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Dans le cadre du concours national

2018/2019 « Défense et illustration de la


langue Française » organisé par
AMOPA :

Fiche de renseignements :
Nom : Zennouche.
Prénom : Célia.
Classe : Classe de terminale.
Filière : Scientifique.
Professeur encadreur : Mme Birem.
Établissement : Lycée « Omar Racim » ; Rue
des frères Meslem ; Alger, Algérie.
Travail choisi : La nouvelle.
Titre de la nouvelle : L’hôtel homonyme.

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Remerciements :

Un grand merci à
madame Birem, qui a
toujours cru en ma
plume, lui permettant
d’étaler ses étrangetés.

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L’hôtel
homonyme.

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La plage placide de «Trikora»  m’accueillit à bras ouverts durant la saison estivale, que je
guettai impatiemment pour échapper à la routine lancinante du quotidien.
J’en avais pleinement profité quand je décidai de rentrer dans ma chambre d’hôtel pour
poursuivre ma lecture en toute quiétude et qu’on toqua à ma porte. Je n’eus même pas le
temps de sortir de mon lit que celle-ci fut déjà ouverte exhibant un jeune homme de taille
robuste, aux larges épaules athlétiques de colosse.

L’inconnu stagna au milieu de la pièce, inerte, inspectant ses recoins du regard sans daigner
prononcer le moindre mot. Pensant qu’il s’agissait d’un employé des lieux, bien que surpris
par cette attitude non professionnelle qu’est de s’introduire aussi grossièrement et sans
permission ; je demandai le motif de sa présence quand celui-ci me prit violemment par le
bras et commença à balbutier très vite, dans une langue qui me parut étrangère au premier
abord mais qui s’avéra être la mienne hormis qu’elle fut déformée par l’incohérence de ses
propos dépourvus de sens et désordonnés, comme si ses mots ne furent pas au bon
emplacement.

̶̶̶ P..Pa..Dois..Dois..GER ! ..GER ! T..oi.. PARS » marmonna-t-il jusqu’à fredonner


presque.

Finalement, l’individu se retira sans rien rajouter à son charabia aléatoire et rouvrit la porte
grâce à une copie de ma carte magnétique que j’étais le seul censé posséder.
À l’accueil, quand je réclamai des clarifications ; on m’expliqua qu’il devait sûrement s’agir
d’une erreur et que la personne ne pouvait être autre que l’ancien propriétaire de la chambre
dont on aurait oublié d’invalider la carte après le départ. Je m’éclipsai aussitôt que la
réceptionniste me fit la promesse d’y remédier sur-le-champ pour m’apprêter à faire une
balade. Une fois monté, je me précipitai vers le porte-manteau auquel, mon T-shirt de
vacances que je portais lors de mon arrivée, n’était plus suspendu. Un constat qui fut
rapidement absorbé par mon désir avide de découvrir la splendeur de l’archipel en bicyclette
puisque j’en mis un autre.

Le lendemain, en déjeunant, la mystérieuse personne s’adressa étonnamment à moi pour


s’excuser des évènements de la veille, m’affirmant qu’elle était navrée de m’avoir effrayé et
que tout cela n’aurait pas eu lieu si elle ne s’était pas trompée de chambre ; avant de
reprendre sa place et continuer à manger elle aussi, en face de moi, un sourire comme
narquois sur les lèvres.

Je rejoignis ma chambre dans le dessein de prendre une douche quand je découvris un


crayon usé sur le sol de ma salle de bain que je mis sur ma table de chevet sans plus
d’intérêt. Rafraîchi, la côte n’attendait plus que mes pas qui s’empressèrent de déferler tout
le long de sa structure au bénéfice d’une vue à couper le souffle; un paysage qui s’estompa
graduellement au fur et à mesure que mes yeux me confirmaient la présence du mystérieux,
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qui ne fut pas l’objet de mon angoisse, non, mais plutôt celle de son accompagnateur qui, lui,
portait mon t-shirt manquant. Ils se hâtèrent de partir quand j’avançai vers eux d’un air
interrogateur.

Je me dirigeai vers le supermarché dans le but de me munir de quelques bouteilles d’eau


pour me désaltérer et soulager mon corps de ce soleil ardent ainsi que de toutes ces
coïncidences suspicieuses quand tout d’un coup je sentis mon souffle me quitter et mon
rythme cardiaque s’accélérer quand je vis, explicitement, vêtu de mon habit, le partenaire de
mon énigmatique camarade d’hôtel, se tenant à deux pas de moi, les traits identiques aux
miens. Ce dernier ne tarda pas à quitter l’endroit, me laissant stupéfait et incapable de bouger
le petit doigt, complètement figé au sol espérant que ça ne soit rien de plus qu’une farce
élaborée, mais aussi en me laissant la conviction qu’il n’était pas venu acheter quoi que ce
soit ; uniquement manifester son existence si .. comparable à la mienne.

De retour à l’hôtel, pas mal secoué par ce qui s’était produit, je m’affalai sur le lit, songeur,
quand je discernai des carrés de papier-toilette sur le sol, symétriquement et méticuleusement
disposés, formant une sorte d’itinéraire à suivre. La piste me conduisit aux sanitaires où je
retrouvai ce même crayon là où je l’avais trouvé, errant devant le rouleau de papier toilette
qui débordait. J’en pris le morceau qui dépassait et trouvai qu’on avait écrit dessus avec le
crayon, je lus ce qu’il y avait d’écrit, ainsi que sur les autres morceaux qui, individuellement
et dans l’ordre donné, étaient peu révélateurs et insensés, tout comme les paroles de cet
étranger, mais une fois assemblés dans le bon ordre, formèrent un avertissement annonçant :

«  Tu es en danger, il n’y a plus aucun espoir pour moi mais tu peux encore te sauver. Vas
dans l’autre chambre et ne la quitte plus. Ceci n’est pas une blague. »

J’ignorais tout de la signification de ce message ; les seules questions que je me posai


concernèrent l’identité de celui ou celle qui tente de me jouer un mauvais tour depuis mon
arrivée ici. Comment peut-on avoir accès à ma chambre pour mettre tout ça en scène ? Sur le
coup, je n’avais qu’une idée en tête, comprendre ce qui se passait peu importe l’absurdité de
la chose.

« ..Vas dans l’autre chambre et ne la quitte plus.. » A-t’on dit.

Je pensai à mon numéro de chambre, la Cinq cent dix-huit. J’essayai toutes les
combinaisons possibles pour conclure le numéro de la chambre inverse ce qui donna la Cent
quatre-vingt-cinq, sachant que le nombre de chambres de l’hôtel se limitait à Six cent douze
et que la Cent cinquante-huit ainsi quet la Cinq cent quatre-vingt-un n’existaient pas.

Je saisis le téléphone et appelai le numéro en question, on me répondit en Allemand ce qui


me dissuada de poursuivre mes recherches. Je raccrochai pour m’avancer vers mon balcon
prendre l’air, ce fut une douche froide que je pris à la place quand je vis ce clone en bas,
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entrain de me fixer, tard dans la pénombre.
Je passai un coup de fil à l’accueil pour m’en plaindre quand la réceptionniste me rappela
dans la seconde pour me dire qu’il n’y avait strictement personne. Effectivement, il s’était
instantanément volatilisé.

Le jour qui suivit, accablé par cette histoire, je fis un tour en ville qui souligna une présence
fort inexpliquée. Au bout de la rue, un hôtel que je n’avais encore jamais remarqué et qui ne
m’avait pas été proposé par l’agence de voyage, était cabalistiquement similaire à celui dans
lequel je résidais, à une exception de près, tout y était à l’envers, dans la direction opposée
de celle de mon hôtel, comme un reflet dans un miroir.

J’y entrai pour me renseigner davantage, la réceptionniste ne me donna aucune information


quand je lui demandai s’ils étaient au courant de l’existence d’un hôtel fort semblable au
bout de la rue ; ils se contentèrent tous de me répondre que tout irait bien. Je désertai donc
pour me rendre à mon hôtel et y poser les mêmes questions, on m’informa que c’était bel et
bien le seul hôtel des environs et que le prochain n’était pas à moins de dix kilomètres. Je fis
le lien avec le message qu’on m’avait délivré, dans la mesure où il se pourrait qu’il s’agisse
de la chambre à laquelle on fit illusion, la Cinq cent dix-huit de l’autre hôtel.

Je m’y rendis de nouveau, tout y fut intact, inaltéré, carrément cloné à défaut d’inverser les
directions. La porte de la chambre en question était elle aussi équipée d’un système de
lecture de carte magnétique. J’y insérai la mienne et la porte s’ouvrit immédiatement. J’y
retrouvai mon double, la figure agacée, fâchée et lugubre, lui aussi ma réplique trait par trait,
mais loin d’être surpris. C’est alors que je pris la fuite, complètement perdu et submergé par
les faits.

De retour, je fis mes valises et me préparai à prendre l’avion au petit matin. À l’aéroport, on
me demanda si j’allais voyager seul finalement, moi qui avais réservé pour deux. Je les
contredis et ils m’affirmèrent que j’avais effectué une demande pour deux personnes.

Quelques heures plus tard, chez moi, je croise Dino, mon voisin qui me demanda si mon vol
fut annulé. Je fus pris par un moment de confusion dont je me délivrai pour lui demander ce
qu’il voulait dire par là. Il me répondit que je venais tout juste de le quitter pour prendre
l’avion et que je lui avais confié un coli qu’il devait préserver. À son tour, il fut déconcerté
que je ne me souvienne pas de tout cela alors qu’on s’était quittés il y a à peine quelques
heures ; ce qui me poussa à lui demander la date. Plus délirant encore, il me donna celle de
mon départ. Il était évident pour moi qu’on était sept jours de plus que ce qu’il avait
prétendu, les sept jours qu’a duré mon voyage. Je ne posai aucune question supplémentaire
et me contentai de le remercier avant de reprendre mon paquet.

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Je montai chez moi, étourdi et mal au point ; je dispersai le contenu du paquet sur le pieu.
Entouré de morceaux de papier hygiénique, le regard éteint et vitreux, le message dansait
encore dans ma tête : « Arrête de te questionner, tout va bien, tout ça prendra fin bientôt. »

Je m’avançai vers la fenêtre. Accoudé sur ses bords, ma vue devenait peu à peu plus trouble
qu’à l’instant d’avant ; mon champ visuel se restreignait ; ma maison ne donnait plus sur la
mer mais sur la piscine de l’hôtel. Je reculai, affolé et déboussolé, je tentais en vain
d’atteindre la porte ; celle-ci, au contact de ma peau, métamorphosa sa serrure en système de
lecture de carte magnétique. Je me sentis faible, mes membres s’engourdirent et mes yeux se
plissèrent sans pour autant se fermer. J’étais pris par un ouragan de sensations aussi confuses
et vagues les unes que les autres. Tout se mélangeait dans mon esprit, le décor de ma
chambre s’imprégnait de celui de ma chambre d’hôtel. Les bruits devenaient stridents, mes
mouvements moux et ma démarche nonchalante. Les objets valsais dans tous les sens dans
un rythme psychédélique jusqu’à ce que je rejoignis le seuil de ma salle de bain, de laquelle
émanaient des bruits singuliers. Je m’efforçai d’y arriver sans m’effondrer, mon équilibre me
trahissait et mes sens m’abandonnaient. J’ouvris la porte avec beaucoup de mal  et c’est là
que j’aperçus cette silhouette qui m’était devenue si familière à force de me suivre à la trace.
Je dépensai ce qui resta de mon énergie quasi-épuisée à essayer de ramper jusqu’à la porte
pour demander de l’aide. Je n’y parvins pas ce qui permit au clone de me traîner de nouveau
dans la salle de bain. J’entendis une résonnance macabre, un chant funèbre au loin et,
pendant l’espace d’un instant, je retrouvai une once d’énergie, comme par miracle ; trop
faible cependant pour me permettre de me débattre alors que mon heure avait sonné, mais,
assez suffisante pour me donner l’occasion de saisir le crayon qui errait toujours sur le sol et
griffonner à mon tour quelques mots sur le papier, dans un ordre calamiteux, avant de
m’éteindre à jamais.

****************************

Je m’appelle Rosalie, j’ai vingt-quatre ans et je suis en vacances. L’île de « BINTAN » a


depuis toujours bercé mes rêves les plus capricieux, notamment la plage de «Trikora» qu’il
me tarde de rencontrer.

Je pus enfin récolter la somme d’argent requise après tant d’années passées à économiser, ce
qui m’a permis de faire ce voyage. C’est un caprice que je satisfais avec fierté, je l’ai bien
méritée ; après tout, l’épreuve est la condition de la récompense.

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L’hôtel m’a l’air accueillant et le personnel ainsi que le service sont à la hauteur de mes
attentes. Je viens de sortir de l’eau cristalline de  «Trikora» , mes cheveux sentent la noix de
coco et mon teint est doré comme du blé. Il n’y a pas à dire, c’est de loin mon meilleur
investissement.

C’est le moment pour moi de prendre une douche. Tiens ! Un crayon ! Qu’est-ce qu’il fait
dans ma salle de bain ? Peu importe, il appartient sûrement au personnel.

Cette douche m’a requinqué. Je devrais mettre ma petite robe verte, elle ira à ravir avec ma
peau bronzée. Mais où a-t-elle bien pu passer ? Je l’ai sûrement mise avec mon linge sale
par erreur dans la salle de bain.

C’est étrange, le crayon y est toujours, j’aurais pourtant juré l’avoir mis sur ma table de
chevet. On dirait qu’il y a un mot à coté : « P..Pa..Dois..Dois..GER ! ..GER ! T..oi.. PARS. »

Je me demande ce que ça peut bien être …

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