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A la maison, une fois dans notre chambre, ma mère se débarrassa de son haïk, s'assit sur un matelas et, la

tête dans ses deux mains, pleura silencieusement. Pour la première fois, sa douleur me bouleversait. Cela
ne ressemblait point aux grands éclats et aux lamentations auxquels elle se livrait parfois pour se soulager
le cœur. Ses larmes coulaient sur son menton, s'aplatissaient sur sa poitrine, mais elle restait là, sans
bouger, émouvante dans sa solitude.

Je pleurai, moi aussi, un moment, troublant le silence de puissants reniflements, puis je m'étendis sur le
lit et, les yeux au plafond, j'attendis. Je ne savais pas au juste ce que j'attendais. Le drame du souk des
bijoux comportait nécessairement un dénouement. Quand ma mère parla d'attendre, elle y pensait sans
aucun doute. A nous deux, nous nous mîmes à exécuter notre programme : ma mère pleurait et moi
j'attendais. J’étais rompu depuis longtemps à cet exercice.

Le soir tomba. Les lumières brillèrent à toutes les fenêtres de la maison. Notre pièce restait obscure. Dans
la pénombre, des figures monstrueuses se formaient devant mes yeux, s'effilochaient, se transformaient,
cédaient la place à d'immenses étincelles vertes, revenaient me frôler les paupières de leurs voiles
brunâtres.

Enfin, la voix de mon père troua les ténèbres. Je me mis sur mon séant. Ma mère, abîmée dans sa
douleur, continuait à pousser d'imperceptibles soupirs. Les marches résonnaient de plus en plus
distinctement sous les pas de mon père. La porte de la chambre s'ouvrit, sa silhouette se détacha en noir
épais, sur le gris du mur.

- Pourquoi, dit-il, n'avez-vous point allumé la lampe ? Où sont les allumettes ?

Ma mère, d'une voix de petite fille, répondit :

- Elles sont sur l'étagère, contre la boîte à thé en fer-blanc.

Mon père questionna :

- Si Mohammed dort-il déjà ?

- Non, papa, je ne dors pas.

Il craqua une allumette, souleva le verre de la lampe.

- Que faisais-tu donc dans le noir ? reprit-il

- j'attendais ton retour.

La lampe allumée, ma mère releva la tête. Son visage ruisselait encore de larmes.

Mon père s’en aperçut.

- Pourquoi tant de larmes ? Nous n'avons Dieu merci, aucun sujet de tristesse. J’ai dû vous abandonner
seules pour corriger ce mécréant qui essayait de nous jouer quelque tour de sa façon. Tout est
maintenant rentré dans l'ordre et voici les bracelets.

I- Étude de texte

1-Complétez le tableau suivant :

Titre Auteur Genre Deux œuvres du même


auteur

2- situez le passage par rapport à l’événement précédent.

3-Quel sentiment éprouve lalla Zoubida ? Justifiez votre réponse .

4-Montrez que l’état de la mère a affecté Sidi Mohamed.

5-Qu’est-ce qui va mettre fin à cette situation ?

6-Comment vous trouvez le père du narrateur ?

7-Que va-t-il faire en rentrant ? Que signifie son geste pour Sidi Mohamed ?

8- « , la tête dans ses deux mains, pleura silencieusement »

Relevez une modalisation et précisez sa nature.

9- Pense -vous, comme lalla Zoubida, que les grands éclats et les lamentations soulagent le cœur ?

10- Selon vous, la réaction de lalla Zoubida face aux problèmes vous parait-elle logique ?

II- Production écrite :

Certains pensent que pleurer est propre aux femmes et aux enfants. Qu’en pensez-vous ?

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