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Introduction :
Léon Trotski de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein est né le 7 novembre 1879 à Ianovka
(dans l͛Ukraine actuelle) et est mort assassiné le 21 août 1940 à Mexico. Léon Trotski est un
révolutionnaire et homme politique russo-soviétique. Marxiste et membre du parti ouvrier social-
démocrate russe, il est arrêté en 1898 et déporté en 1900 en Sibérie, d'où il parvient à s'évader en
1902. Ayant pris le nom de Trotski, il se réfugie à Londres. Il y rencontre Lénine et est coopté au
comité de rédaction de l'Iskra (L'étincelle). Après la scission du parti entre les bolcheviks et
les mencheviks, il adopte une attitude conciliatrice qui le rapproche de ces derniers. Arrêté de
nouveau en Russie lors de la Révolution de 1905, il réussit encore une fois à s'évader et s'exile en
Europe puis en Amérique. Revenu à Petrograd, Léon Trotski prend une part active à la révolution
russe d'Octobre 1917 et rejoint le parti bolchevique dans lequel il est élu au comité central. Il devient
l'un des principaux collaborateurs de Lénine. Commissaire aux affaires étrangères puis commissaire à
la guerre pendant la guerre civile, il crée l'Armée Rouge qui permet la victoire des Soviets. En 1921,
Trotski dirige l'écrasement de la révolte des marins de Cronstadt, ralliés aux socialistes
révolutionnaires, adversaires des Bolcheviks. Après la mort de Lénine, Léon Trotski s'oppose à la
bureaucratisation du régime et à Staline qui réussit, avec Zinoviev et Kamenev, à l'éliminer. Exclu du
parti communiste en 1927, il est expulsé d'URSS en 1929. Léon Trotski s'exile successivement en
Turquie, en France, en Norvège, puis au Mexique où il continue à militer pour lecommunisme et la
révolution internationale. Il est aussi l͛auteur de plusieurs œuvres telle que : Histoire de la Révolution
russe (1931-1933), La Révolution trahie (1937).

En 1929, date de notre extrait, l͛URSS est sous le contrôle stalinien. En effet à la suite de la
mort de Lénine, une sorte de combat a opposé ses héritiers que sont Trotski et Staline. Dans son
testament, Lénine avait montré une préférence pour Trotsky mais Staline grâce à son poste de
secrétaire général du parti a réussi à le mettre à l͛écart. Il a ensuite pour imposer son pouvoir
introduit une grande bureaucratie dans l͛état soviétique et surtout il a éliminé tous ces opposants
notamment Trotsky qui est alors en exil.

La révolution permanente est rédigée entre 1928 et 1931 lors de son exil. L͛extrait est daté
du 30 novembre 1929 à Constantinople. Cette œuvre est un livre composé de 9 chapitres, le
neuvième étant c  
   
 qui nous est retranscrit intégralement ici.Il
argumente alors sa vision au travers de 14 points.Paragraphe 1: La théorie de la révolution
permanente a besoin d͛être revue pour des raisons contextuelles. Paragraphe 2, il développe l͛idée
que pour les pays en développement bourgeois retardataire, coloniaux ou semi-coloniaux, la
démocratie et la libération nationale ne peut se faire que par la dictature du prolétariat. Paragraphe
3, la question agraire et la question nationale ont un rôle primordial dans la révolution
démocratique. Pour se faire une alliance entre la paysannerie et le prolétariat est nécessaire et ne
peut être réalisé que par la lutte contre la bourgeoisie libérale. Dans le paragraphe 4, il nous dit que
dans toutes révolutions dans tous pays et quelques soient les étapes, l͛alliance révolutionnaire du
prolétariat et de la paysannerie est concevable que si le prolétariat mène et s͛organise en parti
communiste. Paragraphe 5, il revient sur l͛origine de l͛expression «dictature démocratique du
prolétariat et de la paysannerie » qui est l͛expression de rapports entre le prolétariat, la paysannerie
et la bourgeoisie libérale mais sans les définir exactement. Paragraphe 6, Trotsky nous parle de
l͛impossibilité de la création d͛un parti révolutionnaire indépendant par la paysannerie car celle-ci
est tiraillée entre le prolétariat et la bourgeoisie libérale. Paragraphe 7,il critique l͛internationale
communiste qui pour lui possède un programme dont les idées trahissent le marxisme et la
révolution d͛Octobre. Paragraphe 8, la dictature du prolétariat pour lui est inévitable et dès les
premiers temps, celle-ci devra s͛attacher à résoudre plusieurs problèmes. La révolution
démocratique se transformera alors en révolution socialiste qui deviendra une révolution
permanente. Paragraphe 9, il soutient que la conquête du pouvoir par le prolétariat n͛est pas une fin
de révolution mais un début. Il ajoute qu͛il est conscient que quand elle arrivera elle amènera avec
elle violence et cela dans tous les pays. Paragraphe 10, la révolution socialiste pour lui ne se limite
pas à une nation car la société bourgeoise elle est capable de s͛étendre au-delà du cadre national.
Elle commence au niveau national puis se développe à l͛internationale enfin s͛étend au niveau
mondial. Paragraphe 11 il écarte toute classification de pays « mûrs » « non mûrs » établie par
l͛Internationale communiste. Paragraphe 12, Il rejette la théorie du socialisme dans un seul pays.
Paragraphe 13, il attaque la théorie de Staline du point de vue des développements révolutionnaires
dans les pays arriérés. La théorie du socialisme national entraîne la chute de l͛Internationale
communiste. Enfin dans le paragraphe 14,Trotskydénonce l͛absurdité que l͛internationale veuille
incorporer la théorie du socialisme dans un seul pays dans son programme.

On peut donc se demander en quoi à travers ce texte, Léon Trostky développe-t-il le concept
marxiste de la révolution permanente notamment en opposition au concept Stalinien de la
révolution dans un seul pays ?

Pour se faire nous verrons dans une première partie les bases de la révolution, puis dans une
deuxième partie, nous étudierons le développement de la révolution permanent et enfin dans une
troisième partie, nous verrons les contradictions qu͛apporte son caractère international.

I.? Les bases humaines de la révolution.


A. ? L͛alliance nécessaire entre le prolétariat et la paysannerie.

Pour Marx, l͛histoire de toute société est l͛histoire de la lutte des classes. Il existe en gros 3
classes : le prolétariat ou la classe ouvrière qui vend sa force de travail au capitalistes (ou patrons)
qui achètent cette force de travail et l͛exploitent pour en extraire la plus-value (la différence entre le
travail effectué » pour produire une marchandise et ce que paye l͛employeur) et entre les deux, une
masse dite petite-bourgeoisie (petits paysans, commerçants, artisans, enseignants, techniciens, et
autres professions intellectuelles). Dans le texte on retrouve ce schéma, en effet Trotsky fait la
distinction entre le « prolétariat » ligne 11 par exemple, les « masses paysanne » ligne 11-12, et la
« bourgeoisie libérale » ligne 18.

Ces trois classes ont des liens d͛opposition ou d͛alliance, Trotsky nous dit dans le point 3 qu͛il
faut une « Alliance entre le prolétariat et la paysannerie », pour lui cette alliance doit s͛opposer à la
bourgeoisie libérale en vue de la réalisation de la révolution. Cette alliance est nécessaire pour
Trotsky, ligne 14 « La paysannerie, qui constitue l'énorme majorité de la population des pays arriérés,
[doit jouer] un rôle primordial dans la révolution démocratique ». En effet dans les pays arriérés le
nombre de prolétaires n͛est pas assez suffisant pour accomplir la révolution, Trotsky était au milieu
des 20͛s, parfaitement conscient de la fragilité d͛une révolution dont la base ouvrière et urbaine était
laminée, et de la nécessité de composer avec une paysannerie arriérée constituant la majorité
écrasante de la population. Il faut donc une alliance avec la paysannerie. Même si cette dernière est
loin d͛être homogène et est tiraillé entre le prolétariat et la bourgeoisie, c͛est ce que nous rappelle
Trotsky dans le point 6 en disant ligne 46-47 que la paysannerie « manque d͛indépendance
économique » et a « une profonde différenciation interne ».

En effet, on peut prendre l͛exemple de la Russie dans laquelle la paysannerie est dispersée
sur la surface du pays dont les points de ralliement sont les villes. La paysannerie elle-même est
incapable de formuler ses propres intérêts car, dans chaque district, ses intérêts ont un aspect
différent. Le lien économique entre les provinces est créé par le marché et les chemins de fer, mais
l'un et les autres sont entre les mains des villes. En cherchant à s'affranchir des limitations du village
et à généraliser ses propres intérêts, la paysannerie tombe inéluctablement sous la dépendance de la
ville. Enfin, la paysannerie est également hétérogène dans ses relations sociales : la couche des
koulaks cherche naturellement à l'entraîner vers une alliance avec la bourgeoisie des villes, tandis
que les couches des paysans pauvres sont portées vers les travailleurs urbains. Sous ces conditions, la
paysannerie comme telle est complètement incapable de conquérir le pouvoir.

Cette alliance est donc nécessaires pour tous, et Trotsky ligne 29 prend l͛argument historique
de je cite « l͛expérience d͛octobre », il s͛agit bien entendu de la révolution de 1917, pendant laquelle
les paysans avait participé. En effet pendant cet été 1917, les paysans passent à l͛action, et
s͛emparent des terres des seigneurs, sans plus attendre la réforme agraire promise et constamment
retardée par le gouvernement. Cependant le rôle politique de la paysannerie n͛est pas le même que
celui du prolétariat, c͛est ce que nous allons voir dans un grand B.

B. ? Le prolétariat dirigeant.

L'expérience historique n͛admet pas un rôle politique indépendant à la paysannerie, ligne 35


« Ne peut être un rôle indépendant et encore moins un rôle dirigeant. ». D͛après Trotsky l'idée de la
"dictature du prolétariat et de la paysannerie" qu͛il qualifie d͛ancien mot d͛ordre bolchévique » ligne
26, est claire. Elle est considéré comme irréalisable dans le sens direct et immédiat car au départ la
paysannerie participera à la révolution, mais, une fois satisfaite par le partage des terres et son droit
de s͛organiser, elle s͛en détournera. Il va alors définir les rapports politiques entre ces deux classes.

Si l͛alliance entre le prolétariat et la paysannerie est nécessaire, pour Trotsky il est clair que le
prolétariat prend la tête et dirige la révolution. Par plusieurs formules il énonce cette idée de
hiérarchie dans le rôle politique de ces deux classes : ligne 10-11 « Leurs  
 

 

ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation
opprimée, avant tout de ses masses paysannes. » ou encore ligne 24 « dictature du prolétariat qui
s͛appuie sur son alliance avec la paysannerie ». On peut donc dire que les masses paysannes seront
entraînées dans le mouvement révolutionnaire dans des proportions toujours croissantes. Mais elles
sont uniquement capables d'augmenter l'anarchie politique du pays et de cette façon d'affaiblir le
gouvernement; elles ne peuvent pas constituer une armée révolutionnaire solidement soudée. Par
conséquent, avec le développement de la révolution, une part toujours plus grande du travail
politique incombera au prolétariat.

De plus Trotsky caractérise cette direction politique, ligne 21 « La direction politique de


l'avant-garde prolétarienne organisée en parti communiste ». L͛existence d͛un parti est essentielle.
En effet la théorie de la révolution permanent n͛est pas purement descriptive de réalité. Et en cela
l͛un des ingrédients de son succès pour Trotsky est l͛existence d͛un parti ouvrier indépendant qui fait
de la révolution socialiste son but et fait les alliances nécessaires pour y parvenir. La révolution
permanente est ainsi une perspective, une évaluation de circonstances sociales objectives combinées
avec ce qu'un parti- ou un mouvement ouvrier plus large - peut réaliser en fonction des
circonstances et s'il sait en tirer partie. C͛est donc le rôle du parti. On peut ajouter que pour Trostky,
le parti doit se subordonner à son propre appareil, il exigeait une démocratisation de la vie du parti
bolchevik, cela va de pair avec son rejet de la bureaucratisation mise en place par Staline. Pour
Trotsky le parti doit être un exécutant du pouvoir, et pour lui un parti ne peut être révolutionnaire
que si l͛appareil est son exécutant et non son maître.

Néanmoins, ce « Parti révolutionnaire indépendant » qu͛il cite ligne 41 et qui doit «Conquérir
le pouvoir et [͙] déterminer le programme révolutionnaire » ligne 43, n͛est réalisable que sur la base
du prolétariat. Dans le point six Trotsky émet l͛hypothèse d͛une, je cite « dictature démocratique du
prolétariat et de la paysannerie », qu͛il admet possible si la paysannerie arrive à construire un parti
révolutionnaire indépendant, mais pour lui c͛est impossible notamment en raison de l͛hétérogénéité
de cette classe. On peut donc voir que pour Trotsky, l͛existence d͛un parti qui défend les intérêts de
ses partisans est essentielle dans le processus révolutionnaire ne serait-ce qu͛en termes
d͛organisation. Et c͛est le prolétariat qui semble le plus à même à le construire et donc à conquérir le
pouvoir et déterminer le programme révolutionnaire en vue de la révolution socialiste.

Ainsi, la révolution permanente se fait avec à sa tête le prolétariat organisé en parti soutenu
par la paysannerie, voyons maintenant dans un grand II, le déroulement et les caractéristiques de
cette révolution.

II.? Le déroulement de la révolution permanente.


Dans cette seconde partie, comme son nom l͛indique nous nous attacherons à comprendre le
déroulement de la révolution permanente voulue par Léon Trotsky. Cette révolution est à la fois une
révolution sans étapes, qui peut avoir lieu dans tous les pays et qui doit pour atteindre son but être
mondiale.

A.? Une révolution sans étapes͙

p.4« Quelles que soient les premières étapes épisodiques de la révolution». La notion de
révolution permanente s͛oppose à celle de révolution par étapes. La théorie de la révolution par
étapes était, elle, soutenue par lesstaliniens opposés à Trotsky.Cette conception voulait que dans les
pays où le mode de production féodale et la monarchie étaient encore en cours, comme en Russie
avant 1905, la première révolution devait être une révolution de type bourgeois qui instaurerait le
capitalisme et des régimes "démocratiques" de type parlementaire. Dans ce cadre, le prolétariat,
encore en formation en tant que classe, devait n'être que l'allié de l'aile libérale de la bourgeoisie. Le
capitalisme ainsi pourrait se développer durant des décennies et avec lui la classe ouvrière, qui
pourrait se forger tranquillement ses armes politiques pour arriver à la seconde étape de la
révolution : la révolution socialiste. Donc cettedernière laisse entendre qu͛il va d͛abord falloir obtenir
la démocratie ou d͛abord l͛indépendance, d͛abord la naissance d͛un Etat ou d͛abord telle ou telle
revendication de tel ou tel groupe social.
p8 « La révolution démocratique, au cours de son développement, se transforme directement en
révolution socialiste et devient ainsi une révolution  
. ».La révolution permanente
suppose au contraire que toutes les questions sont liées, qu͛elles le seront concrètement au sein
d͛une même révolution ayant une perspective socialiste et dirigée par le prolétariat
révolutionnaire.Léon Trotskyexpliquait lui-même dans « La révolution permanente » : « Il est absurde
de dire qu͛on ne peut jamais sauter par-dessus les étapes. Le cours vivant des événements
historiques saute toujours par-dessus les étapes qui sont le résultat d͛une division théorique de
l͛évolution prise dans sa totalité, c͛est-à-dire dans son ampleur maximale et, aux moments critiques,
il exige le même souci dans la politique révolutionnaire. On peut dire que la capacité de reconnaître
et d͛utiliser ces moments distingue avant tout le révolutionnaire de l͛évolutionniste vulgaire. »

Pour Trotsky p.8 «La dictature du prolétariat qui a pris le pouvoir comme force dirigeante de la
révolution démocratique est inévitablement et très rapidement placée devant des tâches qui la
forceront à faire des incursions profondes dans le droit de propriété bourgeois. » et p9 « La conquête
du pouvoir par le prolétariat ne met pas un terme à la révolution, elle ne fait que l͛inaugurer ». La
dictature du prolétariat est le point d'appui principal de la révolution prolétarienne. Elle est destinée
dans un premier temps à écraser la résistance des exploiteurs vaincus et vaincre tous leurs efforts de
restauration du capitalisme, à consolider les conquêtes et victoires de la révolution et ensuite à
conduire la révolution jusqu'à la victoire complète et définitive du socialisme. Donc pour autant,
Trotsky avançant cette notion de la révolution sans étapes, n͛en oublie pas pour autant la nécessité
au lendemain de la prise du pouvoir par le prolétariat d'accomplir destâches fondamentales.
Par ailleurs, dans les limites d͛un seul pays, le nouveau pouvoir ne pourra pas résoudre les problèmes
auxquels il se trouvera confronté. La révolution devra nécessairement se développer au-delà des
frontières nationales, et notamment dans les pays les plus industrialisés. La révolution commence
dans le cadre d͛un seul pays, mais ne peut aboutir que dans un cadre plus large.

B. ? ͙ qui peut avoir lieu dans tous pays ͙

p11 «Le schéma du développement de la révolution͙ des pays "mûrs" ou "non


mûrs" ». Pratiquement tous les marxistes de l'époque, de Kautsky à Plekhanov en passant par Lénine,
croyaient que seuls les pays industriellement avancés étaient mûrs pour la révolution socialiste. Plus
simplement, ils pensaient que les pays réaliseraient le pouvoir des travailleurs en stricte conformité
avec l͛état d'avancement de leur technologie. Ce n'est qu'après un long processus de développement
industriel et une transition par un régime bourgeois parlementaire, que la classe ouvrière serait
suffisamment mûre pour envisager la question d'une révolution socialiste. Trotsky lui rejette cette
idée en bloc.

p11 « Les différents pays y arriveront avec des rythmes différents. ». Pour Trotsky, c͛est le
programme révolutionnaire qui est le premier impliqué par la question de la révolution permanente.
Il s͛agit de rendre consciente la liaison entre les revendications démocratiques et la question sociale
telle qu͛elle est posée par le prolétariat révolutionnaire. Cette liaison doit être mise en évidence par
le programme qu͛il s͛agisse d͛un pays impérialiste, d͛un pays développé ou d͛un pays pauvre ayant
des restes féodaux plus ou moins marqués. Dans tous ces cas, le programme prendra un tour
différent et cependant il sera indispensable de marquer, dans tous ces cas, le caractère permanent
de la révolution.
p9 « Qu͛il s'agisse d'un pays arriéré qui vient d'accomplir sa révolution démocratique ou d'un
vieux pays capitaliste qui a déjà passé par une longue période de démocratie et de
parlementarisme. ».P11, l.6 à 14 il envisage différents cas de figures.Trotsky faisait remarquer, que
les pays se développaient et avançaient dans une large mesure indépendamment les uns des autres,
selon des modalités qui ont été quantitativement inégales (par exemple, le taux local et la portée de
la croissance économique et la croissance démographique) et qualitativement différents (par
exemple à l'échelle nationale des cultures spécifiques et les caractéristiques géographiques).En
d'autres termes, les pays ont leur propre histoire spécifique avec des particularités nationales. Mais
dans le même temps, tous les différents pays n'existait pas dans un isolement complet de l'autre, ils
étaient aussi des éléments interdépendants d'une société mondiale, un plus grand ensemble, dans
lequel ils coexistaient tous ensemble, dans lequel ils ont partagé de nombreuses caractéristiques, et
dans lequel ils se sont influencés mutuellement à travers des processus de diffusion culturelle , le
commerce, les relations politiques et divers "effets de débordement» d'un pays à l'autre.

Ce qui nous amène à notre C).

C.? ͙ et qui doit avoir lieu mondialement.

Donc, Trotsky y ajoute l͛aspect international montrant que l͛instauration de la dictature du


prolétariat ne signifie pas la construction indépendante du socialisme.

« La révolution socialiste ne peut être achevée dans les limites nationales», p10.« La
révolution socialiste commence sur le terrain national, se développe sur l'arène internationale et
s'achève sur l'arène mondiale. » p10.« Elle ne s'achève que dans le triomphe définitif de la nouvelle
société sur toute notre planète. » p10. Un élément important de la théorie est donc le caractère
international de la future révolution. Elle débuterait à l'échelle nationale mais ne pourrait s͛accomplir
complètement que par la victoire de la révolution dans les pays les plus développés.La révolution ne
s͛arrête pas à la révolution dans un seul pays. Elle ne s͛arrête pas à telle ou telle étape. Elle change
fondamentalement la société. Jusqu͛à la destruction de l͛Etat. Jusqu͛à la suppression des classes.
Jusqu͛à la suppression du système d͛exploitation.Par conséquent, la révolution dans les pays arriérés
mènera à des convulsions révolutionnaires dans les pays avancés. Trotsky affirmait alors que le
caractère de la révolution russe serait déterminé, en dernière analyse, non par des conditions
nationales, mais internationales. Aux pédants mencheviques, qui ne cessaient d͛expliquer que la
Russie était trop en retard économiquement pour se lancer dans un programme de développement
économique socialiste, Trotsky répliquait qu͛on ne pouvait évaluer correctement le potentiel
économique de la Russie si on ne considérait que son niveau de développement national et les
ressources nationales à sa disposition. La véritable dynamique du développement russe ne pouvait
être comprise que dans le contexte de l'économie mondiale et des relations politiques
internationales dans lesquelles elle existait réellement.

p.10 « Une des causes essentielles de la crise de la société bourgeoise vient de ce que les
forces productives qu'elle a créées tendent à sortir du cadre de l'Etat national.» p.11 « Dans la
mesure où le capitalisme a créé le marché mondial, la division mondiale du travail et les forces
productives mondiales, il a préparé l'ensemble de l'économie mondiale à la reconstruction
socialiste. » p.12 « La division mondiale du travail, la dépendance de l'industrie soviétique à l'égard
de la technique étrangère, la dépendance des forces productives des pays avancés à l'égard des
matières premières asiatiques, etc., rendent impossible la construction d'une société socialiste
autonome, isolée dans n'importe quelle contrée du monde. » Ces citations du texte illustre bien le
rapport que met en avant Trotsky entre le capitalisme et la nécessité d͛une révolution internationale.
Il s͛agit en quelque sorte de combattre l͛ennemi par ses propres armes et de le laisser avancer
amenant par lui-même la nécessité d͛une révolution.Dans chaque endroit du monde, les travailleurs
doivent être au centre du combat pour la transformation sociale et démocratique. C͛est vrai dans les
pays dominés par l͛impérialisme comme dans les centres impérialistes eux-mêmes.Le capitalisme
étant un système global, chaque lutte dans un endroit du monde doit être pensé dans sa relation
avec le contexte mondial.

La révolution permanente développée par Léon Trotsky est donc une révolution sans étapes, qui
peut avoir lieu dans tous les pays et qui doit pour arriver à la victoire contre le système se développer
mondialement.

III.? Les conséquences du caractère international de cette révolution.

A. ? L͛absurdité de la théorie du « socialisme dans un seul pays » pour Trotski.

Dès son premier point Trotsky montre que sa théorie de la révolution au moment où il écrit
est importante à comprendre. C͛est pourquoi il dit ligne 3 qu͛elle « Exige actuellement la plus grande
attention de la part de tout marxiste ». En effet il se place dans un contexte où Staline fait prévaloir
sa théorie du « socialisme dans un seul pays ». Ces deux théories sont à cette époque les deux
théories qui s͛opposent le plus. Au point 12, lui-même les oppose, ligne 97-98 « La théorie du
socialisme dans un seul pays, qui a germé sur le fumier de la réaction contre Octobre, est la seule
théorie qui s'oppose d'une manière profonde et conséquente à la théorie de la révolution
permanente. ». On peut même dire que tout le stalinisme, sur le plan théorique, se développa par la
critique de la théorie de la révolution permanente telle qu'elle a été formulée en 1905 notamment.

Bien entendu pour Trotsky, la théorie du « socialisme dans un seul pays » est absurde et
irréalisable. Ligne 102-103, « La renonciation à une attitude internationale mène inévitablement
au 
national, c'est-à-dire à la reconnaissance d'avantages et de particularités
spécifiques ». La stratégie de la « construction du socialisme dans un seul pays » défendue par S,
subordonne les chances de la révolution mondiale aux intérêts de la bureaucratie soviétique : même
s͛il est vrai que celle de la « révolution permanente » de Trotsky et le courant appelé l͛Opposition de
gauche subordonne l͛avenir de la révolution russe à l͛extension de la révolution mondiale. C͛est aussi
pour cette raison que la théorie de Staline a fait des adeptes, elle plaçait la révolution russe comme
modèle et faisait de la Russi un pays à part. C͛est pourquoi le caractère nécessairement international
a été combattu avec force par les staliniens et la bureaucratie. Elle pouvait remettre en cause leur
pouvoir et leurs privilèges a fortiori quand ceux-ci visaient le statu quo avec les pays capitalistes.

De plus, pour Trotsky la révolution socialiste ne peut pas se maintenir dans un seul pays. Si
les révolutions se font nécessairement dans un cadre national, la révolution socialiste au niveau
national ne peut pas être un but en soi. Et elle ne peut être réalisée, ligne 76-77 « La crise de la
société bourgeoise vient de ce que les forces productives qu'elle a créées tendent à sortir du cadre
de l'Etat national. » et ligne 105 à 108 « La division mondiale du travail, la dépendance de l'industrie
soviétique à l'égard de la technique étrangère [͙] rendent impossible la construction d'une société
socialiste autonome». On voit que pour Trotsky, l͛interdépendance et les liens économiques entre les
pays ne permettent pas une révolution socialiste nationale, c͛est pourquoi il faut encourager les
révolutions dans les autres pays, chose également que la théorie du « socialisme dans un seul pays »
freine.

En effet c͛est l͛objet du point 13, le non-soutien aux révolutions socialistes dans les autres
pays ce que déplore Trotsky. Ces théories contraires impliquent des réponses divergentes face aux
principaux évènements internationaux : sur la deuxième révolution chinoise de 1927, sur la montée
du nazisme en Allemagne et, plus tard sur la guerre civile en Espagne et sur le pacte germano-
soviétique. L͛exemple de la deuxième révolution chinoise de 1927 est pour le contexte de l͛écriture le
plus pertinent. Dès 1925, un essor révolutionnaire apparait en Chine soutenu par l͛Opposition de
Gauche formé par Trotsky, Kamenev et Zinoviev, mais Staline exige que les communistes chinois se
subordonnent au général nationaliste Tchang Kai Tchek et impose aux ouvriers et paysans de ne rien
faire qui puisse aller à l͛encontre du « Kuomintang », le parti de Tchang Kai Tchek que Trotsky cite
ligne 50. L͛opposition incarnée par Trotsky, kamenev et Zinoviev dénonce cette politique.

Le caractère international de la révolution permanente opposé au socialisme dans un seul


pays entraine donc des problèmes au niveau de la politique internationale mais aussi des problèmes
au niveau de l͛Internationale communiste.

B. ? Le problème de l͛Internationale et son rejet actuel.

Le texte étudié est empreint d͛une critique que fait Trotsky à l͛international communiste ou
IIIème Internationale pour cette époque. Pour lui Staline qui en a pratiquement pris la direction
depuis 1926 ne fait que trahir le marxisme, il s͛en prend également à « Boukharine » qu͛il cite ligne
108 et 126 qui a écrit le programme cette internationale, il est le chef de l͛internationale communiste
de 1926 à 1928. Exilé en Turquie à partir de 1929, Trotsky profita de sa retraite forcée pour
approfondir le bilan des dix années d͛expérience révolutionnaire. Cette réflexion fournit la matière
des essais sur 
  , publiés à Istanbul en 1929. Dans sa critique du programme de l͛IC,
Trotsky condamnait l͛abandon du mot d͛ordre des Etats-Unis socialistes d͛Europe. Il rejetait la
confusion entre sa propre théorie de la révolution permanente et celle de l͛offensive en permanence
de Boukharine.

Ligne 84 : « Classification pédante et figée que le programme actuel de l'Internationale


communiste a établie », ici aussi Trotsky critique les faits et gestes de l͛IC, la classification entre les
pays mûrs et non mûrs est complétement absurde du point de vue notamment de sa théorie comme
on l͛a vu dans le grand II. Trotsky critique beaucoup le programme de l͛international communiste, car
pour lui celle dernière devrait aider les autres partis communistes à faire la révolution pour pouvoir
accomplir la révolution sociale mondiale, les soutenir et non la diriger en avortant quelques succès
comme aurait pu être la deuxième révolution chinoise de 1927.

Dans le point 7, Trotsky nous dit que la « dictature du prolétariat et de la paysannerie » est
un mot d͛ordre imposer dans un «sens réactionnaire» ligne 55 et aussi qu͛ « introduire ce mot
d'ordre dans le programme de l'Internationale communiste signifie véritablement trahir le marxisme
et les traditions d'Octobre du bolchevisme. » ligne 59 à 61. Comme nous l͛avons vu dans la première
partie seul le prolétariat doit diriger réellement la révolution, pour Trotsky adopter cette formulation
c͛est accepter, comme on l͛a appelé, la stalinisation de l͛internationale communiste, pourtant en
1929, Trotsky se défend encore de vouloir créer une nouvelle internationale, il dit que «c͛est une
idée entièrement fausse ». Néanmoins il réaffirme la nécessité de l͛opposition de gauche, ligne 129-
130 : « La lutte de l'opposition communiste de gauche pour une politique juste et un régime sain
dans l'Internationale communiste est indissolublement liée à la lutte pour un programme marxiste. »

Le problème de la stalinisation de l͛internationale communiste est évident, il est difficile de


faire coïncider la théorie du socialisme dans un seul pays et le principe même de l͛internationale. On
retrouve cela dans les points 13 et 14 du texte, « La théorie du socialisme national dégrade
l'Internationale communiste » ligne 120 et ligne 127 « Une tentative désespérée pour unir la théorie
du socialisme dans un seul pays à l'internationalisme marxiste ». La concordance théorique est très
difficile à mettre en place mais c͛est parce qu͛en pratique l'Internationale doit surtout servir les
intérêts nationaux de l'Union soviétique, assimilés hâtivement à ceux du prolétariat mondial, pour
Staline la révolution ne s͛étendra pas grâce à l͛internationale mais grâce aux conquêtes de l͛armée
rouge.

Conclusion :
La théorie de la révolution permanente selon Trotsky se développe donc ainsi. Elle se base
sur les rapports entre le prolétariat et la paysannerie. Une alliance entre elle est nécessaire pour
former cette révolution. De plus, dans ces rapports, le prolétariat est la clé. Il doit diriger la
paysannerie avec un parti indépendant formé pour mener la révolution. Cette révolution se définit
comme permanente aussi dans son déroulement puisqu͛elle refuse toute étape préliminaire
particulière elle peut donc ainsi se développer dans tous les pays et atteint alors un caractère
internationale prééminent. Ce caractère international rentre alors en totale opposition avec la thèse
du socialisme d͛un seul pays soutenue par Staline et vivement critiqué par Trotsky. Staline lui-même
à la tête du PCUS qui dirige l͛internationale communiste impose sa vision des choses dans cette
organisation. Trotsky met donc en évidence l͛incompatibilité du socialisme dans un seul pays avec le
principe même de l͛internationale communiste et la réalisation de la révolution socialiste mondiale.

Il s͛agissait pour lui de répondre à un problème précis qui se posait alors à de nombreux
militants communistes : quelle politique révolutionnaire était-il possible d͛opposer à celle de
l͛internationale Communiste sous contrôle des staliniens, politique stalinienne qui avait déjà conduit
le prolétariat à la catastrophe quelques années auparavant en Chine et qui s͛apprêtait à en fait
autant en Espagne ?La rédaction de « la Révolution Permanente » était donc avant tout une réponse
concrète de Trotsky à ces militants qui cherchaient une ligne stratégique, réponse qu͛il développera
longuement par ailleurs dans toute sa correspondance de l͛époque avec les groupes trotskystes de
Chine, d͛Indochine et d͛Espagne. Son livre nous fait part des leçons du bolchevisme et de la
Révolution d͛Octobre 1917, actualisées à l͛intention de l͛avant-garde ouvrière des pays coloniaux ou
semi-coloniaux afin de l͛éclairer sur les tâches qu͛elle avait à accomplir et les obstacles qu͛elle avait à
surmonter pour être capable de mener le prolétariat à la victoire en entraînant derrière lui l͛essentiel
de la paysannerie.

Trotsky va alors mettre tout en œuvre pour fonder une IVème Internationale qui voit le jour
en 1938 et se pose comme plus révolutionnaire quela IIIème toujours dirigée par les staliniens.
L͛opposition entre Staline et Trotsky va mener de ce dernierà la mort. En effet,Trotsky meurt
assassiné le 21 août 1940 à Mexico d͛un pic à glace dans le crâne.

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