sous les ordres de Stephen
MONACO – Elaine Thompson-Herah était de Francis, son coach de longue date, la native
213 Tennis passage en Principauté début décembre de Banana Ground, modeste village
points
pour la cérémonie de remise de prix de d’une région très pauvre, rechute peu
World Athletics qui célébrait son exception- avant les premiers meetings de Ligue
6 Tiril nelle année 2021. La Jamaïquaine a rem- de diamant. «Je me suis fait mal et j’ai
ECKHOFF (NOR) porté trois médailles d’or aux Jeux de To- dû déclarer forfait à Gateshead, fin
kyo (100 m, 200 m et 4×100 m), conservant mai. L’idée était évidemment de me
204 Biathlon ses titres acquis à Rio sur 100 m et 200 m, concentrer sur les sélections ja-
points
et elle est également devenue la sprin- maïquaines. J’avais beaucoup
teuse vivante la plus rapide de l’histoire sur veillé sur mon corps. On a passé
7 ces deux distances. Avant même d’avaler beaucoup d’examens, de tests.
Lara
GUT (SUI) son petit-déjeuner face à la Méditerranée, J’ai fait mes soins du mieux
la quintuple championne olympique a pris possible, sans être parfois ca-
138 Ski le temps de détailler, pour L’Équipe, sa sai- pable de m’entraîner à 100 %.
points
son hors norme. Il faut être à l’écoute de ses
Une année initiée sans grands repères sensations, ne pas pousser
8 ni confiance, puisqu’elle restait sur plu- trop loin la machine en cas de
Sifan
HASSAN (HOL) sieurs saisons perturbées par des problè- douleurs, ce que je ne faisais
mes aux tendons d’Achille. Seulement 5e pas assez par le passé.»
121 Athlétisme sur 100 m aux Mondiaux 2017 puis 4e en
points
2019, elle était loin du niveau qui lui avait Sauvée par le report
permis de rafler l’or sur 100 m et 200 m à des Jeux d’un an
9 Rio en 2016, à 24 ans seulement. Au point Fin juin, aux Trials de Kingston,
Sydney
McLAUGHLIN (USA) de songer parfois à raccrocher. «C’est dans elle termine troisième du 100 m
la nature humaine de parfois penser à arrê- (10’’84) comme du 200 m (22’’02), à
118 Athlétisme ter en fonction des blessures, mais on peut chaque fois derrière Shelly-Ann Fra-
points
aussi se dire “allez, j’essaie encore une fois”, ser-Pryce et Shericka Jackson. Billets
explique-t-elle. Et j’ai choisi cette deuxième pour Tokyo validés, mais sans forcément
10 option, j’ai continué mes efforts, j’aime relever impressionner. « Pendant ces sélections, le
Mikaela
SHIFFRIN (USA) mes propres défis. J’étais et je suis cons- principal objectif était de se qualifier pour les
ciente de mon potentiel. J’avais encore des JO, peu importe la place. Je ne visais pas un
112 Ski choses en moi à donner vu qu’en 2019 et 2020 record personnel ou une grosse perfor-
points
par exemple je n’avais pas “fait” grand-chose. mance. Les chronos de Shelly-Ann ou
Il fallait poursuivre le travail!» Sha’Carri Richardson (la sprinteuse uu
MODE D'EMPLOI
Décerné depuis 1946 pour la
France et 1975 pour le monde,
le trophée de Championne
des championnes récompense
le sportif qui a marqué l’année,
selon les journalistes des
rédactions du groupe L’Équipe.
Le classement est établi à
l’issue d’un vote à bulletins
secrets. À partir d’une liste de
nommés close le 29 Le bonheur des Jamaïquaines
novembre, chacun a établi sa Elaine Thompson, Shelly-Ann
liste des cinq sportives les Fraser-Pryce, Briana Williams
plus remarquables. La et Shericka Jackson après
première place vaut 6 points, leur titre olympique sur 4 x100 m
la deuxième, 4, la troisième, 3, le 7 août à Tokyo.
la quatrième, 2, et la
Alain Mounic/L’Équipe

cinquième,1. Depuis 2012,

le trophée n’est plus mixte et
distingue, pour la France et
pour le monde, un lauréat et
une lauréate.
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
uu américaine avait réussi 10’’72 en avril mais
fut privée de JO après un contrôle positif au
cannabis en juin lors des sélections améri-
caines) ? Je ne me soucie pas tellement des
autres, à vrai dire. Le principal souci, c’est
moi!»
Après un très bon chrono (10’’71) début
juillet à Szekesfehervar (Hongrie), cap
donc sur le Japon et ces Jeux décalés d’un
an en raison de la situation sanitaire. «Il y a
eu pas mal d’incertitudes sur ces JO, mais
quand il est devenu certain qu’ils allaient
avoir lieu, même à huis clos, j’étais évidem-
ment très heureuse. En mars 2020, quand on
a su qu’ils étaient reportés, encore plus, car
j’avais très mal aux tendons d’Achille. Je n’au-
rais sans doute pas été en mesure d’aller à
Tokyo quelques mois plus tard tant j’étais en
retard à l’entraînement. Le report était un
moindre mal.»
Une fois débarquée au Japon, la Jamaï-
quaine sent le poids de ses médailles de
2016 lui retomber sur les épaules. «J’étais
plus nerveuse qu’avant Rio, super nerveuse
même, sourit-elle. J’étais quand même
double championne olympique en titre et je
me demandais vraiment ce que
j’allais pouvoir réussir.»
“J’avais envie de crier, de sauter
partout. Cinq ans après Rio,
et beaucoup de difficultés,
j’avais livré et gagné
un sacré combat ,,
Le 30juillet, ses doutes vont s’envoler dans
le superbe stade olympique de Tokyo, bai-
gnant dans une chaleur moite très jamaï-
quaine. Dans les séries du 100 m, elle im-
pressionne (10’’82) sans forcer, puis le
lendemain en demi-finales, même facilité
(10’’76). « J’ai vraiment eu l’impression de
maîtriser mon sujet, je savais comment abor-
der un tel événement, comment contrôler les
choses au fil des tours. J’ai pu m’économiser,
sans douleurs physiques, et jeter toutes mes
forces dans la bataille en finale. J’étais
prête.»
Et quelle finale ! Malgré un vent défavo-
rable (-0,6 m/s), elle s’impose en 10’’61,
largement devant ses compatriotes Fra-
ser-Pryce (10’’74) et Jackson (10’’76), pour
conserver son titre sur la reine des distan-
ces et signer la deuxième meilleure per-
formance de l’histoire derrière le record
controversé de l’Américaine Florence Grif-
fith-Joyner (10’’49 en 1988), décédée en
1998. « Un tel chrono, en plus avec un vent
défavorable, bien sûr que j’y ai pensé juste
après ma course, mais le premier sentiment
en coupant la ligne, c’est évidemment la vic-
toire, l’or après celui de Rio ! Je tenais plus
que tout à conserver mon titre. Et puis, après
quelques secondes, on réalise. J’étais au
septième ciel. Un record olympique, un
record personnel, c’était fantasti-
que. J’avais envie de crier, de
Elaine Thompson
s’impose sur 100 m,
le 31 juillet, nouveau
record olympique
à la clé (10’’60).
Frédéric Porcu/L’Équipe
Monde
sauter partout. Cinq ans après Rio, et beau-
coup de difficultés, j’avais livré et gagné un sa-
cré combat.»
Avec une démonstration de force du
sprint jamaïquain, auteur du triplé, comme
en 2008 (Fraser-Pryce en or, Simpson et
Stewart ex aequo en argent). «J’avais vu les
filles le réussir à Pékin devant ma télévision,
alors, faire partie à mon tour de l’histoire,
c’était formidable pour le pays et pour moi.
Dans quelques années, je pourrai me dire: on
l’a fait aussi! La longévité au sommet de notre
sprint doit beaucoup aux exemples qu’on a en
grandissant, c’est un héritage pour ceux qui
arrivent. Ça nous montre que c’est possible,
ça inspire les jeunes garçons et filles, pour
continuer à mettre notre petite île sur la carte.
Il y a eu Usain (Bolt) bien sûr, mais les filles
essaient aussi de laisser leur empreinte!»
Thompson-Herah souffle seulement
vingt-quatre heures puis s’attaque au
200 m, avec deux tours le 2 août (22’’86 puis
21’’66). Comment enchaîne-t-on pareils
efforts ? « Ce n’était pas si compliqué. On
s’entraîne toute l’année pour ça. Dommage
d’avoir deux tours la même journée, ça a
pompé pas mal d’énergie, ce n’était pas le
programme habituel, mais on s’adapte ! Sur
200 m, je m’attendais vraiment à un combat
compliqué. Mais le succès sur 100 m m’a
donné confiance, et je me sentais capable de
réussir le doublé.»
“Il n’y a pas eu de record
du monde, mais je suis l’une
des meilleures de l’histoire
de mon sport. En tout cas,
je me vois comme telle ,,
APRÈS SON 10’’54 À EUGENE, LE 21 AOÛT
Chose faite en finale le lendemain, dans un
chrono encore une fois épatant, 21’’53
(+ 0,8 m/s), loin devant la Namibienne
Christine Mboma (21’’82). Deuxième
meilleure performance de l’histoire der-
rière les 21’’34 de Griffith-Joyner aux JO
1988. «Le record du monde aurait peut-être
été à ma portée sans l’enchaînement des
tours, j’aurais eu plus d’énergie. Mais qui sait
ce qui se passera à l’avenir?»
Après une troisième médaille d’or, cette
fois avec le 4 × 100 m jamaïquain, le bi-
9
CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES
Alain Mounic/L’Équipe
lan 2021 est déjà exceptionnel, mais le
chrono va encore s’affoler. Nous sommes
cette fois à Eugene (Oregon, USA), le
21 août, en Ligue de diamant, et la quintu-
ple championne olympique s’impose sur
100 m en 10’’54 (+0,9 m/s), à cinq centiè-
mes seulement du record du monde ! « Il y
avait de la fatigue post-JO, les voyages, le dé-
calage horaire, mais c’est mon job de courir
et d’être prête. J’avais encore des forces en
moi. Il n’y a pas eu de record du monde, mais
je suis l’une des meilleures de l’histoire de
mon sport. En tout cas, je me vois comme
telle.»
Et à 29 ans, il y a encore des chapitres à
écrire. «Le travail est toujours en cours pour
devenir la meilleure, the greatest. Je suis
déjà la femme en vie la plus rapide de l’his-
toire et c’est une sensation incroyable. Ja-
mais je n’aurais imaginé que ce soir un jour
possible. Mais je suis très fière du chemin
parcouru.»
Venue d’un milieu très modeste, peu en
vue dans les catégories de jeunes, long-
temps éclipsée médiatiquement dans son
pays comme à l’international par les per-
formances et les riches personnalités
d’Usain Bolt et Shelly-Ann Fraser-Pryce,
Elaine Thompson-Herah cultive une forme
de discrétion et de timidité hors des stades
qui n’empêche pas une ambition affirmée.
«Quand je cours, je suis une personne totale-
ment différente, je suis sur une scène. Il y a
une performance mais aussi un spectacle à
donner, c’est mon métier mais ce n’est pas
vraiment moi. Et en dehors, je suis une per-
sonne très humble. Même si, au fil des an-
nées, ça devient quand même plus naturel
d’interagir avec les médias ou les specta-
teurs.»
Accompagnée depuis quelques semai-
nes d’un nouvel agent, elle s’est aussi sé-
parée de son coach Stephen Francis, lais-
sant à son mari Derron Herah le soin
d’encadrer ses séances. « Je suis très re-
connaissante envers le coach Francis, mais,
avec l’expérience, je sais plus précisément
comment orienter ma carrière.» Avec un but
évident dès 2022 et les Mondiaux d’Eugene
en juillet prochain : « Devenir enfin cham-
pionne du monde et pas seulement cham-
pionne olympique!» É
 10 trophée
CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES
Pawel Kopczynski/Reuters/Panoramic
L’irrésistible envolée
Elaine Thompson, qui a écrasé la concurrence aux Jeux de Tokyo, est désormais
la deuxième femme la plus rapide de l’histoire, tant sur 100m que 200m.
MARC VENTOUILLAC
Elle n’est pas recordwoman du monde,
mais c’est tout comme. Sur 100 m, Elaine
Thompson est allée plus vite qu’aucune
autre femme au monde, si on excepte Flo-
rence Griffith-Joyner dont les 10’’49 de
1988 resteront à jamais sujets à caution.
Pour beaucoup, la Jamaïquaine est donc la
vraie recordwoman du monde de la dis-
tance avec ses 10’’54, le 21 août dernier, à
Eugene (USA). Idem sur 200m (21’’53). Aux
Jeux de Tokyo, elle s’est imposée avec une
aisance et une marge (13 centièmes
sur 100 m, 28 sur 200 m) qui expliquent
son sacre en tant que championne des
championnes de L’Équipe. Décryptage
d’une supériorité.
Une année sans pépins
Après son doublé 100 m-200 m des Jeux
de Rio en 2016, Elaine Thompson a eu du
mal à confirmer. En cause, des problèmes
de tendons ou d’ischios. « Elle a su trouver
la solution pour ne plus être blessée», expli-
que l’ancien coach de Christine Arron,
Pierre-Jean Vazel. Pour y parvenir, elle a
effectué un gros travail de posture et de
renforcement des ischios. « Elle a un
meilleur contrôle de son bassin. Il est moins
penché en avant et bouge moins lors du cy-
Monde
cle. C’est important, car, si on a les fesses en
arrière et que l’on veut monter les genoux, ça
tire sur les ischios.» D’où des difficultés sur
la fin de course et des risques de blessure,
réduits donc aujourd’hui à la portion con-
grue. Ce qui fait que les années (elle est
âgée de 29 ans) ont peu de prise sur elle.
«Ce n’est pas tant l’âge qui fait qu’on ralentit,
mais les blessures qui empêchent de s’en-
traîner, explique Vazel. Les gens qui s’en-
traînent peuvent progresser très long-
temps. » En ce sens, l’année 2020
perturbée par la crise sanitaire lui a été bé-
néfique, elle lui a permis de se poser et de
travailler sa technique.
Des progrès au départ
Le point, disons relativement faible,
d’Elaine Thompson a longtemps été son
départ. Un secteur où elle a fait énormé-
ment de progrès. Pendant longtemps, elle
avait tendance à se relever dès sa sortie
des blocks au lieu d’être en position de
pousseur (« il s’agit d’appliquer des forces le
plus horizontalement possible, le plus long-
temps possible, pour prolonger son accélé-
ration », résume Vazel). Ce n’est (presque)
plus le cas et cela lui a permis de limiter la
casse aux Jeux par rapport à sa grande ri-
vale, Shelly-Ann Fraser-Pryce. En finale, la
future lauréate s’est accrochée au départ
Elaine Thompson de son aînée (34 ans contre 29 ans au mo-
à l’arrivée de la finale ment de cette course). Un centième de re-
du 200 m tard aux 20 m (3’’07 pour 3’’08), un de plus
des Jeux Olympiques aux 40m (5’’00 pour 5’’02). C’est là qu’elle a
de Tokyo le 3 août. gagné en empêchant Fraser de prendre le
large. C’est là aussi qu’elle possède sans
doute une marge de progression pour aller
chercher Griffith-Joyner. Et encore ! Lors
de son record personnel, à Eugene le
21août, elle avait entamé sa course un peu
plus lentement (3’’10) pour finir plus vite.
«Ce n’est pas parce qu’on prend un meilleur
départ qu’on sera plus rapide sur la fin »,
souligne ainsi Vazel.
Plus vite, plus longtemps
Ce qui fait vraiment la force de Thompson,
c’est sa capacité à accélérer plus long-
temps, à une vitesse plus élevée. « Elle at-
teint sa vitesse maximale plus loin et la main-
tient plus longtemps que Fraser, commente
Vazel en analysant la finale des Jeux. Les
courbes des deux sont assez proches jus-
qu’aux 45 m. C’est après que Thompson fait
la différence. Alors que Fraser-Pryce atteint
sa vitesse maximale aux 52 m (38,70 km/h),
elle, elle y parvient aux 62 m et de manière
plus élevée : 39,06 km/h. Elle maintient cette
vitesse en plus jusqu’aux 80 m alors que les
autres redescendent.» Pour y arriver, la Ja-
maïquaine a légèrement diminué sa fou-
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
lée. À Tokyo, elle a couvert les 100 m en
49,9 appuis. En 2016, quand elle établit ce
qui restait son record jusqu’à cette année
(10’’70), elle avait eu un appui de moins.
Sans rivale sur 200 m
Elaine Thompson a réussi le doublé à To-
kyo comme en 2016. Avec autant, sinon
plus, d’aisance que sur la distance reine.
Elle s’est imposée en 21’’53 (+0, 8 m/s) de-
vant la Namibienne Christine Mboma
(21’’81). Un chrono qui fait d’elle là aussi la
deuxième athlète de l’histoire derrière les
21’’34 de Griffith-Joyner en 1988 aux Jeux
de Séoul. Elle avait privilégié cette distance
en 2015 pour se qualifier aux Champion-
nats du monde, sa première grande com-
pétition internationale (2e en 21’’66, trois
centièmes derrière la Néerlandaise Dafne
Schippers). À l’époque, elle estimait ne pas
avoir grand-chose à faire face à la
meilleure partante du monde qu’était, et
qu’est toujours, Shelly-Ann Fraser. Ce qui
fait sa force sur 200m ? « Elle court relâ-
chée, analyse Vazel. Cela lui permet d’avoir
une puissance musculaire qui travaille au
bon moment. Elle est plus économique,
donc, ça lui permet de tenir plus long-
temps.» Pour réussir à aller chercher Grif-
fith-Joyner ? 2022 pourrait apporter la ré-
ponse. É
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
11
Monde CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES

2021

Discrète en son pays Palmarès monde

En Jamaïque, la sprinteuse, d’un caractère réservé, demeure encore 1975
1976
John Walker (NZL, athlétisme)
Alberto Juantorena (CUB, athlétisme)
dans l’ombre d’Usain Bolt et Shelly-Ann Fraser-Pryce. 1977
1978
Rosemarie Ackermann (RDA, athlétisme)
Henry Rono (KEN, athlétisme)
DE NOTRE CORRESPONDANTE cordée en leur temps à « La Foudre » (en 1979 Sebastian Coe (GBR, athlétisme)
MELENA HELIAS 2011) et « Mommy Rocket » (en 2016) par 1980 Eric Heiden (USA, patinage de vitesse)
leurs universités respectives. 1981 Sebastian Coe (GBR, athlétisme)
KINGSTON – Du fait de la pandémie, il n’y aura
pas eu cette année de scènes de foule cé- “Je ne vois aucun athlète, 1982 Paolo Rossi (ITA, football)
homme ou femme, qui soit plus 1983 Carl Lewis (USA, athlétisme)

lébrant à Half Way Tree, au cœur de la ca-
pitale Kingston, les performances olym-
piques jamaïquaines, comme c’était le
cas depuis les Jeux de Pékin en 2008. Les
nombreux amateurs d’athlétisme ont dû
se contenter de leurs postes de télévision
pour assister aux victoires d’Elaine
Thompson.
À son retour de Tokyo, même topo.Seuls
l’ont accueillie ses sponsors locaux (l’opé-
rateur téléphonique Flow et la banque
NCB), la ministre des Sports, Olivia
Grange, et ses amis, qui ont organisé une
petite fête. « Elaine est une personne dis-
crète et assez simple, explique Derron He-
rah, son époux et entraîneur depuis qu’elle
a quitté MVP, le groupe d’entraînement des
frères Francis, il y a trois mois. En rentrant
des JO, elle voulait surtout se reposer. Ça
peut paraître étrange mais, pour elle, c’est du
passé. Ce qui est fait est fait et elle se concen-
tre uniquement sur les échéances à venir.»
Malgré elle, son statut en Jamaïque a
pourtant logiquement évolué cet été. Il y a
,,
une superstar qu’elle 1984 Carl Lewis (USA, athlétisme)
actuellement 1985 Sergueï Bubka (URSS, athlétisme)
DERRON HERAH, SON MARI 1986 Diego Maradona (ARG, football)
1987 non attribué
L’époux de Thompson, ancien coureur de 1988 Florence Griffith-Joyner (USA, athlétisme)
400 m haies, qui prend bien soin de ne pas 1989 Greg LeMond (USA, cyclisme)
prononcer le nom de sa rivale Fraser- 1990 Ayrton Senna (BRE, Formule1)
Pryce durant notre entretien, estime que sa
1991 Carl Lewis (USA, athlétisme)
femme domine l’athlétisme jamaïquain.
« Elaine ne le dirait pas mais moi je peux le 1992 Michael Jordan (USA, basket)
dire : je ne vois aucun athlète, homme ou 1993 Noureddine Morceli (ALG, athlétisme)
femme, qui soit plus une superstar qu’elle 1994 Romario (BRE, football)
actuellement. » Pourtant, malgré ses ex- 1995 Jonathan Edwards (GBR, athlétisme)
ploits sportifs et ces distinctions, elle ne 1996 Michael Johnson (USA, athlétisme)
provoque pas le même engouement chez 1997 Sergueï Bubka (UKR, athlétisme)
les fans que son aînée. 1998 Zinédine Zidane (FRA, football)
« Shelly est très sociable, son sourire illu- 1999 Andre Agassi (USA, tennis)
mine le monde, elle s’exprime extrêmement 2000 Tiger Woods (USA, golf)
bien et elle nous captive, explique Ricardo
2001 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
Chambers, journaliste à SportsMax. Elaine
n’a pas la même aura, mais c’est un domaine 2002 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
qu’elle peut améliorer. » Pour Karen Mad- 2003 Michael Schumacher (ALL, Formule1)
den, présentatrice du journal des sports 2004 Hicham el-Guerrouj (MAR, athlétisme)

quelques semaines, la désormais quintu-
ple championne olympique s’est vu offrir
un passeport diplomatique par le gouver-
nement. Avec ce document qui lui confère
le statut de diplomate et les nombreux pri-
vilèges associés, elle suit les pas d’Usain
Bolt (devenu en 2009 le plus jeune Jamaï-
quain à obtenir ce passeport et le titre
d’ambassadeur) et de Shelly-Ann Fraser-
Pryce (2014). « Nous sommes très fiers de
ses réussites et nous l’encourageons à conti-
nuer à battre des records et à développer la
marque Jamaïque », a ainsi déclaré le Pre-
mier ministre, Andrew Holness, lors de la
cérémonie de remise du sésame.En outre,
le gouvernement lui a décerné sept autres
récompenses. UTech (University of Tech-
nology) lui a accordé le titre honorifique de
docteur en droit, une reconnaissance ac-
Frédéric Porcu/L’Équipe
sur Television Jamaica (TVJ), Thompson 2005 Roger Federer (SUI, tennis)
est «une véritable introvertie, on ne peut pas 2006 Roger Federer (SUI, tennis)
la blâmer pour ça. Ça ne veut pas dire qu’elle 2007 Roger Federer (SUI, tennis)
n’est pas applaudie. Je pense qu’on a appris à 2008 Usain Bolt (JAM, athlétisme)
l’accepter telle qu’elle est.» 2009 Usain Bolt (JAM, athlétisme)
Sa personnalité discrète n’empêche
2010 Rafael Nadal (ESP, tennis)
pas la sprinteuse d’être active en dehors documentaire est en préparation sur Elaine Thompson,
des stades. Elle a récemment lancé sa « Elaine, son parcours et la façon dont elle a triomphante 2011 Lionel Messi (ARG, football)
fondation, la FastElaine Foundation, pour su surmonter ses blessures». avec le drapeau 2012
Serena Williams (USA, tennis)
venir en aide à des adolescents issus de « Que vous m’aimiez ou pas, je vais rayon- jamaïquain et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
milieux défavorisés, à Kingston mais aussi ner », peut-on lire sous une photo récente à l’issue de son titre 2013
Serena Williams (USA, tennis)
à Manchester, la paroisse où elle a grandi. publiée par l’athlète sur Instagram, illus- olympique sur et Rafael Nadal (ESP, tennis)
«Elle était déjà le mentor de quelques jeunes trant bien son état d’esprit. Être la plus po- 100 m, le 31 juillet. 2014
Katie Ledecky (USA, natation)
filles de manière officieuse, précise Derron pulaire de l’île lui importe peu car elle a et Renaud Lavillenie (FRA, athlétisme)
Herah, mais, maintenant, la fondation est déjà les yeux rivés sur les trois saisons à 2015
Serena Williams (USA, tennis)
lancée officiellement. » Propriétaire d’un venir. « Usain est un athlète qu’elle étudie et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
restaurant à Kingston, le couple vend éga- beaucoup, ajoute Derron Herah. Comme 2016
Simone Biles (USA, gymnastique)
et Usain Bolt (JAM, athlétisme)
lement des vêtements et investit dans l’im- lui, elle veut atteindre trois doublés olympi-
Katie Ledecky (USA, natation) ;
mobilier. Parmi les projets en cours, un ques. Voire plus... » 2017 Rafael Nadal (ESP, tennis)
et Roger Federer (SUI, tennis)
2018
Simone Biles (USA, gymnastique)

Héritière d’une tradition

et Marcel Hirscher (AUT, ski alpin)
2019
Simone Biles (USA, gymnastique)
et Rafael Nadal (ESP, tennis)
Marte Olsbu-Roeiseland (NOR, biathlon)
Depuis quarante ans, les Jamaïquaines font le match avec les Américaines au sommet 2020
et Lewis Hamilton (GBR, Formule 1)
du sprint mondial.Elaine Thompson prolonge donc une histoire écrite par trois illustres aînées. 2021
Elaine Thompson (JAM, athlétisme)
et Novak Djokovic (SER, tennis)

Ottey, Campbell, Fraser,

l’icône maudite la pionnière la reine déchue
Sa trace court sur plus Veronica Campbell devient Débarquée sans prévenir
de vingt ans. Et malgré la première sprinteuse aux JO de Pékin en 2008,
sa naturalisation slovène jamaïquaine championne explosive comme personne
en 2002, Merlene Ottey fut olympique à Athènes en au départ, Shelly-Ann Fraser
le visage gracieux de l’athlé 2004. Déjà en bronze sur 100 m fait dérailler la concurrence,
jamaïquain de sa première (championne du monde amasse deux titres
médaille olympique en 1980 en 2007), elle obtient l’or olympiques et quatre
(bronze sur 200 m) sur 200 m (avant le 4 × 100 m) mondiaux (9 au total
Jean-Claude Pichon/L’Équipe

à ses dernières en 2000 devant la perle américaine, avec le 200 m et le relais)

Pascal Rondeau/L’Équipe

Sébastien Boué/L’Équipe

(bronze sur 100 m ; argent Allyson Felix. Leur rivalité sera sur la ligne droite de 2008
en relais). Double championne le fil rouge de la décennie à 2019. À Tokyo, il n’y aura
du monde du 200 m, sur la distance. Elle rééditera donc qu’Elaine Thompson,
elle ne fut en revanche sa perf en 2008 avant sa coéquipière et rivale
jamais sacrée aux Jeux de baisser pavillon à Londres (elles ne s’aiment guère)
malgré neuf podiums. (4e en 2012). pour la faire tomber.
 12 trophée
CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES Monde
2 Un dernier défi
Son Graal olympique enfin décroché à Tokyo, la judoka
Clarisse Agbégnénou n’aurait probablement pas continué si les prochains Jeux
n’avaient pas lieu à Paris, en 2024.
ANOUK CORGE
C’est sorti tel un cri du cœur. « Si ça n’avait
pas été Paris 2024, j’aurais arrêté là. » On ve-
nait de demander à Clarisse Agbégnénou
ce dont on peut avoir encore envie sportive-
ment quand on a atteint, et même dépassé,
tous ses objectifs. Le titre olympique en
-63 kg était le seul à manquer à son palma-
rès XXL. Elle l’a décroché le 27 juillet à To-
kyo, au Japon, le pays du judo, en dominant
en finale la Slovène Tina Trstenjak qui l’en
avait privée, cinq ans plus tôt à Rio.
Ce pic atteint (doublé d’un sacre par
équipes mixte), la Française (29 ans), éga-
lement sacrée championne des champion-
nes France de L’Équipe pour la troisième
fois, s’est interrogée : « Je me suis reposé la
question, j’en ai parlé à des amis. Pourquoi re-
partir ? C’est tellement dur, le haut niveau. »
Elle a aussi tellement souffert du confine-
ment, du report d’un an des Jeux à Tokyo.
« C’était compliqué… J’y pense avec la même
douleur parce que cela a été vraiment dur. »
Et puis cette femme généreuse, qui a
grandi à Gennevilliers (Seine-Saint-Denis),
a laissé parler son cœur. « Finir à la maison,
avec sa famille à côté, c’est une revanche sur
Tokyo où on n’avait pas les proches. »
Paris 2024, c’est proche et loin à la fois.
Agbégnénou aspire à prendre du temps
pour elle, a des envies de maternité. La
France organisant les Jeux, il n’y a pas de
quota olympique à aller chercher en écu-
mant le circuit international, simplement
une qualification nationale. Ce qui ne devrait
pas être insurmontable pour la numéro 1
mondiale des –63 kg. Pour l’heure, elle n’a
pas encore fixé de date de reprise de l’en-
traînement. « J’attends déjà de me reposer »,
confiait celle qui est aussi quintuple cham-
pionne du monde, lors de son passage à
L’Équipe mi-décembre, avant de s’envoler
pour trois semaines de vacances à Tahiti.
« Avec la fatigue mentale et physique, ce ne
Alain Mounic/L’Équipe
serait pas bien de reprendre comme ça. Le
judo, c’est comme le vélo, ça ne se perd pas.
Ça fait mal aux doigts mais ce sont les prépa-
rations physiques qui sont les plus dures. »
Si la championne olympique n’a pas
Voilà, c’est fait ! Multiple championne du monde et d’Europe, Clarisse Agbégnénou décroche enfin, à Tokyo, ce titre encore planifié sa reprise, elle a déjà envi-
olympique, cinq ans après l’énorme désillusion de sa défaite en finale aux Jeux de Rio. Elle a désormais tout gagné. sagé la préparation de son ultime défi.
Enrico Calderoni/Aflo/Panoramic
Alain Mounic/L’Équipe
Le 9 juin, la Française s’adjuge, à Budapest, son cinquième titre Le 27 juillet, elle prend sa revanche sur la Slovène Tina Trstenjak, qui Une médaille d’or en plus avec l’équipes mixte (ici avec Teddy Riner,
mondial individuel en – 63 kg (après 2014, 2017, 2018 et 2019). l’avait battue en finale à Rio, et devient championne olympique à Tokyo. Axel Clerget, Guillaume Chaine, Romane Dicko, Sarah Léonie Cysique).
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
Avant Tokyo, elle avait diversifié son entraî-
nement : jujitsu brésilien afin d’améliorer
son travail au sol, yoga pour la souplesse
et la sérénité mais aussi pour prévenir les
blessures, et de la boxe « pour évacuer ».
Hors sport, elle a entrepris une formation
de coach de vie avec HEC. Une bouffée
d’oxygène indispensable après des an-
nées passées à l’INSEP.
,,
“Il n’y a rien de fait au hasard.
Je me suis affirmée
CLARISSE AGBÉGNÉNOU
Pourtant, certains ont voulu la dissuader de
courir deux lièvres à la fois. Cette battante a
tenu tête. « Au niveau mental, psychologique,
heureusement que j’ai eu cette thérapie »,
évalue-t-elle avec le recul. « Il n’y a rien de
fait au hasard. Je me suis affirmée. Parfois,
dans l’affirmation, peut-être que tu peux
chercher une porte de sortie, que tu essaies
de tricher, que tu ne fais pas le bon choix...
Mais là non, ce fonctionnement me convient.
Du moment que je me sens bien, que je pro-
gresse… » Des ingrédients qu’elle conserve
en prévision de 2024. « Ce que j’ai com-
mencé à mettre en place me convient, je vais
continuer comme ça. »
Côté entraîneur de judo en revanche, la
championne aspire à autre chose. Larbi
Benboudaoud était à ses côtés depuis près
de dix ans. Le champion du monde 1999
(-66 kg) est désormais directeur de la haute
performance au sein de la Fédération. Pas
de quoi perturber la judoka. « J’ai besoin
d’un renouveau pour aller chercher les deux-
trois dernières années. Je vais continuer de
travailler avec Ludovic Delacotte (membre
du staff fédéral). Il a une approche différente.
Il est dans l’écoute de l’athlète, de la personne
et, en même temps, il sait te dire : “Là, il faut y
aller”. » À 29 ans, Agbégnénou estime sa-
voir ce dont elle a besoin. « Avec Ludovic, on
est dans une harmonie, on s’écoute, chacun
donne son avis. »
À son âge et au regard de sa carrière, elle
peut se permettre d’affirmer : « Si mes ré-
sultats sont là, c’est parce que je suis en ac-
cord avec moi-même. » Dans ce sport de fa-
ce-à-face, le mental tient une place aussi
prépondérante que la dimension physique
et technique. É
Stéphane Mantey/L’Équipe
/L’Équipe
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
3 Michael Bohl, l’entraîneur d’Emma McKeon, revient sur le parcours de la nageuse
australienne, sept fois médaillée à Tokyo, qu’il connaît depuis sa naissance.
Emma McKeon
Franck Faugère/L’Équipe
CLÉMENTINE BLONDET
« Vous connaissez Emma McKeon
depuis toujours car vous étiez ami avec
ses parents bien avant sa naissance…
Ron et moi sommes amis depuis la fin des
années 1970. On a gagné nos premiers
titres nationaux en même temps, on na-
geait en équipe d’Australie même si Ron
était bien meilleur que moi et est allé
deux fois aux JO, en 1980 et 1984. En 1983,
on a été colocataires à l'Institut australien
du sport, à Canberra. Ron y a rencontré la
mère d’Emma, Susie, et moi, ma femme,
qui était athlète. Nos deux familles sont
restées proches.
Le potentiel d’Emma était-il
déjà évident quand elle était enfant ?
Son père lui a transmis une technique
remarquable, à la fois en crawl et en pa-
pillon. Elle avait cette excellente base. Ce
qui s’est vu plus tard, c’est qu’il n’a pas fait
travailler Emma trop dur quand elle était
jeune, à 12, 13 ou 14 ans. Elle a pu ainsi
rester aussi longtemps dans le sport, con-
tinuer à s’améliorer et à aimer ce qu’elle
faisait. Très jeune, elle n'était pas la na-
geuse la plus motivée, elle prenait l’entraî-
nement à la légère. Si elle se sentait bien,
elle s'entraînait. Si elle n'avait pas envie,
elle n'y allait pas. Il faut avoir un entraîneur
très patient pour tolérer et guider le na-
geur. Elle a manqué de peu la qualification
pour les JO 2012. Elle était déçue, mais
savait qu'elle n'avait pas fait les efforts
nécessaires.
Emma et son frère David (médaillé
mondial avec le 4x200 m en 2015,
désormais retraité) ont d’abord été
« Très fier d’elle »
entraînés par leur père.
Comment avez-vous pris le relais ?
C'est très, très difficile de coacher ses en-
fants parce que vous devez être assez ferme
et assez dur. Ron a vraiment eu du mal à
l’être avec ses deux enfants. Pour continuer
à progresser, ils devaient vraiment aller
ailleurs. Trouver cet équilibre entre être un
parent et être un coach est un vrai défi. Ils se
sont d’abord entraînés avec un autre coach,
Vince Raleigh, pendant quelques mois et
sont arrivés avec moi en 2014.
“ C’est comme si elle avait
un puits vidé par ses
,,
treize courses aux JO.
Elle a besoin de le remplir
Quand Emma a-t-elle passé un cap?
Ces deux ou trois dernières années, elle a
été irréprochable à la fois dans l’eau et
dans le travail à sec. Non seulement elle
faisait les choses bien, mais en plus elle les
faisait avec envie, je ne la poussais pas. Elle
a compris ce qu’elle devait faire pour réus-
sir. Elle savait que pour tenir son pro-
gramme à Tokyo, elle devait avoir un état
de forme exceptionnel, et s’être parfaite-
ment entraînée depuis deux ans.
De quoi étiez-vous le plus satisfait
après sa semaine de rêve à Tokyo, qui fait
d’elle la nageuse australienne la plus
médaillée de l’histoire (*) ?
Nous ne nous sommes jamais dit ’’On veut
gagner tant de médailles’’. Le but était
qu’elle soit une actrice des courses aux-
quelles elle participerait. À 27 ans, elle a
amélioré ses records personnels dans
chacune de ses courses individuelles. Elle
l’a dit à Tokyo, même si ça ne lui avait pas
13
Monde CHAMPIONNE DES CHAMPIONNES
Mark Brake/Getty Images/AFP
Le 16 juin, Emma McKeon remporte le 100 m des sélections
australiennes, à Adélaïde, devant Cate Campbell (à gauche), en 52’’35.
permis de gagner de médaille, c’était déjà
un grand accomplissement. Il s’est parfois
passé trois ou quatre ans sans qu’elle batte
ses chronos, donc la voir améliorer ses
temps lors des sélections australiennes en
Franck Faugère/L’Équipe
juin puis lors des JO, c’était très gratifiant.
Elle en est très heureuse, et je suis très fier
d’elle.
De l’extérieur, elle paraît réservée…
Quand elle ne connaît pas les gens, elle est
très timide et plutôt silencieuse. Avec ses
amis, elle parle beaucoup, elle est très Le 30 juillet, l’Australienne devient championne olympique du 100 m
drôle. Elle aime passer du temps en de- à Tokyo, en 51’’96 (record des JO), son premier grand titre individuel.
hors de la piscine avec ses camarades
d’entraînement, sur la plage par exemple
le samedi pour surfer. Et elle a besoin de ce
temps-là.Et à la piscine, elle est très con-
centrée, ne se disperse pas.
Quelle sera la suite de sa carrière ?
On aura une discussion sérieuse en début
d’année pour voir ce qu’elle veut en 2024 et
adapter sa préparation. L’année prochaine
n’a pas d’importance. En rentrant des JO,
nous avons eu deux semaines de quaran-
taine puis elle a eu trois semaines de confi-
nement chez ses parents. Elle a passé
trois mois en Europe pour nager pour l’ISL
et la Coupe du monde petit bassin. Le plus
important, c’est de ne pas la pousser à faire
des choses qu’elle n’est pas prête à faire.
Pour prendre une image, c’est comme si
Franck Faugère/L’Équipe
elle avait un puits vidé par ses treize courses
aux JO. Elle a besoin de le remplir, et ça
passe par être une personne normale plu-
tôt qu’une nageuse pendant un moment. É
(*) Avec 11 médailles gagnées à Rio puis
Tokyo, elle devance Ian Thorpe et Leisel Emma McKeon a bouclé ses Jeux Olympiques de Tokyo avec sept
Jones. médailles en sept courses (4 en or, 3 en bronze).
 14 tous sports
CORONAVIRUS
Icon Sport
Retour vers le futur
L’annonce par le gouvernement du retour des jauges a provoqué l’incompréhension
des acteurs économiques, à commencer par les exploitants d’enceintes,
qui ont l’impression de revivre les pires mois de la pandémie.
RACHEL PRETTI
Si l’Accor Arena fera le plein ce
soir pour le All-Star Game de Bet-
clic Elite, le début 2022 s’annonce
plus difficile pour la salle pari-
sienne de 20 000 places. À partir
du lundi 3 janvier, et pour trois se-
maines, le système des jauges
s’appliquera à nouveau avec un
maximum de 2000 personnes en
intérieur et 5000 en extérieur. « On
l’a appris comme tout le monde
lundi soir », déplore Nicolas Du-
peux, directeur général de l’Accor
Arena qui, comme la majorité des
acteurs, est un peu tombé de l’ar-
moire. Trois événements sportifs
seront impactés par les nouvelles
mesures gouvernementales an-
noncées par le duo Jean Castex-
Olivier Véran le 27 décembre.
« Pour la Golden League de hand
(9 janvier), on s’achemine vers une
annulation. Le combat de boxe de
Tony Yoka (contre Martin Bakole le
15 janvier) a été reporté (voir
page30) et pour le meeting de Paris
indoor (athlétisme, le 22 janvier) je
ne sais pas encore », annonce le di-
rigeant. « On retombe dans les tra-
vers que l’on a connus au début de
l’année 2021. Une fois de plus, le
sport ne pèse pas grand-chose… »,
regrette Magali Tézenas du Mont-
cel, déléguée générale de Spor-
sora, organisation interprofes-
sionnelle des acteurs du sport.
« Une salle de spectacle de
2 000 places pourra faire le plein
alors que le Stade de France son-
nera vide avec 5 000 places… On a
beaucoup travaillé depuis plus d’un
an sur des jauges proportionnelles
et non en valeur absolue », pour-
suit-elle.
S’inspirer des mesures
prises en Allemagne
Le collège des enceintes sporti-
ves de Sporsora, copiloté par Ni-
colas Dupeux et Loïc Duroselle
du Stade de France, a en effet lar-
gement contribué à l’élaboration
d’un guide, sorti le 19 mai, sur un
retour encadré dans les stades,
fruit d’une réflexion avec les col-
lectivités, les clubs, les ligues, les
syndicats du secteur et le minis-
tère en charge des Sports. Les fi-
ches pratiques décrivent des me-
sures progressives de
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
L’Accor Arena distanciation (un siège sur deux dernier, s’est déroulé à guichets buvettes et des loges où les spec-
va être très impacté ou trois, un rang d’écart, etc.) et fermés sans créer de cluster. « Il tateurs sont debout. « On a réussi à
par les mesures de régulation des flux en fonction va falloir très vite se remettre au- démontrer que l’on savait être res-
gouvernementales du niveau de pandémie. « On a un tour de la table », avance Loïc Du- ponsables, on demande une nou-
(jauges), mises en peu l’impression que tout ce travail roselle. Histoire de réfléchir à de velle fois que l’on nous fasse con-
place en France a été mis de côté et que la décision a nouvelles mesures, pourquoi pas fiance », insiste Nicolas Dupeux.
à partir de lundi. été prise en urgence », souligne en s’inspirant de l’Allemagne où le Pour le All-Star Game du
Loïc Duroselle, directeur des re- passe sanitaire, qui deviendra un Championnat de France, les me-
lations institutionnelles du Con- passe vaccinal en France le sures seront ainsi renforcées.
sortium Stade de France. 15 janvier si le Parlement donne « Tous nos personnels ont été sen-
« Les grands stades font peur son feu vert, plus un test négatif sibilisés pour faire passer les mes-
mais il y a 18 portes par exemple au sont exigés pour entrer dans un sages. Des brigades de la protec-
Stade de France, ce qui veut dire stade. tion civile circuleront dans les
18 secteurs qui ne se croisent pas », L’autre sujet sera bien évidem- tribunes pour s’assurer que le port
poursuit-il en soulignant que le ment les compensations finan- du masque et les consignes sont
test-match France-Nouvelle Zé- cières pour le manque de specta- respectés », explique le diri-
lande (40-25), le 20 novembre teurs mais aussi la fermeture des geant. É
Le casse-tête des Bleus du hand nouvelles directives semblent changer la donne.
Les deux rencontres pourraient se jouer sur
Déjà fortement touchée par le Covid, l’équipe de places de la salle savoyarde du Phare ont été Paris, mais a priori pas à l’Accor Arena qui
France de hand masculine doit composer avec vendues, tout comme les quelque 14 000 billets sonnerait bien vide avec une jauge à
les mesures gouvernementales annoncées parisiens. Le match à Chambéry bouclait un 2 000 personnes. Plusieurs options sont à
lundi. La jauge à 2 000 personnes en intérieur a stage en Savoie prévu du 2 au 7 janvier. l’étude : le stade Pierre-de-Coubertin, habituel
pour incidence de poser le problème des deux Soucieuse de ne pas multiplier les risques de fief du PSG hand, le palais des sports ou la
matches de préparation à l’Euro (13-30 janvier en briser la bulle sanitaire érigée au sein de la Maison du hand, mais la salle de cette dernière
Hongrie et Slovaquie), prévus le 7 janvier à maison du hand à Créteil, où les Bleus sont n’est pas la plus fonctionnelle pour installer le
Chambéry contre l’Égypte et le 9 janvier à réunis depuis dimanche, la FFHB pourrait dispositif de retransmission télé. Reste à régler
l’AccorHotels Arena de Paris face au Danemark, envisager d’annuler le stage mais de conserver le dossier du remboursement des places et du
dans le cadre de la Golden League. Les 4 200 le match, avec un aller-retour express. Les manque à gagner pour la FFHB. Ak.C.
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
La restauration, point
sensible des sports de salle
Les clubs espèrent que les prestations offertes
à leurs partenaires ne seront pas impactées
par les nouvelles mesures sanitaires.
La restauration à la place des par-
tenaires sera-t-elle encore possi-
ble dans le cadre des nouvelles
mesures sanitaires ? C’est la
question que se posent les diri-
geants des sports collectifs in-
door : basket, hand, hockey sur
glace, volley, depuis lundi.
Car l’économie de ces discipli-
nes est fortement dépendante
des hospitalités et des prestations
réglées par les partenaires dans
les salles avant, pendant et après
les matches. « Ça reste flou et ça
pourrait faire mal si elles ne sont
plus possibles », avance Étienne
Richard Martin/L’Équipe
Les présidents
de rugby tendus
La LNR a présenté aux dirigeants des
clubs français un projet sur le nouveau
protocole, sur fond de désaccord.
Marquée par le report de quatre
matches de la 13e journée de
Championnat, la Ligue nationale
de rugby multiplie les réunions
afin d’éviter de revivre un tel ca-
mouflet. Hier, en début d’après-
midi, c’est le bureau de la Ligue
qui s’est rassemblé afin de se
pencher sur la question du nou-
veau protocole sanitaire et sur
l’histoire des jauges… À 19 heu-
res, et en visioconférence, la LNR
a organisé une réunion avec les
présidents du Top 14 et de Pro
D2. Étaient également invités à
s’exprimer des experts médi-
caux dont Max Lafargue, le prési-
dent de la commission médicale.
Ensemble, ils sont revenus sur
les reports des quatre matches
de Top 14 et sur le projet de nou-
veau protocole qui inciterait les
clubs à tester plusieurs fois par
semaine les joueurs, avec évi-
demment une nuance entre les
vaccinés et les non-vaccinés.
Joint au téléphone, Bernard Le-
maître, le président de Toulon,
Capon, le directeur général de la
Ligue de handball, moins con-
cerné par les nouvelles mesures
applicables pour le moment du
3 au 23 janvier puisque la Starli-
gue fait relâche jusqu’au 9 février.
« A priori, le service à la place as-
sise (dans les salons et non dans
les loges) et plus debout devrait
être possible », souffle Martial
Bellon, le président de Stras-
bourg (basket) économiquement
très dépendant de ces presta-
tions. Les jauges indoor limitées
temporairement à 2 000 specta-
teurs ne suscitent pas d’inquiétu-
qui a été impacté par les reports
(son club devait recevoir l’UBB),
nous a fait part de son agace-
ment : « Je n’ai pas parlé durant
cette réunion mais je peux vous
dire que les présidents ont été très
critiques sur ce qui s’est passé. Je
suis désabusé. On me parle de la
contagiosité du nouveau variant
Omicron, mais on peut dire qu’il n’y
a aucune gravité. Nos joueurs sont
jeunes, des sportifs en bonne
santé. Ne pourrait-on donc pas or-
ganiser des matches même avec
des joueurs positifs…»
Le patron du club toulonnais
n’est pas le seul à émettre des
doutes sur le nouveau protocole.
Ses collègues pencheraient pour
un statu quo. Cet après-midi, à
14 heures, le comité directeur de
la Ligue se réunira pour entéri-
ner ou non un certain nombre de
mesures. Devrait être également
abordé le sujet des jauges, qui
tend beaucoup les présidents
des clubs professionnels.
G. D. et R. Bo.
des énormes. Les enceintes con-
cernées dépassent rarement les
4 500 à 5 000 places pour des af-
fluences moyennes autour de
3 000 à 3 500 spectateurs par
match pour le basket et le hand.
Les pertes de billetterie ne se-
raient donc pas conséquentes.
« C’est un moindre mal car on crai-
gnait le huis clos, on va accueillir
nos VIP et l’immense majorité de
nos abonnés. Et j’ai noté qu’on se-
rait indemnisés comme l’an der-
nier. Sans les aides du gouverne-
ment, on ne serait d’ailleurs plus
là », rappelle Martial Bellon.
Le passe vaccinal, qui pourrait
être obligatoire pour tous, public,
athlètes et personnel d’organisa-
tion, après le 15 janvier, ne pose-
rait de problèmes qu’à la marge,
la très grande majorité des athlè-
tes ayant un schéma vaccinal
complet ou en passe de l’être, à
95 % en Betclic Élite et 98 % en
Starligue. Les protocoles sanitai-
res des Ligues, décriés ces der-
niers jours en raison de la multi-
plication des cas positifs,
pourraient eux évoluer très pro-
chainement. Ar. L
Lens-Lille aura bien
lieu le 4janvier
Le derby des 16es de finale de Coupe de
France ne sera pas déprogrammé malgré
le souhait du club artésien de l’avancer
à dimanche pour avoir un stade plein.
Bollaert ne pourra
accueillir que
5 000 supporters
abonnés lors du
16e de finale de Coupe
de France opposant
Lens à Lille, le 4 janvier.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
JOËL DOMENIGHETTI
LENS (PAS-DE-CALAIS) – Le derby des
Hauts-de-France, Lens-Lille,
programmé mardi 4janvier à l’oc-
casion des 16es de finale de Coupe
de France, a fait beaucoup parler
de lui hier. Au lendemain des an-
nonces gouvernementales qui li-
mitent en extérieur la jauge des
stades à 5 000 spectateurs maxi-
mum à partir du lundi 3janvier, et
pour une période de trois semai-
nes, le RC Lens a tenté de faire
avancer la rencontre diffusée en
direct sur Eurosport en s’adres-
sant à la FFF, au LOSC, officiali-
sant sa requête au moyen d’un
communiqué officiel publié sur
son site à 13heures. Avec Vannes,
qui reçoit le PSG le lundi3, le club
artésien est seul concerné par
cette restriction de public quand
toutes les autres rencontres dis-
putées ce week-end peuvent se
dérouler normalement (*).
Reprise tardive du LOSC
Les Sang et Or indiquaient avoir
saisi la FFF et leurs homologues
lillois pour faire avancer à diman-
che une rencontre qui devait se
disputer à guichets fermés mais
sans supporters lillois, interdits
par arrêté préfectoral. « Le Racing
Club de Lens informe avoir de-
mandé à son futur adversaire en
Coupe de France ainsi qu’à la FFF,
la reprogrammation de son 16e de
finale au dimanche 2 janvier 2022.
Une date à laquelle se tiendront
déjà 14 matches de la compétition.
Cette démarche vise à permettre
aux clubs de bénéficier d’une mise
en place équitable des décisions
gouvernementales, à travers des
conditions similaires d’organisation
des rencontres. »
15
CORONAVIRUS
Bernard Papon/L’Équipe
La première réponse ne s’est
pas fait attendre. Olivier Létang,
président du LOSC, a refusé dans
la foulée toute modification du ca-
lendrier en raison de la reprise de
l’entraînement des Dogues le
31 décembre. « Il nous est impos-
sible d’avancer cette rencontre au
2 janvier, nous expliquait le diri-
geant. Nous avons prévu et orga-
nisé la préparation et le retour des
joueurs et du staff pour un match le
4 janvier. »
La FFF n’abondera pas non
plus dans le sens du RC Lens.
Joint hier après-midi, l’organisa-
trice nous a détaillé les motifs qui
accompagnent son refus de dé-
programmation. Par respect des
mesures sanitaires, la Fédération
française ne veut pas changer la
date sur le seul motif de pouvoir
remplir un stade. Elle explique,
en outre, que l’organisation d’une
telle rencontre, avec les forces de
l’ordre mobilisées, ne permet pas
son avancée dans des délais
aussi courts. Elle tient aussi
compte de la reprise tardive du
LOSC et ne peut s’opposer au re-
fus de ce dernier, qui aurait été
contrait de disputer une première
compétition quarante-huit heu-
res après son retour au Domaine
de Luchin. Enfin, elle prend note
du souhait du diffuseur de main-
tenir au 4janvier la date du derby.
Qui se jouera donc avec
5 000 supporters abonnés qu’il
faudra désigner à moins d’une
dérogation préfectorale excep-
tionnelle. Ce qui n’était pas la ten-
dance hier soir.
(*) Nice est directement qualifié
pour les 8es de finale à la suite
de l’exclusion du Paris FC et de
l’Olympique Lyonnais de la
compétition.
16 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

footba ll
LIGUE 1 Monaco

après 19 journées KOVAC,

LE ROCHER
pts diff.
1 Paris-SG 46 +22
2 Nice 33 +12
3 Marseille 33 +11
4 Rennes 31 +16
5 Montpellier 31 +9

SE FISSURE
6 Monaco 29 +6
7 Nantes 28 +2
8 Lille 28 0
9 Lens 27 +5
10 Strasbourg 26 +10
11 Angers 25 -1
12
13
Brest
Lyon
25
24
-2
0 Les dirigeants monégasques, peu satisfaits
14
15
Reims
Troyes
23
17
0
-10 de l’évolution du groupe, réfléchissent
16
17
Clermont
Bordeaux
17
17
-12
-13
aux moyens de relancer une dynamique.
18
19
Metz
Lorient
16
16
-16
-16
La question de l’avenir de l’entraîneur est posée.
20 Saint-Étienne 12 -23
HUGO DELOM rope, analyse le vice-président de sportif Paul Mitchell et une re-
Nice a été sanctionné d’un point l’ASM. Concernant le Champion- fonte globale du fonctionnement
de pénalité après les incidents Il est un peu moins de 23 heures nat, nous espérions mieux que du club (restructuration du sec-
contre l’OM le 22 août.
Lyon aussi, après les incidents en ce 22 décembre. Le vestiaire cette 6e place mais l’année 2021, teur médical, arrivée de James
du match face à Marseille, monégasque est gagné par une dans son ensemble, a été positive Bunce comme directeur de la
le 21 novembre. Cette rencontre forme d’euphorie. La réception avec ce podium en mai (3e place). performance…), les dirigeants du
doit être rejouée. Clermont et de Rennes, qui conclut l’année Notre première partie de saison club font régulièrement des
Strasbourg comptent un match 2021, s’est achevée par un suc- n’est peut-être pas parfaite mais il points d’étape. Avec, à chaque
en moins après le report de leur
rencontre de la 19e journée. cès (2-1). Le premier cette saison y a le temps de réagir. » Un dis- fois, des décisions concrètes sur
face à une équipe du top 5. Et les cours marqué par un rappel de la gestion du club.
joueurs de l’ASM qui s’apprêtent l’objectif : « Nous visons le podium
prochaine journée 20e à monter dans les jets les ame- en fin de saison ». Une identité de jeu
vendredi 7 janvier 21 h nant sur leur lieu de vacances cé- Une analyse de fin d’année qui s’affaiblit
Bordeaux - Marseille lèbrent cette victoire avec une classique ? Au premier abord, Dimitri Rybolovlev, qui fête ses
samedi 8 17 h énergie débordante. oui. Mais ce soir-là, Petrov con- dix ans à la tête de l’ASM, a une vi-
Lille - Lorient À quelques mètres, devant les clut son intervention par : « Nous sion très précise de la manière
21 h micros, Oleg Petrov dresse le bi- allons analyser cette première dont son club doit se structurer
Lens - Rennes lan de la phaser aller, ponctuée partie et revenir plus forts en jan- pour renouer avec une ambition
dimanche 9 13 h par une qualification aisée en 8es vier ». Une phrase loin d’être ano- élevée en L1 mais aussi en Ligue
Brest - Nice de finale de la Ligue Europa (1er dine. Car depuis la mise en place des champions. Et ce que l’exi-
15 h du groupe) et achevée sur une du nouveau projet monégasque geant propriétaire voit depuis
Angers - Saint-Étienne ¢
Clermont - Reims ¢ Metz - 6e place en L 1 (29 points) : « Les en juin 2020, qui a coïncidé avec plusieurs mois – il ne s’en cache
Strasbourg ¢ Montpellier - résultats sont plutôt positifs en Eu- l’arrivée du nouveau directeur pas en privé – ne lui convient pas.
Troyes Aujourd’hui, dans l’esprit des di-
17 h rigeants monégasques, seize
Nantes - Monaco mois après l’arrivée de Niko Ko-
20 h 45
Frédéric Porcu, Étienne Garnier/L’Équipe

vac (50 ans) en remplacement de

Lyon - Paris-SG
Robert Moreno en juillet 2020 et
six mois après cette 3e place ac-
quise en L1, le projet a pris du re-
tard. La 6 e place actuelle (à
4 points du podium mais aussi du
12e) ne correspond pas à leurs at-
LES DATES tentes.
DE REPRISE DE Depuis plusieurs semaines,
L’ENTRAÎNEMENT les hommes forts de l’ASM,
DES CLUBS DE L1 guère rassurés par un mois de
décembre pourtant positif (3 vic-
¢ hier : Clermont, Nice, toires lors des 4 derniers mat-
Strasbourg (tests ches de L1) sont donc plongés
médicaux). dans une réflexion autour de
¢ aujourd’hui : Brest, l’évolution de l’équipe et des so-
Bordeaux, Lens, Lorient, lutions pour retrouver une dyna-
Marseille, Montpellier, mique. Une réflexion qui s’est ac-
Nantes, Rennes, Reims, célérée ces derniers jours.
Saint-Étienne. Toutes les hypothèses sont po-
¢ demain : Angers, Lyon, sées sur la table. Les thémati-
Monaco, Rennes. ques soulevées autour de la res-
¢ vendredi : Lille. ponsabilité de l’entraîneur sont
¢ samedi 1er janvier : nombreuses.
PSG (sauf les Sud- Le manque de progression
Américains, convoqués collective du groupe, renforcé
le lendemain). quantitativement l’été dernier uu
¢ dimanche 2 janvier :
Troyes. Oleg Petrov, le vice-président
monégasque, au côté de Niko
Kovac, l’entraîneur, et de Paul
Mitchell, le directeur sportif du
club, le 22 juillet 2020, à Monaco.
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
Pierre Lahalle/L’Équipe
Wissam Ben Yedder fait partie des joueurs qui n’entretiennent pas les meilleures relations avec Niko Kovac.
uu (Nübel, Jakobs, Jean Lucas, Bo-
adu), a été constaté. La phase re-
tour remarquable de l’an dernier
trouvait son origine dans un tra-
vail tactique précis et cette iden-
tité de jeu très claire – intensité
constante, verticalité – n’a pas
trouvé de prolongement durable,
estime-t-on en interne. La puis-
sante attaque monégasque, por-
tée par la solidarité collective ins-
ta l lé e p a r Kova c , n e fa i t
aujourd’hui plus peur à grand
monde. Au grand dam des déci-
deurs qui font de cette idée de jeu
ambitieuse un élément central
de leur projet.
Trop peu de progression
individuelle
des joueurs
L’attitude frileuse, l’approche
mentale et les résultats médio-
cres face aux « gros » du Cham-
pionnat (défaites face au PSG,
Lyon, Lens, l’OM, nuls contre
Nice et Lille) traduisent ce déficit
d’évolution. Mais, dans leurs dis-
cussions informelles récentes,
les dirigeants, qui n’ont que peu
goûté l’élimination prématurée
en barrages de C1 (0-1, 2-2 face
au Chaktior Donetsk), regrettent
aussi l’absence de progression
individuelle des joueurs. Ils esti-
ment que, chez les jeunes, à l’ex-
ception de Sofiane Diop, ni Auré-
lien Tchouaméni, ni Benoît Ba-
diashile et encore moins Yous-
souf Fofana, pour ne citer qu’eux,
ne sont parvenus à évoluer posi-
tivement de façon durable.
Même constat chez d’autres
joueurs plus expérimentés
(Aguilar, Volland…).
Des liens distendus
avec le groupe
Un déficit qui concerne aussi les
recrues estivales. L’attente au-
tour de Myron Boadu, acheté
15 M€ à Alkmaar, était élevée.
L’attaquant néerlandais (20 ans)
est, au mieux, très quelconque.
Un bilan global jugé décevant et
imputable seulement à Kovac ?
Toute la réflexion actuelle de
l’ASM se situe à ce niveau. Dans
nos colonnes, en juin, Paul Mit-
chell indiquait : «Niko colle avec ce
qu’on veut. Mon job est de le soute-
nir mais aussi de le pousser, on en a
parlé ensemble. Comment faire de
lui un Niko Kovac 2.0». Des doutes
escortent aujourd’hui cette mue.
Ils sont entretenus par un tra-
vail quotidien – nombre d’heures
passées au club – jugé moins
conséquent que lors de la pre-
mière saison et par des retours
directs du groupe. Les liens dis-
tendus entre certains joueurs –
Fofana, Ben Yedder… – et le tech-
nicien croate, nés d’une gestion
sportive peu lisible, ont été notés.
Comme au Bayern Munich à
l’époque (2018-2019), plusieurs
éléments, longtemps séduits par
le travail tactique intense du tech-
nicien, regrettent en privé son
management uniforme, presque
militaire et certaines consignes
tactiques jugées brouillonnes.
À tel point qu’aujourd’hui, les diri-
geants estiment que Kovac a
perdu une large partie de son
vestiaire.
Dans ce contexte, le crédit du
Croate, sous contrat jusqu’en
2023, est entamé aux yeux de ses
supérieurs. Kovac est au-
jourd’hui un technicien fragilisé.
L’intéressé, qui tentait de valori-
ser son bilan au soir du succès
contre Rennes – « Le bilan de l’an-
née est très positif » –, le sait.
Peut-il faire basculer la dynami-
que à court terme, regagner la
confiance de ses patrons sur les
premiers matches de 2022 et évi-
ter d’être le quatrième technicien
monégasque limogé – Jardim,
Henry, Moreno – en trois ans ?
L’ex-milieu, dans ses interven-
tions publiques, a toujours de-
mandé du temps avant d’établir
un bilan sur son apport. Cette
fois, il presse. É
LES PRINCIPALES
DATES DU MERCATO
EN EUROPE
France
1er janvier-31 janvier.
Allemagne
er
1 janvier-31 janvier.
Angleterre
er
1 janvier-31 janvier.
Espagne
3 janvier-31 janvier.
Italie
3 janvier-31 janvier.
Portugal
3 janvier-31 janvier.
Turquie
12 janvier-8 février.
Russie
1er janvier-22 février.
Coupe de France
16es de finale
dimanche 2 janvier
Brest 13 h 45 Bordeaux
Vitré (N2) - Nantes
Cannes (N3) - Toulouse (L2)
Versailles (N2) -
La Roche Vendée (N3)
Montpellier 16 h Strasbourg
Nancy (L2) - Rennes
SC Bastia (L2) - Clermont
Bergerac (N2) - Créteil (N)
Jura Sud (N2) 18 h 30
Saint-Étienne
Quevilly-Rouen (L2) - Monaco
Thaon (N3) - Reims
Linas-Montlhéry (N3) -
Amiens (L2)
Chauvigny (N3) 21 h Marseille
lundi 3
Vannes (N2) 21 h 10 Paris-SG
mardi 4
Lens 21 h Lille
Nice est qualifié pour les
huitièmes de finale après les
sanctions à l’encontre du Paris FC
(L2) et de Lyon.
17
Monaco LIGUE 1
EVERTON
Chelsea très intéressé par Digne
Avec la très probable absence de Ben Chilwell jusqu’à la fin de la saison,
Chelsea s’est mis en quête d’un renfort pour épauler – et surtout con-
currencer – Marcos Alonso au poste de latéral gauche. Et, comme an-
noncé par des médias anglais et italiens, Lucas Digne (28 ans) serait la
priorité des Blues. Un prêt est évoqué. L’international français (43 sélec-
tions) appartient actuellement à Everton, avec qui il n’a plus joué depuis
début décembre en raison de désaccords supposés avec le manager
des Toffees Rafael Benitez.
SAINT-ÉTIENNE
Ça coince pour Ousseynou Ba
Après la pige réussie par le Séné-
galais Pape Cissé l'an dernier,
l'ASSE aimerait en proposer une
à Ousseynou Ba (26 ans, photo),
son compatriote de la défense
centrale de l'Olympiakos. Les
Verts avaient d'ailleurs déjà étu-
dié son dossier, lors du précédent
mercato d'hiver. Avant que ce ne
soit finalement Cissé qui les re-
joigne pour un prêt de six mois.
Cette fois, la donne a changé.
D.R..
Tandis que Pape Cissé est rede-
venu un titulaire indiscutable
dans la défense du leader du un départ d'Ousseynou Ba dès
Championnat grec, Ousseynou l'ouverture du mercato d'hiver,
Ba se retrouve barré par Sokratis samedi. Si prêt de Ba il y a, ce ne
Papastathopoulos, notamment. sera vraisemblablement pas
L'affaire semblait bien engagée. avant fin janvier. Ce qui n'arran-
D'autant plus que l'Olympiakos a gerait pas les affaires des Sté-
rapatrié Kostas Manolas (30 ans) phanois contraints de recruter au
de Naples, le 16 décembre. Mais plus vite dans l'axe en raison des
ce dernier est arrivé blessé, au départs du Camerounais Harold
moment où Pape Cissé s'apprête Moukoudi et du Guinéen Saïdou
à partir disputer la CAN. Pedro Sow à la CAN, ainsi que de l'état
Martins, l'entraîneur du club hors de forme de Joris Gnagnon
grec, a dès lors refermé la porte à (recruté libre).
FC BARCELONE
Ferran Torres signe pour cinq ans
L'ailier international espagnol de Manchester City, Ferran Torres
(21 ans), s'est engagé avec le Barça pour cinq ans, jusqu'au mois de juin
2027, a annoncé hier le club catalan. Le joueur avait quitté Valence à l'été
2020 pour City dans un transfert estimé à 25 M€, plus 12 M€ de bonus.
Barcelone aurait déboursé 55 M€, plus 10 M€ de bonus pour s'attacher
ses services selon Sky Sport.
PORTUGAL
Jorge Jesus et Benfica se séparent
Benfica a annoncé hier avoir trouvé un accord pour ré-
silier le contrat de Jorge Jesus, son coach (67 ans,
photo), en poste depuis juillet 2020. Défait par Porto en
huitièmes de finale de Coupe du Portugal (3-0), Benfi-
ca jouera demain en Championnat contre Porto, co-
leader avec le Sporting Portugal,. Le banc de Benfica a
été confié à Nelson Verissimo, coach de l'équipe
réserve, jusqu'à la fin de la saison.
BRÉSIL
Vanderlei Luxemburgo quitte Cruzeiro
Cinq petits mois, et puis s'en va. Ex-entraîneur du Real Madrid et ancien
sélectionneur du Brésil, Vanderlei Luxemburgo n'est plus l'entraîneur
de Cruzeiro, a annoncé ce mardi le club qui végète en Deuxième division
brésilienne, quelques jours après l'annonce de son rachat par Ronal-
do.« Tenant compte de la réalité budgétaire du club, le staff technique ne se-
ra pas reconduit », a indiqué le club précisant que le nom du successeur
de Luxemburgo serait annoncé « dans les prochains jours »
 18 footba ll
LIGUE 1
Dave Winter/FEP/Icon Sport
Les Messins Modibo Maïga, Alexandre Oukidja (balle en mains) et Farid Boulaya pourraient se retrouver face au Stéphanois Wahbi Khazri lors de la Coupe d’Afrique des nations 2022.
La CAN bouscule la Ligue 1
Aucun joueur concerné à Monaco et Lille, sept à Metz: la Coupe d’Afrique des nations
au Cameroun (9janvier-6février) aura des répercussions très différentes selon les clubs.
JOHAN RIGAUD
(AVEC LA RUBRIQUE FOOTBALL)
Hors Coupe de France, les clubs
de L1 s’apprêtent à vivre 3 à
4 journées sur 38 sans leur(s)
joueur(s) retenus pour la Coupe
d’Afrique des nations, organisée
au Cameroun (9janvier-6février),
selon leur parcours. Avec des ab-
sences et des différences d’un ef-
fectif à un autre au poids variable,
sauf pour Monaco (6e) et Lille (8e)
(aucun sélectionné). Pour le
reste, et avant un mercato qui
pourrait servir notamment par
endroits à corriger les effets de la
CAN, voici notre « étude d’im-
pact» (*).
Impact fort
Metz (18 ) et Saint-Étienne (20e)
e
apparaissent les plus «touchés».
Cinq titulaires potentiels vont
s’éloigner du Forez (Neyou, Mou-
koudi, S. Sow, Khazri, Bouanga)
et sept éléments sont concernés
à Metz (D. Bronn, P. M. Sarr, Kou-
yaté, H. Maïga, Oukidja, Boulaya,
Alakouch). La défense et le milieu
lorrains vont être fort dégarnis,
par-dessus les blessures (Udol,
Ndoram).
« C’est un jeu truqué, faussé,
s’offusquait Frédéric Antonetti
après Lyon (1-1, le 22 décembre).
Quand nous avons constitué notre
effectif, la CAN devait se jouer au
mois de juin et on a changé les rè-
gles. C’est une très belle épreuve.
Mais on ne peut pas enlever autant
de joueurs dans une équipe. Et
nous ne sommes pas les seuls. »
De quoi s’activer sur le mercato
du côté des Verts et des Grenats.
Impact notable
à important
Chez les clubs européens avec
une profondeur de banc appré-
ciable ou dans la course à l’Eu-
rope, la CAN va prendre trois titu-
laires en défense (A. Gomis,
H. Traoré, Aguerd) et Sulemana
devant à Rennes (4e). Si le retour
de Doku peut compenser le dé-
part du Ghanéen, janvier sera un
test pour les alternatives
derrière. À Nice (2e), Lemina et
Atal feront défaut, mais Delort,
qui s’est mis en retrait de l’Algé-
rie, et Boudaoui, non retenu, se-
ront là. Jorge Sampaoli aura une
solution en moins au milieu (P.
Gueye) et devant (B. Dieng, 4 buts)
à Marseille (3e).
Du côté du PSG (1er), le couloir
droit aura un visage différent en
l’absence d’Hakimi (Kehrer ou
Dagba), et du temps de jeu sup-
plémentaire s’ouvre à Wjinaldum
et Herrera au milieu sans
I. Gueye. Pas sûr qu’A. Diallo, qui
en avait peu, revienne (courtisé
par l’AC Milan). À Lyon (13e), il
manquera essentiellement Toko
Ekambi (5 buts, 2 passes décisi-
ves), même si son temps de jeu
est plus variable, pour aborder le
PSG (9 janvier) et le derby (le 21),
en plus de Slimani et Kadewere.
Plus bas dans le classement,
Clermont (16e) attaquera janvier
sans son meilleur buteur Bayo (9
buts, 2 passes décisives), auteur
de 50 % des buts auvergnats. Un
sérieux handicap à surmonter en
plus des absences d’Abdul Sa-
med et Allevinah. Autre concur-
rent au maintien, Troyes (15e)
sera privé de trois titulaires plutôt
habituels (M. Baldé, 3 buts,
1 passe décisive ; Kouamé ; I. Ka-
boré). Il en sera de même pour
Reims (14e) si Cassama figure
dans la liste de la Guinée-Bissau,
en plus de Konan et E.B. Touré.
Angers (11e), lui, sera amoin-
dri par l’absence de Boufal, son
meilleur élément (5 buts,
3 passes décisives), d’Ounahi et
Ebosse, devenus titulaires, et de
Bahoken. À Strasbourg (10e), il
manquera les précieux H. Diallo
(8 buts) et Djiku. Si le Racing est
fourni devant (Ajorque, Gameiro,
Majeed, Mothiba, Sahi), l’ab-
sence de Djiku derrière peut être
un souci si Le Marchand n’est
pas apte (dos). Des valeurs sûres
s’effaceront aussi en attaque (M.
Simon, six passes décisives,
deux buts) et en défense (Castel-
letto) à Nantes (7e), en plus de K.
Coulibaly, qui peut dépanner en
pointe.
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
Impact minime
La CAN ne va pas déstabiliser
Montpellier (5e) ou davantage
Bordeaux (17e ), avec un seul
joueur appelé peu utilisé jus-
que-là. Chez les Girondins,
J. Onana figure dans la liste du
Cameroun mais devrait être for-
fait (ischios). Pour Brest (Bel-
kebla) et Lorient (D. Ouattara), il
s’agira d’un élément plus ins-
tallé, mais un seul.
L’impact sera également plu-
tôt limité pour le Racing Club de
Lens (Haïdara et Ganago), même
si ce sont deux joueurs au bord du
onze ou un peu plus dernière-
ment pour Haïdara, qui peut cou-
vrir deux postes (axial ou piston
gauche). Rappelons que les deux
milieux S. Fofana (Côte d’Ivoire) et
C. Doucouré (Mali) se sont aussi
placés en retrait de leur sélec-
tion. É
(*) La grande majorité des listes
ont été annoncées mais peuvent
encore évoluer (Covid, blessures).
LES 52 JOUEURS
DE LIGUE 1
CONVOQUÉS
POUR LA CAN
METZ
D. Bronn (Tunisie, 33),
P. M. Sarr (Sénégal, 4),
Kouyaté (Mali, 13),
H. Maïga (Côte d’Ivoire, 11),
Oukidja (Algérie, 6),
Boulaya (Algérie, 4),
Alakouch (Maroc, 2).
SAINT-ÉTIENNE
Neyou (Cameroun, 3),
Moukoudi (Cameroun, 8),
S. Sow (Guinée, 7),
Khazri (Tunisie, 65),
Bouanga (Gabon, 26).
NANTES
M. Simon (Nigéria, 43),
K. Coulibaly (Mali, 26),
C. Traoré (Mali, 11),
Castelletto (Cameroun, 4),
Énème Bocari
(Guinée équatoriale, 7).
ANGERS
Ebosse (Cameroun, 0),
Boufal (Maroc, 22),
Ounahi (Maroc, 0),
Bahoken (Cameroun, 19).
RENNES
Aguerd (Maroc, 16),
H. Traoré (Mali, 36),
A. Gomis (Sénégal, 13),
Sulemana (Ghana, 7).
CLERMONT
Bayo (Guinée, 5),
Salis Abdul Samed (Ghana, 0),
Allevinah (Gabon, 13).
LYON
Slimani (Algérie, 80),
Kadewere (Zimbabwe, 19),
Toko Ekambi (Cameroun, 40).
REIMS
Konan (Côte d’Ivoire, 13),
M. Doumbia (Mali, 32),
El Bilal Touré (Mali, 9) (*).
PARIS-SG
A. Diallo (Sénégal, 7),
I. Gueye (Sénégal, 84),
Hakimi (Maroc, 41).
TROYES
Kouamé (Mali, 10),
M. Baldé (Guinée-Bissau, 13),
I. Kaboré (Burkina Faso, 100).
LENS
Haïdara (Mali, 7),
Ganago (CAM, 7).
MARSEILLE
P. Gueye (Sénégal, 1),
B. Dieng (Sénégal, 4).
NICE
Lemina (Gabon, 23),
Atal (Algérie, 22).
STRASBOURG
Djiku (Ghana, 11),
H. Diallo (Sénégal, 10).
BREST
Belkebla (Algérie, 9).
BORDEAUX
G. Mensah (Ghana, 6 sélections).
LORIENT
Ouattara (Burkina Faso, 0).
MONTPELLIER
Oyongo (CAM, 48).
MONACO, LILLE
Aucun joueur concerné.
(*) : en attente de la liste de
Guinée-Bissau pour Cassama.
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
19
footba ll
e
Chelsea 20 h 30 Brighton 20 journée ANGLETERRE

Tuchel, maintenant les obstacles

L’ancien entraîneur du PSG en termine ce soir avec une année 2021 magnifique
à la tête de Chelsea. Il en a fait un champion d’Europe, mais pas encore un candidat au titre.
Premier League
20 h 30 Chelsea 20e journée
RMC SPORT 2 Brighton
1. Manchester City, 47 pts ;
VINCENT DULUC 2. Liverpool, 41 ; 3. Chelsea, 41 ;
4. Arsenal, 35 ; 5. West Ham,
31 ; 6. Tottenham, 30 ;
Cette fois, Thomas Tuchel a bou- 7. Manchester United, 28 ;
clé 38 journées, un Championnat 8. Wolverhampton, 25 ;
entier, à cheval sur deux saisons, 9. Leicester, 25 ; 10. Crystal
et le tableau se précise plus nette- Palace, 23 ; 11. Brighton, 23 ;
12. Aston Villa, 22 ;
ment encore. Nommé entraîneur 13. Southampton, 21 ;
de Chelsea le 26 janvier, le lende- 14. Brentford, 20 ;
main du limogeage de Frank 15. Everton, 19 ; 16. Leeds, 16 ;
Lampard, qui venait de gagner 17. Watford, 13 ; 18. Burnley,
seulement deux de ses huit der- 11; 19. Newcastle, 11 ;
20. Norwich, 10.
niers matches de Premier Lea-
gue, l’entraîneur allemand (48 hier
ans) va en finir, ce soir, face à Crystal Palace 3-0 Norwich
Brighton, avec cette année 2021 Edouard (8e s.p.), Mateta (38e),
qui l’a vu mener les Blues à la vic- Schlupp (42e).
toire en Ligue des champions, Southampton 1-1 Tottenham
Southampton : Ward-Prowse
Hugo Delgado/EPA/MaxPPP

face à Manchester City (1-0), le (25e). Tottenham : Kane (41e

29 mai, quatre mois et trois jours s.p.).
après son entrée en scène. Watford 1-4 West Ham
Cela restera sa signature lon- Watford : Dennis (4e). West
donienne : en quelques semaines, Ham : Soucek (27e), Benrahma
digérant aisément son limogeage (29e), Noble (58e s.p.), Vlasic
(90e+2).
du PSG le 24 décembre, Tuchel a
Leicester 1-0 Liverpool
su transformer Chelsea, passant Thomas Tuchel avec son staff le 29 mai, célébrant la victoire de Chelsea en finale de la Ligue des champions (1-0 contre Manchester City). Lookman (58e).
en 3-4-3, ramenant à la surface aujourd'hui
les vieux soldats dont Lampard ne pions sous la direction de Roberto moins bien que plusieurs mana- pool, dans cette période, c’est qu’ils qui lui manque, encore, pour aller Chelsea 20h30 Brighton
voulait plus (Azpilicueta, Rüdiger, Di Matteo, qui a disparu des bancs gers dans leur première saison avaient presque tout le monde. » disputer la couronne à Liverpool RMC Sport 2
Alonso), et commençant par depuis, après plusieurs échecs. Si sous l’ère Abramovitch : Mou- Malheureusement, le Français et à City. Romelu Lukaku vient Brentford 21h15 Man. City
treize matches sans défaite, jus- l’année 2021 de Tuchel reste re- rinho 2005 (95 points), Ance- s’est de nouveau blessé à un ge- seulement de rappeler, à Aston RMC Sport 1, Canal + Sport
qu’à l’accident face au futur relé- marquable, seulement traversée lotti 2010 (86), Mourinho 2014 (82), nou, dimanche, à Aston Villa (3-1), Villa (3-1, un but, un penalty pro- demain
gué West Bromwich (2-5), à par 6 défaites en 59 matches, tou- Conte 2017 (93). Et la question, de- et Tuchel va se retrouver con- voqué), les dégâts qu’il peut faire, 21h15
Stamford Bridge (tandis que tes compétitions confondues, son puis un mois, consiste à savoir si fronté au même dilemme : faut-il et pour le reste, cela fait long- Man. United - Burnley
Chelsea était réduit à 10). Alors bilan en Premier League introduit Tuchel a fait de Chelsea un candi- continuer à jouer avec un double temps qu’il ne se passe pas RMC Sport 1, Canal + Sport
que Chelsea était 9e à sa prise de un bémol, entretenu par un mois dat au titre. Si la concurrence pivot au milieu quand Kanté n’est grand-chose dans les vingt-cinq reportés
pouvoir, les Blues ont arraché la 4e de décembre poussif. Mais puis- (Manchester City, Liverpool) n’a pas là ? derniers mètres, en dehors des Arsenal - Wolverhampton
place et la Ligue des champions qu’il en est à 38 journées de Pre- jamais été aussi forte, c’est l’évo- inspirations de Mason Mount. Leeds - Aston Villa
sur le fil, Tuchel faisant beaucoup mier League sur le banc de Chel- lution offensive de son Chelsea Des talents offensifs Trop de talents que Tuchel n’a pas Everton - Newcastle
mieux que Lampard (2 points par sea avant la venue de Brighton, ce qui semble poser problème, ainsi qui déçoivent choisis, mais qu’il a essayé de re-
match de moyenne contre 1,52). soir, à Stamford Bridge, c’est le que sa dépendance extrême à La remarquable machine défen- lancer, apportent trop peu (Ziyech,
moment d’effectuer quelques N’Golo Kanté, dont le mois d’ab- sive est moins parfaite, depuis un Werner, Hudson-Odoi, Pulisic et
Une dépendance à Kanté comparaisons avec ses prédé- sence, à la fin de l’automne, a per- mois, alors qu’Azpilicueta a perdu Havertz) : Chelsea n’a ni l’attaque Portugal
Mais, à Chelsea, ce n’est pas une cesseurs, et de donner une image turbé l’équilibre des Blues. sa place et que le méchant Rüdi- de Liverpool, portée par les 16e journée
victoire en Ligue des champions plus nette de son Chelsea, au « Quand il est sur le terrain, il ras- ger attend un nouveau contrat – 15 buts et 9 passes de Salah, à mi-
qui désigne les plus grands en- moins à l’échelle de la Premier sure tout le monde, vous donne le mais ailleurs, sans doute. Et of- Championnat, ni la qualité collec- 1. FC Porto, 41 pts; 2. Sporting
traîneurs de l’histoire du club : en League. sentiment que vous avez une force fensivement, l’entraîneur alle- tive de City. En Ligue des cham- Portugal, 41; 3. Benfica, 37;
4. Braga, 28; 5. Estoril, 25;
2012, les Blues avaient remporté Avec 79 points sur la distance supplémentaire, avoue Tuchel. Le mand n’a pas encore réussi la pions, cela passe. Sur la durée, il 6. Portimonense, 24; 7. Gil
leur première Ligue des cham- d’un Championnat entier, il fait gros avantage de City et de Liver- transformation attendue : c’est ce faudra autre chose. É Vicente, 23; 8. Vitoria
Guimaraes, 22; 9. Maritimo, 17;
10. Boavista, 15; 11. Paços de
Ferreira, 14; 12. Arouca, 14;
Leicester 1-0 Liverpool 13. Vizela, 13; 14. Santa Clara,
13; 15. Moreirense, 12;

Liverpool laisse un boulevard

16. Tondela, 12; 17. Famalicao,
11; 18. Belenenses SAD, 8.

Maladroits, les Reds se sont inclinés hier à Leicester, donnant à City la possibilité de s’envoler.
PIERRE-ÉTIENNE MINONZIO
Sommé, en seulement quarante-huit heu-
res, de se déplacer à Manchester City (di-
manche), puis d’accueillir Liverpool (hier),
Leicester avait hérité d’un enchaînement
calendaire redoutable. Ce qui n’a pas em-
pêché les Foxes de jouer pleinement leur
chance face aux deux meilleures équipes
de la Premier League, au point de s’affir-
mer, peut-être, comme un acteur majeur
de la course au titre. Car après avoir
poussé les Citizens dans leurs derniers re-
tranchements à l’Etihad (3-6), voilà que les
joueurs de Brendan Rodgers ont infligé
aux Reds leur seconde défaite (0-1) en
Championnat en 2021-2022.
Salah a raté un penalty
Ce résultat pourrait s’apparenter à un
tournant de la saison en cas de succès des
Sky Blues ce soir à Brentford, qui offrirait à
ceux-ci une avance de 9 points sur Liver-
pool, tandis que Chelsea, en accueillant
hier
Tondela 0-3 Gil Vicente
Maritimo 2-0 Vizela
Moreirense 1-0 Estoril
Brighton un peu plus tôt, aura de son côté peiné, dominés au milieu de terrain et fai- aujourd'hui
la possibilité de repasser deuxième. Jor- sant preuve d’une maladresse insensée en Famalicao 18 h Belenenses
dan Henderson et ses coéquipiers ont phase offensive, illustrée par 17 tentatives SAD
donc potentiellement perdu très gros hier non cadrées. Tout le contraire de Leicester, V. Guimaraes 20 h Boavista
Sporting 22 h Portimonense
et ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux- qui a finalement marqué par l’intermé-
RMC Sport Live 3
mêmes. Certes, Kasper Schmeichel a livré diaire d’Adeomola Lookman (58e), après un
une performance de haut vol, parvenant à service de Kiernan Dewsbury-Hall, auteur
demain
Paços de 18 h Santa Clara
repousser à la 15e minute un penalty de d’une prestation éblouissante. En deux Ferreira
Mohamed Salah et s’interposant ensuite jours, face à des « gros », les Foxes ont ré- Arouca 20 h Braga
sur des frappes d’Alex Oxlade-Chamber- ussi deux matches pleins dont on pourrait FC Porto 22 h Benfica
lain (23e), Diogo Jota (27e) et Virgil van Dijk bien reparler à l’heure des comptes en fin RMC Sport Live 3
(86e). Mais dans l’ensemble, les Reds ont de saison.
 20
Angleterre, les proprios dingos 3/ 5
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
footba ll

série Ils ont rêvé de porter le club qu’ils avaient acheté tout en haut et ont surtout fait parler d’eux
pour leurs lubies et leurs personnalités étonnantes. « L’Équipe » vous emmène à la découverte
de cinq anciens ou actuels propriétaires détonnants de clubs anglais.

Francis Lee PIERRE-ÉTIENNE MINONZIO

Le 6 septembre 1993, alors qu’il conduit

«Au début des années 1990, Francis était
considéré comme l’un des plus grands
joueurs de l’histoire de City, rappelle James.

UN HÉROS
sur une autoroute du nord de l’Angleterre,
Gary James, un fervent supporter de Man-
chester City âgé de 25ans, perd soudaine-
ment le contrôle de son véhicule. « Ce ma-
tin-là, j’écoutais Radio 5 Live, qui a révélé que
Francis Lee préparait un projet de reprise de
City, se souvient celui qui est devenu depuis
Il faisait partie avec (le milieu) Colin Bell et
(l’attaquant) Mike Summerbee de la “Sainte
Trinité” qui nous avait permis d’empiler les
trophées à la fin des années 1960 (un titre de
champion, une FA Cup, une Coupe de la Li-
gue et une C2 entre1968 et1970)».
Après sa carrière de joueur, « Franny »

DEVENU PARIA
l’historien du club. Sur le coup, j’étais telle-
ment heureux que j’ai lâché le volant pour le-
ver les bras en signe de victoire… J’ai évité de
peu un accident. »
Au même moment, d’autres manifesta-
tions d’euphorie incontrôlée se produisent
à travers Manchester. Elles témoignent du
En 1994, Francis Lee prend les rênes fol espoir que suscite, au sein des amou-
reux de Man City, le possible retour de cet
de Manchester City, un club où il avait brillé comme ancien attaquant international anglais
dans un club, où il avait, entre1967 et1974,
joueur. Mais les fans, qui l’avaient accueilli accumulé les buts, dont celui offrant le titre
de champion en 1968 (à l’occasion d’une
avec ferveur, vont se retourner contre lui. victoire 4-3 à Newcastle).
Paul Marriott / PA / Icon Sport
(tel que Lee est surnommé) avait fait for-
tune dans la production de… papier toilette.
Si bien qu’en 1993, enthousiasmé par les
perspectives de croissance favorisées par
la naissance de la Premier League un an
plus tôt, Lee se porte donc candidat pour
remplacer celui qui dirige City depuis 1973:
Peter Swales. Ce businessman spécialisé
dans le matériel hi-fi concentre alors la
rancœur des fans, qui lui reprochent des
séjours en Seconde Division (1983-1985 et
1987-1989), mais aussi la vente récurrente
des meilleurs joueurs de l’effectif. Dont
celle d’ailleurs de Lee à Derby County, en uu

En février 1994, Francis Lee

prend les commandes de
Manchester City et est accueilli
comme un sauveur à Maine Road.
 Lundi
Mohamed al-Fayed
(Fulham)
l’excentrique
uu 1974, considérée avec le recul comme le
début symbolique du déclin sportif du club.
C’est pourquoi, sous le mot d’ordre
« Forward with Franny » (« à l’attaque avec
Franny »), les supporters se mobilisent
pour que Swales laisse sa place à l’ex-bu-
teur, en organisant des manifestations, en
publiant des tribunes dans des fanzines et
en portant des tee-shirts «St Francis». Un
blasphème toléré par le révérend Jim
Burns, un vicaire basé à Chorley, au nord-
ouest de Manchester, qui devient l’éton-
nant porte-parole du mouvement. Cette
pression populaire aboutit en février 1994
au retrait de Swales et à la prise de pouvoir
de Lee, qui, selon The Independent, achète
29,9% des parts du club pour 3millions de
livres (l’équivalent de 4millions d’euros en
2021).
“On sera le club le plus heureux
du pays. Nos joueurs seront
les mieux payés, on boira
du champagne et on chantera
jusqu’à ne plus avoir de voix ,,
FRANCIS LEE, LORS DE SA PRISE DE POUVOIR
Parmi ses premiers mots prononcés en
tant que président, il y a ceux-ci, passés à
la postérité : « On sera le club le plus heu-
reux du pays. Nos joueurs seront les mieux
payés, on boira du champagne et on chan-
tera jusqu’à ne plus avoir de voix. »
« Franny » promet également de démis-
sionner si jamais City ne remporte pas de
trophée dans les trois années suivantes.
Les abonnés de Maine Road, le stade qui
abrite alors les Sky Blues, sont fascinés
par son bagou, qui serait comparable, à
en croire nos interlocuteurs, à celui de
Boris Johnson, l’actuel et très contro-
versé premier ministre britannique.
« Ils ont les mêmes cheveux blonds, la
même carrure arrondie, la même habilité
face aux médias et la même tendance à
faire des promesses qui ne sont pas suivies
d’effets», détaille Tim Rich, qui a publié un
livre hilarant consacré aux années 1990
de Manchester City (Caught beneath the
landslide). Et de même que Johnson, au-
trefois célébré pour son panache, génère
aujourd’hui une détestation tenace outre-
Manche, Lee a vu sa cote de popularité se
dégrader au fil de ses quatre années à la
tête des Citizens, ce qui explique sans
doute son refus à nos demandes d’entre-
tien.
Hier Aujourd’hui
Vincent Tan Francis Lee
(Cardiff) (Manchester City)
le superstitieux le beau parleur
On peut dater la fin de la lune de miel
entre « Franny » et les fans à juin 1995.
Alors que City vient de sauver de justesse
sa place en Premier League, le président
se démène pour trouver un nouveau ma-
nager. « Des gros noms circulaient dans la
presse, comme ceux de Franz Becken-
bauer ou de George Graham (deux fois
champion avec Arsenal en1989 et1991)…
Et finalement Francis a opté pour Alan Ball,
ce qui a douché notre enthousiasme », se
souvient Gary James. Parce que cette no-
mination s’apparente à du copinage (Lee
et Ball avaient noué une solide amitié lors
du Mondial 1970, qu’ils avaient disputé
avec les Trois Lions), mais aussi parce
que le nouveau coach de City est précédé
d’une réputation peu flatteuse : celle de
faire descendre les équipes qu’il entraîne
(ce qui avait été le cas avec Portsmouth et
Stoke City).
Sans surprise, les Citizens sont donc re-
légués en Deuxième Division un an plus
tard. Ce qui surprend, en revanche, c’est le
scénario grotesque ayant occasionné cette
descente, lors de la dernière rencontre de
la saison, Manchester City – Liverpool (2-2,
le 5 mai 1996). En fin de match, alors que
City a besoin d’un meilleur résultat que
Southampton pour se maintenir, Lee et
Ball, depuis respectivement la tribune pré-
sidentielle et le banc, incitent bruyamment
Neal Simpson/PA/Icon Sport
Demain Vendredi
George Reynolds Michael Knighton
(Darlington FC) (Carlisle United) série 21
le mégalomane le lunaire ANGLETERRE (3/5)
comme entraîneur des équipes de jeunes.
«Bell était une telle idole qu’on ne supportait
pas son départ, raconte Colin Shindler, au-
teur de plusieurs livres consacrés à sa pas-
sion dévorante pour les Citizens. Et on ne
supportait pas non plus que ce soit Francis qui
l’ait mis dehors. C’est comme quand tes pa-
rents se disputent: tu ne veux pas savoir qui à
tort, tu veux juste qu’ils se réconcilient». Dans
le cas présent, ce sera peine perdue, puis-
que, jusqu’à sa mort, le 5 janvier dernier,
Bell n’a plus jamais adressé la parole à Lee,
sans que ce dernier ne s’en offusque.
Lors des derniers mois de sa prési-
dence, il est en revanche plus sensible au
mécontentement populaire grandissant à
son encontre. En écho à « Forward with
Franny », un mouvement se crée sous le
nom de «Free the Manchester 30000» («li-
PA Photos/Icon Sport
bérez les 30 000 de Manchester », en réfé-
rence à l’affluence de Maine Road à l’épo-
que) afin d’inciter Lee à démissionner, à
l’aide de chants entonnés contre lui, de
Avant d’en être le leurs joueurs à ne prendre aucun risque et
bannières « Lee out », de prises de parole
dans les médias… Celui qui a été vénéré
par la foule se voit désormais conspué par
propriétaire, Francis Lee à conserver le résultat, car une fausse ru- elle, en raison de ses choix de managers
a porté les couleurs meur court dans les travées de Maine guère avisés (dont celui de Steve Coppell,
de Manchester City Road, selon laquelle les Saints perdent resté sur le banc 33 jours en 1996, avant de
de 1967 à 1974. chez eux face à Wimbledon, alors qu’en ré- jeter l’éponge parce qu’il ne supportait pas
alité ceux-ci assurent le match nul (0-0). la pression du poste) et de son incapacité à
enrayer les mauvais résultats.
Il démissionne quelques Au point qu’en mai1998, Manchester City
semaines avant est rétrogradé pour la première fois de son
une relégation historique histoire en Troisième Division. Sentant la
en Troisième Division catastrophe poindre, «Franny», qui ne vou-
Cette tragicomédie fait perdre de la crédibi- lait pas ajouter une seconde relégation à
lité à Lee, tout comme sa volonté, vite avor- son règne sans trophée, a démissionné dès
tée, d’intégrer un représentant des suppor- le 16mars. À l’époque, personne n’aurait pu
Francis Lee ters au board du club. Ce représentant, imaginer que, une vingtaine d’années plus
a multiplié les mauvais c’est Dave Wallace, le créateur du fanzine tard, Manchester City, puisse figurer parmi
choix à la tête de City. King of Kippax, qui n’a rien oublié de cette les clubs les plus puissants du monde et
La nomination de brève tentative de cogestion: «Quand Fran- que Lee soit régulièrement invité en loges
son ami Alan Ball cis choisissait un manager, il ne nous consul- lors des matches à domicile, désormais
(à gauche) en 1995 tait pas, ce dont j’ai fini par me plaindre auprès disputés à l’Etihad Stadium. Des invitations
comme entraîneur d’un journaliste. Furieux, Francis, m’a appelé qui, on l’aura compris, doivent plus à son
conduit notamment en disant: “N’oublie pas que tu représentes le statut d’ex-grand joueur, qu’à celui d’ancien
le club l’année suivante board!”. Ce à quoi j’ai répondu: “Non je repré- dirigeant. É
en Deuxième division. sente les supporters”. Ensuite il ne m’a plus
Une relégation vécue adressé la parole…».
par les fans de City
(à droite) comme un
Plus encore que par cet épisode, les sup-
porters de City sont ulcérés de l’éviction, par
L’ex-club
déchirement à l’issue
d’un scénario
« Franny », de deux de ses ex-coéquipiers
de la grande époque : l’ancien latéral Tony des losers
improbable lors de Book, devenu intendant au club, et surtout Si aujourd’hui Man City enchaîne les titres
City-Liverpool (2-2), le légendaire Colin Bell, un des membres nationaux, ce club était auparavant connu
le 5 mai 1996. de la « Sainte Trinité », qui œuvre alors pour sa capacité à subir des déconvenues
improbables, que ses supporters décrivaient
avec une expression fataliste : « Typical City
(Typique de City) ». Le consternant
malentendu ayant favorisé la descente des
Sky Blues en deuxième division en 1996
(voir ci-dessus) en est une parfaite
illustration, tout comme leur relégation
de 1938, intervenue alors qu’ils avaient
conclu la saison avec la meilleure attaque
de la Première division et qu’ils avaient été
sacrés champions un an plus tôt.
En 1957-1958, les Citizens se sont
distingués en inscrivant 104 buts en
Championnat et en encaissant… 100. Dix
ans plus tard, tout frais champions, ils
découvrent l’Europe avec l’ambition de la
« terroriser » selon les mots de Malcolm
Allison, l’entraîneur adjoint. Las, les
Mancuniens s’inclinent dès le premier tour
Matthew Ashton/PA/Icon Sport
face à Fenerbahçe (0-0, 1-2). Récemment,
l’expression « Typical City » a d’ailleurs
ponctuellement refait surface à l’occasion
d’éliminations européennes inattendues,
comme celle face à l’OL en quarts de finale
de la C1 en 2020 (1-3). P.-E.M.
22 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

ski a lpin
COUPE DU MONDE géant femmes Lienz

WORLEY
LA MÉLODIE
DU BONHEUR
Régulière dans le top 10 depuis le début de saison,
la skieuse française a remporté hier le géant
de Lienz en faisant preuve d’une grande capacité
d’adaptation au rythme proposé par les tracés.
De bon augure à six semaines des JO de Pékin.

LUC FOLLIET

Dans l’aire d’arrivée de Lienz, sur

le trône de la prétendante à la vic-
toire, Federica Brignone s’affu-
blait hier d’une belle barbe de
père Noël. La géantiste italienne
a vite remisé l’accoutrement,
chassée par plus rapides qu’elle
et même boutée du podium par
Tessa Worley, la vraie mère Noël
hier en Autriche. « Elle nous a fait
un très beau cadeau » glissait
après course Lionel Pellicier, res-
ponsable du groupe technique
des Françaises, ravi de cette pre-
mière victoire de la saison pour
Worley. « Aujourd’hui, elle a réussi
à exprimer tout son ski. Elle mon-
tait en puissance ces derniers
temps. Elle le montrait à l’entraîne-
ment, elle était de plus en plus ra-
pide. Mais il y avait toujours un petit
grain de sable. »
Emmagasiner
de la confiance
La saison de Tessa Worley jus-
qu’ici n’était pas mauvaise – trois
tops 10 dont une 4e et 5e place à
Courchevel il y a dix jours –, elle
n’avait juste pas le goût sucré d’un
podium et la satisfaction du travail
accompli. « Courchevel, c’était des
bonnes courses. Il fallait juste pas-
ser d’une bonne course à une excel-
lente course, affirmait hier la
skieuse du Grand-Bornand. Je
n’ai finalement pas changé grand-
chose si ce n’est que je me suis fait
un peu plus confiance. »
Si l’absence de Mikaela Shiffrin,
roude – et gagne régulièrement de l’avance, toujours cas- chang (Corée du Sud). « Ces er-
– sur le circuit de Coupe du se-gueule. Mais le ski de la reurs, je les ai retenues, continue
monde depuis treize ans (voir Haut-Savoyarde, aussi pré- Tessa Worley, 7e et jamais vrai-
par ailleurs). « Chaque manche cis et alerte qu’en première ment dans le coup au géant olym-
a une mélodie différente et ce manche, laissera la Slova- pique de 2018. Et j’essaie de tra-
matin (hier matin), c’était un que Petra Vlhova et la Sué- vailler dessus afin d’arriver dans les
style qu’on n’a pas forcément doise Sara Hector à plus de meilleures dispositions pour ces
en course ni à l’entraînement 3 dixièmes. Worley s’im- Jeux et aller chercher, pourquoi
(les traceurs étaient italiens pose sur une piste de Lienz pas, très gros. »
pour cette première man- où elle n’avait connu qu’une La piste de géant des JO de Pé-
che), explique la Tricolore. Il seule fois le podium, en kin est aujourd’hui inconnue de
y avait pas mal de contraste 2011 (3e). « Avec ce succès, toutes. Les vidéos chauffent dans
latéral. C’était assez tour- Tessa a ajouté quelque chose à les différents staffs des grosses
nant, avec de la distance en- son panel », complète Lionel nations pour s’accaparer son pro-
tre les portes un peu plus Pellicier. Gagner partout et sur fil, mais elles ne remplaceront ja-
que la moyenne, pas grand- tous les profils en somme. mais les sensations ni le toucher
chose, mais un petit mètre Dans une saison qui transpo- de neige. Il faudra alors trouver en
qui fait qu’il faut encore plus sera tout le cirque blanc autour du quelques jours le juste équilibre
exagérer les transitions en- barnum olympique de Pékin, à la entre rythme et prise de risque.
tre chaque porte. Tout ça mi-février, ce succès arrive donc à « Je veux avoir le bon état d’esprit.
donne finalement un rythme point nommé pour Tessa Worley Je sais que cette prise de risque
assez lent. Et c’est toute la dif- qui avoue « prendre énormément peut faire perdre, précise la Fran-
ficulté: ne pas se laisser endor- de plaisir à courir en ce moment ». çaise de 32 ans. Aujourd’hui je me
mir par le tracé, créer son rythme Car l’histoire olympique s’est pour sers des étapes de Coupe du
et relancer à chaque fois. C’est ma l’instant écrite sans la Française, monde pour jouer pleinement le jeu
Dominik Angerer/AFP

covidée et confinée, a bien ar-
rangé les choses, Tessa Worley,
affublée du dossard n°1 au départ
de ce géant, a surtout fait parler
l’expérience d’une skieuse qui ba-
satisfaction : m’être adaptée à ce
rythme-là. »
La seconde manche, plus con-
ventionnelle au niveau du tempo,
donnait un bel exemple de gestion
pourtant l’une des plus régulières
skieuses du circuit, la faute à une
grave blessure en 2014 à Sotchi
(Russie), la faute à elle-même
quatre ans plus tard à Pyeong-
en termes de risques à prendre. Le
pire, c’est de rentrer des Jeux avec
des regrets, de ne pas avoir pu s’ex-
primer pleinement. Ça, c’est quel-
que chose que je ne veux pas. » É
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
«Fière de m’inscrire
dans la durée»
Avec cette victoire à Lienz, la skieuse du Grand-Bornand
épate par sa longévité, elle qui avait connu son premier
succès en Coupe du monde en 2008.
Le circuit féminin s’est habitué
ces dernières saisons à une jeu-
nesse bruyante prompte à se-
couer l’ordre établi: la jeune Néo-
Zélandaise Alice Robinson avait
17ans quand elle remporta le gé-
ant de Sölden (Autriche) en octo-
bre 2019 et, au même âge, Mi-
kaela Shiffrin enchaînait déjà
succès sur succès durant l’hiver
2012-2013.
Aussi voir Tessa Worley, 32ans
tout sourire sur la plus haute
marche du podium à Lienz hier
montre à quel point la skieuse du
Grand-Bornand traverse les dé-
cennies tout en affichant une ré-
gularité d’horloge dans la vic-
toire. Car cette jeunesse, Tessa
Worley l’incarnait aussi il y a treize
ans en novembre 2008 à Aspen.
Elle venait d’enlever à 19 ans son
premier géant de Coupe du
monde et devenait sans présen-
tation le grand espoir du ski alpin
tricolore. «Être en fin de carrière et
être encore performant, c’est quel-
que chose que tous les skieurs ont
envie de faire. Donc je suis fière de
m’inscrire dans la durée et conti-
nuer saison après saison à me bat-
tre parmi les meilleures géantis-
tes », confiait-elle quelques heu-
res après le 15e succès de sa car-
rière en Coupe du monde.
À la poursuite
de Carole Merle
Comme beaucoup de skieuses
professionnelles, la trajectoire de
Tessa Worley n’a pas toujours été
rectiligne et les blessures ont mis
quelques blancs dans son CV,
parfois au pire moment comme
quelques mois avant les JO de
Sotchi (2014) quand le ligament
croisé antérieur du genou droit se
rompait lors d’un slalom à Cour-
chevel en décembre 2013 : « Les
gens ne se rendent peut-être pas
compte combien il est difficile de
s’inscrire dans la continuité, de ce
que cela demande en termes d’en-
gagement physique et d’engage-
ment mental pour revenir au plus
haut niveau.»
Et c’est la grande différence
avec d’autres skieurs qui ont par-
fois bien du mal à recouvrer un ni-
veau mondial après 8 ou 9 mois
d’inactivité. Worley a toujours su
se relever, comme lors de cet hi-
La Française Tessa Worley
lors de la première
manche du géant à Lienz,
hier, en Autriche.
ver 2016-2017 où elle remporte
3 géants et le globe de la disci-
pline, et faire fi de la concurrence
ou d’un matériel qui change.
« S’adapter, c’est le maître mot du
haut niveau. Par rapport à la petite
jeune d’il y a douze ans voire plus
(sourire), je ne suis plus la même.
J’ai réussi à trouver différentes fa-
çons de gagner. Je suis arrivée à
évoluer et ça aussi j’en suis très
contente».
Aussi quand on lui rappelle
qu’avec ses 15 victoires, elle
monte sur le podium de l’histoire
des grandes géantistes avec la
Suissesse Vreni Schneider
(20 succès) et l’Autrichienne An-
nemarie Moser-Pröll (16), et
qu’elle course désormais Carole
Merle, la Française la plus victo-
rieuse en Coupe du monde
(22 succès, géant et super-G mê-
lés), elle avoue timidement sa
fierté : « Ce sont de très grands
noms, j’ai un peu du mal à réaliser.
Mais je pense que ce sont des cho-
ses que je regarderai plus une fois
ma carrière terminée. » Histoire
de dire aussi que la moisson n’est
pas achevée. L. F.
ski a lpin
Coupe du
monde 4/11
Bormio (ITA)
descente hommes
classement 1. Paris (ITA),
1’54’’63 ; 2. Odermatt (SUI), à
0’’24 ; 3. Hintermann (SUI), à
0’’80 ; ... 6. Kilde (NOR), à 1’’12 ;
11. Clarey, à 1’’36 ; 12. M.
Mayer (AUT), à 1’’57 ; 14.
Bailet, à 1’’63 ; 26.
Giezendanner, à 2’’64. 47
classés.
Coupe du monde de
descente (après 4 épreuves
sur 11) : 1. Paris (ITA), 227 pts ;
2. M. Mayer (AUT), 217 ;
3. Hintermann (SUI), 178 ; ...
11. Clarey, 87.
Prochaine descente : 14 janvier, à
Wengen (SUI).
Coupe du monde
2022 (après 14 épreuves sur
37) : 1. Odermatt (SUI), 713
pts ; 2. M. Mayer (AUT), 427 ;
3. Kilde (NOR), 369 ; ...
4. Pinturault, 314.
Prochaine épreuve : Aujourd'hui,
Super-G à Bormio (ITA).
Coupe du
monde 4/9
Lienz (AUT)
géant femmes
classement 1. Worley,
2’03’’88 (1ère de la première
manche ; 4e de la deuxième
manche à 0''48) ; 2. Vlhova
(SLQ), à 0’’30 (4e à 0''41 ; 3e à
0''37) ; 3. Hector (SUE), à 0’’38
(2e à 0''12 ; 10e à 0''74) ; 4.
Brignone (ITA), à 0’’64 (12e à
1''12 ; 1er) ; 5. Mowinckel (NOR),
à 0’’83 (3e à 0''29 ; 14e à 1''02) ;
... 13. Frasse Sombet, à 1’’74
(19e à 1''45 ; 12e à 0''77) ; 20.
Direz, à 2’’06 (21e à 1''55 ; 13e à
0''99). 25 classées.
Coupe du monde
2022 (après 15 épreuves sur
38) : 1. Shiffrin (USA), 750 pts ;
2. Goggia (ITA), 657 ; 3. Vlhova
(SLQ), 515 ; ... 14. Worley, 232.
Coupe du monde de
géant (après 4 épreuves sur
9) : 1. Shiffrin (USA), 280 pts ;
2. Hector (SUE), 262 ; 3. Vlhova
(SLQ), 235 ; ... 4. Worley, 227.
Prochain géant : 8 janvier 2022,
à Maribor (SLV).
ski de fond
Coupe du
monde 1/30
Lenzerheide (SUI)
sprint libre hommes
classement 1. Klaebo (NOR),
1’36’’6 ; 2. Jouve, à 8’’5 ;
3. Chanavat, à 14’’8 ; 4. Valnes
(NOR), à 21’’4 ; 5. Pellegrino
(ITA), à 22’’5 ; 6. Golberg (NOR),
à 24’’3 ;
Lenzerheide Coupe du monde
La culture
podium
Deuxième et troisième du sprint libre
d’ouverture du Tour de ski en Suisse,
Richard Jouve et Lucas Chanavat
confirment leur abonnement
aux podiums avant les JO de Pékin.
ANNE-LYSE RAYMOND
C’est une habitude qui n’est pas
mauvaise à prendre, au contraire.
Cet hiver, les sprinteurs tricolores
sont abonnés aux places d’hon-
neur. Hier, pour l’ouverture suisse
du Tour de ski, Richard Jouve et
Lucas Chanavat, respectivement
deuxième et troisième du sprint
libre de Lenzerheide, y sont mon-
tés de concert, eux qui s’y succé-
daient depuis un mois.
Voilà qui porte leur total à cinq
podiums depuis le début de sai-
son (3 pour Jouve, 2 pour Chana-
vat) après… cinq étapes de Coupe
du monde. Une constance qui est
« le résultat du bon travail que l’on a
fait tout au long de l’année, de toute
une équipe hyper profession-
nelle », d’après Chanavat qui es-
time « récolter les fruits de tout ce
que l’on a mis en place depuis nos
années en juniors ». « On a cette
culture de la gagne même si on a
tous des trajectoires différentes,
relève-t-il. Personnellement, ma
forme monte progressivement. »
“C’est le skieur le plus
complet actuellement :
puissant, assez léger,
endurant et avec une
forte explosivité.
aussi fort ,,
C’est ce qui le rend
LUCAS CHANAVAT À PROPOS
DU NORVÉGIEN JOHANNES KLAEBO
Même constat pour Richard
Jouve, le plus régulier des deux :
« L’année précédente, on avait un
Les Français Richard Jouve (à gauche) et Lucas Chanavat (à droite)
entourent le Norvégien Johannes Klaebo sur le podium.
23
SKI DE FOND
manque de réussite, on terminait
souvent premier pas qualifié ou
quatrième. Cette année, on fait en
sorte que cela tombe de notre côté,
ce qui est mieux ».
Une seule marche reste à
monter pour triompher et décro-
cher (enfin) des victoires. Pro-
blème, sur le passage des Fran-
çais se trouve un obstacle bien
encombrant : le géant norvégien
Johannes Klaebo. Le leader de la
Coupe du monde a d’ailleurs sur-
volé la course d’hier. « Une habi-
tude, reconnaît Chanavat. C’est le
skieur le plus complet actuelle-
ment: puissant, assez léger, endu-
rant et avec une forte explosivité.
C’est ce qui le rend aussi fort. »
Les JO en ligne de mire
Au-dessus mais « pas intoucha-
ble », insiste Jouve. « On bosse
pour arriver à au moins jeter le pied
en même temps que lui sur la li-
gne, continue-t-il. C’est sûr que
c’est le favori, mais cela reste des
courses d’un jour et tout peut arri-
ver. »
Les courses d’un jour, Jouve et
Chanavat en ont coché une en
particulier, celle des prochains
Jeux Olympiques (4-20 février à
Pékin). « Le vrai objectif ce sont les
Jeux, affirme Jouve, médaillé de
bronze olympique du sprint par
équipes (avec Manificat) en 2018
à Pyeongchang. Et même si le ré-
sultat de ce début de saison n’avait
pas été comme ça, on se serait pré-
senté aux Jeux pour aller chercher
une médaille. » Mais autant réus-
sir les répétitions.
Peter Schneider/Keystone via AP
24 rugby
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

« On LE PRINCIPE
« Un trop-plein de volume déployé »
INDIVIDUEL EN SALLE
« Échauffer
peut « Après le Tournoi des Six nations 2020, l’accélération et les changements de sans course »
réduire on s’est rendu compte que nos joueurs
avaient des échauffements collectifs et
rythme. C’est ce trop-plein de volume
déployé qui leur manquait au niveau
« On arrive au stade 1h30 avant le coup
d’envoi. La démarche individuelle en salle

encore » individuels très longs, notamment en

comparaison des autres nations. Ils
couvraient trop de distance (jusqu’à
3000 m) à des vitesses non pertinentes
THIBAULT GIROUD, (moins de 15 km/h). C’était l’héritage de
directeur de la culture française de l’aérobie où
la performance s’échauffer était courir. On a mis tous les
du quinze de France, facteurs de performance à plat pour
neuromusculaire dans les fins de match.
On a réduit le volume de l’échauffement
collectif et réadapté l’individuel, on peut
d’échauffement est prépondérante. Elle doit
éviter de passer par la case footing dans l’en-
but. Quand les joueurs sortent, ils doivent
d’ailleurs les réduire encore pour que les avoir atteint une température physiologique
joueurs finissent mieux leurs rencontres. importante. Ils utilisent donc des outils
On l’a couplé avec l’aspect nutritionnel à connus (élastiques, rouleaux, balles, travail
la mi-temps. Les joueurs, au sol…) pour échauffer la chaîne postérieure,
culturellement, s’alimentaient quand ils les tendons, les muscles profonds mais sans

détaille comment mieux finir les matches. Entre l’hiver
les Bleus ont 2020 et les derniers tests d’automne,
révolutionné nous sommes parvenus à réduire le
leur échauffement. volume de distance parcourue de 53 %.
Le rugby est un sport explosif, basé sur
Frédéric Mons/L’Équipe
rentraient au vestiaire. On a aussi retardé course. Une fois que tu arrives sur le terrain
ce moment à la sortie pour la seconde pour l’échauffement individuel en extérieur
période, pour que le taux de glycémie (30 minutes avant le collectif), tu es déjà
reste haut, surtout dans les 20 dernières capable de taper dans des valeurs d’intensité
minutes. » spécifiques au poste. »

LA RÉVOLUTION
DE L’ÉCHAUFFEMENT
Moins long, plus individualisé, mieux construit, l’avant-match est passé
en vingt ans d’un rite mystico-folklorique à un script où tout est minuté.
FRÉDÉRIC BERNÈS (avec M. R.) à se rationaliser. Mais le défaut d’en faire
trop persistait encore récemment, et survit
«C’était un match de Coupe d’Europe avec la sûrement ici ou là. Quand il rejoint l’enca-
Section, à Llanelli, raconte Thierry Mentiè- drement de l’équipe de France en 2019,
res, deuxième-ligne de Pau entre 1988 Thibault Giroud diagnostique ce déséquili-
et 2000. On s’échauffe et d’un coup, je vois bre chez les Bleus qui explique les fins de
Pierre Triep-Capdeville et Joël Rey choper match difficiles (voir par ailleurs). En
sérieusement la mascotte galloise. Bagarre France, la vieille croyance prétendant que
générale. S’ensuit un match hyper tendu « s’échauffer, c’est courir » a résisté au
qu’on perd en prenant deux rouges et deux temps plus qu’ailleurs. Tours de terrain,
jaunes. Pierre et Joël ne comprenaient pas ce talons-fesses, fractionné... À l’heure ac-
que venait foutre cette mascotte au milieu de tuelle, on considère que les joueurs cou-
notre échauffement. On est en 1996 et en ce rent entre 5 et 7 kilomètres en moyenne
temps-là, l’échauffement, c’était déjà le dans un match de très haut niveau.
match. Alors qu’aujourd’hui, c’est une prépa- Puisque nous sommes à l’époque où
L’Équipe

ration au match.» toutes les variables physiques sont moni-

On a écrit des pages et des pages sur la
disparition des troisièmes mi-temps. On
pourrait en noircir d’aussi fêlées, d’aussi
drôles, d’aussi extrêmes sur ce qui se pas-
sait jadis dans l’avant-match, et qui a cessé
d’être. « Tu voyais chaque week-end ton
coach se transformer en gourou, poursuit
Mentières. C’était beaucoup de Dolpic (un
baume musculaire chauffant), beaucoup
d’élasto, et du Synthol quand ça n’allait pas
(rire). À l’époque, tous les vestiaires étaient
trop petits. Mettre autant de blockhaus de
120 kg dans 10 m², avec dans les oreilles la
sauce marabout d’entraîneurs comme le
père (Pierre-Henry) Broncan ou Gilbert
Doucet qui pouvaient te faire monter aux ar-
bres n’importe qui, vous imaginez la cocotte-
minute. Pour les matches exceptionnels, on
ne sortait pas du tout du vestiaire avant le
match. Quand on sortait, l’échauffement con-
sistait à faire des tours de terrain. Petit à petit,
les préparateurs physiques, souvent issus de
l’athlé, arrivent et l’entraîneur va disparaître
de l’échauffement.»
Si vous aussi, vous faites partie de ceux
qui aiment ne pas arriver trop tard au stade
pour observer l’échauffement, regarder
qui fait quoi et comment, examiner la rou-
tine des buteurs, les attitudes, il ne vous
aura pas échappé que l’avant-match a
connu sa petite révolution, comme chaque
composante du rugby. Avant, on ne révisait
que deux lancers en touche, vite fait. C’est
devenu une étape plus élaborée. Avant, on
ne répétait pas de vraies mêlées avec de
vrais impacts. Avant, le remplaçant appelé
à entrer descendait de la tribune, faisait
deux percus et quelques moulinets avec
les bras et hop, il entrait. « Avant que les
staffs passent de trois personnes à quinze, le
joueur avait peu d’informations, sur l’adver-
saire mais aussi sur lui-même, explique
Mentières. Comme tu manquais de repères,
pour te rassurer, tu te sentais un peu obligé
de forcer à l’échauffement. Aujourd’hui, un
préparateur physique arrêtera le joueur qui
en fait trop. C’est d’ailleurs marrant parce
qu’au début où j’entraînais, ça m’est arrivé
d’aller voir les prépas physiques et de leur
dire pendant un échauffement: “Oh, vous al-
lez vraiment me les préparer pour le match
ou quoi ?” Pour moi, c’était mou, pas assez.
Joueur, ça m’est arrivé un paquet de fois de
commencer un match en étant déjà un peu
cramé, physiquement et dans la tronche.»
“On courait trop.
Il y a des joueurs qui couraient
à l’échauffement autant qu’en
la durée ,,
une mi-temps. On a donc diminué
LAURENT TRAVERS, MANAGER DU RACING 92
Cela fait maintenant une bonne quinzaine
d’années que l’échauffement a commencé
torées en temps réel, il est devenu logique
L’échauffement de Dax d’équiper les joueurs de GPS pour sur-
avant la demi-finale du veiller qu’ils ne brûlent pas trop de leur cré-
Championnat de France dit énergétique dans l’avant-match. «Chez
perdue contre Toulouse nous, en général, un trois-quarts il court, il
en 1996 (23-36). court et il court, raconte Sébastien Piquero-
nies, manager de Pau et ancien entraîneur
de l’équipe de France des moins de 20 ans,
double championne du monde. Pour faire
trois passes, il va courir cinquante mètres.
Depuis qu’on a les GPS, on a tous pu voir cette
réalité. Avec les moins de 20ans, il y a quatre
ou cinq ans, on arrivait, sans trop caricaturer,
à faire trois mi-temps. En dépense énergéti-
que, l’échauffement valait l’équivalent d’une
mi-temps. Aujourd’hui, on privilégie les exer-
cices par élastique, à volumétrie zéro ou en
demi-squat. En courant 1,2 kilomètre, tu
peux te préparer aussi bien.»
Manager du Racing, Laurent Travers a pour peu que ce soit bien rythmé. Au-
eu une révélation en juin 2018. Cet été-là, jourd’hui, au Racing, on termine par une sé-
la FFR lui avait demandé, avec Laurent La- quence qui doit nous faire monter en volume
bit, d’accompagner le quinze de France de et atteindre une certaine intensité. Mais il ne
Jacques Brunel dans sa tournée en Nou- faut pas qu’elle dépasse trois minutes. On
velle-Zélande. « J’avais chronométré contrôle les mètres parcourus. L’échauffe-
l’échauffement des All Blacks, se rappelle- ment est minuté. Les joueurs savent com-
t-il. C’était dix-sept minutes. Nous, au Ra- ment il est construit.»
cing, on était plutôt autour de vingt et une mi-
nutes. Ça m’avait questionné. En fait, on
courait trop. Il y a des joueurs qui couraient à
Il y a trois ans, le centre Arthur Vincent a
couru 3,2 kilomètres pendant un échauf-
fement avec les moins de 20 ans. Si on
l’échauffement autant qu’en une mi-temps. rapporte cette distance à celle courue en
On a donc diminué la durée. Je crois qu’entre moyenne dans un match international,
quinze et dix-sept minutes, c’est suffisant, évoquée plus haut, cela a de quoi inter- uu
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
INDIVIDUEL EXTÉRIEUR
« C’est à la carte »
« Certains ont besoin de 10 minutes, d’autres 20.
C’est à la carte. Cela dépend des individus et des
profils. Les joueurs à dominante vitesse vont
sortir les premiers pour atteindre les très
hautes accélérations avant le collectif.
Les troisième-ligne sortiront avant le cinq
de devant parce qu’ils ont besoin d’un
volume de déplacement
supérieur. »
Charlotte Wilson/L’Équipe
uu peller. « Arthur a une telle caisse que cela
n’a pas joué sur la durée de sa batterie, pré-
cise Piqueronies. Mais peut-être que s’il
s’était davantage économisé, à la dix-hui-
tième accélération du match, au lieu d’être
flashé à 32 km/h, il aurait été flashé à 33 et
n’aurait pas été repris à un mètre de la ligne
d’essai.»
“Le joueur de rugby,
c’est devenu Lewis Hamilton qui
,,
reçoit les infos de Toto Wolff et
de son équipe d’ingénieurs
THIERRY MENTIÈRES, ANCIEN ENTRAÎNEUR
TRANSITION INTENSE
« Monter très vite
et très haut »
« La recherche du deuxième souffle
avant de passer à l’entraînement
collectif. Avec les avants, il est basé
sur l’énergétique. On va monter très
vite et très haut en intensité sur des
courses courtes basées sur de la
puissance-endurance. Pour les trois-
quarts, on est sur du travail
neuromusculaire, on va donc aller
chercher des vitesses max sur
30-40 mètres et des accélérations max
(+ de 3 mètres/sec). Ce primer dure
2 minutes. Après cette séquence,
physiologiquement, l’équipe serait
prête à donner le coup d’envoi. »
Cet exemple nous emmène vers une au-
tre tendance qui se généralise dans les
échauffements modernes: l’individualisa-
tion. «Le joueur de rugby, c’est devenu Lewis
Hamilton qui reçoit les infos de Toto Wolff et
de son équipe d’ingénieurs, image Thierry
Mentières. Il connaît son corps, son état de
fatigue au moment M, ses besoins. Tous les
contenus sont devenus hyper précis et
l’échauffement a suivi cette évolution.»
L’idée n’est plus de s’échauffer comme
si on jouait déjà. Mais le rugby restant un
sport de combat à plusieurs, il y aura tou-
jours une place pour fusionner collective-
Alain Mounic/L’Équipe
Sous le regard attentif ment, toujours une place pour les entraî-
de leur manager neurs qui refont l’ambiance sonore du ves-
Laurent Travers, tiaire à chaque match. « C’est pour ça qu’il
les joueurs faut trouver le bon équilibre lors de l’échauf-
du Racing 92 fement collectif qui arrive en phase terminale
s’échauffent avant de l’avant-match, explique Christophe
d’affronter Clermont Urios, le manager de l’UBB. J’aime bien ter-
(17-26, le 3 octobre). miner avec les contacts et les boucliers sur la
phase défensive. Ça donne le baromètre de
l’état d’esprit des mecs.»
À Bordeaux, l’échauffement dure vingt-
cinq minutes. «Dedans, on intègre le couloir
de Chaban qui prend trois minutes, indique
Urios. Tout est calculé à la seconde. Mais à
25
COLLECTIF
« Un rappel
des systèmes
et des repères »
« C’est intense et court : travail en séparé,
puis collectif attaque, vitesse de ligne
défense et contacts. Les repos sont courts
avec hydratation. Cette séquence n’est pas
un échauffement à proprement parler. Les
joueurs sont déjà à température. C’est plus
un rappel des systèmes et des repères
collectifs avec maniement du ballon. »
AVANT LE COUP D’ENVOI
« Faire remonter
leur température »
« En raison d’une pause importante due au
protocole international (contrairement au
Top 14), les joueurs vont devoir faire
remonter leur température par des
exercices explosifs pendant 90 secondes,
juste après les hymnes, afin d’être prêts aux
intensités très élevées dès l’entame. »
Frédéric Porcu/L’Équipe
l’intérieur de tout ça, il y a des spécificités. À
Oyonnax, ils aimaient bien faire un pré-
échauffement dans un gymnase à côté. À
Castres, pas du tout. Un mec comme (Rémi)
Lamerat a besoin d’une heure de routine
perso quand d’autres enfilent les crampons
et c’est parti. Les Latins ont besoin de collec-
tif. Pour eux, le groupe est important, j’ai mis
du temps à le comprendre. Les Argentins, les
mecs de l’Est aussi, ont besoin de se sentir. Ils
aiment se serrer. Les Anglo-Saxons, ça les
fait chier. » Avec tout ça, si ce n’est pas de-
venu moins risqué d’être mascotte à Lla-
nelli, c’est à désespérer du progrès. É
 26 rugby
TOP 14 Biarritz
Vent mauvais à Biarritz
Lors de la rencontre entre Biarritz et Montpellier
lundi soir, le président du BO, Jean-Baptiste
Aldigé, aurait eu une altercation physique
avec un jeune supporter du club.
Nicolas Luttiau/L’Équipe
Jean-Baptiste Aldigé, président du Biarritz Olympique.
ADRIEN CORÉE
Le Biarritz Olympique se serait
bien passé de ça. Après sa défaite
lundi soir à Aguiléra face à Mont-
pellier (12-27), le club basque se
retrouve au centre de l’attention
pour des raisons extra-sportives
peu reluisantes. Ce mardi, l’asso-
ciation de supporters des Miarrit-
zeko Mutilak a publié un commu-
niqué dans lequel elle explique
qu’une « personne haut placée du
club se serait permis d’attaquer
physiquement » un « membre de
l’association ».
L’accrochage concernerait di-
rectement le président du club,
Jean-Baptiste Aldigé. La scène a
eu lieu pendant le match ce lundi.
Un jeune supporter, qui affirme
avoir été giflé, s’est d’abord vu re-
fuser l’accès au stade, malgré une
carte d’abonné valide. « Alors que
la carte de l’abonné concerné était
acceptée par les machines à l’en-
trée, la sécurité du club a unique-
ment évoqué “un ordre de la direc-
tion” après l’avoir mis de force en
dehors de l’enceinte du stade »,
précise le communiqué des Miar-
ritzeko Mutilak.
Le supporter, qui préfère gar-
der l’anonymat, s’est alors placé
derrière l’allée des Platanes qui
borde le terrain. « On pouvait voir à
travers le portail, explique-t-il. Je
n’étais pas à l’intérieur du stade
mais bien à l’extérieur. J’ai demandé
à la sécurité si j’étais bien en droit de
faire ça, ils m’ont répondu qu’il n’y
avait aucun souci. »
Mais, peu avant la pause, Jean-
Baptiste Aldigé serait passé de-
vant lui. « Il me voit et me dit : “Ah,
t’es encore là toi ?”, je lui réponds :
oui, je regarde le match, raconte le
supporter. Il s’est retourné, m’a
saisi et m’a dit: “Viens, on va s’expli-
quer un peu plus loin”. J’ai refusé.
Bien sûr, il n’y avait personne à ce
moment-là, seulement deux gar-
des de sécurité. J’ai fait exprès de
rester là parce qu’ils étaient pré-
sents. C’est à ce moment-là qu’il
m’a mis une baffe. Je l’ai poussé, ça
a dû durer quarante secondes, et
après il est parti. » Le supporter a
ensuite alerté les camarades de
son association puis suivi la fin de
la rencontre en restant au même
endroit.
Plusieurs différends
entre Aldigé et les
supporters du BO
« Il n’y a pas eu d’altercation, c’est
faux, nous a déclaré Jean-Bap-
tiste Aldigé. Ce gamin était en train
d’importuner le service de sécurité,
je suis passé par là et lui ai dit: tu dé-
gages. Il n’a pas eu l’air de compren-
dre, on a eu droit à des invectives.
Donc je l’ai poussé hors de la prise
de mes salariés. » Le président du
BO a par ailleurs fait savoir qu’il
déposerait bientôt une plainte
contre un autre supporter l’ayant
insulté par message à la suite de
cet épisode.
Les Miarritzeko Mutilak n’en-
tretiennent pas d’excellentes re-
lations avec Aldigé, loin de là. Ils lui
reprochent notamment ses ré-
centes décisions controversées,
comme le projet de délocalisation
à Lille ou le nouveau maillot rose.
Le 11 décembre, lors du déplace-
ment du BO à Parme pour son
match face aux Zebre (victoire
26-13), le président biarrot aurait
déclaré à plusieurs membres des
Miarritzeko Mutilak présents que
le jeune supporter qui affirme au-
jourd’hui avoir été giflé, absent à
ce moment-là, devait s’attendre à
« recevoir des cadeaux » lors de la
réception de Montpellier.
Car Jean-Baptiste Aldigé avait
déjà repéré cette personne. Le
12 décembre, il l’avait pointé du
doigt sur Twitter en publiant une
ancienne vidéo du supporter,
dans laquelle on le voit insulter
l’Aviron Bayonnais après la vic-
toire de Biarritz sur son voisin en
barrage d’accession, le 12 juin
dernier (6-6, 6-5 t.a.b.), proférant
notamment des propos homo-
phobes.
C’est d’ailleurs pour cette rai-
son que Jean-Baptiste Aldigé ne
souhaitait pas que cet individu pé-
nètre dans l’enceinte d’Aguiléra.
« On ne veut pas d’individus qui pro-
fèrent des insultes à caractère ho-
mophobes dans notre stade », a-t-il
réaffirmé. Depuis, le supporter
s’était excusé et a supprimé la vi-
déo. L’association de supporters a
également publié un message le
12 décembre pour condamner les
propos de son membre. Le jeune
supporter n’a pour l’instant pas
porté plainte et souhaite se laisser
le temps de la réflexion. É
ba sket
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
EUROLIGUE 18e journée
Monaco 19 h Maccabi Tel-Aviv
Une absence
étoilée
Euroligue hommes
saison régulière
18e journée
aujourd'hui
Maccabi
Monaco 19 h Tel-Aviv (ISR)
Monaco sera privé ce soir de Yakuba
demain Ouattara, retenu à Paris pour disputer
Unics Kazan 17 h EP Istanbul
(RUS) (TUR)
le All-Star Game LNB.
ER Belgrade 19 h Zénith St-
(SER) Pétersbourg SAMI SADIK qu’il soit là, malgré cette guerre en-
Panathinaïkos 20 h Z. Kaunas
(GRE) (LIT) tre instances », se réjouit Pascal
Vitoria (ESP) 20 h 30 FC Barcelone
Sasa Obradovic va devoir changer Biojout, producteur du All-Star
(ESP) ses habitudes. Depuis son retour Game.
reportés sur le Rocher le 13 décembre en Sans la présence de Ouattara,
Olympiakos CSKA Moscou remplacement de Zvezdan Mitro- le deuxième budget du Cham-
(GRE) - (RUS)
Fenerbahçe Real Madrid vic, le technicien serbe a titularisé pionnat (14,1 millions d’euros) au-
(TUR) - (ESP) Yakuba Ouattara à chaque match rait été absent de l’événement.
O. Milan (ITA) - Alba Berlin (ALL) d’Euroligue. Mais ce soir, l’arrière « Je suis content d’être le joueur
Asvel - Bayern (29 ans) manquera à l’appel con- choisi pour représenter Monaco, ça
Munich (ALL) tre le Maccabi Tel-Aviv. Le Moné- fait honneur au club, ils ne diront
gasque est la victime d’un nou- pas le contraire », convenait
veau doublon, un mois après le d’ailleurs l’arrière.
télescopage entre Monaco-Asvel Loin des festivités de l’Accor
classement et France-Monténégro. Arena, la Roca Team va tenter de
% J. G. P. Ce soir, Ouattara sera en tenue lancer sa phase retour d’Euroli-
1 FC Barcelone 88,2 17 15 2 mais à l’Accor Arena de Paris. Il y gue du bon pied après avoir con-
2 Real Madrid 82,4 17 14 3 disputera son troisième All-Star cédé sept défaites en huit mat-
3 Olympiakos 70,6 17 12 5 Game de la Ligue nationale de ches. Un succès contre un
4 Z. St-Pétersbourg 64,7 17 11 6 basket (LNB). « Quand j’ai été sé- concurrent direct pour le top 8 se-
5 O. Milan 62,5 16 10 6 lectionné, on a su assez vite que je rait aussi une belle façon de célé-
6 Kazan 58,8 17 10 7 devrais être là. Il n’y avait pas vrai- brer un cadeau de Noël tardif reçu
7 CSKA Moscou 58,8 17 10 7 ment le choix », racontait le Moné- hier : l’homologation de la salle
8 EP Istanbul 52,9 17 9 8 gasque hier après l’entraînement Gaston-Médecin pour le reste de
9 Asvel 47,1 17 8 9 des All-Stars. Chaque joueur sé- la saison d’Euroligue.
10 Fenerbahçe 41,2 17 7 10 lectionné a en effet l’obligation de
11 Maccabi Tel-Aviv 41,2 17 7 10 participer au match entre les feuille de match
12 ER Belgrade 41,2 17 7 10 meilleurs joueurs français et
13 Bayern Munich 41,2 17 7 10 étrangers de Betclic Élite. Salle Gaston-Médecin, à 19 heures.
Monaco - Maccabi Tel-Aviv
14 Monaco 35,3 17 6 11 “Je suis content d’être Arbitres : M. Perez (ESP), Mme
15 Alba Berlin 35,3 17 6 11
le joueur choisi pour
,,
Panther (ALL) et M. Foufis (GRE).
16 Vitoria 35,3 17 6 11
17 Panathinaïkos 23,5 17 4 13
représenter Monaco, ça
fait honneur au club Monaco
18 Z. Kaunas 18,8 16 3 13
YAKUBA OUATTARA, 3 Demahis ; 5 Lee ; 8 Bacon ;
ARRIÈRE DE L’AS MONACO 9 Westermann ; 10 Thomas ;
Loin de ses coéquipiers, Ouattara 11 Diallo ; 12 Motum ;
20 Motiejunas ; 33 Andjusic ;
va essayer de suivre les événe- 35 Ar. Traoré ; 45 Hall ; 55 James.
ASVEL - BAYERN ments sur le Rocher. « Le match Entraîneur : S. Obradovic (SER).
REPORTÉ À CAUSE de Monaco est à 19 heures, le pro-
DU COVID gramme du All-Star Game débute Maccabi Tel-Aviv (ISR)
L’Euroligue a annoncé hier en même temps. Ça risque d’être 1 Wilbekin ; 2 Evans ; 4 Caloiaro ;
soir le report de la compliqué mais j’essaierai de gar- 6 Williams ; 7 Taylor ; 8 Reynolds ;
rencontre Asvel - Bayern der mon téléphone à côté », souriait 12 Dibartolomeo ; 14 Blayzer ;
Munich, initialement l’ancien lauréat du concours de 15 Cohen ; 21 Nunnally ;
programmée demain. dunks. « Il a été sélectionné par le 23 Zizic ; 99 Ziv.
Très touchée par le Covid jury et la raison l’a emporté pour Entraîneur : I. Sfairopoulos (GRE).
et ne disposant pas de
huit joueurs aptes, le
minimum requis par le
protocole sanitaire de
l’épreuve, l’Asvel a
demandé et obtenu
l’ajournement du match.
Aucune date n’a été fixée
pour sa reprogrammation.
Le prochain rendez-vous
des champions de France
est fixé au 7 janvier à
l’Astroballe pour le duel
retour face à Monaco en
Euroligue. Trois autres
matches de la 18e journée
avaient déjà été reportés
Frédéric Porcu/L’Équipe
pour les mêmes raisons :
Fenerbahçe - Real Madrid,
Olympiakos - CSKA
Moscou et Milan - Berlin.
Yakuba Ouattara, l’arrière dont Monaco devra se passer ce soir face
au Maccabi Tel-Aviv.
Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
All-Star à domicile
Benjamin du 35e All-Star Game LNB, Ismaël Kamagate (20 ans) sera titulaire
ce soir avec la sélection française. Une étape de plus pour le pivot de Paris, qui rêve de NBA.
SAMI SADIK moins de sa belle performance
contre l’Asvel (16 points et la vic-
Entre Paris et Ismaël Kamagate, toire 82-79). Si le All-Star Game
l’histoire d’amour dure depuis dix n’est pas un match officiel, les pre-
ans. Le pivot (20 ans, 2,11 m) a miers pas de Kamagate seront
presque tout connu dans la capi- scrutés avec attention.
tale: de son premier entraînement Pour maximiser ses chances
avec le Basket Paris 14, à ses dé- d’être drafté, le jeune pivot multi-
buts en pro avec le Paris Basket- plie les séances individuelles avec
ball en septembre 2019. Ce soir, le staff parisien et notamment
c’est encore sur les bords de Seine Bienvenu Kindoki, l’entraîneur as-
que Kamagate va découvrir le All- sistant. « On essaie de rajouter une
Star Game. T-shirt blanc sous le corde à son arc chaque année.
maillot bleu de la sélection France, C’était d’abord les aspects défensifs
il a répété ses gammes dans une du jeu, la protection du cercle et le
Accor Arena vide, hier. rebond. L’an passé, on a travaillé sur
« Je ne m’attendais vraiment pas son dribble et le QI basket en atta-
à être pris », confie le jeune homme que. Cette saison, on essaie de déve-
avec humilité. Sa sélection lui est lopper son tir extérieur », détaille
parvenue fin novembre, alors qu’il Jean-Christophe Prat, le coach
honorait sa première convocation parisien.
en équipe de France. L’imprévisi-
ble Covid-19 l’a propulsé benjamin Coup de foudre
de l’événement, avec le forfait de réciproque avec
Juhann Begarin (19 ans), son coé- le Paris Basketball
quipier parisien. Mais le virus n’a Hier, son protégé a enchaîné les
rien à voir avec sa place de titu- tirs à mi-distance, à côté du sou-
laire, gagnée après des débuts riant Giovan Oniangué, l’ailier de
aboutis en Betclic Élite Pau. Pour façonner son jeu, Ka-
(11,4 points, 5,9 rebonds, 1,7 con- magate s’inspire notamment de
tre). Une demi-saison qui impres- deux pivots NBA: Clint Capela (At-
sionne outre-Atlantique. lanta) et Bam Adebayo (Miami).
En juillet dernier, Kamagate « Je suis encore un peu léger sur le
avait renoncé à faire le grand saut plan physique. J’ai un jeu similaire à
vers la draft NBA, contrairement à Capela mais par rapport à Adebayo,
Begarin, sélectionné par Boston je n’ose pas dribbler, remonter la
en 45e position. Mais cette saison, balle. Il faut que j’ose plus », confie
sa cote grimpe petit à petit. « J’es- le Parisien.
saie de ne pas trop y penser. Je de- En progression à chaque
mande au coach de ne pas me dire match, Kamagate confirme que
s’il y a des scouts dans la salle, ça son deuxième départ sportif est le
peut créer du stress », reconnaît le bon. Avant les parquets, le jeune
pivot. Le 6 novembre, une nuée homme a commencé sur les ter-
d’observateurs avaient été té- rains de football, un peu à recu-
beIN Sports 1 aujourd’hui
All-Stars France 19 h All-Stars monde
• Paris, Accor Arena
11 52
Ouattara Cummings
Hedjova
(Monaco ; 1,92 m ; (USA
(1,80; mBoulogne-
; 31 ans)
29 ans) Levallois ; 1,88 m ;
5 29 ans) 5 joueurs qui pensent aimer le jeu,
Kamagate T. Thomas
(Paris ; 2,11 m ; 3 mais une fois qu’il faut mettre du
12 (USA ; Le Mans ;
20 ans) Julien Holston 2,03 m ; 28 ans)
(Bourg-en-Bresse ; (USA ; Dijon ; 1,67 m ;
6 1,85 m ; 29 ans) 35 ans) 13
Morin Horton
(Strasbourg ; 2 11 (USA ; Nanterre ;
2,08 m ; 28 ans) 2,03 m ; 27 ans)
Okobo Wimbush
(Asvel ; 1,88 m ; 24 ans) (USA ; Nanterre ; 2,01 m ; 28 ans)
All-Stars France All-Stars monde
Remplaçants Remplaçants
8 Loum (Dijon, 2,08 m, 30 ans) ; 4 Hunter (USA, Boulogne-Levallois,
Michineau (Boulogne-Levallois, 1,91 m, 2,03 m, 27 ans) ; 7 Kromah (USA, Fos-sur-
27 ans) ; 10 Narace (Le Mans, 2,01 m, mer, 1,98 m, 30 ans) ; 8 Y. Ndoye (SEN,
24 ans) ; 12 Tarpey (Le Mans, 1,95 m, Orléans, 2,13 m, 30 ans) ; 10 B. Taylor
27 ans) ; 4 Oniangué (Pau-Lacq-Orthez, (USA, Gravelines, 1,78 m, 27 ans) ;
1,97 m, 30 ans) ; 7 Konaté (Boulogne- 9 Roberson (USA, Strasbourg, 1,80 m,
Levallois, 1,96 m, 30 ans) ; 13 Massa 33 ans) ; 3 N. Johnson (USA, Nanterre,
(Fos-sur-mer, 2,08 m, 24 ans) 1,91 m, 29 ans) ; 6 Bamforth (USA,
Entraîneurs Le Mans, 1,88 m, 32 ans)
V. Collet (Boulogne-Levallois) Entraîneurs E. Delord (Le Mans)
et P. Tavano (Tours, Pro B) et A. Thinet (Saint-Chamond, Pro B)
27 ba sket
All-Stars France 19 h All-Stars monde All-Star Game BETCLIC ÉLITE
Ismaël Kamagate
claque un dunk
face à Roanne,
le 9 octobre à la Halle
Carpentier (défaite
de Paris 97-98).
All-Star Game
Paris, Accor Arena
programme
aujourd’hui 19 h
en direct sur beIN Sports 1
concours des meneurs
Holston (USA, Dijon),
Eïto (Chalon-sur-Saône, Pro B),
Bibbins (USA, Pau-Lacq-Orthez),
Jackson (USA, Roanne).
qualifications du concours
de tirs à 3 points
Jefferson (USA, Pau-Lacq-
Orthez), Warren (USA, Orléans),
Bamforth (USA, Le Mans),
Roberson (USA, Strasbourg).
match All-Star
fin du premier quart-temps :
finale du concours
de tirs à 3 points
mi-temps :
Étienne Garnier/L’Équipe
concours de dunks
Makoundou (Cholet),
Affo Mama (Tours, Pro B),
Dokossi (Fos-sur-mer),
Efianayi (USA, Denain, Pro B).
lons. « Je n’avais pas vraiment choisi plus compliqué. Ismaël (Kamagate) le Pôle France en Nationale 1. « Je
le foot, c’était le premier sport que et Juhann (Begarin), dès que ça va n’avais jamais pensé jouer en pro
8
mes parents avaient trouvé, sou- moins bien, ils n’ont qu’une envie, avant ma dernière saison à Orléans.
rit-il. Mais je commençais à grandir c’est de retourner à la salle », con- Ce qui a fait pencher la balance, c’est
et, quand j’avais 10-11 ans, un mé- firme Jean-Christophe Prat. L’en- que je puisse avoir aussi du temps
decin a dit à ma mère que je devrais traîneur a repéré le pivot en ca- de jeu avec le Pôle France car j’arri-
essayer le basket. » La Jeunesse dets, à Orléans. « Je suis allé le voir vais à Paris comme 12e homme », Huit participants
Athlétique de Montrouge (devenue pendant un an. Ce n’était pas un petit sourit le joueur. (7 joueurs et
Basket Paris 14) accueille le pivot, crush. On a une longue relation avec Un statut vite oublié: la blessure 1 coach) ont dû être
qui grimpe ensuite les échelons les joueurs qu’on observe, sans de Dustin Sleva propulse le pivot remplacés pour
au Basket Paris Avenir puis à Le- qu’ils le sachent. Ils le découvrent dans la rotation puis dans le cinq le All-Star Game.
vallois et Orléans. quand on leur annonce qu’on est majeur dès sa deuxième saison. Il s’agit de Ju. Begarin,
À chaque étape, Kamagate im- amoureux. » Une place qu’il occupe toujours, Benitez, Hornsby, C. Jones
pressionne par son éthique de tra- Les sentiments étaient récipro- en attendant un éventuel départ (Covid), Wembanyama,
vail. « Il y a beaucoup de jeunes ques et une licence ASP sert de en NBA. Son premier maillot All- Lang (blessure), Wimbush
contrat de mariage. Un document Star devrait, lui, rester en région (reprise) et du coach
qui permet à Kamagate de jouer à parisienne, chez ses parents ou T.J. Parker (Covid).
travail en face de cette passion, c’est la fois pour Paris en Pro B et pour au Basket Paris 14. É
Des effectifs chamboulés par le Covid-19
Dans les bureaux de la Ligue nationale de basket Konaté (Boulogne-Levallois), remplaçant de sera même un match de reprise après le report
(LNB), les téléphones ont chauffé pendant la Juhann Begarin pour la sélection France. des trois dernières rencontres des Franciliens.
trêve des confiseurs. Au gré des blessures et des En tout, deux changements sur blessure et cinq Mais le même mot d’ordre est revenu dans la
tests positifs au Covid-19, il a fallu remplacer changements pour cause de Covid-19 ont été bouche – masquée – des joueurs et entraîneurs
plusieurs membres des effectifs et des staffs opérés. Six, si l’on ajoute le cas de Thomas hier : profiter. Car le All-Star Game passe entre
des sélections France et Monde. « J’ai appris la Wimbush. L’ailier-fort de Nanterre sera titulaire les gouttes avant le retour des jauges de
nouvelle lundi matin, on m’a demandé si j’étais avec les All-Stars monde mais a fait l’impasse 2 000 spectateurs en intérieur à partir de lundi.
disponible pour venir et c’était un plaisir », raconte sur le concours de dunks. « Je sors de quarantaine « Les fans seront contents de venir ici et de passer
Elric Delord, l’entraîneur manceau, qui supplée et je n’étais pas très à l’aise pour le faire après dix un dernier bon moment avant ces restrictions »,
T.J. Parker (positif au Covid) sur le banc de jours d’isolement et risquer une blessure en tentant estime le meneur de l’Asvel Élie Okobo. L’Accor
l’équipe Monde. « On m’a envoyé un message un 360 (dunk après une rotation complète) », Arena devrait même être à guichets fermés
dimanche mais je savais que je pouvais être appelé confie-t-il. Pour lui, comme pour ses coéquipiers aujourd’hui (16 000 spectateurs) pour un All-Star
puisque j’étais sur la liste cachée », ajoute Lahaou Nick Johnson et Chris Horton, le All-Star Game Game encore particulier. S. Sa.
 28 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

extra rétro

Loui Sand
Bien dans
son genre
En 2018, l’actuel ailier gauche de Kärra HF,
en D2 suédoise, disputait l’Euro de hand
avec l’équipe féminine de Suède. Depuis,
il a réussi sa transition et affirme être
« soulagé de pouvoir faire enfin partie
de la bonne équipe ».

Hermano
Da Silva Ramos
Nicolas Luttiau/L’Équipe

Auto héros
Début décembre, le doyen des
pilotes français de F1 a fêté ses
96ans. Ça ne l’empêche pas de
toujours suivre avec passion les
exploits de ses lointains héritiers,
les gamins Esteban Ocon et Pierre
Gasly, 25 ans chacun.

ILS ONT (AUSSI)

COMPTÉ EN 2021
Alain Mounic/L’Équipe

Par leur engagement ou leur destin singulier, ces personnalités

Karl Olive ont mérité leur portrait dans «L’Équipe» cette année. Retrouvez-les.
Influenceur
sport
Le président, Emmanuel Macron,
joue au foot sur ses terres. Sa sœur,
Brigitte Henriques, est élue
Gaël Angoula
présidente du CNOSF...
Le maire de Poissy (Yvelines) Premier sifflet
est devenu un incontournable. L’ancien défenseur de Bastia, Angers et
Nîmes, est devenu, le 4 décembre, le
premier ex-joueur de l’élite à arbitrer un
match de L1 (OM-Brest, 1-2). Il remplaçait
Antony Gautier, blessé lors de
l’échauffement.

Corinna
Schumacher
Femme
courage
Huit ans après l’accident
de ski de son mari, l’épouse
de Michael Schumacher
a pris pour la première fois
longuement la parole dans
Romain Babriad/MaxPPP

un documentaire Netflix.
« Il est différent,
mais il est là… »
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
29

rétro extra

Fabien Canu
Politique des tatamis
Tour à tour responsable à la Fédération de judo, conseiller spécial du ministre
des Sports David Douillet et inspecteur général du ministère, l’ancien judoka
est désormais à la tête de l’Institut national du sport, de l’expertise
et de la performance (Insep). Stratégique, à trois ans des Jeux.
Alexis Réau/L’Équipe

Zuma/Panoramic
Steve Simon
Président
engagé
Bildbyran/Iconsport

Le patron de la WTA est à la pointe

du combat en faveur de la joueuse
de tennis chinoise Peng Shuai, qui
ne peut communiquer librement.
Jusqu’à annoncer la suspension
des tournois en Chine pourtant
Astrid Guyart rémunérateurs.

Toujours
en piste
Retraite studieuse pour la très
engagée fleurettiste. À peine
rentrée des Jeux de Tokyo avec
une médaille d’argent par équipes,
la voilà nommée secrétaire
générale adjointe du Comité
national olympique et sportif
français (CNOSF).
Josh
Cavallo
Austral
gagnant
Étienne Garnier/L’Équipe

Depuis son coming

out (le premier d’un
footballeur de l’élite en
activité), le défenseur
australien reçoit des
soutiens du monde
entier, d’Antoine
Griezmann à Zlatan
Ibrahimovic,
en passant par

Jacques Cardoze Jürgen Klopp.

Pari marseillais
En mai, il quittait Complément d’enquête
pour diriger la communication de l’OM.
Depuis, l’ancien journaliste de France
Télévisions se retrouve en première
ligne pour défendre, parfois avec
vigueur, le club marseillais.
Sarah Reed/Getty Images/AFP
Franck Faugère/L’Équipe
Sébastien Boué/L’Équipe
30 boxe Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE

POIDS LOURDS

Yoka privé
de combat
En raison des nouvelles restrictions sanitaires,
les organisateurs se voient contraints de reporter
le combat qui devait opposer le Français
au Congolais Martin Bakole, le 15 janvier à Paris.

KARIM BEN ISMAÏL
Le combat qui devait opposer le
poids lourd Tony Yoka (29 ans,
classé 19e mondial et invaincu en
onze combats) au Congolais Mar-
tin Bakole (29 ans, classé
17e mondial, 17 victoires, 1 dé-
faite) le 15 janvier à l’Accor Arena
de Paris-Bercy, n’aura pas lieu.
La soirée devait être une fête
avec, de surcroît, les débuts chez
les professionnels du double
champion du monde amateur
Sofiane Oumiha, opposé à Mevy
Boufoudi, invaincu en sept com-
bats.
«C’est une énorme déception de
devoir annuler cette soirée, souffle
Jérôme Abiteboul, le promoteur
de l’événement. Le gouvernement
de Jean Castex a décidé d’imposer
une jauge de 2 000 spectateurs
dans les arènes couvertes. Ce n’est
pas viable économiquement. C’est
terrible parce que Tony, Martin et
tous les autres boxeurs qui étaient
prévus au programme s’entraînent
très dur depuis plusieurs mois.»
“Nous sommes suspendus
aux décisions et aux
,,
prochaines annonces
du gouvernement
JÉRÔME ABITEBOUL,
PROMOTEUR DE L’ÉVÉNEMENT
« Nos équipes et celles de l’Accor
Arena étaient à l’œuvre, elles aussi,
Alain MounicL’Équipe
pour faire de cette soirée un événe-
ment réussi, poursuit Abiteboul.
C’est compliqué parce que plus de
cinq mille billets avaient été ache-
tés. C’est un casse-tête et un retour Nos confrères de Ring Magazine, 46 combats, 39 victoires, 6 défai- Tony Yoka va devoir
à la case départ qui annihile des le magazine américain de réfé- tes, 1 match nul) s’est blessé au patienter avant de
mois de travail. Nous espérons rence, considéré comme la bible poignet gauche et ce choc a dû pouvoir monter sur
pouvoir offrir au public et aux télé- de la boxe, avaient demandé à être repoussé. Martin Bakole le ring pour son
spectateurs de Canal+ cette soirée être accrédités. Signe que Tony avait accepté l’opportunité de douzième combat
boxe dans les prochaines semai- Yoka commence à intéresser ou- suppléer Takam. professionnel.
nes, avec une jauge satisfaisante et tre-Atlantique. Né en République démocrati-
de bonnes conditions sanitaires. Mais ce douzième combat pro- que du Congo et installé en
Nous sommes suspendus aux dé- fessionnel va commencer à pe- Écosse, Bakole est entraîné par
cisions et aux prochaines annonces ser sur les nerfs du champion Billy Nelson, qui coache notam-
du gouvernement.» olympique 2016. Initialement, ment Ricky Burns, champion
Le mythique promoteur amé- Tony Yoka devait affronter Carlos WBO des super-plume puis WBA
ricain Bob Arum, qui a fêté ses Takam, dans un duel franco- des super-légers. Solide, offensif
90 ans en décembre dernier, avait français très attendu. Mais Ta- et puissant, Bakole s’annonçait
prévu de faire le voyage à Paris. kam (40 ans, 21 e mondial, comme un défi de taille. É

très court
cyclisme boxe

Van der Poel souffre toujours du dos Soro conteste sa défaite

Battu par arrêt de l’arbitre après la fin du neuvième round (d’un
CYCLO-CROSS Le Néerlandais ba sket combat en douze) face à l’Ouzbek Israil Madrimov en demi-fi-
Mathieu Van der Poel ne sera pas LE THUNDER OFFRE nales WBA des super-welters (–69,853 kg), le 17 décembre à
demain au départ de l’Azencross à UNE CHANCE À SARR Tachkent (Ouzbékistan), Michel Soro a officiellement déposé
Loenhout (Belgique), une épreuve Olivier Sarr a signé un contrat réclamation auprès de la fédération mondiale. Dans une lon-
du circuit X20, et doit également de dix jours avec la franchise gue lettre très circonstanciée adressée au comité des Cham-
renoncer à la manche de Coupe NBA d’Oklahoma City. Non pionnats de la WBA, l’avocat new-yorkais David Berlin, saisi par
drafté l’été dernier, le pivot
David Stockman/Belga/Presse Sports

du monde dans son pays, à Hulst,
dimanche. Lundi, Van der Poel a
de nouveau ressenti des maux de
dos (séquelles d’une lourde chute
à VTT lors de l’épreuve des JO en
août à Tokyo), au cours de l’épreu-
ve de Superprestige à Zolder, le
poussant à l’abandon. Des exa-
mens effectués hier matin ont ré-
vélé un gonflement au niveau d’un
disque intervertébral, synonyme
de repos complet, et on ne sait pas
quand le coureur d’Alpecin-Fenix
pourra reprendre l’entraînement
et la compétition. Une nouvelle
consultation est prévue après le
Nouvel An, alors que le quadruple
champion du monde de cyclo-
cross venait juste de reprendre la
compétition. «Il n’y a aucune raison
volley-ba ll
Un Boxing Day a minima
LIGUE A HOMMES (14e JOURNÉE) Le premier
(2,13 m) patientait jusque-là
en G-League, l’antichambre de
la grande ligue. Passé par
Wake Forrest, le Français va
prêter main-forte au Thunder,
touché par le Covid, où il
retrouvera son compatriote
Théo Maledon.
de paniquer, a déclaré le manager ce s’est dit soulagé que la cause de ha ndba ll
d’Alpecin-Fenix, Christoph Rood- ses problèmes soit identifiée : DEMBÉLÉ, UNE SAISON
hoofft. Les médecins garantissent « Tout le monde sait que les Cham- DE PLUS À BUCAREST
un rétablissement complet et c’est pionnats du monde aux États-Unis Le CSM Bucarest a officialisé
la priorité, quitte à ajuster les ambi- sont mon premier grand objectif hier la prolongation du contrat
tions de Mathieu en vue des Cham- pour 2022 mais ce n’est pas le seul. de Siraba Dembélé (35 ans)
pionnats du monde de cyclo-cross Je veux d’abord récupérer complè- jusqu’en juin 2023. L’ailière
(le 30janvier aux États-Unis).» tement, sans pression, et je ne re- gauche avait rejoint le club
De son côté, le porteur du maillot prendrai la compétition que lorsque roumain en 2020, en
jaune sur le dernier Tour de Fran- je serai tout à fait prêt.» provenance de Toulon.
Victime d’une rupture du
tendon d’Achille en
avril dernier, l’ancienne
Toulouse-Le Plessis-Robinson, Nantes-Paris et Ni- capitaine des Bleues avait
ce-Tours ont été reportés ces derniers jours en rai-
son de test positifs en nombre dans les effectifs. Du
manqué les JO et l’or
olympique, cet été à Tokyo,
coup, seules trois rencontres sont maintenues au avant d’annoncer sa fin
Jérôme Prévost/L’Équipe
Yohan Zaoui, président de Y12 Management, lié à Soro, réclame
que la défaite soit transformée en no contest (pas de résultat) et
qu’une nouvelle demi-finale soit organisée. Mavridov avait con-
tinué de frapper Soro après le gong, et l’arbitre, qui ne l’avait pas
entendu, avait arrêté le Français. A.-A. F.
ha ndba ll
Du renfort chez les Bleus
Confrontée à une avalanche de cas positifs au Covid, l’équipe de
France masculine tente tant bien que mal de préparer le Cham-
pionnat d’Europe, qui débutera le 13 janvier face à la Croatie, à
Szeged (Hongrie). Lundi à l’entraînement, le sélectionneur
Guillaume Gille ne disposait que de treize joueurs et aucun ailier
gauche. Depuis hier, il en a deux, avec les arrivées de Mathieu
Grébille (PSG, photo) et Raphaël Caucheteux (Saint-Raphaël),
appelés en renfort, tout comme le demi-centre Nicolas Claire
(Aix). Avec le retour de quarantaine de Rémi Desbonnet (gardien,
Nîmes) et Benoît Kounkoud (ailier droit, PSG), ils sont cinq à avoir
intégré la bulle sanitaire de la Maison du hand, à Créteil (Val-de-
Marne). Par ailleurs, le staff
médical reste en relation
avec les joueurs n’ayant pu
être présents dès le début
du rassemblement pour

Boxing Day de la Ligue nationale de volley, program- programme, Cannes-Sète, Chaumont-Cambrai et de carrière internationale cause de test positif (Descat,
mé ce soir, est sérieusement perturbé. Après les Narbonne-Poitiers. Un doute planait néanmoins en- en novembre, après 291 Minne, Nahi, Prandi, Y. Len-
menaces de grève des joueurs et des entraîneurs, en core hier soir sur Narbonne-Poitiers, indique la LNV. matches et deux titres ne et N.Karabatic) afin de les
désaccord avec le timing de la journée, finalement Narbonne et Sète ont notamment l’occasion de re- majeurs (Mondial 2017 intégrer dès qu’ils pourront
abandonnées, les contaminations au Covid ont mis à joindre ou de se rapprocher du leader tourangeau au et l’Euro 2018). répondre aux exigences du
genoux quatre matches. Montpellier-Tourcoing, chômage technique. protocole sanitaire.
 Mercredi 29 décembre 2021 | L’ÉQUIPE
31

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Direction, administration, rédaction PROGRAMME DU JOUR
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vécu ça à New York » P. 2 à 5 92100 Boulogne-Billancourt.
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Tadej Pogacar dans une autre Siège social : 40-42, quai du Point-du-Jour À 13 heures, 2e manche.
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pTot 0,009 kg / tonne de papier Atlanta-Chicago. À 3 h 10, beIN Max 5, Oklahoma-Oregon.
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Doublette et triplette. 4es quarts de finale.
La sélection 10 h 45 PÉtanQue Trophée des villes 2021.
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Doublette et triplette. 1res demi-finales.
BÛcheronnage sPortiF Championnat de France
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individuel.
BÛcheronnage sPortiF Championnat de Suisse.
t-elle des inégalités À 16 h 15, trophée australien.
parmi les clubs ? 18 h 30 l'ÉQuiPe Du soir Avec : France Pierron, Dominique
Severac, Gilles Favard, Pierre Bouby, Dave Appadoo,
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