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: TR851 V1
Dématérialisation et
Date de publication :
10 mai 2012 traçabilité : quelles pratiques
?
Mots-clés Résumé La dématérialisation des documents et des échanges se généralise dans les
Dématérialisation-document | sphères publiques et privées. C’est pourquoi il est nécessaire de la définir et d’en
Droit | Approche
juridico-technique d’un projet déterminer les implications juridiques qui en résultent. La question de la valeur juridique
de dématérialisation des documents et des actes dématérialisés demeure centrale pour toute personne en
charge d’un projet de dématérialisation. Le processus de dématérialisation renvoie
concrètement à cinq notions fortes : l’identification de l’auteur de l’acte, sa manifestation
du consentement, l’intégrité et l’archivage de l’acte ainsi que la traçabilité des
informations. [...]
Keywords Abstract Dematerialization of documents and exchanges spreads in public and private
dematerialization-document | spheres. Therefore it is necessary to define and determine the legal implications that
Law | Legal and technical
approach of a dematerialization result from this process. The question of the legal value of dematerialized documents and
project acts remains central to any person in charge of a project of dematerialization. The process
of dematerialization refers specifically to five strong notions: the identification of the
author, the manifestation of his consent, integrity and archiving of the act as well as the
traceability of information. Thus, dematerialization should be assessed with regard to the
traceability requirement, that is to say that this process should allow keeping a faithful and
complete track of electronic documents so that they could be produced as evidence.
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Dématérialisation et traçabilité :
quelles pratiques ?
par Pascal AGOSTI
Docteur en droit, avocat à la Cour
Société d’avocats Caprioli & Associés
Isabelle CANTERO
Juriste, responsable du département vie privée et données personnelles
Société d’avocats Caprioli & Associés
Eric A. CAPRIOLI
Docteur en droit, avocat à la Cour
Société d’avocats Caprioli & Associés
est nécessaire de définir la notion afin d’en déterminer les contours ainsi que
les implications juridiques qui en résultent.
Par ailleurs, la question de la valeur juridique des documents et des actes
juridiques dématérialisés demeure centrale.
L’élaboration d’un projet de dématérialisation ne s’improvise pas et nécessite
TR 851
que soient pris en compte les différents aspects (juridique, politique, technique
ou organisationnel) au niveau de la direction générale. C’est pour cela qu’il est
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il n’est pas précisé le type de procédé technique permettant de les notaires) font usage de ces signatures afin de bénéficier de la
vérifier son identité. Néanmoins, si l’on se réfère aux dispositions présomption de fiabilité. Cette dernière présomption opère un ren-
de l’article 1316-4 du Code civil et au décret n° 2001-272 du versement de la charge de la preuve. En effet, le seul intérêt de
30 mars 2001 pris pour l’application de l’article 1316-4 du Code disposer d’une signature électronique sécurisée présumée fiable
civil et relatif à la signature électronique, il semble que soit précisé réside dans ce renversement de la charge de la preuve, puisqu’à
un moyen technique d’identification de l’auteur de l’acte résidant l’inverse de la signature électronique simple, c’est à celui qui
dans la signature électronique sécurisée présumée fiable [5]. entend contester la valeur juridique de la signature et donc de
l’acte signé, de rapporter la preuve de l’absence de fiabilité du pro-
Au titre de l’article 1 alinéa 2 du décret du 30 mars 2001, une
cédé de signature électronique utilisé [12]. Réciproquement, le
signature électronique est considérée comme sécurisée dès lors
recours à une signature électronique simple est suffisant devant
qu’elle satisfait à trois conditions cumulatives. Elle doit en effet,
un juge dès lors que la personne qui s’en prévaut est en mesure
« être propre au signataire, être créée par des moyens que le
de démontrer sa fiabilité (identification, intégrité en recourant
signataire puisse garder sous son contrôle exclusif » afin d’éviter
notamment à une documentation technique adaptée : politiques de
l’utilisation de ce procédé par un tiers et enfin « garantir avec l’acte
certification, d’enregistrement…).
auquel elle s’attache un lien tel que toute modification ultérieure
de l’acte soit détectable » [11] pour préserver l’intégrité de l’acte. En conséquence, il est essentiel au préalable de s’assurer de
On peut d’ailleurs noter que pour bénéficier de la présomption de l’identification de l’auteur de l’acte afin de pouvoir le lui imputer.
fiabilité prévue à l’article 1316-4 du Code civil, il faut disposer En ce sens, elle conditionne la valeur juridique de l’acte dématéria-
d’une signature électronique sécurisée et qu’elle repose sur un dis- lisé et celle de la fiabilité du procédé de signature électronique.
positif sécurisé de création de signature électronique et sur un cer-
tificat électronique qualifié assurant la vérification d’identité
(article 2 du décret du 30 mars 2001). Toutefois, le recours à ce 1.2 Moyens techniques d’identification
type de signature ne s’est pas réellement démocratisé dans la
mesure où, seuls certains acteurs, notamment, ceux émettant des Le tableau présenté ci-dessous n’a trait qu’à la fonction d’identi-
actes particulièrement sensibles (la Banque de France pour ses fication, voire d’authentification, du moyen et non au procédé de
relations avec les banques de la Place, les huissiers de justice et signature électronique.
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Dans le cadre d’un projet de dématérialisation, il est donc essen- liste des moyens permettant l’expression du consentement des
tiel que l’auteur de l’acte puisse être dûment identifié, mais égale- parties, par voie électronique d’autre part (2.2).
ment que les parties manifestent le consentement à l’acte, car la
rencontre des volontés entre les parties est l’une des conditions
requises par le Code civil pour la formation d’un acte dématérialisé. 2.1 Aspects juridiques
Du fait de la dématérialisation des échanges, il est essentiel de
pouvoir caractériser la manifestation du consentement des parties,
2. Traçabilité lors de la conclusion d’un contrat par voie électronique.
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l’article 1108 du Code civil. La manifestation du consentement des du contrat, l’engagement du consommateur pourrait être laissé à
parties à l’acte tend à rendre apparente l’intention d’accepter les ter- la libre appréciation de professionnels peu scrupuleux. En ce sens,
mes de l’acte dématérialisé et ainsi à rendre opposables aux parties ce double-clic permet de limiter le risque de vices de consente-
contractantes les obligations qui en découlent. De manière générale ment et renforce la protection du consommateur qui achète en
(et sous réserve des actes unilatéraux), le consentement peut se ligne. Néanmoins, du fait de la rapidité du geste, le risque de
définir comme une rencontre ou un accord d’au moins deux ou plu- second clic par erreur n’est pas rare. Il est donc complexe d’assu-
sieurs volontés permettant à la convention de produire des effets rer une protection juridique optimale et totale du consommateur
de droit. Dans le cadre de la dématérialisation des actes, la manifes- dans le cadre de la passation de commandes en ligne.
tation du consentement des parties à l’acte peut revêtir deux formes Dans ce souci de protection du consommateur, on peut égale-
différentes au vu des textes législatifs et de la pratique. ment noter que les offres formulées par voie électronique doivent
La première forme de consentement des parties est formalisée respecter certaines exigences au sens des dispositions de
lors la passation de commandes en ligne. Il est exigé que le l’article 1369-4 alinéa 2. En effet, cet article dispose que l’offre de
consentement soit exprès et éclairé. La manifestation du consente- contracter par voie électronique, proposée par tout professionnel
ment exprès du consommateur à l’acceptation de l’offre de (personne physique ou personne morale) doit comporter « les dif-
contracter, présentée, est caractérisée par le fait de cliquer sur une férentes étapes à suivre pour conclure le contrat par voie
« icône » ou sur un « oui » ou un « j’accepte » affiché à l’écran [13]. électronique ; les moyens techniques permettant à l’utilisateur,
La question qui se pose donc est celle de savoir si le simple clic de avant la conclusion du contrat, d’identifier les erreurs commises
souris sur l’icône est suffisant pour la formation du contrat. Il sem- dans la saisie des données et de les corriger ; les langues propo-
ble que l’on puisse répondre par la négative puisque le consom- sées pour la conclusion du contrat, en cas d’archivage du contrat
mateur doit en plus du premier clic confirmer sa commande au les modalités de cet archivage par l’auteur de l’offre et les condi-
cybervendeur par un second clic après avoir vérifié le détail de sa tions d’accès au contrat archivé et les moyens de les consulter par
commande (prix, produit sélectionné, correction d’éventuelles voie électronique, les règles professionnelles et commerciales aux-
erreurs). La possibilité offerte au consommateur de vérifier le quelles l’auteur de l’offre entend le cas échéant se soumettre ».
détail de sa commande constitue une condition essentielle de la En outre, il est important de rappeler que le processus de contrac-
validité du contrat de commande conclu en ligne au sens des dis- tualisation en ligne d’une commande se distingue du dispositif
positions de l’article 1369-5 du Code civil, puisqu’à défaut du res- prévu pour les actes juridiques dans la mesure où, pour le premier,
pect de cette exigence, le contrat de commande en ligne ne sera la signature électronique n’est pas requise [14].
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3. Traçabilité et intégrité l’acte est également reprise par l’alinéa 2 de l’article 1316-4 du
Code civil pour la fiabilité d’un procédé de signature électronique
sans qu’aucune définition n’en soit donnée. Cet article dispose en
L’intégrité de l’acte est une autre condition essentielle requise effet, que la signature électronique est présumée fiable, sous
lors de l’élaboration d’un projet de dématérialisation ; il est donc réserve que celle-ci permette notamment de garantir l’intégrité de
nécessaire d’étudier les aspects juridiques de l’intégrité (3.1) et de l’acte.
présenter les moyens techniques permettant à l’acte dématérialisé Par ailleurs, la vérification de l’intégrité de l’information a posé
de remplir cette fonction (3.2). de réels problèmes empêchant la reconnaissance de la valeur juri-
dique de l’écrit sous forme électronique auprès des tribunaux.
Ainsi, tout recours à un écrit sous forme électronique ainsi qu’à la
3.1 Aspects juridiques signature électronique est conditionné par la nécessité de garantir
l’intégrité de l’acte afin de limiter le risque d’altération, de modifi-
La question de l’intégrité de l’acte représente un enjeu majeur cation du contenu de l’acte. Autrement dit, il s’agit de s’assurer
dans le cadre de la dématérialisation, puisqu’il s’agit ici de s’assu- que le document transmis par son auteur n’a pas été modifié dans
rer que l’acte n’a pas subi de modification, d’altération, voire de son contenu par un ou plusieurs destinataires. L’intégrité de l’acte
destruction de son contenu, autrement dit qu’il est demeuré intact doit donc être garantie durant tout son cycle de vie, c’est-à-dire de
dans le temps depuis son origine [15]. D’ailleurs, cette exigence de son établissement au terme de sa conservation. Pour ce faire,
garantir l’intégrité de l’acte dématérialisé est rappelée par les
comme exposé par la suite, il est possible de recourir à un système
articles 1316-1 et 1316-4 alinéa 2 du Code civil. Au titre de
d’archivage électronique (SAE) permettant la conservation des
l’article 1316-1 du Code civil, l’écrit sous forme électronique est
documents et des actes électroniques.
admis comme moyen de preuve au même titre que l’écrit sur sup-
port papier, sous réserve que cet écrit remplisse certaines condi- L’intégrité de l’acte peut être garantie par différents moyens
tions et notamment « qu’il soit établi et conservé dans des techniques. Afin de satisfaire aux exigences des articles 1316-1 et
conditions de nature à en garantir l’intégrité ». Au vu de ces dispo- 1316-4 alinéa 2 du Code civil et plus précisément de garantir l’inté-
sitions, aucune définition n’est donnée de l’intégrité de l’acte, grité de l’acte, différents moyens techniques peuvent être mis en
seule l’exigence est fixée. En outre, cette condition d’intégrité de œuvre.
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Procédé de signature électronique (certificat à Garantie de l’intégrité du message reçu Encore peu répandu, en cours de déploie-
clé publique) ment
Procédé de scellement (certificat de serveur ou Garantie de l’intégrité des informations En cours de déploiement
certificat d’horodatage)
Utilisation d’un format stable (PDF A) Conservation de la mise en forme du Taille du format nécessitant une capacité
document à long terme, format ne pou- de mémoire importante, format proprié-
vant être retouché taire (logiciel payant pour modifier le
contenu du document) et obstacle à la flui-
dité des échanges
L’intégrité de l’acte est donc un prérequis essentiel à la valeur ques permettant l’archivage électronique des documents dans un
juridique de l’écrit sous forme électronique et à la fiabilité présu- second temps (4.2).
mée du procédé de signature électronique. Il est donc nécessaire
de prendre en considération cette exigence lors de l’élaboration
d’un projet de dématérialisation. La dématérialisation des docu- 4.1 Aspects juridiques
ments suppose également de conserver une trace de ces docu-
ments tout en préservant l’intégrité de ceux-ci, ce qui rend Au préalable, il est important de distinguer l’archivage, du stoc-
indispensable, de ce fait, leur archivage. kage et de la sauvegarde, ces trois notions étant parfois confon-
dues. L’archivage électronique peut, d’un point de vue technique,
se définir comme « l’ensemble des actions, outils et méthodes
mises en œuvre pour conserver à moyen ou à long terme des
informations dans le but de les exploiter [16] ». Le stockage peut
4. Traçabilité et archivage quant à lui se définir comme « l’enregistrement de données sur un
support informatique en vue d’une utilisation courante ou
immédiate » et la sauvegarde est « une copie des données d’un
Du fait de la dématérialisation des documents, les entreprises support sur un autre pour permettre la restauration de celles-ci à
sont confrontées à l’obligation juridique d’archiver des documents un état antérieur, en cas de panne matérielle ou logicielle », voire
« immatériels » remplaçant les documents sur support papier. Sur en cas de reprise d’activité. Au vu des ces différentes définitions,
ce point, il convient d’étudier les aspects juridiques de l’archivage on constate que l’archivage, le stockage et la sauvegarde se diffé-
dans un premier temps (4.1), et de faire état des moyens techni- rencient par leur finalité.
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L’archivage électronique permet donc la conservation de docu- défaut de modalités spécifiques prescrites, la conservation des
ments en vue de les exploiter ultérieurement (ou afin de respecter documents devra satisfaire aux exigences juridiques de conformité
des obligations légales ou règlementaires relatives aux obligations applicables en droit de la preuve (écrits électroniques et copies
de conservation et aux délais de prescription, que ce soit en numériques). Plus précisément, il faudra garantir l’identification de
matière pénale, civile ou commerciale …) et s’adresse à tout pro- l’auteur de l’acte ainsi que l’intégrité de l’acte dans le temps, ainsi
fessionnel gérant son activité par des moyens informatiques. Reste que sa date.
à déterminer la nature des documents pouvant faire l’objet d’un Par ailleurs, dans le cadre de l’archivage électronique, les don-
archivage électronique dans la sphère publique et dans la sphère nées à caractère personnel archivées doivent faire l’objet d’une
privée, cette dernière nous intéressant tout particulièrement. Il est anonymisation ou d’un effacement à l’expiration du délai de
essentiel dans un premier temps de s’assurer que le type de docu- conservation (dont la durée doit être conforme aux règles de pres-
ments faisant l’objet de la demande peut être archivé. Par exem- cription), au vu de la recommandation n° 2005-213 du 11 octobre
ple, dans la sphère privée, l’archivage électronique porte sur les 2005, rendue par la Commission nationale de l’informatique et des
actes juridiques signés et les processus de contractualisation en libertés (CNIL) [17].
ligne, mais également sur les pièces justificatives (factures, bulle-
tins de paie, notes de frais, copies numérisées de documents élec- En outre, il est important de noter que l’entreprise qui souhaite
troniques …), ainsi que sur l’ensemble des informations de gestion mettre en œuvre un système d’archivage électronique (SAE) a
de l’entité. deux possibilités : soit elle décide de s’équiper d’un SAE (archi-
vage en interne) dont elle assure la gestion elle-même (héberge-
À ce titre, il est important de rappeler que le fait de numériser un
ment, exploitation, maintenance), soit elle décide de recourir à un
original papier ne permet pas de lui conférer la même valeur juridi-
tiers archiveur auquel elle confie la gestion de son archivage élec-
que qu’à l’original. En effet, il ne s’agit que d’une copie et chaque
tronique dans le cadre d’une externalisation de son SAE [18]. Dans
personne aura intérêt à conserver l’original papier (conformément
la pratique, le recours à un tiers archiveur est préférable du fait de
aux articles 1334, 1347 et 1348 du Code civil).
la mutualisation des moyens assurant un partage des coûts pour la
La conservation des documents signés (contrats) permet gestion du SAE et également en raison du professionnalisme de
d’une part de rapporter la preuve du contenu d’un acte juridique cette solution. De même, dans le cadre de l’externalisation du SAE,
afin de se préconstituer une preuve en cas de litige ou de il y a un transfert des responsabilités, puisque c’est au tiers archi-
demande ultérieure, voire la constatation d’un fait juridique et veur qu’il incombe de réception le versement des documents élec-
d’autre part, de respecter une exigence de forme telle qu’elle troniques, de les conserver dans des conditions permettant de
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figure à l’article 1108-1 du Code civil qui dispose que garantir leur intégrité dans le temps, de rendre accessible les docu-
« lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il ments archivés, de prendre toute les mesures pour assurer la sécu-
peut être établi et conservé sous forme électronique dans les rité et la protection des données (…).
conditions prévues aux articles 1316-1 et 1316-4 ». Toutefois, la
conservation des documents doit préserver les deux fonctions Cependant, quelle que soit la solution choisie par l’entreprise, le
essentielles de l’écrit sous forme électronique que sont l’identi- SAE doit apporter et garantir la pérennité, l’intégrité, la sécurité, la
fication de l’auteur de l’acte et l’intégrité de l’acte, au regard des traçabilité, l’authenticité, la confidentialité, la lisibilité et l’intelligibi-
dispositions de l’article 1316-1 du Code civil. Dans le cadre de lité ainsi que la disponibilité des données archivées.
l’archivage électronique, il faut donc s’assurer que les docu- Dès lors qu’une entreprise recourt à un SAE, il est recommandé
ments sont conservés dans des conditions permettant de garan- à cette dernière de mettre en œuvre une politique d’archivage afin
tir que ces derniers n’ont subi aucune modification, altération, de définir les rôles et les obligations de chaque acteur intervenant
voire destruction de leur contenu, en application des dispo- dans le cadre de l’archivage électronique. Cette politique d’archi-
sitions de l’article 1316-4 du Code civil. Autrement dit, l’inté- vage doit également être conforme aux besoins de l’entreprise et
grité de l’acte apparaît comme la clé de voûte de l’archivage être cohérente avec la politique de l’entreprise. Toutefois, la mise
électronique. en service d’une politique d’archivage peut être longue et
Dans un second temps, la réalisation d’un archivage électroni- coûteuse ; elle doit être associée à des procédures fixant les moda-
que sécurisé suppose de prévoir la durée de conservation ainsi lités de sa mise en œuvre opérationnelle.
que les modalités de conservation qui sont conditionnées par la Le recours à l’archivage électronique est donc une solution opti-
nature des documents à archiver. Malgré cela, force est de male permettant de conserver les documents « immatériels » et de
constater que l’absence de règles uniformes relatives à la préserver les fonctions essentielles tant des écrits sous forme élec-
conservation constitue une des difficultés majeures de l’archi- tronique que des copies numériques (fidèles et durables) et donc
vage électronique. leur valeur juridique. Néanmoins, lors du recours à un tel système,
D’une part, la durée de conservation des documents est diffé- il est indispensable de tenir compte de la durée et des modalités
rente selon que le document a trait à la matière civile (5 ans) à la de conservation des documents afin de sécuriser l’archivage élec-
matière commerciale (10 ans pour les registres et comptes tronique. D’un point de vue technique, l’archivage électronique
sociaux) ou à la matière fiscale (6 ans) pour les contrats, les peut être assuré par différents moyens techniques.
factures, les justificatifs comptables (…) ou de 3 ans en matière de
sécurité sociale. Sur ce point, il est important de bien distinguer les
délais de conservation des délais de prescription relatifs aux droits 4.2 Moyens techniques
et obligations afférentes aux documents archivés. En effet, le délai
de conservation est un délai préfix (cela concerne les contrôles fis- L’archivage électronique est une composante incontournable de
caux, sociaux, de la DGCCRF…) à l’inverse des délais de prescrip- la dématérialisation puisqu’elle permet de préserver les fonctions
tion qui peuvent être suspendus ou interrompus. essentielles (identification et intégrité de l’acte) des écrits sous
D’autre part, un archivage électronique sécurisé repose sur un forme électronique et donc d’en garantir la valeur juridique. À
second élément essentiel, à savoir les modalités de conservation. cette fin, des moyens techniques sont prévus pour assurer l’archi-
Sur ce point, deux situations doivent être distinguées. Il se peut vage électronique des documents signés ou des copies numéri-
qu’un texte détermine des modalités spécifiques de l’obligation de ques (GED).
conservation comme cela est le cas pour les factures électroniques En dernier lieu, un projet de dématérialisation doit se construire
ou les documents liés au droit du travail (ex. : bulletins de paie). À autour de la notion de traçabilité des informations.
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conserver une trace de l’opération effectuée par voie électronique, de données de connexion (adresse IP, identifiant de connexion,
et d’autre part, d’identifier l’interlocuteur, généralement le cocon- identifiant du terminal utilisé pour la connexion…). C’est pour
tractant. De ce fait, il est nécessaire d’étudier les aspects juridiques cette raison que les prestataires techniques (fournisseurs d’accès
liés à la traçabilité des informations (5.1) et de présenter les diffé- à Internet et hébergeurs) sont tenus de détenir et conserver les
rents moyens techniques mis en œuvre, aux fins de traçabilité des données électroniques permettant l’identification des personnes
informations (5.2).
qui publient un contenu en ligne (éditeurs), en application des
dispositions de l’article 6 II de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004
dite loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) et
5.1 Aspects juridiques son décret d’application du 25 février 2011. Cette conservation
doit être effectuée dans le respect des prescriptions de la loi
La traçabilité des informations consiste de manière générale à
n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et
retrouver l’historique, l’utilisation ou la localisation d’un article ou
aux libertés. On comprend l’intérêt de la conservation des don-
d’une activité à partir d’un identifiant enregistré lors de la
nées de connexion dans la mesure où ces données permettent
connexion sur un réseau de communications électroniques (Dic-
l’identification des cocontractants.
tionnaire Informatique, Larousse, V° « Traçabilité ».). Dans le cadre
de la dématérialisation des échanges, conserver la trace des opéra- Par conséquent, la traçabilité des informations garantit le
tions (commande en ligne, paiement électronique…) effectuées via moment auquel le contrat est conclu, le contenu auquel se sont
les réseaux de communications électroniques est donc indispensa- engagées les parties et identifie le cocontractant. La traçabilité
ble pour rapporter la preuve de ladite opération, en matière des informations est donc un élément majeur qui doit être pris en
contractuelle. On peut noter que la conservation des traces de considération dans le cadre de la dématérialisation des échanges.
l’opération permet en cas de litige de rapporter la preuve de l’acte. Afin de garantir une traçabilité des informations, des moyens
La traçabilité des informations permet plus précisément d’identi- techniques sont mis en œuvre.
Avantages Inconvénients
Conservation des données Identification du contributeur à un contenu à l’aide Modalités de conservation insuffisantes
de connexion des données d’identification, imputabilité de l’acte, pour la protection des données des internautes
traçabilité de l’opération effectuée en ligne collectées
et datation-horodatage
Nature des données à conserver imprécise
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Sources bibliographiques
I
R
Parution : mai 2012 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200049459 - universite savoie mont blanc // 130.190.247.203
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4e édition, juin 2011.
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gnature électronique : quel cadre juridique
pour la confiance dans les communications
[9] CAPRIOLI (E.). – De l’authentification à la si-
gnature électronique : quel cadre juridique
pour la confiance dans les communications
[15] Norme AFNOR Z42-013 publiée le 12 février L
1999.
électroniques internationales ? CNUDCI/
UNCITRAL, 14 février 2011.
électroniques internationales ?, www.unci-
tral.org. [16] CAPRIOLI (E.). – Guide de l’archivage électro-
nique et du coffre-fort électronique. Collec-
U
[4] CAPRIOLI (E.). – Guide de l’archivage électro- [10] CAPRIOLI (E.). – Vade-mecum juridique de la
nique et du coffre-fort électronique, FNTC,
novembre 2010.
dématérialisation des documents. Collection
« Les guides de la confiance » de la FNTC,
tion « Les guides de la confiance » de la
FNTC, novembre 2010. S
[5] CAPRIOLI (E.), RIETSCH (J.-M.) et CHABIN 4e édition, juin 2011. [17] Délibération CNIL n° 2005-213 du 11 octobre
(M.-A.). – Dématérialisation et archivage [11] Décret n° 2001-272 du 30 mars 2001 pris pour 2005 portant adoption d’une recommanda-
électronique : mise en œuvre de l’ILM (infor- l’application de l’article 1316-4 du code civil tion concernant les modalités d’archivage
mation lifecycle management). Édition et relatif à la signature électronique JO n° 77 dans le secteur privé de données à caractère
Dunod, 2006, n° ISBN 2 10 050077 5. du 31 mars 2001, NOR JUSC0120141D. personnel JO n° 272 du 23 novembre 2005.
[6] CAPRIOLI (E.). – Vade-mecum juridique de la [12] CAPRIOLI (E.). – Vade-mecum juridique de la [18] CAPRIOLI (E.). – Guide de l’archivage électro-
dématérialisation des documents. Collection dématérialisation des documents. Collection nique et du coffre-fort électronique.
« Les guides de la confiance » de la FNTC, « Les guides de la confiance » de la FNTC, Collection « Les guides de la confiance » de
4e édition, juin 2011. 4e édition, juin 2011. la FNTC, novembre 2010.
Réglementation
5 - 2012
Loi n° 2000-230 du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve Décret n° 2011-434 du 20 avril 20 avril 2011 relatif à l’horodatage des cour-
aux technologies de l’information et relative à la signature électronique, riers expédiés ou reçus par voie électronique pour la conclusion ou
JO n° 62 du 14 mars 2000, NOR JUSX9900020L. l’exclusion d’un contrat, JO n° 94 du 21 avril 2011, p. 7093, NOR
INDI1028230D.
Décret n° 2001-272 du 30 mars 2001 pris pour l’application de l’article 1316-4
du code civil et relatif à la signature électronique, JO n° 77 du 31 mars Directive 1999/93/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre
2001, NOR JUSC0120141D. 1999 portant sur un cadre communautaire pour les signatures électroni-
ques, JO n° L013 du 19 janvier 2000, p 0012-0020.
Doc. TR 851
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