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: BM5080 V2
Structures en matériaux
Date de publication :
10 octobre 2013 composites stratifiés
Mots-clés Résumé Cet article propose un socle de connaissances des structures composites
stratifiés | fabrication | calcul | stratifiées. Les principaux matériaux d'usage sont présentés, ainsi que leurs déclinaisons
transports | loisirs
commerciales et les principaux moyens de mise en oeuvre. Les méthodes de
prédimensionnement usuelles se basant sur la théorie des stratifiés classiques sont
développées : calcul des contraintes dans les plis, critères de rupture associés,
flambement, calcul d'assemblages. Les questionnements plus avancés comme l'impact, la
fatigue, les endommagements ou le vieillissement sont aussi abordés.
Keywords Abstract A knowledge base on laminated composite structures is offered by this article.
laminates | manufacturing | The main materials used are presented, as well as their commercial variations and their
sizing | transportation | leisure
major implementation means. The usual pre-design methods based on the theory of
traditional laminates are developed: the calculation of stresses in the folds, associated
criteria of rupture, buckling and joining. More advanced issues such as impact, fatigue,
damage or aging are also dealt with.
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Structures en matériaux
composites stratifiés
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de la structure. Par exemple, dans le cas d’ensembles fibres plus matrices aux-
quels nous allons restreindre l’article, si l’on considère un ensemble de fibres
unidirectionnelles, c’est-à-dire orientées toutes dans la même direction, assem-
blées par une résine, on est en présence d’un pli unidirectionnel. Ce matériau
présente d’excellentes propriétés en traction dans le sens des fibres, mais dans
cette même direction, la résistance en compression est plus faible car le scé-
nario de rupture est piloté par la résine. De plus, ce matériau est :
– globalement homogène du point de vue macroscopique (pour un volume
élémentaire, les caractéristiques macroscopiques sont les mêmes) ;
– anisotrope (les caractéristiques dépendent de la direction considérée).
Il ne faut pas oublier que ces matériaux ne résistent correctement que dans
une seule direction : celle des fibres. S’il existe des sollicitations équivalentes
dans les directions x et y, il faudra disposer des fibres dans ces deux direc-
tions. Sachant que les fibres orientées suivant l’axe x n’amènent quasiment
aucune résistance suivant l’axe y, un matériau comportant 50 % de fibres à 0o
et 50 % de fibres à 90o aura alors des caractéristiques spécifiques deux fois
plus faibles que celles du matériau unidirectionnel. S’il existe en plus des
efforts à 45o et – 45o (cas des directions principales en cisaillement), il faudra
disposer des fibres dans ces directions et cette fois les caractéristiques spécifi-
ques seront presque divisées par quatre. Lorsque l’on a disposé des fibres
avec le même pourcentage dans les directions 0o, 45o, – 45o et 90o, le matériau
résultant a un comportement quasi isotrope dans le plan.
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En fait, dans la réalité les structures sont en général soumises à des efforts très
différents suivant les directions et il ne sera donc pas nécessaire de disposer
autant de fibres dans les quatre directions 0o, 45o, – 45o et 90o. Le travail de
l’ingénieur consistera à choisir le drapage optimisé permettant de résister aux
sollicitations extérieures. C’est cette optimisation du drapage qui permettra
d’obtenir des structures présentant un rapport performance/masse élevé.
Cet article a donc pour objectif de présenter un socle commun de connaissances
des structures composites stratifiées qui doit permettre de comprendre les parti-
cularités de leur comportement. Il présente aussi les méthodes de
prédimensionnement les plus classiques des jonctions et en flambement.
■ Résines thermodurcissables – résines polyesters : bon accrochage sur les fibres, prix bas,
mais retrait important et tenue réduite à la chaleur humide ;
Une résine thermodurcissable est une formulation de différents
produits appartenant essentiellement à la chimie organique, qui – résines vinylesters : caractéristiques mécaniques supérieures
possède la propriété de passer de façon irréversible d’un état aux résines polyester, faible absorption d’eau et bonne durabilité.
liquide à un état solide. Elles se subdivisent de la façon suivante : Elles sont utilisées pour les structures marines ;
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■ Autres résines
3000 Pour essayer de cumuler les avantages en termes de tenue
mécanique des résines thermodurcissables et la ténacité des rési-
nes thermoplastiques, des résines dites « améliorées » ont été
mises sur le marché. Ce sont en fait des résines thermodurcissa-
Carbone T300 bles avec une phase importante de thermoplastique allant jusqu’à
Kevlar 29 30 % (exemple : M21E). Ces résines permettent d’améliorer la
Kevlar 49 Carbone M60
2000 tenue à l’impact, mais elles sont d’une mise en œuvre délicate qui
doit être maîtrisée. Les phases thermoplastiques peuvent être
obtenues par poudrage des pré-imprégnés.
1000
Verre E
1.2 Fibres
TA6V Les principales fibres utilisées sont les fibres de verre, de
Acier carbone et de Kevlar.
AU4G
0 ■ Fibres de verre
0 100 200 300
E/d (MPa) Elles sont fabriquées par étirage rapide de baguettes de verre de
fibres quelques dixièmes de millimètre de diamètre, sortant d’une filière
pli unidirectionnel chauffée par effet Joule.
E module d’Young
R résistance à la rupture en traction
L’étirage peut être produit suivant les deux méthodes suivantes :
d densité – le procédé mécanique, dénommé Silionne, dans lequel
l’étirage est réalisé par la traction due à l’enroulement du fil sur
Figure 1 – Rapport performance densité de quelques fibres (seules) une broche tournant à grande vitesse ; on obtient des fils
et en plis unidirectionnels continus ;
– le procédé pneumatique, dénommé Verranne, dans lequel
l’étirage est produit par entraînement des fibres sous l’action d’un
– résines époxydes : ce sont les plus utilisées dans l’industrie jet d’air sous pression ; on obtient des fibres courtes.
aéronautique : bon accrochage sur les fibres, faible retrait au
moulage (de l’ordre de 0,5 %) et bonnes propriétés mécaniques. Seul le premier procédé permet d’obtenir des matériaux
Elles peuvent garder d’excellentes caractéristiques jusqu’à une présentant des caractéristiques mécaniques élevées. Il existe, dans
température d’environ 160 oC ; chaque procédé, suivant les compositions chimiques, plusieurs
– résines phénoliques : ayant de moins bonnes propriétés méca- types de verre dont les propriétés caractéristiques sont les
niques que les résines époxydes, elles ne sont utilisées que suivantes :
lorsqu’il y a des exigences vis-à-vis de la tenue au feu (toxicité) ; – verre E : usage général, bonnes propriétés électriques ;
– résines polyimides ou bismaleimides : de mise en œuvre – verre D : hautes propriétés diélectriques ;
difficile, chères, elles sont surtout utilisées pour les applications – verre C : bonne résistance chimique ;
haute température : jusqu’à 170 oC en continu et une limite à – verres R ou S : haute résistance mécanique.
300 oC.
La fibre de verre R ou S a une résistance mécanique élevée et
■ Résines thermoplastiques une rigidité moyenne. Sa densité relativement élevée par rapport
aux autres fibres explique sa position médiane lorsqu’on la
Les résines thermoplastiques présentent la propriété de passer
compare du point de vue des propriétés spécifiques aux autres
de façon réversible de l’état solide à l’état pâteux. Elles présentent
fibres (figure 1). Il ne faut cependant pas oublier que c’est la fibre
plusieurs avantages provenant directement de leur définition :
la moins chère du marché.
– mise en œuvre rapide possible par thermoformage ;
– possibilité de soudage et de recyclage du fait de la ■ Fibres de carbone
réversibilité. Elles sont obtenues par pyrolyse de fibres polyacrylonitriles
Toutefois, le travail de ces résines exige des hautes températu- (PAN) ou de BRAI. Ces précurseurs sont d’abord oxydés à une
res (300 à 400 oC) ce qui est coûteux. Elles ont une meilleure téna- température de l’ordre de 300 oC puis ensuite carbonisés en
cité que les résines thermodurcissables, elles devraient donc atmosphère neutre à des températures de 700 à 1 500 oC. A la fin
permettre d’améliorer la tenue au choc des composites. Les rési- de la carbonisation on obtient des fibres à Haute Résistance HR.
nes thermoplastiques avaient au départ deux graves défauts : une Un traitement supplémentaire de graphitisation entre 2 000 et
faible tenue en température et peu de résistance aux solvants. Des 3 000 oC permet d’obtenir des fibres à Haut Module HM. Il existe
produits ont été étudiés pour pallier ces défauts : aussi des fibres de carbone à Module Intermédiaire IM. Ces fibres
subissent toutes un traitement de surface et un ensimage pour
– les polyéthersulfones (PES) ; faciliter l’accroche des résines. De par leur méthode de fabrica-
– les polyétherimides (PEI) ; tion, les fibres de carbone sont très anisotropes. Les propriétés
– les polyétheréthercétones (PEEK) ; mécaniques transversales sont beaucoup plus faibles que les
– les polysulfures de phénylène (PPS). propriétés longitudinales. Les fibres de carbone sont des fibres
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conductrices, de masse volumique faible, ayant de très bonnes Ces produits se présentent sous différentes formes décrites
propriétés mécaniques et un coefficient de dilatation nul ou fai- ci-après.
blement négatif.
■ Nappes unidirectionnelles (UD)
■ Fibres aramides
Les nappes (appelées rubans dans certains cas) sont constituées
Les plus connues sont les fibres commercialisées par Du Pont de de fibres parallèles entre elles orientées dans une seule direction.
Nemours (États-Unis) sous le nom de Kevlar. Ces fibres sont des La cohésion transversale est assurée :
polyamides aromatiques. Elles présentent une masse volumique
très faible, de très bonnes caractéristiques spécifiques en traction, – pour les préimprégnés, par la résine ;
un coefficient de dilatation négatif. Elles présentent aussi d’intéres- – pour les nappes sèches : soit par un ruban adhésif disposé
santes propriétés aux chocs. Elles ont l’inconvénient d’avoir une suivant un pas déterminé (ce ruban peut créer des problèmes en
faible résistance en compression, une forte reprise d’humidité, fatigue sur le matériau final) ; soit par un léger tissage, on obtient
d’être sensibles aux rayons ultraviolets et leur mise en œuvre est alors un tissu unidirectionnel dans lequel la masse de fibres dans
réputée difficile. le sens chaîne représente 98 % de la masse totale et les 2 %
restants assurent la cohésion transversale et sont perdus pour la
■ Autres fibres résistance en traction dans le sens longitudinal.
• Les fibres de bore sont réalisées par un dépôt en phase
vapeur du bore sur un filament de tungstène. Ces fibres, qui sont ■ Tissus
chères, ont de très bonnes caractéristiques mécaniques et ont été Le tissu est constitué par l’entrecroisement de fils de chaîne et
utilisées en aéronautique jusque dans les années 1980. de fils de trame. Un tissu est équilibré si le poids de chaîne est
• Les fibres de basalte sont obtenues par filage de roches volca- égal au poids de trame. Il est appelé unidirectionnel si le poids de
niques fondues. Les caractéristiques mécaniques sont supérieures chaîne représente plus de 70 % du poids total.
aux fibres de verre et leur plage d’utilisation va de – 260 à Les armures les plus courantes (figures 3 et 4a) sont les
+ 820 oC. Ces fibres sont très résistantes aux agressions chimiques suivantes :
et au feu et leur usage est croissant malgré un coût très supérieur
aux fibres de verre. – le taffetas dans lequel les fils de chaîne et de trame s’entrecroi-
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a b c
Figure 2 – Bobine de mèches de carbone (a ), tissu taffetas de verre (b ) et rouleau de mat de verre (c )
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a b c
Figure 3 – Différents types d’armures 2D : taffetas (a), satin de 5 (b) et sergé 2/2 (c)
Les bidimensionnelles
Circulaire
Tressé Figuré Biaxial
Plat
Triaxial
Stratifié cousu (tissé et non tissé)
Cousu Sandwich cousu
...
Les tridimensionnelles
Couche-couche
Interlock 2,5D
Interlock 3D Couche à couche
Tissé
Interlock orthogonal
Solide 2-pas
Tressé Cartésien 4-pas
Tubulaire Multi-pas
Figure 4 – Types de préforme textile (a) et exemple de tissage 3D interlock (b) [10]
■ Tissus 3D et interlocks
Les tissus 3D regroupent un très grand nombre de types de
2. Méthodes de fabrication
tissages (figure 4a ). L’intérêt de ces types de tissage réside dans
le tissage de fils selon l’épaisseur qui permet de maintenir les Il existe de nombreuses méthodes de fabrication et variantes.
différentes couches entre elles, limitant ainsi les endommage- On se limitera dans cette partie aux méthodes censées permettre
ments de type délaminage présents dans les UD ou tissus 2D. d’obtenir des pièces de qualités aéronautiques (volume de fibre
Grâce au tissage 3D, ils permettent également la fabrication directe > 65 % et de porosités < 1 %) sinon on pourra se reporter aux
de structures complexes. Une application sont les aubes de fan de articles des Techniques de l’Ingénieur [AM 3 718], [AM 3 719]. On
réacteur d’avion [11]. En contrepartie, les caractéristiques mécani- peut distinguer les méthodes de fabrication de préimprégnés et
ques planes sont plus faibles et le coût de ce type de tissage est celles par voie liquide réservées aux tissus secs.
supérieur aux structures UD ou tissées 2D.
■ Mats ■ Méthodes pour préimprégnés
Ils sont réalisés par des ensembles de fils dont les longueurs • Moulage au sac en autoclave ou marouflage : la pression est
sont généralement de l’ordre de 50 mm (figure 2c). Assemblés exercée par l’intermédiaire d’une membrane en insérant la pièce et
avec de la résine, ils donnent des stratifiés ayant un comportement le moule dans un autoclave (figure 5), les produits volatils sont éli-
quasi isotrope mais des caractéristiques beaucoup moins élevées minés en faisant le vide entre la membrane et le moule. Un tissu
que les tissus ou les nappes. En contrepartie, ils permettent des de drainage permet d’assurer le débullage de façon uniforme.
cadences de fabrication élevées et un prix de revient inférieur. Ils L’ajustement de la quantité de résine s’obtient par l’intermédiaire
permettent également d’utiliser des produits de recyclage, de type de la pression, un tissu d’absorption récupérant la résine en excès.
chutes de découpe d’un procédé UD. Ce procédé permet d’élaborer des pièces reproductibles
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Tissu à délaminer
Vide
Mastic
d’étanchéité
Cale Cale
Outillage (marbre)
Figure 5 – Marouflage
• Moulage à la presse : la pièce est comprimée entre un moule d’un pli élémentaire
et un contre-moule par l’intermédiaire d’une presse ; dans cette
technique, suivant la forme des pièces, l’élimination des produits Un pli unidirectionnel (figure 8) est composé de fibres longues,
volatils ainsi que la pression exercée ne sont pas uniformes en parallèles entre elles, orientées suivant une seule direction. Ces
tous les points de la structure. Ce procédé n’est pas applicable fibres sont liées par une résine. Pour pouvoir dimensionner une
pour des pièces de faible conicité, mais il permet des cadences de structure, il est nécessaire de caractériser ce pli en rigidité et en
fabrication intéressantes. résistance. Considérons une éprouvette parallélépipédique réalisée
• Moulage à l’aide d’un mandrin expansible : la pièce est drapée avec ce matériau et définissons le repère orthonormé {O , , t , z }
dans un moule. On insère ensuite, avant de fermer le moule, un tel que l’axe {O , } soit parallèle à la direction des fibres ( : sens
matériau expansible, un élastomère silicone par exemple dont le long, t : sens travers, z : sens normal au plan) (figure 8). Pour ce
coefficient de dilatation est 10 fois celui de l’aluminium. Le moule matériau, avec le repère considéré, les trois plans perpendiculaires
est mis en étuve et sous l’effet de la température le mandrin
expansible assure la pression. Il est nécessaire de calculer la forme {O , , t }, {O , t , z }, {O , , z } sont des plans de symétrie. On dit que
le matériau est orthotrope, et on appelle repère local du pli le
du mandrin pour ajuster la valeur de la pression appliquée.
repère {O , , t , z } .
• Bobinage (ou enroulement) filamentaire : une bande de fils
préimprégnés continus est enroulée sous légère tension, suivant
des directions préférentielles, sur un mandrin, démontable ou 3.1 Relations contraintes-déformations
soluble. On obtient ainsi des pièces de révolution présentant
d’excellentes caractéristiques mécaniques. Les essais montrent que, quel que soit le chargement, les
déformations sont proportionnelles aux efforts. Le matériau pré-
• Placement de fibres : des têtes robotisées déposent soit des sente un comportement élastique linéaire. Par contre, à la
bandes, soit des mèches sur des préformes. De cette manière, il différence d’un matériau isotrope classique (alliage léger, acier),
est possible de draper des pièces de grandes dimensions en ayant on observe des propriétés différentes suivant les directions
une productivité accrue par rapport à la dépose manuelle. considérées. Ce matériau est anisotrope.
■ Procédés par voie liquide pour tissus secs Nous allons dans une première phase étudier, de manière
macroscopique, dans le repère d’orthotropie, le comportement de
• RTM (Resin Transfert Molding) : une préforme sèche est pla- ce matériau pour les trois sollicitations élémentaires suivantes :
cée dans un moule fermé et une résine suffisamment liquide est – traction-compression suivant la direction {O , } ;
injectée dans le moule. Puis la polymérisation est réalisée in situ
(figure 6). – traction-compression suivant la direction {O , t } ;
• RFI (Resin Film Infusion) : la technique du marouflage est – chargement de cisaillement pur dans le repère {O , , t } .
reprise en insérant un film de résine dans l’empilement. Lorsque le Le cas général est résolu par combinaison linéaire de ces cas de
vide se fait, la résine diffuse dans le stratifié (figure 7). base.
• LRI (Liquid Resin Infusion) : des plis drainants sont utilisés en ■ Traction-compression simple suivant le sens long {O, }
surface du stratifié pour amener la résine qui infuse dans
Sous l’effet d’une sollicitation de traction simple générant une
l’épaisseur lorsque le vide est réalisé.
contrainte σ , la structure subit dans la direction {O , } un allon-
Pour le LRI comme pour le RFI, la polymérisation se fait par gement relatif ε et un raccourcissement relatif εt dans la direction
défaut à l’aide d’un moule chauffant ce qui est un procédé écono-
mique. Pour certaines pièces aéronautiques, le stratifié infusé est {O , t } (figure 9). Puisque l’effort s’exerce suivant un axe du repère
cuit sous pression à l’autoclave. d’orthotropie, c’est-à-dire suivant un axe de symétrie du matériau,
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Piège à résine
Préforme sèche
Résine
liquide Compresseur
Récipient chauffant
Figure 6 – RTM
Sac à vide
Feutre de drainage
Préforme
Film de résine
Étanchéité
Moule
Figure 7 – RFI
l’effort de traction ne génère pas de variation de l’angle droit encore dirigé suivant un axe d’orthotropie. Le module d’Young sens
(déformée figure 9) et la composante ε t du tenseur de déforma- travers Et et le coefficient de Poisson ν t sont définis par :
tion est nulle. On définit un module d’Young longitudinal E et un 1 ν
coefficient de Poisson ν t par les relations suivantes : ε t = σ t ; ε = − νt ε t = − t σ t
Et Et
1 ν
■ Chargement de cisaillement pur
ε = σ ; ε t = − ν t ε = − t σ Sous une sollicitation de cisaillement pur τ t , l’angle droit se
E E
déforme sans qu’il apparaisse de déformations ε et ε t (ce résultat
peut se démontrer en utilisant le théorème de réciprocité de
■ Traction-compression simple suivant le sens travers {O, t }
Maxwell-Betti et les résultats précédents ou par des considérations
De façon analogue au cas précédent, générons un effort de d’antisymétrie). Le module de cisaillement Gt est défini par la
traction suivant la direction {O , t } . Cet effort implique une contrainte relation :
normale σt . La structure subit un allongement relatif εt , un raccour-
cissement ε et une distorsion angulaire ε t nulle, car l’effort est τ t = 2 G t ε t
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E ν t E
1− ν ν 0
1− ν t ν t
σ t t ε
ν t E t Et
Figure 8 – Pli unidirectionnel σ t = 0 εt (2)
τ 1− ν t ν t 1− ν t ν t γ
t 0 0 Gt
t
1
α=
D 1− ν t ν t
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σ
Et on peut écrire :
P1 P2
σ α E α ν t E 0 σ ε
y
σ t = α ν t E t α Et 0 σ t = [Q]t ε t (3)
t τ 0 0
Gt τ t γ
D t t
P1
P2
où [Q ]t est la matrice de raideur du pli exprimée dans les axes
θ x
d’orthotropie {O , , t } .
O σx
{ O, , t } repère d’orthotropie P1 position initiale Remarques
D direction des fibres P2 position déformée • Termes de couplage S13 , S23 : la relation a été établie dans
le repère d’orthotropie {O , , t ; z } . Les termes S13 et S23 sont
Figure 9 – Comportement en traction en fonction de la direction
des axes d’orthotropie nuls (idem pour Q13 et Q23). Il n’existe pas, dans ce repère, de
couplage entre effort normal et distorsion angulaire. Si la rela-
tion est écrite dans un autre repère, par exemple le repère
ou, en fonction de l’angle de cisaillement γ t :
{O , x , y , z } dont l’axe Ox fait un angle θ avec la direction des
fibres, alors les termes S13 et S23 sont différents de zéro. Un
τ t = G t γ t effort de traction suivant la direction Ox génère une distorsion
de l’angle droit (figure 9). À la différence des matériaux
Il est important de remarquer que pour un matériau orthotrope isotropes, la relation contraintes-déformations dépend du
le module de cisaillement est une caractéristique indépendante repère considéré.
des modules E et E t . Il doit être déterminé expérimentalement. • La matrice de souplesse est symétrique : cela est dû au fait
que les matrices des contraintes et déformations sont
■ Cas général elles-mêmes symétriques. On peut aussi le démontrer à l’aide
Lorsque s’exercent simultanément les contraintes σ , σ t et τ t du théorème de Maxwell-Betti [1]. De ce fait, on a la relation :
les déformations résultantes sont la somme des déformations pro-
ν t ν t
venant des chargements élémentaires. On obtient la loi de =
comportement du pli en termes de souplesses : E Et
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c 2 ν t s 2 sc
− 0
ᐍ
t E E t 2Gt
t F sc s 2 ν t c 2
[ε ]t = E − E 0
S 2Gt t
t
y 0 0 0
O
F c4 s4 s 2 c 2 ν t 1 2 2
a b c εx = + −2 + s c
S E Et E G t
Figure 10 – Essais de caractérisation
Dans cette équation toutes les valeurs sont connues sauf Gt.
■ Détermination expérimentale des coefficients
– le
tenseur
des contraintes est calculé dans le repère σ t = f σ fibre
t
{O , x , y , z } :
avec f fraction volumique des fibres.
F Pratiquement le taux de fibre est d’environ 50 % en volume et la
S 0 0
résistance en traction d’un composite est donc environ la moitié de
[σ ]xy = 0 0 0 celle des fibres pour un UD et environ un quart de celle des fibres
0 0 0 pour un tissu (50 % de fibres en sens chaîne et 50 % en trame). On
trouve expérimentalement une valeur plus faible. Cela s’explique
par le fait que :
– les fibres ne sont pas équitendues ; elles ne supportent pas
– par changement de repère, le tenseur est déterminé dans le toutes le même effort ;
repère d’orthotropie {O , , t , z } : – les fibres ne sont pas parfaitement rectilignes à l’intérieur de la
matrice ; à l’effort de traction proprement dit se superpose un
effort de flexion. Ce phénomène est particulièrement vrai pour les
F 2 F tissus.
S c S
sc 0
■ Compression dans la direction des fibres
[σ ]t = sc s 0
F F 2
S S Du point de vue théorique on trouve, au signe près, le même
résultat que précédemment. Expérimentalement, on obtient, sauf
0 0 0
pour le bore, une contrainte à la rupture en compression beaucoup
plus faible qu’en traction.
Cela provient du fait que les fibres, ayant un diamètre très faible,
avec c = cos θ et s = sin θ avec ici θ = 45o ; ont tendance à flamber. C’est la matrice qui les stabilise. Pour cette
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z z
σ1
t t
σ1 σ1
z z
t t
σ1 σ1
σ1 σ1
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τlt
τlt
τlt τlt
e cisaillement plan
Figure 11 – Sollicitations élémentaires d’un pli UD : traction et compression longitudinales, traction et compression transverses,
et cisaillement plan
sollicitation, les propriétés de la matrice, et particulièrement ses À partir de la connaissance de ces valeurs, on veut déterminer la
propriétés en cisaillement, sont importantes. Ainsi, les fibres de résistance de ce matériau sous un chargement quelconque.
nouvelle génération ont une résistance et une rigidité en traction Considérons le cas d’une sollicitation de traction simple dans
plus élevées que les fibres de première génération mais elles ne une direction Ox faisant un angle θ avec la direction des fibres
permettent pas d’obtenir un gain de résistance significatif en (figure 9).
compression. Pour augmenter les caractéristiques en compression,
il faut augmenter les caractéristiques de la résine. Dans le repère {O , x , y } le tenseur des contraintes s’écrit :
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100
Tsai-Wu / Puck modifié
Déformation /
contrainte maximale τᐍtr
Tsai-Hill / Puck
τᐍt(MPa)
50
0
– 150 σtc – 100 – 50 0 σtt 50
σt(MPa)
Figure 13 – Comparaison de différents critères de rupture sous sollicitation biaxiale ( t , t ) (points expérimentaux d’après [12])
La première partie du critère permet de gérer la rupture de fibre repère d’orthotropie, n’est pas sensible au signe de la contrainte
alors que la seconde partie concerne la rupture matricielle. Quand de cisaillement :
le matériau présente des contraintes à rupture très différentes en
traction et compression la formulation suivante (Puck modifié) f s = fs = f ts = 0
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0 a
[σ ]xy =
4. Plaques multicouches a 0
Ce même tenseur, dans le repère principal {O , xp , y p } qui est
4.1 Présentation
orienté à plus et moins 45o de l’axe {O , x } , (figure 15), s’écrit :
■ Structures minces
a 0
En superposant des couches dans lesquelles les fibres sont [σ ]xpy p =
orientées suivant des directions préférentielles, il est possible de 0 − a
résister à des efforts complexes dans le plan. Par contre, des
efforts s’exerçant perpendiculairement au plan des fibres ne Il apparaît ainsi (figure 15) qu’un état de cisaillement pur dans le
peuvent être repris que par la matrice (on ne considère pas ici les
repère {O , x , y } est équivalent à des efforts simultanés de traction
composites avec des renforts transverses tels que des clous ou
des coutures). Les structures pour lesquelles l’emploi des dans la direction {O , xp } et de compression dans la direction
composites est très intéressant sont les structures minces (l’épais-
seur est faible devant les dimensions caractéristiques de la {O , y p } . Pour résister à un effort de cisaillement, il suffit donc de
structure). réaliser une structure dans laquelle les fibres sont orientées suivant
Les exemples les plus courants sont les plaques, les coques les deux directions principales des efforts {xp , y p } (figure 14c ).
minces, les poutres à section mince (tube, section en I, en L, etc.).
Toutes ces structures peuvent être considérées comme un assem- Pour qu’une structure puisse supporter des efforts multiaxiaux,
blage de plaques. Il est ainsi possible de calculer les efforts s’exer- sont
il faut créer une plaque multicouche dans laquelle les fibres
çant sur chaque élément. Il faut ensuite, à partir de ces efforts orientées suivant les quatre directions préférentielles x , y , xp , y p
globaux, déterminer les contraintes dans chaque couche pour (figure 14d).
connaître la résistance et la rigidité de la structure. Pour définir l’orientation des couches, il faut d’abord connaître
les flux d’efforts (cf. figure 17) qui sont égaux à la valeur de la
■ Orientation des fibres
contrainte moyenne dans le stratifié multipliée par l’épaisseur
Les résultats du paragraphe 3.2 montrent que des fibres unidi- totale h du stratifié :
rectionnelles noyées dans une matrice ne présentent une résis-
tance importante qu’à des efforts de traction ou de compression Nx = σ x h ; N y = σ y h ; T = τ xy h
dans le sens des fibres. Lorsqu’il s’exerce dans le plan des efforts
suivant plusieurs directions, il est nécessaire de disposer les fibres En supposant qu’il n’existe pas d’interaction entre les couches à
suivant plusieurs orientations. 0o, 90o, 45o et – 45o, une bonne approximation consiste à disposer
les plis en proportion des efforts. Ainsi, si on positionne :
Considérons le cas général où s’exercent des contraintes
normales σx et σy et des contraintes de cisaillement τxy . P1 % de plis à 0o
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εx
z
Couche n° p
90°
t 45° x
0°
Plan moyen 0°
y
h/2 h h
p p–1
h
Couche n° 1 σ
θ N
F
x
My
σy
4.2 Flux d’efforts Mx
Mxy
y
■ Nécessité de raisonner en flux d’efforts
τxy
Soumis à un déplacement de membrane (c’est-à-dire dans son σx
plan), en supposant a priori que chaque couche subit le même τxy
déplacement, on a un champ des contraintes continu par mor-
ceaux qu’il serait difficile de décrire mathématiquement. On choisit
d’intégrer ces contraintes (en MPa) dans l’épaisseur pour obtenir x
des flux d’efforts (en N/mm) (figure 17).
Figure 19 – Flux de moments
■ Flux de membrane
En intégrant les contraintes dans l’épaisseur, il vient par
définition (figure 18) : On remarquera que, contrairement à la résistance des
matériaux, le moment Mx , par exemple, n’est pas un moment
h h h
autour de x , mais le moment généré par le gradient des
contraintes σx et est algébrique autour de y .
Nx = ∫ 2 σ dz
h x
; Ny = ∫ 2 σ dz
h y
; Nxy = ∫ 2 τ dz
h xy
− − −
2 2 2
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Carbone z
t y Nc
Nx
x
Nv Mx
Verre
a
θ Carbone
z
Nc
x Nx
Verre
Nv x
Nc
Carbone
Figure 20 – Changement de repère b plaque présentant la symétrie miroir
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Dans le cas où il n’y a pas de couplage plan A13 = A23 = 0, le Figure 22 – Déplacement d’un point N de la plaque sous l’hypothèse
stratifié possède 3 plans de symétrie orthogonaux et est donc de Kirchhoff-Love
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À partir de ces valeurs et de la connaissance des matrices de représentent les termes de couplage membrane/flexion, ils sont
rigidité des plis, on détermine le tenseur des contraintes et, en nuls si la plaque présente la symétrie miroir. Ils valent :
utilisant la définition des flux de moments, après intégration, on
obtient : N h p2 − h 2
p −1
∑Qij
p
Bij =
M C 2
C12 C13 κ x
p =1
x 11
M y = C 21 C 22 C 23 κ y ■ Énergie élastique
Mxy C 31 C 32 C 33 κ xy D’après les résultats de l’élasticité [1], l’énergie élastique d’une
structure est égale à :
avec :
1
N h p3 − h 3 W=
2
∫ ∫ ∫ V {σ } {ε } d x d y d z
p −1
∑ Qij
p
Cij =
p =1 3 avec :
t {σ } = {σ xx , σ yy , τ xy } et t {ε } = {ε xx , ε yy , γ xy }
La matrice [C] est la matrice de raideur en flexion du stratifié.
1 3 dans le cadre de la théorie des stratifiés développée dans cet
Analysons plus particulièrement le terme (h − h p3−1) , il provient
3 p article. L’hypothèse de Kirchhoff-Love en combinant les déplace-
hp ments de membrane et de flexion conduit à :
de l’intégration de ∫h z 2 dz qui peut s’écrire de façon
t {ε
p −1
} = t {ε 0 } + z t{κ }
)2
approchée : (Zp ep où Zp représente la cote moyenne de la cou-
che. Ainsi ce terme représente l’inertie de la couche. Les coeffi- avec les notations déjà employées.
cients Cij sont donc la somme des coefficients Qij des couches, Après intégration dans l’épaisseur, l’énergie élastique peut
pondérés par l’inertie de la couche. En appelant Ip l’inertie de la s’écrire :
couche p :
1 1
1
W=
2
∫ ∫ S t {N } {ε 0 } dx dy + 2 ∫ ∫ S t {M } {κ } dx dy
Ip = (h p3 − h p3−1) ≈ (Z p ) 2 e p
3
En remplaçant les flux de membrane et de moment par leurs
La matrice [C] peut s’écrire : expressions en fonction des matrices de rigidité, on obtient
l’expression de l’énergie élastique :
p
[C ] = [Q ]1xy I1 + ... + [Q ]xy I p + ...[Q ]N
xy IN 1
W=
2
∫ ∫ S (t {ε 0 } [A} {ε 0 } + 2 t{ε 0 }[B ] {κ } + t{κ }[C ] {κ } dx dy
Pour obtenir une bonne rigidité de flexion il faut que les
coefficients de la matrice [C] soient élevés. Pour ce faire, l’ingé-
nieur peut jouer sur :
– l’épaisseur des couches ep ;
4.5 Exemple d’une plaque stratifiée
– les caractéristiques matériaux [Q] ;
– la position des couches par rapport au plan moyen Zp . 4.5.1 Position du problème
Pour gagner en rigidité de flexion à masse minimale, il est donc Soit une plaque (figure 23) constituée par l’empilement de
souhaitable d’éloigner les couches du plan moyen. Un moyen pour quatre couches de fibres de carbone unidirectionnelles et de résine
y parvenir est de réaliser des structures sandwichs [AM 5 141]. époxy de même épaisseur b. Dans les couches inférieure et supé-
rieure, les fibres sont dirigées suivant la direction Ox (0o) et dans
les couches médianes suivant la direction Oy (90o).
4.4.3 Plaque quelconque
Les caractéristiques d’un pli élémentaire dans le repère d’ortho-
■ Matrice de rigidité tropie sont les suivantes :
Si la plaque ne présente pas la symétrie miroir, il n’est plus – rigidité : E = 140 GPa ; E t = 5 GPa ; ν t = 0, 35 ; G t = 5 GPa ;
possible de découpler le problème. En réalisant un calcul global, – résistance : Xt = 1 200 MPa ; Xc = – 1 000 MPa ; Yc = 50 MPa ;
on obtient pour la matrice de rigidité de la plaque la formule Yt = – 120 MPa ; Q = 65 MPa ;
suivante : – épaisseur : b = 2 mm.
On désire déterminer les contraintes et la résistance de cette pla-
N x A B13 ε x
0
A12 A13 A12 B12 que sous un effort de traction par unité de longueur Nx
11 ε 0 (Ny = Nxy = 0).
N y A21 A22 A23 B21 B22 B23 y
N A
xy 13 A32 A33 B31 B32 0
B33 γ xy
= 4.5.2 Résolution du problème
M x B11 B12 B13 C11 C12 C13 κ x
M y B21 B22 B23 C 21 C 22
C 23 κ y Pour faire ce calcul, on pourra suivre les étapes suivantes.
M xy B31 B32 B33 C 31 C 32 C 33 κ xy
■ Première étape
Les termes Aij et Cij sont exactement les mêmes que ceux On détermine, pour chaque pli, les coefficients de la matrice
définis dans les paragraphes précédents. Les termes Bij de rigidité [Q ]t dans le repère d’orthotropie du matériau. Avec la
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σ x = σ = 193,16 MPa
σ y = σ t = 2, 25 MPa
b y τ xy = 0
■ Deuxième étape
C’est la couche supérieure qui cassera en premier. La contrainte
Les coefficients de rigidité sont calculés dans le repère de la
maximale admissible vaut :
plaque. Pour la couche supérieure ou inférieure, le repère d’ortho-
tropie et le repère de la plaque coïncident. Par contre, pour les
couches médianes, il faut réaliser une rotation de 90o ce qui (σ x )max = 100/ 0,166 = 602 MPa
revient à permuter les indices et t sur la diagonale de la matrice.
• Plis à 0o : 4.5.3 Évolution de la résistance de la plaque
en fonction de l’orientation des couches
[Q 0o ]xy = [Q]t
Le même calcul peut être effectué pour une plaque similaire
• Plis à 90o : pour laquelle la direction des fibres des couches supérieure et infé-
rieure fait un angle θ avec la direction Ox du repère de la plaque.
La direction des couches médianes est toujours orthogonale à la
α Et α ν t E 0 140, 61 1, 76 0 direction des fibres des couches supérieure et inférieure. Les deux
[Q 90o ]xy = α ν t E t α E 0 = 1, 76 140, 61 0 (GPa)) chargements simples suivants sont considérés :
0 0 Gt 0 0 5 – effort de traction simple dans la direction Ox ;
– effort de cisaillement simple dans le repère de la plaque.
• Troisième étape Pour chacun de ces efforts, en fonction de l’angle θ, la résistance
On détermine la matrice [A] : est obtenue en calculant les contraintes dans chaque couche et en
appliquant le critère de Tsai-Hill. Les courbes (figure 24) donnent
2b α (E + E t ) 4 b α ν t E t 0 les résultats obtenus. Comme prévu, la résistance est maximale
sous un effort de traction lorsque les fibres sont dirigées dans la
[A] = 4 b α ν t E t 2b α (E + E t ) 0 direction de l’effort (θ = 0o ; θ = 90o). Sous une sollicitation de
0 0 4 bGt cisaillement, la résistance optimale est obtenue lorsque les fibres
font un angle de ± 45o avec la direction Ox du repère de la plaque.
Puis par inversion de [A], on obtient les déformations dans le Cela s’explique très bien par le fait qu’une sollicitation de cisaille-
repère du stratifié : ment pur est équivalente à une sollicitation de traction-compres-
sion à ± 45o (figure 15).
ε 0
1,71 − 0,041 0 Nx
x
4.5.4 Contraintes interlaminaires
ε y = 10 − 0,0
0 −9 041 1,71 0 N y
0 0 0 25 Nxy
Le calcul précédent montre qu’il existe, sous un effort de traction
γ xy dans la direction Ox, des contraintes normales σy dans la direction
transversale. Ces contraintes vérifient les conditions aux limites de
avec ici Ny = Nxy = 0. manière globale puisque l’effort normal Ny est égal à zéro.
• Quatrième étape Par contre, les conditions aux limites locales sur une face de
Considérons qu’il s’exerce sur la plaque une contrainte de normale Oy ne sont pas vérifiées. Cette face étant libre, la
traction moyenne σx = 100 MPa qui crée les efforts, par unité de contrainte σy doit être égale à zéro. Il existe donc au niveau du
longueur, suivants : bord libre une distribution de contraintes différente de celle qui a
été calculée.
Nx = σ x × 4 b = 800 × 103 N/m Pour comprendre physiquement le phénomène qui se déve-
loppe, supposons que les quatre couches ne soient pas liées entre
N y = Nxy = 0 elles et que, sous l’effort de traction, elles subissent dans la
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a couche non
500 solidaires
y
400
2d
300
z
200
B A
σy
100
b couche
y solidaires
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
θ (degrés)
θ B A B A
Contrainte normale
maximale σ max (MPa)
c contraintes près
x σy du bord libre sous
τyz la couche supérieure
600
500 σz
400
Figure 25 – Contraintes interlaminaires
300
200
4.6 Calcul à rupture
100
Comparons les résultats obtenus sur une plaque présentant un
0 drapage standard avec des résultats d’essais. La plaque est
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 réalisée à partir de plis unidirectionnels de fibres de carbone et
θ (degrés) résine époxy. Les caractéristiques du pli élémentaire dans son
repère d’orthotropie sont les suivantes :
Figure 24 – Résistance en fonction de l’orientation des fibres
E = 130 GPa ; E t = 11 GPa ; υ t = 0, 35 ; G t = 5,5 GPa
X t = 1 600 MPa ; X c = − 1 400 MPa ; Yc = 200 MPa
direction Ox le même allongement relatif εx. Puisque les coeffi-
cients de Poisson sont différents, elles ont, comme indiqué sur la Yt = − 60 MPa ; Q = 90 MPa
figure 25a, un raccourcissement différent dans la direction y.
Le drapage de la plaque est le suivant :
Pour obtenir comme dans la réalité le même allongement dans
la direction transversale, il est nécessaire d’exercer sur les couches (0 / 45 / − 45 / 0 / 90 / 0 / 45 / − 45 / 0 / 90 / 0 / 45 / − 45 / 0)s
supérieure et inférieure un effort de traction dans la direction y, et
dans les couches médianes un effort de compression (figure 25b) ; L’indice s signifie que le drapage est symétrique ; entre les
c’est ce que nous avons trouvé à la quatrième étape. parenthèses, n’est indiqué que le drapage de la partie de la plaque
située au-dessus du plan moyen.
Les faces de normale y sont des faces libres. Ces efforts ne sont
donc exercés que par la matrice, qui sert de liant aux couches, Si nous faisons exactement le même calcul que dans le
sous forme de contraintes tangentielles τyz (figure 25c). paragraphe 4.5.2, nous obtenons un module équivalent Ex de
70,3 GPa pour une valeur expérimentale de 70,26 GPa. Ce résultat
Si on étudie l’équilibre en rotation de l’élément AB de la couche montre la validité de l’approche vis-à-vis du calcul en rigidité. Par
supérieure (figure 25c), il apparaît que les contraintes τyz contre, si nous appliquons le critère de Tsai-Hill nous trouvons une
engendrent au point C un moment de flexion. Pour l’équilibrer, il rupture de la couche à 90o pour une contrainte de 510 MPa très
est nécessaire qu’il apparaisse des contraintes normales σz . éloignée de la valeur à rupture expérimentale qui est comprise
entre 785 MPa et 814 MPa.
C’est à cause de ces contraintes (τyz et σz), et principalement
de σz lorsqu’elle a une valeur positive, qu’il peut apparaître une En fait, il doit apparaître à 510 MPa une fissuration matricielle de
rupture par délaminage de la plaque. On cherchera à positionner la couche à 90o qui n’entraîne pas une rupture de la plaque. Pour
les couches de façon à minimiser ces contraintes. On réalisera des obtenir la rupture ultime il est nécessaire, soit de faire un calcul
plaques « bien battues », c’est-à-dire dans lesquelles les couches itératif qui est inadapté à des études par éléments finis, soit de
seront mélangées le plus possible et en évitant les angles entre modifier les modules, soit de corriger les critères.
deux plis adjacents à 90o. ■ Calcul itératif
Les contraintes interlaminaires peuvent se retrouver dans de En utilisant le critère de Puck par exemple, le calcul montre que
nombreuses problématiques des structures composites pour une contrainte de 440 MPa il y a rupture sens travers de la cou-
(figure 26) [14] : bords libres, arrêts de plis ou de nida, dépliage de che à 90o. Si pour cette couche le module d’Young travers Et et le
cornière ou décollements de raidisseurs. module de cisaillement Gt sont dégradés, et si le calcul est réitéré,
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Bords libres
Arrêts de plis externes
B A
C
τvz
uI Dépliage
de cornière
Arrêts de plis internes
Décollement
Arrêts de nida
de raidisseur
des plis à 45o puis à – 45o. Si les modules Et et G t de ces plis sont à
leur tour dégradés et si un nouveau calcul est réalisé, la rupture z
ultime est prédite dans les plis à 0o pour une contrainte de 790 MPa, Nx Côtés
valeur qui correspond à la valeur trouvée expérimentalement.
■ Dégradation du module sens travers Et
Pour éviter un calcul itératif, une solution est de supposer que le
module sens travers est dégradé de 50 % et le module de cisaillement y
de 20 % pour toutes les couches. Avec cet artifice la rupture est pré-
vue théoriquement dans la couche à 0o pour une valeur de contrainte
x
moyenne de 820 MPa, valeur proche de la valeur expérimentale. Extrémités
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π ix π jy
Quatre côtés appuyés Pij sin sin
a b
π ix π ( j − 2)y π jx
Deux côtés appuyés – extrémités encastrées Pij sin
a
cos
b − cos b
π jy π (i − 2)x π jx
Deux extrémités appuyées – côtés encastrés Pij sin cos − cos
b a a
π (i − 2)x π jx π (i − 2)x π jx
Quatre côtés encastrés Pij cos
a − cos a cos
a − cos a
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x 2 2
ε X ε XY
y ε + ε <1
x adm xy adm
piloté par les fibres lors d’une sollicitation de traction cyclique. que que les phénomènes d’endommagement sont complexes et
couplés et font l’objet de recherches importantes [18].
■ Tenue à l’impact
■ Effet de l’environnement
Lors d’un impact, comme il est indiqué sur la figure 31 [16], il
peut apparaître, sans qu’aucun dommage apparent ne soit visible, Sous l’effet de l’humidité, du rayonnement UV, de la
un délaminage important dans l’épaisseur. Même pour des température, les résines présentent :
impacts plus importants, les ruptures se produisent sur la face – un abaissement de leur rigidité ;
opposée à l’impact sur laquelle il est en général impossible de
– une diminution de leur température de transition vitreuse Tg .
faire une inspection visuelle. Le matériau peut donc paraître visuel-
lement sain et en fait comporter des délaminages importants. Ce Les propriétés du composite gouvernées par la résine vont dimi-
phénomène, par la possibilité de flambage local qu’il génère, va nuer. On autorisera un fonctionnement continu pour une tempéra-
réduire considérablement la résistance de la structure en ture < 0,8 Tg de l’environnement de service. Après vieillissement
compression. Il faudra lors du dimensionnement prendre en humide et en température, les caractéristiques d’un composite
compte cette chute de résistance. Pour des composites fibres de carbone/matrice organique gouvernées par la résine
carbone/époxy, les résultats d’essais montrent qu’il ne faut pas (compression, cisaillement) peuvent être réduites de 30 %.
100
contrainte rupture statique (%)
80
Contrainte fatigue max. /
60 Fujii93
Echtermeyer95
Dyer98
Pandita01
40
Huang02
Kumagai04
Shindo06
20 Wöhler k = 0,09
Wöhler k = 0,12
Basquin
0
1 10 102 103 104 105 106 107
Cycles
Figure 30 – Comparaison d’essais de traction en fatigue jusqu’à rupture sur des stratifiés tissés verre [0/90]n [15]
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Palier de
compression pure
εXR (MPa)
700
Chute de la compression résiduelle
provenant de la présence
600 du seuil d’apparition des dommages
500 Comportement
en compression/flexion
400
Comportement de type
300 concentration de contraintes
(tendant vers le cas
de la compression trouée)
200
100
Perforation progressive
0
0 5 10 15 20
Seuil d’apparition Seuil d’apparition
des premiers des dommages W (J)
dommages marginaux
E E
K t = 1+ 2 x − ν xy + x
Résistance résiduelle
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σx Ny = 312 N/mm
x
ø=5
p = 25 Nx = 624 N/mm
y y
24 plis de 0,13 mm
d0
F vis
σm=
d0 Calcul couche à 90° Φvis ép
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x
Calcul couche à 45° avec Φvis diamètre de la vis,
y ép épaisseur de la plaque.
Calcul couche à 0° En traction, la contrainte à rupture d’une éprouvette trouée en
présence de matage est réduite suivant la loi :
Calcul couche à – 45°
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y
Ny = 312 N/mm 90°
45°
0°
– 45°
Nx = 249,6 N/mm
L z
N
ᐍ
Mt
24 plis de 0,13 mm
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– couche à 45o : que l’on mélangera au maximum les couches entre elles. On
pourra par exemple concevoir le drapage suivant :
σ = 3 439 MPa ; σ t = − 39 MPa ; τ t = − 122 MPa
(45o / 0o / − 45o / 90o / 45o2 / 0o / − 45o2 / 0o / − 45o / 45o /00o,5 ) s
– couche à – 45o :
■ Sixième étape : vérification des RF dans chaque couche
σ = − 2 248 MPa ; σ t = 95 MPa ; τ t = 122 MPa Comme il est en général impossible de respecter exactement les
pourcentages dans chaque direction et l’épaisseur totale du
■ Troisième étape : RF dans chaque pli stratifié, il est nécessaire de recalculer les contraintes et les RF de
Pour déterminer la résistance de la plaque il suffit de calculer, chaque pli afin de s’assurer qu’ils sont bien tous supérieurs à 1 :
dans chaque pli, le reserve factor RF du critère de Tsai-Hill. • Couche à 0o :
• Couche à 0o :
σ = 602 MPa ; σ t = − 4 MPa ; τ t = 49 MPa
1 RF = 1,11
RF 2 = 2 2 2
2 293 − 12 2 293 (− 12) 205 • Couche à 90o :
+ − +
1 200 − 1 000 1 2002 65
RF = 0, 27 σ = − 317 MPa ; σ t = 18 MPa ; τ t = − 49 MPa
RF = 1,13
Les contraintes appliquées dépassant largement les admissibles,
on obtient évidemment un RF inférieur à 1. • Couche à 45o :
• Couche à 90o :
σ = 818 MPa ; σ t = − 9 MPa ; τ t = − 33 MPa
RF = 0, 28
RF = 1,17
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• Couche à 45o :
• Couche à – 45o :
RF = 0, 29
σ = − 533 MPa ; σ t = 23 MPa ; τ t = 33 MPa
• Couche à – 45o :
RF = 1,15
RF = 0, 28
Les RF sont donc bien tous supérieurs 1, avec des marges simi-
■ Quatrième étape : détermination de l’épaisseur laires grâce au choix de la proportionnalité des épaisseurs de cha-
Pour que la plaque résiste, le RF de chaque couche doit être que pli avec les flux d’effort.
supérieur à 1. Afin d’atteindre cette condition, il suffit de multiplier ■ Septième étape : détermination de la rigidité
les contraintes par RF, or sous sollicitations de membrane les
contraintes étant proportionnelles à l’épaisseur, il suffit de diviser Pour déterminer la déformée de la poutre, il suffit ensuite de
l’épaisseur totale par le RF mini. L’épaisseur initiale étant de 1 mm, déterminer les modules équivalents Ex et Gxy en utilisant les
l’épaisseur théorique totale nécessaire sera donc : résultats du paragraphe 4.5.1. Les résultats classiques de la
résistance des matériaux peuvent alors être utilisés. On obtient ici :
1 mm
e= = 3,69 mm E x = 55, 4 GPa et Gxy = 24,5 GPa
RF
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____________________________________________________________________________________ STRUCTURES EN MATÉRIAUX COMPOSITES STRATIFIÉS
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P
O
U
Structures en matériaux R
composites stratifiés
E
N
par Bruno CASTANIÉ
Professeur des Universités
INSA Toulouse, Institut Clément Ader S
Christophe BOUVET
Professeur
ISAE Supaéro, Institut Clément Ader
A
et Didier GUEDRA-DEGEORGES
Vice-Président, Head of Technical Capabilities Center
V
« Structure Engineering, Production & Aeromechanics »
EADS Innovation Works O
I
R
Sources bibliographiques
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[AM 5 141] (2008). [AM 5 405] (1997). tion générale. [AM 5 000] (2001).
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U Revues scientifiques
Événements
E
Salon : JEC Composites International Conference on Composite Structures, ICCS Porto, tous les
N http://www.jeccomposites.com
Congrés : Journées Nationales sur les Composites, tous les 2 ans, AMAC,
2 ans
International Conference on Composite Materials, ICCM, tous les 2 ans,
http://www.amac-composites.org/ http://www.iccm-central.org/
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