mademoiselle de Lespinasse à Condorcet, à d'Alembert, à Guibert, au comte de Crillon / publiées, [...]
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Lespinasse, Julie de (1732-1776). Auteur du texte. Lettres inédites de mademoiselle de Lespinasse à Condorcet, à d'Alembert, à Guibert, au comte de Crillon / publiées, avec des lettres de ses amis, des documents nouveaux et une étude, par M. Charles Henry. 1887. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ». - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus générant directement des revenus : publication vendue (à l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit payant, un support à vocation promotionnelle etc.
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LA SUCCESSION DE MADEMOISELLE DE LESPINASSE.
I. SON TESTAMENT 1
Ceci est mon testament, et mes dernières volontés, au
nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Je veux que six heures après ma mort, on me fasse ou- vrir la tête par un chirurgien de la Charité, ou d'un autre hôpital. Je veux être enterrée comme les pauvres, et sans être exposée sous la porte. Je prie M. d'Alembert
I. Cet important document, conservé à l'étude de Me Carré, a
été publié dans le Moniteur du 5 Mai 1876 par M. Eugène Asse et dans l'édition de la Librairie des Bibliophiles : c'est le complé- ment nécessaire de la lettre à d'Alembert. Des documents qui suivent le premier a été publié avec suppressions par M. Asse (Mademoisellede Lespinasse et madame du Deffant, 1877, pages 83-86); le second est inédit. LA SUCCESSION DE MADEMOISELLE DE LESPINASSE 271
au nom de l'amitié qu'il a toujours eue pour moi de vou-
loir bien exécuter ce testament. Je donne à madame Joinville, qui est une pauvre femme que j'aime, trois cents livres une fois payées, et à son fils, de même trois cents livres une fois payées; je demande que ce soit le plus tôt possible après ma mort, parce qu'ils sont dans le besoin. Je donne à madame Saint- Martin, ma femme de chambre, qu'il y a longtemps qui est à moi et dont je suis très contente ; je lui donne toute ma garde-robe, habits, linge, dentelle, etc. Je lui donne son lit et tout ce qu'il y a de meubles dans sa chambre. Je donne à mon laquais une année de ses gages, ses habits, et. son lit, ses draps et couvertures. Monsieur le comte d'Anlezy m'a permis de lui laisser une marque de mon amitié, je le prie de recevoir' l'édi- tion de Molière et de Racine in-quarto, avec le diction- naire de Moreri. Je prie monsieur de Guibert de recevoir tout ce que j'ai de livres anglais et tout ce que j'ai de livres français in-quarto, et autres de belles éditions. Je prie M. de Saint-Chamans 1 de recevoir, comme une marque de ma tendre amitié, tous mes manuscrits, tant ceux qui sont reliés que ceux qui ne le sont pas. Je prie madame de Saint-Chamans de recevoir par une suite de la bonté et de l'amitié qu'elle a toujours eue pour moi, ma toilette de bois de rose en bibliothèque, j'espère que comme cela était à mon usage de tous les jours, cela lui rappellera quelquefois mon tendre sentiment.
1. Joseph-Louis vicomte de Saint-Chamans, mestre-de-camp
commandant au régiment de la Fère-Infanterie, est mort le 22 juillet 1785, rue de Clichy (Archives nationales). 272 DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
Je prie M. Suard de recevoir, par amitié pour moi,
mon secrétaire à cylindre de bois satiné. J'espère que monsieur de Condorcet voudra bien re- cevoir une marque de mon amitié : je lui donne le buste de M. d'Alembert et les buste et statues de Voltaire et toutes celles de mes estampes qui pourront lui plaire, tant en portrait qu'en sujet. Je prie madame Geoffrin qui m'a comblé de tant de bontés, et que j'aime si tendrement, de vouloir bien re- cevoir mon petit oiseau de marbre avec son pied d'or moulu. Je prie monsieur Roux 1, de qui j'ai reçu tant de soins et de marques de bontés, de vouloir bien recevoir comme une bien faible preuve de ma reconnaissance ma montre et ma pendule. J'espère que monsieur d'Alembert voudra bien accepter comme une marque de ma tendre amitié mon secrétaire de bois de rose à dessus de marbre, une grande armoire de bois de rose où sont mes livres et une chiffonnière de bois de rose à neuf tiroirs, je lui ai ouï dire qu'il ai- mait les tiroirs. Je le prie avec instance de veiller à ce que j'aie la tête ouverte peu de temps après ma mort. Je de- mande à monsieur l'archevêque de Toulouse la permis- sion de disposer de son portrait en faveur de monsieur de Vaines, je sais le prix qu'il y mettra, et je suis ravie de lui donner cette marque de mon amitié. Je prie monsieur d'Alembert de payer toutes mes det-
I. Le docteur Augustin Roux est mort le 28 juin 1776, rue
de Seine. (Archives Nationales.) LA SUCCESSION DE MADEMOISELLE DE LESPINASSE 273
tes avec l'argent des rentes qui me seront dues à ma
mort; si les dettes excédaient ce qui me sera dû et la vente du reste de mon mobilier, je veux qu'on envoie une copie de mon testament à monsieur le marquis de Vichy, mon neveu : il y verra que je compte assez sur son honnêteté pour le prier d'achever de payer mes dettes ; cette somme ne saurait le gêner et je lui prouve mon es time et mon amitié en m'adressant à lui de préférence aux d'Albons de qui j'aurais dû recevoir ce secours, non pas à titre de générosité, mais de restitution pour le dé- pôt qu'il m'a volé à la mort de ma mère, et de la sienne. Si au contraire après avoir payé mes dettes, il restait quelque argent, je le donne à madame Saint-Martin en surplus des legs que je lui ai faits. Telles sont mes volontés que j'espère qui seront fidèlement exécutées. Fait à Paris, ce 11 février 1776.
JULIE DE LESPINASSE.
Ce 11 février 1776.
Je prie monsieur d'Alembert de vouloir bien, aussi-
tôt après ma mort, chercher dans mes poches ou dans mes tiroirs deux portraits de feu M. le Marquis de Mora, il me fera ôter une bague de cheveux que j'ai toujours au doigt, il ôtera de ma montre deux petits coeurs qui tien- nent à la chaîne, l'un est de cheveux, l'autre est d'or : il mettra tout cela dans une petite boîte, et il y joindra 18