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Chapitre VIII

Les fondements des échanges


internationaux
Introduction

Le développement des échanges internationaux est fondé sur un ensemble


théorique qui s’est développé à partir de la fin du XVIIIe siècle, montrant les
raisons et l’intérêt de la spécialisation de la production des nations puis la
nouvelle répartition des activités au niveau mondial.

Paragraphe Ier : Les explications traditionnelles de l’échange international

A. La justification de l’échange international

1. L’approvisionnement en biens non disponibles sur le territoire


Chaque pays ne peut produire l’ensemble des produits nécessaires à sa
population. Ainsi, l’échange international permet à chaque nation de se procurer
les biens indisponibles sur son territoire. Par exemple, les réserves françaises de
pétrole comme de gaz sont extrêmement faibles et ne lui permettent pas de
satisfaire les besoins des consommateurs et des entreprises françaises. La France
doit donc en importer des autres pays mieux dotés en ressources énergétiques.

2. La théorie des avantages absolus (Adam Smith)


Les théories classiques (ou libérales) de l’échange international montrent que les
nations ont intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles les coûts
sont les plus bas.
Les avantages de la spécialisation et de l’échange international ont été mis en
évidence à la fin du XVIIIe siècle par Adam Smith (1723-1790), auteur classique
anglais.
Il fonde son analyse sur les avantages absolus qu’un pays peut posséder sur un
autre. En effet, une nation détient un avantage absolu dans l’échange
international lorsqu’elle produit et vend un bien à un prix inférieur à celui des
nations concurrentes.

.
Ainsi, un pays aura intérêt à se spécialiser pour vendre la production dans
laquelle il détient un avantage absolu et à se procurer auprès d’autres nations des
produits à meilleur marché que s’il les produisait lui-même.
Cette spécialisation internationale mène à une division internationale du travail.
La théorie des avantages absolus présente une limite majeure concernant les
nations ne disposant d’aucun avantage absolu.

B. Les critères de spécialisation des pays

1. La théorie des avantages comparatifs (David Ricardo)


David Ricardo (1772-1823), auteur classique anglais également, résout
l’impasse de la théorie de Smith en montrant que chaque nation doit se
spécialiser dans les productions dans lesquelles elle connaît le moindre
désavantage, c’est-à-dire pour lesquelles elle dispose de la productivité la plus
forte ou la moins faible vis-à-vis de ses partenaires. Cette production est celle
pour laquelle elle détient un « avantage comparatif » lui permettant d’accroître
la richesse nationale.
Un avantage comparatif est donc un avantage obtenu par une nation dans
l’échange international lorsque, comparativement aux autres biens, son
désavantage sur un bien, en termes de coût et de prix de vente, est moindre.
Grâce à l’échange international, les nations obtiennent une quantité de biens plus
importante que celle dont elles disposaient sans spécialisation. Ainsi, les
richesses mondiales augmentent.

2. La spécialisation selon la dotation en facteurs de production  : le


théorème HOS
L’analyse de David Ricardo est faite dans l’optique de l’économie classique, qui
fonde la valeur des choses sur le travail nécessaire à leur production. Les
différences entre pays sont essentiellement appréhendées en termes de
productivité du travail. Les autres facteurs de production, notamment le capital
(machines et équipements), sont négligés.
Aussi, trois auteurs suédois, Heckscher, Ohlin et Samuelson, cherchent à
expliquer la configuration des échanges. Le théorème HOS (ou théorie des
dotations de facteurs) montre que les nations se spécialisent dans les productions
qui incorporent une forte quantité de facteur de production qu’elles détiennent
en abondance (donc, au départ, le moins cher).
Ainsi, si une nation possède une main d’œuvre abondante comme la Chine ou
l’Inde, elle aura intérêt à se spécialiser dans des productions qui nécessitent
beaucoup de travailleurs (textile par exemple), car c’est un facteur qui lui
coûtera peu cher comparativement aux autres.

.
Paragraphe II : Les nouvelles approches du commerce international

A. La réalité des échanges internationaux


Il apparaît de plus en plus que les théories traditionnelles sont incapables
d’expliquer les caractéristiques et l’évolution des échanges actuels.
La théorie ricardienne explique les échanges de produits différents entre pays
différents. Mais dans les faits, l’essentiel du commerce international se réalise
entre pays semblables qui s’échangent des produits substituables.
– Le commerce intrabranche représente les échanges internationaux de produits
réalisés à l’intérieur d’une même branche de l’industrie ou des services (branche
agroalimentaire, branche aéronautique, etc.). Le développement du commerce
intrabranche contredit l’idée d’une spécialisation des pays en fonction de leurs
dotations en facteurs de production (théorème HOS), dès lors que des pays
également dotés participeraient aux échanges internationaux dans les mêmes
branches d’activité.
– De même, le développement plus rapide des échanges entre les pays
développés par rapport aux pays moins développés contredit les conclusions des
théories classiques qui voudraient que chaque pays tire parti de l’échange
international en se spécialisant dans les productions où il trouve un avantage.

B. Les apports des nouvelles théories du commerce international


À la suite de nombreux autres auteurs, Paul R. Krugman, économiste américain,
met l’accent sur la différenciation des produits pour expliquer le développement
des échanges intrabranches.
Les consommateurs désirant davantage de variété, les entreprises différencient
leur production pour répondre à ce besoin et chercher à obtenir une situation de
monopole en rendant leur produit unique. Dans ce cadre, l’échange international
permet à la fois de répondre à cette demande de variété des consommateurs,
mais il permet également une mise en concurrence des entreprises aboutissant à
une baisse des prix permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des
consommateurs.

Paragraphe III : La nouvelle division internationale du travail (DIT)

A. La DIT reflète la spécialisation des pays


La division internationale du travail (DIT) désigne le fait que les pays se sont
spécialisés pour produire certains biens économiques : ils ne travaillent pas tous
sur les mêmes produits et, de ce fait, échangent entre eux leur production.

.
Cette spécialisation de pays ou zones repose initialement sur les simples
avantages comparatifs des différents pays, pour évoluer vers une décomposition
internationale du processus productif (DIPP) : les entreprises organisent et
structurent leurs activités au niveau mondial.
La DIPP correspond au fait que les firmes délocalisent certains morceaux ou
segments de la chaîne de production en plusieurs pays pour tenir compte des
avantages de chacun d’eux.
Exemple : la fabrication du Boeing 787.

B. La nouvelle DIT : les flux mondiaux d’échange


La DIT traditionnelle attribue aux pays développés la fabrication des biens
manufacturés et des services ; et aux pays plus pauvres, souvent les pays du Sud,
la fourniture des produits primaires en général (produits agricoles, matières
premières). Cependant, au fur et à mesure du développement des techniques,
mais aussi des pays, la division internationale du travail se transforme. Ainsi,
certains pays du Sud se sont mis à fabriquer des produits manufacturés courants
(textiles, par exemple), puis des produits intégrant de plus en plus de
technologies au fur et mesure du développement des qualifications de leur main
d’œuvre, ainsi que des services (Inde).
On parle alors de « nouvelle division internationale du travail » pour désigner la
spécialisation actuelle des pays : les nouveaux pays industrialisés, asiatiques
surtout, produisent aujourd’hui des produits manufacturés, y compris des
produits haut de gamme. Aujourd’hui, des pays comme la Corée du Sud ou le
Brésil exportent les automobiles, des missiles, des ordinateurs, etc.
Les pays développés fabriquent surtout les produits technologiques et les
services dont la production nécessite de hautes qualifications. Ils restent les
leaders du commerce international, mais leur position s’érode petit à petit en
faveur des pays émergents : s’ils réalisaient près de 80 % du commerce mondial
au début des années 2000, ils ne représentent plus que 55 % des commerce
mondial en 2015.
Les pays les plus pauvres restent cantonnés dans les produits primaires à faible
valeur ajoutée.

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