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INSTITUTION IMMACULEE CONCEPTION République Gabonaise

Département de Philosophie Union Travail Justice


Classe : Première S1

Travail de Recherche en
PHILOSOPHIE

THEME :

LE MYTHE

Nom de l’élève : Nom de l’enseignant

MOUSSOUNDA GUILIMA M. OVONO BEH


Krys Dolytia

é
Mythe de l’origine du Mugulu Page 1
Le mythe de l’origine du rite
traditionnel MUGULU.
Résumé : Le Mugulu est un rite traditionnel initiatique du peuple ghisir. Mugulu peut
signifier littéralement ce qui est ancien ou la voix des ancêtres. Ce rite essentiellement
feminin, qui se pratique encore aujourd’hui, a une origine mythique où se mêlent humains,
génies et ancêtres. A l’origine, il y a une femme qui s’appelait Guindiondi (affectueusement
appelée Ndiondiondi) qui aurait disparu sous l’eau et y serait restée une année. Pendant ce
temps, on la croyait morte.

La disparition de Guindiondi
Un matin, en début de saison sèche. Les gens s’étaient levés tôt comme de coutume
et s’apprêtèrent à vaquer à leurs occupations habituelles : les hommes et les femmes
allaient prioritairement aux travaux champêtres.
Guindiondi prit aussi panier et autres bagages pour vaquer à ses occupations. Son
époux et elle se rendirent à leur plantation en pirogue.
Soudain, leur pirogue fut prise dans un tourbillon au milieu de la rivière et Guindiondy
tomba dans la rivière.
Pris de peur le mari se mit à crier, pleurer et appeler au secours. Les gens accoururent
et lui demandèrent les raisons de son émoi.
-L’époux de Guindiondi : «Nous avons pris la pirogue pour nous rendre aux champs. Mais
arrivés au ‘’guitsiba1’’ qui est avant le tournant notre pirogue a été prise dans un grave
tourbillon qui a fait tomber ma femme sans faire chavirer la pirogue. Et depuis lors je la
cherche ».
Toute la communauté se mit à rechercher Guindiondi. Mais hélas, après plusieurs jours
les recherches furent vaines.
Certains villageois accusèrent l’époux d’avoir tué sa femme et d’avoir fait disparaître le
cadavre. Comme le veut la coutume, une longue période de veuvage et de deuil eut lieu. Et
malgré les espoirs, le corps de la présumée décédée ne fut jamais découvert. Des
cérémonies de retrait de deuil furent organisées au terme d’un deuil qui avait duré un an, et

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Partie très profonde de la rivière, souvent aux eaux sombres.

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la vie continua au village. Mais le mystère de cette disparition devenue proverbiale hantait
toujours la communauté villageoise.

La réaparition de Guindiondi
Un matin, en milieu de saison de pluie, alors que des enfants se lavaient, Guindiondi
apparut soudainement au débarcadère. Les enfants alertèrent leurs parents qui accourent
aussitôt.
Elle fut formellement identifiée. C’était une mwane ngangue (jeune initiée). Elle était
vêtue d’un drap blanc autour de la poitrine, maquillée de caolin blanc du visage aux orteils,
des traits noirs sur le front, au nez et au menton. Elle était tressée de cinq mipanda2 dont
une centrée le long de la tête et les quatre autres sur les côtés. Une peau de civette trônait
sur la longue tresse, trois plumes de perroquet sous les tresses avant puis des nguènga3 en
bandoulière et des mipangou4. Elle tenait sur sa main droite un dussigui5 et à gauche un
guimbunze6. Elle chantait :
‘’ é ’
’ ’ é ’
’ é ’ ’’

Les hommes l’amenèrent au village. Après un petit repos, elle commença son récit.
-Guindiondi : «Suite au tourbillon, je me suis retrouvé dans un village au milieu des génies des
eaux. A ce moment je leur ai posé des questions. »
Dans les eaux :
-Moi (Guindiondi) : qu’est-ce que je fais ici ?
-Les génies : tu as été choisi
-Moi : par qui ?
-Les génies : par nous et tes ancêtres, tu es celle que nous cherchions depuis longtemps. Nous
te savons apte à sauver des vies et à transmettre la connaissance que tu recevras.
-Moi : mais, je ne sais rien faire !
-Les génies : calme-toi, tu apprendras au fur et à mesure.

2
Tresses nattées, civiles.
3
Sorte de cordes tressées, avec plusieurs nœuds de protection (gris gris) que l’on porte en bandoulière.
4
Cordes-gris gris portés autour du cou et aux avant-bras.
5
Sorte de grelot en forme de X.
6
Sorte de petit balai fait de branchage d’arbustes spéciaux.

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-Guindiondi : «Ainsi, quelques semaines plus tard, j’ai commencé l’initiation. Au cours de
celle-ci, j’ai reçu progressivement le don de guérison, j’ai appris à tisser les nguènga
(protections) et j’ai eu l’aptitude de connaître l’utilisation de différentes écorces d’arbres,
des plantes. J’ai appris beaucoup d’autres que Dieu et les ancêtres ont voulu que les
génies me transmettent pour comprendre la vie et guérir certaines maladies. »
-Le public : nguènze7!
-Guindiondi : « La science que j’ai apprise s’appelle MUGULU. C’est la voix et la voie de nos
ancêtres. Ils sont toujours au milieu de nous, ils nous transmettent la volonté et les secrets
de Dieu. Mais cette science intègre plusieurs rites : mugulu, mbumba, ngubi, ngoyu8. »
-Le public : mune diboty9 !
-Guindiondi : «maintenant permettez moi de commencer ma mission ».

C’est ainsi que Guindiondi, Prêtresse du Mugulu commença son œuvre initiatique. Des
malades affluaient. L’initiation durait relativement un an ou plus, selon les pathologies.
Elle a vécu longtemps et a eu deux disciples, Bayinda et Guitombi, qui ont vécu
longtemps aussi et ont perpétué l’œuvre du Mugulu. L’une d’elle, Guitombi, est mon arrière
grand-mère, la mère de mon grand père maternel. Et la légende continue.

Sens du mythe
Le récit de l’origine du mugulu mérite d’être décrypter pour comprendre son sens. Le
voyage initiatique de Guindiondi semble révéler l’unité du monde visible des humains et du
monde invisible des entités. En effet, on apprend que les ancêtres et les génies collaborent
et pensent au bien des êtres humains. C’est pourquoi, pour soulager les maux de ces
derniers, ils ont choisi un humain afin de lui transmettre, par le biais de l’initiation, le savoir
qui s’avère utile à toute la communauté. Nos ancêtres veillent finalement sur nous et se
préoccupent de nos problèmes, «les morts ne sont pas morts » comme avait dit Birago Diop
dans son poême Souffle. Le récit nous dit, en plus, que les ancêtres sont comme nos
intermédiaires face à Dieu. Il y a donc une référence à Dieu dans les rites traditionnels.

7
C’est la vérité.
8
Ensemble des rites constituant le grand rite Mugulu, chacun a une spécificité dans le traitement des
pathologies.
9
Un grand bien.

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