Les conseils des experts

pour
écrire un roman
(et augmenter vos chances de le publier)
 S O M M A I R E

• Quelles sont les questions à se poser avant

d’écrire un roman ?

• Peut-on apprendre à écrire ?

• Les conseils aux auteurs d’Alain Absire

• Quelle est la réalité des primo-romanciers ?

• Les conseils aux auteurs de Bertrand

Legendre

• À qui envoyer son manuscrit ?

• Comment les manuscrits sont-ils choisis ?

• Vous et votre roman

Quelles sont les questions à se poser
avant d’écrire un roman ?
Laure Pécher est agent littéraire et éditrice. Elle
anime un atelier d’écriture sur le roman à Paris
et aide les apprentis écrivains à repérer les pièges
habituels des débutants, à écrire un roman à la
structure solide. Elle est également l’auteure du
livre Premier Roman, mode d’emploi (Zoé, 2012)
«
Il y a trois questions principales à se
poser avant de se lancer dans l’écriture d’un premier roman. La
première est : “Pourquoi voulez-vous écrire un roman ?” Quand
on interroge les apprentis écrivains, on se rend parfois compte
que les raisons ne sont pas forcément les bonnes et qu’ils se sont
tout simplement trompés d’ouvrage ou de genre. On trouve de
nombreuses psychanalyses
Ecrire un roman, un peu ratées  : “Je veux
témoigner, je veux
c’est raconter
expliquer”, mais assez
rarement, finalement, de “Je veux raconter”. C’est pourtant la
première chose à dire aux apprentis écrivains  : si vous voulez
écrire un roman pour autre chose que raconter, alors il faut
peut-être envisager de changer de genre.
2
La deuxième question c’est  : “Comment fait-on vivre un
personnage  ?” C’est l’un des points faibles des premiers
romans. Souvent, les auteurs n’ont pas mesuré à quel point un
roman repose avant tout sur de l’humain et des personnages.
La troisième question est la plus technique et porte sur le point
de vue  : “Qui va raconter l’histoire  ?” Quand on aborde cette
question-là, on entre vraiment dans la technique et c’est très
compliqué. Cela peut paraître choquant pour certains de parler
de technique quand on touche à la littérature et au roman, mais
je crois que l’on peut évoquer n’importe quel ouvrage de la
littérature, même la plus grande, même la plus géniale, d’un
point de vue technique.
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 Peut-on apprendre
à écrire ?
Alain Absire est romancier, nouvelliste, auteur
pour la jeunesse et essayiste. Il fut d’abord auteur
de théâtre. Il a également été critique littéraire
au Magazine Littéraire, puis au Figaro Littéraire
et a travaillé dans l’édition comme directeur de
collection chez Calmann-Lévy. Il a obtenu le prix
Femina en 1987 pour son roman L’Égal de Dieu
(éd. Calmann-Lévy). Ancien président de la Socié-
té des gens de lettres (SGDL), il est aujourd’hui
président du jury du prix du Jeune Écrivain.
«  
Je crois qu’il y a des
choses effectivement qui peuvent
s’apprendre , et d’autres non. Je crois que ce qui ne peut
pas s’apprendre, c’est l’imagination et la sensibilité, car ce sont
des domaines qui relèvent de
Tous les écrivains la personnalité d’un individu,
qui peuvent éventuellement se
ont dû travailler
développer, mais pas
s’apprendre. En revanche, tout ce qui concerne la technique
pure de l’écriture, c’est-à-dire la syntaxe, l’organisation d’un
récit, l’écriture de dialogues, etc., cela, je pense que l’on peut
l’apprendre ou le perfectionner. Je ne pense pas que l’on puisse
devenir un auteur aguerri du jour au lendemain. Tous les
écrivains ont dû travailler non pas sur ce qui leur est inné, mais
sur la manière de rendre le sujet qu’ils souhaitaient aborder le
plus accessible, le plus compréhensible, et surtout, le plus
adapté possible au propos poursuivi.
» 
4
«
Et croyez-moi, quoi qu’en disent certains, écrire en étant soi-
même, c’est parfois un peu de douleur, mais c’est surtout
beaucoup de bonheur et beaucoup de joie. Notre existence se
matérialise autour d’un récit, d’un livre et du partage qui en
M o n p r e m i e r c o n s e i l  : découle. Osons conscience, confiance, sincérité et tout ira bien. 

»
“Soyez vous-même  !” Je crois que le plus difficile, dans
l’écriture comme dans toute création artistique, est d’oser. Il
faut oser écrire  ; écrire, c’est se dire. On se dit toujours, on se
révèle toujours, sans doute à travers des personnages, mais
malgré tout, c’est notre univers que nous créons et que nous
proposons à l’empathie des lecteurs. Mais pour cela, il faut
avoir du culot. Cela nécessite donc un minimum ou un
maximum de conscience vis-à-vis de soi-même et de confiance
en soi. Si vous êtes vous-même avec
sincérité, sans mettre de barrière et
Soyez avec générosité, l’empathie se créera
vous-même ! avec le lecteur, inéluctablement. Ce
que je dis là est vrai pour toute forme
d’art. On ne peut pas tricher. Je crois qu’écrire n’est pas
seulement une question de maîtrise de forme. Certes, c’est
important, certes, il faut commencer, mais pour bousculer et
remettre les règles en cause, encore faut-il les connaître.
Picasso était un extraordinaire dessinateur, ce qui ne l’a pas
empêché de tout déstructurer. Pour cela, il a d’abord fallu qu’il
soit un extraordinaire dessinateur. Donc ayons l’humilité, tous
ensemble, d’apprendre un certain nombre de règles. À partir de
là, ayons le maximum de confiance en nous pour oser être
nous-mêmes.

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 Quelle est la réalité
des primo-romanciers ?
Spécialiste de l’édition contemporaine Bertrand
Legendre est professeur en sciences de
l’information et de la communication à
l’université de Paris XIII-Villetaneuse. Il a co-
écrit, avec Corinne Abensour, Entrer en
littérature, premiers romans et primo-
romanciers dans les limbes (Arkhê, 2012).
«  
La très grande majorité
des premiers romans présente des ventes qui tournent
autour de 500 à 1 000 exemplaires en moyenne, ce qui n’est
déjà pas mal. Et puis, de temps en temps, un titre rencontre le
succès. Souvent très médiatisé, celui-ci contribue à entretenir
ce mouvement d’intérêt pour le premier roman et l’illusion
dans l’esprit des auteurs.
On observe que les primo-romanciers sont prêts à signer
n’importe quoi pour peu qu’ils soient publiés, voire à ne rien
signer du tout. Les auteurs ignorent totalement ces aspects
juridiques et économiques et ne manifestent absolument pas le
souhait de mieux les maîtriser. On rencontre même des auteurs
qui sont convaincus de toucher 50  % de droits d’auteur. Ils
confondent les droits principaux et les droits annexes et ne
savent pas à quoi correspondent les chiffres de tirage, de mise
en place, de retour et les ventes réelles.
»
6
 «
  Je crois qu’un texte doit se mettre à l’épreuve de lecteurs et de
lecteurs professionnels. Enfin, dans le cadre de la recherche
d’un éditeur, je pense qu’il est absolument essentiel de bien
connaître les choix des éditeurs, de bien connaître leurs
Autour de ce mouvement catalogues et leurs collections. 

du premier roman existe une idée de l’urgence, de

l’accélération, d’un changement de temporalité, comme si tout
cela devait obligatoirement aller vite, ce qui n’est pas nécessité
»
absolue. Il ne faut donc pas se presser et prendre le temps
d’écrire, de récrire, de remettre en cause son texte. Les choses
ne vont pas forcément de soi du premier jet.
Je crois que tout travail d’écriture est respectable, mais qu’il
n’appelle pas forcément une publication. On peut écrire pour
soi, pour ses proches  ; tout cela peut avoir du sens, peut être
très fort.
S’autoéditer peut être assez
On peut écrire satisfaisant parce que l’on accélère
le processus et que l’on trouve
pour soi toujours une manière de
s’autoéditer. Mais ces textes en
valent-ils la peine  ? C’est très loin d’être toujours le cas. Il est
illusoire de s’autoéditer en pensant que l’on va toucher le
public, que l’on va intéresser les libraires et les médias. Le
système éditorial est loin d’être parfait, il commet des erreurs, il
publie des choses qui ne sont pas forcément indispensables à

7

À qui envoyer son
manuscrit ?
Ancien enseignant, Paul Desalmand a également
été éditeur. Il est auteur de nombreux ouvrages,
dont le Guide pratique de l’écrivain (2004).
Cliquez ici pour le télécharger gratuitement sur le
site enviedecrire.com
« 
Le grand principe,
c’est qu’il faut connaître les éditeurs. Il faut savoir qui fait quoi.
Si on écrit un roman, ce n’est pas la peine de l’envoyer à
Marabout ou à Solar, qui sont des éditeurs de livres pratiques.
Il faut donc déjà se limiter aux éditeurs qui publient des
romans. Ensuite, il y a les sensibilités. Si j’ai un roman du type
Les Trois Mousquetaires, ce n’est pas la peine de l’envoyer à
Minuit. Cela signifie qu’il faut connaître le paysage éditorial.
Hemingway disait  : “Il faut
Il faut connaître connaître les gens du bâtiment !”
Il faut donc aller dans les salons
les éditeurs pour voir qui fait quoi, par
exemple. Il m’est arrivé de faire
les allées les unes après les autres, éditeur après éditeur pour
bien les connaître. Ensuite, il faut envoyer son livre en fonction
de son genre et de sa sensibilité. En procédant de la sorte, je ne
dis pas que l’on va être accepté, mais on augmente ses chances. 
»
8
 Comment les manuscrits
sont-ils choisis ?
À quarante-deux ans, Bruno Migdal, qui
travaillait dans un établissement scientifique en
région parisienne, a décidé de se rapprocher du
monde des lettres en effectuant un stage dans une
maison d’édition. De cette expérience est sorti
Petits Bonheurs de l’édition (La Différence,
2012). Dans ce « journal de stage », il a témoigné
des codes du monde de l’édition qu’il a pu
observer.
« 
Je savais que les gens
écrivaient énormément , mais je ne pensais pas
que c’était dans ces proportions-là. La maison d’édition dans
laquelle j’ai effectué mon stage est relativement importante.
Elle reçoit entre 50 et 60  manuscrits par la Poste
quotidiennement sans compter les manuscrits qui arrivent par
des réseaux latéraux, des connaissances, des recommandations.
Environ 5  000  manuscrits d’inconnus seraient reçus par an.
Dans cette maison d’édition, tous les manuscrits sont
réellement lus. Mais il faut s’entendre sur le terme “lire”. Au
début je les lisais in extenso, mais vous vous rendez compte que
cela ne sert à rien. Quand un livre est vraiment mal ficelé, mal
conçu pour différentes raisons dès les premières pages, la
qualité ne se modifie pas, même s’il y a 500 ou 600  pages au
total. Donc, les mauvais manuscrits n’ont pas besoin d’être lus
intégralement.
9
En revanche, les manuscrits moyens sont entièrement lus.
Tous les manuscrits ne sont pas forcément lus par des
stagiaires. L’éditeur parcourt très rapidement ceux qu’il
reçoit en direct, puis vous demande de confirmer sa propre
impression, son jugement très cursif. Il passe peut-être
trente secondes ou deux minutes sur un livre et peut très
rapidement flairer si cela un intérêt. Si c’est le cas, il le garde,
Ne connaissant pas le monde de l’édition, je le voyais comme
un milieu fascinant dans lequel il n’est question que de
littérature. En réalité, l’édition, ce n’est pas cela. La littérature,
c’est une petite part de l’édition et les critères purement
stylistiques ne sont qu’une toute petite partie de l’édition. Les
éditeurs ont besoin de vendre. 

»
mais c’est rare. Si le livre a un intérêt moyen ou très peu
d’intérêt, il fait confirmer son sentiment, son intuition par un
stagiaire. En fait, tous les manuscrits sont lus pour une
raison très simple. Un éditeur a tout intérêt à les lire, parce
qu’il est toujours à la recherche
d’un bon auteur. Et cela ne lui
Les éditeurs coûte pas très cher dans la
ont besoin mesure où il paie des stagiaires
pour lire les manuscrits. De plus,
de vendre
il sait très bien que les manuscrits
sont envoyés à de nombreux
éditeurs et que s’il ne réagit pas vite sur un bon manuscrit, la
concurrence sera plus rapide. L’aspect commercial rentre
naturellement en jeu.

10

VOUS ET VOTRE ROMAN
Notre petit guide vous a donné les premières pistes pour
commencer l’écriture de votre roman. Et si maintenant vous
vous posiez quelques questions avant de vous lancer ?
Vous pourrez ainsi mieux définir votre projet d’écriture.
POURQUOI VOULEZ-VOUS ÉCRIRE UN ROMAN ?
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 QUI VA RACONTER VOTRE HISTOIRE ?
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POUR QUI ÉCRIVEZ-VOUS ?
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AVEZ-VOUS DÉJÀ ENVOYÉ VOTRE MANUSCRIT À UN
ÉDITEUR ? S’IL A ÉTÉ REFUSÉ, CONNAISSEZ-VOUS LES
RAISONS ?
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AVEZ-VOUS L’HABITUDE DE RETRAVAILLER VOS
PREMIERS JETS ? SI NON, POURQUOI ?
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 VOUS ÊTES AUTEUR
ET VOUS AVEZ UN PROJET D’ÉCRITURE ?
CONTACTEZ-NOUS ET NOUS VOUS
AIDERONS À LE RÉALISER :
01 82 83 36 26
contact@enviedecrire.com

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