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CANADIAN CONSERVATION INSTITUTE-INSTITU CANADIEN DE CONSERVATION

Stefan Michalski
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Table des Matières

 Définition d'une température inadéquate


 Les occupants, l'énergie, l'environnement et la durabilité de l'environnement
 La détérioration causée par des températures inadéquates et la détermination des collections les plus vulnérables
 Les sources de températures inadéquates
 Mesures permettant de réduire les conditions de températures inadéquates
 Conclusions
 Vignette
 Vignette 1. La « congélation » de collections au Yukon et leur conservation à des températures qui varient
 Vignette 2. L'entreposage à froid et à petite échelle de documents d'archive
 Bibliographie
o Lectures essentielles
 Glossaire

Définition d'une température inadéquate


La température ne constitue pas vraiment un agent de détérioration comme, entre autres, les incendies, l'eau et les insectes et animaux
nuisibles, car on ne peut parler de mesures visant à « éviter la température ». Dans le domaine des risques auxquels sont exposées des
collections et des dommages qu'elles peuvent subir, il faut plutôt parler de températures inadéquates.

On peut définir trois catégories pratiques de températures inadéquates, les collections de diverses natures ayant une sensibilité distincte
pour chacune de ces catégories.

 Les températures trop élevées. La présente catégorie peut être subdivisée en fonction des processus chimiques, physiques et
biologiques. Ce sont les processus chimiques qui sont les plus importants dans le cas des musées et des archives : les
températures ambiantes courantes sont en effet beaucoup trop élevées pour assurer la conservation à long terme de matériaux
synthétiques instables, particulièrement les supports d'images, d'enregistrements sonores et de textes. En fait, pour la plupart
des musées, seules les collections d'archives de ce type exigent un examen attentif des situations présentant des températures
inadéquates.
 Les températures trop basses. Les températures trop basses sont généralement salutaires aux collections, hormis dans le cas des
matériaux polymères tels que les peintures, qui deviennent plus cassants et fragiles. Heureusement, l'adoption de mesures de
manipulation sûre permet d'atténuer la plupart des risques connexes.
 Les variations de température. Elles constituent le problème le plus préoccupant pour les responsables de musées et entraînent
de nombreuses demandes de régulation des conditions ambiantes (parallèlement aux problèmes de variations de l'humidité
relative). L'importance accordée aux variations de température est sans commune mesure avec leur portée réelle en matière de
préservation des collections.
 Il existe des éléments communs aux trois catégories, au chapitre des mesures de régulation des conditions, mais il est préférable
de les traiter comme trois catégories distinctes lors de l'évaluation des risques auxquels sont exposées les collections.

Les occupants, l'énergie, l'environnement et la durabilité de l'environnement


La régulation de la température dans un musée soulève certaines questions relatives au confort des employés et du public, aux coûts
énergétiques, aux répercussions sur l'environnement et à la durabilité. Les recommandations habituelles en matière de régulation de la
température dans les musées découlent d'un mélange de nombreux éléments, entre autres les besoins relatifs au confort des personnes,
des données scientifiques restreintes, un grand nombre de suppositions portant sur les dommages pouvant être causés par des conditions
non régulées, et, malheureusement, une tendance à généraliser et à établir un seul objectif inflexible. Avec l'intérêt grandissant pour
l'utilisation judicieuse des ressources de notre planète qui est actuellement observé dans nos sociétés, il est crucial de démontrer la
pertinence de telles suppositions. Dans le cas des petits musées qui n'ont jamais mis en place des dispositifs de régulation de la
température, la question est d'une autre nature, car ils doivent clairement établir pourquoi ils devraient aller de l'avant dans ce domaine et
dans quels secteurs ils devraient surtout déployer leurs efforts. Le présent chapitre offre un aperçu des connaissances fiables que nous
possédons à propos des besoins propres aux collections et des situations qui correspondent aux risques les plus importants.

La détérioration causée par des températures inadéquates et la détermination des collections


les plus vulnérables

Les températures trop élevées

Les dommages chimiques cumulatifs causés par l'exposition à des températures assez élevées pour entraîner
une dégradation rapide
Nombre de produits fabriqués après la première moitié du XIXe siècle, particulièrement les papiers, les matériaux photographiques, les
caoutchoucs et de nombreux types de matières plastiques, subissent une dégradation chimique irréversible au cours d'une période
correspondant à la durée moyenne d'une vie humaine. On peut maintenant ajouter à cette liste un éventail de supports d'enregi strements
électroniques contemporains qui va des rubans analogiques aux disques numériques. Le tableau 1a et 1b contient une liste des objets de
musée et d'archive, classés en fonction de leur sensibilité chimique à une situation très particulière de « température trop élevée », soit la
température ambiante normale, ainsi que les valeurs de leur durée de vie approximative. La dégradation étant en grande partie provoquée
par l'hydrolyse acide, l'humidité relative (HR) joue aussi un certain rôle dans ce domaine (consulter « Les conditions d'humidité relative
inadéquates »), mais la température constitue toutefois l'élément dont la régulation est la plus importante. En plus des matériaux qui sont
déjà acides lors de leur fabrication, il faut aussi tenir compte des matériaux tels que les textiles, les papiers et les cuirs, qui deviennent
acides lorsqu'ils sont exposés à certains polluants qui se trouvent à l'intérieur ou à l'extérieur des bâtiments, tout particulièrement le
dioxyde de soufre associé à la pollution atmosphérique industrielle des XIX e et XXe siècles.

Figures 1a et 1b. Exemples d'objets pour lesquels des températures adéquates, en matière de confort des personnes, sont « trop élevées »
pour assurer leur préservation à long terme. La photographie du papier journal a été prise lorsque celui-ci n'avait que 27 ans et celle de la
poupée en caoutchouc, lorsqu'elle en avait environ 30. Seules des conditions d'entreposage à froid peuvent assurer une bonne préservation
de tels objets pendant plus d'une génération.

Les pellicules et les feuilles de nitrate de cellulose, qui ont surtout été produites de 1896 à 1952, constituent un cas exceptionnel de
sensibilité élevée. Ces matériaux ont tendance à devenir poudreux ou poisseux au fil des ans. Les rouleaux de pellicule ayant subi une
sérieuse dégradation peuvent même s'enflammer à des températures supérieures à 38 °C. Les personnes responsables devraient
déterminer si leurs collections contiennent de tels objets et, le cas échéant, les isoler.

Tableau 1a et 1b. Sensibilité chimique de certains matériaux à la température ambiante et durée de vie des matériaux dans diverses autres
conditions. Les valeurs de la durée de vie ont été établies pour une HR d'environ 50 %. Pour plus de détails sur l'effet combiné de l'HR et de
la température sur la durée de vie, consulter « Les conditions d'humidité relative inadéquates ». Les sources, pour la plupart des matériaux,
font l'objet d'un examen dans la publication de Michalski (2000).

Tableau 1a : Sensibilité chimique de certains matériaux à la température ambiante

Faible sensibilité Sensibilité Sensibilité Sensibilité très


moyenne élevée élevée

Bois, colle, lin, Meilleure estimation Le papier acide Les matériaux


coton, cuir, papier actuelle, pour les et certaines qualifiés
de chiffon, papier matériaux pellicules « d'instables ». La
parchemin, photographiques deviennent lecture des supports
peinture à l'huile, stables, de la période cassants et magnétiques
tempéra à l'œuf, pendant laquelle ils bruns, et leur courants (bandes
Tableau 1a : Sensibilité chimique de certains matériaux à la température ambiante

Faible sensibilité Sensibilité Sensibilité Sensibilité très


moyenne élevée élevée
composants conserveront leur lecture est vidéo et audio,
d'aquarelle et capacité d'images ne difficile; par bandes de données,
gesso. Il existe des présentant que peu exemple, le disquettes)
exemples pratiques ou pas d'altération, papier journal commence à être
de ces matériaux par exemple des et les livres et impossible. Les
qui datent de 1000 négatifs noir et blanc papiers de matériaux
à 3000 ans, enfouis sur verre du qualité photographiques les
dans des milieux XIXe siècle et des inférieure moins stables se
secs ou conservés négatifs noir et blanc produits après dégradent, par
dans des enceintes, sur pellicule de 1850. Les exemple, les
dans des polyester du pellicules épreuves en couleur
conditions sèches XXe siècle. d'acétate se se décolorent (dans
et à environ 20 °C. contractent et le noir), les objets
Ces matériaux les couches ayant subi un
n'avaient jamais picturales se traitement
été exposés à des fissurent. Le inapproprié
acides, par celluloïd et de jaunissent et se
exemple la nombreux désagrègent; le
pollution autres anciens nitrate de cellulose
atmosphérique de plastiques jaunit et se
l'ère de la jaunissent, se désagrège plus
révolution fissurent et se rapidement lorsqu'il
industrielle, et déforment. Des est emballé en
n'ont jamais été matériaux qui grande quantité. De
humides. La peau, sont devenus nombreux polymères
les os et l'ivoire acides à cause élastiques, du
des mammouths de la pollution caoutchouc aux
laineux qui étaient (textiles et mousses de
congelés ont cuirs) sont plus polyuréthane,
résisté, sans fragiles et deviennent cassants,
aucune altération peuvent se ou poisseux, ou se
visible, à une désagréger. désagrègent.
période de plus de Certaines peintures
40 millénaires. acryliques
appliquées sur
différents types de
toile, jaunissent
rapidement.

Tableau 1b : Valeurs approximatives de la durée de vie1 des matériaux, à diverses températures

Température Faible Sensibilité Sensibilité Sensibilité


sensibilité moyenne élevée très élevée
Tableau 1b : Valeurs approximatives de la durée de vie1 des matériaux, à diverses températures

Température Faible Sensibilité Sensibilité Sensibilité


sensibilité moyenne élevée très élevée
1
Dans le présent contexte, la durée de vie est définie en fonction des effets ou de
l'utilité dont la description se trouve dans la première rangée ci-haut. Bien que les
valeurs de durée de vie inscrites dans chaque rangée comportent un degré
important d'incertitude, l'amélioration croissante, de la première à la dernière
ligne, est quant à elle certaine.

Traitement ~ 4 et + ~1 ~ 6 mois 2 mois


thermique,
exposition au soleil
~ 60 °C

Pièce très chaude ~ 250 ans et ~ 75 ans ~ 25 ans ~ 7 ans


~ 30 °C +

Pièce chaude ~ 25 ~ 500 ans et ~ 150 ans ~ 50 ans ~ 15 ans


°C +

Pièce à la Millénaire Quelques Une vie Une


température normale ~ 1000 ans siècles humaine génération
~ 20 °C et + ~ 300 ans ~ 100 ans ~ 30 ans

Entreposage, milieu ~ 5000 ans ~ 1500 ans ~ 500 ans ~ 150 ans
frais ~ 10 °C et +

Entreposage, milieu 20 000 ans ~ 6000 ans ~ 2000 ans ~ 600 ans
froid ~ 0 °C et +
Il convient de noter que la plupart des matériaux présents dans une collection mixte peuvent être classés dans la catégorie des objets de
faible sensibilité et qu'en pratique, ils ont résisté pendant des siècles, voire des millénaires, à diverses températures d'entreposage sans
l'aide des mesures d'entretien « modernes ». La préservation de ces matériaux a été assurée par une combinaison de facteurs, soit des
conditions de températures modérées et une certaine protection contre la pollution industrielle, qui est attribuable à leur conservation dans
un milieu rural ou dans une quelconque enceinte, que ce soit un bâtiment, une boîte ou la structure même de l'objet, par exemple la reliure
qui protège un livre fermé.

Selon une règle empirique relative aux avantages des basses températures, toute réduction de 5 °C de la température de conservation d'un
objet entraîne le doublement de sa durée de vie (comme le démontrent les données du tableau 1a et 1b, lorsque les comparaisons sont
effectuées par pas de 5 °C). Les critères permettant de déterminer la « durée de vie » d'un objet peuvent être sujets à controverse, par
exemple l'importance du jaunissement, de la déformation ou de la désagrégation subis, mais il ne fait aucun doute que pour un critère
donné, la règle est respectée.

Les dommages physiques subis dans des conditions où la température est trop élevée
Certains objets contiennent des matériaux qui subissent une déformation et deviennent moins résistants, voire qui fondent, lorsque la
température dépasse une valeur précise. Le tableau 2 contient une liste de certaines températures de transition connues et des exemples
des dommages que peuvent subir les objets. Hormis les cas de produits exotiques tels que des aliments, des cosmétiques et de la cire, et
celui du problème occasionnel d'adhésifs utilisés pour effectuer des réparations et qui se sont par la suite rompus, il est clair que l'exemple
le plus important du tableau 2 est celui de la déformation irréversible des matières plastiques contemporaines. Nombre de supports
électroniques ne peuvent supporter que de très légères déformations avant de devenir illisibles. Ainsi, dans la vie quotidienne, les
vidéocassettes, les disques compacts et les DVD soumis à une exposition directe à la lumière solaire subissent une déformation rapide. Il
convient de souligner que la température nécessaire à cette dégradation, soit quelque 60 °C, est largement supérieure à la plage de valeurs
normalisées qu'on pourrait établir à partir des conditions ambiantes courantes dans lesquelles sont conservées de telles collections. Lors de
l'élaboration de normes, on fait toujours preuve d'une extrême prudence en établissant une large marge de sécurité, mais en matière de
gestion des risques, il s'avère toujours utile de connaître la température exacte à laquelle un objet ou une collection peut subir, à court
terme, une dégradation catastrophique (dans l'exemple susmentionné, le temps requis, exprimé en minutes ou en heures, pour qu'un objet
devienne chaud, lorsqu'il est exposé à une température d'environ 60 °C).
La section ci-après, qui porte sur les variations de température, traite des dommages physiques causés par la dilatation des matériaux,
lorsque celle-ci est attribuable à une hausse de la température.

Tableau 2 : Dommages physiques causés ou aggravés par des températures trop élevées ou des températures trop basses.

Gamme de Température Effet physique et Exemples d'objets


température (°C) matériaux sensibles

Températures Supérieures à « Température de Les objets en plastique,


trop élevées 60°C déformation à la les cassettes en
chaleur » de nombreux plastique contenant des
plastiques courants supports électroniques
(PET, acrylique, PEHD, et les supports optiques
ABS, nylon dans la subissent tous une
plage de 65 à 90 °C) déformation rapide et
irréversible à ces
températures.

Supérieures à La détente des Les composants de


60°C contraintes inhérentes, base des supports
dans le cas du PET à magnétiques, tels que
orientation biaxiale, qui les rubans vidéo ou
se produit audio ou les rubans de
habituellement au cours données, et les
des siècles, peut disquettes, subissent
survenir en quelques une déformation
jours, voire en quelques irréversible. La lecture
heures. de disques peut devenir
impossible.

Supérieures à Les cires fondent ou se Peintures : les


45°C ramollissent, par peintures à l'huile
exemple, la cire de enduites de cire ou de
paraffine, de 47 à 65 °C, résine peuvent se
la cire d'abeille, à 60 °C, déplacer ou se détacher
la cire de carnauba, à 80 de l'encollage.
°C. L'encaustique se
ramollit. Les cachets
de cire, les bougies et
les savons ramollissent
et subissent une
déformation
irréversible.

Supérieures à Les mélanges à base de Certains aliments et


30°C composants cireux cosmétiques se
subissent une déforment, des
déformation, se séparent mélanges forment une
et forment une efflorescence et se
efflorescence. Le séparent. Les montages
Tableau 2 : Dommages physiques causés ou aggravés par des températures trop élevées ou des températures trop basses.

Gamme de Température Effet physique et Exemples d'objets


température (°C) matériaux sensibles
chocolat fond (34 °C). de papier, de bois, de
Diverses colles PVA céramiques qui ont été
ramollissent beaucoup réparées au moyen de
et deviennent moins « colles blanches »,
résistantes. peuvent tomber en
morceaux, surtout si
l'HR est élevée.

Températures Inférieures à La transition des aciers Les cas les plus


trop basses 10°C au carbone, de l'état célèbres sont ceux des
d'alliage ductile à celui navires militaires de la
d'alliage cassant, varie Seconde Guerre
grandement en fonction mondiale qui ont subi,
de leur teneur en de manière inattendue,
carbone. (Les alliages d'importantes fissures
d'aluminium et ceux de lors de déplacements
cuivre ne présentent pas dans les eaux froides
cette transition.) de l'Atlantique Nord.
En supposant que les
objets ne sont soumis à
aucune charge externe,
ce cas ne constitue pas
un problème dans les
musées. Le
fonctionnement ou le
chargement de
machines de
collections d'objets
industriels comporte
plus de risques en
hiver qu'en été.

Inférieures à Les peintures acryliques Les peintures


5°C d'artiste, qui sont dures acryliques sont plus
et résistantes comme le vulnérables aux chocs
cuir à la température et aux coups à ces
ambiante, subissent une températures qu'à la
transition vitreuse. température ambiante.

Inférieures à - Les peintures à l'huile Les peintures à l'huile


30°C d'artiste subissent une sont beaucoup plus
transition vitreuse. vulnérables aux chocs
et aux coups à ces
températures qu'à la
température ambiante.
Tableau 2 : Dommages physiques causés ou aggravés par des températures trop élevées ou des températures trop basses.

Gamme de Température Effet physique et Exemples d'objets


température (°C) matériaux sensibles

Inférieures à - Transition des peintures Les peintures


40°C à l'huile d'artiste, de acryliques sont
l'état de matériau ductile extrêmement
à celui de matériau vulnérables aux chocs
cassant. De nombreuses et aux coups à ces
autres polymères températures. De
courants, qui sont de même, la plupart des
consistance caoutchoucs et
caoutchouteuse ou plastiques qui sont
présentent la résistance élastiques, ou durs et
du cuir à la température résistants comme le
ambiante, deviennent cuir, à la température
vitreux, ou même ambiante, seront très
cassants, avant vulnérables à ces
d'atteindre -40 °C. La températures. Certains
contraction subie composants en
devient importante et, plastique peuvent subir
conséquemment, toute une rupture si leur
restriction du mouvement est
mouvement peut restreint, par exemple,
provoquer une rupture. des faces de cadran
fixées à des éléments
en bois ou en métal.

Les dommages biologiques subis dans des conditions où la température est assez élevée pour favoriser
la croissance de moisissures et d'autres organismes
Les moisissures présentent une phase active à des températures supérieures à environ 4 °C, tandis que les insectes sont actifs si la
température est de quelque 10 °C ou plus (consulter « Les insectes et animaux nuisibles »). Il est rare que les collections de musées
canadiens aient présenté des problèmes de moisissures ou de mites en hiver, lorsque les installations d'entreposage n'étaient pas
chauffées. Les responsables de musées se trouvant dans des pays au climat froid doivent tenir compte du fait que toute décision de
chauffer le milieu dans lequel est conservée une collection en grande partie composée d'objets en laine, de peaux ou de plumes, afin
d'assurer le confort des personnes, se traduit par une hausse des coûts et, de plus, pourrait accroître les risques de présence de
moisissures et d'insectes pendant toute l'année, plutôt que pendant une simple période de six mois.

Les températures trop basses


Les « températures trop basses » peuvent causer des dommages physiques aux objets de musée. De nombreux polymères, conçus pour
être résistants à la température ambiante, deviennent rigides ou même cassants lorsque la température est abaissée; c'est
particulièrement le cas des peintures et revêtements contemporains. Le principal risque auquel une collection est exposée n'est pas
vraiment les dommages causés par la variation des propriétés, mais plutôt le fait que les objets deviennent beaucoup plus fragiles et qu'ils
peuvent ainsi être plus susceptibles à la formation de craquelures lors de leur manutention. Le tableau 2 contient un aperçu des processus
pertinents qui ont déjà été observés dans ces conditions. La friabilité accrue est plus importante et survient plus rapidement dans le cas des
œuvres à base de peintures acryliques que de celles à base de peintures à l'huile.

De nombreux objets courants conservés dans des institutions canadiennes ont résisté à des températures aussi basses que -30 °C et
l'expérience pratique démontre que la plupart n'ont pas subi de dommages perceptibles (consulter la vignette 1). L'utilisation accrue, dans
les musées, de méthodes de désinfestation non toxique à basse température d'objets qui sont placés dans un « congélateur » (consulter
« Les insectes et animaux nuisibles »), implique que nombre d'entre eux ont été soumis de façon abrupte à des températures se situant
entre -30 et -40 °C. Les résultats de récentes études comparatives indiquent que seuls quelques objets ont subi de légers dommages. On
n'a pas encore clairement établi si les dommages ont été directement causés par les basses températures ou s'ils sont attribuables à des
effets subsidiaires qui seront l'objet d'une discussion dans la section sur les variations de la température. De manière générale, les risques
que constituent les basses températures pour les objets pouvant être gravement endommagés par des insectes et animaux nuisibles, c.-à-
d. ceux constitués de matériaux organiques et qui sont habituellement résistants ou souples, sont beaucoup plus faibles que les risques
associés aux insectes et animaux nuisibles vivants.
Les variations de température

Les effets physiques directs des variations de température


Les sections portant sur les « températures trop élevées » et les « températures trop basses » traitaient des dommages imputables à la
conservation des objets à une température donnée, plutôt que du processus de chauffage ou de refroidissement à partir d'une température
plus basse ou plus élevée que la température cible. Dans le cas des dommages physiques, il existe une relation directe avec des transitions
précises des propriétés physiques. Dans la présente section sur les variations de température, on tient compte des dommages causés par la
variation de température même, sans égard à la température initiale ou finale. Ce paramètre est celui que les ingénieurs et les dispositifs
mécaniques de régulation essaient, à forts coûts, de maîtriser, lorsqu'on veut limiter les variations à une plage étroite de valeurs. Les
mécanismes qui sont indirectement responsables des dommages sont la dilatation des matériaux qui accompagne leur réchauffement et,
inversement, leur contraction, lorsque leur température diminue. Il existe deux types de situations qui entraînent des dommages, soit celle
où les composants d'un assemblage complexe présentent des coefficients de dilatation distincts et celle où un objet est soumis à une
variation de température plus rapide que sa capacité de réagir à celle-ci de manière uniforme.

La résolution de problèmes techniques classiques a permis de traiter de nombreux cas d'objets complexes soumis à des variations extrêmes
de température, par exemple ceux de moteurs, de structures en acier de ponts à long tablier et même de cafetières en verre. Si on utilise
ces modèles pour estimer les risques de rupture, il est clair que les variations de température nécessaires pour causer de tels dommages,
pour la plupart des objets dont la taille peut se situer entre celle de véhicules et celle d'objets portatifs, sont de l'ordre d'au moins quelque
200 °C, dans le cas de matériaux cassants, et sont beaucoup plus importantes dans celui de matériaux résistants comme le bois, le papier,
le cuir et la plupart des peintures. Les dommages causés par des transitions apparaissant dans les listes des catégories de « températures
trop élevées » et de « températures trop basses », même le processus de carbonisation, se produisent habituellement avant la rupture. Tel
que susmentionné dans la section « Les températures trop basses », les résultats d'études récentes sur les effets secondaires du traitement
d'objets à de basses températures (de -30 à -40 °C), afin de les protéger contre les dommages causés par des insectes et animaux
nuisibles, indiquent qu'ils n'ont subi que très peu de dommages physiques, voire aucun. Un chercheur qui possède une vaste expérience
dans ce domaine (Padfield, 2006), n'a observé qu'un seul cas de dommages importants imputables exclusivement à une variation de 50 °C,
soit le refroidissement de 20 à -30 °C suivi d'un réchauffement pour revenir à 20 °C. Les dommages en question consistaient en une
délamination de la couche métallique appliquée à l'arrière du verre d'un vieux miroir. C'est ainsi qu'un stratifié composé de matériaux
solides très rigides, appliqués sous forme de couche continue, qui présentait une faible adhérence (le tain des miroirs anciens s'écaille
souvent facilement), constitue un cas de référence en matière de sensibilité élevée aux variations de température. Un matériau de ce type
peut en effet résister pendant des décennies à des variations des conditions climatiques ambiantes (probablement des variations de
températures d'au moins 15 °C), mais il est fort probable qu'il subisse une délamination s'il est soumis à une variation de 50 °C. Ces
données concordent avec l'estimation antérieure selon laquelle la plupart des objets, particulièrement ceux composés de matériaux plus
souples que le verre et le métal (le bois, la peinture, le cuir) ou ceux dont la conception permet un certain mouvement des composants
(incrustations de métal dans le bois, faces du calibre et du cadran fixées à l'aide de pinces), devraient résister à une variation de 50 °C, et
ce, avec de très faibles, sinon de minimes, risques.

Mais qu'en est-il des cas d'objets subissant de nombreuses variations successives de température? L'application répétée de contraintes peut
entraîner la fissuration de fatigue des matériaux. Dans le cas initial d'une contrainte périodique unique qui provoque une rupture, les
données d'études techniques réalisées sur de nombreux matériaux indiquent que pour une valeur correspondant à environ un quart de
ladite contrainte, dans le cas de matériaux cassants (verre, céramiques, peintures à l'huiles anciennes), et à environ la moitié de la même
contrainte, dans le cas de matériaux résistants (bois, papier, cuir), la fissuration de fatigue se produit après environ un million de cycles.
Pour une valeur correspondant à environ un huitième de la contrainte, les matériaux résisteront indéfiniment aux variations de
température, mais comme l'exécution d'un million de cycles quotidiens prendrait 3000 ans et puisque la plupart des objets ne peuvent
complètement réagir aux cycles plus rapidement que dans ces conditions, on peut considérer que la combinaison d'un million de cycles et
d'un quart de la contrainte constitue une extrapolation très prudente des risques préoccupants associés à de multiples variations de la
température. On peut donc extrapoler qu'un objet présentant une sensibilité élevée (un objet cassant) et qui subit des dommages lorsqu'il
est soumis à une seule variation de 50 °C, ne subira les mêmes dommages qu'après de nombreux millénaires, s'il est simplement soumis à
des variations quotidiennes de 10 °C (ce qui explique la résistance du vieux miroir à des variations antérieures, probablement inférieures à
celle de 50 °C). La plus grande partie des objets de musée et d'archive étant beaucoup moins sensibles, on peut encore accroître, tout en
restant prudent, ces variations quotidiennes permises, et les fixer à 20 °C ou même 40 °C. Les résultats de la modélisation géologique de
l'érosion subie par des grès cassants et faiblement agglomérés, exposés aux températures extrêmes du désert pendant des millénaires
laissent croire que ladite estimation est effectivement prudente, car les variations de température auxquelles sont soumises ces surfaces,
entre le jour et la nuit, sont largement supérieures à la plage de quelque 50 °C.

Selon un autre auteur, les craquelures que contiennent les premiers essais de peintures sur toile sont attribuables à de légères variations
de température, mais un examen plus rigoureux des données révèle qu'il est plus probable que les craquelures soient causées par une
quelconque condensation à la surface de la toile et que l'interprétation soit faussée par des mesures incorrectes de la température. Ainsi,
une peinture de Krieghoff qui présente de nombreuses craquelures et cuvettes (consulter « Les conditions d'humidité relative
inadéquates »), qui a été soumise par le passé à des variations quotidiennes de température et d'HR, ne présente pas de craquelures dans
la zone située au-dessus des barres du châssis. Les calculs de la réponse thermique, de même que la réponse à l'humidité de la zone
susmentionnée (Michalski, 1991), indiquent que cette plage a surtout été protégée contre des variations quotidiennes d'HR, mais pas de
celles de température. Il semble donc que les variations quotidiennes de température propres aux conditions ambiantes d'une maison
historique canadienne ne sont pas responsables des craquelures que présente cet objet. D'autre part, les résultats de modélisations
informatiques d'anciennes peintures à l'huile, réalisées par d'autres auteurs, semblent indiquer que les basses températures enregistrées en
hiver, considérées comme variations saisonnières, sont effectivement responsables de certains motifs de craquelures qui sont couramment
observés dans le domaine.

L'utilisation du concept pratique de « variation démontrée »


L'analyse des risques associés aux variations de température est un processus complexe et des incertitudes persistent en ce domaine. On
peut donc, à toutes fins utiles, utiliser plutôt le concept de « variation démontrée ». Selon ce dernier, tout objet pour lequel il a été
clairement établi qu'il a été soumis, à au moins une occasion, à une très basse température, par exemple -30 °C, ou à une quelconque
température élevée, par exemple 40 °C, n'est pas susceptible de subir des dommages mécaniques additionnels s'il est soumis une
deuxième fois à des conditions semblables, car toute rupture, délamination ou compression irréversible pouvant l'affecter a effectivement
déjà eu lieu (sauf s'il est établi que l'objet a été grandement fragilisé depuis, en raison d'autres facteurs). Afin de tenir compte de l'effet de
fatigue, il convient de modifier le concept trop simple de « variation démontrée », notamment en établissant que la prévision des risques
associés à une seule variation de température doit être basée sur une « variation unique démontrée » et celle des risques associés à des
variations répétées, sur des « variations répétées démontrées ».

Autrement dit, toute séquence de variations de température qui est semblable à des séquences auxquelles un objet a déjà été soumis ne
devrait pas causer des dommages significatifs à ce dernier. Un corollaire pratique peut être tiré de cette affirmation, soit le fait que toute
amélioration des conditions ambiantes antérieures, si modeste soit-elle, permettra d'éliminer les risques de dommages physiques. Il est
donc important que l'évaluation des mesures de régulation des conditions ambiantes utilisées par le passé soit d'une très grande exactitude
et, par conséquent, de ne pas sous-estimer la gravité de ces conditions, car plus la détermination des pires conditions antérieures est juste,
plus il est facile d'assurer aux objets de futures conditions de conservation adéquates. (Le même raisonnement s'applique au cas des
variations d'HR.)

Comment équilibrer les risques découlant de valeurs contradictoires de températures « adéquates »


La diversité des différentes températures inadéquates se traduit presque toujours par l'impossibilité de déterminer une température
« appropriée » à laquelle les risques d'endommager la collection sont nuls et, conséquemment, qu'il est uniquement possible d'établir des
conditions dans lesquelles la température constitue un risque minimum. Le dilemme le plus courant se pose dans le cas où l'objet subit des
dommages chimiques cumulatifs attribuables à une « température trop élevée » et des dommages mécaniques imputables à une
« température trop basse », en plus des effets inévitables causés par les variations saisonnières. Par exemple, si un musée canadien
possède des archives de documents datant du XXe siècle, un entrepôt contenant des journaux, une collection de poupées en caoutchouc,
des véhicules ou du matériel agricole équipés des pneus en caoutchouc et des pièces en plastique d'origine, ainsi que des boîtes de
lainages, les responsables devraient-ils tirer avantage des basses températures hivernales, en matière de conservation, et ce, même si
certains matériaux peuvent alors devenir cassants? Puisqu'il serait très coûteux de conserver les machines à ces basses températures en
été, la grande variation saisonnière de température peut-elle plus que compenser les avantages des conditions froides temporaires? Et,
existe-t-il une situation intermédiaire idéale de « compromis »?

En résumé, on peut affirmer que les conditions hivernales froides favorisent généralement la conservation d'une collection. Toutes les
données fiables qui ont été regroupées au fil des ans, dans le cadre de travaux de comparaison de collections conservées dans différentes
conditions climatiques, indiquent que nos collections seront en bien meilleur état si elles sont conservées à basse température en hiver et
que les risques associés au froid, ou aux variations saisonnières, sont minimes, voire nuls.

Il est aussi possible d'adopter une approche plus modérée au chapitre des avantages offerts par la conservation d'objets dans des
conditions hivernales. Une fois qu'un objet est soumis à une température approximativement inférieure à 5 °C, les avantages liés au
passage à des températures encore plus basses sont négligeables en ce qui concerne sa dégradation chimique globale sur une période d'un
an, car la période de dégradation estivale ne varie pas. D'autre part, les risques de dommages mécaniques continuent de croître à mesure
que la température baisse au-dessous de 5 °C. Si on adopte une approche visant à réduire au minimum les coûts d'énergie, soit en
chauffant un peu le milieu ambiant en hiver et en le refroidissant un peu en été, il existe alors une « situation idéale » en matière des
risques totaux : il suffit de maintenir la température ambiante au-dessous de 25 °C en été et au-dessus de 5 °C en hiver. Si l'objectif est
d'assurer une meilleure préservation de matériaux chimiquement instables, par exemple des journaux, des films, des rubans et des
matières plastiques, il faut envisager la mise en œuvre de mesures d'entreposage à froid à l'année longue.

Problèmes relatifs à l'HR causés par la variation des températures ou des températures non uniformes
Les responsables de musées et leurs conseillers regroupent souvent les concepts de température et d'HR en bloc dans la catégorie de la
« régulation des conditions ambiantes » ou du « milieu ». Dans le présent document, on traite des températures inadéquates et des
conditions d'HR inadéquates comme des agents distincts, car les dommages qu'ils peuvent faire subir aux collections, tout comme les
méthodes de régulation appropriées, possèdent beaucoup plus d'éléments différents que de points communs. En outre, le traitement
commun des deux agents en fonction de « normes de régulation des conditions ambiantes » a souvent mené à des généralisations
incorrectes et à des simplifications peu pratiques. Dans le cas des supports d'enregistrements électroniques et de photographies, de papier
journal et de documents d'archives de nature administrative, et d'objets en plastique de collection d'art moderne qui se dégradent
naturellement, le facteur clé est celui des risques associés aux « températures trop élevées », car ceux liés aux variations de l'HR sont, en
comparaison, négligeables. La situation est exactement l'inverse dans le cas des collections de meubles, d'objets en ivoire ou en métal et
de peintures à l'huile : les variations de l'HR entraînent des risques sérieux tandis que la plupart des cas de températures inadéquates n'ont
pas d'incidences graves. De plus, il existe des mesures peu coûteuses et peu énergivores, qui comprennent l'utilisation de techniques
passives propres à chaque situation, mais elles sont malheureusement mises de côté afin de trouver une seule solution technique aux
problèmes de « conditions ambiantes ».

Ceci étant dit, il convient de souligner l'existence de deux liens pratiques entre les variations de température et celles d'HR. Le premier
concerne le problème des variations de température avec le temps et le second, celui des variations dans l'espace, qui peut être plus
succinctement décrit comme un problème de températures non uniformes.

Dans une pièce ou une vitrine fermée et vide où la température est de 20 °C et l'HR, de 50 %, en l'absence de tout matériau tampon visant
à réguler le taux d'humidité, une variation de 1 °C en entraîne une d'environ 3 % de l'HR, tandis qu'une variation de 5 °C provoque une
variation de quelque 15 % de l'HR. Les variations les plus dangereuses sont les baisses de température de plus de 10 °C, qui entraînent
une HR de 100 % et, conséquemment, la condensation. Heureusement, dans la plupart des espaces de musées des maisons historiques,
ces effets sont grandement atténués par les capacités tampons inhérentes des surfaces des pièces ou des enceintes. (Les limites
pertinentes, dans le cas des spécifications établies dans le chapitre de l'American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning
Engineers (ASHRAE, 2003), ont été établies en se basant en grande partie sur les liens avec les risques associés à l'HR plutôt que sur les
effets mêmes de la température.) [LIEN conduisant à la page Web sur l'ASHRAE de l'ICC]

La variabilité de la température d'une zone à l'autre d'un bâtiment constitue généralement un problème plus sérieux que les variations de
température avec le temps, particulièrement dans le cas des musées dont les collections se trouvent dans des bâtiments dont les conditions
ambiantes sont loin d'être idéales. Le chapitre sur « Les conditions d'humidité relative inadéquates » contient une explication des diverses
façons dont des températures non uniformes peuvent entraîner des conditions d'HR inadéquates. En résumé, le cas le plus grave de
conditions d'HR inadéquates, soit un taux d'humidité excessif, est très souvent causé par l'air humide, surtout quand celui-ci entre en
contact avec des surfaces froides.
Les sources de températures inadéquates

La lumière solaire
C'est l'exposition directe à la lumière solaire qui constitue la plus importante source de températures inadéquates et des dommages qui en
découlent. La température de surface de matériaux isolants de nuance sombre comme les matières plastiques, les textiles et les bois
foncés, lorsqu'ils sont orientés vers le soleil, peut rapidement atteindre des valeurs supérieures de 40 °C à la température ambiante, ce qui
veut dire qu'elles peuvent facilement atteindre 75 °C par une chaude journée d'été. Si les objets sont entourés de verre, par exemple les
parois d'une vitrine d'exposition ou le vitrage d'un cadre, la température peut même dépasser ces valeurs. Il est clair que l'effet des rayons
de soleil peut entraîner des cas où les températures sont largement supérieures à toutes les valeurs de « températures trop élevées » du
tableau 2; de plus, si un objet est exposé directement aux rayons du soleil de manière courante, ceux-ci peuvent centupler sa vitesse de
dégradation, et ce, pour toutes les catégories de sensibilité du tableau 1a et 1b. Les feuilles de papier conservées dans des cadres vitrés et
munis d'un dos protecteur sont particulièrement vulnérables, car les conditions d'HR dans lesquelles elles se dégradent rapidement
constituent justement le milieu tampon régulé de l'enceinte.

Les conditions climatiques


Au Canada, les températures de l'air extérieur varient entre des extrêmes de 40 et -40 °C. Une variation de nature climatique qui se traduit
par un accroissement ou une baisse de 10 °C prend habituellement de nombreuses heures, et une fluctuation plus importante, de
nombreux jours. C'est pourquoi la température de l'air extérieur ne constitue pas une source de variations rapides de la température des
objets, ni une source de températures rigoureuses qui peuvent causer des dommages physiques (tableau 2). Elle peut quand même être,
en été, une source de « températures trop élevées », dans le cas des matériaux instables, mais en hiver, et particulièrement dans le cas
des institutions situées plus au Nord, elle n'a que des effets très bénins sur l'état de ces mêmes matériaux. Certaines des pellicules de film
datant du début du cinéma qui sont les mieux conservées sont celles qui ont été retrouvées dans des poubelles dans des localités du Grand
Nord (elles y avaient été jetées, à l'époque, parce qu'il ne valait pas la peine de les retourner au distributeur).

L'éclairage artificiel
Tout comme dans le cas de l'exposition directe aux rayons du soleil, celle aux lampes électriques à incandescence peut provoquer le
réchauffement d'une surface, notamment en raison de la haute teneur en infrarouges (IR) de leur rayonnement (ce qui est aussi le cas des
lampes quartz-halogène). Les lampes à incandescence présentent même un rapport IR/rayonnement total plus élevé que les rayons du
soleil. L'utilisation excessive de lampes incandescentes dans les vitrines d'exposition constitue probablement, après l'exposition directe à la
lumière solaire, la cause la plus courante de variations de température extrêmes dans les musées (et, concurremment, des variations de
l'HR). La large fissure observée dans une rare selle des Premières nations, qui avait été exposée au Musée national de l'Homme, à Ottawa,
dans les années 1970, avait sûrement été causée en partie par le bas taux d'HR dans le bâtiment en hiver, mais aussi par l'HR encore plus
basse dans la vitrine, découlant du réchauffement attribuable à une ou des lampes.

Les bâtiments et les systèmes de régulation des conditions ambiantes


Hormis les températures que le système de régulation des conditions ambiantes assure, en moyenne, au centre d'une pièce, il est possible
de mesurer de nombreuses températures inadéquates en d'autres endroits, notamment près des dispositifs de chauffage localisé et des
ouvertures d'aération. Dans les pièces équipées de dispositifs de circulation d'air médiocres ou qui n'en possèdent pas, les murs extérieurs
subissent des variations plus importantes que les valeurs moyennes de la pièce, et de plus, les plafonds sont toujours plus chauds et les
planchers plus froids. Des figures illustrant ces zones de températures non uniformes sont présentées dans le chapitre sur « Les conditions
d'humidité relative inadéquates », car les effets attribuables à l'HR découlant de ces différences de température constituent habituellement
un problème plus important que les différences de température mêmes, surtout lorsque ces conditions d'HR inadéquates se traduisent par
un taux d'humidité excessif.

Objets en transit
Le déplacement d'objets de musée en transit, particulièrement celui de peintures, comporte de nombreux risques élevés, entre autres ceux
associés aux températures inadéquates. En été, la température intérieure de véhicules non climatisés peut être beaucoup plus élevée que
celle de l'air extérieur, et en hiver, celle des camions se situe bien au-dessous des valeurs de « températures trop basses » du tableau 2,
dans le cas des peintures acryliques. Même le « court déplacement » de peintures qui ne sont pas suffisamment emballées, de la remise au
bâtiment où elles seront exposées, peut les rendre beaucoup plus cassantes que prévu, en hiver, sans compter qu'elles peuvent aussi subir
un certain claquement et être heurtées aux murs et aux planchers.

Mesures permettant de réduire les conditions de températures inadéquates

Étapes des mesures de réduction

Identifier les valeurs de températures inadéquates et établir les valeurs adéquates


Contrairement à d'autres agents de détérioration (tels que les insectes et animaux nuisibles, les polluants et les incendies), pour lesquels
les mesures de réduction visent à éliminer ces agents, ou à atteindre un « niveau zéro », il est impossible d'établir un objectif de « niveau
zéro de température ». Il faut en effet déterminer quelles sont les diverses conditions de températures inadéquates avant d'établir la nature
des paramètres qu'on veut maîtriser. Pour ce faire, il faut d'abord évaluer le niveau de sensibilité des objets d'une collection (consulter les
tableaux 1 et 2), afin de bien interpréter les nombreux thermohygrographes enregistrés et de décider de l'importance que représentent
vraiment tous ces traits ondulés. Il existe toutefois une évidence à ce chapitre, soit que les humains constituent un bien pi ètre repère. La
plupart des gens, en position assise, apprécient une température ambiante d'environ 21 °C qui ne varie pas de plus de 2 °C. Cette valeur
de consigne est cependant une température inadéquate pour la plupart des enregistrements d'archive et les plastiques contemporains
instables. Ces limites de l'intervalle de variation sont beaucoup plus restreintes que celles qu'exige une quelconque collection et elles
entraînent donc un gaspillage des ressources disponibles.
Situations à éviter

 Éviter de placer des objets de nature organique, ou des objets de nature inorganique fragiles, dans des endroits où ils seront
directement exposés à la lumière solaire. Dans le cas de l'entreposage extérieur de grands objets, éviter l'exposition en plein
soleil d'œuvres qui comportent du bois, de la peinture, du cuir, du caoutchouc, des textiles ou des matières plastiques.
 Éviter les situations qui produisent des sources de températures inadéquates, durant les travaux de conception de bâtiments
spéciaux. Le concept de « régulation thermique passive » consiste à mettre en place des murs bien isolés présentant une masse
thermique élevée afin que les variations de la température extérieure soient graduellement atténuées, sur une période de
nombreux jours ou semaines.
 Éviter de choisir et d'installer des systèmes mécaniques peu fiables et dont l'entretien ne peut être assuré en utilisant des
ressources facilement accessibles et de la main-d'oeuvre locale. Informer tout expert-conseil participant au projet de ces besoins
particuliers. Il est beaucoup plus important d'éviter l'occurrence, au fil des ans, de quelques variations extrêmes causées par des
pannes, que celle de légères variations quotidiennes qui se produisent couramment.
 Éviter de chauffer, en hiver, des collections qui contiennent des matériaux instables (consulter le tableau 2). Tirer avantage de la
période hivernale, et du temps froid de votre région (le cas échéant), pendant laquelle l'activité des insectes et animaux nuisibles
et le processus de dégradation chimique sont atténués et même interrompus.

Situations à empêcher

 Empêcher l'exposition à la lumière du soleil en installant de simples volets et stores, dans le cas de zones d'exposition intérieures,
et des éléments en porte-à-faux et des toits, dans celui des objets exposés à l'extérieur.
 Utiliser des matériaux isolants ou du moins, aménager un vide d'air d'au moins 10 cm, entre les objets et les murs extérieurs, les
planchers froids et les plafonds chauds.
 Assurer une isolation efficace des œuvres d'art en transit, dans la caisse même, ou en enveloppant l'objet avec une couverture, si
on le transporte manuellement, sur une courte distance, à l'extérieur.

Situations à détecter

 Assurer la surveillance de la température. La température constitue probablement l'agent de détérioration dont la mesure exacte
est la plus simple et la moins coûteuse.
 Détecter tout signe de dommage chimique tel que du papier qui est devenu brun et cassant et des photographies qui se sont
dégradées. Les décideurs qui ne possèdent pas des connaissances approfondies sur les matériaux instables peuvent utiliser ces
exemples à titre d'indication générale. Si on vise à établir que la régulation de la température a récemment causé des conditions
de températures inadéquates, il faut avoir accès à des rapports sur l'état de conservation d'une grande exactitude et à des
registres des températures fiables pour la période en question.
 Détecter tout signe de dommage mécanique subi par le passé, en faisant toutefois preuve de prudence dans l'interprétation des
données avant de conclure qu'il existe des besoins actuels en matière de régulation de la température. Les gestionnaires de
collections donnent souvent comme exemple les fissures que présentent des meubles ou des peintures afin de justifier leur
demande de nouveaux systèmes de régulation des conditions ambiantes. Bien que de tels faits puissent s'avérer (ou non) dans le
cas de la régulation de l'HR, ils ne constituent que rarement une preuve que la régulation de la température était inadéquate.

Interventions

 Prendre des mesures d'intervention pertinentes en utilisant des dispositifs mécaniques tels que des appareils de chauffage et des
climatiseurs commandés par un thermostat. La fiabilité constitue un facteur crucial en ce domaine.
 Intervenir dans le cas de matériaux instables qui vont se dégrader de manière irréversible au cours de la prochaine génération,
en abaissant la température de conservation (ou en adoptant une autre stratégie en matière de conservations d'archives, par
exemple en transférant l'information sur un support stable).
 Isoler les matériaux des collections qui sont particulièrement instables, par exemple les négatifs ayant subi un traitement
inapproprié, les morceaux de mousse de polyuréthane et les objets en caoutchouc, qui se trouvent actuellement en présence de
matériaux plus stables. Des matériaux de ce type font contraste avec les autres comme sources de jaunissement, et il faut les
retirer de la collection et les entreposer séparément (ou même s'en débarrasser) car les produits de dégradation dégagés
endommagent les matériaux adjacents.

Récupérer et traiter

 Les ruptures causées par des contraintes mécaniques peuvent souvent être réparées, et ce, même s'il subsiste des lignes qui
altèrent grandement l'aspect de l'objet.
 Les déformations causées par des températures extrêmes (consulter la liste de températures trop élevées du tableau 2) ne
peuvent être traitées.
 Les objets ayant subi un vieillissement de leur composition chimique ou des composés chimiques dont ils sont constitués
(consulter la liste du tableau 1a et 1b) ne peuvent être traités.
Stratégies de régulation des agents de dégradation pour différents niveaux de préservation

Stratégies de régulation de base : Aucun élément mobile, aucune machine et aucune consommation d'énergie!

 Assurer l'isolation efficace des murs, du toit, des fenêtres et des portes du bâtiment, et, idéalement, que les murs présentent une
masse thermique élevée.
 De plus, prendre les mesures pertinentes afin d'empêcher l'exposition directe à la lumière du soleil des matériaux,
particulièrement ceux de la liste des matériaux sensibles du tableau 2, qui subiraient des dommages après une seule journée
d'exposition directe. L'adoption des mesures relatives à la présente stratégie et à celle susmentionnée permet d'éliminer presque
tous les risques physiques associés à des températures inadéquates, mais il faut toutefois souligner que la durée de vie des
matériaux très sensibles (liste du tableau 1a et 1b) sera toujours très courte.
 Inspecter les films des collections d'archives et en retirer les négatifs qui se dégradent rapidement (parce qu'ils ont subi un
traitement inapproprié). Isoler toutes les pellicules de nitrate de cellulose afin de prévenir l'altération des matériaux adjacents par
l'acide libéré et de réduire les risques d'incendies.
 Inspecter les collections mixtes d'objets historiques et celles d'art moderne et en retirer les nitrates, plastiques, caoutchoucs et
uréthanes qui se dégradent rapidement et qui pourraient contaminer les objets adjacents.

Stratégies de régulation optimale : Des collections différentes et des situations différentes demandent des
mesures de régulation différentes

 Suivre les stratégies de régulation de base décrites ci-haut et y intégrer, au besoin, les stratégies suivantes :
 Dans le cas des collections d'archives et de matériaux contemporains qui se trouvent dans des collections mixtes d'objets
historiques, déterminer la stabilité des matériaux en fonction des critères de la liste du tableau 1a et 1b et prendre les mesures
nécessaires pour en assurer, au besoin et selon le mandat de l'institution, l'entreposage dans un milieu frais ou froid.
L'entreposage à froid peut aller de l'utilisation d'un seul congélateur horizontal ou vertical (consulter la vignette 2) à celle d'un
bâtiment spécialement climatisé à ces fins (Wilhelm, 1993). Les petits musées auraient avantage à se regrouper et à partager
des espaces d'entreposage à froid.
 Dans le cas d'une collection mixte d'objets historiques qui a été conservée dans un vieux bâtiment pendant de nombreuses
décennies, sans qu'il y ait un changement perceptible de l'état des objets au cours des dix dernières années, il ne faut pas
essayer « d'améliorer » les systèmes de régulation des conditions ambiantes (par exemple, en ajoutant de nouveaux composants
ou en en modifiant le fonctionnement, entre autres, en augmentant le chauffage en hiver), à moins d'avoir examiné avec soin l a
nature des conditions actuelles de températures inadéquates et d'avoir prouvé que ces conditions causeront des dommages plus
importants que ceux pouvant découler des « modifications ». La première étape doit nécessairement comprendre l'adoption de
mesures qui assureront la fiabilité et l'entretien à long terme des systèmes de régulation, et de tout autre élément pertinent, du
bâtiment, avant d'envisager la modification des valeurs cibles des paramètres ayant des effets sur les conditions ambiantes.
 Lorsque l'on envisage d'assurer la régulation des conditions ambiantes « à l'échelle d'un bâtiment », il est important de
reconnaître les facteurs limitatifs propres à l'enveloppe du bâtiment, plus particulièrement si ce dernier possède une valeur
historique intrinsèque. Une publication de l'ASHRAE (2003) contient un tableau et une liste de cinq types de bâtiments et de leur
capacité de résister aux variations associées aux systèmes de régulation des conditions ambiantes. Les lecteurs qui veulent en
savoir plus sur la manière d'adopter une approche philosophique globale du dilemme peuvent consulter le document intitulé New
Orleans Charter for Joint Preservation of Historic Structures and Artifacts, publié conjointement par l'Association for
Preservation Technology International et l'American Institute for Conservation of Historic and Artistic Works (APT/AIC). L'étape
suivante consiste à choisir un niveau approprié de variation et de point de consigne, en vertu des critères pertinents de régulation
des conditions ambiantes de l'ASHRAE, et d'en assurer la mise en œuvre (ASHRAE, 2003). (Consulter le tableau 2 du chapitre sur
« Les conditions d'humidité relative inadéquates ».)
 Lorsque l'objectif visé est d'effectuer l'exposition d'objets d'une collection itinérante, il faut tenir compte du fait que certains
grands musées prêteurs exigent que la régulation des conditions ambiantes respecte les critères du niveau A de l'ASHRAE ou,
dans certains cas, le niveau AA (ASHRAE, 2003). (Consulter le tableau 2 du chapitre sur « Les conditions d'humidité relative
inadéquates » et le LIEN conduisant à la page Web sur l'ASHRAE de l'ICC.) Il faut généralement aménager des pièces ou des
bâtiments à ces fins. On peut aussi envisager la solution de la « pièce au sein d'une pièce », soit l'approche du cocon (ASHRAE,
2003).

Conclusions
Non seulement sommes-nous de bien piètres juges en matière de détermination de la réaction d'un objet à la température, mais nous
avons aussi tendance à faire preuve d'animisme envers les collections. Il nous est en effet difficile de croire que nos peintures et nos
meubles les plus précieux sont relativement « satisfaits » d'être conservés à une température glaciale de -20 °C. Les êtres humains
préfèrent grandement vivre dans un milieu réchauffé en hiver, et ce, même s'il en résulte une très basse HR. Nous devons donc reconnaître
que nos collections historiques ont une « sensibilité » contraire et préfèrent des conditions froides accompagnées de conditions d'HR
modérées.

Il nous est tout aussi difficile d'accepter le fait que les anciens matériaux qui ont été utilisés pendant une grande partie de l'histoire de
l'humanité sont assez stables et que ce sont plutôt les objets de notre époque (de la fin de l'âge industriel à l'ère électronique) qui
constituent des problèmes, car ils sont aussi éphémères que notre propre existence. Bien que la préservation cryogénique de notre corps et
la migration de notre mémoire relèvent de la science-fiction, ces techniques constituent les seules solutions pratiques pour la plupart des
matériaux contemporains ayant une valeur patrimoniale.

Les spécifications et normes relatives à la température qui sont habituellement utilisées dans les musées ne sont pas basées sur des
critères détaillés des besoins propres à chaque collection, mais plutôt sur l'observation générale que les collections semblaient assez bien
résister aux températures auxquelles les êtres humains se sentent bien. Le fait que les températures assurant notre bien-être semblaient,
fort à propos, ne pas avoir d'effets nuisibles sur nos collections s'est graduellement transformé en l'idée qu'elles représentaient les
températures adéquates pour la conservation des collections, ce qui n'était pas entièrement vrai, dans le cas d'une collection connue, et
entièrement faux, dans celui de nombreuses collections telles que celles des bibliothèques et des archives. On a donc supposé que les
variations admissibles, compte tenu des dommages sérieux observés à la suite de très grandes variations de température, devraient être
minimes, et ce, afin que des effets de moins en moins nuisibles se traduisent par des conditions de plus en plus avantageuses.
Malheureusement, une telle logique bancale nous a poussés à grandement surestimer l'atteinte d'une température stable comme principe
directeur, à dépenser inutilement des ressources pour y parvenir, à transformer radicalement des bâtiments historiques pour n'en laisser
que les quatre murs, afin de mettre en place des systèmes de régulation des conditions ambiantes, et à employer des ressources
énergétiques peu abondantes pour combattre des conditions froides hivernales qui présentent en réalité des avantages certains.

Les responsables de musées et leurs conseillers ont adopté ces normes à l'échelle mondiale. D'ailleurs, la plupart exigent encore que leurs
collections soient entreposées et exposées à des températures très stables. Il faudra du temps avant d'atteindre un consensus permettant
d'examiner et de modifier ces normes, et d'ici là, les musées voulant accueillir des expositions itinérantes ou obtenir un quelconque octroi
de statut devront adopter les mesures nécessaires pour répondre aux exigences pertinentes. Les petits musées qui assurent déjà le soin de
leurs propres collections, de manière pratique et logique, peuvent toutefois commencer à adopter une approche de gestion des risques et à
employer une démarche plus modérée et plus rentable que celles permises par la plupart des normes.

Il n'existe actuellement qu'une seule publication qui contient des spécifications relatives à la température (et à l'HR) des bibliothèques, des
musées et des archives où l'on adopte cette approche complexe et progressive en matière de risques, qui établit clairement que les valeurs
de consigne de quelque 20 °C ne sont pas salutaires pour les matériaux contemporains instables, qui comporte des recommandations en
matière de réglages saisonniers afin de réaliser des économies d'énergie, et qui fournit une estimation des risques globaux pour six cas
distincts de spécifications relatives aux variations de température. La publication en question est l'édition la plus récente du manuel de
l'ASHRAE (2003). Les spécifications susmentionnées sont fournies dans le tableau 2 du chapitre sur « Les conditions d'humidité relative
inadéquates » et sont expliquées en détail dans une page Web spéciale portant sur le sujet.

Vignettes

Vignette 1. La « congélation » de collections au Yukon et leur conservation à des températures qui


varient
Il y a plus de vingt ans, M. Michael Gates, le conservateur des lieux historiques nationaux du Canada du Klondike de Parcs Canada, à
Dawson, a aménagé une petite salle d'entreposage de collections conditionnée par hygrostat. Les appareils de chauffage électriques se
mettent en marche lorsque l'HR est supérieure à 50 % et s'éteignent lorsqu'elle tombe sous cette valeur. En hiver, les conditions dans la
pièce se caractérisent par une HR stable et des températures qui varient dans une plage qui se trouve bien au-dessous du point de
congélation et qui peuvent même descendre jusqu'à -40 °C. La consommation d'énergie est minime. M. Gates a assuré un examen régulier
de l'état de la collection mixte d'objets et n'a observé aucun dommage qui serait attribuable aux basses températures ou aux variations de
température. Il convient de noter que le terme « congélation », qui est largement utilisé de manière vague dans la vie quotidienne pour
désigner des températures inférieures à 0 °C, n'implique pas que les objets ou l'humidité qu'ils contiennent (à une HR de 50 %) se
solidifient. C'est l'eau liquide qui se congèle à 0 °C.

Vignette 2. L'entreposage à froid et à petite échelle de documents d'archive


Les Archives de la Colombie-Britannique (British Columbia Archives), qui font maintenant partie du Royal British Columbia Museum,
ont mis en œuvre une méthode peu coûteuse d'entreposage à froid de leur collection de pellicules, qui comporte l'emploi d'une série de
congélateurs verticaux. Afin d'assurer la régulation de l'HR à une valeur très stable, les objets sont emballés séparément en utilisant le
système des sacs doubles de McCormick–Goodhart. (Un sac simple constitue une protection suffisante pour éliminer tout risque de
dommage attribuable à l'HR, en cas de panne du congélateur.) Les responsables du musée considèrent que l'entretien des nombreux
congélateurs vieillissants représente maintenant un problème et que le système pourrait être remplacé par une installation du type
chambre froide, mais l'emploi d'un ou deux congélateurs domestiques constitue encore une solution efficace pour les petits musées et
archives nord-américains.

Bibliographie
 APT/AIC (Association for Preservation Technology International/American Institute for Conservation of Historic and Artistic
Works). New Orleans Charter for Joint Preservation of Historic Structures and Artifacts (lien disponible en anglais seulement).

 Michalski, S. « Paintings, Their Response to Temperature, Relative Humidity, Shock and Vibration », dans Works of Art in
Transit, M. Mecklenburg (éd.), National Gallery, Washington, D.C., 1991, p. 223-248.

 Padfield, T. Communication personnelle, 2006.

 Wilhelm, Henry Gilmer, et Carol Brower. The Permanence and Care of Color Photographs: Traditional and Digital Color
Prints, Color Negatives, Slides, and Motion Pictures; Preservation Publishing Co., Iowa, 1993.

Documents clés
 American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE). « Museums, libraries and archives »,
dans 2003 ASHRAE Handbook: Heating, Ventilating, and Air-conditioning Applications, SI edition; American Society of
Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers, Inc., Atlanta (Géorgie), 2003, p. 21.1-21.16. (Remarque : l'édition de
1999 contient les mêmes spécifications relatives à la régulation de la température et de l'HR, hormis les révisions de l'édition de
2003 ayant trait à la pollution. Les éditions antérieures à celle de 1999 ne contiennent pas le chapitre intitulé « Libraries, Archives
and Museums ». Les nouvelles éditions de ce document sont publiées à chaque trois ou quatre ans. Les responsables de musées
devraient supposer que les experts-conseils utilisent l'édition la plus récente de l'ouvrage.)
 Michalski, S. Directives concernant l'humidité et la température dans les archives du Canada. Bulletin technique de l'ICC
n° 23; Institut canadien de conservation, Ottawa, 2000.

Glossaire
Coefficient de dilatation thermique : Augmentation fractionnaire de la longueur d'un matériau causée par un accroissement d'un degré de la
température. Consulter le document de Michalski (1991), pour un examen détaillé de certaines valeurs et sources.

K : Symbole du degré Kelvin, l'unité de température du système métrique utilisée par les scientifiques; selon les conventions, 0 K
représente le zéro absolu et la forme abrégée de « degré Kelvin » ne comporte pas le symbole du degré (°). Une variation de 1 K est
équivalente à une variation de 1 °C et, conséquemment, une variation de 5 K peut être remplacée par l'expression « variation de 5 °C ». Le
point de congélation de l'eau est de 0 °C ou 273,15 K. Les ingénieurs européens et canadiens ont tendance à utiliser les degrés Celsius
(°C), mais l'édition du manuel utilisé par les ingénieurs des États–Unis (ASHRAE, 2003), qui devrait respecter les normes du SI, présente
un mélange des deux unités, soit l'emploi des degrés Celsius (°C) pour les spécifications des points de consigne, et celui des degrés kelvin
(K) pour celles ayant trait aux variations de température.

Figure 2. Mme Betty Walsh, restauratrice d'archives au Royal British Columbia Museum, se tient à proximité des congélateurs verticaux
utilisés, au cours de la dernières décennie, pour entreposer des documents photographiques. En médaillon, le système de sacs doubles qui
assure la régulation de l'humidité.

Extret de: http://www.cci-icc.gc.ca/resources-ressources/agentsofdeterioration-


agentsdedeterioration/chap09-fra.aspx#vignette9

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