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Dessalement des eaux

de mer et saumâtres Chapitre : procédés de séparation des mélanges Dr H.BETATACHE

CHAPITRE I : PROCEDES DE SEPARATION DES MELANGES

I. Introduction :

L’eau douce ne représente que 3% de l’eau sur la terre, cette petite quantité est
répartie d’une manière inégale sur le globe et sa disponibilité diminue sous l’effet de
la croissance démographique et le changement climatique. Pour satisfaire la demande
en eau douce dans des régions où les réserves sont insuffisantes, plusieurs pays ont
fait appel au dessalement de l’eau de mer depuis les années 1950. Les principaux
pays producteurs sont : l’Arabie Saoudite (25 %), les États-Unis (15 %), les Émirats
Arabes Unis (10 %) et le Koweït (5 %).
Il existe plusieurs techniques de dessalement de l’eau de mer et des eaux
saumâtres dont les plus utilisées sont la distillation et l’osmose inverse.

Figure 1 : Classification des procédés de dessalement


Comme toute implantation industrielle, l’étude préliminaire d’une unité de
dessalement et le choix de la technique de dessalement commence par la recherche
des données de base :
- Les caractéristiques de l’eau de mer ;
- Les besoins en eau douce actuels et futurs ;
- La géographie des sites envisagés : accès, localisation des consommateurs, etc. ;
- Les énergies disponibles : électrique et/ou thermique, volume versus coût,
- la réglementation applicable.

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La pertinence du résultat final dépend évidemment de la fiabilité des données


recueillies.
I.1. Eau de mer :
La caractéristique la plus importante est la salinité. Elle est en moyenne de
l’ordre de 35g/l dont 75% de NaCl
Exemples des salinités des mers fermées :
−mer Méditerranée : 36 à39 g/l,
−mer Rouge : environ 40 g/l,
−mer Caspienne : 13 g/l,
−mer Morte : 270 g/l,
−Golfe Arabo-Persique : 36 à39 g/l.
L'eau de mer est un milieu légèrement basique. Les salinités les plus basses se
rencontrent au voisinage des pôles. La quantité de sels dissous augmente au fur et à
mesure que l’on se rapproche de l’équateur. Elle peut dépasser 50 g/L dans certaines
zones, telles que la côte Est de l’Arabie Saoudite où la chaleur et les hauts-fonds
favorisent l’évaporation.
I.2. Eau saumâtre
Une eau saumâtre est un mélange entre l’eau douce et l’eau salée dont la
teneur en sel est comprise entre 1 et 10 g/l. On rencontre les eaux saumâtres
essentiellement à l'embouchure des fleuves, quand l'eau douce du fleuve se mélange
à l'eau de mer, les estuaires, les deltas et les lagunes. C’est une eau non potable.
I.3. Schéma général d’une station de dessalement
Une station de dessalement compte en général :
- Une prise d’eau de mer
- Un poste de prétraitement
- Une installation de dessalement
- Un post-traitement

Procédé de
dessalement

Figure 2 : Schéma général d’une station de dessalement


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II. Les procédés de séparation des mélanges :


Les méthodes de séparation constituent la technique de séparation des
composants d’un mélange pour permettre la préparation des corps purs. Les
principales méthodes de séparation sont la séparation des phases d’un mélange
HETEROGENE et la séparation des phases d’un mélange HOMOGENE

 Un mélange hétérogène est formé de plusieurs corps visibles les uns par
rapport aux autres (Orangina, vinaigrette…etc)
 Un mélange homogène est formé de plusieurs corps que l'on ne peut distinguer
(sirop à l'eau, café…etc)

II.1. Séparation des phases d’un mélange hétérogène :

L’eau de mer est un milieu vivant, qui véhicule d’une part des matières
minérales et d’autre part des organismes vivants souvent microscopiques. En pleine
mer, le plancton prédomine. Près des côtes, la teneur en sable augmente. Elle varie
selon les courants et la profondeur des fonds. La pollution par des rejets urbains ou
industriels peut devenir prépondérante. Même si les sites de prise d’eau sont
soigneusement choisis pour éviter toute pollution et limiter au mieux l’apport des
matières en suspension, l’eau de mer reste un mélange hétérogène.
Les deux techniques principales de prise de l’eau de mer sont :
- Prise directe en mer (par conduite ou par canaux) ;
- Prise indirecte à travers des puits côtiers ou drains captant.

Prise directe en mer par des canaux

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Prise directe en mer par des conduites

Prise indirecte de l’eau de mer par drains captants

Figure 3 : différents type de prise d’eau de mer

On peut séparer les mélanges hétérogènes par des moyens physiques, il existe
plusieurs techniques de séparation des mélanges. Les techniques les plus utilisées
sont : la décantation, la centrifugation et la filtration.
II.1.1. Décantation :
Cette technique permet de séparer dans un même récipient les corps les plus
lourds des autres en laissant reposer le mélange. Les corps les plus lourds vont alors
se déposer dans le fond du récipient. Cette étape peut être précédée par un dégrillage.
II.1.2. La centrifugation
La centrifugation est une opération de séparation mécanique, par action de la
force centrifuge. Dans un mouvement de rotation, on peut séparer deux phases
liquides ou bien une phase solide en suspension dans une phase liquide.

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II.1.3. La filtration
Après une décantation ou une centrifugation, les corps solides persistants sont
séparés du liquide par filtration, cette opération consiste à faire passer le mélange
dans un filtre où les corps solides (que l'on nomme résidus) y seront piégés et le
liquide (filtrat) est récupéré dans un récipient.
II.2. Séparation des mélanges homogènes :

 Procédés faisant intervenir un changement de phase


 Procédés chimiques
 Procédés membranaires

II.2.1. Procédés faisant intervenir un changement de phase :

a) Evaporation : La distillation consiste à évaporer l’eau de mer, soit en utilisant la


chaleur émise par les rayons du soleil, soit en la chauffant dans une chaudière. Seules
les molécules d’eau s’échappent, laissant en dépôt les sels dissous et toutes les autres
substances contenues dans l’eau de mer. Il suffit alors de condenser la vapeur d’eau
ainsi obtenue pour obtenir une eau douce consommable.

On distingue deux principaux procédés utilisant la distillation : la distillation à


multiple effet et la distillation à détentes étagées.

Rayons du soleil

Eau pure

Eau de mer

Figure 4 : Procédé de distillation


b) Congélation : Le dessalement par congélation est basé sur le changement de
phase liquide-solide de l’eau de mer. Selon la thermodynamique, la glace formée à
partir de l’eau de mer est pure. Elle peut être séparée de la solution concentrée, puis
fondue afin d’obtenir une eau douce.
Les procédés de congélation peuvent être divisés en trois catégories : la congélation
primaire sous vide, la congélation secondaire, et la congélation indirecte

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- La congélation primaire (sous vide)


Les procédés de ce type sont tous des procédés continus. Ils utilisent directement
l’eau contenue dans l’eau de mer comme réfrigérant. A pression réduite, l’eau
s’évapore et extrait la chaleur de la saumure, ce qui conduit à une congélation partielle
de la solution. Les cristaux formés sont lavés dans une colonne et fondus.
- La congélation secondaire
La technique fonctionne en mode continu et utilise un réfrigérant inerte et non
miscible avec l’eau de mer. Le réfrigérant froid, sous pression et à l’état liquide est
injecté directement dans l’eau de mer. Sa vaporisation provoque alors le
refroidissement de la solution et la formation des cristaux de glace.

- La congélation indirecte

L’enthalpie nécessaire pour la congélation partielle de l’eau de mer est évacuée


par transfert de chaleur indirect à travers une paroi.

II.2.2. Procédés chimiques

a) Echange d’ion : le dessalement par échange d’ions consiste à fixer les ions en
liberté sur des corps doués de propriétés particulières que l’on appelle « échangeurs
d’ions». Ce dernier permet d’obtenir des eaux de très haute pureté chimique
caractérisées par leur très faible conductivité.
Les échangeurs d’ions sont des substances granulaires solides insolubles dont
la structure moléculaire comporte des radicaux (R) acides ou basiques sur lesquels
les ions fixés (cation C [H+], ou anion A [OH-]) sont susceptibles d’être remplacés par
certains ions (B) de même charge d’une solution aqueuse.
Échange anionique (R+-A-) + B- (R+-B-) + A-
Échange cationique (R- -C+) + B+ (R- -B+) + C+
Les principaux radicaux R sont :

- le radical carboxylique (-COOH) comme acide faible

- les ammoniums quaternaires (-R3N+OH-) comme base forte

- les amines (-RNH) comme base faible

Lorsqu'une résine ne peut plus fixer d'ions, elle est saturée : il faut alors la
régénérer. La régénération en ions H+ de la résine cationique se fait par injection à

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contre-courant d'acide chlorhydrique, celle de la résine anionique se fait par injection


de soude.

Figure 5: colonne d’échange d’ions

Bilan de l’échange
La fixation des ions sodium peut s’écrire :
(R-SO3-, H+) + Na+(aq) (R-SO3-, Na+) + H+(aq)
La fixation des ions calcium peut s’écrire:
2(R-SO3-, H+) + Ca2+(aq) ((R-SO3-)2, Ca2+) + 2H+(aq)

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La fixation des ions chlore peut s’écrire:

(R-N(CH3)3+, HO-) + Cl-(aq) (R-N(CH3)3+, Cl-) + HO-(aq).

Comme l’eau de départ est électriquement neutre, les ions HO -(aq) et H+(aq) cédés par
les résines réagissent selon la réaction : OH-(aq) + H+(aq) H2O(l) .

On obtient donc finalement de l’eau déminéralisée.

b) Extraction par solvant: L'extraction par solvant consiste à dissoudre le composé


recherché dans un solvant non miscible avec l'eau et à séparer la phase organique
contenant le composé à extraire de la phase aqueuse.

En pratique, l’utilisation d’un procédé d’extraction liquide-liquide requiert deux


opérations successives (Figure 6):

- La mise en contact intime des deux phases liquides durant un temps suffisant
à l’obtention de l’équilibre ou d’un état proche de l’équilibre et pendant lequel le
ou les solutés sont transférés de la phase d’alimentation vers le solvant.
- Après leur contact, une séparation ultérieure des deux liquides (extrait et
raffinat) sous l’effet de la gravité naturelle à laquelle peut s’ajouter, dans certains
cas, la mise en œuvre d’autre forces : force centrifuge, champs électrique…etc.

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Figure 6 : Principe de l’Extraction par solvant

- Choix du solvant.
Le choix du solvant obéit à trois critères et nécessite la connaissance d'un
paramètre physique caractéristique de ce solvant.
 Etat physique du solvant : Le solvant doit être liquide à la température et à la
pression où l'on réalise l'extraction.
 Miscibilité du solvant : Le solvant doit être non miscible à la phase qui contient
initialement le composé à extraire.
 Solubilité : Le composé à extraire doit être très soluble dans le solvant. C'est à
dire, beaucoup plus soluble dans le solvant que dans le milieu où il se trouve
initialement (milieu aqueux en général).
 Densité du solvant : Il est nécessaire de connaître ce paramètre car c'est lui
qui détermine si la phase organique, contenant le composé à extraire, se trouve
au-dessus ou en dessous de la phase aqueuse (à éliminer).
II.2.3. Procédés membranaires

La membrane est définie comme une barrière séparant deux compartiments et


permettant le passage préférentiel d’au moins une espèce parmi les autres sous
l’action d’une force de transfert chimique (concentration), physique (pression) ou
électrique (éléctrodialyse). En général, les constituants qui sont plus petits que les
pores de la membrane sont capables de passer à travers sous l’effet d’une force
appliquée tandis que les substances et les molécules de taille plus importante sont
retenues. Deux fractions sont obtenues : le rétentat, en amont de la membrane, qui
contient les éléments retenus par la membrane, et le perméat, en aval, qui contient les
éléments qui ont traversé la membrane.

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Figure 7 : membrane de dessalement

Les performances d’une membrane sont définies par sa sélectivité et sa


perméabilité. Les membranes utilisées dans les procédés de séparation membra-naire
sont caractérisées par le diamètre des particules ou la masse molaire d'une molécule
qui est retenue par la membrane. Les composés ayant une masse molaire supérieure
au seuil de coupure de la membrane sont retenus à plus de 90 %. A l’inverse, les
composés de masse molaire inférieure au seuil de coupure de la membrane sont
retenus à moins de 90%.

a) Les procédés membranaires à gradient de pression


C’est des techniques membranaires où l’eau à traiter est soumise à un gradient
de pression pour que la déminéralisation ait lieu. Le choix de la membrane et de la
technique dépendent des éléments à éliminer.
- L’osmose inverse (OI) :
L'osmose est le phénomène de diffusion de la matière, caractérisé par le passage
des molécules de solvant d'une solution vers une autre à travers la membrane semi-
perméable qui sépare ces deux solutions dont les concentrations en soluté sont
différentes ; le transfert global de solvant se fait alors de la solution la moins
concentrée (milieu hypotonique) vers la solution la plus concentrée
(milieu hypertonique) jusqu'à l'équilibre (milieux isotoniques).
Pour inverser le passage du solvant et augmenter la différence de concen-
tration, il faut appliquer une pression supérieure à la pression osmotique qui règne
entre les deux solutions de concentrations différentes. Alors l’eau pure s’écoule en
sens inverse à travers la membrane semi-perméable (permet seulement le passage
de l’eau).

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Figure 8: Principe de l’osmose

Remarque : la pression osmotique de l’eau de mer est de l’ordre de 25 bars

- Microfiltration
Ce procédé de séparation solide-liquide met en œuvre des membranes dont les
diamètres de pores sont compris entre 0,1 et 10 μm. Il permet donc la rétention des
particules en suspension, des bactéries et indirectement des colloïdes et de certains
ions après fixation de ces derniers sur des plus grosses particules obtenues par
complexation, précipitation ou floculation.
- L’ultrafiltration
L’ultrafiltration utilise des membranes microporeuses dont les diamètres de pores
sont compris entre 1 et 100 nm. De telles membranes laissent passer les petites
molécules (eau, sels) et arrêtent les molécules de masse molaire élevée (polymères,
protéines, colloïdes). Pour cette raison, cette technique est utilisée pour l’élimination
de macro-solutés présents dans les effluents ou dans l’eau à usage domestique,
industriel (électronique) ou médicale.
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- La nanofiltration
Cette technique se situe entre l’osmose inverse et l’ultrafiltration. Elle permet la
séparation de composants ayant une taille en solution voisine de celle du nanomètre
(soit 10 Å) d’où son nom. Les sels ionisés monovalents et les composés organiques
non ionisés de masse molaire inférieure à environ 200 - 250 g/mol ne sont pas retenus
par ce type de membrane.
Les sels ionisés multivalents (calcium, magnésium, aluminium, sulfates…) et les
composés organiques non ionisés de masse molaire supérieure à environ 250 g/mol
sont, par contre, fortement retenus.
Les mécanismes de transfert sont intermédiaires entre ceux de l’osmose inverse
et ceux de l’ultrafiltration. Cette technique est souvent utilisée pour l’adoucissement
des eaux.
b) Procédés membranaires à gradient de potentiel électrique
- Electrodialyse : c’est un procédé membranaire qui consiste à éliminer les sels
dissouts ionisés dans une eau saumâtre par migration à travers une membrane
sélective sous l’action d’un champ électrique.
Un électrodialyseur est composé de plusieurs compartiments séparés
alternativement par des membranes anioniques ou cationiques et à chaque extrémité
du système on dispose une cathode et une anode. Une membrane anionique ne laisse
passer que les anions et une membrane cationique ne laisse passer que les cations.
Les cations sont attirés par la cathode et traversent donc une membrane
cationique pour se diriger vers cette électrode.
Les anions sont au contraire attirés par l'anode et traversent une membrane
anionique pour se diriger vers cette autre électrode.
Ainsi, chaque ion après avoir traversé une membrane se retrouve «pris au
piège» dans le compartiment suivant, et les compartiments qu'ils ont quittés ne sont
plus que remplis de molécules d'eau. Ces compartiments s'appellent compartiments
de dilution .On obtient ainsi de l'eau pure.

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Figure 9: Principe de l’électrodialyse


Le tableau ci-dessous présente le champ d’application des différentes
techniques de filtration classique et des différentes techniques de séparation par
membrane.

Tableau 1 : Différents composés rencontrés dans les eaux naturelles et les


techniques permettant leur élimination.

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