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Les technologies de dessalement et leur impact à échelle locale sur la mer


Méditerranée : Etude de Posidonia oceania

Article · May 2020

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Victor Berny
University of Nice Sophia Antipolis
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Mémoire scientifique

Les technologies de dessalement et leur impact à


échelle locale sur la mer Méditerranée :

Etude de Posidonia oceania

Tuteur académique : M. Franck TESSIER Mémoire soutenu le 23/01/2020

Polytech Nice Sophia Campus SophiaTech


930 route des Colles, BP-145
06903 Sophia-Antipolis Cedex France
+33 04 89 15 40 00
Victor Berny
POLYTECH NICE SOPHIA | GÉNIE DE L’EAU – 1ERE ANNEE
1
Les technologies de dessalement et leur impact à échelle locale sur la mer Méditerranée :
Etude de Posidonia oceania

Mots clé : dessalement, impact environnemental, Méditerranée, Posidonia

Résumé : Au cours des dernières décennies, de plus en plus de pays ont connu des problèmes
de pénurie d'eau, ce qui a conduit à rechercher des sources alternatives non conventionnelles
d'eau douce. Le dessalement de l'eau de mer s'est avéré être une ressource en eau fiable et
économiquement viable depuis la seconde moitié du 20e siècle. Un certain nombre de
technologies éprouvées existent déjà, avec des avantages et des inconvénients qui rendent
chacune d'entre elles plus adaptée à des sites spécifiques. Toutefois, ces installations nécessitent
une consommation énergétique intense et sont source de pollution : rejet de dioxyde de carbone
dans l’atmosphère, rejet de saumures hyperconcentrées en sel dans les eaux côtières. Sur la base
de ce qui précède, ce mémoire s’ouvre en donnant un aperçu général des caractéristiques de
l’eau de mer, suivi d'une classification des principales technologies de dessalement. Enfin, il
présente l’impact des rejets de saumure et de l’augmentation de la salinité sur les herbiers de
Posidonia oceanica, à la base du plus riche écosystème de la Méditerranée.

Keywords : desalination, environmental impact, Mediterranean, Posidonia

Abstract : In recent decades, more and more countries have experienced water scarcity
problems, leading to a search for alternative unconventional sources of freshwater. Seawater
desalination has proven to be a reliable and economically viable water resource since the second
half of the 20th century. A number of proven technologies already exist, with advantages and
disadvantages that make each of them more suitable for specific sites. However, these
installations require intensive energy consumption and are a source of pollution: release of
carbon dioxide into the atmosphere, release of brines with a high salt concentration into coastal
waters. On the basis of the above, this brief opens with a general overview of the characteristics
of seawater, followed by a classification of the main desalination technologies. Finally, it
presents the impact of brine discharges and the increase in salinity on the Posidonia oceanica
meadows, at the base of the richest ecosystem in the Mediterranean.

2
Table des matières
Introduction ........................................................................................................... 4

1. Désalinisation : modèle général ...................................................................... 5


1.1 Caractérisation de l’eau de mer ................................................................................... 5

1.2 Fonctionnement ........................................................................................................... 7

1.3 Législation ................................................................................................................... 8

2. Techniques séparatives pour le dessalement de l’eau ..................................... 9


2.1 MSF - Vaporisation à détentes successives ................................................................. 9

2.2 MED - Distillation à effets multiples ........................................................................ 11

2.3 RO - Osmose inverse ................................................................................................. 14

2.4 ED - Électrodialyse .................................................................................................... 16

2.5 Comparatif et évolution du dessalement ................................................................... 17

3. Impact du dessalement sur la méditerranée : étude de la flore marine ......... 18


3.1 De l’importance des herbiers de posidonies .............................................................. 18

3.2 Etude des posidonies suivant la fluctuation de la salinité ......................................... 20

Conclusion ........................................................................................................... 23

Références ........................................................................................................... 25

Tables des illustrations et tableaux...................................................................... 28

3
Introduction

En 2018, dix pays se partagent 60% de l'eau douce mondiale tandis que 29 pays d'Afrique et du
Moyen-Orient sont en pénurie d'eau (Rodell et al., 2018). L’eau n’est plus une simple ressource,
elle se transforme en un bien rare et une source de convoitise. Son exploitation abusive et non
renouvelable, la croissance toujours plus forte de la population humaine et les premières
conséquences du réchauffement climatique ont mené à sa raréfaction. Les questions relatives
à l'eau, à l'énergie et à l'environnement sont étroitement liées. Les régions arides telles que
l’Afrique, le Moyen-Orient ou l’Australie sont des zones fragiles où la disponibilité en eau
douce est faible.

La demande mondiale d'eau potable a entraîné une augmentation rapide de la production d'eau
douce par le dessalement de l'eau de mer, qui est actuellement estimée à 95 millions de mètre
cube par jour (Kurihara, 2020). Les principaux sous-produits de cette industrie sont des
saumures contenant des concentrations élevées de sel (environ le double de la salinité naturelle)
ainsi que des produits chimiques qui sont utilisés tout au long des différentes étapes du
processus de dessalement (Prihasto et al., 2009). Actuellement, la plupart des usines de
dessalement d'eau de mer rejettent les saumures avec les produits chimiques dans les zones
côtières. Bien qu'économique, cette pratique peut présenter des menaces et des risques
environnementaux pour les organismes et les habitats marins, en particulier sur de longues
échelles temporelles. Les impacts spatiaux sont également accrus avec des installations plus
importantes établies dans de nombreuses régions (Chang, 2015; Coday et al., 2015). Pourtant,
à l'heure actuelle, peu de données quantitatives sont disponibles dans la littérature publiée
décrivant les impacts environnementaux de ces effluents.

La mer Méditerranée est une zone particulièrement exposée : son taux de salinité est parmi les
plus élevés sur Terre, mais paradoxalement c’est aussi dans cette région que les usines de
dessalement se multiplient le plus vite. Le Proche Orient, l’Espagne et l’Afrique du Nord
représentent ensemble 60% du dessalement annuel mondial (Kucera, 2019). Dans cette optique,
il est important de se demander quelles conséquences pourraient avoir la multiplicité croissante
de ces installations sur les écosystèmes fragiles des littoraux. Plus spécifiquement, le cas des
herbiers marins de Posidonia oceanica est préoccupant : depuis 2015, on constate la régression
de leur superficie et de leur vitalité (F.Torquemada et al., 2005; Telesca et al., 2015) sur
l’ensemble du bassin méditerranéen.

4
1. Désalinisation : modèle général

Le premier système de désalinisation de l’eau de mer a été la distillation. Ce procédé est


aujourd’hui encore parmi les plus utilisés. Il consiste à élever la température de l’eau de mer
jusqu’à évaporation, afin de récupérer les vapeurs dépourvues de sel grâce à un système de
refroidissement. On trouve les premières traces de distillation sur les navires grecs au troisième
siècle. Les alambics utilisés avaient toutefois leurs limites et ne permettaient de produire que
de faibles quantités d’eau douce (Delyannis, 2003).

1.1 Caractérisation de l’eau de mer

Il existe trois caractéristiques majeures des eaux de mer. Le pH, dont la moyenne varie entre
7,5 et 8,4. La salinité, mesurant la masse de sel présent dans l’eau de mer, avec une moyenne
de 35 g.L-1. Enfin, la composition et proportion des sels dissous. La salinité varie selon la
position géographique en raison de nombreux facteurs. Ceux qui affectent le plus sont la
variation des courants maritimes, l’ouverture des mers vers les océans et les apports terrestres.

Figure 1 : salinité moyenne de l’eau de mer en surface, exprimée en gramme de sel par kilogramme d’eau de mer
– PSU : Practical Salinity Unit – (LERM - Laboratoire d'Études et de Recherches sur les Matériaux, 2015).

Cette carte permet de constater que les régions polaires ont une salinité inférieure se démarquant
de la moyenne. Cette baisse s’explique par la fonte des glaces, créant un volume élevé d’eau
douce à l’origine d’un phénomène de dilution du sel. Les mers sans interface directe avec
l’océan (mer Noire, mer Caspienne) ont des apports en sels faibles. Elles bénéficient également

5
d’apports en eau douce par le biais de fleuves majeurs (Danube, Dniepr, Volga, Oural). En
conséquence, leur salinité est plus faible. En revanche, les mers fermées caractérisées par une
interface mer-océan ont une forte salinité. Par exemple, la mer Méditerranée. Plusieurs facteurs
expliquent ce phénomène. Sa faible ouverture sur l’océan est la raison d’un renouvellement de
l’eau très lent. Il faut 90 ans à la mer Méditerranée pour que son renouvellement soit total,
contre seulement 30 ans pour la mer Baltique (Bryden et al., 1994). L’eau se propage dans
l’atmosphère par évaporation, mais le sel persiste dans la mer. L’évaporation est trois fois plus
importante que les apports en eau douce des fleuves et des précipitations. Les phénomènes en
cause sont le climat aride et l’effet des vents, spécifiquement forts et nombreux dans cette région
(Millot and Taupier-Letage, 2005). Ainsi, cette forte évaporation couplée au faible
renouvellement de l’eau engendre une accumulation du sel dans la mer. À ceci s’ajoutent les
effets du réchauffement climatique qui intensifient l’évaporation, accélérant ce processus
d’augmentation de la salinité. La construction de nombreux barrages fluviaux au cours du 20e
siècle contribua à un amenuisement de l’apport d’eau douce en Méditerranée. Par exemple, le
haut barrage d’Assouan sur le Nil (Poulos and Collins, 2002).

La composition saline de l’eau a été établie en 1884 par le chimiste allemand William Dittmar.
Il démontrera une loi spécifique à l’eau de mer. La proportion relative de ses constituants est
constante, et donc indépendante de la salinité de l’eau. Cette propriété permet de considérer
l'eau de mer comme une solution d’eau pure mêlée à onze constituants principaux, dont les
proportions sont représentées dans la figure 2.

Figure 2 : proportion de sel dans l'eau de mer (à droite) et composition chimique du sel de mer
(Hannes Grobe, 2000).

6
1.2 Fonctionnement

Les technologies de dessalement sont classées en deux catégories distinctes, selon le procédé
utilisé pour traiter l’eau (Krishna, 2004) :

- Les procédés thermiques, faisant intervenir un changement de phase. Le plus utilisé est
la vaporisation à détentes successives. Ils consomment de l’énergie thermique,
majoritairement fossile.
- Les procédés membranaires, employant une filtration par membrane. Le plus utilisé est
l’osmose inverse. Ils consomment de l’énergie électrique.

Tableau I : liste non exhaustive des procédés de dessalement existants et leurs abréviations (source personnelle).

Procédés thermiques Abréviation Procédés membranaires Abréviation


Vaporisation à détentes successives MSF Osmose inverse RO
Distillation à effet simple SED Électrodialyse ED
Distillation à effet multiple MED Électrodialyse inverse EDR
Distillation par compression de vapeur VCD Ultrafiltration UF
Congélation FRP Nanofiltration NF

Parmi ces différents systèmes, la distillation et l'osmose inverse sont ceux dont les performances
et la fiabilité ont été éprouvées au cours du temps. En conséquence, ce sont ces deux procédés
qui sont les plus répandus au niveau du marché mondial. Les autres systèmes ne sont pas autant
employés à cause de leur consommation d'énergie, ou de l'importance des investissements qu'ils
requièrent. Toutefois, leur existence et application se justifient par des besoins particuliers, ou
dans les cas où des procédés plus conventionnels ne peuvent être utilisés.

Bien que leur méthode de séparation du sel diffère, chacune de ces installations comporte
nécessairement quatre étapes (Krishna, 2004) :

Eau de mer : 35 PSU


1 PSU = 1g de sel / 1 kg d’eau de mer

Pré-traitement Module de dessalement Post-traitement

Saumure : 50 - 85 PSU
Eau traitée : 0,5 - 0,001 PSU

Figure 3 : schéma simplifié des quatre étapes de traitement pour le dessalement de l’eau de mer (source personnelle).

7
1) Un pompage de l’eau de mer, parfois suivi d’une filtration grossière,
2) Un prétraitement avec l'addition de composés biocides et antitartre, parfois suivi d’une
filtration plus fine,
3) Le procédé de dessalement qui crée un filtrat de sel : la saumure,
4) Le post-traitement avec une reminéralisation facultative de l'eau produite.

À l'issue de ces quatre étapes, l'eau de mer est rendue potable. Elle peut également être utilisable
par les secteurs industriels. Quelle que soit son utilisation, la limite maximale de salinité est de
0.5 g.L-1.

1.3 Législation

Aucune législation n’existe réellement quant à la potabilité de l’eau produite à la sortie de ces
installations. La reminéralisation de l’eau lors de l’étape de post-traitement n’est pas
obligatoire. En conséquence, ces eaux dessalées sont souvent dépourvues d’éléments essentiels
tels que le magnésium, le potassium ou le calcium, pouvant créer des carences lorsqu’elles sont
consommées de manière chronique. Si ces eaux sont destinées à la consommation, les
législations appliquées sont celles des pays dans lesquels elles sont vendues. La norme standard
internationale est celle de l’OMS de 1993. En Europe, il existe la norme de l’Union européenne
parue en 1998. Elle est plus récente, plus stricte et plus complète, notamment concernant les
contaminations microbiologiques.

Une seule et unique législation traite de la protection de l’écosystème méditerranéen. La


Convention de Barcelone de 1977 a permis la ratification du « Protocole Tellurique » par la
majorité des pays bordant la mer Méditerranée. Signé en 1980 et entré en vigueur en 2008, il
contient des amendements relatifs à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution
d’origine terrestre. Ainsi, chaque projet de construction d’usine de dessalement devra au
préalable faire l’objet d’une étude d’impact environnemental. La base de cette étude est l’Étude
d’Impact Environnemental (« Environmental Impact Assessment », EIA). C’est une procédure
systématique qui identifie et évalue tous les impacts potentiels d'un projet. Elle propose
également des mesures d'atténuation et des alternatives appropriées. Par exemple, une
délocalisation du site d’installation, ou une modification d’un processus pour diminuer son
impact environnemental. Cependant, ces EIA sont applicables à tout type de projet. Il serait
nécessaire de les détailler par une approche méthodologique spécifique aux projets de
dessalement, afin de généraliser ces EIA à une plus grande échelle.

8
2. Techniques séparatives pour le dessalement de l’eau

Les technologies qui sont utilisées dans l'industrie du dessalement de l'eau de mer sont
examinées dans cette partie. Les principes d'utilisation, les applications et les problèmes de ces
procédés sont résumés. Les méthodes de dessalement sont caractérisées selon leur
consommation unitaire d'énergie (kWh/m3), leur coût unitaire d'exploitation ($/m3) et leurs
performances thermiques. Ces performances thermiques sont exprimées en GOR - Gain Output
Ratio - qui est un coefficient adimensionnel, rapport entre le débit d’eau douce produite
(tonne/h) et le débit de vapeur consommée (tonne/h).

2.1 MSF - Vaporisation à détentes successives

La vaporisation à détentes successives, plus communément appelée MSF pour Multi-Stage


Flash, est un processus au cours duquel l'eau est vaporisée dans plusieurs chambres où la
pression est inférieure à la pression de saturation. Il permet une forte production d’eau.

Figure 4 : schéma du système de dessalement MSF (KSB AG, Germany, 2016).

L’eau d’alimentation est mise sous haute pression par une pompe, puis est dirigée vers un
serpentin circulant au travers de chaque chambre (voir figure 4). La température de l’eau de
mer est ensuite élevée par chauffe-eau jusqu’à 85°C, puis cette eau est introduite dans le premier
étage où la pression est très faible (60 mbar). Le différentiel de pression provoque une
vaporisation spontanée de l’eau, appelée « flash », qui regagne ainsi un équilibre
thermodynamique (voir figure 5).

9
La vapeur résultante va s’élever et
se déposer sur les conduites
d’alimentation en eau de mer. Un
échange de chaleur a lieu : la
vapeur (85°C) permet de
préchauffer l’eau d’alimentation,
tandis que l’eau d’alimentation
(25°C) condense la vapeur. Ceci
améliore l'efficacité du système en
réduisant la quantité d'énergie
thermique requise par le chauffe- Figure 5 : courbe d’ébullition de l’eau de mer (A. Drelich, 2016).

eau pour augmenter la température de l'eau. Une pompe récupère et stocke ensuite le distillat
d’eau douce pour un traitement ultérieur. L'ébullition cesse lorsque la température de l’eau de
mer atteint le point d'ébullition correspondant à la pression saturante de l'étage. L’eau qui ne
s’est pas évaporée est transférée vers l’étage suivant où la pression est plus faible (Dashtpour
and Al-Zubaidy, 2012). L'opération est alors répétée plusieurs fois, jusqu’à 40 fois pour les plus
grandes installations. On peut noter que la conduite initiale possède un rôle triple : alimentation,
condenseur et préchauffage, toujours dans une optique d’économies d’énergie. Ainsi, seul le
chauffe-eau nécessite une énergie extérieure, réduisant les coûts et l’impact environnemental.

On peut écrire le bilan énergétique de l’installation :

𝑃. 𝐻𝑛𝑢 = 𝑄. 𝐶𝑝. (𝑇𝑠𝑢𝑟𝑐ℎ𝑎𝑢𝑓𝑓𝑒 − 𝑇𝑠𝑎𝑡𝑢𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 )

- P le débit d’eau vaporisée [m3 s-1] - Q le débit d’alimentation [m3 s-1]


- Hnu l’enthalpie de vaporisation de l’eau [J kg−1] - T la température [K]
- Cp la capacité calorifique de l’eau [J kg−1 K−1]

On remarque que la quantité d’eau vaporisée P est proportionnelle au gradient de température


lors de la détente. De manière générale, le débit d’eau est approximativement dix fois supérieur
au débit d’eau produite (Kahraman and Cengel, 2005). En théorie, une seule chambre de détente
suffirait. Toutefois dans le cas pratique, on remarque qu’il n’y a pas d’équilibre
thermodynamique exact entre la température de saturation de la chambre et l’eau de mer après
le flash. Ce déséquilibre fait suite aux différentes pertes thermodynamiques de l’installation.
De plus, utiliser une seule chambre freine la capacité de récupération de l’énergie thermique au

10
niveau du condenseur. Ces deux limitations sont la cause de l’utilisation de plusieurs chambres
en série. Au fil des détentes, la pression et la température décroissent graduellement (de 3°C à
4°C entre deux chambres successives). Le procédé MSF, contrairement aux autres méthodes de
dessalement, est moins soumis à l’entartrage grâce à l’absence d’échangeur de chaleur pour
l’évaporation. Cependant, le problème est repoussé au chauffe-eau qui agit dans des conditions
spécifiques : vitesse d’écoulement élevée pour limiter l’entartrage, traitement anticalcaire.
Le GOR de ce type d’installation varie communément entre 7 et 12 (Bandelier, 2016).

Les usines employant un système MSF sont relativement simples à construire à utiliser. Ils n'ont
pas de pièces mobiles, autres que les pompes centrifuges conventionnelles. La qualité de l'eau
des effluents contient de 2 à 10 ppm de solides dissous, ce qui traduit un fort taux de
purification. En conséquence, l’eau est reminéralisée dans le processus de post-traitement pour
la rendre agréable au goût et propre à la consommation. L’efficacité du système MSF peut être
améliorée en élevant la température à plus de 115°C, mais ceci cause des problèmes
d'entartrage. Les sels tels que le sulfate de calcium précipitent sur les tubes et provoquent des
problèmes thermiques et mécaniques, pouvant mener à leur colmatage. Il est considéré comme
un processus énergivore, qui nécessite à la fois de l'énergie thermique et mécanique. Toutefois
cela peut être contourné par l’emploi d’un système de cogénération d’énergie électrique. L'ajout
de plusieurs chambres d’évaporation dans le MSF améliore son efficacité et augmente la
production d'eau, mais cela augmente le coût en capital et complexifie sa construction (Borsani
and Rebagliati, 2005).

2.2 MED - Distillation à effets multiples

Le procédé de distillation à effets multiples, ou MED, est utilisé depuis le début des années 60.
Il a été développé pour réduire la consommation d’énergie thermique. Le MED, comme le MSF,
se déroule dans une série de chambres et utilise le principe de la réduction de la pression
ambiante. Il y a un gradient de pression et de température décroissant entre l’évaporateur de
tête et le condenseur final. Ainsi après le premier apport de chaleur, ce gradient permet à
l'alimentation en eau de mer de subir plusieurs ébullitions sans apport de chaleur
supplémentaire.

11
Figure 6 : schéma du système de dessalement MED (Raluy et al., 2006).

Dans une installation MED, l'eau de mer entre dans le premier effet puis est portée à ébullition
grâce à un évaporateur. L’évaporateur est un faisceau de tubes, alimenté par un fluide
caloporteur (généralement de la vapeur d’eau provenant d’une chaudière). L'eau de mer est soit
pulvérisée, soit distribuée à la surface de cet évaporateur en une fine pellicule pour favoriser
son ébullition et une évaporation rapide. Les vapeurs produites sont redirigées vers
l’évaporateur suivant où elles sont condensées en eau douce. Elles cèdent à leur tour de la
chaleur à l’eau de mer pour l’évaporer dans le deuxième effet. Seule une partie de l'eau de mer
appliquée est évaporée. L'eau restante est rapportée vers l’effet suivant par un système de
pompes, où elle est à nouveau appliquée sur l’évaporateur. Ce processus se répète sur plusieurs
effets, de 8 à 16 pour les grandes usines typiques.

Dans le procédé MED, la température maximale est limitée à 80°C pour un rapport GOR de 12
kg de distillat/kg de vapeur. Toutefois si le procédé est hybridé avec un système de compression
de vapeur, la performance est radicalement améliorée pour atteindre un GOR de 15. La
compression est assurée par des compresseurs électriques ou des thermocompresseurs, qui
utilisent la vapeur d'eau motrice. Dans le premier cas, on parle de système à compression
mécanique de vapeur (MVC), et dans le second cas on parlera de thermocompression de vapeur
(TVC). Avec une augmentation significative des capacités unitaires à plus de 32 000 m3/j, cette
technologie hybride se compare favorablement à la technologie MSF dans toutes les
applications communautaires, mais pas dans les plus grandes. Les procédés MED comme MSF
permettent de produire une eau très pure avec un faible taux de TDS - Total Dissolved Solid -,
moins de 50 mg.L-1. Contrairement au procédé d’osmose inverse, ce taux n’est pas relatif à la
qualité de l’eau d’alimentation.

12
Théoriquement, on comprend avec la figure 6 que le débit d’eau douce produit devrait être égal
à la production d’eau du premier effet, multipliée par le nombre d’effets. Toutefois les
irréversibilités thermodynamiques engendrent une perte constatable de 10 à 20%.
L’alimentation des effets en eau de mer peut se faire en parallèle, à co-courant du premier
évaporateur vers le dernier effet, ou bien à contre-courant. Cependant cette configuration n’est
pas recommandée, car les effets les plus chauds en tête se retrouvent alimentés avec une eau
très concentrée en sels. Ces conditions sont les plus propices à l’entartrage.

On constate sur la figure 7 que le GOR


augmente linéairement quand le
nombre d’effets augmente, ce qui se
traduit par une diminution linéaire de
la consommation d’énergie thermique.
Le GOR est ainsi égal au nombre
d’effets présents dans l’unité, auquel
on soustrait les 10 à 20% de pertes
thermodynamiques. Comme pour le
MSF, le nombre d’effets est limité à la
fois par l’échelonnage de la pression et
Figure 7 : influence du nombre d'effets sur le rapport gain/production –
température entre les effets (environ GOR en fonction des trois systèmes d’écoulement (Al-Mutaz and
2°C), ainsi que par des considérations Wazeer, 2014).
économiques.

Ses principales caractéristiques sont une eau distillée de haute qualité, une capacité unitaire
élevée et une efficacité thermique élevée. Le processus de distillation à effets multiples est
conçu pour fonctionner à des températures basses (70°C). Cela réduit la corrosion des tubes et
la formation de tartre sur leur surface. La qualité de l'eau d'alimentation n'est pas aussi
essentielle que celle de la technologie des systèmes d'osmose inverse. Par conséquent, le coût
du prétraitement et du fonctionnement de cette technologie est faible. La consommation
d'énergie de cette technologie est inférieure à celle du MSF, tandis que ses performances sont
supérieures. Par conséquent, la technologie MED peut être considérée comme plus rentable et
efficace que la technologie MSF en matière de production d'eau potable (Kouhikamali, 2013).

13
2.3 RO - Osmose inverse

L'osmose inverse, ou RO, est un processus


physique utilisé pour séparer des substances. Il
utilise une membrane semi-perméable pour
retenir les substances dissoutes et extraire le
solvant sous une forme plus pure. Ici, les
substances dissoutes sont les sels et le solvant
est l'eau. Lors d’une osmose, deux solutions
avec des concentrations différentes sont
séparées par une membrane semi-perméable. On
observe alors un phénomène de diffusion de la
Figure 8 : membrane semi-perméable retenant les sels
matière, depuis le milieu le moins concentré dissous -forme ionique- (designua, 2010).

(hypotonique) vers le milieu le plus concentré


(hypertonique). Ce transfert se poursuit jusqu’à ce que les solutions soient de concentrations
égales de part et d’autre de la membrane. On qualifie cet état d’équilibre isotonique (voir figure
8). Lorsque cet équilibre est atteint, on peut mesurer la pression osmotique établie dans le
milieu hypertonique.

Si on exerce une pression sur


le milieu hypertonique
supérieure à celle de la
pression osmotique, le
processus se produira dans le
sens inverse. On parle alors
d’osmose inverse. On peut
ainsi obtenir une eau de haute
pureté avec une très faible
teneur en sel (voir figure 9 ci-
contre)

Figure 9 : principe de l'osmose et de l'osmose inverse (Sterigene, 2017).

14
Parmi les différentes technologies de dessalement, l'osmose inverse est l'une des plus efficaces,
nécessitant environ 3 à 10 kWh d'énergie électrique par m3 d'eau douce produite à partir d'eau
de mer (Colombo et al., 1999). Le dessalement par osmose inverse est un procédé sous pression
qui sépare deux solutions de concentrations différentes à travers une membrane semi-perméable
(Fritzmann et al., 2007). La vitesse à laquelle l'eau traverse la membrane est proportionnelle à
la différence de pression entre l’eau et la pression osmotique naturelle. La membrane elle-
même, constituée de plusieurs couches successives, représente un différentiel de pression. Le
besoin énergétique majeur est la pressurisation initiale de l'eau d'alimentation. Pour le
dessalement de l'eau de mer, les pressions de service vont de 55 à 70 bar (Abdallah et al., 2005).
Au fur et à mesure que l'eau douce traverse la membrane, l'eau d'alimentation devient de plus
en plus concentrée. Il y a toutefois une limite à la quantité d'eau douce qui peut être récupérée
sans provoquer d'encrassement. Les installations RO à eau de mer ont des taux de récupération
de 40 à 50 %, tandis que les installations à eau saumâtre ont des taux de récupération pouvant
atteindre 90 %. Les principales composantes du système RO comprennent des modules à
membrane, des pompes à haute pression, une centrale électrique et des dispositifs de
récupération d'énergie. Les propriétés des membranes et la salinité de l'eau d'alimentation sont
les deux principaux facteurs qui déterminent les besoins énergétiques d'un système RO. Une
salinité plus élevée de l'eau exige plus d'énergie pour surmonter la pression osmotique. Le
système RO a l’avantage de n'avoir qu’à augmenter sa puissance mécanique pour augmenter la
pression de l'eau d'alimentation.

Le prétraitement des membranes RO est reconnu comme un élément clé dans la conception des
usines de dessalement (Gaid and Treal, 2007). Les membranes RO sont soumises au colmatage
par les éléments en suspension présents dans l'eau de mer. Ces éléments peuvent être d’origines
diverses : biologique, particulaire, minérale, organique, colloïdale ou oxydante. Le
prétraitement est déterminé selon différents paramètres comme le carbone organique dissous,
le SDI (Silt Density Index, Indice de densité de limon), la turbidité, la teneur en algues ou la
température. Il peut comprendre des technologies conventionnelles (coagulation, filtration sur
média ou bimédia, décantation, floculation) ou des technologies avancées comprenant des
membranes couplées à un procédé conventionnel telle que l’ultrafiltration (Drioli et al., 1999 ;
El-Zanati and El-Khatib, 2007). L'utilisation d'un prétraitement adapté minimise les problèmes
d'encrassement et peut assurer une bonne protection des membranes et une plus longue durée
de vie.

15
2.4 ED - Électrodialyse

Développés dans les années 60, les procédés d'électromembrane sont des technologies qui
appliquent un potentiel électrique comme force motrice des ions. Ce processus se démarque des
autres. Jusqu’à présent, l’eau était mise en mouvement sous haute pression pour retenir les
particules de sels sur un filtre. Ici, ce sont les sels ioniques qui sont mis en mouvement par
l’action d’un courant continu. Ces procédés électromembranaires constituent un groupe de plus
en plus important de méthodes de séparation des composants chargés en solution
(désalinisation, désacidification, déminéralisation). En effet, le fonctionnement de l’ED est basé
sur des membranes échangeuses d'ions qui permettent une récupération élevée de l'eau. Il ne
nécessite pas de changement de phase, de réaction ou de produits chimiques. Ces avantages
sont bénéfiques pour l'environnement, sans recours aux combustibles fossiles ni aux détergents
chimiques (Al-Amshawee et al., 2020). Il existe cinq procédés principaux : l’électrodialyse
(ED), l’électrodéionisation (EDI), l'électrodialyse inverse (EDR), l’électrodialyse à membrane
bipolaire (EDBM) et la déionisation capacitive (CDI). La méthode d'électrodialyse est un
processus piloté par la tension électrique. Initialement utilisé comme un processus de
dessalement de l'eau de mer, il est maintenant également utilisé pour le processus de
dessalement de l'eau saumâtre.

Figure 10 : schéma du procédé d'électrodialyse (Al-Amshawee et al., 2020).

L’ED emploie des membranes échangeuses d’ions qui sont semi perméables aux ions, selon
leur charge. Des membranes cationiques (perméables aux cations, notées K sur la figure ci-
dessus) et des membranes anioniques (perméables aux anions, notées A) sont placées
alternativement entre deux électrodes. Les électrodes attirent les ions de charges opposées à

16
travers les membranes. Ainsi, les ions vont être séparés et retenus entre deux membranes,
permettant de récupérer une eau déionisée d’un côté et un concentré d’ions de l’autre.

Les membranes employées bénéficient d’une longévité plus importante que le système
d’osmose inverse (jusqu’à 8 fois plus longue (Banasiak et al., 2007)). Outre leur haute
résistance chimique et mécanique, ces unités de dessalement utilisent un système de détartrage
consistant à inverser la polarité des électrodes pour retirer les ions fixés aux membranes. Ainsi,
les coûts de maintenance sont très réduits (Mathioulakis et al., 2007). Les membranes
cationiques contiennent dans leur matrice polymère des groupes échangeurs d'ions acides qui
ont une charge électrique négative (R-SO3-, R-COO-). Cela permet le libre passage des
particules à charge positive. Le passage des particules chargées négativement est toutefois
toujours possible, mais est considérablement réduit. Inversement, les membranes anioniques
contiennent dans leur matrice des groupes basiques échangeurs de cations (R-NR3+, avec R un
groupe alkyle). Les particules négatives peuvent la traverser mais les particules positives sont
stoppées.

Toutefois, la concentration en sel de l’eau nuance fortement les résultats de production de


l’électrodialyse. L’intensité de courant à appliquer pour la mobilité des ions augmente
proportionnellement à la salinité. Pour une tension de fonctionnement de 500 V, une
concentration initiale de 2,5 g.L-1 requiert 2,6 kWh/m3, 3,9 kWh/m3 pour 3,5 g.L-1 et 5,5
kWh/m3 pour 5 g.L-1 (Al-Karaghouli and Kazmerski). Ainsi ce procédé est particulièrement
efficace et adapté pour le dessalement des eaux saumâtres, peu concentrées. Au-delà de
5 g.L-1, le système d’osmose inverse est plus pertinent sur les plans énergétiques et
économiques.

2.5 Comparatif et évolution du dessalement


Tableau II : comparaison énergétique et monétaire des systèmes de dessalement (Bandelier, 2016; Ghaffour et al., 2013).

Procédé Énergie Énergie Energie Qualité de Investissement Prix de


thermique électrique totale l’eau de départ l’eau
MSF 20 – 50 2,5 – 5 22,5 – 55 10 1200 – 2500 0,8 – 1,5

MED 10 – 30 1.5 – 2 11,5 – 32 10 900 – 2000 0,7 – 1,2

RO 0 3–6 3–6 400 – 500 900 – 2500 0,5 – 1

ED 0 1,5 – 4 1,5 – 4 150 – 500 300 – 400 0,6 – 1

kWh/m3 kWh/m3 kWh/m3 mg/L $/m3/j $/m3

17
D’après Ghaffour (2013), l’investissement dans les systèmes de dessalement est passé de 25
milliards de dollars entre 2006 et 2010 à 32 milliards de dollars entre 2011 et 2015. Il est
intéressant de noter que si les procédés d’osmose inverse et MSF disposaient d’investissement
équivalents sur cette première période (~ $9 milliards), le développement et l’optimisation
technologique de l’osmose inverse a permis à ce procédé de presque doubler ses
investissements en passant à $16 milliards contre seulement $7 milliards pour le MSF, perdant
ainsi des parts de marché.

Figure 11: évolution de la production d'eau douce par dessalement dans le monde, en m 3/jour
(GWI Global Water Intel, 2019).

On constate sur ce graphique que la production d’eau douce par dessalement à quadruplée en
seulement 20 ans, montrant une très forte expansion de son développement.

3. Impact du dessalement sur la méditerranée : étude de la flore marine


L’utilisation du dessalement à grande échelle étant un phénomène récent (moins de 20 ans),
peu d’études ont été réalisées sur ses conséquences à long terme. Toutefois, son impact à
l’échelle locale près des rejets de saumures est d’ores-et-déjà observable sur les littoraux
avoisinants les usines.

3.1 De l’importance des herbiers de posidonies

La posidonie, de son nom latin Posidonia oceanica, est une espèce endémique à la mer
Méditerranée bordant la presque totalité de son littoral (voir figure 12). Elle appartient à la
famille des plantes marines à fleur, ayant une croissance et une expansion sous forme d’herbiers
marins (on parle aussi de Magnoliophytes marines). Leur survie nécessite la photosynthèse, on

18
retrouve donc ces prairies marines depuis le littoral jusqu’à des profondeur de 40 mètres. Leur
répartition en Méditerranée représente une superficie totale estimée entre 30 000 et 50 000 km²,
leur donnant la place de Magnoliophytes les plus présents en mer Méditerranée. Posidonia
oceanica forme des herbiers monospécifiques mais également polyspécifiques, notamment
avec Zostera marina (originaire de l’océan Atlantique) et Halophila stipulacea (originaire de
l’océan Indien). Ces herbiers rendent des services écosystémiques nombreux et primordiaux
pour le littoral. Sur le plan de la biodiversité, ils regroupent plus de 1000 espèces de
macroorganismes. C’est à la fois une source d’alimentation, d’abri et une zone d’élevage pour
la faune et la flore. 25% de la biodiversité méditerranéenne se retrouve ainsi dans seulement
1 à 2% de sa superficie. De plus, les herbiers de posidonies sont l’une des principale source de
dioxygène et d’absorption de dioxyde de carbone. La production de dioxygène s’élève à
20L/m²/jour, soit 1 milliard de m3 de dioxygène par jour. Elle permet aussi de stocker du
carbone à une hauteur moyenne de 85g/m²/an, ce qui représente une absorption trente fois plus
forte qu’une forêt tropicale, à surface égale. Pour ces raisons, ces herbiers sont considérés
comme « les poumons de la Méditerranée ». Sur le plan dynamique, leur fixation sur le sol
marin (sable, roche, vase) permet une meilleure stabilisation des fonds et un amortissement de
la houle et des vagues. En effet, leur croissance verticale en amas va permettre une réduction
de la vitesse des courants, luttant ainsi contre les phénomènes d’érosion. Ceci va également
favoriser la décantation des particules en suspension. Outre la clarification de l’eau, les
conséquences de cette décantation rapide est une sédimentation obligeant l’herbier à croitre
verticalement. Le mélange de la matière organique et des sédiments forme une « matte »,
pouvant atteindre plusieurs mètres d’épaisseur en fonction de l’âge de l’herbier. La matte
participe fortement à la régulation du climat, car elle permet d’emmagasiner du carbone pendant
plusieurs milliers d'années (Pergent-Martini et al., 2005).

1000km
Figure 12: répartition de Posidonia oceanica dans le bassin méditerranéen (UICN, 2015). 19
Dépôt protégeant
de l’érosion Production de dioxygène :
20L/m²/jour

Amortissement de la houle
et des vagues

Stabilisation des Zone d’alimentation, d’abri et


fonds d’élevage pour la biodiversité

Absorption de carbone :
85g/m²/an

Figure 13 : services écosystémiques rendus par les herbiers de posidonies (modifié de C.Boudouresque, 2009).

3.2 Etude des posidonies suivant la fluctuation de la salinité

L’expérience menée par F.Torquemada et S.Lizaso s’est déroulée en deux parties distinctes. La
première mesure le taux de croissance et la mortalité des posidonies. Elle se réalise en
aquaculture (réservoirs de 300L) sur 20 plants pendant 15 jours. Seul le paramètre de salinité
varie d’un réservoir à l’autre. Les posidonies sont mises sous traitement salin sans période
d'acclimatation, afin de simuler des augmentations soudaines de salinité associées à une
décharge de saumure. Le sel employé est du sel naturel d’eau de mer. L’estimation de la
croissance est donnée en cm/jour après mesure des feuilles, puis ramenée en pourcentage de
croissance. A la suite de ces mesures, les plants sont réimmergés à une salinité naturelle (38
psu) pour déterminer s'ils parviennent à retrouver leur croissance normale. Le taux de mortalité
est alors estimé comme le pourcentage de posidonie qui n'ont pas réussies à se développer
lorsqu'elles retrouvent une salinité normale. Les résultats de cette expérience sont les suivants :

Figure 15 : croissance de P.oceanica en fonction du psu Figure 15 : croissance de P.oceanica après retour à 38 psu
(Torquemada and Sánchez, 2005). (Torquemada and Sánchez, 2005).

20
La croissance des plantes à 38 psu est
similaire à celle observée dans les prairies
naturelles (Alcoverro, 1995). On constante
que cette croissance est considérablement
affectée par l’augmentation de la salinité,
mais pas par une diminution (Figure 13). Les
résultats du test ANOVA permettent de
conclure que le taux de croissance diminue
Figure 16 : taux de mortalité en fonction du psu significativement à partir de 39.1 psu. À 50
(Torquemada and Sánchez, 2005).
psu, aucune croissance n’est observée. À des
salinités inférieures à 46-48 psu, certaines plantes survivantes ont réussie à reprendre leur
croissance lorsque la salinité de l'eau de mer est revenue à la normale (figure 14). Cependant,
les plantes exposées à des salinités réduites (inférieure à 33 psu) ont maintenu une croissance
plus faible lorsqu'elles sont revenues à la salinité de contrôle. Les effets de la salinité ont
également affecté le taux de mortalité (figure 15). Les plantes ont subi une mortalité
considérable au-dessus de 42 psu et sous 30 psu, avec l’apparition de tissus nécrotiques.

Ces données suggèrent que dans des conditions expérimentales à court terme, P. oceanica est
sensible aux variations de salinité. Une salinité élevée entraîne une réduction significative de la
croissance des feuilles, une augmentation de la mortalité, une augmentation de la nécrose et une
augmentation de la sénescence. Ces effets sont davantage marqués à des salinités plus élevées,
et l’altération de P. oceanica est observable et significative dès 1 psu d’augmentation au-dessus
de la salinité naturelle. On peut toutefois noter, selon Adams et Bate (1994), que certaines
espèces d'herbiers marins peuvent se rétablir de conditions hypersalines lorsque la salinité
naturelle est à nouveau rétablie (Zostera capensis et Ruppia cirrhosa), tandis que d'autres ne
peuvent pas. Les plants de P.oceanica, survivants à une salinité intermédiaire (inférieure à 46
psu) ont pu retrouver une croissance lorsqu'ils sont revenus à une salinité normale de l'eau de
mer. Des durées d'exposition plus longues devraient diminuer les taux de survie et de
rétablissement de l’espèce. Les variations de salinité peuvent affecter la survie des herbiers
marins dans leurs habitats naturels (Blanchard‐Desce et al., 1997; Katwijk et al., 1999; Malta
et al., 1999), ainsi que dans des conditions expérimentales (Pinnerup, 1980; Vermaat et al.,
2000), et peuvent provoquer une défoliation et une nécrose. En outre, la richesse des espèces et
la biomasse dans les herbiers marins peuvent être affectées négativement par les fluctuations
de la salinité. La réponse négative des posidonies à l'augmentation de la salinité peut être due à

21
des effets néfastes sur les tissus méristématiques (responsables de la croissance) ou à une
interférence avec le chlore. Chez d'autres herbiers, une salinité élevée favorise une diminution
de la photosynthèse, et parfois aussi une augmentation de la respiration à l'obscurité (Dawes
and Kovach, 1992; Dawes et al., 1987; Kraemer et al., 1999). La posidonie est une espèce avec
un besoin respiratoire élevé (Alcoverro et al., 2001), la réduction de la photosynthèse par les
complexes chloreux pourrait expliquer en partie la réduction de la croissance et la mortalité qui
ont été observées dans cette étude.

La seconde partie de l’étude menée par F.Torquemada et S.Lizaso consistait à étudier l’impact
d’une conduite de rejet de saumure proche d’herbiers de posidonies. Etendue sur une période
de huit mois, celle-ci a permis d’une part de confirmer les résultats obtenus avec les
aquacultures, d’autre part de mettre en lumière la corrélation entre les effets de l’augmentation
de la salinité et la température. La sévérité de ces effets peut être accentué par des températures
élevées, car le taux de mortalité des posidonies augmentait de 15% pendant l’été.

La surface des herbiers de posidonie est actuellement en régression. En cause, la pollution


croissante de la Méditerranée, le tourisme de masse et l’augmentation du nombre de bateaux,
menant à des ancrages plus nombreux et disparates. A l’échelle locale, les conduites de rejet de
saumures peuvent mener à la mort de l’herbier. Ainsi, si le nombre d’installations de
dessalement continue de croitre de 10% chaque année, il sera primordial de prendre en
considération cet aspect environnemental.

22
Conclusion

Le début des années 2000 a vu l’essor des technologies de dessalement. Des usines se sont
construites sur tous les continents, principalement au Moyen Orient, en mer Méditerranée et sur
les côtes australiennes. La désalinisation de l’eau de mer est un procédé datant de la Grèce
Antique qui recouvre toute son importance aujourd’hui, dans un contexte de réchauffement
climatique, d’acidification des océans et de tensions géopolitiques pour l’accès à l’eau potable.

Diverses technologies de dessalement existent offrant des caractéristiques spécifiques, qu’elles


soient d’origine thermique comme membranaire. Cette diversité permet de favoriser différents
secteurs selon les besoins du cahier des charges : production, simplicité d’utilisation, coût
d’investissement, rendement ou encore qualité de l’eau.

Aucune législation n’existe réellement aujourd’hui à l’échelle mondiale quant-à la potabilité de


l’eau produite à la sortie de ces installations. La question de la reminéralisation de l’eau lors de
l’étape post-traitement n’est pas encore obligatoire, même lorsque l’eau produite est destinée à
l’eau de boisson.

Le dessalement sur le littoral Méditerranéen impacte d’ores-et-déjà sa faune et sa flore marine.


Cet impact est localement observable sur la biosphère aux abords des usines. Les herbiers de
posidonies, les « poumons de la Méditerranée », sont l’une des principales sources de
dioxygène et d’absorption de CO2 dans l’hémisphère Nord. Les nombreuses études menées sur
leurs écosystèmes depuis les années 2000 ont démontrées leur forte sensibilité aux variations
de la salinité. L’augmentation de cette dernière sur le littoral par l’utilisation massive d’usines
de dessalement pourrait compromettre leur renouvellement. La disparition progressive de ces
herbiers mènerait, dans le meilleur des cas à une forte diminution de la biodiversité du littoral,
au pire des cas à une stérilité partielle de celui-ci. Cependant à l’échelle mondiale, le
dessalement est un processus encore trop récent pour qu’on en connaisse les effets avec
précision sur le long terme.

Si les usines de dessalement étaient considérées comme la technologie du futur pour répondre
au besoin en eau au début des années 2000, on comprend aujourd’hui qu’elles ne peuvent
représenter qu’une étape de transition vers des système plus perfectionnés. Qu’ils soient une
amélioration des usines ou totalement différents, il sera nécessaire, à terme, de développer ces
systèmes considérant les problématiques essentielles liées à notre environnement.

23
Dans cette optique, les années 2020 s’ouvrent avec des projets ambitieux d’hybridation entre
dessalement et énergie renouvelable, utilisant majoritairement les énergies solaires, éoliennes
et houlomotrices. Nous avons vu que les processus consommaient de moins en moins d’énergie,
tandis que la production d’énergie verte à travers le monde croît, petit à petit. L’évolution va
donc dans le bon sens, cependant la question du traitement de la saumure demeure sans réelle
réponse. Dans un contexte où sa trop forte consommation ainsi que son utilisation pour le
déneigement sont décriées, il semble difficile de trouver une place durable à ces cristaux de sel
qui seront renvoyés à l’océan.

24
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27
Tables des illustrations et tableaux

Figure 1 : salinité moyenne de l’eau de mer en surface, exprimée en gramme de sel par
kilogramme d’eau de mer – PSU : Practical Salinity Unit – (LERM - Laboratoire d'Études et
de Recherches sur les Matériaux, 2015). .................................................................................... 5
Figure 2 : proportion de sel dans l'eau de mer (à droite) et composition chimique du sel de mer
(Hannes Grobe, 2000). ............................................................................................................... 6
Figure 3 : schéma simplifié des quatre étapes de traitement pour le dessalement de l’eau de mer
(source personnelle). .................................................................................................................. 7
Figure 4 : schéma du système de dessalement MSF (KSB AG, Germany, 2016). .................... 9
Figure 5 : courbe d’ébullition de l’eau de mer (A. Drelich, 2016)........................................... 10
Figure 6 : schéma du système de dessalement MED (Raluy et al., 2006). .............................. 12
Figure 7 : influence du nombre d'effets sur le rapport gain/production – GOR en fonction des
trois systèmes d’écoulement (Al-Mutaz and Wazeer, 2014). .................................................. 13
Figure 8 : membrane semi-perméable retenant les sels dissous -forme ionique- (designua, 2010).
.................................................................................................................................................. 14
Figure 9 : principe de l'osmose et de l'osmose inverse (Sterigene, 2017). ............................... 14
Figure 10 : schéma du procédé d'électrodialyse (Al-Amshawee et al., 2020) ......................... 16
Figure 11: évolution de la production d'eau douce par dessalement dans le monde, en m3/jour
(GWI Global Water Intel, 2019). ............................................................................................. 18
Figure 12: répartition de Posidonia oceanica dans le bassin méditerranéen (UICN, 2015). .... 19
Figure 13 : services écosystémiques rendus par les herbiers de posidonies (modifié de
C.Boudouresque, 2009). ........................................................................................................... 20
Figure 15 : croissance de P.oceanica en fonction du psu (Torquemada and Sánchez, 2005). 20
Figure 15 : croissance de P.oceanica après retour à 38 psu (Torquemada and Sánchez, 2005).
.................................................................................................................................................. 20
Figure 16 : taux de mortalité en fonction du psu (Torquemada and Sánchez, 2005)............... 21

Tableau I : liste non exhaustive des procédés de dessalement existants et leurs abréviations
(source personnelle). .................................................................................................................. 7
Tableau II : Comparaison énergétique et monétaire des systèmes de dessalement (Bandelier,
2016; Ghaffour et al., 2013) ..................................................................................................... 17

28
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