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Revue Économie, Gestion et Société N°5 juin 2016

CAPITAL INVESTISSEMENT ET PETITES ET MOYENNES

ENTREPRISES

De

Kaoutar BOUSHIB

Chercheuse en Economie et Gestion, FSJES de Rabat- Souissi, Université


Mohamed V- Rabat.

&

Mohammed AKAABOUNE

Professeur à la FSJES de Rabat- Souissi, Université Mohamed V- Rabat.

Résumé :

Cet article aborde le sujet du Capital Investissement sous deux angles. En premier lieu, nous

présentons les atouts de ce financement pour les petites et moyennes entreprises. En second

lieu, nous montrons que contrairement à la théorie micro-économique qui affirme que tout

décideur a un comportement rationnel, la décision d’accepter ou de rejeter un dossier par un

capital investisseur n’est pas toujours rationnelle et que dans la réalité, de nombreux facteurs

influencent le mécanisme décisionnel d’un capital investisseur.

Mots clés:

Capital Investissement ; Petites et Moyennes Entreprises ; Décision rationnelle ;

Financement.

Abstract :

This paper addresses the topic of Private Equity in two ways. First, we present the advantages

of this financing for small and medium enterprises. Second, we show that unlike the

microeconomic theory where decision maker has a rational behavior, the decision to accept or

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reject a case by an investor capital is not always rational and that in reality, many factors

influence the decision-making mechanism of investor capital.

Keywords:

Private equity - Small and Medium Enterprises - rational decision – Funding.

JEL:

G : Économie financière ;

G2 : Institutions et services financiers ;

24- Investissement bancaire, capital-risque, courtage.

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Introduction

Une première véritable ouverture officielle du capital d’une petite et moyenne entreprise

(PME) pourrait se manifester en l’acceptation d’un Capital Investissement, une des

composantes essentielles du dispositif de financement. Cette option a fait l’objet de plusieurs

définitions dont on cite : « Le capital risqueur est en mesure d’intervenir dans toute opération

visant à améliorer le haut de bilan d’une entreprise, en renforçant notamment le niveau des

fonds propres, qu’il s’agisse du démarrage d’un projet, de la croissance, de la reprise d’une

entreprise ou encore le financement de l’investissement immatériel. » Belletante, Levratto,

Paranque, (2009).

Dans cette définition, le Capital Risque est utilisé indifféremment pour parler du Capital

Investissement (traduction de l’anglais « venture capital »). Afin d’éviter toute confusion

entre le terme « Capital Investissement » et le terme « Capital Risque », nous allons associer

la première expression à une notion plus large qui consiste en un soutien fondamental de

l’entreprise non cotée tout au long de son existence. Il finance les opérations de financement

des projets entrepreneuriaux qui sont au stade de Recherche&Développement (Capital

Amorçage), le démarrage (Capital Risque), le développement (Capital Développement), la

transmission (Capital Transmission) ou le financement des entreprises en difficultés (Capital

Retournement).

Sur le plan théorique, le Capital Investissement est une piste susceptible d’injecter une

bouffée d’oxygène subsidiaire en matière de financement des PME et les fonds dont disposent

les capital investisseurs pourraient contribuer à l’amélioration de l’accès de ces entités au

financement et ce quels que soient le niveau de développement et le lieu d’implantation. Mais

passant à l’acte, quelle réalité véritablement? Telle est la problématique à laquelle le présent

article se propose de répondre. De cette question centrale, découlent d’autres plus

spécifiques :

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Quels avantages pourrait offrir l’implication du capital investisseur dans une PME?

Et est-ce que toutes les PME ont les mêmes chances d’avoir la faveur de ces organismes

lorsqu’elles manifestent un besoin de financement?

La décision d’apporter un soutien financier à une PME est-elle rationnelle pour un

capital investisseur ?

Cet article se propose d’apporter des éléments de réponse à la problématique précédemment

soulevée en deux points : Le premier exposera les avantages d’un financement via le Capital

Investissement pour les PME tout en précisant l’existence ou non de traitement de faveur. Le

deuxième analysera les facteurs de décision pris par les organismes de Capital Investissement.

1. Capital Investissement et PME : Quel soutien ?

Il est essentiel de comprendre qu’avec l’entrée d’un capital investisseur dans le tour de table

des patrons des PME, l’avantage est double :

1.1 Le Capital Investissement est plus qu’une activité d’apport en fonds propres pour les

PME : Il s’agit plutôt d’un partenariat stratégique. En outre de l’apport financier qu’il permet

de réaliser, il permet à l’entreprise de bénéficier d’un appui au management durant toute la

durée de son implication.

Le capital investisseur apporte une valeur ajoutée importante au jeune entrepreneur (Mondher,

Dubreuille. (2009):

Coaching et motivation pour l’équipe fondatrice.

Savoir-faire de spécialiste pour construire des nouveaux projets. Accès à un réseau

d’entrepreneurs expérimentés, des clients potentiels, des partenaires d’affaires et des

managers qui peuvent aider à faire du projet un succès.

Conseil sur la façon de réaliser le succès de la compagnie (vente, marketing, etc.).

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Lors de la négociation de l’opération de l’ouverture du capital, l’entreprise investie et

l’opérateur en question décident d’une liste de décisions qui exigeront soit l’accord de

l’investisseur soit uniquement son avis. Lorsque le besoin se ressent, l’investisseur peut

participer aux opérations de recrutement, au développement de nouvelles activités… En cela,

le Capital Investissement bien qu’il représente une ressource prêtable au même titre qu’un

crédit bancaire, il en diffère par son comportement de soutien en plus de celui du contrôle. En

ceci, l’investisseur n’apporte pas uniquement des fonds, mais également un savoir-faire qui

sera un atout pour la PME investie.

Quelques articles récents ont montré que le Capital Investissement constitue une solution de

financement externe alternative, bien adaptée aux entreprises innovantes, aux entreprises de

petite taille. (SOUBEYRAN, 2015). Les sociétés de Capital Investissement ne sont pas pour

autant de simples apporteurs de capitaux, ce sont aussi des experts qui apportent un soutien

managérial et technique aux entreprises de leur portefeuille dans le but de leur ajouter de la

valeur. (Pommet et Rainelli, 2012). Également, des études empiriques (Brav et

Gompers(1997), Manigart et al (2002) et l’Association Française des Investisseurs pour la

Croissance AFIC (2007) ont montré que les sociétés qui ont reçu des investissements en

provenance du Capital- risque ont connu un fort dynamisme. Les résultats de ces études

tendent à montrer que les sociétés financées par capital-risque sont plus performantes.

« Les PME investies réalisent un chiffre d’affaires par entreprise beaucoup plus élevé que les

non investies. Les résultats montrent aussi une dynamique d’internationalisation plus forte

chez les jeunes entreprises et chez les PME investies tous âges confondus… Les PME ayant

reçu des investissements emploient davantage de personnel » RÉDIS (2009).

Par conséquent, le Capital Investissement est la solution la mieux utilisée pour répondre au

« souci de cohérence entre le besoin de l’entreprise et le positionnement de l’intervenant

financier… dans le cadre d’une convention d’apport et de financement qui aura fait l’objet de
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règles écrites spécifiques et adaptées à chaque cas de figure ». ORDONNEAU, CAZES,

LARGUIER. (2009-2010).

Il est à rappeler aussi que le Capital Investissement est un mode de financement acceptable en

termes de délai se situant dans une fourchette allant d’un an à 8 ans. La durée moyenne

d’investissement dans une entreprise est de 5 ans. Par conséquent, son délai est moins

contraignant que celui des billets de trésorerie.

Les leviers de création de valeur concernent essentiellement, de manière positive,

l’amélioration de la croissance et de la rentabilité, et l’optimisation des risques économique et

financier. Toutefois, il est à préciser que la participation active d’investisseurs professionnels

dans les entreprises contrôlées par des fonds de Capital Investissement, les décisions de

gestion peuvent présenter un profil de risque supérieur associé à une rentabilité attendue en

conséquence. (CERNÉS, 2007)

1.2 Le Capital Investissement : Une trajectoire de développement discriminante

En réalité, toutes les PME ne sont pas perçues de la même façon au niveau des organismes de

Capital Investissement. Emmanuel HARLÉ a noté dans son article « Marier stratégie et

création de valeur : le BUILD UP » (2011) que les critères d’investissement sont au

demeurant assez proches d’un LBO :

 L’implication du management

 Le positionnement de l’entreprise sur son marché

 Les forces et les faiblesses de l’entreprise et son potentiel de croissance

 Les possibilités de sortie à terme.

La spécialisation sectorielle constitue un des facteurs clés de choix. La prise en compte du

secteur d’activité dans l’analyse des dossiers implique d’étudier son impact sur l’organisation

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de la société, mais aussi d’évaluer les contraintes de rentabilité spécifiques au secteur

envisagé. (CERNES .2007).

Les petits dossiers et le capital création ne sont pas toujours valorisés. Par les petits dossiers,

nous ne voulons guerre parlé des entreprises de petite taille. Au contraire, une petite entreprise

innovante est susceptible d’intéresser un capital investisseur à la seule condition qu’elle

présente un fort potentiel de développement ou un avantage compétitif. Un business plan bien

ficelé qui éveille l’intérêt du capital investisseur sera un bon point de départ. Toutefois, avant

de s’engager, le capital investisseur va revoir le business plan en détail : c’est la due

diligence. Le schéma suivant illustre Le processus de financement d’un Capital investisseur.

Figure n°1 : Processus de financement via le Capital Investissement

Mondher, Dubreuille. (2009).

Globalement, la qualité du projet et le potentiel de création de valeur font la différence. Une

PME avec un management transparent aura plus de chance d’avoir la faveur des organismes

du Capital Investissement. Les PME n’ayant pas le profil adéquat pour prétendre bénéficier

du Capital Investissement, peuvent se tourner vers le capital de proximité (Business angels…)

qui travaillent essentiellement avec de la « love money1 ».

La non valorisation des petits dossiers par les investisseurs s’explique par les frais de gestion

qui fluctuent entre 2,5 et 5% des actifs. Des frais qui résultent de tout un travail de filtrage

accompagnant la sélection des dossiers devant être acceptés. Mais est-ce que ce filtrage est-il

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Il s’agit essentiellement du premier cercle de connaissances du fondateur (famille, amis), qui apportent une aide
certes symbolique au démarrage mais qui est appréciable au moment où le besoin d’argent est le plus pressant.
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réalisé dans le but de rendre la décision rationnelle ? Le point suivant va nous apporter des

éléments de réponse.

2. PME et Capital Investissement : Une décision non rationnelle

La théorie micro-économique affirmait que tout décideur a un comportement rationnel. Cela

suppose qu’il doit disposer d’une bonne information avant d’opérer un choix. Or, dans la

réalité, de nombreux facteurs influencent le mécanisme décisionnel du capital investisseur et

la décision d’accepter ou de na pas accepter un dossier n’est pas toujours rationnelle. Nous

tenons à rappeler que pour pouvoir qualifier une décision de rationnelle ou non, cela dépend

tout d’abord de : 2-1) la compréhension de l’environnement dans lequel opère la PME et (2-2)

des pressions auxquelles les autres acteurs soumettent le capital investisseur. Au niveau de ces

deux points, le Capital Investisseur est confronté dans une grande mesure aux paradoxes, à

l’ambiguïté et à l’imprévisibilité.

2.1 Un pouvoir informationnel fortement centralisé :

Bien choisir, c’est avant tout être bien informé. Être informé, c’est disposer d’une

information de valeur. Or, la valeur de l’information est fonction de sa qualité et de cette

qualité dépendra la qualité de la décision.

L’information affecte réellement la décision : « Grâce à l’information, on peut prendre des

décisions qui modifient l’environnement, on est capable d’agir et de décider. Cependant, le

fait de ne pas maîtriser complétement l’environnement nous rend subjectif et l’information

reçue peut être partiale ou partielle. On peut donc avoir une appréhension maximale mais pas

optimale d’un problème donné. » H.E.SIMON. Prix de Nobel d’économie

En processus décisionnel, l’information est une ressource stratégique. Elle est un facteur clé

de nature à influencer une décision. Il s’agit ici d’une donnée réductrice d’incertitude. Une

telle incertitude qui décroît avec l’accumulation de l’information. Or, pour accumuler cette

information, l’investisseur doit trouver des réponses à toutes ces interrogations :

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a) Définir ce que la PME sait faire : Que fait la PME? Quel est son métier ? Quelle est sa

mission? Quel est son potentiel stratégique ? Quelles sont ses caractéristiques (taille,

activité, technologie…) ?

b) Définir ce que la PME veut faire : Quels sont ses objectifs stratégiques ?

c) Définir comment elle veut le faire : Par quelles politiques (Recherche-développement,

production, mercatique, fonction financière, fonction Ressources Humaines…)?

d) Déterminer dans quels domaines la PME possède des compétences supérieures à ces

concurrents : Possède-t-elle des domaines d’activité stratégique ? Dispose-t-elle d’un

avantage concurrentiel ? Est ce qu’elle détient un savoir-faire spécifique ? La qualité

de ses produits et/ou services est-elle suffisante? Quels sont ses facteurs clés de

succès ? Quelles opportunités à saisir ? Quelles menaces à éviter ? Quels sont ses

clients ? Sont-ils fidèles ? Sa politique commerciale est-elle cohérente ? Ses

compétences sont –elles adéquates aux attentes réelles du secteur visé ? Quelle est sa

place dans l’environnement économique ?…..

En réalité, seul le patron d’une PME souvent le dirigeant qui détient le monopole des

réponses à ces interrogations. « Véritable homme-orchestre, il s’identifie à elle. »

(ALBERTO, COMBEMALE.1998)

La définition de la confédération générale 2 des PME met l’accent également sur l’implication

du patron qui est à la fois le dirigeant, le propriétaire et l’entreprise. Chaque activité de la

PME comprend une part informationnelle très importante susceptible d’influencer une

décision. Le patron est au cœur du système informationnel, il a toutes les données en main.

L’ensemble de ces informations est rassemblé dans des fichiers : fichier client (nom, adresse,

mode de règlement…), fichier fournisseur ( nom, adresse, catalogue…), fichier ressources

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La confédération générale des PME a opté pour une définition qualitative de la PME : « les petites et
moyennes entreprises sont celles qui sont exploitées par des patrons qui risquent dans leurs affaires leurs propres
capitaux, qui exercent sur ces affaires une direction administrative et technique effective, et qui des contacts
directs permanents avec leur personnel ».
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humaines ( l’identité des salariés, le niveau et la nature des compétences de son personnel et

tout ce qui touche à leur carrière…) , fichier technique( machines, les procédures d’exécution

de production…), fichier stock ( quantités commandées, stock minimum, délai de livraison

…) et les comptes de la PME.

L’accès à l’information est crucial pour permettre aux sociétés de capital-investissement de

réaliser la due diligence nécessaire à l’évaluation des cibles (Mike Wright, 2002). Dans une

opération de Capital Investissement, le patron (Insider) occupe une position centrale et est

considéré comme la pierre angulaire de l’organisation. Il est en position de force en matière

d’accès à l’information et est seul capable de tout ou de partiellement dévoiler. Des

informations dites privilégiées conservées uniquement par le patron peuvent entrainer la

sélection par le capital investisseur (Outsider) d’un mauvais dossier.

Le passage pour un patron d’une ère de la conservation à celle du partage et de l’obligation de

la diffusion de l’information n'est pas un problème ponctuel que l’on résout, mais un système

qui doit se modifier en fonction des changements de l’organisation et de son environnement.

Ce passage sera douloureux nécessitant le passage du culturel à l’économique et prenant

conscience que l’enjeu est stratégique. Tout doit commencer par une réforme de la manière de

penser. Cette réforme doit être choisie par les dirigeants des PME et non subie. Sinon, c’est

l’échec assuré. Le bon fonctionnement est basé sur une relation de confiance mutuelle entre le

patron de la PME et le capital investisseur pour un rapport gagnants-gagnants.

2.2 Le Capital Investissement et la notion de risque :

Du côté PME, beaucoup de patrons des PME redoutent parfois de perdre le contrôle de leur

entreprise avec l’entrée d’un capital investisseur. L’idée d’accepter un capital investisseur est

rejetée en amont puisqu’elle est synonyme de perte de contrôle de l’entreprise. De ce fait, le

crédit bancaire reste l’option privilégiée pour le financement de leurs besoins. Qu’en est-il

véritablement ?

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En vérité, les patrons des PME n’ont rien à craindre quant au sujet de la perte du contrôle de

l’entreprise avec l’entrée d’un capital investisseur dans leur tour de table car les pratiques

situent habituellement la participation des organismes de capital investissement entre 10 et

30% du capital. Le financement apporté reste donc minoritaire et en règle générale, plus le

pourcentage de participation est faible, plus les pouvoirs de l’investisseur sont restreints.

Toutefois, »Les entrepreneurs doivent garder à l’esprit l’effet mécanique de la dilution du

capital et du pouvoir qu’ils subiront en cas d’appels successifs aux investisseurs en capital. »

REDIS (2009).

Pour le Capital investisseur, contribuer au financement d’une PME consiste pour cet

organisme à dépenser en t 0 une somme certaine en vue de rentrées futures incertaines. Ces

encaissements recouvrant le prix de cession en t 1 et tous les revenus reçus sur la période t 0 t1.

De ce fait, L’organisme en Capital Investissement est obligé d’emprunter un comportement

de financier : »Plus le risque d’un actif est élevé, plus les investisseurs sont en droit d’en

attendre une rentabilité élevée. » BOSSU, HENROTTE, (2008).

Le Capital investisseur partage les risques et espère en contrepartie réaliser une plus-value à

sa sortie. Il cherche des projets qui offrent une opportunité des profits élevés. Il attend des

bénéfices en rapport avec les risques pris. « S’il est un domaine où le profit n’est pas un mot

tabou, c’est évidemment celui de la finance. Ce qui va donc motiver l’investisseur en fonds

propres, c’est l’espoir de plus-value » ORDONNEAU, CAZES, LARGUIER, (2009).

Bien que le capital investisseur considère l’entreprise dans laquelle il investit comme une

unité de son portefeuille3 d’actifs, il a lui-même ses propres actionnaires qui lui imposent un

niveau minimal de rentabilité pour un risque donné. Ce dernier se décompose en trois

catégories (RÉDIS, 2009) : Le risque d’affaires, le risque financier et le risque managérial.

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La théorie du portefeuille concerne toutes les situations risquées et le raisonnement peut s’appliquer à toute occasion de
prise de décision.
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En cela le couple rendement-risque est primordial et tous les raisonnements de la théorie du

portefeuille (théorie du risque) qui sont construits sur l’hypothèse de l’aversion pour le risque

des agents économiques.

La notion de rentabilité doit être présente tout au long du processus décisionnel. La

maximisation du retour sur investissement doit être garantie par la réalisation d’un Taux de

Rendement Interne (TRI) espéré lors de l’entrée. De même, la performance réalisée est

évaluée par le Multiple (Indice de profitabilité qui égal au rapport des encaissements y

compris le produit de cession sur le montant initialement investi). De ce fait, il doit chercher

à tout prix à éviter les pertes sur sa participation et à protéger sa renommée. Or, ceci ne pourra

se réaliser si le choix opéré n’est pas judicieux. Le capital investisseur prendra ses décisions

en fonction de ses attentes de performance et du coût de son financement (Rapport Coût-

Bénéfice). Son choix sera déterminé par la réunion de l’ensemble des souhaitables et

l’ensemble des possibles : le premier résulte de sa fonction d’utilité qui renseigne sur son

degré d’attitude vis-à-vis du risque alors que le deuxième s’obtient à partir de ses

anticipations formulées.

Être hostile au risque ne veut pas dire refuser pour un investisseur capital de prendre des

risques, cela veut dire n’accepter de s’engager dans des projets risqués que si la compensation

est équivalente au volume de risque encouru. Le capital investisseur apporte les fonds

nécessaires au financement de l’entreprise et il faut bien évidemment qu’il recherche la

meilleure affectation possible à ces fonds.

En ceci, la transparence du management de la PME, la maitrise par cette dernière de son

environnement et de son secteur d’intervention sont autant de facteurs clés de succès lors de

l’opération d’ouverture de capital.

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En outre, l’ouverture d’une PME à un Capital investisseur est l’occasion d’opposer deux

styles de leadership: l’entreprise entrepreneuriale où les propriétaires du capital gèrent eux-

mêmes l’entreprise et l’entreprise managériale où les propriétaires du capital laissent à un

gestionnaire le soin de gérer l’entreprise. Le fait que le dirigeant soit propriétaire ou non de

l’entreprise qu’il dirige a des conséquences sur le style de management.

Lors de la réalisation d’une opération de Capital investissement, deux cultures différentes de

gestion seront mis côte à côte au sein de la PME cible : une première impliquant souvent un

style paternaliste ou le dirigeant est l’animateur de l’entreprise et où l’ambiance et les

conditions de travail sont fortement conditionnés par sa personnalité, il donne des instructions

et précise les règles à suivre. Ce type de gestion n’implique pas trop de formalisme et une

deuxième où le dirigeant a un statut lié à sa compétence, il est souvent nommé par

l’actionnaire majoritaire pour la simple raison qu’il détient un savoir-faire que les

propriétaires n’ont pas, il perçoit des dividendes et peut être sanctionner par son

remplacement en cas d’insatisfaction par les propriétaires.

Conclusion :

L’étude du Capital Investissement comme source de financement pour les PME nous a permis

de ressortir les conclusions suivantes :

Le Capital Investissement est non seulement une source de financement alternative, mais

également un véritable facteur déclencheur d’un changement positif. Grâce au savoir-

faire et l’expérience des gérants de fonds, cette source apporte une véritable valeur

ajoutée au management de la PME dans son ensemble.

Malgré cet avantage indéniable, l’idée d’accepter un capital investisseur est rejetée en

amont par les dirigeants des PME qui en sont souvent les propriétaires. Pour ces derniers,

admettre un capital investisseur est synonyme de perte de contrôle et de dilution des

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pouvoirs de décision. Or, en règle générale, plus le pourcentage de participation est

faible, plus les pouvoirs de l’investisseur sont restreints.

La compréhension de l’environnement dans lequel opère la PME et les pressions

auxquelles les autres acteurs soumettent le capital investisseur en termes de rentabilité

sont autant de facteurs qui influencent le mécanisme décisionnel du capital investisseur.

Des facteurs auxquels le Capital Investisseur est confronté dans une grande mesure aux

paradoxes, à l’ambiguïté et à l’imprévisibilité.

L’existence de deux meneurs au sein de la même PME peut être à l’origine de toute une

divergence d’intérêts. À l’asymétrie de l’information, s’ajoutent les problèmes d’agence.

Le succès d’un financement via le Capital Investissement exige l’instauration d’un climat

de confiance mutuelle entre les deux parties. Seule une bonne communication pourrait

jouer ce rôle. Au terme de cet article, nous souhaitons pouvoir souligner le rôle essentiel

que le Capital Investissement peut jouer dans les différentes phases du cycle de vie d’une

PME.

Bibliographie :

Belletante B, Levratto N, Paranque B. (2009). Diversité économique et modes de


financement des PME. L’Harmattan, Collection Économiques, Paris
Bossu S, Henrotte P. (2008). Finance des marchés, Techniques quantitatives et
applications pratiques. Dunod, Paris.
Cernès B. (2007). La Levée de fonds, Facteurs clés de succès. Dunod,Paris.
Mondher C, Dubreuille S, (2009). Création de valeur et Capital Investissement.
Pearson Éducation France.
Ordonneau J, Cazes C, Larguier C. (2009-2010). Gestion de la PME. Éditions Francis
Lefebvre.
Rédis J. (2009). Finance entrepreneuriale, le créateur d’entreprise et les investisseurs
en capital. Éditions de Boeck Université. Paris
Rapports :

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Rapport du 29 mars 2016 de l’Association Française des Investisseurs pour la


Croissance sur l’activité des acteurs français du Capital Investissement en 2015.
Rapport du 10 mars 2016 de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital sur
Le Capital Investissement au Maroc : Activité, Croissance et Performance pour
l’année 2015.
Articles consultés :

Emmanuel HARLÉ ANDESE. (2011). MARIER STRATÉGIE ET CRÉATION DE


VALEUR : LE BUILD UP. Vie & sciences de l'entreprise, N° 187 | pages 115 à 118
Jézabel Couppey-Soubeyran. (2015). Capital Investissement. N°004-2015. Conseil
d’analyse économique.
Mike Wright, (2002). LE CAPITAL-INVESTISSEMENT. Lavoisier « Revue
française de gestion », no 141 | pages 283 à 302.
Sophie Pommet, Michel Rainelli. (2012). CAPITAL-INVESTISSEMENT Et
PERFORMANCES DES FIRMES : LE CAS DE LA France. ANDESE |« Vie &
sciences de l'entreprise », N° 190 | pages 30 à 45.

Webographie :
www.afic.asso.fr
www.amic.org.ma.

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