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II a choisi de le fairc comme volontaire en Haiti, a 1'association La

Maison du petit
crédit.
Cette ONG haitienne de micro-cr édit est en relation avec de nombreuses ONG plus
importantes, et
aussi avec des entreprises et des écoles de commerce qui peuvent 1'aider. Son
objectif ?
Proposer des petits crédits aux habitants du quar tier de Delmas, a Port-au-
Prince. Ainsi, ils
peuvent meltte en marche un petit commerce comme, par exemple, la vente de fruits
dans la rue.

Il a beaucoup plu sur Saint-Domingue, cette nuit.


« L'avion pourra par tir ? », se demande Romain, un pen inquiet.
Dans le petit aéroport de La Isabela, a 50 km de la capitale, i1 observe les
passagers : des
Haitiens avec attaché-case, mais surtout des Européens, et pas des
touristes comme dans ie
vol Paris-Saint-Domingue !
D iscretement, i1 écoute les conversations : tous travaillent pour des
organisations
interrationales en relation avec l'ONU.
Romain parle avec un Canadien qui travaille pour les services de douane. II vit en
Hatti depiiis
deux ans. II aime

u a quartier : pal-tie d'une ville (qtt‹irfier pativre, résiclcnticl...).


bea ucoup (de) : énorniénaent, unc grandc quaiatité (dc), uJa grand nombre (de).
in quiet : préoccupc.
un a ttach é-ca se : mallettc plate et rectangulaire qui sert a transp‹›i-ter- des
rlocurnents, des
dossiers.
la ilo uane : service ad niinistratif cliargé clc controler les rnas eloa ndises
r}ui passent la
frontiere d'ur+ pays.
depu is : ‹i partir de.
Dons Ie petit aéi oport ate la Ios
hela,F omaino h sei-ei
lcds passagers

ce pays avec ses contrastes, ses vendeur s ambulants, ses rues en mauvais état et
pleines dc boue
le8 jours de pluie !
— Tu verras, ici, pour se déplacer, i1 faut absolument un 4 x 4 ! dit le jeune
homme.
— Et les gens ? demande Ronaain. Comment sont-ils ?
— Spéciaux, dit son compagnon... Fiers, réservés. . . mais tres
attachants ! Et tu
verras, les filles sont magnifiques. Surtout ma copine !
L'embarquement commence avec true derni heure de retard. Il pleut a nouveau. Romain
monte dans
l'avion et s'insta1le a l'avant, a coté du Canadien. 11 est un pen inquiet :
son siege est
vieux et le moteur de l'avion fait beaucoup de bruit, mais la ceinture de sécurité
fonctionlie
correctement, ouf !

L'avion décolle enfin. Romain regarde par la fenétre.


— C'est vraiment beau les Tropiques ! Tout ce vert ! s’exc1ame-t-il.
— Our, mais 9a, c'est Saint-Domingue. Hatti, c'est différent ! coinmente son
voisin.
— Différent ? C'est la inéme ile !
— Oui, mais pas la méme histoire, pas les memes politiques. . . En
Haiti, i1 y a eu
une dései‘tification, ct maintenant, c'est un pays sec !
la bo ue .' terre iaaouillée par- la pluie : c11e est grasse et molle (contl-ai i-e
de diñ e). tier
: orgueillcux.
ntta chant : qui attire la sympathic.
un siege : iaaeuble qui permet de s'asseoir.
out ! : eyrime qu'on est rnaiiatenant tranquillc apr-es uue grande préocctipatir
lj. décoller :
|aour un avit›n, s’élever ‹ians l'aii- ; co ntraire d e a tier i /r.
B

— fa, c°est Saint-Domingue. I-le'iti, c'es/ dif[érent !

— Desertification ? en zone tropicale ?


— Our, c'est ainsi. 11 n'y a pas beaucoup de foréts ; d'abord, â cause des cultures
intensives puts
a cause du combustible : les gens utilisent ie bois pour faire du charbon.
Dans les
campagnes, ils n'ont pas 1'électricité, et en ville, 9a depend ! 11 y a toujours
des pannes ! Sans
générateur, on ne peut pas vivre !
— Et les plages ?
— Oh, elles ne sont pas s6res ! Et puis ewes sont sales.

Ie boie : l'arbre est fait de bois, matiere premiére qui permet de faire du feu,
des meubles...
le charbon : combustible solide noir, d'origine végétale.
une panne : il y a une panne quand un mécanisme ne fonctionne pas.
L'asccnseur est en panne. Je pi-ends les escaliers.
zLz : ici, cela signifie qu'on n'est pas en sécurité, qu'on peut avoir des
problémes (sur les
plages).
sale : qui n'est pas propre. Ne touche pas ma veste avec tee mains sales !

RE 1

11 n'y a pas de service de poubelles tres efficace ici ! Tout est dans la rue ! et
quand i1 pleut
beaucoup, tout arrive dans les bidonvilles des bords de mer... et 9a sent tres
mauvais, crois-moi !
Naturellement, les gens riches vivent sur les collines !
« Un pays tropical sans végétation, des gens réservés et fiers, Yes plages avec des
bidonvilles et
des détritus ! Tout cela, ce n'est pas tres agr éable. Mais, bon, on verra... »,
pense Romain.
— Tu vas dans quel quar tier ? lui demande Ie Canadien.
A Delmas.
— Bon, 9a va, ce n'est pas la Cité du Soleil, ie quartier Ie plus pauvre et Ie
moins sur ; et tu
n'es pas a coté des plages. On exactement ?
— A La Maison dii petit crédit.
— Ah, tu vas a La Maison Jii petit crédit. . . , dit le Canadien.
Mais i1 ne fait pas d'autre commentaii‘e. Qu'est-ce que pa veut dire ?
L'avion vole maintenant au-dessus d'Haiti : c'est vrai, la couleur change ; le
vert de
Saint-Domingue a disparu ; tout est plus gris. Ce pays parait plus habite et plus
triste. Romain
se demande, mélancolique « Qu'est-ce que je suis venu faire ici ? »

u ne po u bell e : end roit, récip ient ou on jette les détritus : pelui-es de ti


uits ct légurncs,
plastiques..., ton res les choses a élinainer.
tres : exti-éJr crnen t.
un bidonville : quar-tier fci-Haé de bai-aqties Waites awe ches vieilles planclaes
en Lois, d e la
tñle (feuille inétall ique) ... ; il est la abité par dev gens trés pau u cs.
- a u -dessus de : plus Isa u t ‹Jue.
La Maison
du petit crédit
Romain a un peu dormi. II se réveille a 1'atterrissage.
Le petit avion de la compagnie Caribair se trouve prés d'un gros avion de la Pen
Am. Les passagers
descendent sur la piste et vont a pied jusqu'a 1'aéroport.
Romain avance avec difficulté au milieu d'une foule bigarée. Il voit tout a coup
son amie Cécile,
une jeune fille pas tres grande, avec des cheveux bouclés roux et des lunettes
carrécs vertes,
comme ses yens. Elle lui fait de grands signes.
— )a va, tu as fait bon voyage ? demande-t-elle a Romain. Romain récupere sa
valise puis i1 suit
Cécile jusqu'a un
4 x 4 Nissan bleu.
Je te présente Casimir, dit Cécile. C'est le concierge et
ie chauffeur de la Maison du petit crédit.

un peu : pas ént›i-iaaérnent, pas bea ucoup.


aller jusqu'a : ici, faire (a pied) la distance qui sépai-e dc l'aéropor t.
bigaré : qui a des couleurs wives et vai iées. tout a coup : brusquemenl.
faire de grands signes : faire des mouveinents avec les bras pour signaler sa p
résence.
suivre (quelqu’un) : aller derriére (quelqu'iua).

C i-I A PUHF 2

Romain lui serre la main.


Casimir est plus granct que Romain. II a les chcveux on peu gris et porte une
belle chemise
bleu clair ct un pantalon gris. Romain se sent sale et mat habillé a câte de lui.
Wanfom ! lui demande Casimir avec un beau sourire.
)a veut dire tti es en for me ? a va ? en créole.
— )a va, i‘épond Romain timidement.

Dans la voiture qui les conduit ñ La Maison dii petit ci‘édit, Cécile parle tout ie
temps. Romain a
un peu mal a la téte et ne suit pas vraiment son monologue.
...tu vas partager ta chambre avec un volontaire québécois. Tu verras, il est
trés sympa. Tout
le monde t'attend a La Maison du petit crédit. Le fondateur est lâ. Tu verras peut
étre Islande,
aujourd'hui ; c'est sa fille. Elle est avocate, comme lui.
— Que1 sera mon travail ? demande enfin Romain.
Tu demanderas des subventions aux institutions internationales. La Maison dti
petit crédit,
qu'on appelle aussi Til‹redi, est financée en pai‘tie par ces subventions et en
partie par sa
coopérative d'artisanat naif. Les artistes et artisans ont un magasin a
Pétionville, prés des
grands hotels. Ils ont tous en des micro-credits de l'association !

sci-red- 1 a ma iii : prendre la inain de quclqu'ula et la pressed doucenaent pour


saluci-, di re bonjour.
por tager : avoir en cornmm (are cl3anabre) .
un(e) a oca t(e) : sa profession est d'aider les gens a coniprendre la loi ct a se
defen‹i re
devant un tribrna al.
I’ar tisan at n aif : artisanat populaii e, full‹lo1 i r|ue ; on parle aussi ci’ar
t naif.

Romain serre fn tonic de Casimir.

— Je n'aurai pas de contact avec les clients de l'association ?


— Non, les clients sont re9us par deux employés haitiens.
— Et toi, qu'est-ce que tu fais ?
— La méme chose que toi ; mais avec la femme de Casimir, j'accueil1e les femmes qui
passent une
nuit a La Maison du petit crédit, ou qui laissent leurs produits un jour on deux.
Il y a un dortoir
et un entrepñt au sons-sol.
— Les femmes dorment ici ?
— Pas toutes. Beaucoup vivent a la campagne et restent deux jours pour vendre leurs
produits.
Alors, elles passent la nuit ic1. D'autres viennent parce que leur• mari a bu et
veut les frapper.
Tu sais, la Maisan du petit crédit est une
accueillir : recevoir.
un dortoir : grande salle oii dorment un certain nombre de personnel : dortoir d'un
monastére, d'un
collége...
un entreptit : lieu (édifice, magasin...) on on met, dépose des produits.
un soue-Vol : étage souterrain d'une construction.
trapper (que1qu'un) : donner des coups violence, taper, batfre. Cet llainine brutal
ft-appe see
Infants.

ONG tres spéciale : c'est line maison chaleureuse, humaine.


— Les clients de Tikredi sont uniquement des femmes ?
— Non. Les femmes vendent des prodults dc la terre on des vétements, mais il y a
aussi des hommes,
des petits réparateurs de rue. Ils réparent les téléphones, les radios. . . Et,
bien sur, i1 y a
les artisans et les artistes naifs.

Romain regarde le paysage. Les routes sont en irauvais ctat et i1 y a des détritus
sur ie bord mais
i1 voit aussi les inarchands ambulants qui vendent de tout : des tableaux naifs,
des radios, des
fruits frais ou en jus. .. miam !
‹ Quelle vie dans ces rues ! et tout 9a sons un soleil brillant ! ›, pense Romain,
content.
— Nous sommes dans Delmas, maintenant, dit Cécile.
La voiture entre dans la cour arriére d'une vieille maison coloniale.
— Voila, c'est la ! dit Casimir.
Romain descend de la voiture et voit, a coté de deux vieilles voitures -une autre
Nissan et une
vieille Mercedes beige- un gros générateur d'é1ectricité, trés rouillé.

Peu apres, les deux amis vont dans le bureau du président de 1“ikredi, qui
se trouve au
rez-de-chaiissée.
— Cher ami, enchanté de vous connaitre ! dit Auguste Laguerre d'un ton trés
ainaable.

, I une co ur : espace en plcin air (ici, sit ue d ei riere lix ir a ison). ro u


illé : qui est
ux}'cl é e t ‹i prim line co tile u r rousse.
un rez-de-chaussée : par tic cl'un imieuble, d’urie niaisoia, qui est au
niveau de la i ue.

l6
— Mmm... moi aussi ! répond Romain timidement.
Augiiste Laguerre est un homme grand et maigre, a la barbe blanche. 11 porte une
chevaliere au
petit doigt et fume un cigare.
— Vons voulez un jus de fruit frais ? Notre Maison du petit crédit n'est pas un
hotel quatre
étoiles, mais on vit tres bien ici. D'autre part, la femme de Casimir est une
excellente
cuisiniere et nos volontaires sont adorables. Je pense que vous serez heureux chez
nous !
— Et pour mon travail ? demande timidement Romain.
Oh... chaque chose en son temps, jeune homme... D'abord, vous allez visiter la
maison : les bureaux
et la salle commune sont au rez de-chaussée et les chambres a 1'étage. Ensuite,
Cécile vous
présentera les employés. Pour ie moment, observez, écoutez. Bon, nous nous verrons
a 1'heure du
diner. Je vats en ville car j'ai une série de réunions, mais je serai de retour ce
soir !. . .
Bonne journée !!!

ie { e tit d‹i igt : doig t le plus petit de la main (auriculaire). u n ciCare : ro


ulea u be
feuilles de tabac.

Chapitre 3

Disparu !

C'est la nuit.
Romain est seul dans sa chambre. 11 s'est couché et a dormi un peu. 11 a mal a la
téte et se sent
fatigué : ie voyase ? les explications de Cécile ? ie rhum haltien qu’i1 a bu au
diner ?
II pense a sa journée.

Quand Auguste Laguerre est parti, Romain a visité la maison avec Cécile. 11 a
connu Francelise,
la femme de Casimir, qui lui a donné de délicieux beignets puts il a vu des
marchandes mettre
leurs produits au sous-sol. Finalement, Cécile lvii a présenté les employés.
Pendant toute la visite, elle lui a expliqué beaucoup de choses... trop sans doute
car i1 a tout
oublié, ou presque !
Le soir, il a diné avec Cécile et le volontaire québécois, Fabien. Auguste
Laguerre et Casimir
n’étaient pas la. Francelise etait un pen inquiéte. Cécile et Fabien ont p8TlC
des micro-credits
offer ts par les banques locales
« des tatix d'intéret trop élevés ! un scandale ! ›, disaient-its.

ie rh um : alcool tres fort fait avec flu jus d e ca n Mac a sucre.


u n beig n e t : pa te cuite dans de l'lauilc (beignets aux poiuines).

un ta ux d ' i n t-éi-e t i-appor t ei ti-e la s‹'utrne pj-etée par une banque ct


1’in t ei e t an ni+el a payer ; il peut etre bas on élevé.
19

Ils ont décidé de jouer aux dominos et Romain est allé se coucher.

Dans l'obscurité, Romain regarde sa montre : 21 heures 30.


Une voiture se gare dans la cour. Romain voit la lumiére des phares par la fenétre.
11 dort a nouveau.
Pen apres, un inoustique Ie réveille ! II se gratte. II voit de la lumiére sons la
porte : elle
vient du couloir. 11 entend des pas légers puis une porte qui s'ouvre, en face de
sa chambre : la
chambre du président. ..
II veut attraper le moustique qui vole dans la piece. A nouveau des pas ; des gens
montent
l'escalier.
La porte de sa chambre s'ouvre et, dans la lumiére du couloir, Romain voit 1'ombre
d'un homme. Et
brusquement fi/ng ! La lumiere s'en va !
— Shit ! Une panne ! dit Fabien, car c'est lui.
11 sort aussitfit de la chambre et descend 1'esca1ier.
De nouveau des bruits : des tatonneiiients, des pas, tres légers, qui s’éloignent.
— Cécile ? crie Romain. Pas de réponse.

u it nauustique : i nsecte qui vii da ns Ice lietix latins ides ; il s'a1iniente


t]ti sang des an i
rnaux et des hommes.
se grat ter : une irritation stir- la peau incite a se gratter ;1vec lps tangles
des doigts po ur
calmer la d‹iu1eul-.
des tatonnenleiits : gcstes hits|aar une personne qhi touclac des objets, les mtiis
.-›* pour s'oricntcr dans l'obscurité ; on clit que cette pet some avaiice a
I.itons.

20
La parte de sa chambre s'ouvre ct, dans la lumiére du couloir, Romain voit l'ombre
d'un homme.

Tout â coup, Romain entend Ie bruit d'une vitae qui se


casse.
Des cris viennent d'en bas : it la lumiére ? Un coup sur un meuble : Aie, Are !
Attention ! Deux
coups ! fa y est /, murmure-t-on.
Mais qui parle i Romain ne comprend pas ce qui se passe.
11 entend finalement un bruit de moteur. « Est-ce une voiture on le générateur
qu'on veut mettre en
route ? », se demande-t-il.
Pte ! entend-il a nouveau.
« Que se passe-t-i1 ? », pense Ie jeune homme. 11 ne sait pas pourquoi, il est
inquiet. Tout parait
Strange, confus.
une vilre : panneau de verre qu'on met sur une fenétre. Yes yitres sont sales,

se casser : se rompre.

CH A P I'I f L 3

II se léve pour regatder par la feneti‘e de sa chambre. Il essaie de l'ouvrir :


impossible !
Puis il entend ie bruit d'un moteur qui se met en marche et s'arréte tout le temps
et un homme qui
dit, d'une voix sourde : Lntrez !
Des portes de voiture se ferment et une voiture part. Mais ie bruit de moteur
continue, puis
s'arréte a nouveau ! Romain ouvre enfin la fenétre. Il se penche et voit
Fabien a cfité du générateur.
— Que se passe t-il ? demande-t-il.
C'est ie générateur qui ne veut pas fonctionner !
Le bruit de moteur recorririi ence, suivi d'une horrible odeur de gasoil !
— 5a y est ! dit Fabien, triomphant. Et la lumiére revient !
Casimir sort de derriére le générateur.
Romain lent demande :
Vous avez entendu des cris ?
— Des cris ? demande Casimir.
— Our ! Que1qu'un a crié « Au secours ! », i1 me semble, dit Fabien.
— Mon Dieu ! ie président ! dit la femme de Casimir, qui apparait alors a la porte
de la cuisine.

se pen alter : s'incliner.


recoinmencer : commencer a noiwea u. En frank a is, porlr indiquer la répétition

|! 1'élément re- au début du ver-be. Quand le verbe commence par ur+e voyelle on
url /i nauet, on
retii-c Ie e — s'1yohil1ei; se rJlci billei:

— II est rentré ? dit Romain.


Oui, un peu avant la panne, dit la femme.
— Aldous voir dans son bureau ! dit Casimir.

Romain retrouve Cécile, Fabien, Casimir et sa femme devant ie bureau du


président. Le bureau est
ouvei‘t mais. . . ie président n'est pas la !
La lampe du bureau est tombée par terre et s'est cassée.
La fenétre est ouverte.
— Dans sa chambre, peut-étie ?
Romain monte rapidement 1'escalier, suivi de Cecile. Pas de président !!!
Ils redescendent.
redescendre : voit note recoiilmcncer yr ge 22.

EH. PII

— J'ai entendu des cris et aussi « An secours ! ». C'était une voix de femme ! Je
me rappelle tres
bien, maintenant, dit Romain. Tu as crié, Cécile ?
Moi ? non ! pourquoi ?
— Moi non plus ! dit Francelise, et cette nuit, i1 n'y a pas de clientes dans le
dortoir. . . Ah,
la fille du président ! s’écrie-I-elle.
— Quelle fille ?
Islande, vous ne 1'avez pas vue ? Elle est venue le voir et elle est allée dans son
bureau ! Mais
ou est-elle ?
— Disparue, elle aussi ! dit ie Québécois.
— Non, la voila, dit Cécile avec un sourire.
Romain regarde du cfité de l’enti‘ee principale. Vne jeune femme tres grande, et
qui a un air de
famille avec ie président, arrive. Elle est vraiment trés belle. Elle parait
inquiete et un pen
effrayée.
— Mon Dieu, Islande, rnais on étais tu ? demande Francelise.
— Mon pere, ils l'ont enlevé, j'en suis sure ! répond elle.
Les yeux de la jeune fille s'emplissent de larmes. Elle prend son portable et
compose un niimcro :
elle appelle la police.
Cécile s'approche cle Romain et lui prend la main. La nuit va étie longue !

effr: } é : qui a penr.


enl e›'er (quelqu'un) : l'einmenet- dc torce, ie l‹idnapper.
s'e inplir de la rm es : étre p1eins de 1 arrnes gouttes qui apparaissent dans les
yeux quand ‹»1
est triste).
Le co1) ) ijj issa jie“ et |’ ins jiccteu1“‹ › bs’c1“venI | es lietix et dccou
‹i“cn I

que Its titres de lv fenetei“


dti bu i“eau de Lagtie i“ei“
sontcass ees.

Chapitre 4

Soup$ons
Peu aprés, la police arrive. Its sont deux, un commissaire et un inspecteur, plus
jeune.
Ils observent les lieux et découvrent que les vitres de la fenétre du bureau de
Laguerre sont
cassées. Ils réunissent toutes les personnes présentes dans la maison et les
interrogent les
unes apres les autres.

he commencent par Romain.


Romain raconte tout ce qu’i1 a entendu mais son discours parait confus.
Les policiers, trés froids, se regardent de temps en temps et font des commentaries
en créole.
Romain est mal a l'aise.
« Ils m'accusent on quoi ??? c'est absui‘de... je connais â peine
ie président !!! », se dit il.

— Et vous ? demande 1'inspecteur a la femme dc Casimir.


— J'étais dans la cuisine. 11 faut mettre be l'ordre lc soir, apres diner. J'ai
entendu monter
Cécile et Fabien. Quand il

un soupcon : idée, conjecture qui fait at trib u er a qiielqu'un dcs uctes ou dev
intentions
naauvaises, cun‹lamnab1es ; suspicion.
mal a 1’a ise : i ci, in timidé, perplexe, un pen iiiquiet.
27

y a eu la panne, j'al appelé Casimir. 11 était la depuis cinq minutes. II est allé
s'occuper du
générateur. A ce moment- la, j'ai entendu du bruit, au premier étage. Ie suis alléc
voir. C'étaient
Fabien et Cécile. Ils sont allés aider mon mari. Plus tard, le nouveau est arrivé.
II etait un peu
désorienté.
— Et la fdle du president, vous 1'avez vue ?
— Avant la panne, out. Elle ni'a saluée et puis elle est allée attendre son pere
dans son bureau.
— Et le président ?
Le president ? 11 est rentré en voiture avec Casimir mais je ne 1’ai pas vu.
Quelle voiture ? demande l'inspecteur.
— La Mercedes, répond Casimir.
— Elle n'est pas dans la cour. Elle a disparu, elle aussi, dit 1'inspecteur, d'un
ton un pen
ironique.
Casimir ct sa femme se regaident un instant, surpris, mais ne disent pas un mot.

Le commissaire interroge enfin Islande.


— Mon pére est arrivé un peu avant la panne, dit-elle. J'étais dans son bureau. 11
m'a demandé
d'a11er claercher ses médicaments dans sa chambre. Je suis montée, et j'ai
entendu
d°autres personnes monter. C'étaicnt les volontaires. Ensuite, i1 y a em la
panne. Je suis
sortie a tatons et je suis descendue, comme j'ai pu, jusqu'au bureau de mon pére.
La, on m'a
bousculée. Qui ? je 1'ignore mais j'ai
a Ia tt›us : voir lJ ote, page 2(L
bouscul ei : poussei, chuquel avec line cer ta rate iolciace.

compris que mon pére n'était pas seul. J'ai dit : « Papa ? » inais i1 ne m'a pas
répondu. Tout
s'est passé trés vite. J'entendais marcher. Ils ont du sortii avec mon pere par la
fenétre du
bureau : elle donne sur la cour. J'ai eu peur et j'ai crié : « Au secours ! » Et
puis j'ai entendu
la voiture démarrer. J'ai couru dehors ! Il était trop tard pour intervenir !
Quand Islande parle, Romain la dévore des yeux. Elle est si belle avec son regard
nolf Ct pTofond ;
i1 a envie de la piendre dans ses bras, de la consoler !
Le commissaire dit alors ’
— Je résume : !â y a eu une panne d'électricité et une ou plusieurs personnes sont
entrées par la
fenétre dans le bui‘eau du président. Avec la mise en marche du génerateur, on ne
les a pas
entendus. Ils avaient peut-étre des complices ici...

1.1 démarrer : se irettre en marche.


deh O re : a l'exrérie ur.
si (bclie : st in Aiqu e l'intensité ; a tin te1 degré, a cJn tel p‹iint.
II regarde tout ie monde d'un air de suspicion. Puis il continue :
— On sait uniquement qu'une fenétre est cassée ct que ie pi‘ésident n'est pas a La
Maison dii petit
crédit ! Enlevé ?, comme le suggére madeinoiselle, parti volontairement ?
— En pleine nuit ? Impossible ! dlt Casimir. Ye président conduit tres peu ct
jamais la nuit, car
il n'a pas une bonne vue.
— Le président a des ennemis ? demande ie commissaire a Islande.
Naturellement ! répond-elle. Quand on veut aider les pauvres, on a toujours des
ennemis. D'autre
part, mom pere reproche aux banques de proposer des micro-cr édits a des taux tres
élevés. Et il le
dit haut et fort !
— Voti‘e pére pi‘éfere sans doute collaborer avec les traflquants de
drogue... avec les
freres Marcellin, par exeinple ! dit 1'inspecteur, d'un ton provocateur.
— Ce que vous dites est odieux ! s’éCiie Islande, indignée. Vous savez parfaitement
que ce sont
d'horrib1es rumeurs, que mon pére n'a jamais demandé 1'aide des trafiquants !
D'un signe de la main, ie commissaire stoppe la conversation. Il se léve,
saliie, et les deux
hommes portent.
Yes habitants de La Maison du petit crédit décident d’aJ1er dorrnlr un peu.
11 faut
attendre, c'est la seule chose a faire, maintenant.

Le len dem ain matin, an petlt-déjeuner, Romain demande a Cécile ’

30
Tu la connais bien, Islande ?
— Pas beaucoup. Elle vient aider de temps en temps. C'est la fille ainée de
Laguerre, de son
premier marriage.
— Tu sais pourquoi elle est venue hier ?
— Pour demander de 1'argent a son pére, pour sa mere ct ses sceurs. Mais Laguerre
n'en a pas.
— Comment tu sais 9a ?
— On vit tous ici, alors on est an courant de certaines choses... Je sais, par
exemple, que la
rnére d'Is1ande a des difficultes flnancieres et qu'elle reproche a son ex-mari de
ne pas s'occuper
de ses filles... Islande aime beaucoup sa mére et veut 1'aider... Je ne sais pas
pourquoi, naais
je suis sure qu'el1e sait quelque chose...
Tu crois ? Et qu'est-ce que tu veux faire ? la suivi‘e ?
— Pourquoi pas ?

ie rna riagc : un ion légale de deux pel-son la es. Se ma rier, c'est s'ula ir pa1-
1 e mariage.
31

Chapitre 3

L'ouragan
Romain et Cécile décident alors de mener leur propre
enqiiéte.
11 faut etre discret et naturel, dit Cécile. Ce matin, tu vas parler avec les
employés, comme
prévu. Ensuite, tu regarderas les journaux haltiens pour savoir ce qu'ils disent
sur le président.
On trouvera peut-etre une piste.

Romain reste un long moment avec les employés. Il apprend comment fonctionne l'ONG
et quel sera
son travail. Puis i1 se met sur l'ordinateur.
Il envoie d'abord un mail a sa famille pour dire que tout va bien (il ne veut pas
les préoccuper
!), puis il trouve sur Internet des articles qui parlent de la disparition de
Laguerre.
La police croit, apparemment, que l'enlévement du président a une relation avec les
trafiquants de
drogue, en particulier avec les fréres Marcellin.
Romain pense a sa conversation avec Cécile ce matin et se dit « 5i ces hommes
veulent de
l'argent... nous n'allons jamais retrouver le président !!! »

rrleriei sa propi e enqnéte ici, chercher des informations, découvrir seals ce qui
s'est passé.

33,
CiinPlTRE S

Sur un des sites web, il y a un long article sur la vie d'Auguste Laguerre :
Né en 1947, â Montrouis, sur la câte des Arcadias, septieme Els d'un Spicier ct
d'une marchande de
poisson, Auguste Laguerre fait de bonnes études secondaries. Apres son
baccalauréat tf obtient
une bourse pour aller étudier le droit â Paris. II revient en Ha1'ti. Pendant la
dictature, tf va
en prison. Puis il est exilé aux Stats-Unis on tl défend les migrants ha'i'tietis.
11 se niarie aux
Stats- Unis avec une Hai'ticnne. He ont trots tfies : Islande, Guerlaude ct
Yolande.
A la tn de la dictature, il rentre dans son pays et fonde la premiére association
de micro-crédit
haitienne.
Ensuite, plusieurs OFF de micro-crédit sont créées et les banques commencent â
proposer les mémes
services, mais a des taux d'interét plus élevés. L'association est obligée d'élever
see taux pour
survivre, et finalement, ferme ses portes.
Auguste Laguerre est de nouveau un simple avocat et divorce de sa premiére femme.
Il se remerie avec la jeune Annelise, de Delmas. Avec elle, il fonde, en 1998, La
Maison du petit
crédit dens Ie quartier c!e Delmas, une nssorinfton gut accueille les clients du
micro- crédit et
leur offre parfois un lit.
II se sépare de sa deuxieme femme en 2005 et s'installe sent
d La Maison du petit crédit, ñ Delmas. 11 a l'intention de

le baccal auréat : en France, exanaen qu'on passe a la fin des énldes secondaires,
avant de rentrer
n 1'université.
une bourse : argent que 1’Etat donne a un éleve your l'aider a payer see études.
se remarier, racheter : voii' note reconlmencet- page 22.
Nos deux amis sont str for route de Montrouis.

racheter la maison de ses parents, â Montrouis, et veut fonder use autre Maison du
petit crédit
dans cette ville.

Tout a coup, Cécile entre dans ie bureau, tres excitée :


— Islande est partie pour Montrouis. Elle a demande a Casimir de l'accompagnei !
— Montrouis, c'est la ville natale de Laguerre ! II veut racheter la maison de ses
parents ! dit
Romain.
— On y va aussi ! On peut prendre la Niss"an grise. J'ai demandé la permission â
Francelise. C'est
OK. Je veer montrer la région â Romain... c'est l'explication que j'ai donnée.

Nos deux amis sont sur la route de Montrouis. Cécile conduit. Le voyage est long et
1a voiture
avance lentement a

cause du trafic : des voitures, des taxis locaux, des tap taps,
des gens, avec des charrettes, qui vendent leurs produits...
— Cette route est comme un grand village ! dit Romain.
C'est vrai, dit Cécile. Les gens des villages cherchent toutes les occasions pour
vendre...
Ce sont des clients de Ln Maison du petit crédit !
— Peut-etre...
— Laguerre veut fonder une autre maison a Montrouis.
J'ai lu pa sur Internet !
— C'est possible...
11s prennent ensuite la route de la cote.
Finalement, ils arrivent a Montrouis. 11 est 16 heures.
— Allons au port demander ou se trouve la maison des
parents de Laguerre, suggere Romain.
Au port, tons les bateaux sont rentrés et les gens sont trés occupés.
Le temps a changé. Le vent commence a souffler tres fort
et de gros nuages noirs arrivent de la mer.
— Que se passe-t-i1 ?
— Je ne sais pas, je vais demander, répond Cécile.
Elle parle en créole avec une femme qui met des poissons
dans des caisses.
Romain ne comprend pas un mot. Cécile lui cxplique :

un tap-ta p : véliicule typique d'Haiti ; sr›uvent, c'est un camion ti-ansf‹ariné


en bus rnoyendc
locomotion pcu s ñr).

u n e ca isse : grande boite en bois ou en pt antique qui sert a ti'anspor ter cles
produits
(léguir es, poissolis...).

Cedric perle en créole avec une femme qui met dv poissons


dens des caisses.
— Il y a une alerte de cyclone. 11 va arrived dans deux ou trois heures. Les gens
ne doivent pas
sortir de chez eux.
— Et nous, qu'est-ce qu'on va faire ? demande Romain.
— Trouser tres vite un hfitel !

Ils trouvent un hotel derriere ie port. Cécile demande au gérant :


— Est-ce que vous avez vu Islande Laguerre ?
L'homme répond « non » d'un ton tre's désagréable.
Cécile n'insiste pas.
Une jeune fille les conduit a leur chambre. Devant la porte, elle leur dit, tout
bas :

un cyclone : forte tempete accompagnée d'un vent violent, ouragan.


un gérant : ici, personne qui dirige l'h ñtel.
tout bas : tres douceinent, d'une voix faible pour ne pas étre entendue.

CH.API TR E 5

— Je l'ai vue, elle était avec un monsieur.


— Ou est-elle ? demande Cccile.
— Elle est partie en direction de La Tour For ban.
Malheureusement, les deux amis ne peuvent pas sortir a cause de 1'alerte. Le vent
souffle de plus
en plus fort et la pluie est dense. 11 est l7 heures, la nuit va bientot tomber. ..
Cécile et Romain ont immédiatement ferme les persiennes et les fenctres de la
chambre.
Pi‘écaution pen utile car le vent pénetre partout.
Cécile allume une petite télé. En créole, un présentateur donne des consigned en
prévision de
1'ouragan. Mais i1 est interrompu par une information de dernici‘e minute :
« La jeune Islande Laguerre, fille d'Auguste Lagueri‘e, a été enlevée sur la route
de Montrouis...
»
Céc'de écoute attentivement puis explique a Romain :
— Islande a aussi eté enlevée. L'homme qui etait avec elle Casimir, naturellement-
s'est arrété
pour acheter un jus de fruits. Deux hommes armés sont arrivés, ont fait sortir de
force Islande de
la voiture et 1’ont fait entrer dans un 4 x 4 noir. C'est ie type de véhicule
utilisé par les
mafieux. On parle des fréres Marcellin, les terribles trafiquants de la Ctfe

Cécile et Romain sont tres inquiets. Mais que faire ?

Chapitre 6

Retrouvés !
Le jour se léve, mais il fait encore sombre. Le vent souffle un pen morns fort, et
la pluie s'est
presque arretée.
Cécile ouvre les persiennes.
Romain, réveille-toi, i1 faut aller chez Maman Louison !
Elle sait tout, j'en suis sure !
— Maman Louison ? Qui c'est ?
— A la Tour Forban, i1 y a une ceiiteiiaire vénérée, Maman Louison. Elle va mouiir.
Et devine quel
est son nom de famille ? Louison Laguerre !
— Comment tu sais tout pa ?
— Hier soir, quand tu t'es endormi, je suis descendue et j'ai pris quelques verres
avec les gens de
l'hotel... C'est utile de parler créole !
Ce n'est pas hon de boire comme a ! dit Romain, d'un ton sec.
En réalité, il se sent i idicule lui, il a dormi tranquillement et Cécile, elle, a
continué a
chercher des informatiolis !
— a suffit ! Léve-toi, on part ! s'écrie Cécile.

encore : indique qu'une acti‹in, uri état ctiritinue. soinl re : obscur.


tin(e) ccntcnaire : pei‘sonne gut a cent ans or plus. véneré : ti'és aiiué et
respecté.

91
Les deux amis roulent sous true pluie fine.
Ils observent les dégats de 1’oui‘agan : des rues inondées, des arbres casses, de
la tole sur la
route. . .
Cet ouragan est un véritable drame pour les Haitiens.
Cécile et Romain sont tristes.
Ils arrivent dans un petit village de bord de mer.
— C'est la Tour Forban, dit Cécile. Ils se garent sons des arbres.
Une femme, qui porte une blouse d'école -sans doute une institutrice- s'approche ct
leur demande en
fran9ais :
— Bonjour, vous étes perdus ?
Non, nous voulons voir Maman Louison.
Ah, vous aussi ! dit la femme, c'est par la. Mais i1 faut aller a pied. Suivez les
gens que vous
voyez sur Ie chemin, ils vont aussi la voir.
Cécile prend le bras de Romain et its avancent sur un chemin bordé de flamboyants.
Devant eux, les gens marchent en silence.
Cécile et Romaln marchent d'un bon pas et arrivent prés de deux hommes.
— Mon Dieu, its sont armés ! murnaure Cécile. Et elle serre le bras de Romain.
Un des hommes se retourne. 11 a une grande cicatrice sur Ie
visage.

les dégate : dé térioration, destruction ca usées par l’r›uragan (arbres cassés,


rues inond ées...)
urge blou se- vétciaaeiat hung qu'i la rrjct stir ses ha bits « nor maux » po tii
les protégei-
quand r›ia ti-availl e (1es m édccins, instittitetn s por ten t une bluusc). un
flarnboya nt :
arbre trop ical a fieuJ s rouge vif.

— Qu'est-ce que vous voulez ? demande-t-i1 en créole.


Cccile ne répond pas, elle a peur.
— Nous venons voir Maman Louison, dit Romain en fran9ais. Nous sommes de La Maison
dv petit crédit
!
Lhoinme les observe, les fouille ct, son arme a la main, il les conduit jusqu'a une
cabane.
Un grand nombre d'Haitiens bloquent l'entrée. II y a des hommes avec des armes.
Des femmes habillées en blanc pleurent. Lhomme a la cicatricc s'arréte.
— Surveille-les, dit-il a un de ses compagnons. Et II entre dans la cabane.
11 revient peu aprés et leur dit :
— Vous pouvez entrer.

Dans la cabane, un étrange spectacle les attend.

to uiller (que1qu'u n ) : ici, chercher dans ses poclaes, son sae... porn v‹air
s'ii n'a pas
d'arnac,

Une tres vieille femme, habillée en Blanc, la pipe a la bouche, est couchee sur un
lit. Sa mam est
posée sur le front d'un vieil homme trés digne... Ce vieil homme, c'est Auguste
Laguerre !
A cote de lui, se trouve sa fille Islande. De l'autre coté du lit, il y a deux
hommes armés, plus
jeunes que Laguerre.
Les freres Marcellin, murmure Cecile.
Maman Louison parle a Auguste Laguerre
lu es mon dernier petit-neveu ; mes enfants et petits- enfants sont tous morts. Ma
famille, c'est
toi, tes filles et eux, mes arriere petits-fils.
Elle montre les fferes Marcellin puis continue
— Je sais, ils ne sont pas parfaits... J'ai quelque chose d'iniportant a vous dire,
a tous. Loko,
l'Iwa des forets m'a parlé « Replantez les arbres, d'ici a Port-au-Prince », c'est
ce quil m'a
dit. Obéissez-lui, s'il vous plait ! Arietez lcs disputes, arretez la guerie avec
les armes ou avec
les mots, et planter les arbres pour sauver la terre. Ecoutez Loko.

Aprés la mort de la pauvre Maman Louison, Islande s'approche de Romain et de Cécile


et leur
explique tout
— C'est la grand-taiite de papa, elle avait 103 ans. Elle est tres respectée dans
la région car
elle était quiet isseuse. C'est

un }›etit-n-eveu fils d'iin ncveri ou d'une n iccc. M.iinan Louison est la


gra n d-tantc be Laguei‘re.
les (Petite enfants : 1"ils on titles d'un file ou ‹l'uiie fille.
tin arriei e-petit-file : l“ils dci petit-fits tin etc la petite-fille cfc Clam.ni
L‹nñson. Elle est 1’‹iri’iere-grand -me i e des h ci'es k1.ircellin.
1’Iwa : csprit, diviB ité dans lc ciilte va udou (i'eligion de l”ile d'Haiti oii
Yes pratiqucs de
rnagie se naélent :iiix cléiiients du ritiiel c1ai'ctieii).
un(e) giiéi'isseur(se) : person ne qui pratique one espicc tlc rnédecine tradition
nellc (a base
cfc plantes et d'i ncantations).
Une tres nettle /ei7y ore, liabillée en blanc, la ptpe â la boticll e, est
coiichéc• stir un lit.
aussi l'arriere-grand -mére des fréres Marcellin. Leurs hommes ont enlevé mon
pére puis m'ont
retrouvée. C'était, en réalité, un ordre de Maman Louison... pour avoir pres d'e1le
toute sa
famille ari moment de mourir et nous révéler le message de 1’Iwa Loko : reboiser la
région. Nous
avons promis de le faire et nous ie ferons ! Tous ensemble !
Romain est tres éinu par cette histoire... surtout parce qu'elle est racontée par
Islande.
— Vous avez été courageux de venir ici ! Merci ! Restez pour l'enterrement, nous
repartirons
demain, tous ensemble !, dit elle.
Un rayon de soleil illumine Ie vlsage de la jeune fillc, elle est vraiment trés
belle... Romain,
troublé et heureux, se dit : ‹ Je suis vraiment content d'étre en Haiti !!! »

rebuts er : planter a nouveau dcs arbres. é m u : qui éprouvc de l'éiriotion.


un enterr erne n t : cérérrronie qui a lieu quand on rrjet un mort en ierre.

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