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12.

Le courant naturaliste (Zola, les Goncourt)


Přečtené: Goncourt Germinie Lacerteux, Zola Germinal
Le naturalisme est un courant littéraire connaissant son apogée dans les années 1870. Il prolonge le
genre du réalisme, en lui ajoutant des principes scientifiques.
La formule « écrivains naturalistes » nous vient d'Emile Zola qui l'utilise dans la préface de son
roman, Thérèse Raquin, en 1867. Plus tard, il développe sa vision : oute l'opération consiste à
prendre les faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits, en agissant sur eux par les
modifications des circonstances des milieux, sans jamais s'écarter des lois de la nature. Au bout, il y
a la connaissance de l'homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale.
Le romancier naturaliste a donc un but scientifique : étudier les mécanismes de la société, tels qu'ils
influencent les individus, et le restituer dans toute sa vérité, indépendamment du souci esthétique.
Le contexte historique
Balzac, déjà, voulait faire, avec La Comédie humaine, une « histoire naturelle » de l'homme, à tel
point que certains critiques l'ont qualifié d'écrivain « naturaliste ».
Pour autant, le naturalisme se théorise formellement et se développe explicitement entre les années
1865 et 1880, sous Napoléon III. Il s'agit d'une période de fort développement économique, qui voit
l'apparition de grandes fortunes et de conglomérats commerciaux.
La ville autant que la nature sont métamorphosées :
Paris connaît une profonde restructuration avec les travaux hygiénistes d'Haussmann
Les villes accueillent de grands magasins, nouveaux temples de la consommation
Les paysages sont modifiés par la construction de lignes de chemins de fer et des grandes usines
En même temps que la révolution industrielle, la société se transforme. Les structures sociales
comportent désormais le prolétariat, généralement des ouvriers aux modes de vie précaire, ou le
petit patronat.
En parallèle, les progrès scientifiques sont énormes, notamment sous l'impulsion de Claude
Bernard, qui développe la médecine expérimentale. Celle-ci prône l'observation des phénomènes
microscopiques et influencera grandement les naturalistes.
C'est également à cette époque que la théorie de l'évolution de Darwin s'impose aux esprits. Les
thèses d'Hippolyte Taine et du Docteur Lucas, relatives à l'hérédité et à l'influence du milieu, se
diffusent de la même manière, et inspireront grandement Emile Zola pour son oeuvre-monde Les
Rougon-Macquart.
Devant ces mutations profondes et nombreuses, le roman doit aussi évoluer pour mieux rendre
compte de la réalité du temps.
La doctrine naturaliste
Une science dure
Le naturalisme a pour principe de faire du romancier un observateur du réel et un expérimentateur,
au travers de ses romans. Il devient, sous cet aspect, un scientifique souhaitant retranscrire la réalité
avec exactitude, dépréciant ainsi l'imagination au profit du réalisme.
Des thématiques contemporaines
Le naturalisme se veut être un genre en phase avec son temps. Dès lors, ses thématiques favorites
font écho aux transformations industrielles et sociales de l'époque, déjà évoquées plus haut.
Le travail précaire
Le travail, et notamment le travail des plus précaires, est ainsi au centre de leurs préoccupations. Par
exemple, dans Germinie Lacerteux, publié en 1865, les frères Goncourt dénoncent les conditions de
travail de la domestique éponyme. Emile Zola, dans Germinal(1885), expose à la vue de tous les
conditions de travail inhumaines des miniers du nord.
Par leurs écrits, les naturalistes entendent donner une voix aux plus faibles, témoigner de la férocité
du commerce. Le naturalisme a ainsi quelque chose d'engagé.
L'avénement du capitalisme
Dans la même lignée, les naturalistes aiment à représenter les changements sociaux provoqués par
le faste du capitalisme. Dans Au bonheur des dames(1883), Emile Zola présente par exemple le
développement d'un grand magasin, commerce typique de la fin du XIXème siècle, et qui incarne au
mieux les valeurs capitalistes toujours plus omniprésentes.
Les moeurs sociales et la violence
Les addictions, la violence humaine ou encore l'adultère sont des thèmes récurrents dans les
romans naturalistes.
On trouve par exemple dans Une Vie, de Guy de Maupassant (1883), l'exemple d'une jeune femme
rêveuse et romantique qui souffrira des adultères répétés de son mari, un homme violent et
avare. L'hérédité est un point central ici aussi, puisque Jeanne reproduit l'attitude de sa propre mère,
qui était elle-même idéaliste et soumise.
D'autres formes de violence sont traitées : Huysmans décrit les horreurs vécus par les soldats lors de
la guerre franco-prussienne, dans sa nouvelle Sac à dos (1877) ; Zola questionne les pulsions
meurtrières dans La Bête humaine (1890), etc.

les frères Goncourt: Edmond (1822-1896),Jules (1830-1870)


romanciers, dramaturges, critiques d´art
prédécesseurs du naturalisme
tentative de renouveler le roman
approche systématique, documentation
„écrire vrai“ = créér „la plus vive impression du vrai humain“
dynamisme, style impressionniste, importance des tableaux et des dialogues, écriture artiste
font entrer dans la littérature les couches basses de la société
étudient des cas pathologiques
Sœur Philomène (1861)
Germinie Lacerteux (1865) – le personnage principal est une servante
→ inspiration pour Zola
Manette Salomon (1867)
Madame Gervaisais (1869)

Émile Zola (1840-1902)


romancier, nouvelliste, journaliste
théoricien du roman naturaliste, maître de l´école naturaliste
l´école naturaliste :
le groupe de Médan (Guy de Maupassant, Joris Karl Huysmans, Paul Alexis…)
1880 – recueil collectif Les soirées de Médan (Maupassant – Boule de suif)
Emile Zola est évidemment le chef de file du courant naturaliste. C'est lui qui l'a théorisé et imposé
dès les années 1860, avec la publication de Thérèse Raquin (1867).
Son oeuvre-monde, Les Rougon-Macquart, est une exposition exhaustive des enjeux
naturalistes. C'est une fresque sociale et historique faite de vingt romans, qui se donne pour objectif
d'étudier les tares héréditaires de ses personnages sur plusieurs générations.
Ainsi, Gervaise, lingère de L'Assommoir (1877), est condamnée à l'alcoolisme et à la misère, tout
comme l'était son père, Antoine Macquart, avant elle, dont l'histoire est contée dans La Fortune des
Rougon (1871).

romans : contes :
1968 – Madeleine Férat 1864 – Contes à Ninon
er
1867 – Thérèse Raquin (1 roman naturaliste) 1874 – Nouveaux Contes à Ninon
„mon but a été un but scientifique avant tout“ théâtre :
„Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des 1874 – Les Héritiers Rabourdin (comédie en 3
tempéraments et non des caractères. Là est le actes)
livre entier. J’ai choisi des personnages 1878 – Le Bouton de rose
souverainement dominés par leurs nerfs et textes théoriques :
leur sang, dépourvus de libre arbitre, 1871 – la préface à La Fortune des Rougon
entraînés à chaque acte de leur vie par les 1880 – Le roman expérimental
fatalités de leur chair.“ 1881 – Le naturalisme au théâtre
1899-1903 – Les Quatre évangiles (Fécondité, 1881 – Les romanciers naturalistes
Travail, Vérité, Justice – inachevé)
la doctrine de Zola
inspirée par les théories scientifiques et médicales contemporaines (les travaux des docteurs Prosper
Lucas, Bénédict Augustin Morel, Claude Bernard)
réalisme + approche scientifique (roman laboratoire)
roman objectif, analytique, documentaire
x la poésie, le romantisme, l´idéalisme
subordination de la psychologie à la physiologie
lois de l´hérédité (inspiration par les travaux du docteur Claude Bernard sur l´hérédité)
influence du milieu (déterminisme)
le caractère humain = résultat des dispositions physiologiques, du milieu et des circonstances

Germinie Lacerteux
Après une enfance paysanne, Germinie est placée à Paris dès quatorze ans chez un cabaretier,
chez qui elle est violée par un autre domestique, Joseph, qui la défendait contre les brimades
des jeunes gens ; après quelque temps, elle entre au service d’une vieille fille d’une bonté un peu
brusque, Mlle de Varandeuil, à laquelle elle s’attache rapidement et profondément.
Mais elle tombe amoureuse d’un jeune homme dépravé, Jupillon, le fils de la crémière ; trop âgée
pour qu’il l’épouse, Germinie tente de se l’attacher en lui consacrant toutes ses économies, a de
lui une fille qu’elle perd prématurément, et se couvre de dettes pour le faire échapper au tirage
au sort de la conscription, allant jusqu’à voler pour tenter de le retenir.
Abandonnée par son amant, elle se réfugie dans l’alcool et la débauche, et finit par mourir des
suites d’une pleurésie contractée après une nuit passée à le guetter sous la pluie. Ce n’est
qu’après sa mort que Mlle de Varandeuil s’apercevra de la double vie que menait sa fidèle
servante : après un temps d’indignation, la vieille demoiselle pardonne, et découvre, en visitant la
fosse commune du cimetière de Montmartre, qu’il n’y a ni croix ni inscription qui permette
d’identifier le cercueil de Germinie.
Ce personnage de Germinie a été inspiré aux deux frères Goncourt par leur servante Rose Malingre,
dont ils ont découvert la double vie après sa mort, en août 1862, par les révélations de leur maitresse
commune Maria, sage-femme de profession.
Dans la seconde préface, qu'il rédige en 1886, après la mort de son frère, Edmond de Goncourt
reprend les notes de leur journal consacrées à l'agonie de Rose et à la découverte de la vie dissolue
que menait leur servante.

Germinal
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Auguste Lantier, le jeune Étienne Lantier s'est fait
renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part dans le Nord de
la France à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît
d'effroyables conditions de travail.
Il trouve à se loger dans une famille de mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de l'une des filles, la
jeune Catherine. Celle-ci est la maîtresse d'un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu'elle ne soit pas
insensible à Étienne, elle se refuse à quitter Chaval.
Lorsque la Compagnie des Mines, arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire,
Lantier pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son
rêve d'une société plus juste et plus égalitaire.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute
négociation. Affamés par des semaines de lutte, les mineurs durcissent leur mouvement. Les soldats
rétablissent l'ordre, mais la grève continue. Lors d'un mouvement de rébellion, de nombreux mineurs
défient les soldats, qui se mettent à tirer sur les manifestants : Maheu, l'ouvrier chez qui Étienne
avait pris pension, est tué en dernier par les soldats.
Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C'est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste,
sabote la mine. De nombreux mineurs meurent dans l'effondrement des galeries. Étienne, Catherine
et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Étienne, qui le tue. Il devient enfin
l’amant de Catherine, qui meurt dans ses bras avant l'arrivée des sauveteurs. Étienne sort vivant de
cet enfer.
Il repart pour vivre à Paris où il veut consacrer ses efforts à l'organisation syndicale et politique des
ouvriers pour améliorer leur condition. Il est persuadé que les ouvriers vaincront l'injustice. Malgré
leur retour au travail, les ouvriers sont, eux aussi, conscients de l'injustice de la situation et de leur
victoire prochaine.

L'explicit et l'incipit du roman d'Émile Zola Germinal constituent une épanadiplose : le même
personnage marche seul sur la même route. Dans la première page, il arrive accablé dans la nuit
froide au pays minier : « Une seule idée occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte,
l’espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. » et, dans la dernière, il quitte Montsou,
mais sous le soleil et dans l'espérance : « Et, pénétré de cet espoir, Étienne ralentit sa marche, les
yeux perdus à droite et à gauche, dans cette gaieté de la nouvelle saison. »

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