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: AG3251 V1
Contrats de l’ingénierie -
Date de publication :
10 janvier 2005 Maîtrise d’œuvre
Résumé Cet article a pour sujet le contrat de maîtrise d’œuvre, le contrat le plus
rencontré et le plus spécifique aux activités d’ingénierie. Selon le type de projet, ce
document doit couvrir l’expression du besoin, la conception du produit et la supervision de
la réalisation de ce même produit par les tierces parties. Une des difficultés de ce contrat
est qu’il doit inclure des règles qui ne sont pas légales ou réglementaires, le cas des
règles qualité. Un modèle de contrat type commenté est présenté en fin d’article.
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Contrats de l’ingénierie
Maîtrise d’œuvre
par Gilles CASTAN
Direction juridique de Thales Engineering & Consulting
Nota : Les opinions développées sont celles de l’auteur et non pas forcément celles de son employeur.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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rédigé de telle sorte qu’il soit facilement utilisable quel que soit le gatoire. D’autres présentations sont envisageables et existent pour se
contenu du Projet en cause : conformer aux usages et réglementations particulières. Il arrive en
— Produit statique tel qu’immeuble, pont, route, etc. ; effet que les accords distinguent les documents généraux des docu-
ments particuliers.
— Produit dynamique tel qu’équipement, procédé, système... ;
— Les documents généraux sont les cahiers des clauses admi-
— programme informatique, etc. (sur la notion de Produit,
nistratives générales qui fixent les dispositions administratives appli-
cf. [AG 3 255]).
cables à toute une catégorie d’accord et les cahiers des clauses
La contrepartie est que nous nous sommes focalisé sur l’objet techniques générales qui fixent les dispositions techniques applica-
spécifique du contrat de maîtrise d’œuvre sans tenir compte de bles à toutes les prestations d’une même nature.
l’existence de règles spéciales ou de secteurs spécifiques. — Les documents particuliers sont les cahiers des clauses
Ce document type est rédigé pour être équilibré et non pas pour administratives particulières qui fixent les dispositions techniques et
être en faveur de l’une ou de l’autre partie (individuellement ou col- administratives propres à un accord spécifique et les cahiers des clau-
lectivement dénommées « Partie » ou « Parties »). Compte tenu des ses techniques particulières qui fixent les dispositions techniques
caractéristiques propres à chaque Projet et des négociations entre nécessaires à l’exécution des prestations prévues propres à un accord
les Parties, celui qui choisit de travailler à partir de ce document doit spécifique. Les documents particuliers comportent l’indication des arti-
procéder à toutes les suppressions, adjonctions ou modifications cles des documents généraux auxquels ils dérogent éventuellement
éventuelles en vue d’assurer l’adéquation du Contrat au Projet, en (cela suppose logiquement que la rédaction des documents généraux
préservant la cohérence interne entre les différentes clauses. soit préalable à la rédaction des documents particuliers).
— Les dispositions techniques (en anglais, technical provisions ou
Commentaires concernant l’économie globale du Contrat de engineering provisions ) sont l’ensemble des documents ayant pour
maîtrise d’œuvre au plan juridique : objet d’exprimer des exigences techniques liées à un accord et les obli-
Au plan juridique, la responsabilité du Maître d’œuvre dans l’exer- gations techniques qui pèsent sur le titulaire de cet accord (ce qui est
cice de sa profession est sujette aux principes généraux du droit qui lui attendu du Produit objet de l’accord, les tâches à accomplir et les outils
sont peu ou prou applicables : associés et les fournitures attendues avec leur lotissement).
— il est de son devoir d’exécuter ses engagements contractuels et
de répondre de ses défaillances ; Une telle présentation suppose néanmoins que les utilisateurs de
— sa responsabilité en matière de responsabilité du fait des tiers cet article disposent des connaissances fondamentales de ces trois
dépend des principes généraux du droit concernant les représentants différents domaines ; c’est l’objet des commentaires qui sont volon-
et les préposés. tairement limités à la gestion externe du Projet, c’est-à-dire aux
Les principales erreurs et négligences du Maître d’œuvre sont les activités ayant potentiellement un impact visible sur les relations
suivantes : contractuelles, la gestion interne du Projet par chaque Partie n’étant
— pour les plans et les spécifications : pas traitée dans ce document.
• ne sont pas remis dans le délai prévu,
• ne sont pas achevés selon soit les dispositions du Contrat, soit Dans ce cadre :
les normes applicables, soit les usages en vigueur dans la profes-
sion, — les rédactions contractuelles de base proposées sont parfai-
• contiennent des informations erronées données aux Entreprises tement en phase avec les dispositions du droit français ;
à l’occasion de leur mise en concurrence ; — les commentaires recourent avant tout au vocabulaire usuel-
— les offres les plus basses ou les coûts réels sont supérieurs aux lement rencontré dans le monde de la qualité eu égard à leur dif-
coûts réels autorisés par le Contrat ; fusion dont témoigne le nombre croissant d’entreprises qui se font
— le Maître d’œuvre est défaillant dans l’administration du Marché certifier ISO avec les conséquences explicites et implicites qui en
conclu entre le Client et l’Entreprise. découlent.
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2. Prise en compte de règles Selon le Projet en cause, un Plan peut être plus ou moins
complexe, de 20 à plus de 1 000 pages ! L’enjeu est de dimensionner
autres que légales le contrôle du Projet ainsi que ses coûts associés. Rédiger et mettre
en œuvre un Plan est un surcoût évident par rapport à une mission
d’ingénierie standard, surtout lorsqu’on songe que les Plans que
Tout rédacteur d’un tel document doit tenir compte de règles qui l’on rencontre usuellement sont, entre autres, les suivants : (0)
ne sont pas légales ou réglementaires et ne se trouvent pas
incluses dans des Codes (Code civil, Code du Commerce, etc.). Il en • plan d’ingénierie
• plan d’acceptation ;
est ainsi des règles qualité. et de développement ;
• plan d’intégration/
Commentaires concernant la qualité et l’assurance de la qualité : validation ; • plan de contrôle et d’essais ;
On appelle qualité l’ensemble des caractéristiques d’une entité • plan de développement ; • plan de développement logiciel ;
qui lui confèrent l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés et • plan de documentation ; • plan (ou spécification) d’essais ;
implicites. L’obtention d’une qualité satisfaisante implique l’ensemble • plan de fiabilité ;
des phases de la boucle de la qualité. Les contributions à la qualité de • plan de formation ;
• plan de gestion de Projet ;
ces différentes phases sont parfois considérées séparément pour les • plan de la justification • plan de gestion de configuration ;
distinguer, comme par exemple la qualité due à la définition des de la définition ; • plan de maintenabilité ;
besoins, qualité due à la conception du produit, qualité due à la • plan de maintenance ;
conformité, qualité due au soutien tout au long du cycle de vie du Pro- • plan de management ;
• plan de management • plan de production ;
duit. Le terme « qualité » n’est utilisé isolément ni pour exprimer un et de l’ingénierie système ;
degré d’excellence dans un sens comparatif, ni pour des évaluations • plan de réalisation ;
• plan de qualification ;
techniques dans un sens quantitatif. Pour exprimer ces deux sens, un
• plan de soutien intégré ; • plan de soutien logistique
adjectif qualitatif doit être utilisé. Par exemple, on peut employer les intégré ;
termes suivants : • plan de sûreté
de fonctionnement ; • plan de test ;
— qualité relative : lorsque les entités sont classées en fonction
de leur « degré d’excellence » ou d’une manière « comparative » ; • plan de test du logiciel ; • plan du programme qualité
— niveau de qualité : dans un sens quantitatif (tel qu’employé • plan qualité. pour le logiciel ;
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Commentaires concernant les trois éléments de base de la Commentaires concernant les caractéristiques de la configura-
configuration : tion :
La Configuration est l’ensemble des caractéristiques fonctionnelles et La configuration se caractérise par :
physiques d’un Produit (système, matériel, logiciel ou leur combinaison), — sa capacité à être identifiée (l’identification d'une configu-
définies par les documents techniques et obtenues par le Produit. ration comprend les activités destinées à déterminer les constituants
La gestion de configuration est la discipline qui consiste à assurer du Produit, à choisir les articles de configuration, à fixer dans des
la conduite et la surveillance technique et administrative du cycle de documents les caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un arti-
vie des articles de configuration. Concernant les articles de cle de configuration, y compris les interfaces et les évolutions ulté-
configuration physiques, il s’agit d’identifier et documenter les carac- rieures et à allouer des caractères ou des numéros d’identification aux
téristiques fonctionnelles et physiques des articles de configuration, de articles de configuration et à leurs documents) ;
contrôler les évolutions des articles de configuration et leur documen- — et les différents états de configuration parmi lesquels :
tation connexe, de consigner et fournir l’information nécessaire à une
• Configuration de référence : configuration d’un Produit, formel-
gestion effective des articles de configuration notamment sur la situa-
lement identifiée à un moment du cycle de vie du Produit et figée par
tion des évolutions envisagées et la situation de la mise en place des
la Spécification Technique de Besoin et le Dossier de Définition du
évolutions approuvées et d’auditer des articles de configuration pour
Produit, à partir desquels les autres configurations sont identifiées
assurer qu’ils sont conformes aux spécifications, aux dessins, aux
au moyen de leurs écarts par rapport à la référence (activités ulté-
documents de contrôle des interfaces et aux autres conditions
rieures de gestion de configuration).
contractuelles. Concernant les fichiers de données numériques, il
• Configuration définie : état de la configuration décrit à un
s’agit de l’application d’un choix de principe retenu pour identifier les
instant donné par le Dossier de Définition du Produit.
configurations et rendre compte de leur situation de façon à attribuer
une identification exclusive aux fichiers de données digitales, y • Configuration applicable (aussi appelée « Configuration
compris aux versions des fichiers et à leur situation (par exemple : de approuvée courante ») : configuration identifiée par ses écarts par
travail, autorisée, présentée, approuvée) et relever et fournir l’informa- rapport à une configuration de référence, ces écarts (évolutions ou
tion nécessaire à la gestion effective des fichiers de données, y dérogations avant production) ayant été acceptés par la procédure
compris sur la situation des versions mises à jour des fichiers. contractuelle d’approbation.
L’article de configuration est un ensemble (ou l’un de ses éléments • Configuration appliquée (« telle que réalisée ») : configuration
distincts) qui satisfait la fonction de l’utilisation finale et que le Client a d’un Produit, identifiée par une configuration applicable à laquelle
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déclaré devoir faire l’objet d’une gestion séparée de la configuration. s’ajoutent les écarts éventuels traités par des dérogations acceptées
L’article de configuration doit être identifié au moyen d’une documen- caractérisant les anomalies de réalisation. La configuration appliquée
tation et doit répondre au moins à l’un des critères suivants : correspond à la notion de « telle qu’elle est réalisée à l’acceptation
— sa technologie, son fonctionnement ou sa fonction sont du Produit ». Elle vise à déterminer les écarts avec la configuration
considérés comme des points à surveiller par le Client ; applicable, ces écarts de configuration conduisent à des remises à
— il fait l’objet d’un développement organisé de sorte que tout ou hauteur du Produit concerné, ou, le cas échéant, lors de l’accepta-
partie des produits qui le constituent sont développés spécifique- tion, à des dérogations. À la suite de cette étape, la configuration
ment, globalement ou partiellement au titre du Projet. appliquée peut être amenée à subir des évolutions tout au long de la
vie des produits. On peut ainsi en repérer des états particuliers : la
configuration appliquée livrée représentant son état au moment
de la livraison, la configuration appliquée opérationnelle repré-
Commentaires concernant la décomposition du Produit :
sentant son état dans la phase opérationnelle, etc.
Un Produit est décomposé de façon arborescente, par niveaux
Dans ce contexte, il faut enregistrer les différents états de confi-
successifs en articles constituants plus simples. Cette arborescence se
guration (enregistrer et présenter sous des formes définies les docu-
crée progressivement :
ments établis pour la configuration, l’état des demandes d’évolutions,
— de la phase « Exploration du concept » jusqu’à la phase « Déve- de la mise en œuvre des évolutions et des dérogations approuvées).
loppement », les exigences pour le Produit sont déclinées jusqu’aux
articles de configuration désignés pour le développement ; c’est
l’arborescence de développement ;
— à partir de la phase « Développement », la description du Pro-
duit se complète à partir de l’arborescence de développement, niveau 2.3 L’organigramme des tâches
par niveau, jusqu’aux composants élémentaires ; c’est l’arborescence
de définition. Certaines entreprises considèrent que créer un organigramme
Les notions de type d’article de configuration, de composé, etc. doi- des tâches (ci-après dénommé « OT » ; en anglais, work
vent être caractérisées par un ou des attributs. breakdown structure ) serait une contrainte de mise en œuvre des
La représentation jusqu’aux unités fonctionnelles de l’arborescence règles qualité usuelles. Même si cette technique peut parfois s’avé-
de définition est le « schéma d’articulation » ; ce document fait partie rer appropriée, cette opinion est une erreur. En effet, l’OT a été
du Dossier de Définition [AG 3 254] du Produit global. imposé et continue à l’être par le Ministère américain de la Défense
On désigne normalement : nationale pour comparer les coûts de ses différents achats d’inves-
tissements, opération par opération. On le voit, l’objet spécifique
— bloc d’identification d’un Produit : le bloc d’identification du de l’OT n’est absolument pas une pratique propre à améliorer la
Produit composé du code fabricant et de la référence fabricant (qui est
mise en œuvre technique des investissements mais un outil de
une combinaison de caractères attribuée par le concepteur responsable
contrôle de gestion financière. Là encore, créer un OT n’est pas
de la définition pour identifier un produit de sa responsabilité) ;
inhérent aux activités de l’ingénierie et représente un surcoût lié à
— composant : tout article entrant dans un assemblage pour
sa mise en œuvre en termes de gestion de Projet.
constituer l’article situé au niveau immédiatement supérieur dans
l’arborescence considérée (le composant n’est pas décomposable) ; C’est si vrai que la norme MIL-HDBK- 881-1993 définit le contrôle
— composé : tout article obtenu par l’assemblage d’autres articles comptable par référence spécifique à l’OT (Intersection de l’élé-
(les composants situés au niveau immédiatement inférieur dans ment du work breakdown structure et de l’unité de l’organisation
l’arborescence) ; concernée, incluant un ou plusieurs lots de travaux. C’est à ce
— composé logistique : tout article à la fois échangeable et répara- niveau que les performances techniques, les budgets, les délais,
ble par échange de ses constituants dans le cadre de sa maintenance. les attributions de tâches, la comptabilité, l’évaluation de l’avance-
La relation composant-composé est gérée dans la nomenclature des ment, l’identification des problèmes et les actions correctives sont
articles. définis).
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Par acte matériel ou intellectuel, on entend tout fait juridique, — le présent document ;
c’est-à-dire toute sorte d’événement résultant de situations de pur fait — annexe 1 : les dispositions administratives [AG 3 254] ;
tels que la naissance, la mort ou l’âge ou bien d’actions matérielles
— annexe 2 : les dispositions techniques [AG 3 255] ;
et/ou intellectuelles qui entraînent par leur existence même une
création, une modification ou une transmission de droit. — annexe 3 : les dispositions financières [AG 3 256].
Dans le silence du Contrat de Maîtrise d’œuvre, le droit français Ces documents annulent et remplacent toutes communications
recourt volontiers à la qualification unique de contrat de louage verbales et/ou écrites pouvant être intervenues entre les Parties
d’ouvrage et d’industrie alors que le droit suisse recourt plutôt à la qua- quant à l’objet du Contrat. Chaque Partie renonce à se prévaloir de
lification unique opposée de mandat. Dans la mesure où l’on se situe ses propres conditions générales dans le cadre de la formation, de
dans un espace de liberté contractuelle, il a été choisi de faire coller le l’exécution et de la liquidation du Contrat.
texte du Contrat de Maîtrise d’œuvre à la réalité du terrain : le Maître
d’œuvre est fréquemment le représentant du Client à l’égard des ■ Clause D : Entrée en vigueur, durée
Entreprises qui contractent directement avec lui et a donc un rôle de
Sauf disposition contraire en annexe, le Contrat est formé et
mandataire dans ce cadre. Il est réputé locateur d’ouvrage et
entre en vigueur par sa signature par les Parties.
d’industrie pour toutes ses autres Prestations.
Si l’on retient la solution unique de locateur d’ouvrage, il faut modi- L’exécution des Prestations débute à la date de formation du
fier la clause A du présent document et l’annexe 1 [AG 3 254] , clause Contrat.
relative à la direction de l’exécution du ou des Marchés. Le Contrat prendra fin après parfaite et totale exécution des Pres-
Quelle que soit la solution retenue, il est clair que celui qui exécute tations et extinction des droits et obligations que chaque Partie
le Contrat doit s’abstenir d’ordonner des modifications aux tient du Contrat.
contenus des Marchés sans avoir obtenu à l’avance l’autorisation
Commentaire concernant l’entrée en vigueur et la formation du
préalable écrite du Client. Deux modèles différents de fiches de
Contrat :
modification sont proposés en annexe 1 [AG 3 254].
Il peut être pertinent d’adapter ce texte par l’inclusion de conditions
Commentaire concernant la nature juridique des Marchés : suspensives d’entrée en vigueur du Contrat. La condition suspensive
Au plan juridique, la nature des Marchés peut être les suivants : (en anglais désigné condition precedent) est celle qui dépend d’un évé-
— Contrat de louage d’ouvrage et d’industrie (en anglais désigné nement futur et incertain. L’obligation ne peut être exécutée avant la
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