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PROJET DE RESTAURATION DE PLAGE

MÉTHODE DE SYSTÈME D’ÉPIS MALTAIS-SAVARD


(SEMS)

SOMMAIRE DU PROJET

Rapport rédigé par le Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire

Décembre 2002
Projet de restauration de plage
- Méthode de Système d'épis Maltais-Savard (SEMS) -

Partenaires financiers

Avec la collaboration de :
Parc Nature de Pointe-aux-Outardes
Développement des ressources humaines Canada
Kruger – scierie Manic

ii
ÉQUIPE DE TRAVAIL
Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire
Nicolas Roy, géomorphologue, M.Sc.A., directeur de projet
Nancy Imbeault, secrétaire administrative
Nathalie Pelletier, ingénieure stagiaire, chargée de projet (2001)
Pascal Bernatchez, géomorphologue, M.Sc., consultant
Hydro-Québec
Danielle Messier, conseillère Environnement, Vice-présidence exploitation des
équipements de production
Richard Perron, chef Administration et relations avec le milieu, Direction
régionale Manicouagan
Suzanne Labrie, conseillère Environnement, Direction régionale Manicouagan
MRC de la Manicouagan
André Blais, aménagiste
Institut des sciences de la mer de Rimouski
Barbara Boczar-Karakiewicz, PhD, océanographie physique
Wojciech Romanczyk, PhD, associé de recherche en océanographie physique
Concepteurs de la méthode SEMS
Jean-Pierre Savard, citoyen péninsulaire
Lucien Maltais, citoyen péninsulaire
Groupe conseil Génivar
Claude Théberge, M. Sc., directeur de projet
Daniel Poirier, biologiste, B.Sc.
Derek Lynch, technicien
Gino Tremblay, technicien
Janine Beaucage, secrétaire
Nick Girard, technicien
Lucie Bellerive, secrétaire
Robert Laprise, technicien
Tony St-Pierre, ing. f., chargé de projet
Cadoret, Savard, Baron et Tremblay, a.-g.
David Thériault, arpenteur-géomètre
Gérald Tanguay, technicien

iii
TABLE DES MATIÈRES
Pages

1 CONTEXTE DU PROJET ................................................................................................................ 1


2 INTRODUCTION............................................................................................................................. 2
3 HISTORIQUE DE LA DÉMARCHE DES CONCEPTEURS .................................................... 3
4 CONSTRUCTION DES OUVRAGES .......................................................................................... 4
4.1 ÉTAPES DE CONSTRUCTION........................................................................................................ 4
4.2 PRINCIPAUX RÉSULTATS PROVENANT DE LA CONSTRUCTION DES OUVRAGES ...................... 8
5 RAPPORTS D’ÉTUDE..................................................................................................................... 9
5.1 HISTORIQUE DE LA DÉMARCHE DES CONCEPTEURS ................................................................. 9
5.2 MODÈLE CONCEPTUEL ............................................................................................................... 9
5.3 SUIVI DES BANCS D’ESSAI ........................................................................................................... 9
6 CONCLUSIONS ............................................................................................................................... 9
7 RECOMMANDATIONS............................................................................................................... 10
7.1 RECOMMANDATIONS DE RECHERCHE .................................................................................... 11
7.2 RECOMMANDATIONS D’UTILISATION PRÉLIMINAIRE DE LA MÉTHODE SEMS..................... 12
8 RÉFÉRENCES .................................................................................................................................. 13

LISTE DES FIGURES


Figure 1 - Plan d'ingénierie détaillé des SEMS. ..................................................................................... 5

Figure 2 – Photographies du transport du bois et du coupage et affûtage des pieux...................... 6

Figure 3 – Photographies de l’implantation des pieux sur la plage pour former la structure des
SEMS. ................................................................................................................................................... 6

Figure 4 - Photographies de la barge servant au transport d'épinettes.............................................. 7

Figure 5 – Photographies de l’étape du remplissage des structures de pieux. ................................. 7

Figure 6 - Photographie des épis en forme de ‘V’ renversé pour compenser l'érosion générée par
les courants latéraux. ......................................................................................................................... 8

v
1 CONTEXTE DU PROJET
Suite au colloque sur l'érosion des berges tenu en février 1999 à Baie-Comeau, le
Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire et ses partenaires ont réalisé l'importance
d'étudier la gestion intégrée des berges afin de trouver des solutions à leur
problématique d’érosion. Ce colloque avait permis, entre autres, la mise à niveau
des connaissances des problématiques associées à l'érosion des berges en milieu
marin et sur les méthodes disponibles pour protéger et restaurer le littoral en
érosion.
Cependant, la problématique de l'érosion des berges était encore loin d'être
résolue et nécessitait une concertation accrue ainsi qu'un partenariat soutenu. À
ce titre, la gestion intégrée des interventions sur le littoral constitue une approche
intéressante et prometteuse pour laquelle les membres du Comité ZIP, en
collaboration avec les autres acteurs du milieu, devront multiplier des initiatives
régionales.
Un comité
Faisant suite au colloque, un Comité interministériel sur l’érosion des berges s'est
constitué sur la Côte-Nord. Cette entente associe six ministères, ainsi que le
Conseil régional de développement de la Côte-Nord. Le principal mandat du
comité vise la préparation d'un plan de gestion des berges. Ce plan doit, entre
autres, prévoir les secteurs de berges à protéger et définir des stratégies visant
des alternatives de protection du littoral à l’enrochement systématique des
berges. Cette dernière option de protection est, jusqu'à présent, la seule
généralement retenue par les instances décisionnelles pour fin de protection du
littoral de la Côte-Nord.
Un partenariat
Toujours lors du colloque, un constat général est ressorti sur le manque de
connaissances et d’outils sur les techniques de protection du littoral.
À cet égard, Hydro-Québec et la MRC de Manicouagan annonçaient une entente
de partenariat pour tester une nouvelle technique de protection du littoral. Ce
partenariat faisait suite à un rapport d’étude, commandé par Hydro-Québec et
préparé par la firme Poly-Géo (1998), qui recommandait que la péninsule de
Manicouagan sur la Côte-Nord comme secteur de choix pour établir des bancs
d'essai pour tester une technique de restauration de plage. À ce moment, la
restauration de plage montrait un bon potentiel de développement et
d’avancement technologique pour la protection des berges.
Un groupe de travail
Ainsi, quelques mois après le colloque, le Comité ZIP, l’Institut des sciences de la
mer de Rimouski (ISMER), Hydro-Québec et la MRC de Manicouagan
associaient leur savoir-faire pour former un groupe de travail. Le but commun

1
était d’évaluer la performance d'une nouvelle technique de protection pour
contrer l’érosion des plages.
Une nouvelle technique
Il faut rappeler que le Parc Nature de Pointe-aux-Outardes sur la péninsule
Manicouagan (Naturam Environnement, 1997) avait été l'hôte d'une technique
des caissons de bois et de la bio ingénierie. Toutefois, les résultats révélaient qu’il
était ardu de contrer l’érosion en milieu marin par l’utilisation de caissons et de
végétaux.
Ainsi, dans le cadre de ce projet, le Comité ZIP a proposé une technique
novatrice de restauration des plages à partir d’épis de bois. Cette technique
artisanale a été conçue et développée par deux citoyens péninsulaires,
MM. Lucien Maltais et Jean-Pierre Savard. C’est cette technique, nommée
Système d’épis Maltais-Savard (SEMS), qui a été retenue par le groupe de travail
pour de nouveaux bancs d’essai pour contrer l’érosion.

2 INTRODUCTION
Dans le cadre de la démarche de ce projet, trois études spécifiques ont été
réalisées. Il fallait tout d’abord bien comprendre le travail de terrain réalisé
auparavant par les concepteurs durant une période de sept années. Une première
étude intitulée "Évolution de la technique de restauration de plage du système d'épis
Maltais-Savard (SEMS) et analyse des composantes contrôlant la morphosédimentologie
des plages" a alors été réalisée à l’hiver 2000 par M. Pascal Bernatchez,
géomorphologue. Ce rapport permettait de mettre à niveau le groupe de travail
sur les acquis réalisés par les concepteurs.
Par la suite, les efforts ont été dirigés vers la compréhension des processus
hydrauliques régissant l’interaction des SEMS avec les sédiments et l’eau. La
seconde étude, réalisée par l’ISMER et intitulée "Modèle conceptuel de
fonctionnement d'un ouvrage de protection du littoral: système d'épis Maltais-Savard
(SEMS)" avait pour but d’éclaircir ces processus. Cette étude a permis de jeter les
bases du premier concept scientifique sur les travaux des concepteurs. Elle a été
réalisée au cours de l’hiver et du printemps 2000.
Enfin, des travaux d’aménagement des SEMS, réalisés dans le Parc Nature de
Pointe-aux-Outardes et à Baie Saint-Ludger (Pointe-aux-Outardes), ont été
réalisés en juin et en juillet 2000. Ils se sont poursuivis au printemps 2001 afin de
compléter une seconde série d’ouvrages et d’en améliorer le concept de base. Les
travaux d’aménagement de 2001 ont aussi permis de réparer certains SEMS
construit en 2000 qui avaient été abîmés par les glaces.
En parallèle, le suivi topographique, confié par Hydro-Québec au Groupe conseil
Génivar, a débuté avant l’implantation des ouvrages mis en place par le Comité
ZIP et s’est poursuivi jusqu’en novembre 2001, date de fin du suivi. Cette

2
dernière étude s’intitule ‘‘Suivi de l’évolution de la topographie à deux sites de la
péninsule Manicouagan’’.
Il est aussi important de noter qu’un suivi d’un troisième banc d’essai est
toujours en cours (Boczar et al., en préparation). Il consiste à déterminer si la
technique peut être efficace pour contrer les effets de bout des enrochements1. Ce
troisième banc d'essai ne sera cependant pas abordé dans le présent rapport.
En somme, le présent document se veut une synthèse des trois études qui ont
constitué le projet de manière à pouvoir livrer au lecteur des recommandations et
des conclusions générales de l'ensemble du projet. On retrouve également
d'autres informations concernant la démarche des concepteurs et la technique de
construction des SEMS elle-même.

3 HISTORIQUE DE LA DÉMARCHE DES CONCEPTEURS


Depuis environ sept ans, MM. Lucien Maltais et Jean-Pierre Savard, riverains
voisins de la péninsule Manicouagan et demeurant à Baie Saint-Ludger, ont
travaillé à développer une méthode de restauration adaptée à leur plage. Lors de
l'amorce de cette démarche, la plage située en face de chez-eux était sérieusement
affectée et l'érosion du talus d'argile menaçait leur maison. Ceux-ci ont alors
décidé de prendre les choses en main afin d'éviter de perdre leur terrain au cours
des années qui allaient suivre. Ces deux riverains, étant de très bons
observateurs, ont développé, au gré des marées et des tempêtes, un système
d'épis (capteurs de sable) conçu à l'aide de pieux de bois et de branches
d'épinettes noires. Durant sept années consécutives, ils ont donc adapté et
perfectionné la méthode en modifiant la hauteur, l'angle, la profondeur
d'implantation des pieux et l'épaisseur de leurs épis pour arriver à optimiser le
concept de protection. L'efficacité grandissante de leur aménagement a permis de
restaurer la plage qui était auparavant inexistante. Ils ont alors été invités à
présenter un kiosque d’information sur leurs travaux. Les principaux éléments
de leur présentation ont été repris dans les ‘‘Actes du Colloque sur l’érosion des
berges de 1999’’.
À l’automne 1999, le Comité ZIP, représentant le groupe de travail, a contacté les
concepteurs pour les interpeller dans le cadre d’un projet expérimental. Les
concepteurs se sont montrés intéressés à participer à cette initiative et des
ententes ont été signées pour l’aménagement des bancs d’essai à la fin de

1 Effet d’érosion accrue générée par la présence d’un enrochement à chacune de ses extrémités.

3
l’automne 1999. En parallèle, les concepteurs ont tenté, en vain, d'obtenir un
brevet de leur concept. Cette démarche n’a pas été poursuivie en raison des coûts
élevés d’obtention du brevet et de la complexité de la démarche sans garantie de
succès.

4 CONSTRUCTION DES OUVRAGES


Au total, 12 SEMS ont été construits sur les deux bancs d’essai au printemps 2000
et 2001. La figure 3 du rapport no 3 (Génivar, 2002) représente la localisation des
SEMS. Le mandat de supervision des travaux de construction a été confié aux
concepteurs de la méthode SEMS, MM. Maltais et Savard. Ceux-ci ont travaillé
avec une équipe de quatre ouvriers à la construction des ouvrages. Le coût de
construction de chacun des SEMS est d’environ 5 000 $, pour un budget total de
60 000 $.

4.1 Étapes de construction


Les travaux se divisent selon les six étapes suivantes.
Étape 1 : Conception et autorisation
La préparation d’un plan d’ingénierie (Figure 1) et des demandes d’autorisation
ont été déposés aux autorités concernées. Il a fallu demander un Certificat de
conformité à la municipalité de Pointe-aux-Outardes et des demandes de
certificat d’autorisation environnementale (Annexe A) au ministère de
l’Environnement du Québec, à la Société de la faune et des parcs du Québec ainsi
qu’à Pêches et Océans Canada. Finalement une demande d’autorisation pour de
la coupe de bois (épinettes noires) a aussi été déposée au ministère des
Ressources naturelles du Québec.
Étape 2 : Préparation des matériaux
La préparation des matériaux a ensuite été réalisée. Une entente réalisée avec
Kruger - scierie Manic a permis d’obtenir des pieux de bois de 10 à 15 cm de
diamètre et de 2 à 2,5 m de longueur (photo de gauche, Figure 2). Ces derniers
ont été taillés à une longueur d’environ 1,75 m et affûtés pour faciliter leur
implantation sur la plage (photo de droite). L’affûtage des pieux se réalise du
côté le plus large du pieu. Cette procédure diminue la probabilité que les pieux
remontent vers la surface de la plage.

4
Figure 1 - Plan d'ingénierie
détaillé des SEMS.

5
Figure 2 – Photographies du transport du bois et du coupage et affûtage des pieux.

Étape 3 : Implantation des structures


Une fois les pieux taillés et livrés aux sites expérimentaux, le creusage de trous et
l’implantation des pieux ont été réalisés. Les trous se creusent à l’aide d’une tarière
mécanique. Chaque pieu est rapidement introduit dans le trou pour éviter le
remplissage par de l’eau et du sable. Les pieux sont ensuite enfoncés encore plus
profondément avec l’aide d’une masse (Figure 3, photo gauche). La photo de droite
(même figure) présente une vue d’ensemble sur les travaux.

Figure 3 – Photographies de l’implantation des pieux sur la plage pour former la structure des SEMS.

Étape 4 : Préparation du matériel de remplissage


Il faut alors procéder à la coupe d’épinettes qui serviront à remplir les structures.
Plusieurs essences d’arbres ont été testées par les concepteurs et seul l’épinette est, selon
leurs tests, suffisamment résistante pour supporter l’impact des vagues et rugueuse
pour générer de l’accumulation de sable. Un site de coupe d’épinettes a été identifié à
proximité des sites expérimentaux. La sélection d’arbres positionnés sur un terrain en
érosion a justifiée le prélèvement de ces derniers. En effet, ils aboutiraient de toute façon
au fleuve à brève échéance. Le transport du site de prélèvement au site d’implantation
est réalisé à l’aide d’une barge fabriquée par l’équipe terrain de construction (Figure 4).

6
Figure 4 - Photographies de la barge servant au transport d'épinettes.

Étape 5 : Remplissage des structures


À cette étape, le remplissage des structures composées de pieux se fait à l’aide
d’épinettes recueillies au site de coupe. Les épinettes sont entassées dans les structures
puis enfermées à l’aide de barres posées transversalement et solidement clouées aux
pieux (Figure 5). Si la partie excédante des pieux ne doit pas servir à un nouveau
remplissage, ils doivent être taillées juste au-dessus des barres transversales. Cela
permet d’éviter que des objets en dérive s’accrochent dans les structures et les
affaiblissent.

Partie
excédante
Pieu Barre
transversale

Figure 5 – Photographies de l’étape du remplissage des structures de pieux.

Étape 6 : Suivi des ouvrages


Suite au remplissage, il est préférable que des visites de terrain soient réalisées
régulièrement pour évaluer l’impact des SEMS sur la topographie de la plage.
L’ensablement devrait se faire plus ou moins rapidement dépendamment des
événements météorologiques et de la quantité de sable disponible dans le milieu. Il est
pratique de suivre le niveau d’ensablement de la plage à l’aide de techniques
d’arpentage afin d’évaluer assez précisément les quantités de sable recueillies par les
ouvrages.

7
4.2 Principaux résultats provenant de la construction des ouvrages
L’aménagement des 12 SEMS et l’évaluation de leur résistance aux processus
hydrodynamiques (vagues, courant et mouvement des glaces) nous a permis d’acquérir
de l’expérience sur le comportement des structures côtières légères.
Il faut rappeler qu’un Guide de construction (Comité ZIP, en préparation) détaillera la
technique de réalisation de ce type de technologie de protection du littoral. Toutefois,
voici les principaux faits saillants notés durant cette dernière expérimentation :
1. Le remplissage des structures avec des tiges d’épinettes trop courtes (moins de
2 m) est contre indiqué. Des tempêtes relativement faibles peuvent alors évacuer
le matériel assez facilement (cas vécu sur l’un des SEMS installé au Parc Nature
de Pointe-aux-Outardes).
2. Une problématique d’érosion locale accrue du bas de talus, due à un courant
latéral généré par la présence de l’ouvrage SEMS lors de tempêtes d’importance,
a pu être résolue. L’aménagement de deux épis courts en forme de « V » renversé
(Figure 6) élimine l’effet négatif d’érosion observée à l’arrière des structures.
Figure 6 - Photographie des épis en forme de
« V » renversé pour compenser l'érosion générée
par les courants latéraux.

3. La fragilité des SEMS en relation avec le


mouvement des glaces indique qu’il est
mieux de ne pas trop les prolonger vers le
bas de plage. Une longueur maximale de
l’épis central de 10 à 15 m pourrait être
optimale contrairement à ceux construits
dans le cadre de ce projet (20 à 25 m). Une
longueur plus courte des SEMS a aussi
comme avantage de diminuer l’impact négatif sur la circulation. En effet, les
morceaux de glaces dérivant tôt au printemps ont tendance à arracher la partie
basse des structures. Par ailleurs, si l’ensablement n’a pas été suffisant et ce,
avant la prise des glaces, il est possible que les structures puissent être abîmées
plus en amont sur la plage.
4. La densité et la rugosité de l’ouvrage, générées par les épinettes emprisonnées
dans les structures, doivent être suffisamment élevées pour optimiser l’efficacité
d’ensablement des SEMS. En effet, la rugosité a tendance à diminuer rapidement
au cours des premiers mois en raison de la perte des épines d’épinettes et des
petites branches. Pour palier à cette problématique, la possibilité d’utiliser des
géotextiles a été testée avec succès sur un autre site expérimental. En effet, la
rugosité des SEMS peut être augmentée et stabilisée à l’aide de ces matériaux.
L’utilisation de fibre de noix de coco de densité de 400 à 700 g/m2 est
recommandée. Cette approche est discutée dans le Guide de construction
(Comité ZIP, en préparation).

8
5. Le nombre d’épis latéraux disposés sur un SEMS et la prédominance
directionnelle du courant de dérive littorale des sites expérimentaux ne semblent
pas jouer un rôle majeur sur le niveau d’ensablement de part et d’autre des
structures. Il serait alors adéquat que les SEMS se composent d’un nombre égal
d’épis latéraux disposés de chaque côté de l’épi principal afin d’intercepter
efficacement les deux dérives et d’éviter l’effet érosif de la vague de Mach
(Boczar et al, 2000). Empiriquement, le nombre minimal d’épis latéraux est
évalué à deux de chaque côté pour un SEMS de 15 m de longueur .

5 RAPPORTS D’ÉTUDE
Trois rapports d’étude ont été réalisés. Les sous-sections suivantes présentes ces
derniers rapports. Ils sont disponibles en annexe du présent rapport, sur le site Internet
du Comité ZIP ou sur CD-Rom.

5.1 Historique de la démarche des concepteurs


Un mandat a été confié à M. Pascal Bernatchez, géomorphologue, pour documenter
l’historique de la technique SEMS des deux concepteurs MM. Maltais et Savard. On y
retrouve également une analyse géomorphologique du site d’expérimentation de la Baie
Saint-Ludger. Le rapport s’intitule "Évolution de la technique de restauration de plage du
système d'épis Maltais-Savard (SEMS) et analyse des composantes contrôlant la
morphosédimentologie des plages"

5.2 Modèle conceptuel


Ce travail de compréhension du concept de la méthode SEMS a été réalisé par des
chercheurs en océanographie (Boczar et Romanczyk) dont les principaux travaux de
recherche se concentrent sur la restauration de plages pour la protection contre
l’érosion. Cette recherche a permis de bien comprendre les interactions eau-sédiment et
le rôle des différentes composantes structurelles des SEMS. Ce rapport s’intitule "Modèle
conceptuel de fonctionnement d'un ouvrage de protection du littoral: système d'épis Maltais-
Savard (SEMS)".

5.3 Suivi des bancs d’essai


Les activités du suivi consistent à procéder à l'implantation de repères planimétriques et
altimétriques aux deux sites d'étude, à suivre l’évolution de la topographie à ces mêmes
sites et à calculer le volume de sable retenu ou perdu suite à l'implantation des SEMS.
Ce rapport s’intitule ‘‘Suivi de l’évolution de la topographie à deux sites de la péninsule
Manicouagan’’.

6 CONCLUSIONS
Les conclusions respectives, préparées par les auteurs des trois études, se trouvent à
même leur rapport (études 1, 2 et 3). Le lecteur peut donc s’y référer en consultant ces
documents. D’autres conclusions, proposées par le Comité ZIP, s’imposent quant à

9
l’aménagement des ouvrages et les différents niveaux d’efficacité évalués pour ralentir
l’érosion des plages et des berges. En voici les principaux faits saillants :
• La résistance des structures à la dérive des glaces est faible dans le cas où
l’ensablement n’est pas suffisant pour couvrir les ouvrages plus que
partiellement. Par ailleurs, le déchaussement printanier de la plage devant le
pied de glace peut aussi abîmer la partie aval des structures.
• Le matériel de remplissage des SEMS doit, idéalement, contenir des troncs
d’épinettes d’une longueur de plus de 3 m pour éviter que les structures ne se
vident lors de tempête surtout si le matériel n’est pas enveloppé d’une
membrane géotextile. Ce problème est amplifié lorsque le matériel n’est pas
enveloppé d’une membrane géotextile.
• Le banc d’essai de Baie Saint-Ludger (BSL) est situé devant un enrochement de
pied de talus et les SEMS ont été aménagés entre des épis rocheux. Ce banc
d'essai montre qu’il est possible de redresser la plage sur plus de 0,3 à 0,5 m et de
stabiliser son élévation à un niveau supérieur. La mise en place et l’entretien
d’ouvrage SEMS peut donc assurer la pérennité des enrochements en évitant
l’affouillement des ouvrages.
• Il est considéré possible, mais non démontré, que les SEMS puissent avoir un
impact négatif sur les zones avoisinantes pour les zones faiblement sablonneuses
telles que celle de BSL. Il pourrait être problématique d'utiliser ce type de
structure dans des secteurs de plages possédant de faible quantité de sable.
• Au site du Parc Nature de Pointe-aux-Outardes, les résultats du suivi
démontrent que le taux de recul du talus est légèrement plus faible derrière les
SEMS que dans les zones avoisinantes sans protection.
• Toujours au Parc Nature, les efforts d’entretien indiquent cependant une
récurrence importante de travaux. Au banc d’essai de BSL, là où l’énergie
hydrodynamique est généralement plus faible, le niveau d’effort d’entretien est
nettement moins important.
• La piste de recherche portant sur des ouvrages perméables, rugueux et flexibles
tels que les ouvrages SEMS semblent être porteurs de résultats probants. Les
efforts de recherche, en concertation avec les acteurs du milieu, devraient se
poursuivre encore quelques années afin d’aboutir à un outil de protection adapté
à la Côte-Nord et compatible avec les techniques de protection déjà utilisés.

7 RECOMMANDATIONS
Le groupe de travail soumet quelques recommandations pour des pistes de recherche et
d’utilisation de la méthode SEMS. En effet, quoique plusieurs paramètres techniques
restent encore à développer, les résultats obtenus lors de ce projet mettent en
perspective certains éléments importants.

10
7.1 Recommandations de recherche
• Dans la perspective où les résultats obtenus au banc d’essai du Parc Nature
n’indiquent qu’un faible ralentissement de l’érosion et en considérant l’effort
octroyé pour maintenir l’efficacité des ouvrages, il est recommandé de ne pas
continuer le suivi à ce banc d’essai. Si des recherches expérimentales devaient se
poursuivre, il serait préférable d’investiguer cette technique sur des secteurs
rencontrant d’autres caractéristiques telles que celles rencontrées sur le banc
d’essai pour contrer l’effet de bout d’enrochement de Pointe-aux-Outardes
(Boczar et al, 2003).
• L’analyse des résultats obtenus au banc d’essai de Baie Saint-Ludger démontre
un certain succès d’efficacité des ouvrages. Il est recommandé de continuer le
suivi pour évaluer si c’est derniers résistent bien à l’effet du temps.
• Le ministère des Transports du Québec (MTQ) fait annuellement des relevés
topographiques depuis 1996, date d’implantation de l’enrochement linéaire et de
plusieurs épis en roches parallèles à ceux concernés dans le présent rapport.
L’analyse de ces résultats jumelés à quelques visites de terrain devraient nous
permettre d’extraire les résultats de suivi nécessaire à l’évolution de
l’ensablement générée par les SEMS et ce, à moindre coût. Il est donc
recommandé de faire des démarches auprès du MTQ pour obtenir le droit
d’utiliser les résultats du suivi d’arpentage réalisé depuis 1996.
• Des analyses pourraient être réalisées afin de comparer les taux d’érosion
obtenus en présence des SEMS comparativement aux taux d’érosion historiques.
L’évaluation des taux d’érosion du talus a été réalisée par le Comité sur l’érosion
des berges de la Côte-Nord pour le secteur du Parc Nature. Cette comparaison
des taux d’érosion pourrait préciser le niveau d’efficacité de la technique de
protection SEMS. Le groupe de travail recommande de réaliser une démarche
auprès du Comité sur l’érosion pour obtenir ces données et procéder à l’analyse.
• Afin de mieux comprendre la problématique associée à l’impact des SEMS sur la
dérive littorale et sur le trouble de voisinage2 qu’ils pourraient causer, une
analyse détaillée de l’évolution des profils topographiques, mesurés durant le
suivi (15 en 2 ans), devrait être réalisée.
• À la lumière de ces travaux d’expérimentation, la recommandation générale
d’utilisation de la technique SEMS reste à confirmer. Des ajustements, associés à
la résistance des structures ainsi qu'à leur dimension et à leur disposition,
devraient être réalisés pour diminuer la récurrence des entretiens et en optimiser

2 L’accumulation de sable engendrée par les SEMS pourraient générer un abaissement de la plage aux
environs des structures et augmenter l’érosion de ces zones avoisinantes, ce qui n’est cependant pas
encore démontré.

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leur efficacité à long terme. Les travaux effectués sur le banc d’essai pour contrer
l’effet de bout d’enrochement devraient amener plusieurs réponses précises sur
le sujet (Comité ZIP, en préparation).

7.2 Recommandations d’utilisation préliminaire de la méthode SEMS


Il est encore tôt pour recommander l’utilisation de cette technique de protection du
littoral de façon générale et telle qu’utilisée sur les bancs d’essai expérimentaux.
Cependant, dans certaines circonstances précises, cet outil, jumelé à d’autres moyens
d’intervention, pourrait s’avérer efficace. Certaines recommandations d’utilisation
de la méthode peuvent donc alors être appliquées.
• Dans les zones sensibles à la dérive des glaces printanières, les efforts d’entretien,
tel qu’expérimentés durant ces travaux, ne permettent pas de conclure
significativement à une utilisation durable et efficace pour contrer l’érosion.
• Leur utilisation devant des enrochements peut contribuer à stabiliser
efficacement des enrochements qui présentent de l’érosion sévère par
affouillement. Le rehaussement de la plage de 30 à 50 cm peut en effet suffire à
stabiliser efficacement la base des enrochements.
• L’utilisation de SEMS dans un milieu pauvre en sable pourrait générer des
troubles de voisinage par l’abaissement des secteurs voisins. Cela reste
cependant à confirmer par des études plus poussées. D’ici à ce que les recherches
ultérieures démontrent le fonctionnement sédimentologique des SEMS dans ces
secteurs, le principe de précaution devrait s’appliquer en l’utilisant qu’avec
parcimonie.
• L’efficacité d’ensablement recherchée se situe vers la partie supérieure de la
plage, par conséquent les SEMS devraient être plus courts, environ 10 à 15 m, au
lieu de 20 à 25 m comme ceux aménagés au cours de ce suivi. La destruction de
la partie basse des ouvrages pourrait être ainsi évitée. Par ailleurs, le coût
d’installation et d’entretien et l’impact négatif sur la circulation seraient aussi
atténués.
• Les SEMS peuvent être installés pour réduire l’érosion de zones à risque qui
attendent des structures de protection plus coûteuses et plus efficaces pour
contrer l’érosion, tel que l’enrochement. Les SEMS pourraient être aussi utiles
pour la protection d’habitats fauniques riverains. À certains endroits, si le sable
est abondant, le niveau d’efficacité pourrait dépasser une réduction de l’érosion
du talus de plus de 80 % (Boczar et al, en préparation) . Dans ce dernier cas, cette
technique jumelée à de la protection légère de bas de talus pourrait être très
efficace. Certaines démonstrations restent cependant à réaliser.

12
8 RÉFÉRENCES
BERNATCHEZ P. 2000. Évolution de la technique de restauration de plage du système d'épis
Maltais-Savard (SEMS) et analyse des composantes contrôlant la morphosédimentologie des
plages". Rapport remis au Comité ZIP de la rive nord de l’Estuaire. 31 pages.
Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire. 1999. Les actes du colloque régional sur l’érosion
des berges – vers une gestion intégrée des interventions en milieu marin. 207 pages.
Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire. En préparation. Guide de construction - système
d'épis Maltais-Savard (SEMS).
BOCZAR B. et W. Romanczyk. 2000. Modèle conceptuel de fonctionnement d'un ouvrage de
protection du littoral: système d'épis Maltais-Savard (SEMS). Préparé par l’Institut des
sciences de la mer de Rimouski pour le Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire.
34 pages.
BOCZAR B., W. Romanczyk et N. Roy. En préparation. Analyse de l'efficacité de la
méthode de protection du littoral: Système d'épis Maltais-Savard (SEMS) - Banc d’essai de
Pointe-aux-Outardes, péninsule Manicouagan, Québec, Canada. Préparé par l’Institut des
sciences de la mer de Rimouski pour le Comité ZIP de la rive nord de l’estuaire.
NATURAM ENVIRONNEMENT. 1997. Restauration des berges du Parc régional de Pointe-
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Poly-Géo inc. 1998. Mesures de protection des berges en milieux estuarien et marin. Rapport
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GÉNIVAR. 2002. Suivi de l’évolution de la topographie à deux sites de la péninsule
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Annexe A – Exemple de demande d'autorisation environnementale (Voir CD-Rom).

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