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Likir – Yangthang – Hemis Shukpachan – Tingsmogang – Skyin Ling

Cet itinéraire parallèle à la large vallée de l’Indus explore les fonds


de vallées au pied de la chaîne de montagnes du Ladakh. Jusqu’en
2010, on pouvait assimiler ce trek à une randonnée facile mais les
flots de boue qui ont ravagé nombre de vallées de la région ont
fragilisé de nombreux passages et ont surtout fait disparaître corps et
bien des sentiers ancestraux. Cela implique pour le randonneur qu’il
devra s’exposer à des traversées de torrents, à contourner des
éboulements de terrain sur des traces très peu marquées dans des
pentes d’éboulis, etc. Bref ! Ce ne sera pas de tout repos… Deux
grands avantages de ce circuit. Il peut toujours être considéré
comme un mini-trek d’acclimatation (on ne dépasse pas les 4000m
avec de nombreuses montées et descentes) permettant d’envisager
un trek plus engagé par la suite du genre De la Nubra à la Markha. Et
puis c’est un trek culturel qui croise sur sa route de nombreux
monastères et surtout la possibilité d’étudier le site du village de
Yangthang qui présente tous les signes religieux autour desquels la
vie de ce village s’est construite. Un livre ouvert à qui veut le lire !
Et pour terminer en beauté, on prévoira pour le retour sur Leh en
voiture le passage par les incontournables de la région, à savoir les
monastères de Lamayuru, Wanla, Mang Gyu, Alchi, Basgo et Phyang.

Jour 1 : Leh - Likir gompa - Sumdo - Yangthang


1h30 de voiture + 3h10 / +400m / -470m.

De Leh, on prend la route NH-1 en direction de l’W. On suit la vallée


de l’Indus puis, après un col, on redescend sur le confluent avec la
Tsarap qui vient du Zanskar. Peu après, on traverse le village-rue de
Nyemo avant de poursuivre sur Basgo. Passés les quelques lacets de
la route qui franchit un épaulement morainique, on tourne sur une
petite route à D pour aller traverser le village verdoyant de Likir et
au-delà arriver au pied du monastère perché sur son tertre que
jouxte un bouddha monumental. Visite intéressante de l’ensemble
monastique de l’ordre Gelukpa.

Du parking du monastère à 3705m on laisse filer la route goudronnée


pour emprunter une piste sableuse sur la D qui passe au-dessous des
bâtiments. On semble se diriger vers le village en contrebas mais au
niveau d’un groupe de chortens on incline la marche vers la D (15mn,
3615m). Sur le petit chemin qui est proposé et qui s’éloigne du lit de
la rivière le terrain alentour devient aride fait de sable et de blocs
de grès. On s’en va passer un premier col (10mn, 3580m) et on
poursuit à flanc toujours au milieu des ensembles gréseux. On
franchit un deuxième collet (15mn, 3600m). On se croirait au milieu
du chaos de Tafraoute dans l’Anti-Atlas marocain à la seule
différence que les roches sont jaune pale alors que le rouge domine
au Maroc.
On descend rapidement rejoindre une route goudronnée que l’on suit
sur la D jusqu’à un large col, le Pobe La (ou Lhalung La, 15mn,
3550m). Le paysage que l’on découvre de l’autre côté est là aussi
désertique avec de grandes pentes d’éboulis aux couleurs mélangées.
Les roches ont subi des plissements suite à l’action de forces
tectoniques qui modèlent encore la région, zone de confrontation
des plaques indienne et asiatique, la première soulevant la seconde…
On laisse la route pour descendre sur la gauche en lacets en direction
du fond du thalweg. Un peu plus bas, on poursuit dans le thalweg en
négligeant le sentier qui part à droite rejoindre le goudron. On
traverse une gorge où les roches sont jaune vif. La vallée s’élargit et
l’on part sur la D en quasi courbe de niveau rejoindre une piste qui
s’en va franchir une épaule morainique et s’en vient un peu plus
avant tutoyer le goudron (30mn, 3415m). On descend par un petit
sentier rejoindre la nouvelle vallée, verdoyante celle-là, qui s’ouvre
devant. On rejoint la route goudronnée à proximité d’un mur
de manis et d’une tente parachute (soupe et thé seulement…) et l’on
descend sur la G traverser la Saspol Togpo sur un pont de bois à
Sumdo au pied du village de Saspotse (10mn, 3425m, possibilité
pique-nique au bord de la rivière sous les arbres). Au-delà on monte
jusqu’au stupa et négligeant l’évident sentier qui monte sur la D
(c’est le chemin en impasse jusqu’à une maison), on s’engage dans
les buissons à G le long d’un canal d’irrigation avant de descendre un
peu sous les frondaisons.
Et puis quel choc ! La végétation s’arrête net pour laisser place à un
thalweg aride à dominante jaune écru que l’on remonte sur un
sentier bien marqué. Au premier virage, le jaune laisse place à une
myriade de coloris. Il fait (très) chaud dans ce « four ». On « prend »
le vent à seulement 500m sous le col du Charatse La dans lequel on
rejoint la route (50mn, 3725m). On traverse le goudron pour
emprunter un sentier coupe-lacet sur la D et retrouver le goudron
derrière la butte. On suit la route jusqu’à Yangthang (35mn, 3635m,
nombreux home stays, campings, C au niveau du lhato). Nuit sous
tente.
Une fois le camp établi, il faut profiter du passage dans ce village
pour tenter de décrypter tous les signes religieux autour desquels la
vie du village s’est construite. Pour bien comprendre
l'ordonnancement de ce village et ses codes de construction, il est
conseillé de se munir du petit guide rédigé par Etienne
Principaud Expression du sacré dans l'aire culturelle tibétaine. Tout
d’abord au N, ce monument blanc et rouge chapeauté de branches
de genévriers, le lhato : il marque l’origine du canal d’irrigation qui
dessert tous les champs du village et est sensé protéger les cultures
et le village, assurer une bonne alimentation en eau, abondante et
pure, c’est un « lord of place ». Les limites du territoire couvert sont
marquées par une dizaine de lubangs, simples cubes de maçonnerie
blancs érigés sur des tertres au-dessus des champs en limite de
périmètre. On descend maintenant vers le village au S qui présente
un ensemble compact avec l’avant-cour, la place centrale et enfin
les maisons individuelles, derniers remparts avant la gorge.
L’incontournable monument aux trois chortens Rigzum Gönpo trône à
l’entrée N du village. Ses couleurs jaune, blanc et bleu-noir
symbolisent soit 3 bouddhas protecteurs, soit les 3 éléments que sont
la terre (tsen), le ciel (lha) et l’eau ou le souterrain (lhu). Dans la
ruelle qui pénètre dans le village, on peut voir de nombreux sago
nangos accrochés sur les murs des maisons ; ces « daemon catchers »
composés d’une tête de bélier ou de chien sur laquelle est attaché
un losange (ou de multiples carrés imbriqués) de fils de couleur
tressés sont sensés protéger les maisons des mauvais esprits.
Encore plus forte est la présence de séries de points rouges et
d’autres signes cabalistiques, de couleur rouge aussi, peints à mi-
hauteur sur les murs des maisons qui sont souvent accompagnés de
marques obliques de peinture rouge représentant des couteaux,
les raldri, voire de quelques dessins plus « fouillés » de têtes de
sorciers, les midangs : ils protègent des esprits souterrains, les lhu.
Et enfin sur chaque huis de porte ainsi qu’aux quatre coins des
maisons, on notera la présence, toujours en rouge, de dessins de
flèches stylisées (les tsendos) qui complètent la protection. Dernier
point fort de la visite du village avec la gompa, minuscule et
tellement apaisante, au maximum 100m² avec de nombreuses
peintures murales et des thangkas anciennes.

Jour 2 : Yangthang - Rizong gompa - Hemis


Shukpachen
5h20 / +1000m / -950m.

Du camping sous le lhato, on descend le long du canal d’irrigation


pour rejoindre l’entrée du village. Avant de prendre pied sur l’avant-
place, on part sur la piste à G pour une centaine de mètres avant de
bifurquer sur la D et passer juste avant la deuxième maison sous les
frondaisons. Puis c’est une descente en zigzag pour rejoindre le canal
d’irrigation et franchir un mur par une porte en bois. On poursuit
vers le bas pour rejoindre le lit de la rivière et le suivre du mieux
possible jusqu’au confluent avec l’Ulle Togpo (25mn, 3480m). On suit
la rivière vers l’aval. La gorge qui autrefois était un important
passage de négoce de bois a été massacrée par les inondations de
l’été 2010. Des résidus de cheminement existent encore mais il ne
faut plus compter sur des infrastructures comme des ponts ou des
murets. Tout a été emporté et il est nécessaire de chausser des
sandales pour effectuer les six traversées de rivière que l’on
rencontrera lors de la descente de la gorge. La première traversée
s’effectue 5mn après le confluent (3435m), la dernière 1h plus tard.
Entre temps, on aura franchi quelques passages où le courant peut
être assez fort et la profondeur quelque fois importante (de l’ordre
de 60cm).

Au milieu de ces extrêmes, on passera par un village maintenant un


peu plus isolé qu’il n’était autrefois dans lequel se trouve la nonnerie
de Chuli Chen gompa (délicieux abricots tombés de l’arbre), on
empruntera quelques déviations un peu touchy sur de l’éboulis pour
contourner des zones effondrées… Bref ! On ne s’ennuiera pas durant
ces deux heures de gymkhana sandales au pied. Enfin, la délivrance
se présente par l’opportunité de grimper quelques lacets d’un raide
sentier (1h30, 3300m) qui conduit à une piste… Et encore plus, ces
300m de piste aboutissent à une route goudronnée, rencontre assez
incongrue alors que l’on se croyait à mille lieues de tout… Enfin ! On
remonte sur le ruban d’asphalte pour atteindre l’entrée du domaine
monastique de Rizong (20mn, 3370m) construit en
amphithéâtre. Diaporama Par le sentier qui part sur la G, on rejoint
le haut du monastère pour la visite du site (10mn, 3415m,
deux gompas à visiter et dans la salle haute, contemplation
d’un mandala tridimensionnel).
On sort du monastère par la gauche au niveau du parking des
voitures. On descend la piste jusqu’au virage vers la droite pour
s’engager dans le thalweg qui s’ouvre au N. Un peu plus avant dans
la gorge, on suit un bon sentier cairné qui s’engage dans le thalweg
de G. Puis on quitte le lit de la rivière à sec pour monter en lacets à
G sur la crête d’une moraine détritique bien relevée au milieu d’une
large vallée. Le paysage est splendide pour peu que l’on soit féru de
plissements géologiques et de succession de strates colorées. Côté
végétation, nenni ! On atteint un petit plat (1h30, 3850m) et on
s’engage sur une traversée à flanc en direction du col que l’on devine
caché derrière une épaule rocheuse. Dernier petit effort pour
prendre pied sur la crête du Kui La (ou Khungi La, 20mn, 3950m).
Descente pentue en zigzags serrés jusqu’au fond du thalweg qui
présente une couleur dominante violette. Aux premiers arbres,
laisser le lit du torrent et monter sur la G en direction
des chortens (40mn, 3510m). Juste après, on descend sur la D vers
une maison et trouver la piste que l’on suit vers la D pour s’en aller
franchir l’Akheur Togpo sur un pont. Après c’est la longue remontée
qui passe par le village de Shushut. On croise une source à 3630m
juste avant de croiser un chorten derrière lequel on part sur la G en
suivant le goudron. On atteint la base du vieux village d’Hemis
Shukpachen (45mn, 3670m, nombreux campings et home stays, C, E).
Nuit sous tente au camping Seeru.

Jour 3 : Hemis Shukpachen - Tingmosgang


2h40 / +400m / -800m.

Depuis le camping Seeru, descendre de 30m et s’engager sur la piste


en terre à D. On laisse le haut du village de Hemis Shukpachen sur la
droite pour continuer sur la piste vers l’W en direction du tertre
sacré planté de genévriers (Shukpachen = genévrier). On quitte la
piste (15mn, 3755m) pour s’engager à G sur le sentier historique qui
s’élève directement dans le large col. On passe un chorten puis juste
derrière on débouche au Mebtak La (15mn, 3820m) marqué
de taluchos flottant au vent. On descend côté D sur l’autre versant
dans un thalweg avant de partir à mi-hauteur sur un sentier à flanc
de montagne qui chemine en courbe de niveau et s’en va rejoindre la
base du deuxième col de la journée (25mn, 3665m). Montée par deux
ou trois larges lacets jusqu’au Lago La (20mn, 3820m). La descente
côté W est peu pentue et suit le fond d’un thalweg. Le parcours est
assez peu passionnant et surtout vers la fin où le creusement d’une
piste bouscule un peu l’ambiance de wilderness. On arrive aux
chortens qui marquent l’entrée du village de Ang Yogma (25mn,
3500m, tente parachute). On franchit le torrent sur une passerelle
pour suivre la « route » vers l’aval. Là aussi, les stigmates de l’été
2010 sont encore présents… On reste RD de la vallée pour rejoindre
dans le village de Tingmosgang (55mn, 3250m, nombreux home stays,
campings, C, E). Nuit sous tente au pied de la gompa perchée tout là
haut.

Jour 4 : Tingmosgang - Skyin Ling - Khalatse (Khalsi) -


Lamayuru
3h45 / +800m / -500m + 1h de voiture.

On descend du camping par la route et tout de suite on quitte la


vallée de la Dangdong Togpo pour entrer à D dans celle de la
Phacha Togpo. On traverse l’autre partie du village de Tingmosgang
aux maisons à plusieurs étages disposées au pied de l’épaule
morainique qui supporte le vieux fort et la gompa. Là aussi, comme à
Yangthang les points rouges et les tsendos protègent chaque demeure
des esprits souterrains, les tsen. Après avoir négocié un grand virage
autour des écoles, on suit la route du haut qui passe au-dessus de la
petite gompa du village qui remonte la vallée à mi-hauteur.

On passe Barlaks, village posé au milieu des champs et à peu de


distance de la rivière. Après un cheminement à mi-hauteur, voici que
l’on se retrouve au niveau de la rivière pour la franchir sur un pont
routier (55mn, 3420m) au pied du village « de type provençal » de
Sagra. On suit sur 50m la route du haut pour aussitôt s’échapper sur
la G dans le premier lacet par un escalier en pierre. On remonte tout
en haut du village jusqu’à un porche Rigzum Gönpo. Ici aussi, toutes
les maisons sont ornées de signes chamaniques, tsendos ou
« sorciers » midangs. On retrouve brièvement la piste pour s’en
échapper rapidement en contournant comme il se doit par la gauche
un monumental mur de manis (10mn, 3450m). Juste derrière on
s’enfile sur la G dans un petit chemin caillouteux qui se dirige vers la
gorge. On suit un petit sentier le long d’un canal d’irrigation qui
traverse Tchachar et permet d’atteindre Katsa, dernier village de la
vallée (45mn, 3560m). Là aussi de belles représentations
chamaniques sur les murs des maisons et surtout un ensemble
remarquable de midangs.

On rejoint juste au-dessus du village la plateforme goudronnée qui


marque la fin de la piste. On suit à distance le lit de la rivière. Les
stigmates des inondations de l’été 2010 sont bien présentes avec la
vision de désolation des champs emportés par les flots. On s’engage
au N dans un sentier-rivière avant de bifurquer légèrement à G pour
rejoindre le confluent de deux vallons (30mn, 3640m). On traverse la
rivière pour entrer dans le vallon de G bien que le sentier semble
vouloir continuer pour entrer dans celui de droite… On contourne une
épaule rocheuse par sa base sableuse et par une pente soutenue on
atteint un col qui s’ouvre sur la D, le Temok La (30mn, 3900m). On
découvre une large combe quasi désertique (il y a quand même une
source au beau milieu…) fermée à l’E par le large passage du col
convoité. On suit un sentier bien tracé en RD pour atteindre par une
pente modérée le Cham La (25mn, 4030m). Ki ki So so Lha Gyalo !
Descente sur un sentier qui parcourt la RG d’une large dépression
avant de pénétrer dans un thalweg aux rochers roses. A l’horizon, la
montagne ressemble par ses plissements à la Roche de la Taillante
dans le Queyras. A ses pieds, on devine le village de Skyin Ling. On
rejoint le collet aux chortens qui domine le village perdu dans la
végétation arbustive (35mn, 3600m). Descente sur la D puis
immédiatement à G sur une trace en forte descente qui rejoint la
route goudronnée (10mn, 3540m).

Transfert en voiture jusqu’à Khalatse (Khalsi) à 10kms de Skyin Ling,


village au bord de la grande route NH-1 (tous commerces,
restaurants, T, C, E) puis direction Lamayuru à 20kms pour se poser
dans l’un des campings au pied du monastère (3535m, C, E). Visite
du superbe monastère perché sur son rocher qui domine la vallée.
Nuit sous tente.

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