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Collectif de femmes innues

S’agripper
aux fleurs

Licence enqc-56-G8bmjTuCBe6mBQGu-qHMuyu9fTsPBy4L6 accordée le 06


décembre 2015 à Sylvain Briens
PHOTOGRAPHIE DE LA COUVERTURE :

Jennifer Fontaine

Parcelles de ciel à travers un tipi


Journée Nationale Autochtone, 2012.
S’agripper aux fleurs
H a ï k us
Collectif de femmes innues

S’agripper aux fleurs


H a ï k us

Direction et préface
Francine Chicoine

Textes
Louise Canapé
Louve Mathieu
Jeanne-d’Arc Vollant
(Shan dak)
Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada,
le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario,
la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise
du Fonds du livre du Canada.

Catalogage avant publication


de Bibliothèque et Archives Canada
Canapé, Louise
      S’agripper aux fleurs [ressource électronique] /
direction et préface de Francine Chicoine ; textes de
Louise Canapé, Louve Mathieu et Jeanne-d’Arc Vollant ;
traduction de Louise Canapé.
(Voix intérieures-haïku)
Poèmes.
Monographie électronique en format PDF.
Publ. aussi en format imprimé.
Texte en français et en innu.
ISBN 978-2-89597-309-6
      I. Chicoine, Francine, 1945- II. Mathieu, Louve
III. Vollant, Jeanne-d’Arc IV. Titre. V. Collection :
Voix intérieures-haïku (En ligne)
PS8605.A569S34 2012      C841’.6      C2012-906310-X

Les Éditions David


www.editionsdavid.com
info@editionsdavid.com
Tél. : 613-830-3336  Téléc. : 613-830-2819
335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario)  K1N 7J3
Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2012
Préface

Des femmes innues*, Louise Canapé, Louve


Mathieu et Shan dak, toutes trois natives de
la Côte-Nord, signent ce recueil. Chacune
a une réalité de vie particulière, en ce sens
qu’elles vivent dans des communautés et
localités différentes, soit sur une « réserve »,
soit « hors réserve ».
Louise Canapé habite dans la commu-
nauté de Pessamit où elle enseigne à l’école
Uashkaikan. Au début du projet, Shan dak
travaillait au Conseil de bande de Uashat-
Maliotenam, mais vivait à l’extérieur de cette
communauté qu’elle avait quittée à l’âge de
17 ans ; elle y est retournée en juillet 2011,
après trente-huit années de vie en milieu
* Les mots suivis d'un astérisque sont expliqués à la fin de la
préface.

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urbain. Louve Mathieu, petite-fille d’Alexan-
dre, « celui qui s’est sauvé du pensionnat
et aussi, de son identité », vit et travaille au
Saguenay, hors communauté innue. Dans
la famille de son père, tous ont refusé de
s’identifier à une « réserve » et personne de sa
famille n’a eu sa carte de statut d’Indien.
En juillet 2009, ces trois femmes partici-
paient au Camp Haïku de Baie-Comeau.
C’est en les observant que me vint l’idée de
ce recueil. Nous en étions à la dernière jour-
née du Camp lorsque je demandai à les ren-
contrer afin de leur en faire part. Peu ou pas
de réactions au premier abord. Étaient-elles
vraiment intéressées ? J’ai su plus tard qu’elles
avaient été grandement surprises, au point
de se demander si elles avaient bien compris
et si elles étaient vraiment en mesure de réa-
liser ce projet. Personnellement, j’en étais
certaine. Il en est ainsi des idées qui surgis-
sent : on y croit, mais on ignore le temps et les
détours qu’il faudra pour les mener à terme.
Ce projet, nommé initialement Innu-haïku,
a débuté par une première rencontre de tra-
vail, en août 2009. Nous nous sommes alors
entendues sur le fait que le projet devait

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refléter la culture innue et être empreint
d’une saveur typiquement autochtone. On
pouvait parler du passé, faire appel au sou-
venir, mais les haïkus devaient être ancrés
dans le présent. Nous avons alors fait tempête
d’idées, puis des mots doux et des mots drus
sont apparus. Il restait à créer à partir de ces
sujets qui, nous semblait-il, étaient de nature
à illustrer de multiples facettes de l’univers
innu. Leur défi était de taille. Saisir un ins-
tant de la façon la plus concrète pos­sible et se
servir de trois vers minuscules pour ­mettre
en lumière toutes leurs observations. Le
haïku a ses exigences.
Au début de l’année 2010, un mercredi,
j’écris à chacune des participantes afin de
planifier une réunion officielle du groupe, fin
janvier. L’une d’entre elles me répond :

Kuei*,
Je suis incapable pour le moment de réfléchir à la
situation.
Mon petit-neveu s’est suicidé lundi…
Les funérailles auront lieu samedi…

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J’entrais vraiment en territoire innu, au cœur
de leur réalité. Nous ne pourrions pas passer
à côté de ce contexte.
Les haïkus naissants tournaient autour des
rites traditionnels, de l’admiration vouée aux
ancêtres. On y parlait des objets du rituel, du
teuiekan* et de la pipe sacrée, d’aile d’aigle et
de plume de hibou, de capteur de rêves ; puis
du chaman, de mitishishan*, de Tshakapesh*,
du shaputuan, du makusham* ; et encore, des
chemins de portage, de la harde d’atikuat*.
Malgré la vie difficile de l’époque évoquée,
c’étaient des mots tendres, des mots pleins de
respect et de vénération « Nous avons été éle-
vés dans des tentes, me dit Shan dak, et nous
sommes encore vivants ». Ce n’est que plus
tard, au cours de nos rencontres, que vinrent
les mots drus pour dire les frustrations, les
abus, les blessures à l’âme, le désarroi d’un
peuple. Plus tard, comme s’il fallait du temps
pour appréhender le fossé entre l’hier et
l’aujourd’hui.
Je devinais le paradoxe qui les habitait :
d’une part, la nostalgie de ce passé qui avait
fait des Innus un peuple courageux, inspiré,
fort ; d’autre part, l’aperception d’un présent

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trouble et d’un avenir incertain. L’immense
paradoxe d’avoir les deux pieds dans la réa-
lité et le cœur dans le passé ; la dualité de
vivre intensément le présent tout en ayant
besoin de retrouver ses origines. La vérité
nue d’un peuple des grands espaces confiné
à la « réserve », une réserve qui a peut-être
le mérite de protéger l’identité, mais qui
coupe néanmoins des ailes. Ces femmes ne
sont pas nomades, mais elles en gardent la
nostalgie. Et je saisissais davantage le drame
des générations cloisonnées où des enfants,
ne connaissant que le français, n’arrivent
pas à communiquer avec leurs parents et
grands-parents.
J’apprenais à travailler avec ces femmes.
« J’ai le cerveau en ébullition », m’avouait
l’une d’elles, à un moment donné. Je ne
devais pas sous-estimer le tourbillon dans
lequel elles vivaient, chacune de leur côté :
les personnes les plus scolarisées et les plus
compétentes sont aussi les plus sollicitées,
dans les communautés. Je percevais cette
pensée circulaire qui les caractérise, les met-
tant en communion profonde avec la vie ani-
male, la nature, la Terre, donnant aussi une

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dimension différente aux notions de temps
et d’espace. J’apprenais l’élasticité insoupçon-
née des demains, j’apprenais que l’absence de
réponse peut signifier un assentiment, que
les lenteurs cachent des incertitudes, que les
silences peuvent camoufler des drames. Je
découvrais aussi l’immense respect qu’elles
avaient de la vie des autres : elles savaient,
mais ne jugeaient pas.
Je constatais. La femme innue porte le far-
deau des silences. La femme innue a mal à
son peuple. La femme innue sent la douleur,
elle entend la Terre-Mère, elle voit. La force
est en elle, mais elle ne le sait pas toujours ;
elle a la conscience et le pouvoir d’un guide,
mais elle l’ignore souvent.
« Il y a tant à dire… », me confiait Louve,
dans une correspondance. Il y aurait encore
tant à dire… Et elle révélait, au sujet de ses
haïkus : « On dirait qu’ils sortent de la terre
par ma bouche, qu’ils ne passent pas par ma
tête ! »
Voilà que des êtres de silence libèrent la
parole, voilà que des femmes de tradition
orale passent à l’écrit. Leurs mots sont des
tshissinuashitakana* qui parlent d’une identité

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à assumer, d’une fierté à retrouver. De toute
urgence.
Des tshissinuashitakana qui disent : « Relève
la tête, regarde en avant, mets-toi en marche
et va au bout de ton rêve ! »
Ainsi voyage la parole qui laisse ses traces.

Francine Chicoine

*atik : caribou.
*atikuat : caribou au pluriel.
*Innus : peuple autochtone de la Côte-Nord,
auparavant connu sous le nom de Montagnais.
*Kuei : Bonjour
*mitishishan : tente à suer.
*réserve : une réserve indienne est un territoire
dont l’usage est spécifié par la Loi sur les Indiens.
On tend maintenant à utiliser le terme de com-
munauté plutôt que celui de réserve.
*shaputuan : grande tente ronde faite de peaux
d’animal ou d’écorce et pouvant contenir de 50 à
100 personnes lors de rassemblement.

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*teueikan : tambour sacré dans la tradition innue.
*Tshakapesh : les Innus croient que ce personnage
légendaire innu vit sur la lune.
*tshissinuashitakana : bâtons à message qui ser-
vaient de points de repère aux ancêtres, lors de
leurs déplacements.

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Louise Canapé
Écrire en langue française :
tout un art

La maîtrise de cette seconde langue apprise


dès ma tendre enfance sur les bancs d’école
ne se fit pas sans heurts, puisque les règles en
étaient complexes. C’est à travers mon par-
cours scolaire que j’ai réussi à développer des
compétences en lecture et en écriture de la
langue française.
Chacun sait que l’apprentissage d’une
langue seconde demande de l’effort et de
l’entraînement pour arriver à atteindre un
certain degré de maîtrise et être capable, par
la suite, de l’appliquer à l’écriture.
Malgré la complexité de la langue, l’idée
d’écrire habitait quand même mon esprit.

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décembre 2015 à Sylvain Briens
Cependant, j’ai toujours douté de mes capa-
cités de création, ce qui est encore le cas
aujourd’hui. J’ai surmonté ce doute en 2008
en acceptant l’invitation du Camp Haïku
de présenter une conférence sur la langue
innue ; l’été suivant, je décidais de participer
à mon premier Camp Haïku pour tenter,
moi aussi, de me familiariser avec l’écriture
du haïku.
Ce style d’écriture m’intéressait puisqu’il
fallait saisir l’instant présent avec un mini-
mum de mots. Au début, cela me semblait
facile et je pensais y arriver rapidement ; mais
j’ai bien vite déchanté après en avoir appris
les règles. En effet, il fallait arriver à jongler
avec les mots de façon à évoquer, à susci-
ter l’intérêt du lecteur. Pour ma part, cette
phase d’écriture demande de la réflexion et
du questionnement.
Après le camp littéraire de l’été 2009,
Francine Chicoine nous a proposé, à moi et
à deux de mes consœurs de sang, un pro-
jet de recueil de haïkus reflétant la culture
innue. Ce projet se révélait à la fois un trem-
plin pour réaliser mon rêve d’écrire et une
façon de livrer brièvement les observations

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personnelles que je faisais au sujet du vécu
des miens. J’ai donc mis à profit les compé-
tences développées dans l’apprentissage de la
langue française et dans celui de ma langue
maternelle pour réussir à réaliser des haïkus
liés à ma culture.
Qu’en est-il exactement de notre réalité ?
Prenons quelques exemples. Dans la commu-
nauté, les Innus se visitent sans s’être annon-
cés préalablement et ils n’ont pas l’habitude
de frapper ou de sonner à la porte avant
d’entrer ; si quelqu’un le fait, on sait imman-
quablement que c’est un maniteu, c’est-à-dire
un étranger. Dans la rue, les automobilistes
n’ont pas la priorité : il leur faut constam-
ment partager la rue avec les citoyens qui
circulent à pied, les véhicules tout terrain, les
bicyclettes, les poussettes en été et les moto-
neiges en hiver. Et pourtant, chacun connaît
son espace et tous se respectent dans ce par-
tage de la rue.
Nous, les Innus, nous avons un grand sens
du partage et de l’entraide, selon les occa-
sions qui se présentent : c’est le cas lors des
mariages, des décès, du rassemblement des
aînés en forêt et aussi lorsque des ­femmes

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se ­regroupent pour accomplir différentes
tâches utiles à la communauté. De plus, nous
avons aussi un sens inné de l’humour. Tout
est prétexte à rire, même pendant la veillée
au corps d’un défunt, événement qui se
déroule encore à domicile.

La langue innue
En langue innue, les règles diffèrent, notam-
ment en ce qui concerne le genre. En fran-
çais, on parle des genres féminin et masculin
et en innu, des genres animé et inanimé. Par
exemple, le mot akup (une veste) est de genre
inanimé, car cet objet fait partie de la caté-
gorie des objets non vivants ; le mot chien
est de genre animé, car celui-ci fait partie
des êtres vivants. Ainsi, si je veux qualifier
ces deux mots, je devrai utiliser un verbe de
genre animé ou inanimé, selon le cas : pour
dire « la veste est noire », la traduction sera
kashteuau ne akup alors que « le chien est noir »
se traduit par kashteushiu ne atimu . Kashteu-au et
kashteu-shiu ont le même radical, par contre la
terminaison est différente pour signifier que
l’un est de genre inanimé et l’autre de genre
animé. Par ailleurs, l’ordre des mots dans

22
une phrase peut se présenter différemment.
En français, quand on dit « Mon petit frère
pleure », l’ordre de ces mots n’est pas inter-
changeable, à moins d’en modifier le sens ;
en innu, on peut l’exprimer de deux façons
soit Nishim mau comme la séquence en fran-
çais ou Mau nishim, cette dernière forme ne
pouvant se traduire en respectant la syntaxe
française. Autre singularité de la langue : il
n’existe pas de déterminants ni d’adjectifs en
innu, ces derniers étant toutefois rendus par
des verbes. Par exemple, mikuau nitakup se tra-
duit littéralement par « c’est rouge, ma robe ».
Une particularité importante de la langue
est son caractère polysynthétique :
Lorsqu’on dit d’une langue qu’elle est polysyn-
thétique, on signifie par là que cette langue offre
la possibilité de construire des mots si complexes
qu’ils incorporent une quantité de sens souvent
équivalente à celle qui est contenue dans toute
une phrase d’une autre langue, le français par
exemple. […] Parce que les langues polysynthé-
tiques permettent d’incorporer en un seul mot
une telle quantité d’éléments de sens, on appelle
aussi ces langues « langues incorporantes ». Consi-
dérons, par exemple, les verbes innus suivants :

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(1a) tashkamassetshipanu :
il traverse le marécage tout droit
en volant
(1b) tashkamassetshipatau :
il traverse le marécage tout droit
en courant (ou motorisé)
(1c) tashkamassekaim :
il traverse le marécage tout droit
en marchant

Chacun de ces trois verbes incorpore l’adverbe


tashkam, signifiant « droit en travers » ou « d’un
bord à l’autre », le substantif massek(u), « maré-
cage » et, alternativement, (1b) incorpore la base
verbale -patau « il court », (1a) la base-panu « il
vole », etc. 1

Le développement et le maintien des compé-


tences dans cette langue maternelle requiè-
rent donc un minimum de connaissances du
vocabulaire de base pour une transmission
adéquate. Or, selon Lynn Drapeau, linguiste,
1 Danielle Cyr, « La langue montagnaise : grammaire et
ethnographie. », dans Jacques Maurais (dir.), Les Langues
autochtones du Québec, Québec, Les Publications du Québec,
coll. « Dossiers CLF », no 35, 1992. <http://www.cslf.gouv.
qc.ca/bibliotheque-virtuelle/publication-html/?tx_
iggcpplus_pi4%5bfile%5d=publications/pubb133/b133ch6.
html>

24
on peut actuellement considérer que la lan-
gue innue est un patrimoine en danger.
Enseignant actuellement la langue innue
aux étudiants de secondaire 1 et 2, j’en fais
aussi le constat. En effet, certains ne maîtri-
sent plus des contenus aussi simples que le
genre, les nombres, les jours de la semaine,
les mois de l’année, les couleurs, l’emploi du
locatif ainsi que le vocabulaire pour nommer
des réalités, tels les noms de certains ani-
maux, des arbres, etc. Il est vrai que la ­langue
innue est un patrimoine en danger.

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les objets sacrés
étalés sur un tapis
attente du rituel

ishpitenitamu-atusseuakana
anite ashpishteshimunit ashteua
ashuapatakanu tshe ishpitenitamu-aitinanut

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décembre 2015 à Sylvain Briens
repas familial
tracer une croix au couteau
sur la banique

mamu mitshishunanu
tshipaiatikushinatauakanu ashit mukuman
innu-pakueshikan

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réserve autochtone
pouvoir entrer n’importe où
sans frapper

innu-assi
muku anite ua pitutshein
eka e ututamaitshein

29
baleine échouée
le va-et-vient des curieux
à Pessamit

mishtameku akuaiapuku
muku mamishkut natshi-uapamakanu
anite Pessamit

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décembre 2015 à Sylvain Briens
la rue est aux jeunes
une auto zigzague
pour les éviter

tipenitamuat meshkananu auassat


uauatshipanu utapan
tshetshi eka pashtauakaniht

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jour de bingo
des Innus rassemblés
sous le chapiteau

pinakutshenanu
mamuituht innuat
anite shaputuanit

32
fête de sainte Anne
ce port de tête des femmes
au chapeau perlé

Tshitshitua-An utshishikum
ashineuatsheuat ishkueuat
ka ashpikuateniti utakunishkueunuaua

33
un défilé d’aînées
en jupes à carreaux
fête du 15 août

pimuteuat tshukuminuat
ushukuan-akupa tshikamutauat
pamuteiamianan 15 upau-pishimu

34
jeune fille assidue
à l’école Uashkaikan
huitième mois de grossesse

eshku natshi-tshishkutamakushiu
anite Uashkaikanit
shash ma nishuaush-tatupishimueshu

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décembre 2015 à Sylvain Briens
maison du défunt
échange de souvenirs de chasse
près du cercueil

anite uitshit
tshissitutakannu eshku e nataunanunit
anite pessish unikuashkanit

36
au centre commercial
un attroupement d’Innus
les potins du jour

anite atauitshuapit
mamuituat innuat
tipatshimushtatinanu

37
achat d’une voiture
prouver mon identité
pour exemption de taxes

e aiakanit utapan
nika ui tshissenitamuniuen eshi-inniuian
tshetshi eka tshishikashuian netakass

38
des hommes
caisse de bière à la main
premier jour du mois

napeuat
papeikumishtikutissa takunamuat
ushkat e tshishtauakanit

39
lendemain de chute
en état d’ébriété –
un pansement au front

uipannit katshi patshishinit


katshi minukashut –
pitshua tshikamunua anite ushkatikut

40
rue de Pessamit
quatre jeunes sans casque
sur un VTT

meshkanat anite Pessamit


neu auassat apu utakunishkueuniht
e pami-tetapiht kaneukateniti

41
heure de visite
ce bruit des clés et des gonds
derrière le grillage

tshi natshi uapamakanuat


apaiutana mak assikuman-tshishtukana petakuana
anite tshipututshuapit

42
réveil en sursaut –
des jeunes en état d’ivresse
dans la rue

unipatau –
ka auassiuht minukashuat
anite meshkanat tauat

43
dernière nomade
la babiche entre ses doigts
devient raquette

tshiashi-aitunnu ka nishtuapatak
assimaniapinu pamipannu utitshit
asham ekue tat

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décembre 2015 à Sylvain Briens
broderie de perles
le logo des Canadiens
sur les mocassins

mitishikatakanu
Canadiens utshissinuatshitakanuau
anite pishakanessinit

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départ pour la chasse
ballots, fusils et bidons
sur les galeries

tshe kushpinanut
matshunisha, passikana mak pimi
anite kapapatshitakut

46
Shan dak

Écrire pour survivre


ou la voie rouge du haïku

J’utilise mon nom innu Shan dak dans mes


écrits littéraires pour affirmer ma propre réa-
lité de femme autochtone.
La découverte du haïku a été importante
pour moi : cette forme d’écriture rejoint mes
valeurs, notamment celles du nomadisme de
mes ancêtres. Écrire un haïku est en effet un
dépouillement du superficiel : je dois repérer
l’essentiel pour le partager avec le lecteur,
tout en tenant compte de ma philosophie
de vie personnelle. Je deviens en quelque
sorte un chaman contemporain qui utilise
des mots épurés, mais imprégnés d’une forte

51
émotion, selon mes états d’âme. Ma culture,
de tradition orale, se transforme par l’écrit,
ce qui, pour moi, traduit une évolution.
Ma relation avec les mots est intense et
profonde. Le haïku représente l’immortalité
d’un instant, saisi dans la toile de mon cap-
teur de rêves interne, mûri par la ­recherche
de sens que je veux donner à cette image
fugace. Je poursuis une voie autre que celle
de mes ancêtres chamans puisque je jongle
avec des mots qui font ressortir des moments
intenses, en lien avec ma spiritualité et ma
spécificité innues.
Selon nos traditions, la voie rouge repré-
sente un ensemble de valeurs, de croyances et
de comportements, amenant une personne
à créer un monde auquel elle souhaiterait
appartenir. L’art du haïku est un des che-
mins que je prends afin d’accéder à ce mode
de pensée philosophique innue. Mes haïkus
sont un hymne à la vie adressé au Grand
Esprit ; cela me permet de divulguer ce qui
est imperceptible pour les autres autant que
de dénoncer certaines facettes de notre réa-
lité de Premiers peuples de ce pays.

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décembre 2015 à Sylvain Briens
Je me sens comme le joueur de teueikan,
en communication directe avec le monde des
songes. Moi, je capte des moments privilégiés
que je garde précieusement jusqu’à l’éclosion
d’une image qui décrit l’ensorcellement de
cet instant, en lien avec ma perception innue.
Écrire est devenu une forme de survie, car
j’utilise un médium contemporain afin de
parler de ma situation de femme innue che-
vauchant la réalité de deux peuples. Je dois
immanquablement évoluer dans le monde
de l’écrit afin de concilier mon passé et mon
présent, afin aussi de construire ma propre
identité.
Je me dévoile par la diffusion de mes
­poèmes, je partage une partie de mon âme,
je m’ouvre au monde.

53
après tant d’années
des pas hantent encore ses nuits
pensionnat indien

katshi tatupipuna
eshku petamu pietueueshinniti
anite ka kanuenimakaniht Pensionnat

55
tente de sudation
avant d’entrer dans la noirceur
se dépouiller

e matutishunanut
eshku eka pitutshenanut e kashti-tipishkat
eka tshekuan e kanuenitamin

56
veillée funèbre
cornées par l’enfilage des perles
les mains de grand-mère

nipepinanu
papishkuanua e tshi mitishitshet
nukum utitshia

57
le tambour sacré
du guérisseur innu
je l’entends encore

ka ishpitemat uteueikana
ka natukuiuet innu
eshku nipetumaua

58
la vie en ville
des objets traditionnels
plein la maison

utenat e apinanut
innu atusseuakana
anite mishue mitshuapit

59
thé du Labrador
l’odeur de la toundra
dans ma tasse

minuepaku
minakuan ka mushuat assi
anite niminakanit

60
zone de forage
sur la route ancestrale
avoir les larmes aux yeux

munitshenanu
anite tshiashi-innu-meshkanat
shakassinepeua nissishikua

61
territoire innu
sous les pylônes d’acier
des plants rabougris

innu-assi
sheku nanimissiu-ishkuteuiapia
mishtikuat apu minu-nitautshiht

62
rivière tant convoitée
la Romaine vue du hublot
un étroit sillon

shipu ka mushtuenitakanit
Unaman-shipu ut pashkapuakanit e tshitapatakanit
apishishtikueiashu

63
chasse au caribou
le chemin de portage
maintenant en motoneige

natutikuanu
pimutenanipan kapatakan
anutshish neshkitu apatishu

64
Unamen Shipu*
un véhicule tout-terrain
devant chaque maison

Unaman-shipu
ka neukatet
tipishkut anite papeiku mitshuapit

* Communauté innue de La Romaine.

65
premier jour du mois
sur un carré de miroir
deux lignes blanches

ushkat tshishtauakanu
takut uapanitshakumakanit e kashkatshat
nishuapekashteua ne kauapat tshe utatakanit

66
paiement d’épicerie
sortir sa carte indienne
devant tous ces Blancs

tshishikashu ka mitshimashut
unuitashineu utinnu-kanuma
ka uapashiniti kassinu uapamiku

67
party de bureau
devant la jeune femme enceinte
un litre de vin

mamuituat kaiatusseshiht
tipishkut anite etat ka ashuapamaushit ishkuess
peikuputai ka mikuakamit ka ashtenit

68

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décembre 2015 à Sylvain Briens
heure de fermeture
un Innu somnole au bar
de la brasserie

shash tshipaikanu
innu kupeu
anite kaminnanut

69
petite bière en main
ils attendent au dépanneur
7 h 58

papeikuputai takunamuat
ashuapatamuat anite unuitimit atauitshuapissit
7 tatutipaikana min 58

70

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décembre 2015 à Sylvain Briens
arrivée du fourgon
au Palais de Justice
des Innus seulement

papanu utapan
anite ka ueueshtakanit
muku innuat ut kapauat

71
en file indienne
devant la machine à sous
Hôtel Les Mouettes

aishuapatamuat
anite katshitshissipitakanit e metuatshenanut
anite kanipanut Les Mouettes

72
gros lot spécial
sur ses cartes de bingo
une patte de lièvre

mishau tshe kanieunanut


takut ukanumit
uapush-ushkatinu ashtau

73
femmes autochtones
en marche vers Ottawa
à leur tête      une aînée

innushkueuat
Ottawa ituteuat
ukumimau e nikanutet

74
Louve Mathieu

Être autochtone

Être autochtone n’est pas facile. Nous som-


mes des immigrants sur nos terres. Ma vie
s’est déroulée au travers des préjugés et des
non-dits, où les injustices sont courantes
parce que nous ne sommes pas grand-chose
aux yeux de la société. Voilà mes silences,
voilà ma poésie. L’écriture en mouvement,
celle qui raconte l’intérieur et l’extérieur,
celle qui dit d’où l’on vient et où l’on va. Tou-
jours en silence. J’arrive par ce chemin.
Souvent, je parle de la petite, car c’est la
souffrante, c’est ma plaie et pourtant ma
source ; elle est si près de la terre, si près de
l’oubli. Dans son regard, j’ai su trouver la

79
fourmi, la goutte d’eau et tous les cailloux
de mon chemin. Des tas de cailloux, des
pierres brutes, sales, pointues et coupantes.
C’est ainsi que j’existe, poings fermés, avec
du sang dans la paume à force de serrer les
pierres et d’essayer de me relever en laissant
le rouge écrire sur le sable et la page. Ce sont
mes cailloux ; c’est ma seule prétention quant
à mes propres mots.

Haïkus, un lac à mes pieds, ma forêt à bout de


bras et la lune dans mes cheveux.
Haïku ! Briser le silence un caillou à la fois !
Haïku, un chant écrit.
Écoute, ma petite, écoute bien le teueikan,
battre les mots et ma terre…

ce soir,
je berce ma peau.

je livre ma tignasse
une peinture sèche
boisée de tourments

80
une sauvageonne
qui n’a qu’un cri

à vous donner
à vous dire
à vous mourir

Innue !

81
réserve autochtone –
sur le terrain vague :
No Trespassing

innu-assit -
anite e musheiat :
eka pimutek itashteu anite

83
carcasse de hibou
le vieil Innu se penche
pour une plume

umishu-ushkana
pitshiu tshishennu
mikuna tshetshi utinat

84
soir d’été indien
durant Star Académie
personne dans les rues

Uetakussit e nipik
nukuan Star académie
eku apu auen nanukushit

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décembre 2015 à Sylvain Briens
du haut du barrage
l’Ancien écoute
visite guidée

anite ut takut ushkutimit


natutamu tshishennu
mekuat e uauapatiniuenanunit

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décembre 2015 à Sylvain Briens
mine à ciel ouvert
de jeunes Innus se chamaillent
pour un pneu rouge

anite ka munaikanit ashini


tshikamituat innu-auassat
ut kautshishua e mikushinit

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décembre 2015 à Sylvain Briens
musée autochtone
entouré d’objets anciens
le guide et son iPod

mitshuap ka uapatiniuenanut tshekuan


uashka tshiashi-tshekuana aitashteniti
kauauapatiniuesht pami-takunamu iPod

88
épicerie du mois
faire semblant d’être blanche
à la caisse de Walmart

mitshimashinanu
nikakusseshishkueukashun
anite ka tshishikashunanut Walmart

89
grandes fougères
l’odeur de mon enfance
en pleine ville

mashkushua
menataman ekue tshissian e auassiuian
anite utenat

90
récréation
seule au fond de la cour
la fillette innue

uenuinanut anite ka metuenanut


peikukapushu tshitshit tetshe tshishtukanit
ne innushkuess

91
voyage organisé
tant de kilomètres
pour un Walmart

mamu e pamishkanut
mishta-kataku e ishpatanut
Walmart ut

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décembre 2015 à Sylvain Briens
Mashteuiatsh*
un jeune aux bas troués
s’amuse au parc

Piekuakamit
pakunepannua utasha auass
metueu anite ka kanuenitakannit assinu

* Communauté innue du Saguenay–Lac-Saint-Jean,


longtemps connue sous le nom de Pointe-Bleue.

93
dépanneur du coin
la vieille parle encore
du temps de la chasse

anite atauitshuapissit
eshku uauitamu kukuminash
eshku netaunanunit

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décembre 2015 à Sylvain Briens
pause-café
expliquer encore une fois
la couleur de ma peau

anueshunanu
minuat nika uauitamuauat
tshekuan uet uinipikueiashian

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parc du centre-ville
la grosse sauvage
parle aux pigeons

assi ka kanuenitakanit utenat


ka mishishtit innushkueu
aimieu umimiua

96
spectacle d’humour
rire avec tout le monde
des maudits Indiens

ka uitapeut natutuakanu
kassinu nuitenitenan
matshi-manitu innuat e uauinakaniht

97
de vives discussions
au cours d’histoire autochtone
le prof parle des traités

mishta-aiminanu
innuat utipatshimunuaua tshishkutamatshenanu
uauitamu ka nishtutatunanunit katshishkutamatshesht

98
bébé de six mois
en sevrage d’alcool
une autre crise

6 tatupishimueshishu
nutepanu napiennu
mishta-mashu

99

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décembre 2015 à Sylvain Briens
terreur nocturne
le géant au souffle court
sous les draps roses

shetshishiumatshu
Atshen uneneun
sheku uapuianit ka mitshinanushinit

100
avant ses mains
ses yeux      ses yeux
j’ai huit ans

eshku eka utitshia uapatamuku


ussishikua… ussishikua
8 nitatupipuneshin

101
lit d’enfant
s’agripper aux fleurs du drap
avant la pénétration

auassiu-nipeun
ninushitshimin anite uapikuna ka nukuaki uapuianit
eshku eka pitutepaniat

102
Table des photographies

Jennifer Fontaine

Lever de soleil................................................. 16-17


Teueikan..............................................................47
Marée très haute............................................48-49
Capteurs de rêves................................................ 75
Contre-jour....................................................76-77
Entrer dans le capteur de rêves....................... 103

105
Table des matières

Préface de Francine Chicoine..............................7

Louise Canapé................................................19
Shan Dak......................................................... 51
Louve Mathieu.............................................79

Table des photographies.................................. 105


Voix intérieures – Haïku
Collection dirigée par Francine Chicoine

Haïku
Bannino, Vanessa-S.-E. Souffle de paix, 2002.
Beaudry, Micheline. Les couleurs du vent, 2004.
Boissé, Hélène. Sentir la terre, 2005.
Bouchard, Hélène. Petits fruits nordiques, 2011.
Bouchard, Hélène. Percées de soleil, 2008.
Cayouette, France. Verser la lumière, 2009.
Cayouette, France. La lenteur au bout de l’aile, 2007,
2e tirage 2009.
Couzier, Nane. Petit jardin d’heures, 2004.
Duhaime, André. Cet autre rendez-vous, 1996, 2e tirage 1999.
Fauquet, Ginette. Ikebana, 2002.
Gauthier, Jacques. Haïkus aux quatre vents, 2004.
Gauthier, Jacques. Pêcher l’ombre, 2002.
Jacob, Xavier. Murmures urbains, 2010.
Lamarre, Suzanne. À pieds joints dans les flaques, 2010.
LeBel, Carol. Clapotis du temps, 2003.
Leblanc, Carmen. Fragments de ciel, 2010.
Leblanc, Carmen. Nid de brindilles, 2008.
Leclerc, Hélène. Des étages de ciel, 2011.
Leclerc, Hélène. Cette lumière qui flotte, 2009.
Leclerc, Hélène. Lueurs de l’aube, 2007, 2e tirage 2009.
Marceau, Claude. Saisons de sel, 2012.
Marceau, Claude. Balade en Boréalie, 2010.
Nayet, Bertrand. La lune en mille gouttes, 2009.
Nayet, Bertrand. Juste un grand vent, 2003.
Painchaud, Jeanne. Soudain, 2002.
Paradis, Monique. Étincelles, 2002.
Parent, Monique. Fragiles et nus, 2003.
Pleau, Michel. Arbres lumière, 2005.
Pleau, Michel. Soleil rouge, 2004. Nouv. éd., 2009.
Raimbault, Alain. New York loin des mers, 2002.
Raimbault, Alain. Mon île muette, 2001.
Richard, Lyne. Tout ce blanc près de l’œil, 2006.
Tremblay, François-Bernard. Brèves de saison, 2003.
Tremblay, Jessica. Les saisons de l’épouvantail, 2004.
Tremblay, Jessica. Le sourire de l’épouvantail, 2003.
Voldeng, Évelyne. Haïkus de mes cinq saisons, 2001.

Haïbun
Morency, Joanne. Mon visage dans la mer, 2011.

Renku
Beaudry, Micheline et Jean Dorval. Blanche mémoire, 2002.
Chicoine, Francine et Robert Melançon. Sur la table
vitrée. Renku entre Baie-Comeau et Montréal, 2009.
Chicoine, Francine et Jeanne Painchaud. Sous nos pas,
2003.
Duhaime, André et Carol LeBel. De l’un à l’autre, 1999.
Duhaime, André et Gordan Skiljevic. Quelques jours en
hiver et au printemps, 1997.
Collectifs
Collectif de femmes innues. S’agripper aux fleurs, 2012.
Direction et préface de Francine Chicoine ; textes
de Louise Canapé, Louve Mathieu et Jeanne-d’Arc
Vollant (Shan dak) ; traduction de Louise Canapé.
Chicoine, Francine (dir.). La lune sur l’épaule, 2010.
Collectif réunissant des textes d’Hélène Bouchard,
France Cayouette, Claire Du Sablon, Carmen Leblanc,
Hélène Leclerc, Joanne Morency et Louise Verrette.
Chicoine, Francine, Terry Ann Carter et Marco
Fraticelli (dir.). Carpe diem. Anthologie canadienne du
haïku/ Canadian Anthology of Haiku, Ottawa, coédition
Éditions David/Borealis Press, 2008.
Chicoine, Francine (dir.). Toucher l’eau et le ciel, 2008.
Chicoine, Francine (dir.). Dire la flore, 2004.
Chicoine, Francine (dir.). Dire la faune, 2003.
Chicoine, Francine et André Duhaime (dir.). Dire le
Nord, 2002.
Duhaime, André (dir.). Chevaucher la lune, 2001.
Duhaime, André (dir.). Haïku sans frontières  : une anthologie
mondiale, 1998, 2e tirage 2001.
Duhaime, André (dir.). Haïku et francophonie canadienne,
2000.
Éphémère, ouvrage collectif, 2002.
Rêves de plumes, ouvrage collectif, 2001.
Saisir l’instant, ouvrage collectif, 2000.
Imprimé sur papier Silva Enviro
100 % postconsommation
traité sans chlore, accrédité Éco-Logo
et fait à partir de biogaz.

Couverture 30 % de fibres postconsommation


Certifié FSC®
Fabriqué à l’aide d’énergie renouvelable,
sans chlore élémentaire, sans acide.

Traduction : Louise Canapé


Révision de la traduction : Hélène St-Onge
Photographies : Jennifer Fontaine
Maquette et mise en pages : Anne-Marie Berthiaume

Dépôt légal, 4e trimestre 2012


ISBN 978-2-89597-278-5
Achevé d’imprimer en octobre 2012
sur les presses de Marquis imprimeur
à Montmagny (Québec) Canada
Louise Canapé et Shan dak (Jeanne
d’Arc Vollant) vivent sur la Côte-Nord
du Québec, dans les communautés
innues de Pessamit et Uashat-­
Maliotenam ; Louve Mathieu habite
au Saguenay, mais « hors réserve ».
En juillet 2009, alors que toutes les
trois participaient au Camp Haïku
de Baie-Comeau, Francine Chicoine,
directrice de l’organisme, leur
proposa un projet de rédaction de
haïkus, à saveur autochtone. S’agripper
aux fleurs est la réalisation de ce rêve
ainsi qu’un premier recueil pour
chacune de ces trois femmes innues.
Trois femmes innues, natives de la Côte-Nord,
signent ce recueil empreint d’une saveur
typiquement autochtone. Des mots tendres
témoignent de l’admiration vouée aux ancê-
tres ; des mots drus disent les frustrations, les
abus, les blessures à l’âme, le désarroi.
Leurs haïkus révèlent la vérité nue d’un
peuple des grands espaces confiné à la
« réserve », une réserve qui a peut-être le
mérite de protéger l’identité, mais qui coupe
néanmoins des ailes.
Voilà que des êtres de silence libèrent la
parole, voilà que des femmes de tradition
orale passent à l’écrit. Leurs mots sont autant
de « bâtons à messages » (tshissinuashitakana) qui
parlent d’une identité à assumer, d’une fierté
à retrouver. De toute urgence.

Direction et préface de Francine Chicoine


Textes de Louise Canapé, Louve Mathieu
et Jeanne-d’Arc Vollant (Shan dak).
Traduction de Louise Canapé

VOIX INTÉRIEURES — HAÏKU


www.direlehaiku.com
www.editionsdavid.com

Licence enqc-56-G8bmjTuCBe6mBQGu-qHMuyu9fTsPBy4L6 accordée le 06


décembre 2015 à Sylvain Briens

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