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Lundi 18 juillet 2022 à 11 h 12

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18 juillet 2022
La Sorbonne-Nouvelle quitte le Quartier latin, sur fond de polémique
La Matinale du Monde Censier, clap de fin. Cet été, l'université Sorbonne-Nouvelle quitte définitivement ses 3
bâtiments du Quartier latin, amiantés et à bout de souffle. Elle vient d'emménager sur
un campus tout neuf ...

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Lundi 18 juillet 2022

La Matinale du Monde • 1177 mots

Nom de la source

La Sorbonne-Nouvelle quitte le
La Matinale du Monde
Type de source
Presse • Presse Web
Périodicité
Quartier latin, sur fond de
En continu polémique
Couverture géographique
Internationale Par Jessica Gourdon
Provenance
Paris, Ile-de-France, France

C
ensier, clap de fin. Cet été,
l'université Sorbonne-Nou-
velle quitte définitivement ses
bâtiments du Quartier latin, amiantés et
à bout de souffle. Elle vient d'emménag-
er sur un campus tout neuf, près de la
place de la Nation. Enfin ! Neuf ans que
ce projet, reporté à plusieurs reprises,
avait été annoncé par le ministère de
l'enseignement supérieur.
En septembre, les 17 000 étudiants de
cette université parisienne (ancien-
nement Paris-III), connue pour ses for-
mations en langues, civilisations, théâtre
et cinéma, franchiront les portes de ce
bel ensemble vert-jaune-bleu tout en
courbes et trapèzes, conçu par l'archi-
tecte Christian de Portzamparc.
SORBONNE NOUVELLE
Le nouveau campus de l'université
Sorbonne-Nouvelle, dans le 12e
arrondissement de Paris.
président de l'université. Il fallait toute-
fois « faire avec » . Alors, la direction a
réussi à produire des simulations certifi-
ant que « tout rentrait » , grâce à une op-
timisation de l'utilisation des locaux et
des emplois du temps – avec des cours
le samedi et le soir jusqu'à 21 heures.
Mais ces estimations ne prenaient pas
en compte tous les paramètres, notam-
ment que certains cours ne pouvaient
pas avoir lieu en même temps, car
s'adressant aux mêmes étudiants.
« Chantier difficile »

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tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa-
tion est régie par ces lois et conventions.
Certificat émis le 18 juillet 2022 à BU-UNIVERSITE-SOR-
BONNE-NOUVELLE-PARIS-3 à des fins de visualisation per-
sonnelle et temporaire.
Mais la rentrée s'annonce houleuse : le
nouveau campus, bien que de surface
équivalente à l'ancien, ne dispose pas
d'assez de salles pour tous les cours
prévus. Une partie de l'espace a été ab-
sorbée par la salle de spectacle et par
le restaurant du Crous, dont l'ancien site
était dépourvu. De fait, l'établissement
comptera, à la rentrée, une trentaine de
salles en moins.
La bombe à retardement avait été sig-
nalée depuis plusieurs années par les
syndicats. « A mon arrivée, j'avais aussi
Par ailleurs, juste avant l'été, l'université
a découvert le pot aux roses : ses plus
grandes salles – deux amphithéâtres de
500 et 120 places, ainsi que sa vaste
salle de spectacle – ne seront pas utilis-
ables pendant l'année à venir, en raison
d'un défaut de conception. Un énième
litige entre les seize entreprises en
charge du chantier et l'établissement
public d'aménagement universitaire de
la région Ile-de-France, le maître d'œu-
vre. D'autres salles devront voir leur ca-
pacité réduite de moitié, pour des prob-
lèmes de sécurité incendie. « Ce

news·20220718·LMT·6135165
signalé à ma tutelle que le compte n'y chantier aura été très difficile du début
était pas » , abonde Jamil Dakhlia, le jusqu'à la fin » , commente le président

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de l'université. Au total, il a accumulé
quatre années de retard.
Entre le manque de salles et les celles
qui sont inutilisables, l'université se
retrouve donc, quelques semaines avant
la rentrée, au pied du mur. En juin, le
basculement en ligne d'une partie des
cours magistraux des licences a été dé-
cidé. Mais cela ne suffisait pas. Début
juillet, la présidence a proposé de bas-
culer encore d'autres cours en ligne (en-
viron 20 % par semestre), et, carrément,
d'en supprimer d'autres, en dessous d'un
certain seuil d'inscrits. Tollé chez les en-
seignants-chercheurs, les étudiants et les
personnels, qui ont voté, le 11 juillet,
une motion refusant ce principe.
En cette mi-juillet, voilà donc les
équipes de l'université cherchant à la
hâte des salles et amphis supplémen-
taires pour la rentrée dans tout l'est de
Paris : dans les équipements culturels,
les entreprises, les centres de forma-
tions… sans garantie de trouver quelque
chose dans des délais si courts. Et avec
les multiples difficultés que cette organ-
isation éclatée pourrait causer à la ren-
trée. Certaines options, trop chères, ont
d'ores et déjà été écartées, notamment la
tour cylindrique qui abritait l'Office na-
tional des forêts, juste à côté du cam-
pus, reprise par un promoteur. Quatre
salles ont été trouvées dans le 13e ar-
rondissement. Mais on est encore loin
du compte…
« Le déni de ce problème de salles dure
depuis des années. Aujourd'hui, alors
que les emplois du temps sont faits, que
les chargés de cours ont été recrutés, on
se retrouve avec des cours sans salles
et donc une organisation de la rentrée
à revoir entièrement » , commente
Nathalie Peyrebonne, maîtresse de con-
férences dans le département des études
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ibériques . « On va finir par basculer
d'autres cours en ligne, mais ce n'est
pas une solution. Le distanciel, c'est un
mode dégradé d'enseignement. Nous as-
pirons juste à un fonctionnement nor-
mal, pas à être une université au
rabais », poursuit-elle. Sa collègue ger-
maniste Valérie Robert abonde : « La lo-
gistique passe avant les intérêts péda-
gogiques. Là, avec ce manque de salles,
on touche vraiment au cœur de notre
métier. » Paul Malherbe, élu UNEF, étu-
diant en licence de cinéma, craint
surtout que cette situation ne conduise à
une « pérennisation du distanciel ».
Fallait-il garder quelques salles à Cen-
sier ? Impossible : dès septembre, une
partie du site accueillera pendant deux
ans, en parallèle de sa rénovation, des
entreprises et associations sélectionnées
par Plateau Urbain – une agence spé-
cialisée dans l'urbanisme transitoire, qui
avait conçu le projet des Grands Voisins,
à Paris. Et, dès qu'il sera rénové, plus
question pour Sorbonne-Nouvelle d'y
remettre les pieds : les universités Pan-
théon-Assas et Sorbonne Université se
sont ruées sur cette opportunité, et
prévoient déjà de s'y installer.
« Mal-être au travail »
A cette problématique de salles pour la
rentrée s'ajoute le contexte particulier de
Sorbonne-Nouvelle, qui connaît de lour-
des difficultés internes. La « faiblesse
du système d'information, dépourvu de
logiciels de gestion performants et de
tableaux d'indicateurs pertinents » avait
alarmé le Haut Conseil de l'évaluation
de la recherche et de l'enseignement
supérieur, dans un rapport en 2019.
Cette année-là, l'université n'a pas pu
faire certifier ses comptes, en raison
d'une « qualité comptable très mé-
diocre » , rappelle l'Inspection générale
Lundi 18 juillet 2022 à 11 h 12
de l'éducation et de la recherche, dans
un rapport, daté d'avril 2022, que Le
Monde s'est procuré.
Mais c'est surtout un climat social
« fortement dégradé » ces derniers mois
qui inquiète les inspecteurs, qui font état
de situations de « mal-être au travail »
chez nombre de membres du personnel,
un « ressenti de fatigue généralisée ».
Ils constatent que le dialogue social est
devenu « particulièrement difficile » en-
tre la présidence et les organisations
syndicales. Plusieurs cadres ont quitté
l'établissement ces derniers mois.
« Quand on voit que notre université est
en train de se casser la gueule, que la
rentrée est compromise, que des projets
de recherche tombent à l'eau, que les
discussions avec la présidence sont ul-
tra-tendues, il y a de quoi se dé-
courager » , explique au téléphone une
directrice, qui quitte l'université cet été.
Un événement symbolise ce climat :
l'affaire du « mur des congédiés ». L'élé-
ment a fait office de détonateur : fin
2021, la direction a envoyé à une
cinquantaine de contractuels un courrier
pour leur annoncer leur non-renouvelle-
ment. En réponse, des personnels ont
créé une page en ligne ouverte (un
« mur ») recensant, sur un mode pam-
phlétaire, des billets « dont la teneur
générale consiste à caricaturer le climat
social ambiant », rapporte l'inspection.
Pour le président, une ligne rouge avait
été franchie : il a carrément porté plainte
contre deux syndicats, « un fait sans
précédent à la Sorbonne-Nouvelle, et
extrêmement rare dans le paysage uni-
versitaire » , indique l'inspection. Cette
dernière écrit qu'elle avait d'ailleurs
« déconseillé » au président d'utiliser
cette voie juridique, qui avait peu de
chances d'aboutir, et qui risquait d'en-
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gager une « escalade dans le conflit »

. Jamil Dakhlia dit aujourd'hui qu'il n'a
pas mené la plainte jusqu'à son terme,
mais reconnaît qu'il existe un « manque
de confiance » très fort au sein de l'étab-
lissement.

Cet article est paru dans La Matinale

du Monde

/campus/article/2022/07/18/la-sorbonn
e-nouvelle-quitte-le-quartier-latin-sur-fo
nd-de-polemique_6135165_4401467.h
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