Vous êtes sur la page 1sur 33

Université Cadi Ayyad

Faculté des Sciences Juridiques,


Économiques et Sociales
Marrakech

Introduction à l’étude du droit


Économie-Gestion
Semestre 3
Groupe 2

Pr. Karim SEFFAR

2016-2017
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

Plan :
-p.4-Introduction
-p.4-Partie I : le droit objectif
-p.4-Chapitre I : la règle de droit
-p.4-Section I : Les caractéristiques de la règle de droit
-p.5-§1: La règle de droit est générale et abstraite
-p.5-§2 : La règle de droit est obligatoire et coercitive
-p.6-Section 2 : Les branches du droit
-p.6-§1 : Le droit public
-p.7-§2 : Le droit privé
-p.8-§3 : Les droits mixtes
-p.9-Chapitre II : Les sources du droit
-p.9-Section 1 : Les sources du droit interne
-p.9-§1 : Les sources traditionnelles
-p.9-A. Le droit musulman
-p.9-B. La coutume
-p.10-§2 : Les sources modernes
-p.10-A. Les sources formelles
-p.12-B. Les sources interprétatives
-p.13-Section 2 : Les sources du droit international
-p.13-§1 : Les sources écrites
-p.14-§2 : Les sources non écrites
-p.14-Partie II: Les droits subjectifs
-p.14-Chapitre I : Classification des droits subjectifs
-p.15-Section 1 : les droits patrimoniaux
-p.15-§1 : Les droits personnels
-p.15-§2 : Les droits réels
-p.15-A. Les droits réels principaux
-p.16-B. Les droits réels accessoires
-p.17-§2 : Les droits intellectuels
-p.17-Section 2 : Les droits extrapatrimoniaux
-p.17-§1 : Les différents types de droits extrapatrimoniaux
-p.17-§2 : Les caractéristiques des droits extrapatrimoniaux
-p.18-Chapitre II : Les sujets des droits subjectifs
-p.18-Section 1 : Les personnes physiques
-p.18-§1 : L'acquisition et la perte de la personnalité juridique
-p.19-§2 : Le régime de la capacité juridique
-p.19-A. La capacité d’exercice
-p.20-B. L’incapacité d’exercice
-p.20-Section 2 : Les personnes morales
-p.20-§1 : Les personnes morales de droit privé
-p.21-A. Les groupements à but lucratif
-p.22-B. Les groupements à but non lucratif
-p.22-§2 : Les personnes morales de droit public
-p.22-Chapitre III : Les sources des droits subjectifs
-p.22-Section 1 : Les actes juridiques
-p.23-§1 : L’acte unilatéral et la convention
-p.23-§2 : Les actes à titre gratuit et les actes à titre onéreux


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
-p.24-§3 : Les actes conservatoires, les actes d’administration et les actes de disposition
-p.24-Section 2 : Les faits juridiques
-p.24-§1 : Les faits de la nature
-p.25-§2 : Les faits de l’homme
-p.25-A. L’obligation de réparer
-p.25-B. L’obligation de restituer
-p.26-Partie III : L’organisation judiciaire du Royaume
-p.26-Chapitre I : Les juridictions dotées d’une compétence générale
-p.27-Section 1 : Les Tribunaux de première instance
-p.27-§1 : Organisation
-p.27-§2 : Attributions
-p.28-Section 2 : Les Cours d’appel
-p.28-§1 : Organisation
-p.28-§2 : Attributions
-p.28-Section 3 : La Cour de cassation
-p.28-§1 : Organisation
-p.29-§2 : Attributions
-p.30-Chapitre II : Les juridictions spécialisées
-p.30-Section 1 : Les juridictions administratives
-p.30-§1 : Les tribunaux administratifs
-p.30-A. Organisation
-p.30-B. Attributions
-p.31-§2 : Les cours d’appel administratives
-p.31-A. Organisation
-p.31-B. Attributions
-p.31-Section 2 : Les juridictions de commerce
-p.31-§1 : Les tribunaux de commerce
-p.32-A. Organisation
-p.32-B. Attributions
-p.32-§2 : Les cours d’appel commerciales
-p.32-A. Organisation
-p.33-B. Attributions


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

Introduction
A partir du moment où plusieurs personnes vivent en société, naît aussitôt le besoin d'ordonner
leurs conduites. Ces règles de conduite, éparses et diverses, composent un ensemble : le Droit.
Mais ce droit désigne plusieurs phénomènes. Tantôt, on entend par droit, l'ensemble des règles
juridiques, ce qu'on appelle le "droit objectif" ; tantôt, on entend par droit, telle ou telle
prérogative dont une personne est titulaire, dont elle est le sujet, on parle alors des "droits
subjectifs". Le droit recouvre deux ensembles différents, même s'ils se situent en relation.
L'objet du droit objectif est de délimiter les droits subjectifs des personnes. En cas de litige en
droit, différentes juridictions rendent des décisions qui s’imposent aux parties, pour trancher ces
litiges. L'introduction à la matière juridique nous amène à étudier le droit objectif (Partie I), les
droits subjectifs (Partie II) et enfin l'organisation judiciaire du Royaume (Partie III).

Partie I : Le droit objectif


Le droit est, en premier lieu, un ensemble de règles destinées à organiser la vie en société. Le
droit a pour ambition de régler les relations extérieures des hommes entre eux pour y faire
régner une certaine paix. Il a donc une finalité sociale. L'idée de droit ne peut être dissociée de
celle de règle. Cette relation entre la règle et le droit est le point de départ de la réflexion. Nous
envisagerons ce qui est commun à toutes les règles de droit (Chapitre I). Nous examinerons
ensuite comment naît la règle de droit, quelles en sont les sources (Chapitre II).

Chapitre I : La règle de droit


Lorsqu'on étudie la règle de droit objectif, cela signifie qu'on prend en considération la règle de
droit, en elle-même et pour elle-même, abstraction faite de son contenu. Le droit objectif
s'articule autour de la notion de règle de droit qu'il convient de délimiter en analysant ses
caractéristiques (Section I) avant d'envisager ses diverses classifications c’est à dire les
branches du droit (Section II).

Section I : Les caractéristiques de la règle de droit


Le droit tend à structurer la société, à travers une combinaison complexe de normes, mais la
règle de droit existe à côté d’autres règles sociales : quelles sont ses caractéristiques propres ?
Nous retiendrons, principalement, que la règle de droit est générale et abstraite (§1) mais aussi
obligatoire et coercitive (§2).


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

§1: La règle de droit est générale et abstraite


La règle de droit est générale. La règle de droit doit régir des situations et non pas des cas
particuliers. L’application de la règle de droit est générale dans l’espace, donc la règle de droit
s’applique de la même manière sur un espace donné. Cela signifie qu'elle a vocation à
s'appliquer à toutes les personnes qui forment le corps social. Cela explique qu'elle soit toujours
formulée de manière abstraite. On rencontre souvent les formules : "Quiconque..." ; "Toute
personne...". C’est une disposition absolument impersonnelle qui s’adresse, à toutes les
personnes qui remplissent les conditions d’application de cette règle. La règle concerne chacun
et ne vise personne en particulier. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les règles de droit
ont vocation à régir toutes les personnes. Parfois la règle de droit s'applique à un groupe de
personnes : les salariés, les employeurs, les médecins, les consommateurs.

§2 : La règle de droit est obligatoire et coercitive


La règle de droit a un caractère obligatoire : elle est un commandement. Si elle était dépourvue
de ce caractère, elle ne serait qu'un conseil laissé à la discrétion de chacun. La règle de droit
doit être respectée pour pouvoir jouer son rôle d'organisation de la société. La règle de droit est
un ordre. On distingue les règles impératives des règles supplétives.
-Les règles impératives sont celles qui ordonnent, défendent : l'individu est tenu de s'y
soumettre. Il ne peut y échapper, il ne peut les écarter.
-Les règles supplétives, au contraire, ne s'imposent aux individus que s'ils n'en ont pas écarté
l'application. Les règles supplétives sont les plus nombreuses en matière contractuelle. Elles ne
s’imposent qu’à défaut de volonté, expresse ou tacite, contraire des particuliers. (Ex. article 502
du D.O.C).
Le droit a un caractère coercitif. Il est sanctionné par l'État. C'est cette consécration par l'État
qui fait la règle de droit. Pour obtenir le respect du droit, des contraintes et des sanctions sont
prévues. Il y a des sanctions pénales et des sanctions civiles.
Sanction pénale : le code pénal regroupe les infractions en trois catégories : les crimes, les
délits et les contraventions selon la gravité de l’infraction.
-Les crimes : les peines criminelles principales sont : la peine de mort ; la réclusion à perpétuité
; la réclusion à temps pour une durée de 5 à 30 ans ; la résidence forcée ; la dégradation
civique.
-Les délits : à cet égard, le Code pénal distingue entre deux types de délits :
Les délits correctionnels : toute infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont
elle fixe le maximum à plus de deux ans.


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
Les délits de police : toute infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe
le maximum à deux ans ou moins ; une amende de plus de 1200 dirhams.
-Les contraventions : les peines contraventionnelles principales sont : la détention de moins
d’un mois ; l’amende de 30 à 1200 dirhams.
Sanction civile : Les sanctions civiles sont réparties en deux catégories : celles qui sont
destinées à assurer la réparation et celles engendrant une contrainte. Les sanctions donnant
lieu à réparation sont de deux types : la nullité des actes juridiques viciés et les dommages et
intérêts. Il existe deux types de contrainte : la contrainte directe, et la contrainte indirecte.
L'existence d'une sanction serait donc le propre de la règle de droit. Ce caractère coercitif permet
d'opposer la règle de droit aux autres règles. Ainsi, la règle religieuse et la règle morale sont
dépourvues de ce caractère coercitif.
- Fondée sur un rapport transcendant, les commandements de la religion viennent de Dieu. La
règle religieuse veille au salut de l'être humain. La violation d'une règle religieuse peut donner
lieu à des sanctions émanant de Dieu. La règle de droit n'en présente pas moins de nombreux
liens avec la règle religieuse dans les pays musulmans comme le Maroc.
- Ouverte aux impératifs de la conscience, la morale est plus exigeante que le droit, elle attend de
l'homme, un dépassement. La morale est individualiste. Le droit ne régit pas les consciences
mais le corps social. La violation d'une règle morale peut entraîner la réprobation sociale ou le
blâme public. Par ailleurs, personne ne conteste sérieusement que la morale et le droit doivent,
autant que possible, coïncider.
Toute règle religieuse, morale ou autre, a vocation à devenir juridique, indépendamment de son
contenu et de sa finalité : il lui suffit d'être rendue obligatoire et sanctionnée par l'État.

Section 2 : Les différentes branches du droit


On assiste, au XXIème siècle, à une accélération du phénomène de diversification et donc
spécialisation du droit moderne. Aussi, le droit est-il divisé en différentes branches en fonction
de son objet ou de son domaine. Plusieurs classifications existent. La distinction du droit public
(§1) et du droit privé (§2) est classique. Chacune de ces deux catégories comprend un droit
national et un droit international. L'opposition n'est cependant pas absolue puisqu'il existe des
droits mixtes (§3).

§1 : Le droit public
Le droit public régit l'organisation de l'Etat et des collectivités publiques ainsi que leurs rapports
avec les particuliers. Le droit public se subdivise en plusieurs branches. On peut citer :


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
>Le droit constitutionnel : règles qui ont pour objectif l’organisation politique de L’État (pouvoir
législatif ; exécutif ; judiciaire).
>Le droit administratif : règles concernant l’organisation et le fonctionnement de l’administration
et le rapport entre l’administration et les citoyens.
>Le droit international public : appelé aussi le droit des gens, le droit international public régit les
relations interétatiques, c’est-à-dire les relations entre États (traités internationaux bilatéraux ou
multilatéraux) ainsi que le fonctionnement des organisations internationales.

§2 : Le droit privé
Le droit privé régit les rapports entre particuliers ou avec les collectivités privées, telles que les
associations, les sociétés et assure prioritairement la sauvegarde des intérêts individuels. Le
droit privé se subdivise en plusieurs branches. On peut citer :
>Le droit civil : Il occupe une place privilégiée car il a une valeur générale et donne les principes
généraux. Le droit civil constitue le droit commun. Cela signifie qu'il s'applique, en principe, à
tous les rapports de droit privé, sauf si un droit spécial a été édicté pour une matière déterminée.
Le droit civil désigne l’ensemble des règles applicables à la vie privée des individus et à leurs
rapports entre eux. Il a un domaine qui lui est propre. Il rassemble les règles régissant l’état des
personnes (capacité), la famille dans ses aspects patrimoniaux (successions) et
extrapatrimoniaux (mariage, divorce, filiation), la propriété et les rapports d’obligation (créances
et dettes) qui peuvent s’établir entre les personnes du fait de la conclusion d’un contrat ou d’un
fait générateur de responsabilité civile (extracontractuelle).
>Le droit commercial : Le droit commercial est la deuxième branche du droit privé. Il régit les
commerçants et les actes de commerce. Il réglemente de façon générale la profession
commerciale, qu’elle soit exercée à titre individuel ou sous forme de société : société anonyme,
société à responsabilité limitée, etc.
Il régit les actes et les effets de commerce comme la lettre de change, le billet à ordre, que ces
actes soient accomplis par des commerçants ou des non-commerçants.
>Le droit du travail : Il fixe les règles relatives et les droits individuels et collectifs nés à
l’occasion de la relation de travail. C'est l'ensemble des règles juridiques qui régissent les
relations entre les salariés et les employeurs.


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

§3 : Les droits mixtes


Dans la pensée juridique classique, le droit public et le droit privé diffèrent autant par leur l'objet
que par leur finalité.
- L'objet : Le droit privé a pour objet de réglementer les rapports entre les particuliers (mariage,
héritage, contrats) alors que le droit public organise l'Etat et les collectivités publiques et leurs
relations avec les personnes privées.
- La finalité : Le droit privé recherche autant que possible la satisfaction individuelle. Le droit
public recherche la satisfaction de l'intérêt général et organise l'Etat et ses services. Il est
essentiellement impératif et les particuliers ne peuvent y déroger.
Pourtant, la distinction du droit privé et du droit public n'est pas une division absolue du droit. En
réalité, les techniques et les préoccupations se mélangent très souvent. Il est des règles de droit
dites mixtes parce qu'elles réalisent une combinaison de règles relevant, pour les unes du droit
public, et pour les autres, du droit privé. Les droits mixtes sont de plus en plus nombreux. On
pourrait citer :
>Le droit pénal a pour principal objet de définir les comportements constitutifs d'infractions, et de
fixer les sanctions applicables à leurs auteurs. Le droit pénal a un lien étroit avec le droit public
puisque les infractions sont définies en considération de l'intérêt général et c'est la puissance
publique qui assure l'exécution de la sanction. Le droit pénal est, néanmoins, traditionnellement
rattaché au droit privé. En effet, le droit pénal sauvegarde des intérêts privés. Il protège les
individus dans leur vie, leur honneur, leur propriété.
>Le droit judiciaire privé est une branche du droit qui a pour objet l'organisation et le
fonctionnement des organes de la justice civile. Ces règles déterminent la procédure à respecter
lors du déroulement du procès. Cette branche du droit a un lien étroit avec le droit public
puisque la procédure a pour objet la mise en place et le fonctionnement d'un service public,
celui de la justice. Il n'en demeure pas moins que la procédure civile est traditionnellement
rattachée au droit privé, en raison de la nature des juridictions devant lesquelles elles a vocation
à s'appliquer.
>Le droit international privé régit les situations entre les particuliers qui comportent un élément
d’extranéité. Tel est le cas, par exemple, du mariage d’un Marocain avec une Française ou
encore la conclusion d’un contrat commercial entre un Marocain et un Américain. Il permet de
déterminer les règles de conflit de lois ou de juridictions.
Par ailleurs, le droit international privé permet aussi de fixer les règles d’octroi et de perte de la
nationalité, et enfin de réglementer les conditions d’entrée et de séjour des étrangers sur le


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
territoire national. Ce droit est aussi un droit mixte car, par exemple, le droit de la nationalité
relève du droit public : il s'agit de rapports entre un particulier et l'État.

Chapitre II : Les sources du droit


Parmi tous les organes du corps social, seuls quelques-uns ont qualité pour exprimer la règle de
droit et en affirmer le caractère obligatoire. La légitimité du droit tire sa force de la légitimité de
l’organe qui en est à l’origine. Cette idée de légitimité est à l’origine de l’expression «source du
droit». On peut distinguer les sources du droit interne (Section 1) des sources du droit international
(Section 2).

Section 1 : Les sources du droit interne


Le droit interne marocain a des sources traditionnelles (§1) et des sources modernes (§2).

§1 : Les sources traditionnelles


Deux sources traditionnelles peuvent être retenues. La première, est le droit musulman (A) qui a
joué et qui joue toujours un rôle prépondérant dans notre vie juridique. La deuxième est la
coutume (B).

A. Le droit musulman
À la différence d’autres religions, l'Islam a conçu un cadre d'organisation des rapports sociaux,
tout en traitant évidemment des aspects purement religieux. Les sources du droit musulman
sont nombreuses. Les plus importantes qui ne font pas l’objet de divergences doctrinales sont
de deux ordres : les sources originelles (le Coran et la Sunna) et les sources dérivées (l’Idjmaa
et le Quiyas). La Constitution marocaine de 2011 précise dans son préambule, que le Royaume
du Maroc est un « État musulman ». Certes, depuis l’indépendance du Maroc, le législateur s’est
employé à adapter la loi islamique aux besoins nouveaux résultant de la vie moderne.
Cependant, cela ne signifie aucunement, l’abandon du droit musulman, notamment dans les
domaines du code de la famille, du statut personnel et successoral.

B- La coutume
La coutume est une règle de conduite « qui découle d'une pratique ancienne, d'un usage qui
s'est prolongé dans le temps et qui devient à certaines conditions une règle de droit». Il est
classique de distinguer, à ce sujet, trois situations différentes : tout d’abord, celle où la loi


 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
renvoie expressément à la coutume ; celle, ensuite, où une coutume vise à combler une lacune
de la loi ; celle, enfin, où la coutume est contraire à la loi.
La coutume suppose la réunion d'un élément matériel et d'un élément psychologique.
- L'élément matériel : Les critères classiques sont : usage ancien, constant, notoire et général.
L'usage doit être ancien, c'est-à-dire qu’il doit exister depuis un certain temps ; constant, ce qui
signifie que l’usage doit avoir était suivi de manière habituelle ; notoire, c'est-à-dire connu du
groupe de personnes concerné et général, c'est-à-dire s'appliquer à l'ensemble du groupe de
personnes.
- L'élément psychologique : Il y a une véritable conviction du groupe d'agir en vertu d'une règle
obligatoire. L'usage est perçu comme un comportement obligatoire par l'opinion commune.

§2 : Les sources modernes


Les règles du droit positif émanent d'autorités diverses. Certaines autorités élaborent directement
les règles dont le respect est imposé par l’État. Ce sont des sources formelles du droit (A). Les
autres autorités n'ont pas ce pouvoir et se limitent à interpréter ces règles. Elles se bornent à
favoriser la compréhension et l’évolution du droit. Ce sont des sources interprétatives du droit
(B).

A. les sources formelles


Les organes qui ont autorité pour édicter des règles ou consacrer des solutions juridiques sont
divers mais les règles sont hiérarchisées. Cette hiérarchie des règles présente une grande
importance car un texte d'une catégorie inférieure est généralement subordonné aux textes
d'une catégorie supérieure et ne peut y déroger (pyramide de Hans Kelsen). En ce qui concerne
les lois, il importe de vérifier si elles sont ou non conformes à la Constitution (contrôle de la
constitutionnalité des lois). Pour ce qui est des règlements, il est nécessaire de vérifier s’ils sont
ou non conformes à la loi (contrôle de la légalité des règlements).

1. La Constitution : La Constitution est au sommet de la hiérarchie des normes. La constitution


est le texte fondamental qui fixe l'ossature organisationnelle et fonctionnelle de l'Etat. Elle détermine
la forme de l'Etat, la forme du régime politique et les droits fondamentaux. Au Maroc, la révision de
la Constitution se fait par référendum.

2. La loi : La loi, au sens étroit du mot, est votée par le Parlement. Elle apparaît donc comme
l'œuvre commune de la chambre des représentants et de la chambre des conseillers. On

10 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
distingue les lois ordinaires qui relèvent de la procédure normale des lois organiques dont l'objet
est de compléter et de mettre en œuvre des règles inscrites dans la Constitution. La loi n'est pas
applicable du seul fait qu'elle a été votée par le Parlement. Elle ne le devient qu'à partir du
moment où elle entre en vigueur et jusqu'à son abrogation.
L'entrée en vigueur de la loi suppose que soient remplies deux conditions : la promulgation et la
publication. Ce n'est qu'à partir du moment où elles sont remplies que la loi acquiert force
obligatoire.
La promulgation : Pour les lois votées par le Parlement, il faut, pour qu'elles soient exécutoires,
une décision du chef de l’État. Cette décision appartient à Sa Majesté le Roi qui a seul pouvoir
de promulguer les lois. La promulgation des lois se fait par Dahir royal ordonnant l'exécution de
la loi.
La publication : Les lois et les règlements doivent être publiés. La nécessité de cette
publication est évidente. Vouée à régir le comportement des citoyens, la règle de droit doit être
connue par ceux-ci. A partir de cette publication, "Nul n'est censé ignorer la loi". C'est cette fin
que poursuit directement l'exigence d'une publication des lois et règlements. Cette publication est
faite au Bulletin Officiel.
- L'entrée en vigueur d'une loi nouvelle peut créer un problème de conflit de lois dans le temps
et dans l’espace. Il existe des principes d’application de la loi dans le temps et dans l’espace.
Application de la loi dans le temps : Il faut se demander dans quelle mesure, la loi nouvelle va
se substituer à la loi antérieure. Il faut organiser cette succession pour éviter l’instabilité
juridique. La loi n’a pas, en principe, d’effets rétroactifs ; ce qui signifie qu’une loi est sans
application aux situations juridiques dont les effets ont été entièrement consommés sous
l’empire de la loi ancienne. La loi nouvelle a aussi un effet immédiat. Le principe de l’application
immédiate de la loi signifie que la loi nouvelle régit toutes les situations juridiques en cours au
jour de son entrée en vigueur.
Application de la loi dans l’espace : Nous retrouvons le système de territorialité de la loi (les lois
pénales obligent tous ceux qui habitent le pays, y compris les étrangers), tantôt le système de la
personnalité de la loi (les règles relatives à l’état et à la capacité des personnes régissent les
personnes même résidant à l’étranger).
La loi ne cesse de s'appliquer que lorsqu'elle aura été abrogée, c'est-à-dire lorsque ses
dispositions auront été supprimées. Logiquement, cette abrogation ne peut être décidée que par
l'autorité qui a été compétente pour la créer. On distingue deux types d'abrogation :
- L’abrogation expresse : lorsque le texte nouveau précise formellement l'abrogation du texte
antérieur et, le cas échéant, l'étendue de cette abrogation ;

11 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
- L’abrogation tacite : lorsque le texte nouveau ne comportant aucune formule d'abrogation
apparaît néanmoins inconciliable avec un texte ancien. Il est nécessaire qu'il y ait soit
contradiction entre les deux textes soit impossibilité de les appliquer simultanément.

3. Le règlement : Les constitutions marocaines distinguent nettement, depuis 1962, la loi


« stricto sensu » du règlement. Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi
appartiennent au domaine réglementaire (art. 72 de la Constitution de 2011). Le règlement
englobe l'ensemble des décisions du pouvoir exécutif et des autorités administratives. On
distingue donc plusieurs types de règlements hiérarchisés entre eux. Au premier rang, donc,
figurent les décrets gouvernementaux. La compétence de principe revient au chef du
gouvernement. Hiérarchiquement subordonnés au décret, il y a les arrêtés ministériels. Le
pouvoir exécutif a un véritable pouvoir d'initiative, il peut prendre des règlements autonomes.
Le pouvoir exécutif peut aussi prendre des règlements pour l'exécution des lois, appelés
règlements d'application ou d'exécution destinés à faciliter la mise en œuvre de la loi.

B. les sources interprétatives


Il s’agit de la jurisprudence et de la doctrine.

1. la jurisprudence : Le mot "jurisprudence" a deux sens. Pris dans un sens large, il désigne
"l'ensemble des décisions rendues par les juges" ; pris dans un sens étroit, il correspond au
phénomène "d'interprétation d'une règle de droit définie, telle qu'elle est admise par les juges".
Le pouvoir judiciaire a pour mission d'appliquer la loi. Mais, la loi n'a pas toujours précisément
prévu le cas soumis au juge. On peut alors estimer que le juge a pour rôle de faire évoluer le
droit résultant d’un texte écrit, figé. De plus, le contenu de la loi n'est pas toujours clair. Dans ce
cas, le juge doit interpréter la loi.

2- La doctrine : On appelle "doctrine", l'ensemble des travaux écrits consacrés à l'étude du


droit, et leurs auteurs. La doctrine ainsi entendue, recouvre des œuvres les plus diverses qui
sont élaborées principalement par des universitaires, notamment des professeurs de droit, mais
aussi par des praticiens, des avocats, magistrats ou notaires. On peut distinguer trois types
d'écrits : Les ouvrages généraux consacrés, en un ou plusieurs volumes, à une branche du
droit (droit civil, droit commercial, droit pénal, etc.). Les ouvrages spécialisés portant sur des
thèmes limités. Les écrits ponctuels qui prennent la forme d'articles, d'études ou de
chroniques.

12 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
Ces positions doctrinales ne constituent pas une source formelle et directe du droit et le juge
n'est pas lié par une opinion partagée par plusieurs auteurs sur une question de droit. Toutefois,
la doctrine contribue à mettre en lumière les lacunes de la loi et des positions jurisprudentielles
et peut ainsi amorcer une modification de la loi ou un revirement jurisprudentiel.

Section 2 : Les sources du droit international


En droit international comme en droit interne la question des sources et de leur éventuelle
hiérarchie est fondamentale. On peut distinguer entre les sources écrites (§1) et les sources non
écrites (§2).

§1 : Les sources écrites


On peut citer les traités internationaux et les résolutions des organisations internationales.
- Les traités internationaux : Un traité, au sens large, est un accord de volonté entre sujets de
droit international et soumis au droit international. Ils sont conclus entre États souverains, et
peuvent porter sur des règles applicables aux rapports entre États eux-mêmes (traités de paix,
accords commerciaux…) ou aux rapports de droit privé de leurs ressortissants (ex : convention
fiscale destinée à éviter les doubles impositions). Le consentement de l'État est un principe
essentiel de la mesure de l'obligation internationale. En effet, l'absence de hiérarchie incarne
une représentation relative de la normativité, qui interprète les relations interétatiques comme
étant le fondement de la normativité internationale. Les traités internationaux y trouvent, donc,
une place prépondérante puisque constituant le terrain sur lequel se rencontrent les intérêts des
États, et qui définissent le contenu de la légalité dans leurs rapports mutuels.La Constitution
marocaine de 2011 affirme dans son préambule que le Maroc s’engage à « accorder aux
conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la
Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et dès
la publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en
conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale ».
- Les résolutions des organisations internationales : Le mot « résolution » est le terme générique
qui désigne l'ensemble des actes des organisations internationales intergouvernementales, que
la doctrine appelle aussi « actes institutionnels internationaux » ou encore « actes unilatéraux
d'organisations internationales».

13 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
§2 : Les sources non écrites
Il s’agit principalement de la coutume et des principes généraux du droit.
- La coutume : En droit international comme en droit interne la coutume est une règle de droit
non écrite. Ce qui la distingue radicalement, en théorie, du simple usage et de la courtoisie
internationale qui n'ont rien d'obligatoire. La doctrine dominante analyse la règle coutumière
comme étant une sorte d'accord tacite, et donc l'expression informelle de la volonté des États.
- Les principes généraux du droit : Ensemble des grands principes communs aux grands
systèmes de droit contemporain et applicables à l’ordre international. Afin d’être en mesure de
qualifier une norme de principe général du droit, il faut que cette règle de procédure ou de fond
soit présente dans les grands systèmes du droit, c'est-à-dire dans les systèmes romano-
germaniques et dans les pays de common law. En outre, il faut qu’elles puissent être
transposées dans l’Ordre international. En raison de leur généralité même, ils sont donc
susceptibles de recevoir une force obligatoire. Parmi les principes du droit international le plus
souvent invoqués, il y a ceux de la souveraineté et de l’égalité des États ou encore celui de la
légitime défense.

Partie II: Les droits subjectifs


Le mot droit a une seconde signification. Le Droit objectif reconnaît, en effet, des prérogatives
aux individus. Ces prérogatives sont des droits subjectifs dont les individus peuvent se prévaloir
dans leurs relations avec les autres. Après avoir précisé quelle est la classification des droits
subjectifs(Chapitre I), nous verrons quels sont les titulaires de ces droits (Chapitre II) et enfin
leurs sources (Chapitre III).

Chapitre I : Classification des droits subjectifs


Les droits subjectifs sont multiples. Ils ont fait l'objet de classifications les plus diverses. Ces
classifications sont très importantes. Elles ne constituent pas une fin en soi. Mais il faut bien
comprendre qu'à chaque catégorie de droit correspond un régime juridique particulier. Il est donc
important de savoir à quelle catégorie appartient telle prérogative pour connaître la nature du
droit applicable. Même si elle est imparfaite, la distinction entre droits patrimoniaux (Section 1) et
droits extrapatrimoniaux (Section 2) a le mérite d'être simple et de rendre assez bien compte
d'une réalité sociale.

14 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

Section 1 : les droits patrimoniaux


La notion de patrimoine est au cœur de nombreuses constructions juridiques. Elle désigne
l'ensemble des droits et obligations de la personne juridique qui s'intègrent dans son patrimoine.
Seuls font partie des éléments actifs du patrimoine, les droits patrimoniaux. Le principe de
classement est simple : seuls les droits évaluables en argent sont des droits patrimoniaux. La
distinction fondamentale qui gouverne les droits patrimoniaux est la distinction entre droits
personnels (§1) et droits réels (§2). Mais à côté de ces deux grandes catégories on assiste à
l’émergence d’une catégorie relative aux droits intellectuels (§3).

§1 : Les droits personnels


Le droit personnel ou obligation s'exerce contre une personne. C’est le droit dont une personne,
appelée le créancier, est titulaire contre une autre personne, appelée le débiteur. Les droits
personnels ou de créance ont pour objet la personne du débiteur, ou plus exactement, l'activité
de celui-ci. Le droit personnel a un caractère relatif. Le droit personnel n'oblige pas les tiers, il
n'oblige que le débiteur. Les droits de créance font naître des obligations de faire, de ne pas
faire ou encore de donner.

§2 : Les droits réels


Le droit réel est le droit qui porte directement sur une chose, un pouvoir dont une personne est
titulaire sur cette chose. Le droit de propriété est un droit réel, il donne à son titulaire les
pouvoirs les plus complets sur une chose. La théorie classique distingue deux catégories de
droits réels : les droits réels dits principaux (A) et les droits réels dits accessoires (B).

A. Les droits réels principaux


Les droits réels principaux sont le droit de propriété et les démembrements de ce droit.

1- Le droit de propriété : Le propriétaire d'une chose a tout pouvoir sur la chose. Le droit de
propriété est un droit absolu et total. Cet ensemble de pouvoirs peut se décomposer en trois
attributs :
- User de la chose (usus) : le propriétaire peut se servir de sa chose ou peut la laisser inutilisée ;
- Jouir de la chose (fructus) : la jouissance pour le propriétaire est d'abord le droit de faire
fructifier son bien ou de le laisser improductif. Quand un bien est mis en valeur, la jouissance
consiste dans le droit de percevoir les fruits de toutes sortes que produit cette chose ;

15 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
- Disposer de la chose (abusus) : le propriétaire a le droit de conserver la chose, de
l'abandonner, la donner, la vendre, la détruire.

2- Les démembrements du droit de propriété : Les attributs du droit de propriété peuvent se


trouver dissociés entre plusieurs titulaires. La propriété se trouve alors démembrée. On peut
relever l'existence de l'usufruit, de la servitude et de l'emphytéose.
- L'usufruit et la nue-propriété : L'usufruit est un démembrement du droit de propriété qui confère
à son titulaire l'usus et le fructus sur la chose, tandis que le droit d'aliéner la chose, l'abusus, se
trouve entre les mains d'une autre personne, le nu-propriétaire.
- Les servitudes : La servitude consiste dans le droit du propriétaire d'un fonds de se servir de
certaines utilités du fonds voisin. La servitude est attachée à un fonds, quel que soit le
propriétaire. Même en cas de ventes successives, la servitude reste attachée au fonds. Le fonds
qui bénéficie de la servitude est appelé fonds dominant, le fonds qui supporte la servitude est
appelé fonds servant.
- L'emphytéose: C'est le droit qu'a le locataire sur la chose qui a été louée pour une durée de 10
à 40 ans (18 à 99 ans dans l’ancienne loi). L'emphytéose devrait conférer comme à tout
locataire, un droit personnel. La loi a décidé qu'il s'agissait d'un droit réel étant donné la
longueur du bail.

B. Les droits réels accessoires


Pour garantir l'exécution de sa créance, le créancier exige parfois d'avoir, en plus du droit de
gage général sur le patrimoine de son débiteur, un droit direct sur une ou plusieurs choses
appartenant à son débiteur. C'est un droit réel car il porte directement sur la chose mais il est
accessoire, parce qu'il est l'accessoire d'une créance. Ce sont des sûretés réelles, en ce
qu'elles assurent l'exécution de la créance en exerçant un pouvoir sur une chose. Ces sûretés
réelles sont l'hypothèque, qui est une sûreté qui porte sur un immeuble et le gage, qui est une
sûreté mobilière dont il existe de nombreuses variantes comme le nantissement du fonds de
commerce.
Le créancier muni d'une sûreté réelle bénéficie d'avantages par rapport au simple créancier
chirographaire. Alors que les créanciers chirographaires viennent en concours et se partagent le
patrimoine du débiteur, le créancier muni d'une sûreté réelle bénéficie d'un droit de préférence
qui lui permettra de se payer le premier sur le prix de la chose sur laquelle il a un droit réel ; le
titulaire d'une sûreté réelle a un droit de suite qui lui permettra de saisir la chose en quelques
mains qu'elle se trouve, même si la chose a été vendue.

16 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

§3 : Les droits intellectuels


Les droits intellectuels ne s'exercent pas contre une personne, ou sur une chose. Ils échappent
à la classification classique. Leur objet est immatériel, incorporel. Il consiste dans l'activité
intellectuelle de leur titulaire.
Il s’agit, d’une part, des créations littéraires ou artistiques sur lesquelles l’auteur jouit d’un droit
moral exclusif et un monopole d’exploitation dont les héritiers peuvent bénéficier même après
son décès, et, d’autre part, les créations industrielles tels les brevets, marques, dessins,
modèles et logiciels informatiques.

Section 2 : Les droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux sont des droits non susceptibles d'une évaluation pécuniaire et
restent hors du patrimoine du titulaire. Après avoir exposé quels sont Les différents types de
droits extrapatrimoniaux (§1), nous verrons quelles sont leurs caractéristiques communes (§2).

§1 : Les différents types de droits extrapatrimoniaux


Il s’agit, principalement, des droits suivants :
- Les droits politiques : le droit de vote, droit d’association…
- Les droits de la famille : c'est-à-dire l'ensemble des droits résultant de l'organisation juridique
de la famille : mariage, autorité parentale …
- Les droits de la personnalité : le droit à l'intégrité corporelle, le droit à l'honneur, le droit au
respect de sa vie privée…

§2 : Les caractéristiques des droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux s'opposent aux droits patrimoniaux en ce sens qu'ils sont hors
commerce. Ils présentent un certain nombre de caractères communs. Ils sont :
Incessibles : on ne peut pas les céder ni y renoncer.
Intransmissibles : on ne peut pas les transmettre à ses héritiers. Ils sont attachés à la personne
et s'éteignent avec son décès.
Insaisissables : les droits extrapatrimoniaux d'une personne ne peuvent pas être saisis par ses
créanciers, car seuls les biens compris dans son patrimoine sont saisissables.
Imprescriptibles : c'est à dire l'écoulement du temps est sans effet sur les droits. Ils ne
s'éteignent pas par le non usage.

17 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

Chapitre II : Les sujets des droits subjectifs


Il ne faut pas perdre de vue que le droit a pour but d'organiser la vie en société, donc de régir
des personnes qu'on appelle sujets de droit. Le sujet de droit est donc celui qui possède une
aptitude juridique, qui a la possibilité d'être titulaire de prérogatives juridiques mais aussi d'être
tenu d'obligations à l'égard des autres sujets de droit. Le sujet de droit est, en fait, les personne
physiques (Section 1) ou morales (Section 1) envisagées dans leur fonction juridique.

Section 1 : Les personnes physiques


Les personnes physiques représentent des sujets de droit, c’est-à-dire les titulaires des droits
subjectifs. Tout être humain est sujet de droit par principe : toutes les personnes physiques sont
des personnes juridiques. La personnalité juridique correspond à cette qualité de sujet de droit.
Elle permet d’avoir et d’exercer des droits et obligations, d’avoir un patrimoine. Nous
analyserons les règles qui régissent l’acquisition et la perte de la personnalité juridique (§1). La
capacité est l’aptitude à acquérir et à exercer des droits. Si elle est la règle pour les personnes
physiques, certaines sont frappées d’incapacité et méritent à ce titre une protection. Nous
aborderons le régime de la capacité juridique (§2) dans un deuxième temps.

§1 : L'acquisition et la perte de la personnalité juridique


- La personnalité est acquise par la naissance. Cette naissance n’est ni suffisante, ni
nécessaire. Elle est insuffisante car l’individu doit naître vivant. Lorsqu’il est établi que l'enfant
est né vivant suite aux premiers vagissements, à l’allaitement ou à d’autres indices analogues, il
acquiert la personnalité juridique (Article 331 du code de la famille). En conséquence, l'enfant
mort-né, ou celui qui décède au cours de l'accouchement (sans avoir donné aucun signe de vie)
est considéré comme n'ayant jamais eu une personnalité juridique. La naissance n’est pas non
plus nécessaire. Par dérogation, l’enfant simplement conçu peut-être considéré comme né s’il y
va de son intérêt (ex : héritage d’un père décédé avant la naissance). Ainsi, l'enfant non encore
né peut recevoir un legs et acquiert le droit à l'héritage de son père décédé à condition de naître
vivant.
- Parallèlement, la personnalité juridique se perd avec les derniers signes de vie c'est-à-dire à la
mort. Cependant ce principe n'est pas absolu et connaît des exceptions. Dans certaines
situations, le doute persiste sur le décès ou la survie d'un individu qui a disparu et dont on n’a
plus de nouvelles. Doit-il être considéré comme vivant et jusqu'à quelle date ou doit-il être
considéré comme décédé et en conséquence ouvrir sa succession ?

18 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
La procédure de déclaration du décès diffère selon les circonstances de la disparition :
Lorsqu’une personne a disparu dans des circonstances exceptionnelles rendant sa mort
probable, un jugement déclaratif de décès est rendu à l’expiration d’un délai d’une année
courant à compter de la date à laquelle tout espoir a été perdu de savoir si elle est morte ou
vivante. Dans les autres cas, il appartient au tribunal de fixer la période au terme de laquelle il
rendra le jugement déclaratif de décès et ce, après enquête et investigation, par tous les
moyens possibles, des autorités compétentes pour la recherche de la personne disparue. Les
effets de la déclaration du décès sont les mêmes que le décès réel tant sur le plan patrimonial
(ouverture de sa succession) que matrimonial (Le conjoint peut se remarier).

§2 : Le régime de la capacité juridique


En principe, l’individu peut jouir de tous ses droits, patrimoniaux ou extrapatrimoniaux, et les
exercer librement. Il est pleinement capable. La capacité est l’aptitude d’une personne à être
titulaire de droits (capacité de jouissance) et à les exercer (capacité d’exercice). La capacité est
la règle, l’incapacité l’exception. Toute personne est donc capable, sauf dans les cas prévus par
la loi. L’incapacité de jouissance correspond à une privation de droit. Priver un individu de sa
capacité de jouissance équivaudrait à le priver de personnalité juridique. C’est pourquoi ces
incapacités sont rares. L’incapacité d’exercice peut correspondre à une sanction (interdictions
légales frappant les individus qui ont subi certaines condamnations) mais elle est principalement
source de protection pour des raisons diverses (minorités, état mental ou physique).

A. La capacité d’exercice
Il y a deux sortes de capacités :
La capacité de jouissance : c'est la faculté d’acquérir des droits et d’assumer des devoirs et qui
est attachée à la personne dès sa naissance et jusqu'à sa mort.
La capacité d’exercice : c'est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits personnels et
patrimoniaux et qui rend ses actes valides. Cette capacité est reconnue à toute personne ayant
atteint l’âge de la majorité à moins qu’un motif quelconque ne lui limite ou ne lui fasse perdre
cette capacité.
En principe, la pleine capacité d'exercice s'acquiert par toute personne ayant atteint l'âge de la
majorité fixé à 18 années grégoriennes révolues. Toutefois, le mineur de moins de 18 ans peut
bénéficier d'une déclaration d'émancipation. L'émancipation est une reconnaissance anticipée
de la pleine capacité d'exercice au mineur ayant atteint l'âge de 16 ans et qui montre des signes

19 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
de maturité. L'émancipation est conférée par le tribunal à la demande de l'intéressé ou de son
représentant légal.

B. L’incapacité d’exercice
Il y a lieu de distinguer entre deux sortes d'incapables : ceux qui n'ont aucune capacité
d'exercice et ceux dont la capacité d'exercice est simplement limitée.
˃ Les personnes ne jouissant d'aucune capacité d’exercice sont :
- L’enfant qui n’a pas atteint l’âge de discernement fixé à 12 ans ;
- Le dément, c'est à dire la personne majeure qui a perdu la raison.
Les actes passés par ces personnes sont nuls et de nul effet.
˃ Les personnes dont la capacité d'exercice est limitée sont :
- L’enfant ayant atteint l’âge de discernement fixé à 12 ans révolus et qui n’a pas atteint celui de
la majorité ;
- Le prodigue : le prodigue est la personne qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité
ou futiles, d’une manière qui porte préjudice à lui-même ou à sa famille.
- Le faible d’esprit : le faible d’esprit est celui qui est atteint d’un handicap mental l’empêchant de
maîtriser sa pensée et ses actes.
Les actes passés par l'une de ces personnes sont :
Valides s’ils sont pleinement profitables à l'incapable, c'est-à-dire dans son intérêt.
Nuls s’ils lui sont préjudiciables.
S’ils ont un caractère à la fois profitable et préjudiciable, leur validité est subordonnée à
l’approbation du représentant légal.

Section 2 : Les personnes morales


Le droit a permis la création de sujets de droit purement juridiques, qui existent
indépendamment des personnes physiques qui les composent : ce sont les personnes morales.
La personnalité morale se définit comme étant le groupement de personnes ou de biens ayant,
comme une personne physique, la personnalité juridique. On distingue traditionnellement les
personnes morales de droit privé (§1) des personnes morales de droit public (§2).

§1 : Les personnes morales de droit privé


Il s’agit des groupements à but lucratif (A) comme les sociétés et les groupements à but non
lucratif (B) comme les associations et les syndicats.

20 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
A. Les groupements à but lucratif
Dans les groupements à but lucratif, on oppose les sociétés de personnes aux sociétés de
capitaux et les sociétés civiles aux sociétés commerciales.

1- Les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux : Toute société suppose la réunion
de personnes qui sont les associés (ou les actionnaires) et des capitaux qui sont leurs apports.
Mais suivant sa forme sociale, la société peut attacher plus d’importance à la personnalité de
l’associé (société de personnes) ou à l’apport en capital (société de capitaux).
- Les sociétés de personnes : dans ces sociétés, les associés se groupent parce qu’ils se
connaissent et se font confiance et sont solidairement et indéfiniment responsables. Cette
primauté de la personnalité, l’intuitu personae, commande toute l'organisation de ces sociétés :
- La cession des parts sociales n'est pas libre et reste tributaire du consentement de tous les
associés;
- En principe, le décès ou l’incapacité d'un associé met fin à la société.
- La responsabilité des dettes sociales est solidaire et indéfinie et ne se limite pas aux apports
des associés : le créancier peut poursuivre l'un des associés, le plus solvable, pour la totalité
des dettes de la société (solidarité) et même sur son patrimoine personnel (responsabilité
indéfinie). L'exemple type est la société en nom collectif.
- Les sociétés de capitaux : dans ces sociétés la personne des associés est indifférente, ce qui
importe c'est le capital. Ainsi, les actions de la société sont, en principe, librement négociables, la
mort ou l'incapacité d'un actionnaire n'a pas d'impact sur la société et la responsabilité des
actionnaires est limitée à leurs apports. Le type le plus marqué des sociétés de capitaux est la
société anonyme.
- La société à responsabilité limitée : est une société hybride à la frontière entre la société de
personnes et la société de capitaux. L’intuitu personae s'affirme à travers le régime de cession des
parts sociales qui n'est pas libre, en parallèle la responsabilité des associés est limitée à leurs
apports, ce qui est une caractéristique des sociétés de capitaux.

2- Les sociétés civiles et les sociétés commerciales : La distinction entre les sociétés civiles et
commerciales est primordiale car elle détermine la loi applicable. Les sociétés civiles sont soumises
au Dahir formant code des obligations et contrats (D.O.C) alors que les sociétés commerciales sont
soumises à la législation commerciale relative aux sociétés commerciales.
Cette distinction est liée à l'objet et à la forme de la société. Ainsi serait civile la société qui a une
activité (objet) civile et serait commerciale la société qui a une activité commerciale. La liste limitative

21 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
des activités commerciales est prévue par le code de commerce et toutes les autres activités sont
civiles. Toutefois, il y a lieu de tenir compte de la qualification commerciale par la forme de certaines
sociétés même si leur objet est civil.

B. Les groupements à but non lucratif


La personne morale de droit privé à but non lucratif poursuit un but autre que la recherche de
bénéfices. Une personne morale sans but lucratif peut exercer des activités dans les domaines
culturels, sociaux, philanthropiques, sportifs, éducatifs ou autres.
Ex : Le syndicat est un regroupement qui a pour objet la défense des intérêts professionnels de
ses adhérents et l’association à but non lucratif est un regroupement d'au moins deux
personnes qui décident de mettre en commun des moyens afin d'exercer une activité ayant un
but premier autre que leur enrichissement personnel.

§ 2- les personnes morales de droit public


Il s’agit principalement de :
L’État, les collectivités territoriales (communes, provinces, préfectures et régions), les offices et
les établissements publics.
Elles sont soumises au droit public et spécialement au droit administratif. Elles peuvent toutefois
être régies par le droit privé pour certaines de leurs activités.

Chapitre III : Les sources des droits subjectifs


La distinction des actes et des faits juridiques repose sur une distinction entre les circonstances
d’après lesquelles une personne se prétend titulaire d’un droit. La classification est fondée sur la
volonté ou l'absence de volonté de ceux qui créent le droit. Toute personne peut en principe,
modifier sa situation juridique. L'acte de volonté par lequel une personne va modifier sa situation
juridique, est un acte juridique (Section 1). Sa situation juridique peut se modifier en dehors de
sa volonté ou même contre sa volonté. Cette modification résulte alors de la survenance d'un fait
juridique (Section 2).

Section 1 : Les actes juridiques


L'acte juridique est une manifestation de volonté destinée à modifier une situation juridique, à
produire des effets de droit. Ces effets de droit sont la création, l'extinction ou la transmission
d'un droit subjectif. On distingue plusieurs classifications des actes juridiques. Il y a d'abord la

22 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
distinction fondée sur l’auteur de l’acte qui conduit à envisager deux catégories d’actes : les
actes unilatéraux et les conventions (§1), la distinction fondée sur le motif de l’acte : les actes à
titre gratuit et les actes à titre onéreux (§2). Et enfin la distinction en fonction des conséquences
de l’acte sur le patrimoine : les actes conservatoires, les actes d'administration et les actes de
disposition (§3).

§1 : L’acte unilatéral et la convention


Lorsqu'un acte juridique est la manifestation de la volonté d'une seule personne, on l'appelle
acte unilatéral. Une personne peut modifier seule sa situation juridique mais ne peut, de sa
seule volonté modifier la situation juridique d'un tiers. Lorsque l'acte juridique entraîne des
conséquences juridiques pour plusieurs personnes, toutes ces personnes doivent donner leur
accord de volonté. Cet acte juridique, accord de volonté de plusieurs personnes, est appelé
convention.
Le contrat est une espèce particulière de convention. Le contrat peut se former de deux
manières :
Contrats consensuels : qui se forment uniquement par la rencontre des volontés des parties au
contrat
Contrats solennels : pour leur validité, les contrats solennels doivent être conclus selon une
forme imposée par la loi. Souvent la forme en question est un écrit. L'acte sous seing privé (dit
aussi sous signature privée) est un acte juridique rédigé par les parties à l'acte ou par un tiers et
signé par eux sans l'intervention d'un officier public. Parfois la loi impose que ce soit un acte
authentique. L’acte authentique est celui qui est reçu par un officier public.
-Acte adoulaire: acte rédigé par les adouls.
-Acte notarié : acte rédigé par les notaires.

§2 : Les actes a titre gratuit et les actes a titre onéreux


L'acte juridique à titre onéreux est inspiré par une idée d'échange. Chaque partie agit dans son
intérêt personnel et accepte de fournir quelque chose uniquement dans la perspective de recevoir
quelque chose en échange. Par exemple, le contrat de vente.
Le rapport est différent pour les actes à titre gratuit, il y a là une idée de bienfaisance. L'une des
parties procure un avantage à l'autre sans rien recevoir en échange. Il s’agit d’une libéralité
comme la donation.

23 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

§3 : Les actes conservatoires, les actes d’administration et les actes de


disposition
On distingue ces différents types d'actes selon la gravité de leurs effets. Par ordre croissant de
gravité, il y a les actes conservatoires, les actes d'administration et les actes de disposition.

Les actes conservatoires : ces actes ont les conséquences les moins graves dans la mesure
où ils ont pour effet de maintenir le patrimoine dans son état actuel. Ils tendent à consolider des
droits. Par exemple, quand une dette est garantie par une hypothèque sur un immeuble du
débiteur, elle doit être inscrite à la conservation foncière. L'acte conservatoire a pour objet
l'accomplissement d'une formalité sans laquelle l'acquisition ou la conservation d'un droit
seraient compromises.
Les actes d'administration : ce sont des actes juridiques nécessaires à la gestion courante
d'un bien pour faire fructifier ce bien sans en compromettre la valeur en capital. Par exemple : le
fait de percevoir des loyers par un propriétaire est un acte de gestion.
Les actes de disposition : ces actes comportent les conséquences les plus graves. Ils portent
atteinte ou risquent de porter atteinte à la consistance du patrimoine. Par exemple, la
constitution d'hypothèque est un acte grave pour le débiteur. Il fait courir un risque à son
patrimoine. Si le débiteur ne rembourse pas sa dette à l'échéance convenue, le créancier fera
vendre l'immeuble hypothéqué et se désintéressera sur le prix. Il sera de plus prioritaire par
rapport aux autres créanciers.

Section 2 : Les faits juridiques


Ce sont des évènements ou des agissements des individus auxquels la loi attache des effets de
droit, création de droit subjectif et ce indépendamment de la volonté des personnes concernées
par ces effets de droit. Au sein de ces faits on distingue ceux qui sont totalement involontaires,
les faits de la nature (§1) et ceux qui sont volontaires, les faits de l’homme (§2).

§1 : Les faits de la nature


Ce sont des faits qui se produisent indépendamment de toute volonté humaine et qui vont
produire des conséquences juridiques : naissance de prérogatives, extinction de droits, etc.
Les faits involontaires sont tout d’abord les évènements de la vie des personnes physiques et
qui sont indépendants de la volonté même de ces personnes physiques comme la naissance, la
majorité et le décès. Dans ces cas, la loi attache des effets de droit à ces faits.

24 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
§2 : Les faits de l’homme
Les faits volontaires ou faits de l’homme se définissent comme des faits voulus ; ce qui est voulu
c’est l’évènement déclencheur mais pas les effets de droit qui en découlent (obligation de réparer
ou obligation de restituer).

A. L’obligation de réparer
Une personne peut causer un dommage ou un préjudice à une autre, soit volontairement (injure)
soit involontairement (imprudence). Ce sont des faits générateurs de la responsabilité civile. Il y
a : la responsabilité pour les faits personnels si une personne a causé un préjudice à une autre,
la responsabilité du fait des choses que l’on a sous sa garde ou des personnes que l’on a sous
sa garde : responsabilité du fait d’autrui.
La loi va obliger à réparer s’il y a préjudice. Le plus souvent, la réparation prend la forme de
dommages et intérêts.

B. L’obligation de restituer
On parle de quasi-contrat. Le droit en recense 3 formes:
La gestion d’affaires : Il y a gestion d’affaires lorsqu’une personne, le gérant d’affaires, sans en
avoir reçu mandat ni pouvoir légal, accomplit un acte dans l’intérêt et pour le compte d’une autre
personne, nommée maître de l’affaire ; par exemple, en l’absence de l’intéressé, une personne
prend l’initiative de faire réparer sa maison menaçant ruine, de payer ses dettes afin d’éviter une
saisie de ses biens. La gestion d’affaires fait naître des obligations de part et d’autre. Ainsi, le
gérant doit apporter à la gestion tous les soins d’un bon père de famille et doit rendre compte de
sa gestion. Le maître doit, si la gestion a été utile ou s’il l’a ratifiée, remplir les engagements que
le gérant a contractés en son nom, l’indemniser de tous les engagements personnels qu’il a pris
et lui rembourser toutes les dépenses utiles ou nécessaires qu’il a faites.
Le paiement de l’indu ou la répétition de l’indu : Il y a paiement de l’indu: 1) lorsqu’on paye une
dette qui n’existe pas; 2) lorsqu’on paye plus qu’on ne doit; 3) lorsqu’on paye une dette due par
un autre; 4) lorsqu’on paye une obligation nulle (sauf si le paiement emporte confirmation). Dans
ces divers cas, la somme indûment perçue doit être restituée, accompagnée des fruits de la
chose ou des intérêts de l’argent lorsque l’accipiens a perçu l’indu de mauvaise foi.
L’enrichissement sans cause : Il arrive fréquemment qu’un individu s’enrichisse aux dépens
d’autrui ; le plus souvent l’accroissement d’un patrimoine et l’appauvrissement corrélatif d’un
autre ont une cause légitime, procédant d’un acte juridique : vente, donation, etc. Mais il arrive
que ce phénomène s’opère en dehors de toute cause juridique : une personne effectue un

25 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
paiement dont elle n’était pas tenue ou encore elle érige une construction sur le terrain d’autrui
et par le phénomène de l’accession, cette construction va appartenir au propriétaire du sol, qui
s’enrichit ainsi injustement aux dépens du constructeur. Cet enrichissement sans cause est
source d’obligation : l’appauvri peut intenter contre l’enrichi une action dite de in rem verso, qui
lui permet d’obtenir la restitution de ce dont il s’est appauvri, tout au moins dans la mesure de
l’enrichissement procuré.

Partie III : L’organisation judiciaire du Royaume


L'organisation judiciaire désigne l'ensemble des tribunaux et des cours du Royaume. Le terme
tribunal est réservé à des juridictions inférieures telles que le tribunal de première instance. Par
contre, le terme cour s'applique uniquement aux juridictions supérieures, aux cours d'appel et à
la Cour de cassation. L’organisation judiciaire comprend les juridictions suivantes :
1. les tribunaux de première instance ;
2. les tribunaux administratifs ;
3. les tribunaux de commerce ;
4. les cours d'appel ;
5. les cours d'appel administratives ;
6. les cours d'appel de commerce ;
7. la cour de cassation.
Les Tribunaux de première instance, les Cours d'appel et la Cour de cassation ont une
compétence générale (Chapitre I) en ce sens qu'elles ont compétence de principe à connaître
de tous les litiges et contestations soulevés par les plaideurs sous réserve des affaires
expressément dévolues à d'autres juridictions. En matière administrative ou commerciale, les
juridictions ont une compétence limitée à des affaires déterminées : elles sont spécialisées
(Chapitre II).

Chapitre I : Les juridictions dotées d'une compétence générale


Depuis la suppression des juridictions communales et d'arrondissement et leur remplacement
par ce qu'on appelle la justice de proximité, les juridictions de droit commun ayant une
compétence générale se réduisent aux tribunaux de première instance (Section 1), aux Cours
d'appel (Section 2) et à la Cour de cassation (Section 3).

26 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 

Section 1 : Les tribunaux de première instance


Nous verrons successivement l’organisation (§1) et les attributions (§2) de ces tribunaux.

§1 : Organisation
Un tribunal de première instance comprend trois grandes catégories que l'on retrouve dans
toutes les juridictions :
• Les magistrats du siège : qui ont pour mission de juger (le président, un certain nombre de
juges et des juges suppléants).
• Les magistrats du ministère public ou du parquet : qui représentent, auprès du tribunal, le
pouvoir exécutif et la société toute entière, en assurant la défense de l'intérêt général. Il s'agit du
procureur du Roi et de ses adjoints: les substituts.
• Le personnel administratif : qui est constitué par les greffiers et les membres du secrétariat du
parquet.
Le tribunal de première instance siège, en principe, avec trois magistrats et l'assistance d'un
greffier. Un tribunal de première instance peut être divisé en sections, suivant la nature des
affaires qui lui sont soumises.

§ 2 : Attributions
Juridiction de droit commun, le tribunal de 1ère instance est doté d'une compétence générale.
Les tribunaux de première instance peuvent connaître de toutes les matières sauf lorsque la loi
attribue formellement compétence à une autre juridiction. C’est une compétence générale qui
s’étend à toutes les affaires civiles, immobilières, pénales et sociales. Il convient de relever que
les attributions de deux sections du tribunal de 1ère instance sont fixées avec précision :
* Section des affaires de la famille: statut personnel, successions, état civil, affaires
d'homologation et des mineurs, Kafala, protection de la famille.
* Justice de proximité : actions personnelles et mobilières n'excédant pas 5000 dirhams, les
contraventions visées par les textes relatifs à la justice de proximité.
Ces nouvelles attributions mises à part, la compétence du tribunal de 1ère instance tient compte
de la valeur du litige:
- Si la valeur des demandes est inférieure à 20000 dirhams, le tribunal de 1ère instance statue en
premier ressort, à charge d'appel devant les chambres des appels des tribunaux de 1ère
instance.
- Si la valeur du litige est supérieure à 20000 dirhams ou si cette valeur est indéterminée, le
tribunal de 1ère instance statue en premier ressort, à charge d'appel devant les cours d'appel.

27 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
En matière pénale, les tribunaux de première instance sont compétents pour juger les délits et
certaines contraventions. En revanche, les crimes relèvent de la compétence de la Cour d’appel.

Section 2 : Les cours d’appel


Nous verrons successivement l’organisation (§1) et les attributions (§2) de ces cours.

§1 : Organisation
La composition d'une cour d'appel regroupe les trois éléments habituels que l'on retrouve dans
les autres juridictions :
• Les magistrats du siège: le premier président et les conseillers qui ont pour rôle de rendre la
justice. En raison de la diversité qui caractérise ses attributions, la cour d'appel est marquée par
une grande spécialisation à la fois des magistrats (magistrats chargés de l'instruction, magistrats
des mineurs ...) et des chambres qui la composent (chambre d'appel de statut personnel et
successoral, chambre criminelle, chambre correctionnelle...).
• Le ministère public est représenté par un procureur général du Roi et des substituts généraux.
Si la présence du magistrat du parquet est obligatoire à l'audience pénale, son assistance en
toute autre matière est facultative.
• La cour d'appel comprend également un greffe et un secrétariat du parquet général.

§ 2 : Attributions
La cour d'appel constitue bien un second degré de juridiction: elle examine une seconde fois les
affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux de première instance. Elle connaît aussi
bien des appels des jugements des tribunaux de première instance que des appels des
ordonnances rendues par leurs présidents. L'une de ses formations particulières – la chambre
criminelle - est habilitée à juger, en première instance, les infractions les plus graves: les crimes.

Section 3 : La Cour de cassation


C'est une juridiction qui se trouve au sommet de la hiérarchie judiciaire. Un dahir du 25 octobre
2011 vient de consacrer la nouvelle dénomination: Cour de cassation. Nous verrons
successivement l’organisation (§1) et les attributions (§2) de cette cour.

§1 : Organisation
Elle comprend :

28 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
• Les magistrats du siège : il s'agit du premier président, des présidents de chambre et des
conseillers.
• Le ministère public est représenté par le procureur général du Roi, qui est assisté par les
avocats généraux.
• Comme les juridictions inférieures, la Cour de cassation comporte également un greffe et un
secrétariat du parquet général.
Au niveau de la haute juridiction, les magistrats sont spécialisés, au moins dans une certaine
mesure. La Cour de cassation comprend en effet six chambres : une chambre civile qu'on
appelle la première chambre, une chambre de statut personnel et successoral, une chambre
commerciale, une chambre administrative, une chambre sociale et une chambre pénale.
Chacune de ces chambres peut être divisée en sections. Seulement, le législateur prend soin de
préciser que toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu'en soit la nature, les
affaires soumises à la Cour de cassation.
La Cour de cassation est une juridiction collégiale. À ce titre, les audiences sont tenues et les
arrêts rendus par cinq magistrats. Dans certains cas, cette collégialité est renforcée et les arrêts
sont rendus par deux chambres réunies et dans certaines affaires, par toutes les chambres
réunies en assemblée plénière. La présence du ministère public est obligatoire dans toutes les
audiences.

§2 : Attributions
La Cour de Cassation contrôle la légalité des décisions rendues par les juridictions de fond et
assure ainsi l’unité d’interprétation jurisprudentielle. La Cour Cassation ne constitue, cependant,
pas un troisième degré de juridiction. Elle contrôle la conformité au droit sans réexaminer les
faits et fixe le sens dans lequel la règle de droit doit être appliquée.
Les deux principales attributions de la Cour de cassation résident dans :
- Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions de certaines
autorités administratives. A cet égard, la Cour de cassation statue en premier et dernier ressort
sur les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigés contre les actes réglementaires ou
individuels du premier ministre ainsi que sur les recours contre les décisions des autorités
administratives dont le champ d'application s'étend au-delà du ressort territorial d'un tribunal
administratif.
- Les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes
les juridictions du Royaume.

29 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
A la faveur de ces pourvois en cassation, la Cour de cassation est donc chargée de contrôler la
régularité de toutes les sentences rendues au Maroc, aussi bien par les juridictions de droit
commun que par les tribunaux d'exception. Elle n'est pas habilitée pour autant à reprendre
l'examen de tout le procès : elle ne constitue pas un troisième degré de juridiction. Son rôle se
limite, en principe, à l'examen des questions de droit : vérifier si les tribunaux et les cours
d'appel ont bien appliqué la règle de droit. Les questions de fait, elles, relèvent de l'appréciation
souveraine des juridictions inférieures.

Chapitre II : Les juridictions spécialisées


Il s’agit des Juridictions administratives (§1) et des Juridictions de commerce (§2).

Section 1 : Les juridictions administratives


Les juridictions administratives comprennent d’une part, les tribunaux administratifs et d’autre
part, les cours d’appels administratives.

§1 : Les tribunaux administratifs


Nous verrons successivement l’organisation (A) et les attributions (B) de ces tribunaux.

A. Organisation
Le tribunal administratif comprend :
■ Un président et plusieurs magistrats,
■un ou deux commissaires royaux à la loi et au droit, désignés par le président du tribunal
administratif pour une période de deux ans, parmi les magistrats de celui-ci et sur proposition de
l’assemblée générale. Ceux-ci jouent le rôle du ministère public mais de façon plus
indépendante puisqu’ils ne sont pas soumis au contrôle du pouvoir exécutif (le ministère de la
justice) ;
■un greffe.

B. Attributions
La loi reconnaît aux tribunaux administratifs une compétence de plein droit, en matière
administrative ou pour les litiges qui mettent en cause l'administration. De la sorte, ils sont
habilités à juger, en premier ressort :

30 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
- Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités
administratives;
- Les litiges relatifs aux contrats administratifs ;
- Les actions en réparation des dommages causés par les actes ou les activités des personnes
publiques (à l'exclusion des dommages causés par un véhicule appartenant à une personne
publique) ;
- Le contentieux des pensions des agents civils et militaires ;
- Le contentieux électoral ;
- Le contentieux fiscal ;
- Le contentieux de l'expropriation pour cause d'utilité publique ;
- L'appréciation de la légalité des actes administratifs.

§2 : Les cours d'appel administratives


Nous verrons successivement l’organisation (A) et les attributions (B) de ces cours.

A. Organisation
On retrouve les mêmes principes que pour les tribunaux administratifs.
- La collégialité, avec un premier président, des présidents de chambre et des conseillers
- L'indépendance réelle du ministère public. Le commissaire royal de la loi et du droit expose à
la formation de jugement, "en toute indépendance", ses conclusions écrites et orales.

B. Attributions
En règle générale, les Cours d'appel administratives sont compétentes pour connaître, en appel,
des jugements rendus par les tribunaux administratifs et des ordonnances de leurs présidents.
Sauf dans quelques rares cas, les décisions des Cours d'appel administratives sont susceptibles
de pourvoi en cassation devant la Cour de cassation.

Section 2 : Les juridictions de commerce


Il s’agit des Tribunaux de Commerce (§1) et des Cours d'appel de commerce (§1).

§1 : Les tribunaux de commerce


Nous verrons successivement l’organisation (A) et les attributions (B) de ces tribunaux.

31 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
A. Organisation
Les tribunaux de commerce comprennent : un président, des suppléants, des juges, et un
ministère public composé d'un procureur du roi et d'un ou plusieurs substituts ainsi qu'un greffe
et un secrétariat du parquet.
Ces tribunaux peuvent être divisés en chambres selon la nature des affaires qui leur sont
soumises. Toutefois chaque chambre reste habilitée à connaître de tout litige du ressort de ces
tribunaux.
Pour assurer l'exécution des décisions des tribunaux de commerce, le président désigne, sur
proposition de l'assemblée générale du tribunal, un magistrat chargé du suivi des procédures
d'exécution. Par ailleurs, le président du tribunal de commerce est aussi juge des référés.

B. Attributions
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :
- Des actions relatives aux contrats commerciaux ;
- Des actions entre commerçants à l'occasion de leurs activités commerciales;
- Des actions relatives aux effets de commerce ;
- Des différends entre associés d'une société commerciale;
- Des différends à raison du fonds de commerce.
Les tribunaux de commerce statuent, en premier et dernier ressort, c'est-à-dire, sans possibilité
d'appel, lorsque la valeur vénale initiale du litige ne dépasse pas 9000 dirhams. Ils statuent en
premier ressort seulement lorsque sa valeur dépasse ce seuil.

§2 : Les Cours d'appel de commerce


Nous verrons successivement l’organisation (A) et les attributions (B) de ces tribunaux.

A. Organisation
Les cours d'appel de commerce comprennent :
• Un premier président, des présidents de chambre, et des conseillers;
• un parquet général composé d'un procureur général du Roi et des
Substituts généraux ;
• un greffe et un secrétariat du parquet général.
Elles se subdivisent en chambres, selon la nature des litiges. Toutefois, chaque chambre reste
compétente pour connaître de tout litige porté devant la cour.

32 
 
EG  S3  Gr.2  Introduction à l’étude du droit  2016‐2017 
 
B. Attributions
Les cours d'appel de commerce connaissent des appels interjetés contre les décisions rendues
en premier ressort seulement par les tribunaux de commerce. Cette voie de recours est assortie
d'un délai franc de 15 jours à compter de la date de notification de la décision. En cas d'erreur
ou si le demandeur ou le défendeur à l'action commerciale n'est pas satisfait, les intéressés
disposent du droit de se pourvoir en cassation pour faire contrôler la décision rendue.

33 
 

Vous aimerez peut-être aussi