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PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T

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Les points faibles de la protection
lourde en toitures terrasses
Qu’il s’agisse d’une protection lourde par chape ciment ou de dalles sur plots,
une toiture terrasse accessible présente toujours des risques d’infiltration d’eau à plus
ou moins long terme. La conception et la réalisation peuvent bien entendu être à l’origine
de ce problème, mais aussi plus simplement l’entretien.

Chape ciment :
des joints de fractionnement insuffisants

Les infiltrations constatées sous une terrasse avec étanchéi-


té sous protection lourde proviennent de la dégradation du
revêtement d’étanchéité en partie courante et au droit des
relevés.
Sous l’effet des variations hygrothermiques, la masse que
constitue la chape en mortier se dilate et se rétracte. La
répercussion de ces mouvements est néfaste pour le revê-
tement d’étanchéité, celui-ci résiste mal aux mouvements
alternatifs, se décolle et se déchire.
Dans quelles conditions ce phénomène se produit-il ?

• Une surface de chape trop importante. Si la chape pré-


sente une surface de plus de 10 m2, il existe un risque de
mouvements différentiels proportionnés à sa taille. Dans ce
cas, le moyen d’y remédier est de prévoir et de mettre en
œuvre des joints de fractionnement suffisamment rappro-
chés. Les joints délimitent des surfaces inférieures à 10 m2,
ils sont distants de moins de 4 m en largeur et en longueur.
Ils permettent la libre dilatation du mortier , si l’on prévoit une
épaisseur de joint de 1 à 2 cm rempli de matériau souple.

• La chape est solidaire du revêtement. Cette configura-


tion est contraire aux règles des DTU. Un matériau de déso-
lidarisation doit obligatoirement être interposé entre le revê-
tement d’étanchéité et la chape. Ce peut être une couche de
sable, un polyane, un feutre bitumineux.

Les DTU fixent le matériau à utiliser en fonction de la protec-


tion du revêtement de surface associé. Ce dispositif s’ac-
compagne d’une désolidarisation par rapport aux reliefs de
la terrasse, avec un joint de 2 cm rempli de matériau souple
Les toitures-terrasses avec protection lourde n’échappent en périphérie du dallage et des reliefs. Les fractionnements
pas au risque de sinistre. doivent être répercutés dans le revêtement de surface (car-
relage).

La mise en œuvre d’une protection lourde sur une toiture ter-

L a pathologie présentée concerne les toitures accessibles


à la circulation piétonne, pourvues d’une protection lourde
rasse nécessite l’intervention de plusieurs corps d’état : le
maçon, l’étancheur, le carreleur.La conception et la coordi-
nation des travaux sont des phases essentielles à ne pas
également dédiée à la préservation du revêtement d’étan- négliger pour obtenir un ouvrage cohérent et efficace, adap-
chéité. Elle ne reprend pas les sujets traités dans la fiche té à son usage.
n°19 (Relevés d’étanchéité) et dans la fiche n°24 (Seuils de
porte fenêtre).
Dalles sur plots :
Les désordres se manifestent par des infiltrations en sous- les relevés restent le point sensible
face de l’élément porteur, malgré la protection par une chape
ciment (ou béton) avec ou sans revêtement de surface (car- Le principal désordre rencontré sur les terrasses avec dalles
relage par exemple), ou par des dalles sur plots. Il s’agit des sur plots est l’infiltration au droit des relevés. Deux cas sont
protections de toitures terrasses accessibles les plus cou- à envisager en fonction de la position du relevé par rapport
ramment rencontrées. aux dalles.
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Exemple de protection dure coulée sur place
pour toiture-terrasse accessible aux piétons
(revêtement de sol scellé non figuré)
m
d2

4m


S =  10 m2

Désolidarisation

E
 4m  4m
E  2 cm e e Revêtement d’étanchéité
1 cm  e  2 cm

Les dalles sur plots constituent une protection facile à mettre


en œuvre sur les terrasses accessibles. Une attention parti-
Protection par dalles sur plots culière doit être apportée au positionnement du relevé par
avec relevé autoprotégé rapport aux dalles et un entretien soigné et régulier doit être

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exécuté sur/sous les dalles pour éviter le colmatage des
joints et l’obstruction de l’évacuation d’eaux pluviales.

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 3 à 10 mm Dalles
En conclusion, les protections lourdes réalisées par chape
ciment connaissent des problèmes d’infiltration lorsque les
joints de fractionnement sont insuffisants, cette erreur de
conception entraînant généralement la dégradation de
H Plots l’étanchéité en contact avec sa sous-face. Sensiblement dif-
férent, le cas de la protection lourde par dalles sur plots se
situe plus au niveau des relevés éventuellement mal posi-
tionnés et d’un entretien négligé par simple omission de visi-
te des départs d’eaux pluviales.

H =  100 mm

• Le relevé est dissimulé sous les dalles. En cas d’en-


crassement des joints entre les dalles, l’eau s’accumule en
surface, elle stagne puis chemine en tête du relevé et derriè-
re celui-ci. L’entretien régulier de la terrasse évite l’obturation
des joints par les mousses, poussières etc.

• La tête du relevé est plus haute que les dalles. Le rele-


vé n’a pas été protégé (cf. photo).
9, boulevard Malesherbes
Le moindre mouvement des dalles provoque la blessure de 75008 Paris
l’étanchéité. Pour éviter ce risque, en l’absence de protec-
tion, le becquet doit être positionné à hauteur de la base des
dalles.
114, avenue Émile Zola
Michel HOUEIX

A ces précautions s’ajoute une nécessité d’entretien régulier 75739 Paris Cedex 15
sous les dalles pour éviter l’obturation de l’entrée d’eaux plu-
viales qui est ainsi dissimulée. R EPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION DES ÉDITEURS

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