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C et ar t icle est la première par t ie d'un grand dossier sur la compression dynamique du son. Il const it ue également une
suit e de t utoriaux sur Sound Forge - puisque nous ut iliserons ce logiciel pour illust rer not re propos.
Avant de commenc er, nous allons préciser ce que nous ent endons par compression. En effet , ce t erme est souvent un
peu flou dans l’esprit des novices puisqu’il est employé pour des t rait ement s t ot alement différent s. Dans différent s
dossiers, nous allons donc vous parler de la compression dans les sens suivant s :
La compression dynamique du son (c’est le présent art icle, ainsi que la part ie II disponible ici)
Dans ce premier dossier, nous allons donc nous rest reindre à la compression dynamique du son.
Nous allons présent er ici les compresseurs logic iels. Evit ons d’emblée les polémiques consist ant à dire qu’un compresseur logic iel
n’arrive pas à la cheville d’un compresseur analogique. Les compresseurs analogiques et numériques (i.e. logic iels) ont souvent une
finalit é différent e, et il ne s’agit nullement ici de comparer les compresseurs des deux mondes.
Principe de base
Définit ions
1 : Crêt e maximale
Premièrement , il faut savoir qu’un son se caract érise physiquement par l’évolut ion d’une pression acoust ique dans le t emps (ou d’une
variat ion élect rique lorsque le son est enregist ré sur un support analogique, ou encore de la variat ion d’un nombre lors de l’enregist re‐
ment sur un support numérique). Lorsqu’à un inst ant donné cet t e pression acoust ique est maximale ou minimale, le point est appelé
respect ivement crêt e et creux.
Deuxièmement , il est nécessaire de savoir ce que signif ie la dynamique. Ce t erme s’ut ilise dans deux cas différent s :
La dynamique d’un inst rument (en décibels, ou dB), ou plus généralement d’un son, correspond au niveau de la crêt e maximale
que l’inst rument est capable de générer. C’est ce que nous appellerons le niveau sonore (à différenc ier de la puissance sonore,
expliquée plus loin).
La dynamique d’un suppor t d’enr eg ist rement correspond à l’écart ent re le niveau de la crêt e maximale que ce support peut
enregist rer et le niveau correspondant à l’absence de signal en ent rée du support (en prat ique, ce niveau minimal correspond au
bruit de fond int rinsèque au support d’enregist rement ). Par exemple, si vous enregist rez un inst rument sur une casset t e analo‐
gique, le simple fait d’ut iliser ce support vous impose d’avoir const amment un bruit de fond. Vous ne pourrez pas enregist rer un
son d’un niveau plus faible que ce bruit de fond, puisque ce dernier recouvrira le signal ut ile. A cont rario, au delà d’un cert ain niveau
en ent rée, l’enregist rement sat urera, c’est à dire que les niveaux enregist rés correspondront à cet t e valeur maximale enregist rable
par le support et non à ce qui devrait êt re enregist ré.
Le même son que précédemment , dont on a abusivement augment é le niveau sonore. Il apparaît alors le phénomène de sat urat ion,
visible ici par l’aplat issement radic al des crêt es.
Ayant défini les deux concept s précédent s, nous pouvons enfin définir le t erme cent ral de ce dossier : la compression est un out il
qui abaisse la dynamique d’un son en effect uant un aplat issement des crêt es dépassant un cert ain seuil.
A gauche : sinusoïde dont le niveau sonore augment e linéairement
A droit e : la même sinusoïde après compression. A part ir d’un seuil (ici, –12 dB), l’augment at ion de l’osc illat ion est réduit e par le
compresseur, et cet t e oscillat ion ne dépasse jamais –6 dB
Imaginez un ingénieur du son qui écout e les music iens jouer ; quand il ent end que le son dépasse un cert ain niveau, il baisse le fader
de volume en conséquence ; quand le volume des inst rument s diminue, l’ingénieur du son remont e le fader de volume. Cela peut
sembler êt re de la science fict ion, ou bien une façon imagée d’expliquer le rôle d’un compresseur. En fait , il s’agit de la façon de
procéder des ingénieurs du son avant l’apparit ion des compresseurs ! Le compresseur aut omat ise donc ce t rait ement .
Pour comprendre plus finement l’ut ilit é de la compression, admet t ons que l’on peut considérer deux aspect s du son : le premier est
son oscillat ion, ét at ext rêmement changeant du son, qui correspond not amment aux crêt es visibles sur le vu- mèt re. Le second, en
rapport ét roit avec le sujet qui nous int éresse, est la puissance du signal, correspondant – pour simplif ier – à son niveau moyen. Or, si
l’oreille est sensible au premier fact eur, chose qui vous paraît évident e, elle l’est encore plus au second. En effet , deux sons peuvent
t rès bien ne pas dépasser 0 dB sur le vu- mèt re de Sound Forge et sembler avoir un niveau sonore moyen t rès différent .
Lorsque le son est compressé, son niveau maximal est réduit (puisque les crêt es les plus élevées ont disparu). On peut donc, comme
vous l’avez cert ainement compris, augment er le niveau moyen du signal en conséquence. L’out il de compression de Sound Forge est
couplé avec une opt ion appelée « Aut o Gain Compensat e », qui fera ce t ravail en augment ant le niveau général du son de t elle
manière que la crêt e maximale soit à 0 dB. Ce processus est appelé maximisat ion. Le niveau moyen du son en sera augment é. Dans
les schémas ci- dessous, vous voyez bien que le son de droit e est plus fort , et pourt ant au vu- mèt re, les deux at t eignent 0 dB.
Ces capt ures d’écran met t ent en avant la différence ent re dynamique et puissance du son : les crêt es maximales at t eignent 0 dB
dans les deux cas, mais on voit clairement que le son compressé et maximisé est en moyenne plus fort .
Comment ce phénomène est - il possible ? Par la mét hode suivant e : le signal music al oscille la plupart du t emps en dessous
de la crêt e du morceau. Par exemple, imaginons que vot re enregist rement de guit are dure 2 minut es et que son niveau maxi‐
mal se t rouve en dessous de –6 dB durant ces 2 minut es, sauf à un endroit précis où vous t rouvez une crêt e à 0 dB. Celle- ci
est t rès rapide et quasi inaudible. Il serait dommage que l’ensemble du morceau soit 6 décibels en dessous de ce qu’il pour‐
rait êt re sans cet t e crêt e ! On va donc « écraser » (d’où le t erme « compresser ») celle- ci au même niveau que les aut res et
augment er globalement le niveau de la musique de 6 dB.
Conclus ion : le niveau du morceau sera au final plus élevé sans que le son soit pour aut ant modif ié de manière audible.
Le graphe, qui prend la plus grande place sur la fenêt re, mont re la relat ion qu’il y a ent re le son d’origine et le son après compression.
L’axe des abscisses indique comment évolue le niveau sonore du son avant effet de compression. Sur l’axe des ordonnées, c’est le
niveau de sort ie (après compression) que vous pouvez voir.
Vous avez deux manières de modif ier les paramèt res de la compression. La plus int uit ive consist e à créer des point s sur le graphe et
à modif ier la courbe ainsi créée. Ce mode vous permet également de générer des courbes de compression discont inues, chose t ot a‐
lement impossible avec les compresseurs analogiques du monde réel.
Vous avez accès à quat re curseurs en dessous du graphe, dont nous allons dét ailler l’ut ilit é. Comme nous l’avons dit plus t ôt , la
compression réagit dynamiquement selon le son. Le compresseur se met en marche à part ir d’un cert ain niveau sonore (seuil), qui
peut êt re réglé grâce au curseur appelé « t hreshold ».
L’eff et dynamique de compression apparaît et disparaît en suivant une courbe prédéf inie : l’enveloppe. Cet t e dernière se compose
d’une at t aque et d’un relâc hement dét erminés par les curseurs « At t ack » et « Release ». L’at t aque correspond au t emps mis par le
compresseur pour commenc er à êt re act if, et le relâc hement au t emps d’act ivit é du compresseur une fois que le son d’origine
repasse en dessous du seuil. Nous allons voir plus loin que ces réglages sont essent iels et doivent êt re dét erminés en fonct ion de
plusieurs paramèt res (t ypes d’inst rument s, st yle music al, effet recherc hé et c.)
Enfin, le curseur « Rat io » indique le niveau d’at t énuat ion du compresseur lorsque le son d’origine dépasse le seuil dét erminé par le
curseur « t hreshold ». Ce fact eur est , comme les précédent s, ext rêmement import ant puisque le son peut êt re plus ou moins déna‐
t uré selon la valeur du rat io (un rat io élevé aura t endance à déformer davant age le son qu’un rat io faible). Par exemple, un rat io
2:1 signif ie qu’une crêt e dépassant de 2 dB le seuil de compression ne dépassera plus que de 1 dB ce même seuil.
Voilà pour ce qui est des compresseurs « classiques », c’est à dire qui opèrent sur l’ensemble du son. Il exist e cependant des
compresseurs plus subt ils encore, et surt out plus polyvalent s, puisqu’il est possible de rest reindre leur champ d’act ivit é à une bande
de fréquence spécif ique. L’ut ilit é de ce t ype de compresseur, dit mult ibande, sera explic it ée plus loin, lorsque nous parlerons du
mast ering. Nous verrons aussi quelques réglages classiques de compression selon l’inst rument et le st yle music al.
Les ingénieurs du son ut ilisent souvent un compresseur à l’enregist rement . Pour en expliquer la raison, prenons l’exemple de l’enregis‐
t rement d’un solo de guit are de deux minut es. Les crêt es dont nous avons parlé précédemment se sit uent généralement en dessous
d’un cert ain niveau (- 6 dB par exemple), mais imaginons qu’à un inst ant précis, un pincement un peu plus fort de la corde génère une
crêt e à 0 dB. Le niveau général de l’enregist rement sera alors limit é à cause de cet t e crêt e. En effet , le niveau maximal enregist rable
par le support est de 0 dB et l’ensemble du morceau ne dépasse jamais –6 dB, mis à part à l’unique crêt e de 0 dB. Vous allez donc
enregist rer l’ensemble du solo à un niveau relat ivement faible. Par conséquent , t ous les élément s qui génèrent du bruit de fond après
le compresseur (ex : les ent rées de la t able de mixage) auront un impact plus import ant sur le signal enregist ré. Vous aurez plus de
bruit de fond, et ce à cause d’une malheureuse crêt e unique. Si vous décidez d’augment er la sensibilit é de l’ent rée de la t able de
mixage de 6 dB, vous aurez, à l’endroit de la crêt e maximale, de la sat urat ion. Le compresseur règle le problème puisqu’il augment e le
niveau sonore de 6 dB sans alt érer le son de manière audible, en écrasant progressivement la crêt e faut ive.
Rent rons plus dans le dét ail sur la façon d’ut iliser le compresseur. Dans un premier cas, imaginons que vous vouliez enregist rer une
voix sans la déformer (pour de la variét é, par exemple). La compression devra alors êt re la plus t ransparent e possible, c’est à dire
qu’elle modif iera le son de manière quasi imperc ept ible. Vous devrez donc met t re le seuil le plus haut possible afin de ne compresser
que les mont ées les plus puissant es du chant eur. L’at t aque sera réglée à environ 10 ms, suffisamment rapide pour que l’eff et soit
déclenc hé à t emps sans pour aut ant choquer. Le relâc hement se sit uera ent re 100 ms et 200 ms afin de laisser le t emps à la voix de
disparaît re en douceur. Enfin, vous évit erez de dépasser un rat io de 2:1 afin de déformer le son au minimum.
Dans un second cas, imaginons que vous désiriez avoir une voix puissant e pour un morceau de rock. Le seuil du compresseur sera
alors beauc oup plus bas, ce afin de maximiser le niveau de la voix en permanence. L’at t aque du son sera court e (3 à 5 ms). Le rét a‐
blissement se sit uera encore une fois ent re 100 et 200 ms. Enfin, le t aux sera relat ivement élevé (4:1 par exemple, mais le mieux est
de t est er au cas par cas).
Vous l’avez compris, les réglages dépendent non seulement de l’inst rument joué, mais aussi d’aut res fact eurs comme le st yle musi‐
cal, vot re volont é de t ransf ormer la voix ou de respect er parfait ement le grain, et c.
Les inst rument s sont généralement parfait ement audibles t out au long du morceau lorsqu’ils sont pris séparément . Par exemple, si la
chant euse chuchot e au début du morceau puis crie comme une damnée un peu plus t ard, les paroles rest eront compréhensibles
même lors des passages où le niveau sonore est faible. Il en est t out aut rement lorsque plusieurs inst rument s jouent en même
t emps. En effet , le niveau relat if des inst rument s est l’un des élément s dét erminant s pour l’int elligibilit é de chacun d’ent re eux. Si
vot re chant euse est accompagnée d’une guit are de rock, d’une bat t erie, d’une basse, d’un piano… personne ne l’ent endra lorsqu’elle
se cont ent era de chant er, et elle sera la seule ent endue lorsqu’elle poussera ses cris furieux. Il est alors nécessaire d’augment er le
niveau de sa voix au début du morceau, lorsqu’elle sussure des mot s doux à l’audit oire, afin d’ent endre ce qu’elle dit . En revanche,
lorsqu’elle crie que son amour est fini pour t oujours, mieux vaut baisser le volume ! Ou, mieux, laisser le compresseur faire ce t ravail à
vot re place.
Vous avez mixé t ous les morceaux de vot re fut ur album et maint enant , vous voudriez finaliser ce dernier. A moins de faire de la
musique classique, vous voudrez cert ainement que le niveau sonore des morceaux de vot re album soit relat ivement homogène. Pour
cela, vous allez mesurer le niveau moyen des morceaux grâce, par exemple, à l’out il de st at ist iques de Sound Forge, dans le menu «
Tools > St at ist ics », ou bien, encore mieux, vous fier à vot re oreille (solut ion que je vous suggère en priorit é, puisque le volume
sonore, vous l’avez compris, est quelque chose d’assez subject if ).
Les st at ist iques d’un son avant et après compression. On remarque que la puissance RMS, qui donne une idée assez just e du volume
sonore « subject if », est bien supérieure dans le cas d’un son compressé.
Le compresseur mult ibande int ervient également à cet t e ét ape, dans un but différent du compresseur général. Il sert généralement
à corriger des inst rument s dont l’une des harmoniques s’exprime un peu t rop violemment . Si par exemple vous écout ez vot re mix et
que le son d’une caisse claire semble couvrir de façon exagérée les aut res inst rument s lorsqu’elle est frappée, vous pouvez limit er
son impact à l’aide d’un compresseur mult ibande. Pour cela, commenc ez par t rouver la fréquence incriminée, en balayant t out es les
fréquences avec un filt re passe- bande de gain élevé et de largeur minimale (pour plus d’inf ormat ions sur cet t e t echnique, report ez-
vous au précédent numéro, dans le t ut oriel sur Sound Forge, chapit re int it ulé « supprimer les fréquences parasit es d’un son »).
Ensuit e, vous allez réduire l’act ion du compresseur à une bande de fréquences cent rée sur la fréquence que vous désirez at t énuer.
Fait es glisser le curseur « Cent er » à la fréquence que vous avez t rouvée précédemment . Choisissez le t ype « Band Not ch », ainsi
qu’une at t aque et un relâc hement en adéquat ion avec l’inst rument que vous voulez compresser et avec vot re st yle music al. Si l’ef‐
fet ne semble pas s’ét endre sur une bande assez large, augment ez- la à l’aide du curseur « Widt h ». Et voilà, la caisse claire qui cinglait
vos oreilles s’est un peu calmée, t out en rest ant présent e.
Le compresseur mult ibande de Sound Forge permet l’ut ilisat ion de quat re compresseurs simult anément , dont le champ d’act ivit é se
réduit à chaque bande de fréquences spécif iée
Conclus ion
En parlant de la compression dynamique du son, nous avons abordé un sujet relat ivement point u. Pour mémoire, j’avoue ne pas avoir
ent endu, la première fois que j’ai ut ilisé un compresseur, de différence avec le signal original (je l’avais cert ainement mal réglé et ce
n’ét ait pas franc hement un modèle haut de gamme !). Après avoir compris son fonct ionnement , j’en avais abusé sur une ryt hmique,
pour m’aperc evoir après coup que le son ét ait devenu t ot alement ineff ic ace (les basses avaient disparu). Je conseille donc à t ous
ceux et celles qui décident d’ut iliser cet out il de prendre les précaut ions nécessaires, de t ât onner, d’écout er le résult at , de suivre les
conseils d’ingés son et de t out faire dans la subt ilit é. Souvent , une bonne compression est une compression qui ne s’ent end pas.
Mais rassurez- vous, vous n’êt es pas encore lâchés à vous- mêmes, car nous cont inuerons de parler de la compression dynamique du
son dans le prochain numéro, au t ravers de cas concret s cet t e fois- ci, en ut ilisant les out ils logic iels comme Sound Forge et cert ains
plug- ins, fichiers audio à l’appui.