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La linguistique comparative (comparée)

Cours 1: L`introduction. La comparaison. L`objet d`étude et les


objectifs
• de la linguistique comparée,
• de la linguistique aréale

La comparaison est à la base de l’étude de la langue. En tenant


compte de l’objet et l’objectif d’étude on distingue quelques
branches de la linguistique qui utilisent cette méthode:

Objectif d’étude Objet d’étude


Langues liées par la N’importe quelles
parenté (seulement) langues
Etablir des Linguistique comparée Linguistique aréale
parentés entre (ou linguistique Géographie linguistique ;
les langues comparative, Dialectologie
linguistique
historique ou
grammaire
comparée)
Etablir les Linguistique typologique
particularités Linguistique contrastive
typologiques
des langues

1. La linguistique comparée est une discipline de la linguistique qui


étudie l'histoire et l'évolution des langues (prises individuellement)
ou des familles de langues. 
C'est une discipline éminemment diachronique.
La méthode essentielle de la linguistique historique est le
comparatisme : on recherche dans les langues dont on veut établir
la parenté
- des similarités grammaticales, comme par exemple des
analogies dans les systèmes de conjugaisons ou de déclinaisons,
- et des similarités lexicales, en établissant des listes des mots qui
se correspondent de langue à langue, tant au plan phonétique
que sémantique.
Si ces correspondances sont suffisamment systématiques, on en
déduit que les langues font partie d’une même famille qui résulte de
l’évolution différenciée d’une même langue ancestrale. Les mots
qui se correspondent dans ces langues sont alors appelés des
cognats.

Entre outre le comparatisme permet :


1) en relevant des concordances regulières phonétiques,
syntaxiques et, plus rarement, sémantiques, d'établir des parentés
entre les langues, voire de reconstituer une proto-langue ;
2) d'établir l'existence des familles de langues qu'on dit alors liées
par des relations génétiques.
Cette méthode étudie ainsi :
- comment une langue-mère donne naissance à ses langues-filles;
- la nature des liens entre la langue-mère (parfois disparue) et les
langues-filles ;
- les innovations et les similarités qui subsistent entre les langues-
filles elles-mêmes, etc.

L`histoire de la linguistique comparée


 dès 1647 est proposée l`idée de l'existence d'une origine
commune à plusieurs des langues alors parlées en Europe par le
linguiste hollandais Marcus Zuerius van Boxhorn.
 En 1786, c'est la redécouverte du sanskrit par l'anglais William
Jones, initiateur des études sanskrites qui le conduit à remarquer
des similitudes importantes, non imputables au hasard, entre cette
langue, le grec ancien et le latin.
 Friedrich von Schlegel (1772-1829) utilise l'analyse
morphologique pour établir les liens de parenté entre les langues,
et crée le terme de grammaire comparée.
 Dans le même temps, Jacob Grimm (1785-1863) établit la
première loi phonétique, qui porte son nom, pour expliquer la
première mutation consonantique germanique.
 Au Danemark, Rasmus Rask (1787-1832) compare l`islandais
au grec, au latin, aux langues baltes et slaves; il établit ainsi des
correspondances phonétiques qui démontrent la parenté de ces
langues.
 En 1833-1849 Franz Bopp publie sa «Grammaire comparée
des langues sanscrites, zende, grecque, latine, lituanienne, slave,
gotique, et allemande » où il définit le champ de la grammaire
comparée : il décrit la langue comme un «organisme vivant» qui
naît, se développe, puis se dégrade ; il cherche à établir
une langue-mère, commune à toutes les langues indo-
européennes, qu'il identifie au sanskrit, ou bien qui en est, selon
lui, très proche.
 La linguistique historique naît avec August Schleicher (1767-
1845) qui s'inspire de la méthodologie de Charles
Darwin concernant l`évolution. Au-delà de la comparaison entre
langues proches, il cherche à établir l'indo-européen comme
langue-mère (Ursprache) ; il introduit en linguistique le schéma
en forme d'arbre généalogique.
Progressivement, au cours du XIXe siècle, sont adjoints à ces
langues le persan, les langues celtiques, l`arménien et l`albanais.
Le premier grand succès de la méthode comparatiste a été la
découverte au 19ème siècle de la famille indo-européenne.
On a en effet établi la parenté d’un vaste ensemble de langues,
comprenant
• des langues indiennes comme le sanscrit et l’hindi,
• les langues iraniennes (persan, kurde, ossète, etc.),
• les langues romanes (le latin et ses descendants français,
espagnol, italien, roumain, etc.),
• les langues germaniques (dont l’anglais, l’allemand, le danois),
• les langues slaves (dont le russe, le polonais, l`ukrainien, le
serbo-croate),
• les langues celtiques (irlandais, gallois, gaulois, breton, etc.),
et des langues plus esseulées, notamment le grec, l’arménien, et
l’albanais.

La méthode permet aussi, quand les données sont suffisantes, de


reconstruire la langue ancestrale, que l’on appelle la protolangue
associée à la famille.
Le procédé consiste à découvrir les lois d’évolution phonétique
qui ont présidé à la différentiation des langues, et qui sont donc à
l’origine des lois de correspondance phonétique mises en évidence
lors de la comparaison des langues de la famille.
Par exemple, la comparaison entre les langues romanes et les
langues germaniques fait apparaître une correspondance
systématique entre la consonne /p / en roman et la consonne /f/ en
germanique, comme on peut le constater sur les couples suivants de
cognats italiens et anglais : padre – father (« père »), pesce – fish
(« poisson »), piede – foot (« pied »), etc.
Mais cette loi de correspondance phonétique ne nous dit pas
quelle était la consonne des mots du proto-indo-européen à l’origine
de ces cognats. Pour le découvrir, il faut analyser l’ensemble des
langues de la famille. Ainsi pour « père », on observe que dans la
plupart des branches de l’indo-européen c’est un /p/ qui apparaît à
l’initiale : pitar en sanscrit, pater en grec, pater en latin, etc. On en
déduit donc que /p/ devait être la consonne originelle, et que le /f/
que l’on observe dans les langues germaniques est le résultat d’une
loi d’évolution qui a transformé /p/ en /f/ dans cette branche
particulière de la famille. On peut alors reconstruire la forme des
mots correspondants en proto-indo-européen.

Au XX siècle, le hittite et le tokharien (langues toutes deux


éteintes) sont ajoutés à la famille de langues d'abord baptisée indo-
germanique, puis indo-européenne.
La méthode comparatiste a permis, au cours du 20ème siècle,
d’identifier partout dans le monde des familles de langues du type de
la famille indo-européenne.
A chacune de ces familles correspond en principe une
protolangue, dont descendent toutes les langues actuelles de la
famille. Certaines de ces familles comprennent plusieurs centaines
de langues, comme la famille bantoue, dont les langues se
répartissent sur une bonne moitié du continent africain.
D’autres sont beaucoup plus restreintes, le cas extrême étant
celui de certaines langues qui restent inclassables, comme le basque
par exemple : on les appelle des isolats. On peut estimer à quelques
centaines le nombre de ces familles, isolats compris. Pour un grand
nombre de ces familles, un travail de reconstruction de la
protolangue a été entrepris, avec les mêmes méthodes que pour le
proto-indo-européen. Même si les progrès sont très inégaux suivant
les familles, on peut donc dire qu’une première étape a été
accomplie dans l’établissement d’une généalogie des cinq à six mille
langues parlées dans le monde.
Du point de vue temporel, ce travail correspond à une remontée
dans le temps de quelques milliers d’années. C’est ainsi que l’on
estime que le proto-bantou a dû être parlé il y a moins de deux mille
ans. On doit noter cependant de très grandes disparités dans la
profondeur temporelle atteinte suivant les familles. C’est sans aucun
doute avec la famille indo-européenne que l’on a pu aller le plus
loin, parce que l’on dispose d’un nombre important de données
écrites provenant de langues anciennes comme le latin, le grec et le
sanscrit (mais aussi le gotique, le hittite, etc.), qui datent elles-
mêmes de plus de deux mille ans (et même plus de trois mille ans
pour le sanscrit védique). On estime généralement que le proto-indo-
européen a dû être parlé il y a quelque six mille ans, voire plus. A
l’inverse, il est clair que cette profondeur est nulle pour les isolats,
puisqu’il est impossible de reconstruire une protolangue à partir de
la donnée d’une seule langue attestée.
Du coup, les objectifs de la linguistique comparée :
1. établir les principales familles de langues ;
2. reconstruire une langue-mère préhistorique.

Etablir les principales familles de langues


1) Parmi les principales familles de langues étudiées par la
linguistique comparée, on peut citer :
- les langues indo-européennes,
- afro-asiatiques,
- sino-tibétaines,
- nigéro-congolaises
- austronésiennes,
qui forment de très vastes familles.

Reconstruire une langue-mère préhistorique


2) la reconstruction d'une langue-mère préhistorique (c'est-à-dire
non attestée directement au moins par l'écriture) au moyen des
seules traces qu'elle a laissées dans ses langues-filles historiques
(traces qui sont les points de convergence des différentes
similitudes).
La linguistique comparée  autorise à reconstituer, de manière
parfois floue et supposée, mais toujours en suivant des méthodes
scientifiques, des ancêtres lointains comme l'indo-européen ou le
chinois archaïque (pour ce dernier, si c'est une langue d'époque
historique, son système phonétique et phonologique est cependant
dissimulé par l'écriture chinoise; ainsi, la phonétique
historique comble ces lacunes).

Le postulat principal de la reconstruction de la protolangue


associée à la famille est le suivant :
si, dans des langues A, B, C, et D qu'on sait génétiquement liées,
on retrouve par comparaison une caractéristique donnée (lexicale,
morphologique, phonétique, etc.), il est probable que cette
caractéristique provienne de la langue-mère.
C'est par le recoupement de toutes ces caractéristiques partagées
que l'on peut obtenir une image lointaine de la langue-mère, le grand
nombre de points communs permettant de rejeter la possibilité d'une
stricte coïncidence (comme les mots faussement apparenté).
Bien évidemment, la reconstruction des langues-mères permet
de confirmer l'existence des familles de langues, et inversement.
Les deux objets d'étude en question sont intrinsèquement liés.

Les macrofamilles
Certains linguistes ont cherché à remonter plus avant dans le
temps : ils ont tenté de regrouper des familles entre elles, créant ainsi
des macrofamilles, en comparant les protolangues de ces familles, ou
à défaut, en utilisant des caractères très répandus dans une famille
quand la protolangue correspondante n’a pas été reconstruite. Les
données sont beaucoup plus ténues, et l’argumentation moins solide.
Néanmoins, des hypothèses très intéressantes ont été avancées.

L’école linguistique russe


Dès les années 1960, l’école linguistique russe a défendu la
thèse d’une macrofamille appelée le nostratique, qui regrouperait,
pour l’essentiel :
- outre la famille indo-européenne,
- la famille ouralienne (finnois, hongrois, estonien, same, etc.
ainsi qu’un groupe de langues sibériennes),
- la famille altaïque (comprenant notamment le turc, le mongol
et le mandchou),
- la famille eskimo-aléoute (dont les langues inuits),
- la famille sémitique (arabe, hébreu, araméen, amharique, etc.).

Joseph Greenberg (1915-2001)


Parallèlement, Joseph Greenberg proposait de regrouper les
familles de langues africaines en quatre macrofamilles :
1) khoïsan (Afrique australe : langues bochimanes, entre autres),
2) nilo-saharien (Afrique subsaharienne : massaï, songhaï,
langues nubiennes, …),
3) nigéro-kordofanien (la plus grande partie de l’Afrique, avec
la grande famille bantoue, mais aussi le wolof, le peul, le bambara,
etc.),
4) afro-asiatique, comprenant notamment l’haoussa, les langues
berbères, les langues couchitiques (oromo, somali, afar), les langues
chamitiques (égyptien des hiéroglyphes, copte) ainsi que les langues
sémitiques.

Dans les années 1980 d’autres grands regroupements ont été


avancés. Joseph Greenberg classent les langues américaines
autochtones en trois grands ensembles :
1) une macrofamille amerinde, comprenant toutes les langues
d’Amérique du Sud et un grand nombre d’Amérique du Nord
(comme les langues algonquines, sioux et iroquoises),
2) la famille na-dene (langues de l’Alaska et langues apaches
comme le navajo),
3) la famille eskimo-aléoute.
NB ! Comme on l’a vu, cette dernière famille avait été
regroupée avec l’indo-européen et d’autres dans le nostratique.
Greenberg reprend cette idée en proposant une macrofamille
eurasiatique, qui n’a pas exactement la même composition que le
nostratique (en particulier elle ne contient pas la famille sémitique,
que Greenberg, on l’a vu, place plutôt dans la macrofamille afro-
asiatique ; on y ajoute aussi des isolats comme le japonais, le coréen
et l’aïnou).
Quant à la famille na-dene, plusieurs auteurs la rapprochent des
langues du Nord-Caucase (comme le tchétchène et l’abkhaze), qui
elles-mêmes ont été associées aux langues sino-tibétaines, le tout
formant donc une macrofamille appelée dene-caucasien, qui, selon
certains, comprendrait aussi des isolats comme le basque, le
bouroushaski et le sumérien.

Questions de contrôle
1. Qu`étudie la linguistique comparée ?
2. Quels sont les objectifs de la linguistique comparée de nos
jours ? Ont-ils changés depuis le XIX siècle ?
3. Quels linguistes sont considérés comme les fondateurs de la
linguistique comparée ? Quel est leur apport dans le
développement de la linguistique comparée ?
4. Quelle méthode est utilisée par la linguistique comparée ?
5. Que signifient les termes «les familles de langues» et «les
macrofamilles», la protolangue\ une langue-mère
préhistorique ?
6. Que signifie le terme «le nostratique» ?

Questions pour les recherches personnelles

1. Qu`est-ce la fable de Schleicher ?


2. Qui est-ce Anatoliy Starostine ? Formulez les thèses essentielles
de ses travaux.
3. Qui est-ce Léonide Boulakovsky (Л.А. Булаховський)? Quelles
sont les étapes essentielles de son activité ?
4. Qui est-ce Merritt Ruhlen? En quoi consiste le caractère
discutable de ses travaux ?
2. Linguistique aréale s'est développée en critique de la
grammaire comparée. La linguistique aréale a montré qu’il n’existe
pas de discontinuité stricte entre les dialectes, la langue étant vue
comme un système d’isoglosses.
La linguistique aréale est complémentaire de la linguistique
génétique. Si la linguistique génétique permet de faire ressortir une
parenté entre les langues, de telle sortie qu'on puisse faire ressortir
des familles de langue, en revanche
la linguistique aréale permet de rapprocher des langues qui,
bien qu'appartenant à des familles différentes, ont pu s'influencer
mutuellement du fait d'un contexte politique ou culturel similaire.

Etudes aréales / Etudes frontalières


La conception des études aréales repose sur une tentative de
revenir à la réalité humaine et sociale d’un territoire en supposant
que les catégories définitoires (« nation », « langue », « culture »,
« civilisation », « milieu », etc.) ne sont jamais assez fines pour saisir
cette réalité. On peut poser deux définitions complémentaires :
1) d’un point de vue sémantique, les études aréales prennent acte
de l’opposition existant entre les disciplines (langue, littérature
civilisation, droit, histoire, économie), restreintes au champ qu’elles
ont présupposé, et les aires culturelles dont l’étude requiert au
contraire la multidisciplinarité (histoire, sciences politiques,
sociologie, études culturelles, linguistique, géographie, littérature,
art, etc.).
2) d’un point de vue historique, on peut en suivre la naissance à
la fin du XIXè siècle et l’évolution depuis lors en fonction des
contextes géopolitiques (notamment les conflits mondiaux et leurs
répercussions) - on peut parler d’un véritable tournant
épistémologique marquant le XXe siècle.

Le précédent philologique : la notion de Sprachbund


Ce sont des linguistes qui ont d’abord saisi la nécessité de ce
tournant épistémologique, en opposant à une conception génétique
de la langue (et à l’idée de la délimitation de la linguistique par les
contours des « familles de langue » :
- le Polonais Jan Niecisław Ignacy Baudouin de Courtenay
(1845 –1929) remarque que la convergence de plusieurs
phénomènes linguistiques s’expliquent par la ressemblance due
au voisinage plutôt qu’à une loi génétique ;
- le Danois Kristian Sandfeld (1873-1942) fait paraître une
Linguistique balkanique (1930), sensible aux phénomènes de
voisinages, emprunts, etc., qui est considérée comme l'acte de
naissance de la linguistique aréale ;
- le Russe Nikolaï Troubetzkoy (1890-1938) impose quant à lui
(1928) le terme d’«union linguistique», le plus souvent utilise
sous sa forme allemande, Sprachbund, désignant un « groupe de
langues offrant des similarités de syntaxe, de morphologie, de
lexique lié à des réalités culturelles, et sur un partage de la
phonétique sans parentés de système » : des langues non
apparentées peuvent converger au niveau de leurs structures,
suite à des situations de contact intense.
Ainsi, un sprachbund est un groupe de langues qui ont acquis des
similitudes de par leur proximité géographique qui favorise le
contact entre ces langues, sans que celles-ci soient réputés
« parentes ». Concrètement, sa description repose sur le repérage
d’isoglosses désignant « frontières ou délimitations géographiques
d'une caractéristique linguistique donnée, par exemple la
prononciation d'une voyelle, la signification d'un mot, ou l'utilisation
de tel ou telle caractéristique syntaxique ».
- Dans cette lignée, le linguiste Uriel Weinreich (né à Vilnius –
ce n’est pas un hasard si les linguistes sensibles à cette question
sont souvent originaires de régions de contact des langues) a
proposé (in Languages in Contact: Findings and Problems -
1953) l'expression d’ « aire de convergence », qui comme celle
de "aire linguistique", met l'accent sur la dimension
géographique du phénomène.

Les termes essentiels de la linguistique aréale :


1) L`isoglosse est une ligne séparant deux aires dialectales (dites
aires d'isoglosse) qui offrent pour un trait donné des formes ou des
systèmes différents.
• Lorsque deux locuteurs d'un ensemble linguistique peuvent se
comprendre spontanément et sans traducteur, cela signifie qu'ils
se situent à l'intérieur d'un même isoglosse: leur parler est (à peu
de choses près) le même.
• A l'inverse, lorsque deux locuteurs ne peuvent pas se
comprendre spontanément et sans traducteur, on dit qu'ils sont
séparés par un isoglosse: ils font partie d'ensembles linguistiques
différents, chacun est à l'extérieur de l'isoglosse de son voisin.
2) Adstrat est une langue qui en influence une autre sans que
l'une des deux ne disparaisse. Comme l'anglais, qui influence à peu
près toutes les langues du monde.
3) Substrat est une langue qui en influence une autre tout en
étant supplantée par cette dernière.
Par exemple, le gaulois est un substrat du français. Etant donné
le prestige culturel, économique et politique que véhiculait le latin,
les Gaulois finirent par abandonner leur langue pour adopter le
latin, qui évolua dans cette région pour donner le français.
Le parler gaulois a disparu mais reste décelable dans quelques
mots français (environ quatre-vingt-dix). Ce substrat lexical, est
commun, du reste, a toutes les langues romanes, à l'exception du
roumain.
4) Superstrat est une langue qui en influence une autre sans
toutefois supplanter cette dernière.
Par exemple, le francique est un superstrat du français. Lorsque
les Francs ont envahi la Gaule, le peuple a continué de parler le
latin (dans sa forme qui était déjà du roman), mais de nombreux
mots franciques sont passés dans ce latin par emprunt lexical, et la
prononciation de la langue a évolué dans la bouche des nouveaux
arrivés, dont le prestige a suffi pour qu'on les imite. Par exemple : le
français doit des mots comme heaume ou guerre et le h dit «aspiré»
au superstrat francique.
5) Les unions linguistiques (concept proposé par Troubetzkoy,
le père de la phonologie moderne) - les groupes constitués de
langues montrant de grandes ressemblances dans le lexique (mots
élémentaires communs), la syntaxe, les principes de morphologie et
éventuellement au niveau phonétique.
Ce sont des langues qui ont pu s'influencer car dans une même
zone géographique.
Exemple 1: L'union linguistique balkanique
Les balkans apparaissent comme un espace géographique réduit,
fondé sur le pastoralisme et la transhumance. Il en ressort un mode
de vie commun, avec une influence culturelle byzantine et une unité
politique ottomane.
Du point de vue linguistique, ces convergences vont être
scalaires (progression selon la proximité géo). Certains traits seront
communs à quasiment toutes les langues, d'autres seulement à
certaines, d'autres encore à deux.

Rappel : parmi les langues de cette union linguistique il y a :


bulgare, macédonien, roumain, grec, et albanais, et à sa périphérie :
certains parlers serbes, le rromani, le turc et le judéo-espagnol.

Ces langues vont se ressembler par :

1. les articles post-posés (attaché à la fin du nom plutôt que placé


devant). C'est une innovation créée et diffusée dans les Balkans
(absent dans les autres langues slaves et romanes).

2. Le nombre de cas est réduit, plusieurs étant supplantés par


l'emploi de prépositions, à
l'exception du serbe.

3. Les numéraux : Les numéraux entre dix et vingt sont formés à la


facon slave : "unité" +
"sur" + "dix". Par exemple, "onze" se dit littéralement "un sur dix".
Le grec moderne ne suit pas cette tendance.

4. Les pronoms clitiques : ces langues vont redoubler l'objet, par


exemple je l'ai vu lui, ou je l'ai lu le journal, ou encore je le lui ai
donné le journal à Pierre. Dans ces phrases les
pronoms clitiques sont respectivement ≪ lui ≫, ≪ l' ≫, ≪ le ≫ et
≪ lui ≫.

5. extinction de l'infinitif : L'emploi de l'infinitif, commun dans les


langues apparentées à celles des Balkans mais extérieures à l'union,
comme les langues romanes et les langues slaves, est généralement
remplacé par des constructions au subjonctif : "je veux écrire" se dira
littéralement "je veux que j'écrive". Cette forme (influence du turc)
est apparue dans toutes ces langues. Mais il ne faut pas oublier que
c'est un phénomène aréal, ou scalaire.

6. Le futur se forme de manière analytique en utilisant un auxiliaire


dont le sens est "vouloir", suivi le plus souvent d'un subjonctif. En
grec, ≪ j'écrirai ≫ se dira aussi ≪ je veux que j'écrive ≫, mais le
≪ que ≫ a disparu, alors qu'il existe toujours en roumain.

7. Ces langues connaissent un mode appelé l'évidentiel qui indique


trois choses : le oui-dire (il paraît que), lorsque l'on tire une
conclusion à partir d'indices, et lorsqu'on est face à un événement
innatendu.
Exemple 2: L'union linguistique mésoaméricaine
(pour les recherches personnelles)

Dialectologie

peut étudier les dialectes en les décrivant pour eux-mêmes, en


dégageant les traits (spécifiques ou non) de leur phonétique, de leur
phonologie, de leur mophologie, de leur syntaxe ou de leur
sémantique. En cela, la description dialectale ne diffère pas des
autres travaux de description linguistique synchronique, à ceci près
qu'elle se penche sur des parlers dont la variabilité est une
caractéristique majeure.
Elle peut aussi comparer un ou plusieurs dialectes aux autres
dialectes de la même famille ou du même groupe linguistique.
Elle le fait alors souvent en recourant à des enquêtes de géographie
linguistique, qui permettent de décrire la répartition spatiale des traits
spécifiant les membres de ladite famille.
Ces enquêtes débouchent souvent sur l'élaboration d`atlas
linguistique, permettant de distinguer les différences entre dialectes
grâce au tracé de frontières entre traits linguistiques, frontières
appelées isoglosses;
une autre technique décrivant ces différences de manière plus
subtile est la dialectométrie, ou mesure quantifiée des oppositions
entre plusieurs points de la carte dialectale.
L'établissement d'un atlas linguistique, s'il exige un minimum
d'exhaustivité, demande énormément de temps.
• Il s'agit d'enregistrer les différences lexicales et phonétiques des
différentes régions d'une communauté linguistique.
• On répertorie les variantes possibles et crée ainsi des cartes
indiquant les frontières dialectales (isoglosses).
• Ces frontières peuvent être variables selon le trait caractéristique
qu'on étudie, un atlas exhaustif demande donc un maximum de
cartes répertoriant des variantes.

Géographie linguistique

La géographie linguistique est cette branche de la dialectologie qui


s’occupe de localiser les unes par rapport aux autres les variations
linguistiques, au sein d’une aire linguistique déterminée et de les
cartographier.
En Europe, cette spécialité a pris son essor à la fin du XIXe siècle
et au début du XXe, avec la réalisation des grands atlas systématiques
des domaines allemand (Wenker) et français (Gilliéron & Edmont).
Depuis, les travaux de ce type se sont poursuivis et affinés en
Europe et les atlas sont régulièrement réactualisés dans tous les
grands pays. La technique de base habituellement utilisée consiste à
vérifier par :

- enquête de terrain,
- sur un échantillon de localisations (points d’enquête),
- un ensemble de formes – en général du vocabulaire et/ou des
phrases typiques (grille d’enquête ou questionnaire), pour
reporter ensuite les diverses réalisations sur des cartes. On fait
ainsi apparaître la répartition géographique des variations et
donc les frontières linguistiques.
Pour un paramètre donné, la ligne de délimitation d’une réalisation
particulière constitue un isoglosse. Lorsqu’on a un faisceau
d’isoglosses, c’est-à-dire lorsque les limites de plusieurs paramètres
se superposent ou se rapprochent significativement, on a une
frontière entre parlers ou entre dialectes, selon le nombre
d’isoglosses et leur importance structurale. Bien sûr, le travail de
géographie linguistique peut être plus spécialisé et s’intéresser à des
phénomènes linguistiques plus précis, phonétiques ou grammaticaux,
qu’il s’agira là aussi de localiser et de cartographier.

Questions de contrôle

1. Qu`étudie la linguistique aréale ? En quoi consiste la différence


entre la linguistique aréale et la linguistique comparée ?
2. Quels sont les objectifs de la linguistique aréale  de nos jours ?
3. Quels linguistes s`intéressaient aux contacts des langues ?
4. Quels sont les termes essentiels de la linguistique aréale ?
5. Montrez les similitudes linguistiques entre les langues qui font
partie d`une union linguistique ?
6. Qui a étudié les contacts des langues romanes ?
7. Qu` étudie la dialectologie ?
8. Qu`étudie la géographie linguistique ? Que représente un atlas
linguistique ? En quoi consiste la technique de base de
l'élaboration d`atlas linguistique ?
9. Qu`est-ce la dialectométrie ?

Questions pour les recherches personnelles


1. Qu`est-ce la néolinguistique de M. Bartoli ?

Littérature

1. Гак В.Г. Сравнительная типология французского и русского


языков. – Л.: Просвещение, 1976. – 286с.
2. Гринберг Дж. Меморандум о языковых универсалиях / Дж.
Гринберг, Ч. Осгуд, Дж. Дженкинс. // Зарубежная
лингвистика: в 3 ч. / общ. ред. В.А. Звегинцева и Н.С.
Чемоданова. – М.: Прогресс, 1999. – Ч. II.- С. 118-131.
3. Кашкин В.Б. Сопоставительная лингвистика. Учебное
пособие для вузов // Кашкин В.Б. – Воронеж, 2007. – 87 с.
4. Кочерган М.П. Основи зіставного мовознавства: Підручник.
– К.: Видавничий центр «Академія», 2006. – 424с.
5. Методические указания к лекционным и семинарским
занятиям по сравнительно-историческому языкознанию для
студентов специальности
«Теоретическая и прикладная лингвистика» / сост.: М. А.
Андросова. – Ульяновск : УлГТУ, 2009. – 87 с.
6. Репина Т.А. Сравнительная типология романских языков. –
СПб.: Изд-во С.-Петерб. ун-та, 1996. – 246 с.
7. Стернин, И.А. Контрастивная лингвистика: учеб. пособие /
И.А. Стернин. – Воронеж: Истоки, 2004. – 189 с.

Ressources électroniques
1. Вавилонская башня. Проект «Эволюция языка» //
[Eлектронний ресурс] – Режим доступу:
http://starling.rinet.ru/intrab.php?lan=ru
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