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ANALYSE DIALECTOMÉTRIQUE
DES STRUCTURES DE PROFONDEUR
DE L’ALF
(1) Voir les indications bibliographiques dans Goebl 1992a, 433-434 et 1993b, 277-278.
(2) Les travaux décrits dans cet article se sont déroulés dans le cadre de deux pro-
jets de recherche (no. 12414 et 13349) financés par l’organisme de recherche
autrichien «Fonds zur Förderung der wissenschaftlichen Forschung in Öster-
reich» (FWF) à Vienne.
parce que le travail de typisation (de taxation, codage, etc.) exige la mise
à disposition des planches de l’ALF en tant que feuilles détachées. Ces
préparatifs n’ont d’ailleurs été appliqués qu’aux 1421 cartes de la série A
de l’ALF. Par la suite, nous avons fait imprimer, sur les 1421 planches
dégagées de l’ALF, un réseau multicolore de 18 «parcours d’épreuve»
pour assurer ainsi le transfert contrôlé des données de l’ALF sur des listes
appropriées.
Le travail de transfert – qui comprend la taxation (typisation, codage,
etc.) à proprement parler et l’enfournement consécutif des données taxées
dans l’ordinateur – a été confié à une équipe de jeunes romanistes préa-
lablement formée. Il va de soi que le travail de taxation s’est déroulé sui-
vant des consignes aussi précises que possible pour assurer ainsi l’homo-
généité des travaux taxatoires de nos jeunes collaborateurs(3).
Du côté informatique enfin, il fallait trouver un collaborateur ultra-
compétent à qui confier la confection d’un logiciel capable d’assurer la
saisie, le contrôle et le stockage des données-ALF taxées d’un côté, et
d’effectuer tous les calculs dialectométriques ainsi que leur visualisation
consécutive selon les standards cartographiques les plus récents de l’autre.
Heureusement ce collaborateur idéal s’est présenté en la personne de
M. Edgar Haimerl qui, entre 1990 et 1997, avait déjà réalisé l’informati-
sation complète de notre atlas linguistique ladin ALD-I. E. Haimerl a par
la suite initié un jeune romaniste salzbourgeois d’origine polonaise –
M. Slawomir Sobota – aux secrets de la cartographie assistée par ordina-
teur. Le programme mis au point par E. Haimerl et à l’aide duquel toutes
les cartes de cet article ont été préparées, s’appelle «Visual Dialecto-
metry» (VDM) alors que le logiciel cartographique utilisé par S. Sobota
pour la confection définitive des cartes est un produit industriel dénommé
«Map Info». Que MM. Haimerl et Sobota reçoivent ici l’expression de ma
reconnaissance sincère et profonde!
Les lecteurs intéressés pourront d’ailleurs consulter notre site internet
bilingue (allemand-anglais) http://ald.sbg.ac.at/dm où ils trouveront une
description détaillée de la démarche dialectométrique en général et des
différentes étapes de la dialectométrisation de l’ALF en particulier.
(3) À cet égard nous tenons à remercier chaleureusement Barbara Aigner, Irmgard
Dautermann, Hildegund Eder, Susanne Oleinek et Annette Schatzmann (toutes
de Salzbourg) pour leur collaboration compétente, efficace et tenace.
Nous incluons dans notre gratitude Mme Lily Ditz-Fuhrich (Salzbourg) qui,
une fois de plus, a bien voulu assurer le contrôle stylistique de notre texte
français.
Chaîne dialectométrique
peut dire que notre choix a été opéré d’une façon quasiment aléatoire.
Le tableau synoptique suivant renseigne sur les effectifs des différentes
catégories linguistiques considérées dans cet article.
1 2 3 4
cartes - ALF cartes de travail taxats
Catégorie
linguistique décompte décompte décompte décompte
partiel intégral intégral intégral
1 Phonétique 247 ------ 1.117 12.023
2 vocalisme 242 ------ 612 8.657
3 consonantisme 227 ------ 505 3.366
4 Morpho-syntaxe 84 ------ 99 989
5 Lexique 463 ------ 471 7.031
Total ------ 626 1.687 20.043
Remarque: comme, d’une carte originale de l’ALF, il était possible de tirer
plusieurs cartes de travail appartenant en outre à plus d’une catégorie linguistique,
il est impossible de calculer le total de la colonne 2 du tableau précédent en addi-
tionnant les effectifs partiels des lignes 1-5.
√
La signification des symboles est la suivante:
ETj l’écart-type d’une distribution de similarité relative au point de
référence j
n l’ensemble des 640 scores d’une distribution de similarité (IRIjk);
ici: n = N – 1, pour N = 641
i l’indicatif (allant de 1 à 640) des n scores d’une distribution de
similarité
IRIjk un des 640 scores d’une distribution de similarité relative au point
de référence j
j l’indicatif d’un point de référence (allant de 1 à 641)
k l’indicatif d’un point comparé (allant de 1 à 641)
IRIj la moyenne arithmétique d’une distribution de similarité relative au
point de référence j
L’exemple des cartes 9-12 nous a déjà démontré la manière dont les
résultats de l’analyse dialectométrique dépendent de l’appartenance caté-
gorielle (vocalisme, consonantisme, lexique, etc.) du corpus exploré. Les
cartes 17 et 18 en offrent un nouvel exemple très éloquent. Dans une
perspective cavalière, les profils choroplèthes des deux cartes correspon-
dent de très près à celui de la carte 15 (basée sur le corpus intégral). Le
Nord de la Galloromania est caractérisé par un rayonnement expansif
circulaire (voir avant tout les polygones en bleu) alors que le Sud montre
la persévérance de plusieurs noyaux (ou poches) de résistance (en rouge
et orange). Il y a cependant, entre les deux cartes, une différence très
importante: c’est la position divergente du francoprovençal. Du côté voca-
lique (carte 17) le francoprovençal occupe, face au domaine d’Oïl, une
position fortement détachée sans se confondre d’ailleurs complètement
avec le domaine d’Oc (voir à ce propos la courte barrière verte, formée
de cinq polygones enchaînés, au Sud du domaine francoprovençal).
Du côté consonantique en revanche (carte 18), la zone francopro-
vençale semble avoir participé pleinement au dynamisme expansif d’Oïl. Il
s’agit là d’une hybridation linguistique très intéressante qui avait déjà été
pressentie vaguement pas G. I. Ascoli en 1874 (74 s.).
Fort de la leçon des cartes 9-12 d’un côté et des cartes 17-18 de
l’autre, nous pouvons donc dire que l’hybridation catégorielle est une des
particularités saillantes du croissant et de la couronne-nord de l’occitan
d’un côté et du francoprovençal de l’autre.
(5) Nous avons emprunté le terme de «chorème» à R. Brunet (1987, 190 et 211)
et forgé nous-même, sur son modèle, le terme de «dendrème» (dérivé du grec
ancien dendron «arbre») en 1998 (296).
9. Épilogue
Nous concluons avec une brève remarque d’ordre purement pratique
(9.1.) et une autre plus longue et d’inspiration épistémologique (9.2.)
9.1. Les 24 cartes que nous venons de présenter n’ont fait qu’effleurer
la richesse des résultats et méthodes dialectométriques actuellement dispo-
nibles sur le système informaticien VDM à Salzbourg. Les lecteurs, désireux
de recevoir un CD-ROM avec le logiciel VDM et la totalité des calculs
dialectométriques effectués jusqu’à aujourd’hui et à partir de la matrice de
données relative à l’ALF, pourront l’obtenir sur simple demande.
9.2. Le verdict de la «non-existence des dialectes» – prononcé, il y a belle
lurette, par Paul Meyer, Gaston Paris, Jules Gilliéron et d’autres linguistes,
d’abord contre Graziadio Isaia Ascoli (au cours de la fameuse querelle sur le
«franco-provenzale» éclatée, en 1875, entre P. Meyer et G. I. Ascoli)(6) et
ensuite contre tous ceux qui osaient grouper leurs données dialectales en enti-
tés spatiales majeures tout en dépassant le niveau de l’innocente et simpliste
«géographie des traits linguistiques isolés»(7) – a pesé lourdement sur le déve-
loppement méthodique ultérieur du traitement de données géolinguistiques
brutes en matière de dialectologie française. Les séquelles de cette
consigne fallacieuse étaient encore sensibles du temps de Jean Séguy.
(6) Voir surtout Meyer 1875, Ascoli 1876 (réplique à Meyer 1875) et Paris 1888.
(7) Pour l’historique de cette querelle cf. les bilans critiques contemporains d’Adolf
Horning (1893) et de Louis Gauchat (1903) ainsi que nos analyses méthodiques
rétrospectives de 1986, 1990 (version allemande) et 1995 (version italienne). La
paternité de la consigne de «faire la géographie non des dialectes, mais des
traits linguistiques» revient à G. Paris (1881, 606).
(8) Citons, à titre d’exemple, les ouvrages synthétiques de Broadfield 1946, Centre
National [...] 1963, Rosch/Lloyd 1978, Parrochia 1991, Bailey 1994, Gordon 1999
et Moriconi 2000.
(9) Voir à ce sujet les contributions d’Altmann/Lehfeldt 1973 (pour la linguistique),
Needham 1975 (pour l’anthropologie), Mahmood/Armstrong 1992 (pour l’eth-
nologie), Dos Santos 2001 (pour la géographie humaine) et Sériot 1999 (pour
le structuralisme «eurasiste» de N. S. Troubetzkoy, etc.)
* Pour la cartographie assistée par l’ordinateur.
** Pour la programmation du logiciel VDM.
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Carte 15: Carte choroplèthe de la synopse de 641 coefficients d’asymétrie de Fisher (CAF).
Corpus: 1687 cartes de travail. Indice de similarité: IRIjk.
Voir aussi le chapitre 7.2.
Carte 17: Carte choroplèthe de la synopse de 641 coefficients d’asymétrie de Fisher (CAF).
Corpus: 612 cartes de travail (vocalisme). Indice de similarité: IRIjk.
Voir aussi les cartes 15-16, 18 et le chapitre 7.2.1.
Carte 18: Carte choroplèthe de la synopse de 641 coefficients d’asymétrie de Fisher (CAF).
Corpus: 505 cartes de travail (consonantisme). Indice de similarité: IRIjk.
Voir aussi les cartes 15-17 et le chapitre 7.2.1.
Carte 19: Carte choroplèthe de la synopse de 318 coefficients d’asymétrie de Fisher (CAF).
Corpus: 1687 cartes de travail. Indice de similarité: IRIjk.
Voir aussi les cartes 15, 20 et le chapitre 7.2.2.
Carte 20: Carte choroplèthe de la synopse de 390 coefficients d’asymétrie de Fisher (CAF).
Corpus: 1687 cartes de travail. Indice de similarité: IRIjk.
Voir aussi les cartes 15, 19 et le chapitre 7.2.2.
vers 21694 (... maintenant) le texte imprimé a oublié une ligne Et fu sus
ses piés en estant qu’on lit dans le manuscrit B (BNF, fr. 1039, base de la
2e série), et qu’après le vers 28848 (... s’ame) on devait lire Ses refuis iert
a Nostre Dame d’après le manuscrit A (BNF, fr. 1546, base de la 3e série);
le glossaire qui enregistre le s.m. refuis renvoyait à ce vers. Ce sont
naturellement deux fautes évidentes qui n’auront échappé à personne,
mais elles ne peuvent pas être corrigées tant qu’on ne consulte pas les
manuscrits.
Ces deux vers manquants et d’autres endroits qui me semblaient
étranges m’ont poussé à collationner l’édition procurée par F. Lecoy et les
cinq manuscrits qu’il a utilisés. Bien que mon examen rapide porte seule-
ment sur la 2e série des contes (Pères43-50 et 64-74, publiée au tome III,
p. 1-255), le résultat ne manque pas d’inquiéter, car le texte imprimé n’est
pas toujours tout à fait fidèle aux manuscrits qu’il est censé reproduire.
Il y a plusieurs types d’écarts par rapport aux manuscrits. Je prendrai
arbitrairement comme exemple Pères65L Mère, un court conte de moins
de 300 vers (v. 20528-20821, p. 43-52 du t. III). L’édition est fondée sur B
(f. 173b-175d). Le conte étant absent de C (BNF fr. 23111), F. Lecoy
l’a contrôlé par trois autres manuscrits: u (BNF, fr. 2094, f. 68a-71a), A
(f. 133a-134c) et S (Arsenal, 3641, f. 135c-137c).
On s’aperçoit tout d’abord qu’un certain nombre de mots sont mal
lus sur le manuscrit de base ou mal imprimés dans l’édition. Certes il y a
des cas faciles à corriger. Par exemple, escrîés qu’on lit en 20559 est bien
sûr à lire escrïés. De même, l’imparfait l’aportait du vers 20585 n’est
qu’une faute d’impression pour l’aportoit. Il n’en va pas autrement pour
la forme moderne du parfait fut qui apparaît en 20638 et 20690; on lit fu
dans le manuscrit comme on peut s’y attendre. Quant à Notre Dame de
20719, il fallait développer l’abréviation en Nostre Dame comme au vers
20722. À côté de ces quatre fautes assez évidentes, on a d’autres cas qui
sont moins aisés à repérer si l’on ne consulte pas le manuscrit de base.
D’abord, au vers 20534 l’édition donne gaagnoient mais là on doit lire
gaaignoient si l’on veut reproduire la graphie du manuscrit. Ensuite, la
forme trouvast de 20550 est en fait à lire trovast. La lecture de none en
20594 est aussi à corriger en nonne. Il en va de même pour le vers 20636
où la curieuse graphie larecchin est une faute d’impression pour larrechin;
cette dernière graphie est d’ailleurs bien imprimée dans le glossaire.
Quant à la lecture de papelardie en 20664, elle est à remplacer par papa-
lardie. L’adjectif blanche qu’on rencontre au vers 20765 est également à
corriger en blance. Par ailleurs, la consonne finale –z semble troubler par-
fois l’éditeur ou son imprimeur, car au vers 20766 on doit lire serganz à la
place de sergans et au vers 20820 nous est à lire nouz. Deux autres confu-
sions concernant une consonne finale se rencontrent au vers 20771, où doux
est une faute pour dous et au vers 20783, où en est à lire em. On voit
ailleurs que les formes modernes ne supplantent pas toujours les formes
anciennes, car au vers 20774 on doit lire Dieu au lieu de Deu. En ce qui
concerne le vers 20809, le problème est plus délicat. Là Jhesuscris serait à
lire Jhesucris si F. Lecoy se conformait à sa façon de développer l’abrévia-
tion qu’on trouve en 20819, mais la forme écrite en toutes lettres qu’on ren-
contre dans B étant Jesuscris (au vers 24699, encore que l’édition modifie
cette forme), on peut se demander si l’ensemble du texte n’est pas à revoir
de ce point de vue. On peut relever enfin deux fautes dans les leçons reje-
tées: dans l’apparat de 20691, la leçon rejetée loyal est à lire loial et dans
l’apparat de 20812, on doit lire la et non le. Au total, on a dix-neuf coquilles
sur l’ensemble de 294 vers, soit une erreur toutes les quinze lignes.
Un autre cas de figure est la correction que l’éditeur a introduite
implicitement en transcrivant son manuscrit de base. Au vers 20563 (A
ouvrer son pain gaaigna), le manuscrit donne en fait Et au début du vers.
F. Lecoy l’a supprimé sans doute pour donner un vers exact. C’est une
intervention justifiée, d’autant plus que les autres témoins uAS n’ont pas
la conjonction et. Seulement, il aurait dû signaler la modification qu’il a
apportée au texte et citer le témoignage des manuscrits de contrôle. Le
même souci de la versification a amené F. Lecoy à introduire deux autres
corrections tacites. La forme effreee avec trois e qu’on lit au vers 20667 est
surprenante puisque les copistes répugnent en général à aligner trois e. En
effet, il s’agit d’une modification due à l’éditeur, parce qu’on lit effree
dans B (et aussi dans uS). Si l’on veut corriger pour donner un octosyl-
labe, il vaudrait mieux imprimer effraee à l’instar de A ou du vers 20672
tout en précisant que c’est le résultat d’une correction. Par ailleurs, au
vers 20753 (Mais la mere de Dieu pour rien) la préposition de n’est pas
dans B; cette faute est partagée par A. La préposition de qu’on lit dans u
a été ajoutée par l’éditeur pour satisfaire les exigences du mètre. Il aurait
dû le préciser dans l’apparat. On pourrait signaler aussi que pour ce vers
S donne une leçon un peu différente: La mere Deu por nule rien. Ainsi,
on a trois cas d’intervention implicite. Pourquoi F. Lecoy s’est-il abstenu
de préciser les modifications? A-t-il considéré ces cas comme relevant du
type aise pour aaise qu’il a noté dans l’apparat du vers 19508 et partant
comme indignes de faire l’objet d’une annotation?
Après les corrections tacites, examinons maintenant celles qui se font
explicitement. Dans le conte Pères65L, on en a au total vingt-huit, dont
trois (en 20577, 20628-29 et 20762) sont effectuées sans faire état des
autres témoins (l’éditeur, sûr de l’évidence des erreurs de B, aurait jugé
inutile de renvoyer aux autres manuscrits) et dont les vingt-cinq autres le
sont avec mention des sources. Mais, même si les modifications sont intro-
duites clairement, elles ne manquent pas de poser des problèmes. Ils sont
de deux ordres. D’abord, quand F. Lecoy signale la source de ses correc-
tions en énumérant les sigles des manuscrits, contrairement à la tradition,
les leçons adoptées ne correspondent pas toujours à celle du premier
manuscrit cité; d’ailleurs il n’expliquait pas dans son introduction com-
ment il avait procédé dans ces cas. On est ainsi obligé de contrôler chaque
cas pour savoir d’où vient la leçon qu’on a sous les yeux. Par exemple, au
vers 20561 (Si qu’a morir li escouvint) la leçon de B (li couvint) est rem-
placée, selon l’apparat, par li escouvint de uAS. Or si l’on se reporte à ces
derniers, on voit que escouvint vient de A et non de u qui donne Si que
morir li escovint (graphie et construction différentes) et que S n’utilise pas
le même verbe: li en covint. Ainsi, l’apparat devrait être écrit plutôt
comme il suit: li couvint]Au. De son côté, au vers 20579 la leçon de B
(femelete; attestation à ajouter au TL) est remplacée par femete d’après
uAS si l’on en croit l’apparat. Mais la forme femete provient du seul S
(bien que cette lecture ne soit pas très sûre sur le microfilm) car uA don-
nent famete. Puisqu’il s’agit d’un mot rarement attesté (cf. TL, Gdf), on
aurait aimé que l’édition distinguât bien les formes. Quant au vers 20648,
la leçon corrigée cel provient non pas de u qui donne ce mais de A bien
que l’apparat se réfère à uA. Les lexicographes qui voudraient préciser la
date et la géographie des attestations doivent donc être vigilants quand ils
citent ces trois corrections.
Un autre problème est que les leçons corrigées ne reproduisent pas
toujours ce que les manuscrits nous transmettent. F. Lecoy modifie leurs
témoignages à son gré, et probablement pour se conformer aux habitudes
graphiques de son manuscrit de base. Ainsi, les lecteurs attentifs aux gra-
phies seront obligés de contrôler chaque cas pour ne pas accepter telles
quelles des formes qui peuvent n’être attestées dans aucun témoin. On en
a plusieurs exemples. Au vers 20539, la leçon de B (tendre) est corrigée en
entendre d’après uAS si l’on suit l’indication de l’apparat. Or si l’on jette
un coup d’œil sur les manuscrits évoqués, on s’aperçoit qu’ils donnent tous
entandre et non entendre. Il faut en conclure que l’éditeur s’est inspiré de
la variante entandre pour imprimer entendre à cet endroit. De même,
quand F. Lecoy introduit Oés au vers 20618 (Lor bien fait. Oés quel mer-
veille!), il modifie la consonne finale de la leçon oez donnée par uAS
(l’apparat de 20618 est d’ailleurs à lire: fait ces q. m. au lieu de fait ces
Dans l’état actuel, son édition ne nous permet pas de vérifier l’attestation
que Gdf a tirée de S. Un autre passage que Gdf a cité d’après le même
manuscrit se trouve en 1, 310a s.v. aorous adj. au sens de «vénéré». Dans
cet article on n’a que cette attestation et celle-ci est passée ensuite dans
le FEW 24, 177a s.v. ADORARE: afr. aorous adj. «vénéré» (hap. 13e s.);
il y est fait allusion aussi dans le FEW 25, 898b note 9. Avant de l’enre-
gistrer, le FEW aurait dû vérifier si le mot a bien ce sens dans le passage.
Or il correspond au vers 20797 de l’édition:
Nostre Dame de cuer ama,
tant le siervi et honnera
qu’ele le fist si grassieus,
si amé et si eüreus 20797
que pour saint honme le tenoient
cil qui son estre connissoient.
On voit ainsi que cette attestation est à ranger dans le FEW 25, 887b s.v.
AUGURIUM, sans doute comme relevant de afr. mfr. eüros/heureux «béni»
(13e-15e s.). Quant aux autres témoins, u donne anvïous à cet endroit tandis
que les vers 20796-97 manquent dans A. Si F. Lecoy avait recueilli la variante
graphique de S, il aurait facilité la tâche de ceux qui veulent contrôler la cita-
tion que Gdf a enregistrée comme hapax et que le FEW mentionne dans
deux endroits sans remettre en cause l’interprétation de sa source.
Parmi les autres variantes, il y en a qui pourraient intéresser les lexi-
cographes. Prenons comme exemple les vers 20760-64. Ils font partie du
discours que le fils qui vient d’être sauvé par la Vierge tient à sa mère. Le
passage est imprimé dans l’édition comme il suit:
Ensi si m’a rendu la vie 20760
cele que vouz avés servie,
si la servés dusqu’en la fin,
et je vouz jur et vouz destin
que je de cuer le servirai:
Bien que F. Lecoy ne signale aucune variante pour cette phrase, elle
fait l’objet de modifications importantes dans A et S. Voici ce qu’ils nous
transmettent:
A, f. 134b S, f. 137a
Mes cele m’a rendu la vie Ensi que m’a randu la vie
Que vous avez toz jors servie. Cele que vos avez servie,
Or la servez du cuer tout dis Certes je me juge et destin
Et je meïsme m’establis Que je de bon cuer et de fin
Que je de cuer la serviré. La douce dame servira
Il s’agit du vers 26781 (Cil li respondi: «Biau sire chiers,) et du vers 26793
(– Par foi, dist cil, je ne voi) de Pères50L. Pour le premier cas, au lieu de
respondi il fallait imprimer respont qu’on lit dans B (ou corriger en Cil
respondi d’après la leçon de C f. 136c, u f. 126a et A f. 112a) et pour le
second, je est à remplacer par mie (leçon partagée par C f. 136d, u f. 126a
et A f. 112b) en suivant la leçon du manuscrit. À la même p. 236, le
curieux s qu’on a dans je ne soies decheüs du vers 26811 n’est pas dans le
manuscrit, où l’on a soie comme on peut s’y attendre.
À la même page, on a un cas de correction implicite. C’est la forme
vorrai qu’on lit au vers 26806 et qui est écrite en fait vorra dans B.
Comme la première personne est nécessaire dans le contexte (C f. 136d et
A f. 112b donnent respectivement vodrai et voudré tandis qu’on lit voudra
dans u f. 126b), F. Lecoy a modifié la terminaison mais sans avertir les lec-
teurs de son intervention. Un autre cas de correction implicite se trouve
à la page suivante. Il s’agit du vers 26815: Grans biens vous em poroit
venir. Cette leçon ne correspond pas tout à fait à B qui donne: Grans
biens em poroit bien venir. L’éditeur qui a considéré comme fautive la
répétition du mot bien a amélioré le texte en s’inspirant apparemment de
C f. 136d, u f. 126b et A f. 112b qui offrent une meilleure leçon: Granz
biens vos en porroit venir. Une indication dans l’apparat aurait été néces-
saire pour signaler la correction. Même pour un mot rare, on a une modi-
fication tacite apportée au manuscrit de base. En lisant Runge moustier et
ricouars au vers 25397 de Pères45L, personne n’imaginerait que B n’a pas
le mot ricouars, que le glossaire a d’ailleurs renoncé à traduire. Mais si
l’on consulte le manuscrit, on voit que le copiste répète le mot papelars
qui se trouvait à la fin du vers précédent et que l’éditeur a emprunté
cette leçon précieuse en s’inspirant de CS. En effet, on lit ricouarz dans
C f. 154d et ricoairt dans S f. 167c tandis que u f. 111c donne recounart et
que A f. 105c qui a supprimé la fin du conte n’a pas de passage corres-
pondant. Il faudrait donc préciser dans quels manuscrits se trouve le mot
et l’on pourrait signaler que Gdf 7, 187c l’a cité, justement d’après C et S
(son indication «Ars. 425» doit être lue «Ars. 3641»), avec un point d’inter-
rogation au lieu de définition.
Le cas de changements introduits implicitement dans les leçons
d’autres manuscrits peut être illustré par les vers 26134-39 de Pères47L.
Ces six vers manquant dans B, l’éditeur les a suppléés d’après C f. 132b
et u f. 119a-b. Or son texte imprimé contient à chaque ligne une ou deux
retouches de F. Lecoy. Citons le passage d’après l’édition, et pour montrer
le travail de l’éditeur, je mets en italiques les mots modifiés et donne les
leçons de C et éventuellement de u.
amielee [leçon citée par Gdf 1, 265c, d’où FEW 6, 1, 651a] et A f. 106d
enmiellee).
Quant au mot gaïtel à propos duquel le glossaire indique qu’il se
trouve en «24356 var.» au sens de «bourse, tirelire (?)», il est dans une des
variantes correspondant au vers 24356 de Pères72L:
Pour avoir boursses et atraire
deniers dedens lor rigotiaus 24356
estoient fier et desloiaus.
(*) Je remercie Madame May Plouzeau et Monsieur Gilles Roques des remarques
qu’ils ont faites en lisant mon tapuscrit.
Appendice
Pour souligner que les variantes sont plus nombreuses que l’édition le laisserait
croire, j’en présente ici quelques choix dont je n’ai pas parlé ci-dessus, tout en me
limitant à Pères65.
A qui abrège souvent le texte n’a ni le vers 20531 ni le vers 20533; il en va de
même pour les vers 20551-53, 20555, 20686-87, 20782-83; – au vers 20535 à la place
de se garissoient, A donne se chevissoient; – au vers 20537 (Si envïex et si divers) on
lit Si anemis et si despers dans u; – la leçon de A qui correspond au vers 20546 (se
peloient au dés, leçon corrigée) est se desnuoit as dez; – on lit au vers 20549 (Ne
remanoit a efforcier) Ne remenoit a aforcier dans S et Ne demoroit que aforcier dans
u; – la leçon de u pour le vers 20553 (... s’estoit pris) est s’estoit mis; – au vers 20554,
les variantes graphiques de u (cope geule), de A (coupe gueule) et de S (cope goule)
pour coupe gheule mériteraient d’être relevées, cf. DEAF G 960, 46 qui cite ce pas-
sage d’après B; – au vers 20557, à em prison du texte correspond a juïse dans uAS;
la leçon de B est donc isolée; – pour le vers 20562 (Sa mere veve demoura), on lit
Sa fame v. dans A, La feme v. dans S, et La vove fame d. dans u; là aussi B donne
une leçon isolée; – la leçon de u pour le vers 20565 (honneroit) est aoroit; – pour le
vers 20567 (Ele manoit jouste une eglise) on a E. demoroit lez u. dans S; – on lit pour
le vers 20580 (Que n’en voloit son cuer mouvoir) Qu’el n’en v. oster son cuer dans
A et Q. ne veloit oster son cuer dans u; – à la place de aprestee en 20593, on lit espre-
tee dans u; – en 20594, on lit sonoit dans S à la place de venoit; – pour le vers 20598
(Et l’erbe fresce...) on a E. l’e. vert dans A; – au vers 20599, la leçon de B (Ja puiz...)
est isolée puisqu’on lit Ja mes dans uA et Je mais dans S; – on lit aise dans S au lieu
de joie au vers 20601; – au vers 20606 (Qui le sevent amer...) A donne Q. l. s. servir;
– dans u on lit savoit à la place de sentoit au vers 20607; – Au vers 20609 (... a son
avis [mettre une virgule au lieu de point]) on a a s. devis dans uS et a s. deviz dans
A; la leçon de B est donc isolée et la variante a son devis/deviz «selon son souhait»
(attestation à ajouter au TL 2, 1873, 20) semble préférable dans le contexte; – au
vers 20615 (Que li mauvais si ont envie) correspond Les mauvés ont toz jorz e. dans
A; – pour le vers 20623 (Et li musars...) on a Et li mauvais dans uS et Et le mauvés
dans A; ici aussi B donne une leçon isolée; – les vers 20627-28 (La boine feme se
tint bien Et servi...) deviennent La preudefame se t. b. A servir dans A; – au vers
20644, on lit en la rue dans u, enmi la rue dans A et et grant huee dans S à la place
de par le rue; – les vers 20651-52 (Une vielle court erraument Qui entra dedenz le
moustier) sont remplacés par U. v. tout maintenant L’encontra d. l. m. dans A; – à la
place de l’interjection Ahi du vers 20655, u donne Aï et on lit Haï dans S; cf. DEAF
H 27; – le vers 20656 (... neenz dolereuse) se lit lasse d. dans uA et feme d. dans S;
– uA donnent meseüreuse au lieu de maleüreuse au vers 20657; l’attestation de
meseüreuse serait à ajouter au FEW 25, 889a; – au vers 20659 (Ton seul enfant...),
on lit T. chier e. dans A; – les vers 20663-64 (Aussi conme aidier te deüst. Or i pert
ta papelardie [lire papalardie, voir ci-dessus]) sont remplacés par Ausi con se Dex te
deüst Oïr par ta popelardie dans u; – au vers 20670, on lit Mere con mere dans A au
lieu de Mere que mere; – à la place de cela en 20673, on a mena dans u; – les vers
20682-82 (Douce dame de maïsté, Dame, qui par vostre bonté) se lisent Dame que por
vostre bonté Estes en si grant digneté dans u; – au vers 20691 on a douce dans uS à
la place de roial, leçon corrigée d’après A; – S donne florit au lieu de s’esmut au vers
20692; – à la fin des vers 20694-95 humelité et virginité sont intervertis dans S; – le
vers 20697 (Pour l’oudour qu’an la flour trouva) se lit Por la doçour que il trova
dans S; – au vers 20705, on lit Du desconfort ou elle estoit dans A au lieu de Toute
desconfortee estoit; – les vers 20709-10 (Onques a vouz ne failli nus Qui vouz apie-
last de boin cuer) se lisent Ert mon enfant ensi perdus? Ce ne porroit estre a nul fuer
dans A; – au vers 20725, on lit garda dans S à la place de sauva; – le vers 20730
(I fist apertes...) se lit Fist molt apertes dans S et A donne aparoir au lieu de apertes;
– au vers 20733, à la place de desbandés on a toz bandez dans S; – l’adjectif clere de
20735 est remplacé par chiere dans uS; – le substantif clarté de 20737 est remplacé
par biauté dans A; – on lit ramena dans u au lieu de i amena au vers 20746; de son
côté, dans S les vers 20746-47 (Que Nostre Dame i amena. Sa mere a li tantost tira:)
sont intervertis et se lisent Sa mere maintenant tira Qui Nostre Dame amena; – au
vers 20748 («Biele mere, laissiés, laissiés), le 1er laissiés est remplacé par dit il dans
u et dist il dans S; – l’impératif vous rapaiés de 20749 est remplacé par vos apaiez
dans u et vos repariez dans S; – le vers 20751 (Mes lieus appareilliés ert ja) se lit Et
m. l. estoit livrez ja dans S; – au vers 20759, mis estoie est remplacé par me metoie
dans S; – le vers 20765 (Em blanche [lire blance, voir ci-dessus] ordre m’enserrerai
[voir ci-dessus sur cette dernière forme]) se lit En ordre blanc... dans u et Ne ja ne
m’en restrainderé dans A; – le début de 20768 (Conme je vueil) se lit Con ore v. dans
u, Con je or v. dans A et Comme or v. dans S; – le vers 20769 (Pour rien je ne voeil
plus atendre) est remplacé dans A par En abaïe me veil rendre; – au vers 20770 (Je
m’en vois, venés aprés moi), le début se lit G’i vois or v. dans A et on a avec dans
uAS à la place de aprés; la leçon aprés qu’on ne trouve que dans B est-elle défen-
dable? On peut se poser la question si l’on tient compte du vers 20778 qui décrit le
mouvement de la mère et de son fils (Ensi s’en va aveuc son fil); – les vers 20773-
74 (Devant l’autel a estendu Son cors en grasces Deu [lire Dieu, voir ci-dessus] ren-
dant) sont construits différemment dans A: D. l’a. ou e. Fu son c. en g. r. et, dans u,
on lit au vers 20774 c. en crois g. r.; – au vers 20783, S donne besoigne procura au
lieu de besoigne en [lire em, voir ci-dessus] pourtraita; – on lit retorna dans S à la
place de repaira au vers 20788; – le verbe se maintint de 20792 est remplacé par se
contint dans u; – Au vers 20793 (Par son boin sens prestres devint), A donne Que li
vallez p. d.; – le vers 20799 (Cil qui son estre connissoient) se lit Tuit cil q. bien lo c.
dans u; – le vers 20801 (Sainz hom fu et de boine vie) est remplacé par Nostre Dame
n’oblia mie dans A, qui supprime les deux vers suivants et transforme le vers 20804
(La bonté que faite li ot) en Pour l’amour que fete li ot; – au vers 20805, uAS don-
nent la locution adverbiale longue piece à la place de boine pieche; la leçon de B est
donc isolée et la variante longue piece est à ajouter au TL 7, 910, 20 qui n’en cite
que deux exemples; – au vers 20815, à la place de un Ave maria, on lit son A. m.
dans uA; – au vers 20818 (Dont cil enfes fu delivrés), cil de B ne se retrouve
pas ailleurs puisque uAS donnent l’article li; dans le même vers 20818, delivrés est
remplacé par deliez dans S.
1. Problemi di definizione
La designazione “dialettologia sociologica” copre un arco di tema-
tiche che non si presentano unitarie né sistematicamente sviluppate. Si ha
l’impressione che una forma di unitarietà e sistematicità possa essere indi-
viduata sul piano metodologico piuttosto che su quello dei contenuti di
ricerca. Ciò rende difficilmente delineabile un quadro coerente ed inte-
grato dei risultati raggiunti. Sensibile appare anche la differenza tra gli
ambienti scientifici europei, in cui si riflettono diverse situazioni storiche
di rapporto tra lingua nazionale e dialetti o parlate locali, ed inoltre tra-
dizioni di studio della variazione e concezioni della sociologia con una
fisionomia propria. Infatti, una diversa strutturazione dei modelli della
variazione e dei modelli sociologici e una diversa visione del loro rapporto
interattivo permette di riconoscere indirizzi distinti, sviluppatisi su prece-
denti tradizioni di dialettologia.
Il discrimine più netto sembra dividere le tradizioni dei paesi di lin-
gua romanza e quelle dei paesi di lingua tedesca dalle tradizioni dei paesi
anglosassoni, come Inghilterra e Stati Uniti. La convergenza teorico-meto-
dologica della ricerca sulla variazione nei paesi di lingua romanza e di lin-
gua tedesca si giustifica con condizioni storico-culturali comuni, pur nella
divaricazione di sviluppi (si veda Dittmar & Schlieben-Lange 1982a: 8;
Cadiot & Dittmar 1989a: 16). Una certa affinità di condizioni politiche e
sociolinguistiche accomuna Italia e Germania, per la loro tarda unifica-
zione in uno stato nazionale e la sensibile frammentazione culturale e lin-
guistica (cfr. Grassi 1980: 145, che richiama anche una opinione di Schlie-
ben-Lange al riguardo). Più in particolare, il tipo di transizione dalla
dialettologia alla sociolinguistica che si è verificato nei vari paesi europei
contribuisce a far luce anche sulle loro tradizioni dialettologiche e socio-
linguistiche (cfr. Dittmar & Schlieben-Lange 1982a).
sviluppi in atto. I lavori ora menzionati mostrano come in paesi quali l’Ita-
lia, la Romania e, in modo alquanto diverso, la Spagna, la forza di una tra-
dizione dialettologica e un forte radicamento della ricerca storica, abbiano
preparato la strada per una sociolinguistica con una spiccata consapevo-
lezza critica. In particolare, per quanto riguarda l’Italia, questa situazione
ha creato le premesse per un continuo interscambio di problemi e metodi
tra dialettologia e sociolinguistica; inoltre, buona parte della tradizione
dialettologica italiana è stata orientata – ben prima dello sviluppo di una
sociolinguistica – in senso sociale (si veda qui più avanti). In Francia,
l’interesse per la sociolinguistica è stato piuttosto sospinto dalla radicata
tradizione sociologica durkheimiana e dalla sensibile influenza del pen-
siero marxista (cfr. Kremnitz 1982: 15), mentre in Germania l’interesse per
la dimensione sociale della variazione ha avuto un fondamento etico-poli-
tico, con una funzione di “critica della società”: sono stati infatti
i problemi dell’ineguaglianza di opportunità nelle istituzioni scolastiche,
i problemi di acquisizione di lingue seconde da parte degli immigrati e dei
loro bambini ad agire da elemento propulsivo, che ha poi trovato un
terreno fertile in una tradizione linguistica orientata in senso pragmatico
(cfr. Cadiot & Dittmar 1989, specialmente 9-14). Anche in Germania
dunque gli studi di dialettologia sociale sono stati fortemente contigui a
quelli sociolinguistici, e come questi si sono indirizzati sia verso i problemi
del rapporto lingua - dialetto (in particolare in contesto scolastico: cfr.
Ammon 1989 e relativa bibliografia) che verso la dimensione pragmatica
della comunicazione (si veda Mattheier 1980).
(1) Trudgill (1983: 33) riconosce che “this narrowly historical emphasis [is] found
in some (but, it must be stressed, not all) dialectological studies”, ma ciò non
gli impedisce di articolare il suo discorso sui rapporti tra dialettologia e lin-
guistica come se gli studi citati fossero rappresentativi della dialettologia tout
court.
1982; Mioni & Trumper 1977), che in Francia o Germania (per il contesto
scientifico tedesco si veda Cadiot & Dittmar 1989: 16, secondo cui “les
règles variables, les grammaires de variétés et l’analyse formelle de la
conversation étaient considérées par les chercheurs de R.D.A. comme des
instruments de description positivistes, réifiés, détachés de la pratique”;
per un punto di vista critico francese si veda Marcellesi & Gardin 1974:
143-155). Questa influenza è visibile non solo nella costituzione di un
ambito disciplinare “sociolinguistico”, ma anche nella ricaduta su ricerche
più squisitamente dialettologiche.
Tuttavia, la tesi di un’influenza determinante dei modelli sociolin-
guistici anglosassoni sul costituirsi di una dialettologia sociologica è pre-
sumibilmente affrettata. Quantomeno, essa dovrebbe essere riformulata
rispetto ad alcune questioni storiche e metodologiche non secondarie,
riconducibili alla particolare interazione che, sin dalla sua nascita, la dia-
lettologia ha avuto con discipline come geografia, storia, sociologia. Alcuni
di questi problemi sono visibili ancora nelle ricerche odierne e nella
controversa definizione di questa branca della dialettologia.
Una contrapposizione netta tra metodi della dialettologia e metodi
della sociolinguistica sarebbe difficilmente sostenibile. Nella riflessione
dialettologica degli ultimi decenni del XIX secolo era già presente la sen-
sibilità per la variazione sociale. Hagen (1988b: 408) ha richiamato l’at-
tenzione sul lavoro di Löwe concernente la mescolanza dialettale nell’area
di Magdeburgo e Koerner (1995: 122) ha ricordato le considerazioni di
Philipp Wegener, sempre per l’area di Magdeburgo, sul contatto regolare
tra lavoratori rurali e lavoratori urbani:
In der Magdeburger Gegend gehen die ländlichen Arbeiter in grosser
Zahl in die Städte, um hier als Maurer, Handlanger oder in den Fabri-
ken zu arbeiten. Die gemeinsame Arbeit bringt diese in steten Verkehr
mit den städtischen Arbeitern; der niederdeutsche ländliche Arbeiter
lässt sich durchweg von der städtischen Vulgärsprache beeinflussen, und
zwar um so mehr, je grösser der Abstand derselben von der ländlichen
Mundart ist und je höher die Schätzung der städtische Vorzüge (Wege-
ner 1901: 1478).
(2) Tra le monografie di questi studiosi si possono riscontrare delle più sottili dif-
ferenze metodologiche relative alla delimitazione areale. Nell’introduzione al
suo studio su Vionnaz Gilliéron ritiene di dover giustificare perché, pur avendo
egli raccolto i suoi dati solo a Torgon, uno dei villaggi del comune di cui Vion-
naz è il centro principale, la sua monografia possa essere intitolata “patois de
la commune de Vionnaz”: egli aveva constatato una sola differenza importante
tra la parlata di questa località e quella degli altri villaggi amministrativamente
legati (Gilliéron 1880: I). Dauzat invece incentra il suo studio su Vinzelles, vil-
laggio che fa parte del comune di Bansat, su tre dei nuclei del centro ammi-
nistrativo (Dauzat 1897: 1).
3.3. Uno studio pionieristico di dialettologia sociale agli inizi del ‘900: la
ricerca di Gauchat a Charmey
Per certi versi affine è la suddivisione, effettuata da Gauchat a Char-
mey, tra fenomeni di variazione fonetica “auxquelles tous les habitants
participent” e fenomeni per cui si ha una “grande diversité de formes” che
prefigurano “des articulations naissantes”: queste sarebbero in rapporto a
generazioni diverse di parlanti (cfr. Gauchat 1905: 196). A Gauchat si deve
una prima formulazione matura del problema di studiare l’unità della par-
lata di un solo villaggio, al fine di sapere “en quelle mesure la langue de
l’individu se subordonne à la langue interindividuelle, au patois” (Gauchat
1905: 176), problema al cui esame è dedicata la monografia su Charmey.
1968; Labov 1966: 16 Cfr. inoltre Koerner 1995; Wüest 1997). Ad ogni modo,
Gauchat considerava lo sviluppo dei processi in questione in maniera critica
e, tra i fattori esterni, non escludeva il ricorso all’imitazione incosciente.
(4) Sul problema del rapporto città - campagna si veda Grassi 1982; Bierbach 1982;
Ruffino e D’Agostino 1993; Grassi, Sobrero, Telmon 1997: 219-227.
selot 1896: 162-163 e 167-171, Gauchat 1905, Dauzat 1922: 130). In ambito
italiano si possono ricordare gli studi di Terracini e l’inchiesta di Grassi a
Tricarico (cfr. Terracini 1959: 335-336; Grassi 1980: 149). Sul piano lingui-
stico il costrutto gruppo è servito sia nei più tradizionali lavori sul lessico
dei mestieri, sia in indagini recenti che esaminano la variazione in termini
di rete sociale (si veda Grassi, Sobrero, Telmon 1997: 214 e ss.). Questa
ampia e flessibile gamma di utilizzazioni si può giustificare con il carattere
più empirico e in un certo senso pre-teorico della nozione.
Accanto al concetto di ‘gruppo’, la dialettologia francese ha spesso
fatto ricorso a quello di ‘milieu’: “le langage tend d’abord à se différen-
cier en raison des milieux sociaux, du genre de vie, des professions” (Dau-
zat 1922: 128); “l’action du milieu tend... à niveler les innovations indivi-
duelles, en éliminant toutes celles qui ne rentrent pas dans les tendances
générales du groupe” (Dauzat 1927: 128).
Particolare importanza nella storia della dialettologia ha rivestito un
gruppo primario come la famiglia, che almeno sin da Rousselot 1896 è stato
riconosciuto quale fattore fondamentale di variazione: “d’une famille à
l’autre, le langage varie... Ceci tient d’abord à la formation d’habitudes fami-
liales, pour le langage comme pour certains usages: telles innovations lancées
par un membre ont plu dans la famille, se sont conservées plus ou moins
longtemps, sans sortir parfois de la maison” (Dauzat 1922: 129). Per Dauzat
(1927: 177), nonostante sia stato poco usato perché richiede un notevole
dispendio di tempo, il procedimento di scelta di più soggetti all’interno di
una famiglia, seguito da Rousselot, è prezioso, in quanto permette di cogliere
sul vivo “il processo di unificazione della lingua”. La famiglia costituisce
infatti la prima tappa di un’inchiesta, mentre l’agglomerazione la seconda.
L’applicazione dello strumento di analisi della rete sociale a centri
non urbani, di tipo tradizionale richiede una serie di precisazioni. Secondo
Sobrero, “le scelte linguistiche sono strettamente collegate alla posizione
nelle reti sociali della comunità, soprattutto nei paesi tradizionali a strut-
tura sociale coesa... il repertorio, in questi casi, è più ricco verso il polo
dialettale che verso il polo della lingua nazionale (nella cui direzione si
arresta all’altezza della varietà regionale di italiano)” (Grassi, Sobrero, Tel-
mon 1997: 217). Sobrero ritiene inoltre che “la rete sociale, allo stato
attuale, è uno strumento di analisi utilissimo per comunità piccole e
ancora ben coese, come molti paesi e alcune piccole città; è invece ancora
di difficile applicazione in realtà più complesse e articolate, come quelle
delle città di medie dimensioni. Nelle grandi città e nelle metropoli è
utilizzabile vantaggiosamente in riferimento a sezioni ben delimitate del
Se non si può che essere d’accordo con Coseriu, il quale definisce un dia-
letto, al pari di qualunque sistema linguistico, come “ein vollständiges
Gefüge von sprachlichen Traditionen” (Coseriu 1980: 47), sussiste il pro-
blema di caratterizzare tali tradizioni rispetto a circostanze che non siano
esclusivamente linguistiche, un problema che pone le stesse difficoltà epis-
temologiche ed empiriche discusse da Vàrvaro (1972-73) per la contro-
versa categoria di “storia della lingua”.
Queste difficoltà sono rivisitabili nel quadro di una più generale
svolta, che ha caratterizzato anche altre scienze umane tra XIX e XX
secolo, da concezioni storiche – spesso con una marcata dimensione posi-
tivistica – a concezioni di una storia “sincronica”, come quelle che contem-
perano modelli e metodi storici con modelli e metodi sociologici. La
convergenza tra storia e sociologia, che tanta rilevanza ha avuto nella sto-
riografia novecentesca, ha ancora molto da offrire in dialettologia, come
del resto in altri ambiti della ricerca linguistica. Quest’ottica sposta in una
dimensione propriamente storica concezioni più statiche e in un certo
senso “pre-storiche” come quelle relative al sostrato (per una discussione
del ricorso a modelli storici in dialettologia, si veda Sobrero 1979).
Una storia che faccia ricorso a modelli e metodi sociologici si può
effettivamente applicare allo studio dei dialetti, se si estende a questi un
obiettivo assegnabile allo studio storico della lingua: “Da un punto di vista
sociolinguistico il compito della storico della lingua è [...] l’identificazione
e descrizione di situazioni di coesistenza complementare, identificando e
descrivendo nei limiti del possibile il nesso di covariazione fra realizza-
zioni linguistiche e condizioni socio-culturali; successivamente gli compete
di stabilire le condizioni socio-culturali che trasformano la complemen-
tarità in competizione, mettendo in moto il processo di integrazione in
uno standard unitario, processo che a sua volta va individuato nella sua
meccanica linguistica” (Vàrvaro 1972-73: 517).
dei possibili focolai di migrazione (si veda un quadro storico del problema
in Vàrvaro 1981) che in quella delle dinamiche sociolinguistiche delle
odierne parlate (cfr. Tropea 1966; Tropea 1970; Tropea 1974).
(5) Per una visione critica dell’assolutizzazione di modelli spaziali, si veda anche
Como 1999.
Bretagna per lo studio areale della variabile (Λ) mostra alcuni limiti di
una impostazione variazionistica applicata su vasta scala geografica. I
punti selezionati su un’area britannica, che lungo un asse nord - sud
abbraccia tutta l’isola, sono stati studiati intervistando in ognuno i parlanti
secondo le tradizionali tecniche sociolinguistiche. Il risultato è un gra-
Ω
diente di aumento delle varianti del tipo [ ] e di decremento delle
varianti del tipo [Λ], man mano che si procede da sud verso nord. Questo
risultato diatopico è in un certo senso scontato, ed è lecito chiedersi se
esso veramente coniughi diatopia, diastratia e diafasia. Infatti, la dimen-
sione diastratica e quella diafasica sono inevitabilmente sacrificate e van-
taggio di quella diatopica. Come in ogni impianto metodologico in cui si
deve studiare l’effetto congiunto di più fattori, è forse inevitabile privile-
giare di volta in volta un fattore rispetto ai rimanenti.
neato da Jaberg (si veda Jaberg 1924: 226; per una interessante discussione
storica del punto di vista dello studioso zurighese, cfr. Giannoni 1995:
18-20), ma è ribadito anche nella riflessione svizzera di linguistica gene-
rale, come nella recensione al Cours di Saussure fatta dallo stesso Jaberg
(cfr. Jaberg 1916) e nel ripensamento critico del pensiero saussuriano
effettuato da Sechehaye a metà anni ‘40:
Il est évident... que le dialectologue scrupuleux, au cours de ses
enquêtes, se rendra compte qu’il n’atteint l’état de langue qu’il veut
enregistrer qu’a travers la parole de ses témoins avec ce qu’elle peut
contenir de personnel ou de fortuit. Il est impossible de questionner les
gens et d’enregistrer les réponses obtenues avec critique sans devenir
à la longue un spécialiste de la parole (Sechehaye 1942: 21).
tenir à un seul sujet, pour ne pas s’exposer à donner une valeur générale
à des singularités personnelles”. Se è assolutamente necessario ricorrere
ad un minimo di due parlanti, provenienti da famiglie diverse, è molto
opportuno, nei limiti del possibile, moltiplicare il numero degli intervistati,
scegliendone diversi all’interno della stessa famiglia, secondo la metodo-
logia che era stata seguita da Rousselot a Cellefrouin (Dauzat 1927: 177).
Per Gardette (1941: 8), è il ricorso preferenziale al metodo della conver-
sazione diretta (cfr. 7.3.) a rendere quasi obbligatorio servirsi di numerosi
testimoni. Nel suo studio sulla geografia fonetica del Forez egli dichiara di
aver utilizzato da tre a cinque parlanti per località, in linea di massima
tante donne quanti uomini di età diversa. Per alcune località, tuttavia, egli
sottolinea di aver utilizzato un maggior numero di testimoni, anche più di
una dozzina.
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(1) Nos remerciements s’adressent à Eva Buchi (Nancy) et Yan Greub (Neuchâtel)
pour leurs remarques sur une première version de cet article.
sous (a) sont tous étymologiquement des adjectifs. En outre, des dérivés
(en -IA et en -ICA) figurent sous (d), comme l’indique Vincent lui-même
[129], mais, selon l’auteur [128], Vimenet et Vimenières, classés sous (b),
seraient aussi des dérivés toponymiques (de VIMEN). L’application faite par
l’auteur de ses propres critères conduit à une contradiction ou du moins
à des chevauchements (v. encore ci-dessous § 2.2.).
1.3. Plus étonnant, un grand nombre de formations latines se trouvent
classées au chapitre «Gaulois». Il s’agit, en premier lieu, des noms dérivés
avec le suffixe -ACU ou autres suffixes d’origine gauloise: il suffit de
reprendre la longue liste des bases anthroponymiques fournie par Vincent
pour constater que ces bases sont toutes en -us (c’est-à-dire de forme
latine) et que presque toutes sont pourvues d’une référence à Schulze ou
au CIL; l’appartenance de ces bases au stock anthroponymique latin est
donc assurée. C’est également sous «Gaulois» qu’on trouve les «noms de
peuples, de peuplades, devenus noms de localités» [108-113]. Vincent
indique lui-même, pourtant, que ces changements de dénomination se sont
effectués «au IVe siècle». Les noms en -ACU sont donc à ramener à la
première classe de noms latins de Vincent («Dérivés»); quant aux noms de
peuples devenus noms de localités, ils devraient constituer chez l’auteur
une cinquième classe (d’).
1.4. On constate donc que, pour plusieurs raisons, il est impossible de
souscrire complètement à la typologie de Vincent, quelque satisfaisante
qu’elle puisse paraître à une première lecture.
des noms de peuples barbares (d) sont souvent combinés avec des suffixes
spécifiques (-IA, -ICA, -ISCA) ou construits au génitif. Les dé-ethniques
formés sur des noms de peuples gaulois (d’) se sont très tôt figés sous des
formes invariables (< accusatif ou ablatif; Vincent 1937, 108). Il serait
à peine exagéré de dire que chacune des classes possède sa grammaire
particulière.
Il est bien connu que certaines de ces classes de noms de lieux latins
peuvent être associées, au moins typiquement, à des classes de référents.
3.1. On sait depuis longtemps, en particulier, que les toponymes les
plus nombreux et les plus caractéristiques créés durant l’époque romaine,
les dé-anthroponymes, dénotent une classe de référents bien constituée
aux plans économique et juridique: les établissements agricoles indivi-
duellement appropriés (on peut, de ce point de vue, parler de toponymes
prédiaux). Cette association massive entre une classe toponymique et une
classe économico-juridique de denotata possède un caractère systématique
et officiel et renvoie aux conditions extra-linguistiques de la dénomina-
tion, à savoir aux pratiques administratives de l’Empire: «les propriétés
romaines étaient enregistrées au cadastre sous un nom officiel qui était
ordinairement celui du premier possesseur» (Muret 1930, 83). La catégo-
risation toponymique concourt par là à la catégorisation officielle des
référents et les dé-anthroponymiques latins apparaissent de la sorte
comme des noms à valeur institutionnelle structurante.
3.2. Par voie de conséquence, on peut former l’hypothèse selon
laquelle, à l’intérieur du même système de dénomination toponymique,
toutes les autres classes de noms de localités (délexicaux, déthéonymiques,
dé-ethniques) se trouvaient affectées aux dénominations non-prédiales. À
propos de l’Arvernie gallo-romaine, G. Fournier, après avoir rappelé que
«chaque établissement [agricole] portait un nom, formé en général sur un
nom de personne et avait par conséquent une base familiale», indique que
«de ces établissements purement agricoles, il faut distinguer les localités
semi-urbaines, stations thermales, bourgades routières, marchés, centres
industriels, dont certaines au moins paraissent avoir eu le rang de vici»
(Fournier 1962, 85, 87-8).
3.3. Cette dichotomie des référents («établissements») nous conduit,
en quelque sorte par quatrième proportionnelle, à préciser notre hypo-
thèse sous la forme suivante. Alors que les toponymes de la classe (a)
4. Essai de vérification
(3) Bien entendu, nous ne considérons ici ce matériel qu’en tant qu’échantillon
représentatif des formations latines de l’Antiquité particulièrement sûres (cf.
Vincent 1937, § 284), sans nous cacher toutefois qu’aux critères explicites adop-
tés par Vincent (critères philologique, lexical, phonétique) s’ajoute peut-être,
dans une certaine mesure, un critère caché touchant aux référents (typiquement
romains) qui pourrait risquer d’introduire un biais dans notre raisonnement.
Nous ne cherchons donc pas à valider ou à discuter les étymologies de Vincent.
Nous écartons néanmoins les toponymes qui ne réfèrent pas à une localité de
la Gaule (deux noms corses [123]), les issues de LIMOSUS (qui ne répondent pas
aux critères retenus par Vincent, § 284) et les formations avec SINE (qui
ne répondent pas non plus à ces critères), sauf SINE MURO. Nous reclassons
Convenae [123] parmi les dé-ethniques.
(4) Issues de AQUAE «eaux (spécialement sources minérales, thermales)» [121] et
CALDARIA «chaudière» [121].
(5) Issues de FANUM «temple» [123, 128], LUCUS «bois sacré» [124], SACRARIUM
«sanctuaire» [126] et TEMPLUM «temple» [128].
(6) Issues de FORUM «place publique, marché» [124], CIRCUS «cirque» [122], CAN-
NABA «échoppe» [121], FIGLINAS, -IS «ateliers de potiers» [123-4], IMBRICES
«tuiles» [124] et *VITRINA «verrerie», généralement au pluriel [128] (étymologie
discutée).
(7) Issues de CONFURCUM «carrefour» [123], COMPENDIUM «raccourci» [122], *EXI-
TORIUM «sortie» [123], FLEXUS «tournant» [124]; LEUCA «lieue» [124], MILLIA-
RIUM «pierre miliaire» [125], QUARTUS/-A «quatrième [borne]» [125], QUINTUS
«cinquième [borne]» [125], SEXTA «sixième [borne]» [125], SEPTIMA «septième
[borne]» [126], OCTAVUS «huitième [borne]» [126], DUODECIMUS/-A «douzième
[borne]» [126], PETRA FICTA «pierre fichée» [123]; PONS «pont» [126], NAVICELLA
«petit bateau» (avec la valeur de «bac de passage d’eau»), [125], TRAJECTUS
«passage (d’un cours d’eau)» [126]; MUTATIO «relais de poste» [125], PABULUM
«fourrage» [126], STABULUM «écurie, relais; hôtellerie» et TABERNA «taverne,
hôtellerie».
(8) Issues de FINIS «limite, frontière» [123], LIMES «limite» [124] et META «colonne»
(Vincent) ou «borne» [125].
(16) *ARMENTARIA «lieu où se trouve, où est logé le gros bétail» [121], ATTEGIA
«cabane» [121], COLUMBARIUM «colombier» [122], *VINICELLA «petite vigne» (ou
VINI CELLA «cellier à vin»?) [128] et VIMINETUM «oseraie» [128] (cf. aussi,
d’ailleurs, le sens de l’étymon de Viviers).
(17) AGELLUM > Agel [120], CATARACTA «chute d’eau» [122] > la Caratte, Chalette
[122], FRETUM «détroit» > Fretus (ancien nom de Saint-Rémy-de-Provence)
[124].
(18) À leur sujet, la position raisonnable de Vincent (1937, § 200) est toujours
d’actualité.
(19) Mulon 1985.
B
{ (b)
(c)
(e)
(d’)
délexicaux
déthéonymes
déhydronymes
dé-ethniques (indigènes)
-
-
-
-
+/-
-
-
-
-
-
-
-
+/-
+
+/-
-
localités. Cette organisation, qui confère à tous les noms de localités trans-
parents une connotation institutionnelle, serait à articuler, en particulier,
sur l’opposition public/privé, fondamentale dans le droit et les pratiques
organisatives de Rome. Une hypothèse du genre de celle que nous for-
mulons ne serait pas, du reste, en contradiction avec ce que l’anthropony-
mie latine nous fait connaître de la portée socio-classificatoire des noms
de personne romains et de leur «caractère étatico-juridique» (Heinzel-
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(2) Pfister, Max, «L’importance d’Antoine Oudin», dans Lingua francesa nel
seicento, Bari: Adriatica / Paris: Nizet, 1989; pp. 81-103.
(3) Comédie des proverbes (La), dans Ancien Théâtre François, p.p. M. Viollet Le
Duc et A. de Montaiglon, Paris: Jannet, 1856; t. IX, pp. 5-98. Les chiffres
accompagnant les citations renvoient au numéro de l’acte, de la scène et de la
page de cette édition.
I/3/19 ils vont du pied comme il va du Pied comme vn chat maigre «il
des chats maigres chemine fort bien» 419
I/4/20 cela t’a passé en oreille passer en Oreilles d’asne «ne pas demeurer
d’asne en la memoire» 382
Les paires de ce type n’ont pas été incluses dans le compte des corres-
pondances probantes.
En additionnant les nombres des trois premières classes, on obtient
1322 (!) expressions des Curiositez, soit plus de 15,7 %, remontant à la
Comédie des proverbes(4), dont 1018 (12,1 %) sont des reproductions
textuelles identiques ou presque identiques.
À titre de comparaison, il sera bon d’examiner les Explications
morales d’aucuns proverbes communs en la langue françoyse, qui consti-
tuent la troisième annexe au Thresor de la langue françoyse de J. Nicot(5).
Elles contiennent 115 expressions, dont 90 se retrouvent chez Oudin. De
ces 90 unités, seulement 55 ne sont pas représentées dans la Comédie des
proverbes.
(4) Pour plus de détails sur la démarche et pour plus d’exemples, v. notre article
«La Comédie des proverbes du comte de Cramail et les Curiositez françoises
d’A. Oudin: un lien privilégié», Papers on French Seventeenth Century Litera-
ture, 2000, 53, 489-499. Toutefois, les bilans numériques présentés ici sont plus
à jour, reflétant nos trouvailles plus récentes.
(5) Nicot, Jean, Thresor de langue françoyse, tant ancienne que moderne, Paris:
David Douceur, 1606; réimpr. Paris: Le Temps, 1978.
Nous avons conduit une étude du lexique burlesque des livres I à VII
du Francion, examinant d’abord les expressions annotées déjà, d’ailleurs
sans renvois à Oudin, par l’éditeur moderne(7) du roman, pour trouver
parmi celles-ci
– quatre qui ne se retrouvent ni dans la Comédie des proverbes ni dans
les Curiositez,
traîner la noblesse 104
pas d’âne 408 n199c
être frisé à la Borelise 270
être outu en quille de bisque 270
– six qui se retrouvent dans la Comédie, mais pas chez Oudin,
sergent et son records (subalterne) 113
est animal indecrotabile 193 n137
faire la nique 261
ravi comme un pourceau qui pisse dans du son 270
vessie de pourceau pleine de sang 419 n247
par mananda 286
(7) Sorel, Charles, Histoire comique de Francion. (Livres I à VII), p.p. Yves
Giraud, Paris: Garnier-Flammarion, 1979.
(8) Il est à noter que Y. Giraud, dans le glossaire de son édition du Francion,
donne cette définition du même verbe, tirée de Furetière: «Faire rude mine à
quelqu’un». On peut se demander si Oudin n’a pas été une des sources de
Furetière.
Il n’est pas garanti que toutes les expressions burlesques aient été extrai-
tes par ce procédé, car, d’une part, Oudin acceptait même des mots indi-
viduels et des locutions grammaticales, et, d’autre part, le Francion, à la
différence de la Comédie des proverbes, n’avait pas pour but d’étaler les
prouesses phraséologiques de son auteur. Par conséquent, les phraséo-
logismes s’y trouvent dilués dans la masse du texte.
donner Carrière à ses esprits 73 donner carrière à ses esprits 453 / 775
auoir des Chambres à loüer, ou des tous ses maistres auoient des chambres à
chambres vuides dans le cerueau 78 loüer dans la teste 332 / 280
il seroit bon dans vne Cheneuiere pour espouuantail de cheneuiere 153
seruir d’espouuantail aux oiseaux 92
donner la cotte verte 124 se donnent la cotte verte 194 / 700
Coucher sur la dure 125 Coucher sur la dure 148 / 516
coucher sur la Dure 174
à tous coups 127 à tous coups 488 / 7
tout d’vn coup 127 tout d’vn coup 493 / 26
estre sur les Dents 151 ils [les moutons] tomboient sur les dents
260 / 960
il ne fera que de l’Eau toute claire & luy au contraire n’ayant fait que de
175 l’eau toute claire 326 / 256
tomber à l’Enuers, qui se dit pour les faire tomber à l’enuers 01 / 716
d’vne femme 188
il a bonne Façon 207 sa façon ne luy estoit pas desagreable
542 / 223
au Fait & au prendre 213 au Fait & au prendre 355 / 371
731 / 726
il est Feste à sa paroisse on y s’il a feste à sa paroisse, que ne
carrillonne 220 carrillonnez vous à son clocher 77 / 232
on Carrillonnera à vostre Paroisse 594
de haute fustaye 241 [Hamadryades] de haute fustaye 197 / 711
Gaster le mestier 247 vous auez tout gasté le mystere 169 / 601
où sommes nous Logez 306 en estes-vous là logé? 74 / 219
en estes vous là Logé 306
i’en suis là Logé 306
viure de mesnage 342 viure de mesnage 230 / 841
prendre au Mot 359 prendre au mot 452 / 762
il ne le vouloit pas Nourrir 373 Ne voulant nourrir mon cher Musidore
443 / 726
ombrageux 378 ombrageux 678 / 525
porter Ombre 379 faire ombre 678 / 525
remuer les escus à la Pelle 406 à quoy me sert d’auoir tant d’escus que
ie les remue à la pelle 361 / 396
Pesle-mesle 413 pesle-mesle 232 / 851
le prendre au Pié de la lettre 419 prendre au pied de la lettre 533 / 188
pilier de cabaret ou tauerne 424 pilier de cabaret 340 / 314
se piquer de bien dire 426 ie ne me picque pas de ioüer bien
du luth 226 / 827
se picquer au ieu 426 ie suis picque sur le ieu 262
il m’a dit Pis que pendre 426 pis que pendre 442 / 719
nier tout à Plat 430 ie le renuoyai tout à plat 205 / 744
dire tout à Plat 430
de poinct en poinct 435 de poinct en poinct 227 / 830
faire le pot à deux anses 444 entrez en danse, faites le pot à deux
anses 196 / 709
si tu estois Prescheur tu ne il ne vouloit parler que de boire 130 / 444
prescherois que de boire 453
voyons par où l’on le pendra 453 voicy par où ie te pens 225 / 821
vne femme Publique 459 aussi publique que les carrefours 399 / 548
à la Ronde 486 à la ronde 454 / 768
Roy de la feue 488 Royaume de la feue ou des petites
escoles 348 / 343
faire Rubis sur l’ongle 489 faire rubis sur l’ongle 117 / 391
il n’est Saulse que d’appetit 498 il n’est saulse que d’appetit 361 / 397
en Taille douce 519 il n’est propre qu’à enluminer de la taille
douce 534 / 190
à Corps perdu 598 il se ietta dedans à corps perdu 199 / 711
à corps Perdu 409
(11) Les Ramonneurs. Comédie anonyme en prose, p.p. Austin Gill, Paris: Marcel
Didier, 1957.
(12) A. Gill a trouvé des parallèles chez Oudin pour la plupart (170) de ces occur-
rences. Nous en avons trouvé 21 supplémentaires.
toucher au Blanc «rencontrer bien, les secrets qui font donner un amoureux
deuiner vne chose» 43 dans le blanc de ses desirs 26
Boire d’autant «boire l’vn à l’autre, boire d’a. 61
& beaucoup» 44
à quoy cela est-il Bon «pourquoy à quoi est bon cela 114
faites-vous cela» 47
il s’est tiré d’vn grand Bourbier attendu le bourbier d’où la subtilité de
«d’vn grand danger ou mauuais ses inventions ... me tire 124
affaire» 54
faire danser vn Bransle de sortie branle de sortie 81
«faire sortir ou chasser d’vn lieu» 59
où la chevre est liée, il faut qu’elle où la chevre est liée il faut qu’elle
Broute «il faut auoir patience, broute 37
s’accommoder & viure où l’on est
marié ou attaché» 64
habillé comme vn Brusleur de maisons me voir en cet equipage de brusleur de
«qui a mauuaise mine, qui a mine maisons 64, 126
de desesperé. vulg.» 66
Butter à vne chose «poursuiure, mes desseins butent au mariage 38
pretendre, auoir dessein» 67
Canarder vn homme «le tirer de loing qu’on me les tire comme Canards 34
auec vne harquebuse ou mousquet» 71 nous tirerons ces rustres comme Canards
56
il a des Carolus «il est riche, il a force avez vous point un Carolus dans vos
argent. vulg.» 73 chausses ? 4
estre en Ceruelle «en inquietude, ne la tenez plus en cervelle 147
en doute» 77
c’est vn bon Chaland «vn bon quelle chalande ! 147
compagnon, vn finet. vulg.» 78
Charger d’appointement «idem. chargeons d’appointement 56
[battre]» 84
il iure comme vn Chartier il jure comme un chartier embourbé 52
«quelques vns y adioustent embourbé.
i. il iure excessivement» 85
iamais bon Cheual ne deuint rosse jamais b. c. ne devint rosse 118
«iamais homme de bonne nature ne
deuint lasche» 95
cét habit vous est fait comme de Cire la voila faite sur vous comme de cire 68
«il vous sied bien, il vous ioint bien
au corps. vulg.» 105
Compter sans son hoste «resoudre Tu comptes sans ton hôte 106
vne chose seul, ou se l’imaginer, sans
auoir la volonté ou consentement
des autres» 115
se tirer ou sortir hors du Pair «sortir le mariage tire son honneur du pair 100
hors de l’embarras, hors du danger,
hors du dommage» 389
c’est vn bon Pelerin «vn finet, voicy mon pelerin 17
vn malicieux» 406 pour avoir de certaines nouvelles de ma
pellerine 100
à corps Perdu «desesperément; auec l’huis de Bonne entrebaillé m’invite
toute sorte de violence» 409 d’y entrer à corps perdu 70
à Corps perdu «de toute sa force,
auec violence» 598
tirer Pied ou aile «tirer quelque chose [dont] la gueuse importune tire toûjours
d’vne personne qui nous doit» 420 cuisse ou aisle 140
le Pigeon est au colombier [il] fait le meilleur pigeon de son
«il est attrappé, il est pris» 423 coulombier 140
Pilier de bordel «vn putassier» 424 vous connaissez ... ce vieux pillier
de bordel 131
vne Pimbesche «vne malicieuse» 424 la petite pimbeche de soeur n’a pas tant
mal fait 92
il n’y a que la premiere Pinte de il n’y a rien que la premiére pinte chere
chere «que le commencement qui fait 20
de la peine. vulg.» 425
Pisseuse «iniure qui se dit à vne fille dire trois mots à l’aureille de cette
.i. vne femelle» 427 pisseuse 20
il y a laissé des Plumes «il y a fait que cette vieille Dupe n’y laisse encore
beaucoup de despenses» 433 ses plumes 107
Plumer la poule «viure chez s’il reste poule à plumer par tout où
les païsans» 433 nous passerons, je veux que l’on me
tonde 31
à Poinct nommé «iustement à temps» ..., qui reussit à point nommé 61
435 ce Monsieur Philippes favorise
tes desseins de son absence comme à
point nommé 122
arrouser le Porte-mors «boire, sus, arrouse le portemors 79
moüiller la bouche» 440
vn Poullet «vn petit mot de lettre que chargée d’un poulet 42
l’on enuoye à vne Maistresse, &c.» 447 où est le poulet que tu lui viens
d’aporter ? 54
le Principal «de l’argent. Item, parlons du principal 238
du vin» 455
à Pur & à plein «entièrement, une vingtaine de vieux Ecus ...
librement» 460 vous liberent à pur et à plein 130
à la Queüe git le venin «à la fin est à la queüe git le venin 114
le mal, ou la difficulté» 463
vn escu en fera la Raison «pour vne piéce de dix sols en fera la raison 74
vn escu nous en serons quittes» 468
Voir vne femme «coucher auec elle» - Et vous a veüe ? - Ouy, mais des yeux
578 seulement 38
je ne vous la sçaurois faire voir 149
Mlle Madelon ne se voit plus que
d’un mary 150
Vuider d’affaire «expedier, sortir despeschons de vuider d’affaires 102
d’affaire» 582
c’est grand Cas «c’est vne estrange cas étrange 162
chose» 595
cace des Curiositez il parle d’un emploi dont le comte de Waldeck l’ho-
nore et de son espoir de continuer ses services.
Il est plausible que, suite aux parutions du Francion et de la Comé-
die des proverbes, les patrons étrangers d’A. Oudin aient voulu les lire.
Cela donna à Oudin l’idée de faire un supplément aux dictionnaires exis-
tants dans lequel il expliquerait à ses lecteurs les expressions idiomatiques
et les situations de leur emploi. Il réalise ainsi ses projets de lexicographe,
tout en rendant un service à ses mécènes. Le meilleur procédé pour
constituer un dictionnaire de ce genre consiste à puiser le lexique direc-
tement dans les ouvrages que ses patrons voudraient lire de toute
manière. Ainsi, par exemple, en dépouillant le volumineux Berger extrava-
gant, Oudin a gagné du temps par rapport à la constitution laborieuse, par
lui-même, d’un fichier lexicographique indépendant.
L’interprétation des faits et des chiffres présentés ci-dessus se réduit
alors à une alternative: ou bien A. Oudin s’est servi directement des
ouvrages susmentionnés, ou bien A. Oudin et les auteurs de ces ouvrages
ont utilisé les mêmes sources. Les affinités frappantes et un nombre de
fautes communes semblent permettre de trancher en faveur de l’emprunt
direct à la Comédie des proverbes. La séquence chronologique «1633
(Comédie des proverbes) - 1639-40 (Curiositez françoises)» va dans le
même sens. On pourrait, semble-t-il, appliquer le même raisonnement à
Sorel et aux Ramonneurs.
Au total, le nombre de locutions réunies dans les œuvres examinées
s’élève à quelque 2000. On aurait beau prétendre que, grâce à la mode du
temps et à une mémoire entraînée par le système scolaire, les soi-disant
«proverbes», souvent les mêmes, se trouvaient dans tous ces textes
presque simultanément et à l’improviste, sous le coup de l’inspiration. Si
tel était le cas, chacun des auteurs devrait posséder une mémoire active
d’ordinateur qui lui permît de sortir la bonne expression au bon endroit.
On admettra plutôt l’existence de «cahiers de quolibets», regroupés par
thèmes: querelle, argot, compliments, bonne chère, ivrognerie, galanteries,
flirt, rodomontades, obscénités, jeu de paume, jeux de cartes, cupidité, pau-
vreté, richesse, etc. D’ailleurs, cela s’accorde bien avec le fait que tout
intellectuel de l’époque tenait un «cahier de lieux communs» qu’il pouvait
utiliser pour embellir ou pour appuyer d’autorités ses écrits ou harangues;
même le cardinal de Richelieu semble en avoir eu un(13).
(*) Nous remercions pour l’aide apportée à divers moments de cette recherche nos
collègues Geneviève Brunel-Lobrichon, Jean-Pierre Chambon, Jean Chocheyras,
Peter Ernst, Georg Kremnitz, Lucia Lazzerini, Gaston Tuaillon et M. Claude
Husson, ainsi que Gilles Roques pour avoir encouragé l’élargissement de ce qui
n’était d’abord qu’une «note».
Hypothèse qui nous paraît tout entière contrainte par le préjugé, sur
lequel nous allons avoir à revenir, repris comme par réflexe à ce niveau
de démonstration, d’une localisation en Gaule sud-orientale de tout ce qui
touche à AlexFl, y compris le livre où son fragment a été glissé.
En acceptant que le Curtius ait été réalisé dans la zone ligérienne, il
serait plus simple et plus naturel de supposer sa circulation à l’intérieur
du réseau bénédictin, avec ou non escale, jusqu’en Toscane, où il y a une
très grande abbaye qui peut, bien avant la bibliothèque médicéenne, lui
servir d’accueil, Vallombrosa.
Rien ne s’oppose à ce qu’AlexFl ait pris le même chemin, et que la
rencontre ait eu lieu là. À émettre une hypothèse, nous choisirons celle
qui raccourcit le plus le chemin suivi par les objets textuels, tant du point
de vue des dates que des motifs de parcours, celle qui en somme connecte
le mieux AlexFl, AlexO et LXIV, 35.
Sur ce chemin, nous rencontrons un personnage et traversons des cir-
constances qui nous ont déjà aidé à situer la rédaction première du poème
de Girart de Roussillon (Lafont, 1995, 255-261). Le cadet de la maison de
Melgueil, Pons, filleul du cardinal légat Rainier, pape sous le nom de
Pascal II, a été oblat à Vallombrosa. Devenu abbé de Cluny à 21 ans et
consacré par l’archevêque Guy de Vienne, qui sera Calixte II, on le voit
dans les premières années de sa charge (entre 1114 et 1116) fréquenter à
la fois Saint-Martial de Limoges et Saint-Benoît-de-Polirone, l’abbaye
impériale de Pavie. En relation avec le temps et le lieu de sa formation,
il y a la savante comtesse de Toscane, Mathilde, dite de Canossa, respon-
sable de l’édition des Pandectes et grande protectrice de Vallombrosa,
enterrée en 1115 à Saint-Benoît-de-Polirone.
«Cantent la a Pavie et a Mergui», dit d’elle-même la chanson de
Girart. Que Pons ait été commanditaire de ce poème clunisien d’idéologie
impériale (avant qu’il ne fût versé à la cause de Vézelay et des Capétiens,
Lafont, 1995) ne peut que nous suggérer de placer aussi dans sa mou-
vance cléricale et politique, sinon directement la composition d’AlexO, du
moins la circulation qui mène de lui à AlexFl.
Sans doute faut-il faire un sort au v. 31 de cet AlexFl: qu’anz fud de
ling d’enperatour. Cette distorsion d’histoire, faisant d’Alexandre un empe-
reur par la naissance, pouvait servir la cause d’Henri V, dans la période
où se prépare la signature avec Calixte II du concordat de Worms (1122).
Ainsi l’insertion dans le Quinte Curce des 105 vers, réunissant les
trois objets, mais aussi Cluny, la cause impériale, Saint-Martial et la
AlexFl: le texte.
Cette hypothèse soutenue, il faut à sa lumière lire le texte, restitué tel
qu’il a échoué dans la Bibliothèque des Médicis, on ne sait à quelle
époque, sauvé par son insertion latine, cependant que son entier et son
modèle, AlexO, se perdait.
115va
Dit Salomon al primier pas
quant de son libre mot lo clas:
«Est vanitatu(m) vanitas
et universa vanitas.»
5 Poyst lou me fay m’enfirmitas,
toylle-s’en otiositas
solaz nos faz’antiquitas
que tot non sie vanitas.
En pargamen no’l vid escrit
10 ne p(er) parabla non fu dit
del temps novel ne de l’antic,
nuls hom vidist un rey tan ric
chi p(er) batalle & p(er) estric
tant rey fesist mat ne mendic
I5 ne tanta terra cu(n)quesist
ne tan duc nobli occisist
cu(m) Alexander Magnus fist`
qui fud de Grecia natiz.
Rey furent fort & mul podent
20 & de pecunia manent,
rey furent sapi & prudent,
& exaltat sor tota gent,
mas non i ab un plus valent
d’echest du(n) faz l’alevament.
25 Contar vos ey pleneyrament
de l’Alexandre
115Vb
mandament.
Dicunt alquant estrobatour
que’l reys fud filz d’encantatour.
Mentent fellon losengetour,
30 mal’en credreyz nec un de lour,
qu’anz fud de ling d’enperatour
(1) Foulet, 1949, 5 a entrevu cette intégration, parlant d’un «Alberic’s ‘secular’ turn
of mind».
(2) Ce vers ainsi que la laisse suivante, ci-dessous citée, manque à AlexArs2.
(3) Cf. à l’inverse, à propos de l’«anti-héros», Sainte Foi: lor noms non conven en
canczun / fo(r)s quant en fabla de cuczun, v. 573-4).
eux et sur l’espace de la «Frontière navarraise». Ils sont tous deux inté-
rieurs à la «culture de Cluny».
2 - L’entrée dans cette création est constituée essentiellement par
trois textes: le Boecis, écrit en laisses brèves ou très brèves, rimées, et dans
une forme limousine d’occitan archaïque, très probablement du Xe siècle;
la Vie de Saint Alexis, texte normand continental, de la fin du XIe siècle,
en strophes de cinq décasyllabes assonancés; la Chanson de Sainte Foi, de
la même période, liée au pèlerinage de Conques, écrite en laisses inégales,
courtes mais moins courtes que celles du Boecis, dans une langue occitane
composite à forts traits méridionaux (Lafont, 1991a, I, 26-34) et en vers
octosyllabiques rimés.
3 - Trois textes épiques, clairement normands de langue et tous trois
datables du XIe siècle: le Gormont et Isembard, lié aux intérêts de Saint-
Riquier en Picardie, à thème britannique insulaire (Lafont, 1991a, II,
12-46); le Willame, manuscrit de Londres, dont l’action se déroule en
Septimanie, à thème narbonnais et que nous pensons lié à l’abbaye de
Fontfroide (ibid., II, 15-42); le Roland du manuscrit d’Oxford, manifeste-
ment dépendant du déplacement de la traversée des Pyrénées, du Somport
à Roncevaux, organisé par Pierre d’Andouque, évêque de Roda, puis de
Pampelune et homme de Conques (Lafont, 1991a., I, 275-321). Le Willame
a longtemps été soupçonné de recouvrir un texte occitan, à moins qu’on
ne suppose une mode précoce de l’épopée d’oïl en pays d’oc. Nous pen-
sons avoir démontré que sous le Roland d’Oxford, il y a un doublon
épique de Sainte Foi, ce «Roland occitan» dont on suit la trace par les
citations qui en sont faites jusqu’à ce qu’on découvre sa forme tardive, le
Ronsasvals du manuscrit d’Apt (Lafont, 1991a, II, 187-189).
4 - L’intérêt principal de cette mise en perspective est de voir, dans
la symbiose bien attestée depuis le début du XIe siècle des milieux cluni-
siens et féodaux aquitain et normand, le modèle de la laisse en octosyl-
labes aller de Sainte Foi à Gormond et Isembart, le décasyllabe joindre
Boecis à Saint Alexis, mais, concurremment, l’écriture aquitaine se spécia-
liser dans la rime et la normande dans l’assonance. Le passage de Sainte
Foi (et de son doublon) au Roland signifie ainsi l’adoption de la laisse
aquitaine et le maintien de l’assonance normande. Cela a pu se faire, selon
nous, à Tudèle, sous Rotrou du Perche, vers 1120. La décision du poète de
prendre pour «geste» celle de Turoldus, probablement lui aussi normand
de Tudèle (Lafont, ibid., I, 269-274), est ainsi la préfiguration de celle de
Lambert, de prendre le texte de Simon comme autre geste. On remarque
que dans ce jeu d’échanges, il manque la strophe rimée, qui devrait être
aquitaine. Celle-ci existe bien, mais elle est lyrique, et basée sur un
système pluri-rimique. C’est la strophe des troubadours, ou «faiseurs de
tropes».
5 - L’origine de la laisse comme de la strophe lyrique est dans le
trope (ou séquence). Le texte de Sainte Foi donne à voir comment la
mélodie ecclésiastique, qui est de distique, passe au texte narratif roman
et sert de support à une danse cérémonielle, que le texte lui-même appelle
tresca, en l’occurrence mesurée sur les dimensions du déambulatoire et
des collatéraux de l’église de Conques, architecture mère de toutes les
églises du Chemin (Lafont, 1991a, I, 66-80). La clef de ce transfert est
dans l’enchaînement des laisses, par le jeu de rappels verbaux, ou
«valences», qui vont caractériser le style de la chanson de geste, en une
«période» qui en comporte onze, unité à la fois de contenu, de parcours
et de rhétorique, elle-même articulée en deux propositions de 6 et
5 laisses, à leur tour découpables en «syntagmes» (la terminologie est de
C. Segre, 1970). Dans le passage du sacré à l’épique, l’occasion de la tresca
disparaît en principe. Mais la construction périodique, toujours présente,
et la thématique christique aussi bien du Willame que du Roland font
penser qu’une «cérémonie épique» a pu exister (Lafont, 1991a, I, 241-246,
II, 59-67). Elle a cessé avec la récitation spectaculaire par le joglar conta-
dor, probablement autour de 1150. Mais le terme de tresque poursuit son
erre, avec la composition périodique, pour désigner la chanson de geste
elle-même: Treske ci dit Gaimar de Troie (Geoffroy Gaimar cité par
Roncaglia, 1963, 51).
6 - Un chevalier limousin, Gregorius Bechada, est l’auteur probable
d’une Chanson d’Antioche, récit de la première croisade en Orient à la
gloire des seigneurs aquitains et normands, composée vers 1130. Il connaît
et cite le Roland dans sa forme occitane, mais inaugure la laisse en dodé-
casyllabes, beaucoup plus longue qu’on n’en avait l’habitude. Pour assurer
cette longueur divers procédés sont trouvés, dont un plaquage de suffixes
d’oïl, c’est-à-dire normands, à la rime (Lafont, 1991a, II, 114).
7 - La mélodie de cette chanson, le vers dodécasyllabe, la rime
oïlisée, la période undécimale et les citations du Roland passeront en 1210
à Guilhem de Tudèle, poète recruté par le parti catholique pour compo-
ser une chanson de la Croisade albigeoise (Lafont, 1994 et 1991a, II, 221-
232). Ils iront de là jusqu’à Guilhem Anelier, Toulousain auteur à la fin
du siècle d’une chanson de la Guerre civile de Navarre (Lafont, 1995b).
C’est sur ce fond d’une évolution bien repérable que s’inscrit la
tradition textuelle d’Alexandre. AlexFl révèle un AlexO en octosyllabes
rimés, du niveau donc de Sainte Foi. Il est suivi d’une réfection en déca-
syllabes et en laisses encore relativement brèves, sur le modèle du Roland
d’Oxford: AlexArs1/AlexVen1. Vient enfin une reprise par Lambert le
Tort: AlexArs2/AlexVen2 en dodécasyllabes assonancés et en laisses très
allongées. Le seul exemple antérieur que nous possédions, et du dodéca-
syllabe et de la laisse longue, est bien la Chanson occitane d’Antioche.
Ajoutons trois remarques formelles sur l’articulation d’AlexO (sous
son témoin AlexFl) avec AlexArs1/AlexVen1.
1 - Alors que dans le Roland d’Oxford, l’assonance normande ne
cède pas à la rime, l’Alexandre décasyllabique est rimé. Son auteur trouve
peut-être quelque embarras à le faire, discernable au redoublement du
terme rime par le terme leoine:
Chançon voil faire per rime et per lioine (v. 1, Foulet, 1949, 61).
recueilli par Lamprecht pour son auctoritas n’est pas un «montage» réfé-
rentiel. Un vers déjà cité de Lambert, s’il faut le prendre au pied de la
lettre, fait d’Auberin un témoin oculaire, bien que canoine, des prodiges
qui accompagnèrent la naissance d’Alexandre: dels signes que il vit per le
fil Felipon. N’y aurait-il pas dans la tradition que Lamprecht recueille ou
invente une haplologie de l’auteur médiéval et de l’écrivain grec Callis-
thènes, à qui a été attribuée la Vie d’Alexandre, faux du IIe siècle, dont
l’influence est évidente et sur le AlexFl et sur lui-même? Callisthènes, il
est vrai, était d’Olynthe en Chalcidique, mais le Pseudo-Callisthènes est
bien un texte byzantin.
crit C) rimant avec bruelh, acuelh, espelh. Mais l’article masculin et l’ac-
cord masculin aussi comme le sémantisme de cresp s’y opposent. Nous
avouons notre embarras sur ce point où le sens est si difficile (influence
de cabeyl dans un écho formel? cf. infra, Commentaire).
Cet inventaire des formes nous écarterait, somme toute, catégorique-
ment des Alpes si nous ne devions tenir compte de la chute du -d- inter-
vocalique: espaa (95), escueyr (78), caractéristique d’une large zone médi-
terranéenne-alpine (Ronjat, I, 82), qui comprend tout le Dauphiné occitan
(formes maisnaa, civaa données par Meyer II, 89 d’après le censier de
Montelier, près de Valence, XIe siècle). Mais l’isoglosse traverse le Rhône
et englobe le Vivarais et une part du Velay, où escueyr, d’après ce qui a été
dit du suffixe -ariu, n’a donc rien qui étonne. On admettra donc la pré-
sence de cette dimension orientale de la mouvance linguistique aquitaine.
Des deux strates de départ, passons à la strate d’arrivée. C’est le tos-
can, et l’on s’étonne que nos prédécesseurs n’aient fait aucun sort à sa
présence pourtant évidente. Elle est graphique: notation par ch de /k/
devant voyelle palatale: chi (13, 58), echest (24), echel (35) mischin (88)
jusqu’à l’excès de micha (58); phonético-graphique avec la géminée après
voyelle brève latine: toccar (100), rotta (101); phonétique avec le maintien
de la sourde dans le suffixe -atore- à la laisse IV (estrobatour, encantatour,
losengetour(6), enperatour; la sonore est conservée à enperadur, 43); de pur
emprunt avec quatro (57) où nous ne voyons pas la nécessité d’invoquer
le franco-provençal (Tuaillon, 1970, 469 «semble bien être la forme
constante du franco-provençal», Minetti, 1977, 26 «il connotato più espli-
citamente francoprov.») et misurar (104); d’emprunt latent dans vicin (93).
Mais vicin peut être aussi bien influencé par lat. vicinu- que par it. vicino.
Il peut arriver ainsi qu’un latinisme de départ rencontre un tosca-
nisme d’arrivée, mais aussi, à l’arrivée, que le copiste toscan ait du latin
dans la tête. C’est ainsi que nous interprétons la bizarre et récurrente
forme ab, qui recouvre syllabiquement l’oc. ac (qui serait ag à l’étape de
Sainte Foi). Elle subit la double influence de habuit et de ebbe (MH, 597,
proposent: racine a- contaminée par une terminaison personnelle de saup,
receub). Un fait similaire est, à notre avis, le recouvrement de *fon par
fu(d), tout au long du texte. Le toscan fu est présent à 10 (mais peut-être
par effet d’économie devant un d- subséquent). Partout ailleurs un -d a
été ajouté, qui pourrait bien être, par maladresse, une référence au -d
archaïque occitan de enseyned.
(7) Heyse avait d’abord lu jausir, janget, puis crut mieux lire: causir, canjet. Meyer
le suivit d’abord dans son édition, puis se corrigea en note (I, 338).
(8) Meyer, II, 83, s’entête sans résultat bien net à chercher là du franco-provençal:
«Ce qu’il y a lieu de chercher c’est jusqu’où s’étend vers le sud l’emploi des
formes en ist que nous offre Alexandre. Le défaut de documents ayant une
date certaine m’empêche de pousser cette recherche bien loin. Il me semble
pourtant que les formes en question ont régné jusque dans le Dauphiné.»
forme qui se trouve aussi dans Girart de Roussillon (à la fois dans O, dit
de «langue mêlée» et dans P, authentiquement occitan, Lafont, 1996b). Si
l’on avait la forme plus normale estrit < anfrk *strid (cf. MH, 609), il n’y
aurait pas rime. On a là un cas de confusion de c- et de -t final qui nous
donne la clef, en sens inverse, de mot, pour prétérit moc, et de dic, pré-
térit analogique moins classique que dis, support de l’oc moderne diguèt.
La même interprétation vaut pour pot (40). En langue moderne, le traite-
ment -t de -c final couvre une vaste zone entre Gévaudan-Rouergue et
Aquitaine garonnaise (Ronjat, I, 283). Nous restons là dans la composition
déjà reconnue de cet occitan littéraire.
Faut-il en sortir pour ces problèmes résiduels que font lou (5), pare
(33), leyre (98), le e- initial de echest (24); echel (35), et beyn (65, 66, 71,
82, 83, 88), divers faits auxquels s’accroche encore la thèse franco-proven-
çale? On ne peut les lui soustraire absolument. Il est bien possible que
dans la traversée de l’Aquitaine à la Toscane, le manuscrit de l’Alexandre
ait subi quelque influence franco-provençale ou que la copie de ses pre-
mières laisses l’ait rencontrée en Toscane.
Cependant, examinons les cas un par un, sans négliger les effets de
contextualité.
Le franco-provençal pare (Tuaillon, 1970, 472, Minetti, 1977, 24) est
bien attesté. Mais c’est un témoin fragile devant un texte où trois fois un
y sauté a été rajouté en correction (une fois après a: pla(y)t); l’hypothèse
*pa(y)re ne peut être éliminée.
Les formes echest, echel sont suspectes à cause de la graphie ch où se
révèle le toscanisme: un copiste qui disait questo et quello peut avoir un
doute sur l’identité de la voyelle prétonique.
Leyre est attesté franco-provençal dans les Comptes consulaires de
Grenoble (Tuaillon,1970, 472). Mais dans notre texte, à trois vers de dis-
tance, on trouve leyra (101) pour lira. Un effet d’écho est probable. Le
copiste B peut avoir traité deux fois en ey un i français, dans deux dis-
tiques initiés précisément par le francisme morphologique li. Le frs. *lire
est ici probable.
Lou reste une énigme. Il y a d’abord un problème de lecture: les édi-
teurs ont proposé, d’après Meyer (1886, I, 10-11) poys l’oum chay in/en
enfirmitas (Heyse), pauc l’oum fay en enfirmitas (Rochat), poyst l’oume
esmaya enfirmitas (Hoffmann), poyst l’oume fayni’enfirmitas (Bartsch),
Meyer lui-même ne reculant pas devant la réfection du texte: poyst l’omne
fraynt enfirmitas. Si on veut garder celui-ci, on pourrait admettre une gra-
phie française, qui nous renvoie aux rimes de la strophe IV, et trouver là
le pronom neutre lo < illud, d’occitan oriental (Provence), qui se justifie-
rait de l’enclise no’l (9) dans le texte même. Mais le sens est difficile. Par
contre le lat. locum facere offre un sens satisfaisant: «donner lieu, occa-
sion», solution retenue par Foulet. Ce serait donc la forme *lou obtenue
par écrasement du c latin entre vélaires et conservation de l’atone finale,
qu’on suppose pour l’un et l’autre domaine, français et franco-provençal
(Minetti, 1977, 19, qui cite H. Stimm). Mais c’est une forme supposée à un
niveau d’extrême archaïsme. Elle instaure de plus une double pertinence
de ou sous la même main: /ow/ et /u/. Ne vaut-il pas mieux se résoudre à
une bévue du scribe, et corriger en loc occitan, audace bien en retrait sur
celle de nos prédécesseurs?
Le seul point résistant qui subsiste est beyn: «la forme la plus ordi-
naire dans les textes d’ancien franco-provençal». Admettons-le. Remar-
quons quand même que la forme n’existe que sous la seconde main, elle
est spécifique du scribe B.
En définitive, rien ne paraît susceptible d’infirmer catégoriquement le
résultat de notre analyse: un texte aquitain, d’occitan littéraire composite,
AlexO, est entré en dialogue avec le toscan naturel de scribes peu
compétents sur cette langue d’origine, et ce dialogue a été traversé prin-
cipalement, peut-être non uniquement par une influence française pour
aboutir à la complexité d’AlexFl.
Dans la laisse XII du texte d’AlexVen1, toutes les rimes sont en -als,
sauf l’irréductible enclaus (v. 114), français enclos, qui atteste ainsi la strate
-aus d’occitanité limousine.
De façon générale, la référence souvent faite au Girart de Roussillon
comme test de franco-provençalité nous reconduit à ce que nous avons
déjà proposé pour deux épopées françaises: ce même Girart et Fierabras
(Lafont, 1996, 1998). Le texte primitif est bien occitan. Il a été oïlisé (ici
oïlisé et décasyllabisé), très souvent à partir des rimes-pilotes occitanes
conservées.
Prenons un autre exemple, sur une correspondance claire de
l’Alexandre décasyllabique et d’AlexFl, pour suivre ce travail du poète
second, qui réaménage sans le modifier le texte d’une laisse, introduit
dans les vers les deux syllabes qui lui manquent et conserve la rime, un
-az immédiatement transposée en un -ez d’oïl:
Quand Al’x, li fils Felips, fu nez
per molt granz signes fu li jors demostrez:
li ceus mua totes ses calitez,
soleil e luna perdirent lor clartez,
por poi ne fu li jors toz oscurez,
crolla la terre e se mut de tot lez,
e plusors los fu molt espaventez
de cel enfant qui si fu demostrez (AlexArs1, v. 9 sq)
que le texte narratif, comme le texte lyrique, est un trope. Or AlexFl com-
mence bien par une citation sacrée en forme de distique latin, sous lequel
il est permis de voir une mélodie probable et un double pas dansé pos-
sible. Le modèle «aquitain» serait là complet. Nous en acceptons la sug-
gestion. Mais, dans ce cas, croyons-nous, il faudrait faire passer les vers
de Salomon en première position, car la tresca, si tresca il y a, naît dans
l’emprunt au latin. Rien ne s’y oppose:
Est vanitatum vanitas
et universa vanitas,
dit Salomon al primier pas...
Comme pour bien d’autres textes narratifs de cette époque (la Chan-
son de Roland elle-même), nous nous trouvons sinon devant un texte à
danser, du moins devant un trope dansable.
Cette suggestion se complète et se nuance d’une remarque impor-
tante. Sur onze laisses, huit sont de six vers. Les sept autres excèdent de
peu ce chiffre: une d’un vers, cinq de deux, une de quatre. De plus les
trois dernières laisses, qui font partie de la première proposition d’une
période tronquée et constituent ainsi une plage textuelle isolable, sont
bien de six vers, et présentent une structure à l’identique bien apparente:
une unité de contenu de quatre vers (deux distiques) et une autre de deux
(un distique). Dans les laisses XIV et XV, la distribution se fait selon la
définition de quatre maîtres (magestres): deux ont quatre vers, deux en ont
deux. Dans la laisse XIII, comme un seul maître est concerné, le dernier
distique lui donne une deuxième fonction, dont on voit mal comment elle
s’accorde à la principale (cf. infra, Commentaire). Il y a là toute apparence
d’un modèle tout formel de composition.
Sur ce point, MH argumentent fortement (pp. 617-618) pour supposer
la mention dans le texte complet de six ou sept maîtres qui l’inséreraient
dans le modèle du cursus studium médiéval (trivium + quadrivium), ce qui
ne présenterait rien que de normal chez un auteur clérical. Ils citent, sui-
vant Mackert, le chapitre «De vera nobilitate» de la Disciplina clericalis
de Petrus Alfonsi, qui assimile, selon Aristote, les septem artes à septem
probitates dans l’éducation du chef. Nous en sommes d’accord, et ajoutons
qu’AlexVen1 (Foulet, 64), parle bien de sept maîtres:
De tote Grece eslit les set mellors.
Mais nous faisons en outre remarquer que si les deux maîtres man-
quants avaient droit à une laisse chacun, comme le grammaticus, la
proposition de six laisses s’en trouverait formellement remplie.
et 6, une opposition claire apparaît entre les deux distiques initiaux consa-
crés à l’énonciation liminaire de l’Ecclésiaste dans son texte latin, sur la
vanité de toutes choses au monde et l’exception revendiquée (que tot non
sie...). À notre avis, les commentateurs et traducteurs n’ont pas accordé
assez d’attention à l’invraisemblance d’un poème célébrant un héros de
toutes vertus en illustration d’un texte biblique frappant par avance sa
gloire de vanité. Cette mise en garde faite aux grandeurs du monde, à la
Bossuet, n’est pas possible selon la thématique même du poème. Foulet
(1949, 5) est plus sévère que nous: «too often scholars have been misled
by the initial four lines into jumping at once to the conclusion that
Alberic’s intent is to preach a sermon on the vanity of all earthly pursuits
and illustrate it by the emptiness of a conqueror’s life.» Par contre, il
suffit de prendre antiquitas au sens banal d’Antiquité classique, attesté par
les textes de référence, pour que tout soit en place: la vérité générale
énoncée par Salomon et le témoignage des historiens sur l’exception
Alexandre.
Que Lamprecht ne débute pas directement par le texte biblique en
latin, qu’il le traduise en germanique quand il le cite, qu’il adopte les deux
vers que nous pensons interpolés dans cette strophe I, cela prouve
qu’entre AlexO, c’est-à-dire «Albericus», et lui, le trope, et donc la tresca
ont été perdus. On est passé du «métier d’Aquitaine» à quelque chose
d’autre: la narration s’est formellement «laïcisée» en glissant dans un autre
domaine linguistique.
Il semble aussi que le translateur germanique ait eu un texte de six
vers où le troisième distique, celui que nous retenons, avait été remplacé
par le second, que nous excluons. Ce second distique précédent tenait lieu
pour lui de celui que précisément nous retenons. Un «créneau» textuel
s’établit: le «je» y devient, pour une leçon de morale, un er qui renvoie à
Salomon lui-même, avec l’accord d’Alberîch:
daz hete Salemon wol virsûht
dar umbe swar in sîn mût;
er ne wolte niht langer sitzen,
er screip von grôzen witzen,
wande des mannes mûzecheit
ze deme lîbe noh ze der sêle niht versteit.
dar ane gedâhte Alberîch.
den selben gedanc hân ich. (AlexVo, 35-42)
II
En pargamen no’l vid escrit,
10 ne per parabla non fu dit
del temps novel ne de l’antic
nuls hom vidist un rey tan ric
chi per batalle e per estric
tant rey fesist mat ne mendic,
15 ne tanta terra cunquesist
ne tan duc nobli occisist
cum Alexander magnus fist,
qui fud de Grecia natiz.
III
Rey furent fort et mul podent
20 et de pecunia manent,
rey furent sapi et prudent,
et exaltat sor tota gent,
mas non i ab un plus valent
d’echest dun faz l’alevament.
25 Contar vos ey pleneyrament
de l’Alexandre mandament.
IV
Dicunt alquant estrobatour
que’l reys fud filz d’encantatour.
Mentent fellon losengetour,
30 mal en credreyz nec un de lour,
qu’anz fud de ling d’enperatour
e filz al rey Macedonor.
V
Philippus ab ses pare non.
Meyllor vasal non vid ainz hom.
VI
Et prist moylier dun vos say dir
40 qual pot sub cel genzor jausir,
sor Alexandre al rey d’Epir,
qui hanc no degnet d’estor fugir
ne ad enperadur servir:
Olimpias, donna gentil,
45 dun Alexandre genuit.
VII
Reys Alexander quant fud naz
per granz ensignes fud mostraz:
crollet la terra de toz laz,
toneyres fud et tempestaz,
50 lo sol perdet sas claritaz,
per pauc no fud toz obscuraz,
jangèt lo cèls sas qualitaz
que reys es fòrz en terra naz.
VIII
En tal forma fud naz lo reys,
55 non i fud naz emfes anceys.
Mays ab virtud de dies treys
que altre emfes de quatro meys.
Si’l toca res chi micha peys,
tal regart fay cum leu qui est preys.
IX
60 Saur ab lo peyl cum de peysson,
tot cresp cum coma de leon,
l’un uyl ab glauc cum de dracon,
et l’altre neyr cum de falcon;
de la figura en aviron
65 beyn resemplet fil de baron.
X
Clar ab lo vult, beyn figurad,
saur lo cabeyl recercelad,
plen lo collet et colorad,
ample lo peyz et aformad,
70 lo bu subtil, non trob delcad,
lo corps d’aval beyn enforcad,
lo poyn e’l braz avigurad,
fèr lo talent et apensad.
XI
Mèls vay et cort de l’an primeyr
75 que altre emfes del soyientieyr.
Eylay o vey franc cavalleyr,
son corps presente volunteyr.
A fol omen ne ad escueyr
no deyne fayr regart semgleyr.
80 Aisí’s conten en magesteyr
cum trestot teyne ja l’empeyr.
XII
Magestres ab beyn affactaz,
de totas arz beyn enseynaz,
qui’l duystrunt beyn de dignitaz
85 et de conseyl et de bontaz,
de sapientia et d’onestaz,
de fayr estorn et prodeltaz.
XIII
L’uns l’enseyned beyn parv mischin
de grec sermon et de latin
90 et lettra fayr en pargamin
et en ebrey et en ermin
et fayr a seyr et a matin
agayt encuntre son vicin.
XIV
Et l’altre’l duyst d’escud cubrir
95 et de ss’esspaa grant ferir
et de sa lanci’ en loyn jausir
et senz fayllenti’ altet ferir;
li terz ley leyre et playt cabir
e’l dreyt del tort a discernir.
XV
100 Li quarz lo duyst corda toccar
et rotta et leyra clar sonar
et en toz tons corda temprar,
per se medips cant adlevar,
li quinz des terra misurar
cum ad de cel entrobe mar.
Commentaire et traduction
Strophe I - Notre analyse du texte l’insère dans le «métier d’Aqui-
taine» des auteurs de vies de saint, de chansons de geste et de chansons
d’histoire. Dans toute cette production le poème roman fonde sa «véra-
cité» sur un texte latin, invoqué de façon liminaire dans Sainte Foi, v. 2:
del vell temps un libre latin et qui devient geste et ystoire chez Lambert.
Ici, le livre attesté n’est pas l’ensemble des historiens où le poète puise sa
connaissance de la vie d’Alexandre, mais l’Ecclésiaste. La raison en est le
trope liturgique qui lui fournit, comme nous le pensons d’après la citation
même (texte biblique syntaxiquement quelque peu modifié, comme le
remarquent MH, 605), la mélodie de sa «chanson».
Mot lo clas: moc, prétérit selon notre proposition de lecture, corres-
pond à la traduction de Meyer: «quand il fit résonner la voix de son
livre». Mais nous comprenons le verbe comme intransitif (cf. Bernart de
Ventadorn: si d’ins del cor no mou lo chans), et donc clas comme un cas
sujet: «quand a résonné...» Clas est pris par Foulet pour «glas funèbre»,
par MH (ibid.) pour un son en général, «Schall, Lärm». Pour nous, il s’agit
bien d’une sonnerie de cloches, celle qui appelle à une cérémonie. Nous
relions l’interprétation à pas, non «passage» («Stelle»), mais «pas dansé».
Alors que pour MH, la métaphore est du type liber sonat (une référence
est trouvée dans l’Epitome rei militaris de Végèce), pour nous elle se relie
à la tresca qui chante-danse un texte de Salomon, et commence sur l’appel
carillonné des exécutants.
Poyst lou me fay... vanitas: suivant ce qui était déjà indiqué par Lam-
precht, ce distique peut être interprété comme un précepte de moralité en
liaison avec la règle bénédictine, la première personne étant prise en
généralité: MH, 606 et trad. 618: «Da mir meine Hinfälligkeit den rechten
Platz zuweist, entferne sich die Untätigkeit» (on remarque la précision
ajoutée au texte, «den rechten…»; la liaison n’est pas pour autant trouvée
avec le distique final.
Foulet et Spitzer voient dans solaz la «consolation». Il faut alors
penser que la fréquentation ou lecture des anciens apporte son tempé-
rament à la vanité du monde. De même chez Minetti: «Faccia, anzi, da
solacio la frequentazione degli antichi, in modo che non tutto sia inanità.»
L’adverbe «anzi» ajouté au texte répond à un «almeno» précédent: «poi
che la mia infermità mi concede spazio inoperoso, se ne tolga, almeno,
l’accidia». L’interprétation s’appuie sur Ecclésiaste, XXXIII, 29: «multam
enim malitiam docuit otiositas»».
MH, 607, empruntent à une étude de U. Schöning la suggestion de
«vieillesse personnelle», le grand âge (qui était celui du «sage Salomon»
selon la tradition) apporte les consolations de l’étude tranquille. C’est le
«iucunda est senectus» du dialogue de Cicéron Cato maior de senectute
que notre auteur devait connaître (cf. aussi Romania 118, 578).
VI - Il est bien possible que vos soit une erreur du scribe pour non:
«je ne sais dire qui...» C’est la solution que notre traduction adopte. Pour
le conserver MH (618), font de la subordonnée une interrogative: «wer
hat unter dem Himmel jemals eine schönere erblicken können?»
Qual est compris par Foulet comme l’adjectif au cas régime, com-
plément de jausir: «Il épousa une femme de qui je peux vous dire qu’elle
était telle qu’il ne pouvait en choisir une plus belle sous le ciel.» Sans se
prononcer sur la forme du cas, MH en font un pronom sujet: «wer hat…».
Cette solution nous paraît préférable, reproduisant un cliché de style
épique et prenant chausir, comme au v. 96, dans le sens habituel de «voir».
Dans ce cas nous expliquons le cas-régime qual comme un objet par
contiguïté de dir.
Nous lisons pot comme le prétérit poc (cf. mot, 1), à qui nous
donnons comme à lat. potuit une valeur de conditionnel passé.
Le vers 43, qui termine la strophe elle-même, prend tout son sens en
liaison avec 31: la lignée d’Alexandre n’est pas subordonnée à une autre
impériale (pas plus que l’Empereur d’Occident, dans l’idéologie carolin-
gienne, à celui d’Orient ou à celui d’Espagne). Les deux derniers vers
ajoutent le nom d’Olympias, mais contredisent la rime par l’assonance. Le
dernier reproduit de plus mécaniquement Orose, comme nous l’avons dit.
Il prit épouse dont je ne saurais dire / qui en aurait pu voir de plus
belle sous le ciel, / la sœur du roi d’Épire Alexandre, / qui ne daigna jamais
fuir un combat, ni servir un empereur, Olympias, gentilfemme, [dont il
engendra Alexandre].
VIII - Forma porte non sur les conditions de la naissance, mais sur
la personne de l’enfant. Res a été compris comme «chose»: Meyer: «si rien
le touche qui lui pèse un brin». Foulet: «si quelque chose lui arrive qui lui
déplaise tant soit peu». MH: «wenn ihn etwas berührt, was ihm unange-
nehmen ist». Mais res en occitan, spécialement dans une phrase négative
ou hypothétique peut être une personne (cf. e tantost illi li fes jurar qu’a
res non ho disses, S. Douc., Levy, VIII, 224, et R. M. Medina Granda,
«Sobre res ‘ser, persona, criatura’ en provenzal antiguo», Verba, 19, 275-
311): solution qui nous paraît préférable. Peut être la personne comme la
chose. On note la synérèse qui-est à 59.
Le roi naquit doué de telles qualités / qu’aucun enfant ne le fut aupa-
ravant. / Il avait plus de vigueur à trois jours / qu’un autre enfant de quatre
mois. / Si quelqu’un le touche qui lui fait le moindre ombrage, / il lui lance
un regard de lion prisonnier.
Si l’on prend peyl pour «poil», ce que fait Lamprecht (strûb unde rôt
xas ime sîn hâr / nâh eineme viske getân / den man in dem mere nach
vâhen), on peut placer sous saur la brillance et non la couleur (à moins
qu’on ne songe au hareng saur! «die rötliche, goldschillernde Farbe der so
bereiteten Fische», Wis, 1990, 130), et l’on doit suppléer «écailles» en
parallélisme avec peyl. C’est la solution de Foulet: «ses cheveux blonds
brillaient comme les écailles d’un poisson» (1949, 30).
Ou l’on entend par peysson autre chose qu’un poisson. Kinzel pro-
posait déjà la «loutre», appelée en allemand Fischotter et Wis (131 et 135,
n. 15) cite un tarif de douane de 1240 à Romans où la loutre, vendue pour
sa peau, est dans les «pisces marini». L’argument est repris par MH (613),
qui traduisent en définitive: «er hatte ein strahlendes Behaarung wie ein
Fisch». Une autre solution, philologiquement un peu plus coûteuse, mais
entrevue par Meyer (1886, II, 250, cité par Wis, 131): accuser un copiste
d’une erreur aux limites de la sottise, erreur à placer au niveau de la
modification de la strophe I, puisque Lamprecht en est victime, et lire
teysson, «blaireau» (pour taisson, ay prétonique > ey, cf. eylay, 76).
Une autre difficulté est que notre auteur ait deux fois parlé de la
chevelure d’Alexandre, avec des adjectifs équivalents comme cresp et
recercelad (67). Une solution sémantique est que peyl ne désigne pas les
cheveux mais le poil sur le corps. Alexandre serait né velu, ce en quoi il
ne différerait pas d’Esau selon la Genèse; «rufus erat et totus in morem
pellis hispidus» (MH, 613). La réfection du manuscrit de Bâle écrit: ich
sag iuch für wâr / als ein lüewe um die brust gehâr (cité par Wis, 134).
Cette solution a pour elle que ce trait déviant et effrayant est lié, dans la
sous-unité des deux premiers distiques, à la couleur différente des deux
yeux, qui évoque deux bêtes cruelles, trait pris à l’Epitome et repris par
Lamprecht (Wis, ibid.). Alexandre est un enfant monstrueux, sauf que son
visage, décrit dans le troisième distique, en opposition aux deux autres
selon le procédé d’opposition formelle déjà signalé, est d’humanité supé-
rieure.
Mais la reprise peyl-cabeyl peut très bien se justifier rhétoriquement,
comme une relance ou reprise de style épique.
Nous pensons que dracon, par latinisme, peut désigner un serpent.
Il avait le poil blond clair, et comme d’un poisson, / tout crépu comme
d’un lion, / un œil glauque, comme de reptile / et l’autre noir comme de
faucon. / Mais du tour de sa personne, il ressembla bien à un fils de baron.
XIII - On remarque que les langues apprises sont celles que pouvait
recommander un clerc médiéval: le grec, le latin au prix d’un anachro-
nisme, et l’hébreu, puis l’arménien, effectivement langue d’une liturgie
chrétienne, avec laquelle les Européens ont été affrontés pour la première
fois dans la première croisade.
Les deux vers finaux, qui complètent la strophe, concernent, non sans
quelque naïveté, la prudence nécessaire dans la compétition féodale, en
particulier le souci que donnent au souverain ses grands vassaux.
L’un lui enseigna, encore tout petit, / à parler grec et latin, / et à écrire
sur parchemin / en hébreu et en arménien, / et à se tenir sur ses gardes, soir
et matin, / à l’égard de son voisin.
XV - Per se medips est repris par Lamprecht: «von ime selben heven
daz gesanc». MH (615) renvoient à per se cantare de Gui d’Arezzo, ce qui
signifie chanter sans le secours d’un maître de chœur, donc en se donnant
à soi-même le ton (levar cant) et probablement en déchiffrant une parti-
tion. Adlevar, latinisme de graphie, se retrouve en une forme plus normale
chez Uc Catola, alevaz (ibid. 616).
Le dernier vers est corrompu. Nous sommes au moment où le
deuxième scribe va abandonner. Appel et Meyer adoptent la correction de
Heyse: cum ad de cel entro la mar. Meyer refuse entro que que proposait
Bartsch. Ad ne s’explique ni par l’occitan, ni par l’italien, ni par le fran-
çais. À notre avis il est une reprise du ad, déjà déviant, de adlevar. Le b
de entrobe doit être parasite, et e nécessaire pour la mesure du vers,
représenter en.
Le quatrième lui apprit à pincer la corde, / à jouer clair de rote et lyre,
/ et à accorder sur tous les tons, / à entonner le chant à voix unique. / Le
cinquième lui donna à mesurer la terre / autant qu’il y en a du ciel jusqu’en
mer.
V: la lettrine est interprétée par MH comme vacat, désignant la
lacune. Nous y voyons plutôt l’initiale de la laisse suivante, sur laquelle le
scribe a abandonné son travail.
Robert LAFONT
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Morlet M.-Th., 1971, Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule au
VIe et au VIIe siècle, II - Les noms issus du germanique continental et les créa-
tions gallo-romaines, Paris.
(4) Impulse Physik 2, Geschichte + Physik, Stuttgart, Ernst Klett Verlag 1998, 24;
pour Kosmas, v. ci-dessous.
(5) dtv-Atlas zur Astronomie, hg. von Joachim Ritter, 71983, 15.
(6) Pour un grand nombre d’autres exemples, v. Jeffrey Burton Russell, Inventing
the flat earth: Columbus and modern historians, Westport, 21997, chapitre 3:
«Flattening the globe», 27ss.
liu est environé De tute part de tere, en verité, Sycum ymaginer poez Par
une pumme, si garde en pernez: Si li midliu de la pumme querez, U les
pepins sunt, le truverez; Par meimes la reisun e meimes l’afere Est enfer
en midliu la tere, Ke c’est le plus bas liu ke seit Dunt seint Gregoire issi
l’entendeit. Dunt, pur ceo ke c’est dedenz la tere Desuz est dit pur cele
afere, Ke tute la tere a la runde L’avirone de tut le munde. Dunt de la
plus foreine rundesce Geke al midliu u plus destrece Treis mile e deus
cens liwes i unt E cinkante od tut i sunt C’est pruvé en la clergie Ke l’en
apele astronomie;
ca. 1270 IntrAstrD IV 2: Et por ce fu li mondes en tel globosité, forme de
pelote, criez reonz que ce est la forme qui plus apartient a parfection quar
en reondesce n’a ne fin ne commencement;
ca. 1280 JMeunAbB 167: (Jésus parle) Se je ay fam, je ne le te diray pas,
car li mondes et la rondesce de la terre est moie et la plenté de lui;
fin 13e s. PlacTimT 52ss.; 134: Cascuns des elemens est reons et tous li
mondes est reons (...) et pour ce fit le createur tout reont et aussi sont les
elemens touz reondz;
ca. 1355 PelAmeS 8937: Mon ange plus haut me mena Et sus le ciel haut
me monstra... Terre et enfer dedens enclos Ne me sembloient pas Que
une boule (var. pomme, bille) petite;
ca. 1368 OresmeSphèreMy 4: Le monde est tout ront aussi comme une
pelote... Premierement est la terre toute masseise et ronde, non pas par-
faitement, car il y a montaignes et valees, mais toutesvoies tent elle a ron-
desce, et qui seroit ou ciel et la regarderoit, elle sambleroit toute ronde.
Et pour ce, l’eclipse de la lune appert en rondesce, laquelle eclipse est
causee de l’ombre de la terre, si comme il apparra aprés. Ne je ne me
vueil plus arrester a prouver que la terre est ronde;
1374 OresmePolM 290b: Il voult dire que aussi comme Dieu tient la
monarchie ou ciel, Cesar la tenoit en terre. Et semblablement fu de plu-
sieurs autres. Et en signe de ce, l’ymage imperial tient une espere aussi
comme une pomme(7).
(7) Pour une liste des globes (Reichsapfel) qui nous sont parvenus, cf. Percy Ernst
Schramm, Sphaira, Globus, Reichsapfel, Stuttgart 1958, 186-187; pour les illus-
trations v. les tables à la fin du volume. Quelques remarques nous semblent
à corriger, p. ex. p. 178: «Wir haben den Vorgang plausibel zu machen versucht,
wieso die von den antiken Geographen gewonnene, jedoch nicht von allen
anerkannte Einsicht, die Erde habe Kugelgestalt, wieder verloren gegangen ist».
(11) V. n. 6, 76-77.
AUGMENTARE > ar. amintu «gagner», REW3 783, DDA, p. 147, ILR,
p. 117, Rosetti, ILR, p. 175.
Descendants en cal. ammentare “supplire, accrescere, aggiungere,
conettere, attacare”, Alessio, Conc., p. 16; LEI 3, 2281.
*FOLLIOLUS > fuior «tortis», ar. ful’ior, megl. ful’or; REW3 3421, DDA,
p. 563, Capidan, Megl., p. 131.
Aussi en Italie méridionale: cal. folleru “baco de seta”, follaru
“bozollo”, DTC I, 5, p. 307. Cf. Lozovan, Unité, p. 130. Pourtant,
Alessio, Conc., p. 14, n. 39, propose pour les mots calabrais et pour
l’irp. fuòddolo “bozzolo” le sufixe –ULUS, pas –OLUS.
GALGULUS > grangur «loriot», megl. gaigur; ar. gangur adj. «vert foncé,
vert-noir; vert-jaune»; REW3 3647, ILR, p. 117, Rosetti, ILR, p. 178
(maintenu aussi en alb. gargull, gargëll, Vâtâşescu, Voc. 213).
Aussi au sud de l’Italie: cal. sept. gràvulu, gràdulu “rigogolo”, cf.
sic., cal. gàjulu et d’autres formes chez Alessio, Conc., 29, cf. Rosetti,
loc. cit., Pellegrini, Ricerche, p. 145 şi 222.
INCALESCERE > (anc.) încâri «chauffer»; REW3 4339, ILR, p. 117,
Rosetti, ILR, p. 178.
Considéré aussi comme l’étymon du logud. inkalèskere “rincru-
dire, diventar cronico” (di mali e di malattie), DES 1, p. 622, avec un
certain doute, à cause de la possibilité d’un emprunt en sarde de
l’esp. calecer “ponerse caliente”. Pourtant, le roumain et le sarde sont
les seules langues qui attestent la forme avec in-.
LANGUIDUS > lânced «languissant», ar. lândzit; REW3 4890, ILR, p. 117,
Rosetti, ILR, p. 179, DDA, p. 747.
Continué aussi par le sard. lambidu (Nuoro) “chi brama di
mangiare” (ALIT 933: lámpidu “goloso”) DES 2, p. 6.
LANGUOR > lângoare «langueur», ar. ~, megl. lângoari; REW3 4891,
ILR, p. 117, Rosetti, ILR, p. 179, DDA, p. 747, Capidan, Megl., p. 165.
De nombreux successeurs dans plusieurs aires romanes: fr. lan-
gueur, f. “abattement physique ou moral prolongé”, v. pr. langor, v. fr.
(gesir en) langor, FEW 5, p. 163, BW, p. 360; v. it. langore, v. gen.
langor “debolezza”, AGI 15, p. 65, cf. aussi v. trev. slangurir “lan-
guire”, AGI 16, p. 325; galic. langrear “morir de miseria” Romania 6,
74 (FEW l.c.). L’esp. languor, l’it. languore sont des emprunts.
ORDINARE > roum., ar., megl. urdina «venir souvent voir, visiter quel-
qu’un»; REW3 6090, ILR, p. 117, absent chez Rosetti, DDA, p. 1240,
Capidan, Megl., pp. 317-318.
Présent en sarde, en camp. vulg. ordinare, -ai; odrinai “ordinare,
regolare”, DES 2, p. 191. DTC I, 8, p. 118 atteste l’adjectif ordinati
“specie di funghi che crescono a fila”. Emprunté dans les autres
langues romanes: it. ordinare, v. fr. ordener, n. fr. ordonner, prov., cat.
ordenar.
Abréviations
Alessio, Conc. = G. Alessio, Concordanze lessicali tra i dialetti rumeni e quelli cala-
bresi, “Annali della Facoltà di Lettere e Filosifia dell’Università di Bari”, I,
1954, p. 3-53.
0-1 Papias, dont tous les indices portent à admettre qu’il était origi-
naire de Lombardie, était un clerc qui enseignait les arts du trivium
durant la première moitié du XIe siècle, sans doute dans le Nord de l’Ita-
lie(1). Il est l’auteur du Vocabularium ou Elementarium (ou encore Lexi-
cum)(2), datable de 1053(3), dédié à ses deux fils(4), complété dans plusieurs
manuscrits par un De Grammatica, sorte d’abrégé de Priscien(5). Le Voca-
bularium, qui est le résultat de la synthèse de données tirées d’une série
d’ouvrages encyclopédiques, lexicographiques ou grammaticaux d’époques
antérieures, et particulièrement des Etymologiae d’Isidore(6), des glossaires
(1) Sur la personne de Papias, cf. Goetz 1923 (I), § 49: De Glossariorum latinorum
origine et fatis, 175; Realencyclopädie, XIII: 1455 (Goetz); Manitius 1965: 717-
718; Rossebastiano Bart 1986: 113. L’origine du nom de l’auteur est discutée: il
nous semble plausible qu’il soit lié à la ville de Pavie (cf. Enciclopedia italiana,
XXVI, 253).
(2) Dans les catalogues des mss, les titres les plus fréquents sont Vocabularium
(B.N. Lat. 8844, Lat. 11531, Lat. 13030) et Elementarium (Lat. 9341, Lat. 14744,
Arsenal 1225). Dans les mss l’incipit prend généralement la forme suivante:
Incipit elementarium doctrine erudimentum. Les éditions du XVe siècle ont pour
titre: Vocabularium ou Papias vocabulista. Lexicum est employé dans l’article
de l’Enciclopedia.
(3) Cf. Goetz 1923: 175; Rossebastiano Bart 1986: 113 indique au contraire la date
de 1041 pour la parution de l’ouvrage; Manitius 1965: 718 fixe à 1040 le début
du travail de dépouillement des sources.
(4) Voir dans l’édition de 1476 les premiers mots du prologue: Filii utiq; charis-
simi… Dans les mss consultés, nous lisons: Fili uterq: karissime.
(5) Quelques mss parisiens (B.N. Lat. 9341, Lat. 14744, Arsenal 1225) donnent à la
suite du dictionnaire le Liber papie de grammatica., dont le prologue com-
mence par ces mots: Petiste a me carissimi ex arte grammatice uobis competentes
regulas dari aut componi… (in Lat. 14744, fo 228 r°).
(6) Nous utiliserons l’édition des Etymologiae en cours de publication aux Belles
Lettres, pour les livres IX, XII, XVII, XIX déjà parus, et pour les autres,
l’édition Migne, P. L., LXXXII, 9-728. L’imitation est étroite mais le plus
souvent sélective (dans le livre XII par exemple une partie seulement des
articles sur balaena, basiliscus, bibiones, etc., se retrouve chez Papias, qui puise
des compléments d’information à d’autres sources).
(7) Parmi les glossaires (Goetz 1894 (V) et Lindsay 1926 (I)), ceux de Placidus et
d’Ansileube (qu’on désigne aussi du nom de Liber glossarum) apparaissent
comme les plus proches de notre auteur, à la fois pour la sélection des vocables
et pour la formulation des définitions; (pour la lettre B, voir respectivement in
Goetz 1894: 8-9, 49-51 et in Lindsay (I): 77-88); d’ailleurs Papias lui-même, à
la fin du Prologus, dans la liste de ses sources, cite parmi les grammairiens et
lexicographes, outre Isidore, Priscien et Bède, le nom de Placidus (Placitus).
Par contre d’autres glossaires des recueils de Goetz et de Lindsay, tels que
Amploniana (Goetz 1894: 259-337), Abstrusa (Goetz 1889 (IV): 3-198 et Lind-
say (III): 1-90), Abauus (Goetz 1889: 301-403 et Lindsay (II): 29-121), etc., et
particulièrement celui qui porte le titre de Liber glossarum (Goetz 1894: 159-
255, à distinguer du recueil homonyme publié par Lindsay) ont peu de rapport
avec le texte de Papias, autant par la sélection des mots que par la rédaction
des notices.
(8) Cf. in Keil 1855 (II) et 1859 (III), Institutionum grammaticarum libri XVIII.
Dans le prologue à son abrégé grammatical, Papias déclare ouvertement vou-
loir transmettre, en le simplifiant, le modèle de Priscien: ipsius igitur prisciani
dispositionem summamque sequens quam breuius potero opus uestrae eruditio-
nis componam (Della Casa 1981: 40).
(9) Cette double finalité est également mise en évidence in Della Casa 1981: 36.
(10) Rossebastiano Bart 1986: 113 insiste sur le fait que les ouvrages de ce type
furent progressivement destinés, avec l’essor des langues vulgaires, à l’acquisi-
tion du système par des non latinophones.
(11) C’est aussi l’avis de Rossebastiano Bart 1986: 114, qui le qualifie de assai
(«très») rigoroso per quei tempi. Papias lui-même, dans le § 2 du Prologus pré-
cise: totus hic liber per alphabetum non solum in primis partium litteris:uerum
etiam in secundis & tertiis litteris…interdum ordinabili litterarum dispositione
compositus erit.
(12) En ce qui concerne la présentation des mots grecs, l’édition incunable que nous
suivons diffère des mss consultés: en effet dans cette édition (qui suit sans doute
l’un des mss italiens) un grand nombre de mots grecs sont présentés dans les
deux alphabets, alors que dans les mss parisiens, l’alphabet grec est limité à
même s’il ne fait que réorganiser le contenu d’une série d’ouvrages anté-
rieurs(13) dont il sélectionne les données en fonction de critères qui lui
sont propres, connut une diffusion remarquable pendant les siècles qui sui-
virent son élaboration (il en existe des dizaines de mss en France, en Alle-
magne, en Italie(14), dont 18 pour les seules bibliothèques parisiennes(15)),
et l’ouvrage fit l’objet de quatre éditions en Italie avant 1500: celle que
nous avons utilisée remonte à 1476(16).
0-2 Le contenu des notices est très variable, et schématiquement nous
en distinguerons quatre types principaux: 1° les notices de nature ency-
clopédique, concernant par exemple (à l’intérieur de la lettre B)(17) les
lemmes Babylonem urbem, Beatitudinis gradus, Bryonia uua (18), etc., cen-
trés essentiellement autour de notions de géographie (surtout de l’Empire
romain et de l’Orient méditerranéen), d’histoire (de l’Antiquité) ou de
mythologie, de botanique ou de zoologie, de religion (particulièrement
axées sur des entités évoquées dans la Bible), de droit, de métrique, etc.;
2° des notices de nature mixte, à la fois encyclopédiques et lexicales, où
les informations sur le référent sont complétées par un commentaire sur
la dénomination de l’entité (voir par exemple le cas de Buccina, dont sont
tout d’abord définies la nature (similis tubae sed longior) et la fonction
(sollecitudinem ad bellandum denuntians), et dont le nom est ensuite mis
quelques mots indispensables, par exemple dans la notice sur la lettre B, à iden-
tifier les phonèmes grecs dont est issu le /b/ latin des vocables comme ambo,
publicus, birrus, etc.
(13) Sur la transmission de la tradition lexicographique jusqu’à l’époque de Papias,
cf. Buridant 1986: 13 et particulièrement note 24.
(14) Liste des mss du Vocabularium in Goetz 1923: 172-174 (il en dénombre 87).
(15) Goetz énumère 16 mss à la B.N. de Paris (outre ceux déjà cités, cf. note 2),
signalons encore Lat. 10296 (A-N), Lat. 12400 (A-D)); un à la Mazarine (3790);
un à l’Arsenal (cf. note 2). Nous avons la preuve, grâce à des notes marginales
relevées dans deux de ces mss parisiens (Lat. 14744 et Mazarine 3790), que les
centres du savoir, comme l’abbaye Saint-Victor, en possédaient plus d’un exem-
plaire (cf. Mazarine 3790, fo 2: Iste liber est sancti Victoris parisiensis) et y atta-
chaient le plus grand prix: (ibid.) quicumq; eum furatus fuerit uel celauerit ul
titulum istum deleuerit anathema sit Amen.
(16) Mediolani 1476, Domenico da Vespolato (édition reproduite en offset par la
«Bottega d’Erasmo», Turin, 1966); Venetiis 1485, Andrea Bonetti; Venetiis 1491,
Teodoro Ragazzoni; Venetiis 1496, Filippo Pinzi. Selon l’Indice degli incunaboli
delle biblioteche d’Italia, Rome 1965, vol. IV, p. 192, il n’y a pas eu d’autres
éditions avant 1500. Ces quatre versions, très proches (Goetz 1923: 172: inter
se simillima), semblent toutes dépendre du même ms.
(17) Cf. note 27.
(18) P. 37, col. 2; p. 40, col. 1; p. 43, col. 2.
en rapport avec ses dérivés (inde buccinare buccinator & buccinatus &
buccinus…)(19), ou servent même à justifier la forme du mot (voir le cas
de Boetia prouincia dont un récit mythique (Cadmus iram patris fugiens
bouis uestigia secutus ubi bos recubuit ibi sedem condidit) permet de moti-
ver la dénomination: de nomine bouis Boetia dicta)(20); 3° des notices de
nature purement lexico-sémantique (c’est ce type qui prédomine dans le
Vocabularium, même si leur proportion est irrégulière), portant sur des
vocables dont le sens est défini soit par un syntagme (Bigens duabus gen-
tibus natus)(21), soit par un ou deux équivalents (Bubulcus: boum custos;
Baburrhus: stultus. ineptus)(22), et dont la forme est souvent rapprochée
d’une autre unité lexicale, latine ou grecque, avec laquelle il présente des
affinités sémantiques (Bibli libri dicuntur quia ex biblis quasi iuncis fie-
bant)(23), notices qui se concluent, assez rarement à vrai dire, par une
information morphologique (Bipennis securis quae duas pennas habet….hic
& haec bipennis & hoc bipenne: ut bipennis securis uel est foemininum)(24);
4° des notices servant à l’élucidation de mots étrangers (souvent caracté-
risées par la forme verbale interpretatur), grecs pour la plupart (Bibliopola
graece qui & libros uendit scriptor librorum; Bia graece uiolentia latine)(25),
plus rarement hébreux (Beth interpretatur filius uel domus uel confusio
secunda littera hebreorum)(26). Les notices de type 1, 4 et partiellement 2
ont pour visée la compréhension des textes et une meilleure connaissance
des référents évoqués; les notices de type 3 et partiellement 2 tendent à
développer la compétence linguistique de l’utilisateur.
0-3 La finalité de notre recherche, qui sera limitée à une part minime
mais représentative de l’ensemble du Vocabularium (la lettre B)(27), est de
dégager les relations que Papias construit entre les mots, relations qui sont
de trois sortes: 1° liens établis entre deux unités de la langue latine (ou
bien entre un mot latin et un mot grec), présentant à la fois un segment
commun de leur signifiant et une affinité sémantique. Ce type de lien
étymologique se place dans la continuité d’une tradition lexicographique
séculaire qui remonte, pour ses principes, jusqu’à Varron(28); 2° liens éta-
blis entre un mot simple et les mots issus de lui, soit par dérivation, soit
par composition. Ces deux catégories de relations sont très développées
dans le Vocabularium, car elles permettent, comme nous allons le montrer
par notre analyse, de faciliter l’assimilation de la masse de connaissances
que représente l’ouvrage (n’oublions pas que Papias destine en priorité le
Vocabularium à l’instruction de ses deux fils et plus généralement de tous
ceux qui désirent progresser dans la maîtrise de la langue latine)(29). Un
troisième type de relations attire au contraire l’attention du consultant sur
une imperfection de la structure du lexique qui se manifeste chaque fois
qu’à une seule unité correspondent plusieurs sens possibles: Papias signale
minutieusement ces cas de surabondance des signifiés. C’est à ce réseau
de relations multiples entre les vocables que nous consacrerons cette
étude: parmi les liens que met en évidence Papias, certains sont toujours
valables à nos yeux, d’autres au contraire nous étonnent par leur ténuité.
Nous essaierons donc de mesurer l’efficacité, les apports et les limites de
la méthode mise en œuvre par le lexicographe en matière d’étymologie,
de formation des mots et de polysémie.
/ Bachea)(53). L’affinité entre les signifiants est donc réduite, mais elle est
définie par des règles qui déterminent les conditions minimales d’appa-
rentement entre les phonèmes de la première syllabe des vocables x et
y(54), dont la fonction va décroissant à partir de l’initiale consonantique(55).
(53) L’évolution des langues romanes a séparé nettement les sons issus du phonème
grec /¯/ et du groupe /ks/, qui donnent respectivement /k/ et /s / dans le proto-
roman (cf. Tagliavini 1969: 245).
(54) Le principe d’un segment minimal commun entre les signifiants n’est pas ori-
ginal: Papias reprend à son compte de nombreux rapprochements proposés par
Isidore (Bagina / Baiulare, Barca / Baiulare, etc.), qui lui-même les avait héri-
tés de grammairiens antérieurs, comme le manifeste avec exhaustivité l’ouvrage
de Robert Maltby, A lexicon of ancient Latin etymologies (Maltby 1991).
(55) L’analyse des emprunts grecs s’appuie en général sur des affinités plus évi-
dentes entre les signifiants: voir par exemple Ballein proposé comme étymon
de Baleares, Balaena, Balista (p. 38, col. 2); voir aussi Basilica (p. 39, col. 2),
Bucolicum (p. 44, col. 1) qui ne posent aucun problème formel. Plus risqué le
rapprochement entre Brachia et Bary (p. 43, col. 2), repris d’Isidore, Etym.,
lib. XI, 1, 69, qui nécessiterait une métathèse (sur l’étymon grec de ce vocable
proposé par Festus, voir Thes., II, 2151 et Maltby 1991: 84).
(56) Badium equum antiqui uadium dicebant quod coeteris animalibus fortius uadat,
p. 38, col. 1 (repris d’Isidore, Etym., lib. XII, 1, 49; cf. Maltby 1991: 73).
(57) Bagina dicta eo quod in ea mucro uel gladius baiulatur (ibid.), repris d’Isidore,
Etym., lib. XVIII, 9, 2.
(58) Barca a baiulando dicta: quae cuncta commertia maioris nauis ad littus portat
(p. 39, col. 1), repris d’Isidore, Etym., lib. XIX, 1, 19; voir in E.M. 99 une hypo-
thèse plus plausible. Ce type de rapprochement sémantique fragile est déjà fré-
quent chez Varron (voir par exemple in De L. Lat., lib. VI, § 6: Nox…quod
nocet nox).
(67) P. 44, col. 2 (repris d’Isidore, Etym., lib. XII, 4, 28). Vu que le serpent suit le
troupeau pour se rassasier de lait, il convient de donner à bouem un genre
indéterminé qui inclue aussi bien le masculin que le féminin, comme le faisait
la langue latine ancienne (cf. Varron, De L. Lat., lib. VI, § 15: Bos forda quae
fert in uentre et E.M.: 74).
(68) P. 38, col. 2 et 39, col. 1.
(69) P. 40, col. 1 (il propose à la fois duellum et bonus: Alii per antiphrasin a bono
dictum bellum diminutiue); p. 43, col. 1; p. 44, col. 2.
(70) Varron également avance pour plusieurs vocables une double hypothèse:
cf. Flobert 1985: XVII, qui cite entre autres exemples, dans son Introduction au
livre VI: aestas (§ 9), aprilis (§ 33), etc.
entre les vocables qui sont énumérés, l’un à la suite de l’autre dans des
gloses séparées)(71), Papias innove par l’intérêt spécifique qu’il accorde aux
rapports qui relient entre elles les unités de la langue, indépendamment
de toute relation étymologique(72). En effet chez Isidore, l’intérêt, comme
l’indique le titre même de l’ouvrage, est centré sur les liens étymolo-
giques(73), qui servent souvent à préciser le sens du mot ou la nature du
référent(74); même si l’attention pour les dérivés n’est pas exclue, elle n’est
que secondaire(75). Papias au contraire, aussi bien à la suite des dévelop-
pements encyclopédiques que des notices étymologiques signale explicite-
ment et assez fréquemment les mots formés à partir d’une base lexicale
par dérivation: ainsi après avoir évoqué l’étymologie de Bellum, Papias
évoque le dérivé Bellaria, et un peu plus loin, il consacre une notice
entière aux divers vocables formés sur la base Bellum (c’est-à-dire les
adjectifs Bellicus, Bellicosus, les verbes dénominatifs Bello, Bellor, les com-
posés Belligenus, Belligeror)(76). Il n’indique toutefois pas systématique-
(71) Dans le glossaire d’Ansileube par exemple, les dérivés sont énumérés: 6 - Baby-
lonem urbem, 7 - Babyloniae regionis (Lindsay 1926: 77), sans que soit établi
aucun lien entre eux; de même in Liber glossarum (Goetz 1923: 159): Barritus
uox elephanti. Barrit cum uocem emittit.
(72) Varron in De L. Lat., lib. VI, § 36, décrit la masse des variations par dériva-
tion que peuvent recevoir les primigenia. Les grammairiens de l’époque tardive,
et particulièrement Priscien intègrent dans leurs traités un livre sur l’altération
(cf. Institutionum grammaticarum, lib. III: De diminutiuis) et sur la dérivation
(lib. IV: De denominatiuis). De même Placidus, dans ses gloses Librorum roma-
norum et Libri glossarum (Goetz 1894: 3-43 et 43-104 ) se comporte en gram-
mairien, s’employant à relier les dérivés à un mot simple: voir par exemple,
p. 8: Babilonia…deriuatum ut si dicas gens…ut troya troyana; ibid.: Bibinare
sanguinem inquinari; uiuinarium autem est sanguis qui mulieribus menstruis
uenit. Cette attention aux dérivés se perpétue dans les traités De orthographia
des grammairiens des siècles suivants comme Bède ou Alcuin.
(73) Voir Fontaine 1959: 39-44, L’étymologie.
(74) Par exemple Isidore complète la définition de Bidens par l’étymologie de son
nom: quasdem bidentes uocant, eas quae inter dentes duos altiores habent
(Etym., lib. XII, 1, 9); et la description de la baleine (Etym., lib. XII, 6, 7) par
l’allusion à l’eau qu’elle rejette (ceteris enim bestiis maris altius iaciunt undas),
qui justifie son nom: ballein enim graece emittere dicitur.
(75) Voir in Etym., lib. XII, 2, 14: a uoce barro uocatur, unde et uox eius barritus
(repris par Papias, p. 39, col. 1, qui élargit l’information sur les dérivés: Barrhus
elephas a uoce dictus inde barrio ris riui).
(76) P. 40, col. 2. Une liste exhaustive est donnée par Priscien dans le livre IV, De
denominatiuis (Keil 1855: 117-140) des suffixes et des mots simples susceptibles
de se combiner pour donner naissance à des dérivés (Priscien insiste sur la
variabilité du sens de ces morphèmes). On retrouve ce chapitre abrégé dans
l’opuscule grammatical de Papias (cf. Lat. 9341, fo 147 r°).
ment tous les rapports entre les mots figurant dans le Vocabularium (par
exemple, il ne met en évidence que quelques-uns des dérivés de Bacchus
tels que Baccha, Bacchia, Bacchius, Bacchum(77), etc.; les autres vocables
issus de Bacchus sont énumérés et définis dans des notices séparées, qui
ne sont pas mises explicitement en rapport avec le mot de base, même si
celui-ci est mentionné)(78). Dans l’ensemble des 512 notices, on peut esti-
mer que les 80 cas de dérivation que nous avons dénombrés, dûment
signalés comme tels par Papias, ne représentent que la moitié des phéno-
mènes de formation de mots (par dérivation, mais aussi par composition)
qu’on pourrait y relever. Néanmoins l’intérêt de Papias pour la formation
des mots est incontestablement au centre de sa pédagogie.
(82) Outre ceux qu’évoquent nos divers exemples, citons encore: -acius (Beta, Beta-
cius), -inus (Bombices, Bombicinus), -itudo (Beatus, Beatitudo), -o, servant à
former des verbes dénominatifs (Balneum, Balneo), -utio (Balbus, Balbutio), etc.
(83) P. 38, col. 1; p. 39, col. 2; p. 40, col. 2; p. 41, col. 2; p. 41, col. 1; p. 44, col. 2.
(84) Voir par exemple: Belgis, Belgica; Barbarus, Barbaricum; Buccina, Buccinator;
Buccina, Buccinatus.
(85) P. 38, col. 1; p. 43, col. 2; p. 44, col. 1; p. 44, col. 2.
(86) Ut supra.
(87) P. 37, col. 2.
(88) Dans les mss il n’y a pas, sauf exception, d’alinéa entre les différentes notices:
le texte apparaît comme un bloc compact où seules quelques majuscules en
entre les vocables, c’est qu’il est conscient d’une relation de nature plus
lexicale (et donc non prévisible), que grammaticale (et donc régulière): en
effet la formation d’un nom de qualité, par changement de genre à partir
d’un adjectif, est assez rare dans le système(89). Il apparaît bien que la mise
en évidence des relations entre mot simple et dérivé est chargée de signi-
fication et que Papias est tout à fait conscient du caractère plus ou moins
régulier du mode de dérivation.
contentent pas d’énoncer des règles abstraites: ils donnent, au cas où une
règle débouche sur une alternative ou s’applique d’une manière restrictive,
des listes exhaustives des vocables concernés, classés en sous-catégories
selon l’actualisation de cette règle dans le lexique; nous avons vu ainsi que
Priscien établit la liste de tous les mots susceptibles d’être combinés avec
les différents préfixes; de même Martyrius fournit les listings des vocables
où /u/ doit être considéré soit consonne soit voyelle, successivement dans
la syllabe initiale, médiane et finale(112). Cette conception grammaticalisée
du lexique ou lexicalisée de la grammaire, qui ne conçoit pas la gram-
maire hors de son contexte lexical, est une orientation qui n’est pas sans
évoquer celle qui préside aux programmes actuels des «lexiques gram-
maires». Nous avons constaté tout au long de notre analyse, combien
Papias insiste sur la régularité de la suffixation et de la préfixation (même
si notre choix arbitraire de la lettre B s’est révélé a posteriori plutôt
malencontreux)(113) et comment il sait, grâce à une intuition d’une grande
sûreté, fixer la limite entre ce qui dans le lexique relève du grammatical
(et doit être enseigné) ou au contraire de l’arbitraire, comme par exemple
les phénomènes de composition ou d’homonymie (et doit être mémorisé).
L’élaboration d’un De Grammatica à la suite du Vocabularium ne fait que
confirmer l’unité et la complémentarité des deux domaines dans la
conception éminemment cohérente de Papias(114).
(115) Voir pour l’Antiquité les théories des Analogistes et des Stoïciens (cf. Collart
1954: VII-VIII; Fontaine 1959: 29), puis dans la perspective chrétienne la quête
que Fontaine qualifie de mystique d’un ordre primitif et divin du langage dont
les étymologies révèleraient la trace (cf. Fontaine 1959: 32-33).
(116) Nos conclusions concordent avec celles de Della Casa 1981: 45 qui écrit: La
grammaire médiévale vise à donner la prééminence au côté logique de la langue.
(117) Le recours à la mémorisation était en effet la technique prédominante jus-
qu’alors dans l’apprentissage de la langue latine (cf. Buridant 1986: 14-16).
(118) Ce travail de lecture et de sélection est le fruit, comme le déclare Papias dans
le Prologus, de dix années de travail assidu: Opus quidem a multis aliis iam pri-
dem elaboratum: a me quoq; nuper per spatium circiter decem annos: prout
potui: adauctum et accumulatum.
mairiens tels que Varron ou Placidus): ces mots de liaison sont là pour
guider le consultant et rendre plus perceptible le message didactique; en
conséquence, il faut considérer également comme signe pertinent l’absence
de mise en relation entre les vocables ou l’absence de marqueur de liai-
son, que nous avons constatée à plusieurs reprises; 2° le ciblage d’un
niveau d’enseignement bien précis: nous remarquons que dans l’ensemble
de la lettre B il n’est jamais question de différenciation entre les syno-
nymes; on comprend que Papias refuse volontairement d’exploiter la
richesse des Differentiae d’Isidore(119); ce choix ne peut résulter que d’une
intention pédagogique: le Vocabularium devant inculquer les règles fon-
damentales de la langue (erudimentum), et plus précisément le sens des
mots et leur formation, Papias considérait sans doute que les subtilités qui
régissent la sélection entre synonymes auraient perturbé l’acquisition d’un
niveau de connaissance qui se voulait plutôt élémentaire; 3° la méthodo-
logie du doute et la relativisation des certitudes: grâce aux doubles éty-
mologies qui remettent en question l’infaillibilité des hypothèses, grâce
aussi à la liste fournie dans le prologue et à la mention dans les notices
des sources où il a puisé son information, Papias tend à développer chez
ses lecteurs l’esprit critique, et à ramener la somme des connaissances
rassemblée dans son ouvrage à ses justes dimensions.
(119) Cf. in Migne, P. L., vol. LXXXIII, col. 9-98: Differentiarum libri II.
Références bibliographiques
SOURCES
Sources manuscrites consultées
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PAPIAS, Vocabularium, B.N., Lat.13030 (fin XIIIe s.).
PAPIAS, Elementarium cum Summa grammatice, B.N., Lat. 14744 (XIIIe s.).
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PAPIAS, Elementarium et liber eiusdem de grammatica, Arsenal 1225 (XIIe s.).
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ou XIVe s.).
Reprint
(de l’édition de 1476) 1966, Turin, Bottega d’Erasmo.
Ouvrages de référence
Buridant C. (coordonné par), «La lexicographie au Moyen Âge», in Lexique, IV,
1986, Presses universitaires de Lille.
rette et Pichon (désormais DP) ainsi que par leur théorie du p.p. et celle
de Gustave Guillaume (désormais GG), nous tâcherons de proposer une
valeur unique du point de vue syntaxique et sémantique pour la structure
être + p.p.
(1) Le ciel est bleu
(2) La mer est salée / La poire est sucrée
(3) La jeunesse est enfuie / Pierre est évanoui
(4) Je suis blessé
(5) Je suis estimé
(6) Le vaisseau est aluni
(7) Je suis sorti
(8) La maison s’est bâtie
(9) Les enfants se sont tus
(10) Elles se sont lavées
...................................................................................
est (rentré)
(12’)
A
est ...................................................................................
(rentré)
R R
(13’)
A
R R ..........................................
rentré est
(4) Relevons à cet égard l’intéressant constat (à vérifier cependant) que le français
«conçoit toujours une substance qui subit le phénomène» (§ 863). La présence
en surface d’un syntagme exprimant l’agent imposerait donc une structure de
phrase marquée, contrairement à l’idée généralement admise que l’actif, forme
considérée comme plus neutre que le passif, présente le sujet du verbe comme
agent du procès.
(5) Nous reviendrons plus bas (4.) sur cette qualification d’«aspect» pour distinguer
le «présent» (= «aspect immanent premier») de son «antérieur» (= «aspect
transcendant second»).
Les verbes du type courir restent tout entiers dans la voix active. Les
verbes du type arriver, par contre, donnent à l’antérieur du présent la
forme de la voix passive. Il y a donc introduction de passivité dans la voix
active, sous couvert du passage à l’antérieur. C’est pour GG une survi-
vance de la déponence latine. Elle justifie l’appartenance de ces verbes à
la «voix mixte».
Examinant les cas d’alternance être/avoir pour de mêmes verbes, DP
ajoutent au rôle sémantique du sujet un élément d’ordre aspectuel à
l’explication du choix de l’auxiliaire. De leurs exemples, comme toujours
nombreux et dont beaucoup ne sont pas reconnus par la grammaire
normative, on peut retenir les suivants:
(16) Pense donc qu’il y a sept ans que nous sommes emménagés là-bas.
(Mme A, en 1912 – DP: § 1611)
(17) Il se rappelle toutes les rues où j’ai demeuré. (Mme GO, le 3 août
1933 – DP: § 1616)
(18) M. le Prince est demeuré auprès du roi. (Mme de Sévigné, lettre
du 15 juin 1675 – DP: § 1616)
(19) Vraiment, nous sommes montés tout ça? (Mme EJ, le 23 sep-
tembre 1929 – DP: § 952 et § 1639)
(20) Hier, il avait monté la tour Eiffel. (Mme SC, le 31 janvier 1933 –
DP: §§ 1638-1639)
et pour l’explication (DP: § 1639):
il y a tendance à employer être quand on a en vue le terme du phé-
nomène; à avoir, conviennent au contraire les cas où l’on n’envisage le
phénomène que comme réalisant par sa durée une sorte d’accumulation
d’effet. Schématiquement, on pourrait dire que cucurrit in hortum se
dira volontiers: «il est couru dans le jardin», tandis que cucurrit in horto
se rendra plutôt par: «il a couru dans le jardin».
(6) L’incidence est, dans les théories guillaumiennes, le rapport syntaxique corres-
pondant à la relation sémantique d’un apport à son support.
À quoi il faut ajouter, d’après les exemples suivants, traités par GG lui-
même comme des cas marginaux d’emplois «moyens» du p.p. (Leçons, 7:
147):
(27) Un homme osé (= un homme qui ose)
(28) Une personne entendue (= une personne qui s’entend à ce qu’elle
fait)
mangé
osé ← estimé ← blessé
Pour (4) et (5), la relation prédicative marquée par être avec le p.p.
accompli est posée alors que le procès menant à son établissement n’a pas
nécessairement atteint son terme. La référence objective à des faits pré-
sents rejette la lecture processive à l’antérieur (4) ou le terme ω validant
in extremis une prédication objective pour être n’a pas été franchi, (4) et
(5). Le support syntaxique de la prédication ne souffre en aucun cas de se
voir adjoindre le moindre soupçon sémantique d’agentivité.
(6) Le vaisseau est aluni
(7) Je suis sorti
Pour (6) et (7), la relation prédicative marquée par être a ceci de sub-
jectif que le terme du procès menant à son établissement peut avoir été
totalement dépassé. La référence objective à des faits présents rejetterait
la lecture processive à l’antérieur, mais il peut être fait référence en lec-
ture processive à un fait passé (Le vaisseau est aluni à 5 h 46 GMT). La
comparaison avec les énoncés Le train est arrêté vs. Le train s’est arrêté (7),
Bibliographie
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Gilles ROQUES
(1) Il n’y a que Mme Perrin-Naffakh qui, en étudiant le commentaire voltairien sur
Corneille, dépasse ce cadre chronologique.
(2) À l’intérieur des contributions, le terme cohésion est en général pris dans un
sens statif, c’est-à-dire de phénomène inhérent à une phrase, à un texte.
nition(3); mais elle souligne d’une façon suffisamment claire que la cohésion est le
résultat des éléments grammaticaux (morphologiques et syntaxiques) «qui déchargent
le lecteur de la coopération à la juste discrimination du sens» [19](4). Or, il est inima-
ginable que le système d’une langue prévoie ou permette – laissons de côté les ambi-
guïtés de la parole – des cas de non-compréhension. Cet aspect est justement relevé
par G. Siouffi: «La cohésion est-elle véritablement une notion syntaxique? [...] En
effet, cela supposerait qu’il existe des idiomes plus ou moins cohésifs, ce qui est
difficile à imaginer. Il est plus naturel de penser, à la vérité, que tout idiome est
par nature cohésif, ne serait-ce que pour assurer son efficacité pratique, mais que
les moyens de rendre visible cette cohésion varient d’un idiome à l’autre» [208s.].
Remplaçons le mot idiome par état de langue (ou plutôt textes d’un état de langue
donné) et nous avons le sujet de la majorité des contributions du présent volume.
Le nombre des moyens (morphologiques et syntaxiques) de cohésion(5) étant
restreint, il y a des phénomènes grammaticaux traités dans plusieurs articles, ce qui
permet de suivre l’histoire de certains d’entre eux dans des textes différents de la
période considérée et même dans des textes de réflexion métalinguistique:
– la (non-)répétition des mots grammaticaux dans les syntagmes coordonnés
(Ph. Caron, Cohésion et Variation. Un idiolecte exemplaire: le cas de Vaugelas,
19-31; J. Baudry, Le comportement des syntagmes nominaux coordonnés dans
un corpus de récits de voyage de 1558 à 1635, 33-47; A.-M. Perrin-Naffakh, La
cohésion syntaxique au crible du purisme: Le <Commentaire sur Corneille> par
Voltaire, 263-278; G. Siouffi, Vaugelas et la notion de cohésion, 279-312);
– les accords grammaticaux (M. Colombo Timelli, 1529, 1546, 1608 – ou l’évo-
lution stylistique et syntaxique du <Jugement d’Amour>, 217-248; A. Sancier-
Chateau, D’Urfé correcteur de l’Astrée, 249-261; Siouffi);
– la référence des pronoms relatifs (M. Glatigny, Cohésion et emploi des relatifs
à la charnière des XVIe et XVIIe siècles; Caron; Siouffi), personnels et posses-
sifs (N. Fournier, Norme et usage de l’anaphore pronominale en français clas-
sique: principe de proximité et principe de saillance du référent, 191-214; Perrin-
Naffakh);
– la référence des constructions participiales détachées ou à l’intérieur de la
phrase (B. Combettes, De la cohérence textuelle aux règles syntaxiques: le cas
des constructions détachées, 139-156; W. Ayres-Bennett, <Cela n’est pas
construit>: L’Académie Française et Vaugelas devant les constructions partici-
piales, 157-189);
(3) Dans la ligne de tradition qui suit Beaugrande et Dressler (R.-A. de Beau-
grande/W.U. Dressler, Einführung in die Textlinguistik, Tübingen 1981; version
anglaise: Beaugrande/Dressler, Introduction to text linguistics, London 81996),
l’usage des termes cohésion (Kohäsion) et cohérence (Kohärenz) correspond
seulement à la deuxième partie de cette définition, qui concerne les relations
transphrastiques.
(4) Vaugelas a déjà dit: «naturellement on n’aime pas à se mesprendre» (C. Favre
de Vaugelas, Remarques sur la langue française (1647), éd. par J. Streicher,
Paris 1934, p. 114).
(5) Nous nous servons, dans ce compte rendu, de ce terme dans le sens de la défi-
nition donnée par Baudry/Caron.
– l’ordre des mots (S. Prévost, Inversion du sujet et cohésion syntaxique à la fin
du 16e siècle, 115-138; Fournier; Colombo Timelli; Sancier-Chateau; Perrin-Naf-
fakh; Siouffi).
Parmi les phénomènes traités dans un seul article mentionnons les différences de
rection dans des syntagmes coordonnés (Caron), la place de la négation (P. Gondret,
La place des éléments négatifs avec l’infinitif du XVIe siècle au XVIIIe siècle, 49-75),
la subordination et la ponctuation au service de la cohésion (J.-P. Seguin, Cohésion
et subordination à la fin du XVIIe siècle, 99-114(6)).
La plupart de ces phénomènes apparaissent à l’intérieur d’une phrase simple ou
complexe(7); moins nombreux sont les éléments transphrastiques qui garantissent la
cohésion d’une phrase à l’autre: les <conjonctions> et les deux points (Seguin), les
constructions participiales détachées qui regardent en arrière et en avant (Combettes),
le qui au début de la phrase (Siouffi).
L’adhésion à une définition commune de cohésion et les limites communes de la
période étudiée conduisent à des résultats qui se confirment l’un l’autre et que l’on
peut résumer dans les points suivants:
1. La formation (et la fixation) de la syntaxe du français classique reflète une
tendance vers une plus grande cohésion grammaticale soit transphrastique soit
à l’intérieur de la phrase.
2. Cette tendance apparaît à nos yeux de linguistes d’aujourd’hui (mais aussi
pour les grammairiens et remarqueurs du temps) comme une tendance vers
une plus grande clarté qui facilite la compréhension immédiate et évite les
ambiguïtés de la référence, en se servant (surtout) des accords grammaticaux
et d’un principe de proximité qui rapproche l’élément déterminé de son déter-
minant, et qui indique ainsi, sans ambiguïté syntaxique, la hiérarchisation des
constituants de la phrase.
3. Les textes de la période précédente (XVIe siècle, français préclassique) n’étaient
pourtant pas incohérents: ils suivaient, au lieu du principe (syntaxique) de la
proximité, le principe (sémantique) de la saillance topicale (cf. surtout les contri-
butions de Seguin, Fournier, Siouffi).
4. Il n’y a pas de rupture nette entre les deux principes, et même les textes les
plus contrôlés de l’époque classique (comme le Quinte Curce de Vaugelas ou
le théâtre de Corneille; v. les contributions de Caron, d’Ayres-Bennett et de
Perrin-Naffakh) exigent quelquefois une <approche mémorielle>(8) (principe
de la saillance) plutôt qu’une interprétation selon le principe de la proximité.
(6) Pour la fonction syntaxique des deux points dans un auteur moderne cf. Ludwig
Söll, «Der Doppelpunkt als Stilphänomen und Übersetzungsproblem. Bemer-
kungen zu Les Mots von Jean-Paul Sartre», in Germanisch-Romanische Monats-
schrift 49, 1968, 422-431.
(7) Nous employons le terme phrase dans le sens moderne, qui n’est pas nécessai-
rement celui de l’époque préclassique et classique; cf. le livre de l’un des
auteurs de ce volume: J.-P. Seguin, L’invention de la phrase au XVIIIe siècle.
Contribution à l’histoire du sentiment linguistique français, Louvain etc. 1993.
(8) Pour le terme <approche mémorielle> v. Fournier (203).
Danièle VAN DE VELDE & Nelly FLAUX (éd.), Les noms propres:
nature et détermination, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du
Septentrion, 2000, 151 pages.
Cet ouvrage se compose de 8 textes rassemblant d’une part les communications
présentées lors de la journée d’études sur le nom propre (NP) organisée par le
Centre de recherche GRAMMATICA (Université d’Artois) le 30 avril 1996 et
d’autre part les contributions ultérieures de Michèle Noailly et de Nelly Flaux sur
l’antonomase. Bien que ce thème ait donné lieu à de nombreuses études et publica-
tions, les théories concernant le statut du NP font toujours débat alors que les avis
sont moins partagés quant à ses emplois, notamment par rapport à ceux des noms
communs (NC).
L’ouvrage s’ouvre sur une étude philologique de Seyfeddine Ben Mansour
[11-19] portant sur la définition du NP. L’auteur traduit et commente un texte (Sarh
al-Mufassal de Ibn Yas’is), puis le compare avec d’autres écrits afin de le situer par
rapport aux principales théories sur le sens du NP (Mill; Frege et Russel; Searle;
Kripke; Kleiber). Cet article se détache du reste de l’ouvrage, en ce qu’il met en
rapport les réflexions passées et présentes sur le NP.
Les autres contributions du recueil se répartissent ensuite selon deux pôles: trois
articles s’intéressent aux aspects philosophique et psychologique du NP, tandis que
les quatre dernières études se rejoignent dans un registre plus linguistique.
Michèle Noailly [21-34] entame son étude en remettant en cause la thèse de
Kleiber selon laquelle le NP serait un prédicat de dénomination, ce qui impliquerait
qu’il ne renvoie pas directement à une occurrence spatio-temporelle d’un individu,
mais à une abstraction ralliant des instances de cet individu. Elle s’appuie pour cela
sur le principe d’identité: on reconnaît l’unité d’un individu malgré les changements
qui l’affectent. L’auteur étaye ensuite sa thèse en analysant la construction «le/ce
même NP» comme entraînant la création transitoire d’une pluralité de référents
virtuels pour aboutir au final à un référent réel unique.
Danièle Van de Velde [35-45] suggère que, comme il existe des NP de personne
et de lieu, il y a également des NP de temps (Septembre noir). Son postulat est que
les NP sont la projection fixe de la triade de référence mobile je-ici-maintenant.
Cette thèse implique alors l’existence de NP de temps pour correspondre au déic-
tique maintenant, ce que l’auteur s’applique à corroborer en relevant quelques faits
syntaxiques qui confirment son propos.
Pour Walter De Mulder [47-62], le sens d’une expression est la conceptualisation
du référent. Le NP donne alors accès à une abstraction de ce qu’il désigne, sans lien
direct. De Mulder cherche donc à établir le «mode de donation» des référents des
NP. Il s’appuie pour cela sur les travaux de Kripke, Kleiber et Wierzbicka qui utili-
sent la notion d’essence, et propose la notion d’essence psychologique. Cette théorie
permet d’établir le rapport entre l’essence correspondant au référent et les informa-
tions descriptives du NP.
Sur un plan plus linguistique, Marie-Noëlle Gary-Prieur [63-76] s’est intéressée
au pluriel des NP, et avance l’idée que ce pluriel exprime une individualité. Elle dis-
tingue, pour les NP, le pluriel lexical du pluriel discursif. Le premier se rapporte à
un individu collectif (les Alpes / les Bourbons) et le second à une collection d’indi-
vidus (les Ginette / les Bourbon). Dans tous les cas, le pluriel des NP se construit
donc par rapport à une singularité; il ne se résume pas à une simple irrégularité
sémantique.
Catherine Schnedecker [77-92] compare les comportements du NC et du NP lors-
qu’ils sont modifiés par autre. L’intérêt de cette combinaison réside dans son para-
doxe: autre symbolise la non-identité, et semble donc difficilement compatible avec
le NP qui est la marque même de l’identité. Contre toute attente, Schnedecker
constate que le NP non seulement accepte cette modification, mais en plus couvre la
plupart des usages du NP modifié, notamment les emplois métaphorique (C’est un
autre Versailles), fractionné (C’est un autre Staline qu’à table, détendu, apaisé, philo-
sophe) et dénominatif (Je connais une autre Micheline). Les deux premiers emplois
ne seraient pas compatibles avec un NC, à la différence de l’emploi dénominatif.
L’emploi métaphorique a ceci de remarquable qu’il satisfait la contrainte de non-
identité de autre puisque le référent visé par le NP est différent du référent initial.
Pour l’emploi fractionné, l’utilisation de l’adjectif autre permet de rendre compte de
modifications qui interviennent sur le même référent. L’emploi dénominatif du NP
se restreint au cadre familial.
Les rapports entre le NP et le partitif constituent le thème de la première contri-
bution de Nelly Flaux [93-116]. Elle distingue premièrement deux types d’emplois
métonymiques de la construction [déterminant partitif + NP]. La première métony-
mie, qualifiée de quantitative, permet de désigner les œuvres par le nom de leur
créateur, ce qui suppose une certaine notoriété (J’ai écouté du Verdi). L’auteur
montre que, malgré la neutralisation systématique du genre, il n’y a pas une caté-
gorie homogène des NP métonymiques à interprétation quantitative, à cause du
clivage entre continuité temporelle et discontinuité spatiale (du Verdi / du Picasso)
qui répartit les NP concernés dans des catégories différentes. Elle s’attache à diffé-
rencier la métonymie quantitative de la métonymie qualitative, qui consiste à quali-
fier des actes ou un comportement avec le nom de l’intéressé (C’est du Pierre tout
craché). En effet, on ne peut pas dans ce dernier cas dissocier le sujet de ses actes.
Enfin, Flaux examine la même construction avec un NP en antonomase et avance
l’hypothèse que les séquences de la / du / de l’ ont plus à voir avec la suite [de +
article générique] qu’avec une forme de partitif.
Le deuxième article de Nelly Flaux [117-144], consacré à l’antonomase, com-
mence par un rappel historique des différentes acceptions de ce terme, se poursuit
avec une définition de l’antonomase inspirée d’un article de Meyer & Balayn
(«Autour de l’antonomase de nom propre», Poétique 46, 1981) pour se terminer sur
l’examen de cas limites. Elle constate une extension de ce que couvre l’antonomase
au fil des ans et des définitions (Quintilien / Du Marsais / Fontanier). Même des
là même, implique la prise en compte de plusieurs dimensions telles que l’ordre des
mots, l’organisation informationnelle de l’énoncé ou encore la situation des interlo-
cuteurs. C’est pourquoi elle peut être abordée sous des angles de vue fort divers: on
peut par exemple étudier les problèmes syntaxiques mis en œuvre par la thématisa-
tion (étude des constructions), les marqueurs morphologiques de la thématisation ou
encore s’intéresser à la thématisation à l’oral et à l’organisation informationnelle du
discours spontané. Cette mise à contribution d’une même notion dans des travaux de
types très différents explique la raison pour laquelle la thématisation et le thème en
général demeurent, malgré l’abondance des travaux qui leur a été consacrée, des
notions fort problématiques.
Eu égard à la richesse et à l’utilisation hétérogène de cette notion, le présent
volume se divise en 4 sections principales, chacune d’entre elles abordant un des
aspects sous-jacents à la thématisation.
La première, intitulée Problématique de la thématisation, constitue une sorte
d’entrée en matière dont le but principal est la recherche d’une définition stable de
la thématisation. Elle rassemble 3 contributions, à savoir Christine Bonnot, «Pour
une définition formelle et fonctionnelle de la notion de thème (sur l’exemple du
russe moderne)» [15-31]; Paul Siblot, «Qu’est-ce que poser un thème» [33-44] et Jean
Peeters, «Thématisation et focalisation: deux principes distincts et complémentaires
de construction du sens» [45-61].
La deuxième section, intitulée Les marqueurs de thématisation, décrit des phé-
nomènes de thématisation dans des langues particulières (analyse des outils mor-
phologiques dont disposent les langues pour marquer le caractère thématique de tel
ou tel constituant d’un énoncé). D’un point de vue plus général, elle précise aussi le
rapport entre thématisation et focalisation. Cette section comporte 7 articles, à
savoir:
– «La spécification du terme topique en haoussa et en peul: vers une caractéri-
sation contrastive de la thématisation et de la focalisation», Bernard Caron et
Aliou Mohamadou, [65-79].
– «Topicalisation et focalisation ou: comment démarrer un énoncé en dagara»,
Alain Delplanque, [81-95].
– «La thématisation en berbère», Fernand Bentolila, [97-105].
– «La phrase principale affirmative en gascon: un cas de focalisation figée?»,
Claus-Dieter Pusch, [107-119].
– «Heureusement qu’il est là: un cas particulier de thématisation», Naoyo Furu-
kawa, [121-133].
– «Quant à: thématiseur et focaliseur», Kjersti Fløttum, [135-149].
– «Insertion des deux-points dans des structures bisegmentales: les limites de la
thématisation», Bruno Martinie et Frédérique Sitri, [151-166].
La troisième section, dont le titre est Thématisation et syntaxe, est consacrée au
marquage syntaxique de la thématisation (comme l’ordre des mots, la dislocation,
etc.). Elle réunit 10 articles, dont ceux de: Carmen Dobrovie-Sorin, «Le(s) thème(s)
entre la syntaxe et la structure de l’information» [169-183], Claude Muller, «La thé-
matisation des indéfinis en français: un paradoxe apparent» [185-199], Marie-Claude
Paris, «Ordre des mots, topique et focus en chinois contemporain» [201-215], Anna
Sőrës, «Topique, focus et ordre des mots en hongrois» [217-229], Bernard Combettes,
Laurence JOSÉ
DOMAINE IBÉRO-ROMAN
ESPAGNOL
tivos y participios emparentados pudo desempeñar cierto papel (bevir influido por
vida, viveza, vivo; escrevir influenciado por escri(p)to, escri(p)tura, escriba, escribano,
etc.), pero entonces no se entiende por qué dicho, dicha, dichero, etc., no influyeron
en dezir. En cuanto a aperçebir, perçebir y reçebir, sus participios tenían una e de
todos modos (aperçebido, etc.), y no existen palabras emparentadas con una i. J. Rini
llama la atención sobre la existencia (documentada) de formas de futuro y de condi-
cional etimológicas no disimiladas del tipo recibiré, escriviré, en las que la ausencia
de disimilación se explica por el carácter átono de la segunda i, tan débil que llegó
a veces a sufrir síncopa (recibré, escrivré). El esquema vocálico no disimilado del in-
finitivo en las formas de futuro y condicional se habría extendido a otras construc-
ciones de infinitivo (reçibir lo é, quiero reçibirlo, etc.). En el caso de dezir, el alo-
morfo de futuro y condicional dizr- no pudo dar lugar a *dizr lo é, impidiendo así
la formación de un infinitivo *dizir. En cuanto a concebir, el autor se basa en la baja
frecuencia del verbo, y en su esquema vocálico o-e-i en lugar de e-e-i, para explicar
su comportamiento distinto (respecto a aperçebir, conçebir y reçebir).
Mientras el capítulo 2º se ocupa de problemas de nivelación paradigmática, el
capítulo 3º (Phonological or Morphological Change?, 79-111) propone interpretar
varias evoluciones formales del verbo español como cambios debidos a considera-
ciones morfológicas, y no meramente fonéticas. Primero, el autor se pregunta si el
paso de ee a e en veer resultó sencillamente de la fusión de vocales idénticas en
contacto. Este fenómeno se dio primero cuando la primera e llevaba el acento (cf.
dedo, comer, fe) o ambas e eran átonas (cf. velar, arrecir, sentar); cuando la segunda
e era tónica, sólo aparece más tarde (ya que se documentan seello, veer, seer). Según
este modelo, el resultado puramente fonético del paradigma de veer debería haber
dado formas como ves, ve y ven muy tempranamente, al lado de formas como veer,
veemos y veedes. Sin embargo (y la utilización de los recursos electrónicos se mues-
tra aquí particularmente valiosa), la prosa alfonsina del siglo XIII muestra docenas
de formas como vees, vee y veen, y ninguna forma correspondiente con contracción
vocálica. Al revés, formas contraídas como vemos y vedes aparecen ya en época muy
temprana, al lado de las formas no contraídas. Otra vez, J. Rini recurre a las formas
de futuro y condicional para explicar un desencadenamiento de evoluciones formales.
La perífrasis veer + á podría haber dado lugar, muy tempranamente, a una forma
contraída verá, por el carácter átono de las vocales de veer en esta construcción;
efectivamente, el estudio de los más antiguos textos medievales confirma que el
alomorfo ver- dominaba de manera aplastante en las perífrasis de futuro y de condi-
cional. El infinitivo fue remodelado entonces en ver. A partir de esta forma, veemos
y veedes (formas acentuadas en la segunda e, como lo era veer) fueron las primeras
en pasar a vemos y vedes, lo que dio el paradigma siguiente: veo, vees, vee, vemos,
vedes, veen. En una segunda etapa, vees, vee y veen (formas no contraídas que se
mantuvieron pese a la tendencia fonética por haber sido interpretadas por los
hablantes como una raíz ve- combinada con desinencias personales) sufrieron una
nivelación por la que todo el paradigma quedó regularizado.
En la segunda parte del capítulo 3º (The /ée/ > /éi/ Change: Sound Change or
Backformation?), el autor se niega a explicar las formas buey, grey, ley y rey (así
como los antiguos imperativos crey, ley, sey y vey) a partir de una supuesta ley foné-
tica por la que el hiato ee se habría resuelto en el diptongo ey (efectivamente, lt.
FIDEM da fe y no *fey; lt. PEDEM da pie y no *piey). Su hipótesis es de natura-
leza morfológica. Las formas del tipo rey habrían podido nacer de una retroforma-
ción a partir de un plural reyes con yod antihiática; dicho plural no habría sufrido
una fusión de sus dos vocales, por haber sido interpretado morfológicamente como
re-es (el autor habla de «morphologically motivated resistance» [98]). Los antiguos
plurales del tipo reys, por su parte, serían entonces formaciones posteriores creadas
a partir de los nuevos singulares. En cuanto a los imperativos, se explicarían parale-
lamente como retroformaciones a partir de antiguas formas de imperativo negativo,
es decir de subjuntivo, con yod antihiática: creyas, leyas, seyas, veyas.
En la tercera parte de este capítulo (The Voseo Imperatives: Sound Change
or Morphemicization?), el autor se pregunta por qué los verbos en imperativo han
perdido la -d final con el pronombre vos (fenómeno bien documentado ya en textos
antiguos, y hoy en día en todas las zonas de voseo, incluso en las que han mante-
nido la -d final en la pronunciación de otras palabras), mientras con vosotros la han
conservado. Una explicación puramente fonética, por supuesto, sería difícil de justi-
ficar. J. Rini propone ver en la -d final un morfema interpretado por los hablantes
como una marca de plural, cuya presencia y ausencia hubiera permitido distinguir
vos y vosotros (resp. hablá vs. hablad). Su demostración es un poco más débil que
en el resto del libro: casi no presenta estadísticas (sólo en la p. 107, a propósito de
la caída de la -d- en los imperativos reflexivos), lo cual es un poco dudoso; la alter-
nancia de tipo ciudá ~ ciudades [109-110] podría haber dado a la -d- un valor de
morfema plural en los sustantivos, pero no necesariamente en los verbos; el mante-
nimiento de la -d- en formas verbales proparoxítonas como amávades [110] se daba
también con el pronombre vos cuando tenía valor singular. Sin embargo, el autor
tiene el gran mérito de exponer el problema de una manera clara y profundizada.
El capítulo 4º (The Morphological Spread of Sound Change, 113-146) trata el
problema de la evolución de las desinencias verbales -ades, -edes, -ides, -odes (hoy en
día -áis, -éis, -ís, -ois en las variedades del español que conocen el uso de vosotros;
no se consideran aquí explícitamente las formas modernas de voseo americano). El
uso sistemático de los bancos de textos electrónicos permitió al autor proponer una
nueva visión de la cronología relativa de las evoluciones formales (a veces fonéticas,
a veces morfológicas) que sufrieron estas desinencias. Es imposible presentar aquí el
razonamiento del autor con todos los detalles; nos conformaremos con presentar el
pequeño cuadro recapitulativo que proporciona J. Rini:
1. ind. -edes > -és (later -éys)
2. -odes > -oes (later -ois)
3. 2nd-conj. subj. -ades > -aes (later -áys) and subj. -edes > -és (later -éys)
4. -ides > -ís
5. ind. -ades > -áys and 3rd-conj. subj. -ades > -áys [144]
Hubiera sido deseable un cuadro más detallado, tal vez con casillas separadas que
distinguieran bien lo fonético de lo morfológico, y flechas que identificaran el sen-
tido de la nivelación. Además, el paréntesis «(later -éys)» no viene aclarado ni
comentado en el artículo, probablemente por representar un fenómeno posterior,
pero hubiera sido relativamente fácil tratar este problema en algunas líneas,
presentando así una imagen más completa de la evolución del conjunto de estas
desinencias.
El autor dedica el último capítulo de su obra (Hidden Morphological Factors in
Apparent Syntactic Change, 147-174) a dos clásicos de la historia interna del castel-
Algunos detalles: p. 6, l. 2: «Lat. CINQUE»: más bien «vulgar Lat. CINQUE». – p. 22:
La forma quesadilla no puede resultar del «blending» de queso y tortilla (habría que
explicar el segmento -ad-); es un derivado, muy antiguo ya (1490, Alonso de Palen-
cia, v. DCECH s.v. queso), de quesada (independientemente de la acepción que
habrá tomado ulteriormente en español mexicano; ahora bien, una reinterpretación
moderna por parte de los hablantes siempre es posible). – p. 23: A veces, el autor
escribe de una manera tan densa que llega a ser completamente incomprensible,
sobre todo si se piensa en un público estudiante. Véase la oración siguiente: «For
example, the /f/ of English four is apparently the result of contamination by the /f/
of five (cf. Lat. QUATTUOR, Sanskrit catvaras vs. Greek pente, Sanskrit pañca, where
/p/ > /φ/ > /f/).». Con conocimientos previos en lingüística indoeuropea, se entiende
que en las lenguas germánicas, el resultado normal de la consonante inicial es /f/ en
el caso del cardinal 5, pero alguna otra cosa, no precisada, en el caso del cardinal 4
(de hecho, hubiera sido hw)(3), y que la f inicial antietimológica del inglés four sería
el resultado de la influencia de five, es decir una contaminación dentro de una serie
léxica (serial contamination). El paréntesis es tan opaco que hubiera resultado mejor
eliminarlo del todo (o explicarlo todo de manera más clara en una nota a pie de
página). – p. 23: «Similarly, the /o/ of Sp. cinco is due to that of cuatro, since Lat.
QUINQUE would have yielded *cinque in Spanish (cf. Ital. cinque).» Esto es (parcial-
mente) falso. Lat. QUINQUE hubiera dado *quinque. La forma española viene de una
forma lat. vulg. disimilada CINQUE (forma que cita el mismo autor en la página 6);
véase por ejemplo Menéndez Pidal, Manual de gramática histórica del español, 16ª
ed., § 66, 2. – p. 24: «Sp. nadie ‘no body’ owes its structure to Sp. alguien ‘somebody’
(Malkiel 1945).» Habría que mencionar, por lo menos en una nota, que esta hipó-
tesis no está compartida por Corominas / Pascual, véase DCECH 4, 203ab s.v. nacer.
– p. 24: Por otra parte, es un poco inhabitual citar el DCECH para confirmar que
el diptongo de hielo es etimológico (contrariamente al de nieve); parecería más apro-
piado citar directamente un diccionario de latín. Además, la referencia Corominas
1981: 227 es errónea. Según la bibliografía (en la que el autor ha olvidado el nombre
del colaborador de J. Corominas, el profesor J. A. Pascual), «Corominas 1981»
corresponde al DCECH. Ya que se trata de una obra en 6 volúmenes, «227» es
impreciso. Además, la palabra hielo se encuentra en la p. 353 del tercer tomo. ¿A
qué corresponderá este «227»? – p. 25: «The [English] word for cherry was borro-
wed from the French word, sg. cerise ~ pl. cerises […].» No es suficientemente pre-
ciso; ¿cómo se explicaría entonces el consonantismo inicial? Los estudiantes se van
a quedar perplejos. La palabra inglesa fue tomada, por supuesto, de la forma anglo-
normanda cherise, v. OED2 s.v. cherry y FEW 2, 598a, CERASEUM I. – p. 25: Para
explicar que cherry y pea son retroformaciones a partir de antiguas formas singulares
cherise y pise reinterpretadas como plurales, el autor nos presenta un cuadro que
debe ejemplificar la fuerza de la analogía con otros nombres de verdura y fruta. Si
bean y apple son muy buenas elecciones, rutabaga (doc. desde 1799, v. OED2) y
banana (doc. desde 1597, ibid.) nos parecen poco apropiados para ilustrar un fenó-
meno que tuvo lugar en la Edad Media. – p. 27: transcribir Eugenia con [h] (en lugar
de [x]) no refleja el español estándar. La variante aspirada sólo es propia de ciertas
zonas del sur de España, así como del Caribe. – p. 53, n. 10: «Again, I wish to credit
(3) V. Albert Maniet, La phonétique historique du latin dans le cadre des langues
indo-européennes, Paris: Klincksieck, 1975, p. 163.
my son, Marcus, for bringing to my attention the examples he/she don’t which,
according to him, are often uttered by both African-American and Non-African-
American classmates.» Eso, todo el mundo lo sabe (basta con ir al cine de vez en
cuando), y no había que citar a nadie; ahora bien, en el caso de citar a alguien, una
publicación científica hubiera resultado más seria. – p. 109, cuadro 32, habría que
disociar la forma fabla(d) en fábla (tú) por una parte y fablá(d) (vos) por otra (si
es que hemos entendido bien la intención del autor). – p. 149: «First, one might ask
why the agglutination of this adverb [está hablando de y en la forma hay] only
occurred in the present tense in Spanish, when the French and Catalan constructions
have counterparts in the imperfect indicative.» ¿Por qué sólo en imperfecto? Se
puede decir en francés il y aura, il y eut, il y aurait, il y ait, etc.
Hemos encontrado algunos (pocos) gazapos: p. 12, morpholgical > morphological;
p. 24, no body > nobody; p. 27, one would expected > one would have expected;
p. 29, I new > I knew; p. 35, prominanent > prominent; p. 44, a tendency to elimi-
nated > a tendency to eliminate; p. 47, fircative > fricative; p. 63, propogated > pro-
pagated; p. 68, i.e, > i.e.,; p. 68, fouth > fourth; p. 69, Dialectically > Dialectally; p.
71, los diacríticos en la cita de R. Penny son ilegibles o suscritos; p. 83, phonolgical
> phonological; p. 98, anomolous > anomalous; p. 102, mannar > manner; p. 103, The
developed of these nouns > The development of these nouns; p. 106, n. 12, sever
reduction > severe reduction; p. 113, «/-» no debería encontrarse a final de renglón,
separado de «des/» que aparece al principio del renglón siguiente; p. 143 [en una
cita], forms modernas > formas modernas; p. 153, cuadro 7, la transcripción fonética
de ¡haz! no es /az/, sino /aθ/; p. 167, to create a certain affect > to create a certain
effect; p. 167, Si j’etais riche > Si j’étais riche.
Como conclusión diremos que la comunidad científica tiene aquí una muy valiosa
contribución a la gramática histórica del castellano, que nos enseña otra vez hasta qué
punto la romanística proporciona a los investigadores una fuente inagotable de pro-
blemas mal resueltos cuyo estudio (que hoy en día puede apoyarse en formidables
bancos de textos electrónicos) puede enriquecer la lingüística histórica, incluso en sus
manifestaciones más teóricas. Éste era el objetivo del autor, y lo ha logrado.
André THIBAULT
témoins, l’autre sur les relations entre les Iles Canaries et le Vénézuela, liés par des
courants de population, en particulier à partir du XVIIIe siècle, et qui révèlent qu’il
y a plus de vénézolanismes aux Canaries que de canarismes au Vénézuela.
L’enquête proprement dite concerne 931 entrées, et elle a été réalisée sur une
cinquantaine de localités, à partir de témoignages de 68 informateurs. Une série de
49 textes est présentée en transcription phonétique et en graphie usuelle. L’index des
formes citées dans les cartes comporte quelque 6000 formes.
Les 931 cartes n’ont évidemment pas toutes le même intérêt, et il serait intéres-
sant de signaler quels sont les choses et concepts exprimés uniformément (comme
565 llave, 531 loco, 466 chiste) et à l’inverse ceux qui présentent une grande variété
(287 «erial», árido, baldío, abandonado, sin sembrar, virgen, ocioso, infértil, estéril,
arruinado, etc.). Curieux est le cas de jueves et viernes (uniformes) en face de lunes/
día lunes (232), à rapprocher de día martes qui figure dans l’index. Si on se rapporte
aux textes, on peut voir que la séquence est «Al otro día, día martes» alors que plus
loin apparaissent el lunes, el jueves, el viernes. Le contexte peut donc rendre compte
de ces différences.
D’autres cartes apportent des informations sur des phénomènes grammaticaux.
Ainsi les vulgarismes detenió, abrido, deshacieron (863, 877, 864), des alternances
-ón/-udo (orejón/orejudo, barrigón/barrigudo, cabezón/cabezudo, panzón/panzudo...)
sans qu’on puisse déceler une constance géographique, des tournures typiquement
«américaines»: 666 al yo venir (al venir yo), 67 ¿qué ustedes dicen?, 676 habían
árboles, 608 sabía venir (solía).
Ce ne sont là que quelques exemples de la richesse et de la précision de la docu-
mentation. Un prochain volume doit présenter le Paraguay. Souhaitons que la publi-
cation de cette belle collection puisse aller à son terme.
Bernard POTTIER
CATALAN
Joan VENY, Llengua i entorn natural, Barcelone, Edicions 62, 2001, 270 pages.
Joan VENY, Llengua històrica i llengua estàndard, Valence, Universitat de
València (Biblioteca Lingüística Catalana, 26), 2001, 268 pages.
Nous retrouvons là, dans une élégante présentation, complétés, parfois substan-
tiellement, et accompagnés de cartes et d’illustrations, des articles parus antérieure-
ment. Il faut dire aussi que leur organisation en fait un ensemble cohérent qui se lit
d’une traite. En outre, chaque volume se termine par un index des mots cités, qui en
fait aussi un outil de travail d’une remarquable efficacité.
Le premier volume constitue une anthologie des travaux que notre éminent
confrère a consacrés à des termes catalans de botanique (les désignations du
«néflier» et de la «nèfle»; les figues melenquines, bordissot et paratjals; boixac «calen-
dula»), d’ornithologie (les désignations du «vanneau»), d’entomologie (les désigna-
tions du «moustique»; du «grillon») et d’ichtyologie (étymologie de divers noms de
poissons).
DOMAINE ITALO-ROMAN
Así pues, el latín se presenta como un diasistema o la suma de las distintas varie-
dades (diatópicas, diastráticas, diafásicas y diacrónicas) que componen el conjunto de
una misma lengua, esto es, un sistema integrado. Para conocer su variedad no clá-
sica, Zamboni señala que no se puede prescindir de la dimensión oral, por lo que
se ha de recurrir a una serie de fuentes, generalmente escritas, que suelen revelar
una notable fragilidad, ya que es evidente que la codificación de lo oral en lo escrito
mediatiza el proceso. El autor advierte de la necesidad de una tipologización y, tras
exponer la propuesta por Oesterreicher(1), dedica un amplio apartado a las distintas
fuentes y a los rasgos lingüísticos vulgares que se deducen de ellas.
El segundo capítulo (La transizione: aspetti concettuali) comporta una revisión y
un reanálisis de las concepciones clásicas relativas a la continuidad y a la transición
latinorromance, confirmando algunas de las ideas ya apuntadas en el primer capítulo.
Tenemos así que el latín experimenta un proceso intrínseco de evolución, de cambio
lingüístico, que, en cuanto a los modos y a los tiempos, enfrenta dos posiciones bási-
cas: la primera, parte de una motivación autónoma, por necesidad inmanente al
sistema, y la segunda, de motivaciones históricas ligadas al contacto de pueblos y
lenguas (criollización). El autor deja claro que conceptos e instrumentos metodoló-
gicos como el de simplificación son solo aproximativos, y es más correcto hablar, por
ello, de transparencia morfológica, ya que la complejidad gramatical de tipo romá-
nico no es de por sí inferior a la latina –la pérdida de los casos en las lenguas
romances se ha suplido con la creación de nuevas categorías como el artículo y los
pronombres clíticos, por ejemplo–.
Zamboni insiste en la importancia de la óptica sociolingüística y dialectológica
para corregir concepciones demasiado mecanicistas en materia de transición, lo que
le lleva a retomar la cuestión de los dos paradigmas opuestos a este respecto: por un
lado, los que defienden una diglosia o diversidad precoz entre lengua escrita-oficial
y lengua corriente-hablada, y por otro, los partidarios de un monolingüismo com-
plejo. Llega a la conclusión de que no se trata tanto de una oposición entre lengua
y habla, sino más bien –en términos de Coseriu– entre (dia)sistema, norma y habla,
de manera que no habría razón para excluir la formación de al menos dos normas
en el continuum latino o, cuando poco, de una norma hablada. La metamorfosis del
latín en romance es un fenómeno lineal, pero complejo, debido a la interacción de
múltiples parámetros, y el cambio debe ser descrito como una sucesión de sistemas.
Por lo que respecta al estudio del cambio, el autor denuncia que los modelos
evolutivos han otorgado mayor relevancia al nivel fonológico, cuando, por el contrario,
el nivel central es el morfosintáctico; así, se han configurado distintas divisiones
internas de la Romania, como la tradicional bipartición entre el este y el oeste, o la
tripartición entre sardo, balcánico y romance continental. Clasificaciones posteriores,
como la cuatripartición entre Galorromania, Iberorromania, Italorromania centro-
meridional y Balcanorromania, o la distinción entre Romania septentrional –que a
grandes rasgos viene a coincidir con la central–, y Romania meridional –periférica–,
han introducido ya ciertos paralelismos orgánicos entre hechos fonológicos y morfo-
sintácticos. En cualquier caso, es necesario subordinar los índices fonológicos a los
morfosintácticos para definir la articulación neolatina.
(1) W. Oesterreicher, “L’oral dans l’écrit. Essai d’une typologie à partir des sources
du latin vulgaire”, Callebat, 1995, pp. 145-157.
abiertas y a una isocronía silábica). Hay una estrecha interrelación entre acento y
peso silábico; la cantidad vocálica va ligada a la posición tónica.
Algo similar sucede en el sistema fonológico, ya que la refonologización debida
a la lenición de las intersonantes del italiano septentrional –y de toda la Romania
occidental– representa una innovación conservativa o de continuidad que repite el
proceso de debilitamiento consonántico del latín preliterario arcaico, premisa para
el rotacismo en el caso de la /s/. Mientras ese dominio noroccidental constituye el
más fiel continuador del latín, el toscano –con la gorgia– y el italiano centromeri-
dional, en los que no se ha llegado a la refonologización, repiten un momento super-
ado de la protohistoria latina.
El latín hablado ofrece innovaciones por debilitamiento, pero también por forta-
lecimiento de sonidos, como la consonantización de las semiconsonantes /w/ y /j/, que
luego además provocará asibilaciones y palatalizaciones.
Es reseñable, por último, que la representación más o menos unitaria del nuevo
sistema general del vocalismo tónico latino-vulgar, con oposiciones de timbre tras el
colapso de la cantidad vocálica, no se corresponde en sentido estricto con la evolu-
ción romance. Aplicando de nuevo la distinción entre Romania meridional y sep-
tentrional, se puede notar que la primera mantiene un estado arcaico que no dife-
renciaba, con fines evolutivos, las vocales (tónicas) en sílaba libre o trabada,
mientras que la segunda –la Galorromania–, más innovadora, sí las diferencia. Zam-
boni prefiere hablar de dos formas básicas de latinidad que distribuyen de modo
diverso los timbres vocálicos y la estructura silábica.
En el “lessico” también hay separación entre la norma oficial y el latín hablado,
como se manifiesta en una serie de dobletes: caballus-equus, ciuîtas-urbs, mandūco-
edo, comêdo, etc. Este último ejemplo sirve bien para ejemplificar cómo se tiende a
eliminar bases léxicas simples mediante una transformación ya morfológica (deriva-
ción o composición), ya léxica (sustitución). El autor sintetiza con bastantes ejemplos
ambos procesos, que en muchos casos llevan consigo evoluciones semánticas (cf. lat.
hostis ‘enemigo’ > esp. hueste ‘ejército’). Zamboni se fija así en una serie de pala-
bras (curtis, massa, plebs, uilla) que recuerdan las transformaciones sociopolíticas y
económicas determinantes en el paso de la Antigüedad tardía a la Alta Edad Media.
La mezcla de factores intralingüísticos y extralingüísticos –estructurales y culturales–
produce un sistema nuevo.
Se analizan en último término los grecismos, que desde el latín protohistórico
contribuyen a configurar el léxico latino, y que conforman un elemento fundamen-
tal del latín vulgar, sobre todo a raíz de la llegada del cristianismo. A este respecto,
el autor se detiene en tres palabras clave de la latinidad cristiana: captiuus, paganus
y missa, de etimología clara, pero de motivación oscura.
Llegamos así al último de los capítulos del libro (Verso l’italiano), como etapa
final de este viaje, que alcanza los albores de la lengua italiana. Se estudia aquí la
situación lingüística de Italia desde el fin del Imperio Romano hasta las primeras
manifestaciones del vulgar, y para ello Zamboni tiene en cuenta también lo ya dicho
por otros autores y corrientes de pensamiento. Especial énfasis pone el autor en
equiparar la cronología del vulgar italiano con la del galorromance, pues, a pesar de
la pretendida distancia de un siglo entre los primeros testimonios escritos de uno y
otro –Pleito de Capua (960) y Juramentos de Estrasburgo (842)–, las antesalas de la
(2) F. Sabatini, “Un’iscrizione volgare romana della prima metà del secolo IX”,
SLI 6, 1966, pp. 49-80.
DOMAINE GALLO-ROMAN
Une petite remarque pour le DOM: est-il utile de préciser «avec changement de
conjugaison» pour les emprunts comme aderir (<ADHAERëRE), adibir (<ADHIBëRE), adi-
cir (<ADICêRE), adipiscir (<ADIPISCI, -ëRIS), puisqu’il s’agit du résultat constant?
Gilles ROQUES
(1) À ce propos, je voudrais donner une liste de monnaies que je n’ai pas pu
retrouver dans le FEW, y compris dans ce fascicule, et pour lesquelles je
compte sur le futur index: crocard Gdf 2, 375b et AND 124a; - engroigne
Gdf 3, 182bc et DEAF G 1446, 38 qui renvoie à une note dubitative de
FEW 4, 293a n.10 et groigne Gdf 4, 364b et DEAF G 1445, 2; le classement de
ces deux mots sous groignier dans le DEAF n’est pas appuyé par un argument;
- halgan, hargan Gdf 4, 406b; - horis Gdf 4, 497b; - jolletru Gdf 4, 654c-55a; -
perpre Gdf 6, 107a et TL 7, 768; - rabouin Gdf 6, 532b et TL 8, 126; - tarelare
Gdf 7, 647b; - tartre Gdf 7, 652b et TL 10, 127.
On lira aussi des doutes sur des classements opérés par Wartburg: 217a Alençon
tinton «petit fausset ... des terrines à lait» est le même type que bmanc. t ẽ t õ «souci,
embarras; petit bouton, cheville» (ici 13, I, 347a) dont le classement n’est pas
convaincant; cf. aussi 277b pour Mâcon atreauder v. a. «amasser, acquérir pénible-
ment...», etc., rattaché par Wartburg (FEW 5 [lire 4], 392a à bourg. atreau m. «bou-
lette de foie et de poumon de cochon», et qui est rapproché de atraire «avec une
greffe suffixale d’après, par ex., frm. marauder».
Les noms propres sont dotés d’une riche suffixation, ici [114-132] examinée:
afghanisation «limitation de la guerre à l’Afghanistan» plutôt «limitation de la guerre
aux factions afghanes»; - berlusconisation «croissance de l’influence de l’état à la
télévision» plutôt «règne de la médiocrité, lié à la soumission totale aux seuls impé-
ratifs commerciaux»; - chiraquisation «privatisation; processus de libéralisation éco-
nomique» plutôt «remise entre les mains d’amis de Chirac d’entreprises privatisées».
L’auteur passe aussi en revue les préfixes susceptibles de s’accoler aux noms
propres ou à leurs dérivés [133-137] et les éléments de composition.
Le dernier chapitre [142-161] est consacré aux jeux de mots. Quelques précisions:
«le football français se prend les pieds dans le Tapie» [151] n’est possible que parce
que préexiste l’expression se prendre les pieds dans le tapis «échouer lamentablement
dans une manœuvre où l’on voulait montrer son habileté» ; - «les flics ne cachent pas
leur ire» [156] passera difficilement, faute de signal plus explicite, même s’il s’agit de
l’affaire des Irlandais de Vincennes, pour faire jeu de mots avec Eire. Dans les com-
positions haplologiques [157-158], ni kronenbourgeois (dont on ne sait s’il s’agit de
l’habitant de Cronenbourg ou du buveur de bière de Kronenbourg) ni robespierrot
(dont le contexte montre bien qu’il s’agit de Robespierre au petit pied) ne sont indis-
cutables; dans les croisements [159], personne ne verra dans moscoutaire, qui était
courant pour désigner les «gens alignés sur le parti communiste russe» et par exten-
sion les «communistes», un croisement entre mousquetaire et Moscou; et, même si
le contexte référencé confirmait cette vue, moscoutaire préexistait à ce croisement.
D’ailleurs et plus généralement, faute de contexte, il est difficile de croire à certains
des croisements affirmés.
On sait que la presse fourmille de coquilles; le fait a déteint sur FP. On citera
ici, parmi d’autres, l’attribution du prénom de Valérie à Giscard d’Estaing [40 (bis),
43], Denunzière pour Denuzière [57], Viausson-Ponté pour Viansson-Ponté [84], FCDS
pour FGDS [84], détriure pour détruire [89], querelle de tendance auto-destructive
pour q. de tendances autodestructrice [89], bouregoise pour bourgeoise [95], Trouve-
tou pour Trouvetout [100], Otawa pour Ottawa [123]. On soupçonne qu’il faut lire
que «Schumacher a été tenu au courant [et non au cœur; coquille du journal ou du
linguiste?] des plus petits secrets de ce moteur magique»[165].
Relevons quelques incorrections linguistiques: «homme opté d’une grande force»
pour doté [95], oppressionelles pour répressives [122], amorcellement pour morcelle-
ment [123, 126].
Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un bon travail qui sort avec science des
sentiers battus.
Gilles ROQUES
au Cameroun. Il eût donc été plus juste, sinon plus judicieux, de lui conserver son
titre de thèse: «Le processus de dialectalisation du français en Afrique: le cas du
Cameroun. Étude fonctionnelle des tendances évolutives du français». L’auteur dis-
cute dans les pages liminaires le bien-fondé de sa terminologie et la pertinence de
la dénomination «dialectalisation» (préférée à «enrichissement» ou à «dégénéres-
cence») définie comme «un processus de différenciation linguistique qui tient du fait
que le peuple camerounais s’approprie la langue française et en fait un instrument
de la communication linguistique adapté à la satisfaction de ses besoins et conforme
aux structures déjà établies par les langues locales». D’emblée, Zang Zang se situe
au sein de la problématique passionnante du devenir du français langue officielle
dans les pays africains multilingues. Il montre l’attitude ambiguë de ses compatriotes
partagés entre le respect de la norme exogène (imposée par l’école) et la volonté de
s’en émanciper pour s’approprier une norme endogène spécifique. Le lecteur peu
familier du pays eût aimé trouver ici une présentation même rapide de l’histoire du
français au Cameroun (sans doute l’un des pays les plus scolarisés à l’époque colo-
niale grâce à un réseau dense d’écoles tenues par un clergé très normatif quant aux
pratiques langagières) et de sa situation linguistique actuelle fort complexe. Inci-
demment et tardivement [p. ex. 374], l’auteur rappelle bien que «les Camerounais ne
forment nullement une communauté monolingue. Hormis le français et l’anglais, plus
de deux cents langues sont parlées au Cameroun», mais l’ouvrage pâtit de cette
absence d’une analyse sociolinguistique précise sur la situation des langues(1), sur
leurs statuts(2), sur la diversification du français en différentes variétés, sur les phé-
nomènes de pidginisation qui traversent les langues officielles(3), sur la vitalité des
processus d’alternance codique français/langues africaines(4). Faute de définir stricte-
(1) qu’on trouvera par exemple dans l’ouvrage collectif rédigé sous la direction
de Gervais Mendo Ze, Le Français langue africaine. Enjeux et atouts pour la
francophonie, Paris, Publisud, 1999, 383 p. Ici encore, malgré le titre, l’ouvrage
porte uniquement sur le Cameroun.
(2) Le choix d’une langue n’est pas neutre: face aux langues maternelles parées de
«vertus plus ou moins mystiques», le français reste la langue des situations
formelles, des devoirs scolaires et de la correspondance officielle alors que la
langue maternelle est celle des situations informelles et intimes, celle qu’on
emploie quand on ne se contrôle plus» (p. 375).
(3) À côté du pidgin-english camerounais né au XVIIIe siècle du contact de
l’anglais et des langues bantoues de la côte, et qui fonctionne comme langue
véhiculaire, voire vernaculaire dans les provinces occidentales du pays, il existe
une seconde langue composite dénommée camfranglais créée dans les années
1980 par les jeunes s’estimant tributaires d’une triple culture, francophone,
anglophone et camerounaise.
(4) L’auteur reconnaît implicitement l’existence de ces alternances codiques lors-
qu’il relève que dans son corpus primaire «il arrivait qu’on introduisît des mots,
des groupes de mots ou des phrases entières de la langue maternelle dans le
français» (p. 16) mais il refuse d’en tirer partie alors que pour nous le mélange
de codes est l’un des indices les plus immédiatement perceptibles de l’africani-
sation du français parlé. Cf. sur ce point Ambroise Queffélec (éd.), Alternances
codiques et français parlé en Afrique (Afrique noire et Maghreb), Aix-en-
Provence, Publications de l’Université de Provence, 1998, 381 pages.
ment l’objet sur lequel il travaille, Zang Zang est amené à construire des artefacts
comme français camerounais, français bamiléké, français «beti» ou français «nordiste»
sans jamais s’interroger sur la pertinence de ces catégorisations. Il définit certes un
corpus d’étude centré sur la période 1984-1991 (transcription de l’émission radio-
phonique hebdomadaire «Avis de recherche SOS solidarité» réunissant des Came-
rounais de toutes conditions) mais pour «ne pas se limiter à l’étude de ce français
commun en usage au Cameroun» qui aurait pourtant constitué un précieux garde-
fou, il estime «judicieux d’ouvrir [son] corpus à tout matériau susceptible de confir-
mer ou d’infirmer [ses] hypothèses», c’est-à-dire à «des conversations, des discus-
sions, des entretiens, des copies d’élèves, des journaux, des lettres, des programmes
radiophoniques ou télévisés et bien d’autres situations formelles ou informelles où la
langue française joue le rôle d’instrument de communication» [17]. On regrettera
que le chercheur ait choisi cette option d’ouverture au tout-venant, car l’hétérogé-
néité qui en résulte enlève beaucoup de crédibilité aux analyses ultérieures qui repo-
sent sur des matériaux très disparates, mêlant sources écrites et orales, productions
soignées et spontanées, énoncés provenant de locuteurs cultivés et de locuteurs
moyennement, peu ou non scolarisés. Inscrivant sa description dans le cadre de la
linguistique fonctionnelle, il se propose d’étudier trois domaines, phonétique/phono-
logie, lexique et syntaxe, qui correspondent aux trois grands chapitres structurant le
livre.
Le premier chapitre consacré aux «tendances phonétiques du français du Came-
roun» [20-172] délimite trois variétés de français sur des bases linguistico-géogra-
phiques indéfendables scientifiquement, puisque ces variétés de français sont censées
regrouper des locuteurs en fonction de leurs seules langues maternelles (alors qu’à
l’intérieur de chacun des trois groupes celles-ci sont multiples et souvent éloignées
typologiquement) sans tenir compte du niveau d’apprentissage, de compétence ou
d’usage du français(5). Selon une perspective différentielle, l’auteur croit déceler dans
chacune des trois variétés intitulées français bamiléké, français «beti» et français
«nordiste»(6) des tendances phonétiques qui la différencieraient du français «standard»
(assimilé abusivement au français «de métropole»). La comparaison des systèmes pho-
nologiques du français et des langues africaines postulées comme idiomes de réfé-
rence pour chacune des trois variétés lui permet de mettre à jour des traits phoné-
tiques et phonologiques qui caractériseraient «l’accent» des locuteurs: ainsi le parler
français du locuteur bamiléké se singulariserait pas des confusions phonologiques
(5) Zang Zang a conscience de cette faiblesse lorsqu’il observe à la fin de son
étude du français bamiléké (p. 65) qu’«une étude comme celle que nous venons
de mener gagnerait à être complétée par des données chiffrées. Des enquêtes
sociolinguistiques seraient d’un apport considérable dans la mesure où elles
permettraient de déterminer les différentes tranches d’âge, les catégories socio-
professionnelles et le niveau d’instruction. On pourrait aussi examiner si la
mobilité sociale n’a pas d’incidence sur le fonctionnement du système phono-
logique du francophone bamiléké. Un locuteur natif du bamiléké né dans la
zone 9 et qui y a passé toute sa vie parle-t-il de la même manière que celui qui
a vécu ailleurs?».
(6) L’emploi des guillemets pour identifier les deux dernières variétés semble
traduire l’incertitude de l’auteur quant à leur pertinence linguistique.
entre [r] et [l], l’amuïssement du [r] implosif, la diphtongaison des voyelles, la véla-
risation du [r], la palatalisation du [n], l’élimination des voyelles nasales, le renfor-
cement des articulations post-vocaliques et des consonnes implosives, etc. On peut
s’interroger sur la validité de tels développements quand on sait que l’auteur ne s’ap-
puie sur aucune analyse scientifique en laboratoire de la prononciation effective des
locuteurs, se contente de se fier à son intuition ou aux fautes graphiques (!!!) com-
mises par les locuteurs et n’utilise pour sa description phonétique que des travaux
anciens ou de seconde main. Par ailleurs, ses conclusions paraissent trop abruptes et
simplificatrices: «Les Camerounais ne font pas usage de deux systèmes phonolo-
giques différents, l’un pour parler français, l’autre pour parler la langue maternelle.
Il s’agit en effet d’un seul et même système phonologique qui sert des buts diffé-
rents. C’est celui de la langue maternelle, enrichi par des apports extérieurs qui se
résument en gros par de nouvelles possibilités de combinaison des sons dans la
chaîne parlée, des oppositions phonologiques nouvelles et des phonèmes étrangers au
système de la langue maternelle» [156]. Si l’on peut accepter l’idée que la pronon-
ciation française des locuteurs bamiléké subit l’influence de leur langue maternelle
(mais sans doute aussi des autres langues que la plupart d’entre eux parlent, en par-
ticulier le pidgin-english), réduire cet «accent» à un «système hybride» à base de
bamiléké ne nous paraît pas recevable. Le recours comme seul principe explicatif à
l’écart interférentiel (dont on connaît depuis longtemps les limites) semble très
réducteur.
Le second chapitre [173-313] où est abordée la «création lexicale dans le français
du Cameroun» est beaucoup plus convaincant: partant du principe que les franco-
phones camerounais sont des «métis culturels qui vivent dans un perpétuel conflit de
valeurs qui a son reflet sur la langue française» [174], Zang Zang expose l’extraor-
dinaire créativité dont ils font preuve pour adapter le français à leur environnement
socio-culturel. Cette créativité s’exerce par exemple dans les onomatopées et inter-
jections que l’auteur décrit méthodiquement en montrant par exemple que là où le
Français de France utilise vlan ! ou plouf ! pour signifier qu’une porte se ferme ou
qu’un caillou tombe dans l’eau, le Camerounais emploiera kpam ! ou tchoùngoùm !
Cette néologie lexicale très productive prend aussi la forme plus classique de l’em-
prunt ou fait appel aux procédés de la composition, de la dérivation, de l’abrègement
ou du calque décrits finement «de l’intérieur» par un analyste qui est aussi usager.
On appréciera la rigueur des classements des divers néologismes et la richesse des
commentaires qui accompagnent les relevés. Beaucoup de ces remarques qui relèvent
autant de l’anthropologie culturelle que de l’analyse linguistique apportent des infor-
mations très précieuses sur les cultures africaines de substrat présentées comme
essentiellement «empiriques» ou sur la perception qu’ont les Camerounais des
langues et de leurs fonctions sociales ou symboliques. Par exemple, Zang Zang
explique très bien comment la perception différente des relations de parenté dans les
sociétés traditionnelles induit une distribution singulière des termes servant à nom-
mer ces relations, avec comme conséquence la raréfaction de lexèmes comme demi-
frère (ressenti comme une insulte) au profit de frère même mère ou frère même père,
ou la désuétude de cousin (trop distant) auquel les locuteurs préfèrent les composés
équivalents frère, frère de famille, frère du village. La connaissance du terrain et des
cultures locales nourrit l’étude minutieuse des calques dont beaucoup ne se justifient
que par l’inadéquation du français exogène à exprimer le vécu et l’univers spatio-
temporel des autochtones. Beaucoup de néologies sémantiques ne s’expliquent que
École Nationale des Chartes, Conseils pour l’édition des textes médiévaux,
fascicule I, conseils généraux; fascicule II, actes et documents d’archives, Paris,
Comité des travaux historiques et scientifiques, 2001, 175 et 265 pages.
Diffusion en France: C.T.H.S., 1, rue Descartes, 75231 Paris Cedex 05; à
l’étranger: Librairie Droz, 11, rue Massot, CH-1211 Genève 12 (Suisse).
Nous avons là deux documents très attendus, fruits de nombreuses années de
réflexion collective. Coordonnés par F. Vielliard et O. Guyotjeannin, ils condensent
l’enseignement de l’École des Chartes et devront désormais être sur la table de tous
les éditeurs de textes. Ils répondent clairement à la plupart des questions qui se
posent et illustrent leur propos par de larges choix d’exemples très bien choisis et
qui pourront largement être utilisés. Il suffira de citer les titres des chapitres. Fasci-
cule I: Graphies, Abréviations, Séparation des mots, Signes diacritiques, Majuscules,
Ponctuation, Citations, Présentation du texte édité, Citations des livres de la Bible;
Fascicule II: La tradition des sources documentaires (original vs copie, variantes vs
fautes de copiste), L’évolution des pratiques éditoriales, Les travaux préparatoires,
La mise au point du texte, La présentation de l’édition, Le cas particulier des docu-
ments d’archives, Index et tables. On attend maintenant le fascicule III, qui sera
consacré aux textes littéraires.
Gilles ROQUES
particulier contre les Sagittaires, une race d’archers, moitié hommes, moitiés chevaux,
et pour reprendre Narbonne grâce à une ruse où il fait se déguiser en femmes ses
chevaliers. L’édition fournit une analyse détaillée du récit [11-19]. Elle situe la chan-
son à l’intérieur du cycle de Guillaume et par rapport à d’autres épopées [3-9], sans
oublier de faire un sort à l’épisode du juif Saolin, qui annonce à Aymeri sa mort,
épisode qui a souvent été commenté. La chanson daterait, autant qu’en la matière
on puisse avancer quelque chose, des premières décennies du 13e siècle [11].
Le plus ancien ms. de la chanson, H (Londres, BL, Harley 1321), daterait du tout
début de la seconde moitié du 13e s., et son suivant, G (Londres, BL, Old Royal
20.B.XIX) des années 1260-1270. Ils forment, avec quelques fragments, une famille,
qui s’oppose à celle des deux célèbres mss jumeaux, B1 (Londres, BL, Old Royal
20.D.XI) et B2 (Paris, BnF, fr. 24369-370), qui datent des années 1330-1340. Les mss
sont minutieusement décrits [21-52], leurs caractéristiques dégagées [53-58] et il y a
un tableau des corrections et accidents graphiques [59-70], qui ne sont pas signalés
ailleurs dans l’édition, ce qui est un peu mal commode. La versification est l’objet
d’une longue et attentive étude [71-95], due au fait que la famille B est pour l’es-
sentiel assonancée, alors que la famille des mss HG montre un penchant, d’ailleurs
divergent, pour la rime. L’étude linguistique dresse un catalogue des traits notables
dans chaque ms. [97-142]. Le chapitre consacré à la classification des mss [143-177]
a été l’objet de soins attentifs et débouche sur des critères éditoriaux exposés avec
clarté [183-202]. Le problème est complexe car aucun ms. ne se dégage nettement.
Le choix de B1 est un pis-aller, qui ne doit pas masquer que ce ms. rajeunit le texte,
se caractérise par un très fort souci de purisme linguistique et a une tendance très
marquée à l’abrègement. Le ms. H, qui seul pourrait entrer en ligne de compte,
n’est pas véritablement utilisable pour un tiers du texte. Certes l’éditeur aurait pu
opter pour une version synoptique mettant face à face les deux mss. B1 et H, mais
le ms. G aurait largement fait les frais de cette présentation, tronquant ainsi la docu-
mentation. Tout compte fait, sa décision donne dans l’apparat le texte de G ou de
H, selon que c’est l’un ou l’autre qui s’écarte le plus de la version B; pour le reste
le large choix de variantes devrait répondre aux questions des lecteurs. En tous cas,
la démonstration est faite [179-181] que l’édition de Couraye du Parc n’est plus uti-
lisable. La nouvelle l’est véritablement mais il ne faut pas cacher qu’elle réclame du
lecteur une utilisation activement critique. En particulier, le lexicographe ne peut
plus se limiter à extraire les mots du texte de B1 et à leur donner la date de début
13e siècle; il lui faut vérifier que le mot se trouve aussi dans G et H, et, sinon, s’es-
sayer à une critique textuelle du passage en s’aidant des notes très abondantes et
souvent pertinentes [411-481] et d’un glossaire très sérieux [483-527].
Quelques remarques au fil de la lecture: H 176 doit se lire: Don quide bien que
i[l] soit devïé, ce qui s’accorde mieux avec le remaniement de G: Donc quide bien
que veuille devïer; - H 296 n., on préfèrera lire voses p.p.f. de voldre, au lieu de vosés;
- H 322, Ne sai qu’espiaut (cf. espeldre au glossaire) est une leçon qui me paraît bien
supérieure aux Ne sai qu’estoit de B ou Sachiez de voir de G; - HK 604, Grant .IIII.
liues, avec cette construction rare de grant, non relevée au glossaire et sur laquelle v.
DEAF G 1220,42, qui pourrait bien remonter à l’original; - G 617.1, onques ne fu
paien si mal feras, on verra dans malferas adj. «qui fait du mal» (corr. la note et le
gloss. s.v. feral) la première attestation d’un adj. relevé pour la première fois par
Sandqvist ds ProprChosLapS (mauferas), et qui se lit aussi dans RenContrR 32379
Dans ces passages le mot rare est cuirien, que GormB propose de lire sous la
graphie quirrié. Il n’est connu, avec ce sens d’«étrivière», que dans un autre texte,
RenMontT 13666-68:
Et li enfes i monte, estrieu n’i vout baillier,
Par desor les arçons se prent a afichier,
Que demi pié a fet le cuiren aloingnier.
d’aparfongier] «ce qui est profond, gouffre». Pour la construction, on peut admettre
que ont du vers précédent sert d’auxiliaire à aparfongniee («ils ont creusé la terre à
une profondeur de 14 toises»); - sentir, ~ de moi «assaggiare i miei colpi», se lira plu-
tôt soi ~ de moi «avoir de moi un souvenir cuisant» et noter que TL n’a d’exemples
que de soi ~ d’auc. chose; - tortour, préférer un sens plus concret que «grandi sof-
ferenze» cf. TL 10, 460.
Nous avons là une bonne édition de travail, dont il faut remercier l’auteur.
Gilles ROQUES
Gilles ROQUES
copié, à la fin du 14e s., par Raoulet d’Orléans à l’intention de Jehan de Langres
esmailleur. Un développement est consacré [XV-XVII] à une comparaison entre le
poème de Renaut et celui-là, qui est beaucoup plus indépendant de son prédécesseur
qu’on ne l’a dit.
Le texte est assez correctement édité, malheureusement sans variantes. Naturel-
lement, on attend impatiemment la publication de la version de Renaut de Louhans,
préparée, aussi en Australie, par B. M. Atherton, afin de mesurer exactement la part
d’originalité de notre picart. Le ms. de base n’a réclamé que quelques corrections
[321-322] et encore au vers 2101 dehus, qui est excellent comme forme du pft 2 de
devoir, a été malencontreusement corrigé en un d’eulx qui n’a aucun sens. Les
Critical Notes [322-328] et le Glossary of Selected Proper Names [329-330] nous lais-
sent vraiment sur notre faim. Quant au Selected Glossary [331], il n’y a rien à en
attendre. Pourtant ce texte a fait l’objet d’un dépouillement sérieux de la part de
Gdf, qui a utilisé le ms. Ars. 2670, daté du 15e s.; il a parfaitement identifié süette,
où il a vu une forme de chouette cf. Gdf 9, 83b, au lieu de l’extraordinaire «fever»
qui nous est proposé. De même, asprele est défini par «horse-tail (plant)», alors qu’il
s’agit d’un diminutif adjectival d’aspre; le ms. Ars. 2670 donnant asprecelle, c’est cette
forme que Gdf 1, 420b a enregistrée et que le FEW 25, 473a lui a empruntée, avec
la date étonnante de env. 1255.
Je voudrais terminer par un mot régional qui m’intrigue, à savoir songon «som-
met». Le Boëce de Confort en présente une attestation, à la rime: 7929 (étoile, ici la
Petite Ourse) … assise ou songon De la part de septentrion. Le mot ne semble pas
venir de Renaut de Louhans, qui n’a pas le passage en question. Il paraît légitime
de le rattacher à aneuch. songeon m. «sommet» (1360), asav. songion (1341, R 35,
402), abress. songeon MeyerDoc [= 1356, Nantua] cf. FEW 12, 447a, qui en fournit
en outre de nombreuses attestations dialectales en francoprovençal et particulière-
ment en Savoie, en rapprochant le fait du séjour très prolongé que notre traducteur
aurait fait comme prieur emprez Savoie [X].
Mais il se trouve une attestation d’une forme sonjon (2693) rimant avec sablon:
Quiconques veult faire un chastel
Ou un fort et durant hostel
Cauteleusement sanz deffault,
Si ne le face pas trop hault,
Car peril est que ne l’empaigne
Le vent qui court en la montaigne
Quant il est assis ou sonjon.
Or Renaut de Louhans (ConsBoèceRenA = éd. Atherton, 2821), frère prêcheur du
couvent dominicain de Poligny, donne le même texte, avec en sonjon. On peut certes
considérer qu’il s’agit du même mot, puisque que Louhans est aux confins du franco-
provençal et du bourguignon, et que notre traducteur aura emprunté ce mot, qu’il
connaissait par ailleurs, à Renaut. Cependant le même passage se retrouve dans
ConsBoèce5A II, iv, 3 (1320-1330, Est), et il pourrait avoir servi de source à Renaut:
Qui seür manoir veult fonder
Sanz venz ne sanz peril de mer
Ne la see (lire l’asee) pas ou somon
Dou mont ne dessus le sablon.
Cette version obligera les éditeurs à préciser qu’il faut bien lire sonjon et non
somon, car somon existe bel et bien et TL en fournissent un ex. poitevin au 13e s.
(où la graphie sommon exclut une lecture sonjon), conforté par l’exemple de
ConsBoèce5A, puis par un autre ex. dans trois mss que nous verrons plus bas. Mais
il est assez probable, finalement, que la lecture sonjon soit justifiée; on pourra penser
que le somon de sa source probable aura amené Renaut à utiliser le régional sonjon.
Par ailleurs, A. Thomas (Chanson de sainte Foi d’Agen, 58n.) a attiré l’attention
sur un autre ex. tiré de Renaut de Louhans (= ConsBoèceRenA 6982), où on lit:
En l’eaue fait de soy plungeon,
Ou plungiez s’est jusqu’au sangeon (var. des mss BGL: somon [à
moins qu’il faille lire sonjon]).
Ce sangeon se rattache sans doute au songon que nous avons vu, et il est curieux
de remarquer que le traducteur du Boëce de Confort (2693), reprenant le passage
de Renaut, a préféré cette fois modifier le mot en menton. Enfin, au vu de ces attes-
tations, il est vraisemblable que Constantin/Désormeaux ont raison de proposer de
corriger en sonjonz les deux attestations de somonz du Mystère de saint Bernard de
Menthon (savoyard), dont l’une est passée ds Gdf; cf. aussi FEW 12, 430b n. 3, qui
reste incertain.
Au total une édition qui accroît notre documentation sur l’œuvre probablement
la plus traduite au Moyen Âge.
Le vol. 10, 2001 du même Journal of the International Boethius Society contient
trois articles qui intéressent nos études: J. Keith Atkinson, A Dit contre Fortune, the
Medieval French Boethian Consolatio Contained in ms. Paris BNF, fr. 25418 [1-22],
examine comment ce ms., qui est connu pour réunir des extraits d’œuvres, adapte la
version de Renaut, à laquelle sont repris 95 % des 4615 vers de sa version, 4,4 %
étant originaux et 0,6 % venant du Boëce de Confort que vient d’éditer M. Noest; -
Glynnis M. Cropp, An Italian Translation of Le Livre de Boece de Consolacion
[23-30], cette version italienne, éditée en 1898 par E. G. Parodi, traduit, du moins
pour les livres I-IV, la version non glosée du Livre de Boece, mais avec le prologue
emprunté à la traduction de Jean de Meun, comme c’est le cas dans le ms. BNF, fr.
1728, qui contient lui la version glosée du Livre de Boece; le nombre des versions
italiennes connues à ce jour s’élève maintenant à 11, depuis la mise en vente d’un
nouveau ms. en 1998 [30 n. 25] - Francesca Ziino, The Catalan Tradition of Boethius’s
De consolatione: A New Hypothesis [31-38], de la première traduction catalane, celle
de Saplana, il ne reste que des fragments ou des témoignages indirects; une version
en hébreu mérite d’être utilisée pour la reconstituer. Pour une traduction latine
d’une autre version catalane, celle de Ginebreda, v. un article du même auteur ds
R 119, 465- 482.
Gilles ROQUES
aveuglément la coupe des mss et à plus forte raison celle des imprimés, n’est que de
la pusillanimité.
Quelques remarques: 115 lire de costé; - 423 note, la tentative d’interpréter tris-
tesse comme le féminin de triste ne convainc pas, malgré l’exemple tiré de Huguet,
qui ne me paraît pas probant; - 795 lire plutôt tout apensement «tout exprès» cf. Gdf
apenséement; - 1199 une rectification s’impose; - 1280 corriger protexité en pro-
plexité, forme de perplexité qui a le sens de «tourment»; - 1289 note, procréé, qui
devrait être un féminin ne prouve rien pour l’accord du fait de la répugnance bien
connue des scribes à aligner trois e de suite; - 1859 l’ajout de la marque du féminin
n’est pas nécessaire dans faire l’embesoigné cf. vous ferés le malade, belle fille 1795
et v. TL 3, 1575, 8; - 1932 note, agectee d’agister «s’aliter» est parfait cf. DEAF G
648; - 2127 note, l’argumentation pour défendre une lecture flaiterie au lieu de flac-
terie est faible; - 2524-25 lire, après un point derrière pendu: Au regart des trois com-
pagnons … , ilz seroient gardés…; - 2550 la note est sans pertinence, du fait qu’Ade-
net cite déjà Monfaucon; - 2995 conserver la leçon du ms., qui est parfaite, en
coupant en queste; que le copiste écrive enqueste ne surprend pas mais l’éditeur doit
faire la coupe de la préposition et du nom; - 3554 les deux notes sont gravement fau-
tives: sans desmarchier signifie probablement «sans faire un faux pas» et il faut lire
la cousteoit de cousteer (côtoyer), sans rapport avec accoster; - 3575 tant y a de paires
d’amours «de sortes d’amour» du ms. me paraît défendable; - 3899 note se mar-
mouser signifie plutôt « se demander sans cesse» cf. FEW 6, 1, 357b; - 4191 note,
les hypothèses émises sur ce sen sont peu convaincantes; il s’agit plutôt d’une gra-
phie de cen forme de ce; - 4398 la note est parfaitement oiseuse et il faut placer une
virgule après adirée, qui signifie» perdue, égarée», sens qu’on a aussi en 3941.
Le glossaire présente les mêmes caractéristiques que l’édition. Il est conscien-
cieux mais ignore des règles élémentaires du genre. Bref on dira qu’il s’agit plus
d’une édition de seizièmiste que de médiéviste, comme en fait foi aussi un usage
immodéré de Huguet. Je voudrais m’arrêter sur deux mots: oisil «osier», est l’objet
d’une note d’une ligne et demie qui se borne à renvoyer à deux exemples de Hu.
L’emploi du mot est comme une marque d’origine pour l’œuvre; il se lit déjà ds le
Roman de Thèbes cf. NezirovićThèbes 124 et il est resté très courant en poitevin du
Moyen Âge aux parlers modernes. Le FEW 15, 1, 25a permet de dresser une aire
poitevino-saintongeaise, qui déborde sur l’Anjou, le Maine et jusque dans le Centre;
- abreigé «abrité», est l’objet d’une note, assez longue mais typique du manque d’in-
formation de l’éditeur. PT écarte à bon droit une correction en abrité, mais avec une
argumentation faible: le mot n’est attesté qu’en 1489 (attestation d’ailleurs isolée et
qui reste douteuse) mais, même si l’on n’en connaît pas d’attestation au 16e s., on ne
peut pas tirer argument du seul fait qu’il ne soit pas enregistré ds Hu, puisque ce
dictionnaire n’enregistre pas les mots qui vivent avec le même sens en français
moderne. Par ailleurs, pour ce mot abreigé l’utilisation du FEW est bienvenue, mal-
heureusement il aurait fallu consulter la refonte du A, où l’on voit (cf. FEW 25,
58ab) que ce type est attesté dans les parlers modernes du Maine, du Blésois, du Poi-
tou et de la Saintonge. Ainsi, il est assez probable que le texte provienne de cette
région, ce qui coïncide avec ce qu’indiquent les filigranes du papier. Enfin il y a
dans ce texte l’adjectif souldre «hideux» qu’une note éclaire avec un renvoi à Hu,
après avoir constaté qu’il n’est enregistré ni par Gdf ni par TL ; mais un renvoi au
FEW 12, 108a s’imposait, ne serait-ce que pour rectifier sa première attestation qui
est la même que sa seconde mais cumule deux fautes d’impression: sourdre pour
soudre et R 35, 483 pour 403, en sorte qu’on n’en connaissait qu’une seule attesta-
tion, celle de Guy de Tours (ds Hu et FEW).
Cette édition nous rajeunit. Elle nous rappelle le temps des années 1960-1970, où
les TLF publiaient des éditions d’Américains dotés par leur Université d’une bonne
subvention. On pensait qu’au moins en ce qui concerne le Moyen Âge cette pratique
avait disparu. On regrettera surtout que ce travail, qui reste utilisable pour des cher-
cheurs expérimentés, souffre cruellement de la comparaison avec le reste des éditions
de la collection.
Gilles ROQUES
des ennemis «mouiller près de l’ennemi», qui est aussi dans les notes mais y est dans
un extrait d’un texte de Barras. Ainsi l’utilisateur pressé ne devra pas attribuer à
Barras tous les mots enregistrés dans le glossaire, qui fonctionne à certains égards
comme un index; - s.v. fer on enregistre sous le fer «à l’ancre» alors que FennisGal
ne connaît que sur le fer; - s.v. joly, en - «arrêté», il manque la référence, qui à en
juger par FennisGal devrait être ds Fournier; - s.v. tribut, payer le - «vomir», il
manque la référence, qui est 153.
Le tome IV contient beaucoup d’informations qui sont passées dans FennisGal.
Son glossaire fournit en outre quelques mots et sens, marqués d’astérisques, qui man-
quent dans le Trésor. Le texte décrit de façon vivante la vie à bord comme dans ce
paragraphe:
Ceux qui disent que les bonnes odeurs produisent les vapeurs n’en
auroient point à craindre sur une galère: les mauvaises y sont si fortes
et si fréquentes, qu’on ne peut s’en garentir avec le tabac, dont on est
obligé de remplir le nez depuis le matin jusqu’au soir. Je suis surpris
que les Italiens, qui aiment tant les bonnes odeurs et qui ont une si
grande aversion pour les mauvaises, entretiennent toutefois un si grand
nombre de galères; ils doivent avoir une grande idée de l’importance et
de l’utilité de ces batimens.
Gilles ROQUES
Textes français privés des XVIIe et XVIIIe siècles, édités par Gerhard ERNST
et Barbara WOLF, Tübingen, Niemeyer (Beihefte zur ZrP, CD-ROM, 310),
2001.
Il s’agit d’une première version d’un recueil de grande ampleur qui réunira des
textes non-littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles, transcrits de façon semi-diploma-
tique afin de permettre des études linguistiques modernes. On annonce: Marguerite
Mercier, Livre de raison, 1650-1661, Jaques-Louis Ménétra, Journal de ma vie, 1764-
1803, Montjean, Detail de tout ce qui c’est passeé Depuis le 30 mars 1774, 1773-74,
Jacques Valuche (Candé, près d’Angers), Journal, 1607-1662, Guillaume Durand
(Poligny), Journal, 1610-1624 et Yves Le Trividic (Guingamp), Journal, 1610-1640.
Pour l’heure est édité Pierre Ignace Chavatte, Chronique memorial (1657-1693), dont
le texte est donné sur un CD-ROM. L’auteur, sayetteur («ouvrier fabricant de l’étoffe
de laine peignée»), a laissé une chronique qui consigne les événements de sa ville de
Lille, entrecoupés de faits internationaux empruntés à d’autres sources. L’introduc-
tion évoque un certain nombre de problèmes, posés à juste titre car leur solution a
des répercussions sur l’interprétation du texte, et dont il sera traité dans un volume
à paraître. On la considérera donc comme provisoire. On voudrait souligner ici l’in-
térêt de cette entreprise, même s’il faut avouer que la lecture sur CD-ROM en dimi-
nue le plaisir. Le choix du procédé d’édition a été longuement médité et il se justi-
fiera d’autant mieux quand auront été menées les études qu’il est censé permettre.
Pourtant, le devoir d’un éditeur est aussi de donner un texte lisible à tous ceux qui
ne sont pas des passionnés de la coupe des mots (qui s’apparente dans certains cas
à celle des cheveux en quatre). Il me semble que de ce côté un effort de lisibilité
s’impose encore.
Nous avons voulu considérer ce texte pour ce qu’il est aussi partiellement, un
document linguistique sur le parler lillois du XVIIe siècle. Les quelques rapides son-
dages auxquels nous avons procédé, à l’aide des ouvrages bien connus de P. Legrand,
Dictionnaire du patois de Lille, 1856 (=L) et de L. Vermesse, Vocabulaire du patois
lillois, 1861 (=V), ainsi que des travaux plus récents de F. Carton, François Cottignies
dit Brûle-Maison (1678-1740), Chansons et pasquilles (=C) et de P. Pierrard, Les
chansons en patois de Lille sous le Second Empire, 1966 (=P), nous ont permis d’ex-
traire une intéressante moisson de faits lexicaux dont nous allons livrer ici quelques
échantillons, tout en avouant avoir dû en laisser de côté un certain nombre dont
nous n’avons pas trouvé la solution: baie «jupe» 302r°, cf. baie LV, baye, bai et baix
C, v. FEW 1, 202b; - balochoire «balançoire» 379r°, cf. VCP; l’ancienneté du mot,
qu’on trouve dans la même région dès le 14e s. (GlossMontpH236G 119b) et qui est
aussi dans les CentN, rend inutile de supposer une faute pour un * balonchoire; -
basinant «tituber» 175v°, cf. basainner «balancer, osciller» LV, basainnant «vacillant
(pas d’autre attestation, nous rattachons à FEW 14, 107a VACILLARE)» C, v. FEW 21,
358b; - soucrion «orge d’hiver» 221v°, cf. sucrion (s.v. sougrugeon) LV, soucrion C, v.
FEW 2, 1224a; - commodieux adj. «riche», cf. rouchi éte comodieux «avoir de grands
moyens pécuniaires» ds FEW 2, 958a; - escourcheu «tablier» 196r° et 331v°, cf. écour-
cheu LVP, escourcheux C, v. FEW 3, 285b; - espourmande f. «apprentie qui garnit
les épuelles pour les sayetteurs» 313r° et espourman m. «apprenti qui garnit les
épuelles pour les sayetteurs» 313r°, cf. époulman « qui fait des épuelles, apprenti des
sayetteurs» V, «apprenti qui ne sait que garnir les épeules» C, v. FEW 17, 184b; -
fouan «taupe» 296v°, cf. fouan LV, v. FEW 3, 664a; - faire la gigenne de sa
femme, «aider sa femme en couches»177v°, cf. gigeine f. «gésine» L, gigeaine f.
«femme en couches» V, gigeinne «couches» C, v. FEW 5, 5b; - menton (de sa cremi-
lie) 331v° «crochet de fer, muni d’une sorte d’anse pour rallonger la crémaillère», cf.
«extrémité de la crémaillère (non retrouvé en ce sens)» C, v. FEW 6, 1, 754a; -
maronnette «petite culotte (d’une femme habillée en homme)» 362r°, cf. maronne
«culotte (vêtement d’homme)» LVCP, v. FEW 6, 1, 345b; - mieugre «petit-lait» 267v°,
cf. mieuque V, v. FEW 6, 2, 43a; - olieu «ouvrier qui travaille aux moulins à huile»
326r°, 332v° etc., cf. olieur L, olieu (s.v. oliette) VP, v. FEW 7, 343ab; - pauvrieux
«personne chargé de distribuer les aumônes» 237v° et passim, cf. pauvrieur L, pau-
verieu VP, Ø FEW; - porte (de) couliere 336r°, «à Lille les commissionnaires du mar-
ché aux poissons s’appellent porte-coulières» (s.v. coulière «cloyère») L, «les porteurs
de poissons sont appelés porte-coulières. On désigne encore sous ce nom une femme
de mœurs dissolues, et porte-coulières les commissionnaires chargés de porter les
billets d’amourettes» (s.v. coulière «cloyère») V, non retrouvé ds le FEW; - toupirie
«vertige» 325v°, toupyrie LV, v. FEW 17, 344a; - validire «servante» 258r°, cf. vali-
dire m./f. «domestique» V, v. FEW 14, 117b; - verdi «vendredi» (8 attestations), cf.
LV, v. FEW 14, 270a; on voit donc qu’il n’est pas nécessaire de supposer qu’il s’agit
d’une abréviation.
On trouvera en appendice la liste des nombreuses rues et quartiers de Lille cités
ainsi que celle des communes environnantes. Parmi ces dernières, Nin (h)elictar est
sûrement Hénin-Liétard.
La publication de textes de ce type mérite d’être vigoureusement soutenue, car
il s’agit de combler une lacune criante dans notre documentation. La mise sur pied
d’un corpus informatisé est hautement souhaitable. En raison de la variété des
usages possibles, qui concernent les linguistes, les historiens, les lexicologues, les
toponymistes, les onomasticiens et beaucoup d’autres encore, il faudra donner à tous
la possibilité d’accéder avec profit à ce corpus en le munissant de toutes les aides
qui en faciliteront la consultation. Il s’agit d’un travail difficile mais indispensable,
qui réclame la participation de spécialistes de ces divers domaines. On attend donc
avec confiance et impatience la suite de cette publication ainsi que l’ouvrage qui doit
l’accompagner.
Gilles ROQUES
NÉCROLOGIES
Manuel ALVAR
(1923-2001)
Bien d’autres domaines ont été abordés avec succès par Manuel Alvar, parmi
lesquels nous retiendrons:
– L’édition et la critique de textes médiévaux: Los Fueros de Sepúlveda; El libro
dels Tres Reyes d’Orient; El Fuero de Salamanca; Poesía española medieval; Vida
de Santa María Egipciaca; El Romancero: tradicionalidad y pervivencia; Libro de
Apolonio; Cancionero de Estúñiga; Miscelánea de estudios medievales.
– La tradition judéo-espagnole: Endechas; Poesía tradicional de los judíos
españoles; Cantos de boda judeo-españoles.
– L’histoire de la langue espagnole: Morfología histórica del español (en colla-
boration avec l’auteur de ces lignes).
– Le monde américain: Cristóbal Colón: diario del descubrimiento; Leticia (Ama-
zonia colombiana); Hombre, etnia, estado: actitudes lingüísticas en Hispanoamérica;
Americanismos en la obra de Bernal Díaz del Castillo.
– Les langues amérindiennes: Fr. Bernardo de Lugo: gramática mosca.
– La littérature, avec des études sur Unamuno, J. Guillén, M. Delibes, J. R. Jimé-
nez, A. Machado. Manuel Alvar était lui-même auteur de mémoires de voyages et
de plusieurs livres de poésies.
En 1983, quatre volumes d’hommage lui étaient remis, réunissant les collabora-
tions de près de deux cents linguistes et littéraires couvrant un vaste espace de
reconnaissance internationale.
Nos liens avec Manuel Alvar datent de 1945 lorsque, me trouvant boursier au
cours d’été de Jaca, il était déjà mon «professeur» pour devenir aussitôt mon ami.
Là également j’ai eu le plaisir de connaître sa femme, Elena, fidèle collaboratrice,
qui a joué un rôle essentiel dans toute sa vie, qui l’accompagnait dans ses enquêtes,
l’a soutenu dans ses épreuves et à qui nous rendons un hommage affectueux ainsi
qu’à ses enfants dont plusieurs se distinguent dans des domaines brillamment illus-
trés par leur père.
Bernard POTTIER
Gérard GORCY
(1933-2001)
Notre ami Gérard Gorcy est décédé à Nancy le 18 décembre 2001. Né à Stras-
bourg en 1933, agrégé de grammaire et élève de Paul Imbs, il fut à partir de 1961
l’un de ses plus proches collaborateurs dans l’aventure du Trésor de la langue fran-
çaise. Il fut l’adjoint des quatre directeurs successifs de ce qui devint ensuite l’INaLF.
Simultanément professeur à l’IUT de Nancy, les lourdes charges qu’il avait acceptées
ne lui permirent pas de donner toute sa mesure dans des études qu’il goûtait. En
1983, à un moment critique de l’histoire de notre Société, il avait bien voulu accep-
ter d’en devenir le Trésorier. Avec l’aide de sa femme Annie, à qui nous présentons
toutes nos condoléances, il sut se faire apprécier des sociétaires, sensibles à son sens
du contact humain. Nous lui sommes profondément reconnaissants de ce qu’il a fait
pour nous et nous garderons le souvenir de cet homme cultivé et chaleureux, qui a
passé sa vie au service des autres, selon l’éthique chrétienne qui l’inspirait profon-
dément et sincèrement.
Gilles ROQUES
Aimo SAKARI
(1911-2001)
Notre ami Aimo Sakari est décédé le 20 mai 2001. Né en 1911, il aura connu une
fin paisible, en harmonie avec son tempérament. Tous ceux qui l’ont côtoyé ont pu
apprécier la gentillesse et l’obligeance de ce discret romaniste.
Né en 1911 à Kuolemajärvi en Carélie, Sakari fit ses études en philologie romane
à l’Université d’Helsinki où il eut pour maître Arthur Långfors, et où il suivit les
cours d’O. J. Tuulio et H. Petersen-Dyggve: avec lui disparaît ainsi une époque par-
ticulièrement importante de l’apport finlandais à la romanistique. C’est, en 1937, sur
la proposition de Långfors qui s’y était dans un premier temps consacré, que Sakari
entreprit d’éditer l’œuvre du troubadour Guilhem de Saint-Didier, auquel il témoi-
gnera d’une longue fidélité ; ce choix décida de sa vocation d’occitaniste. C’est en
effet à l’occasion de cette entreprise que Sakari se plongea dans une langue qui lui
était alors inconnue, puisant dans l’Altprovenzalisches Elementarbuch de Schultz-
Gora les bases qui lui manquaient encore, complétant sa formation à Paris où son
maître lui procura une bourse et un poste de répétiteur de finnois au futur Institut
des Langues Orientales. Son long séjour à Paris, de 1937 à 1958, interrompu par les
années de guerre durant lesquelles il servit son pays, en particulier dans des missions
en France, et eut notamment des fonctions de rédacteur et présentateur de la sec-
tion finlandaise de la radio française et de correspondant de la radio finlandaise à
Paris, lui permit de fréquenter également les bancs de la Sorbonne, de l’École des
Hautes Études et du Collège de France, où il put assister aux cours de Clovis Bru-
nel, Mario Roques, Pierre Fouché et Jean Boutière. Son édition de l’œuvre de Guil-
hem de Saint-Didier fut publiée en 1956 dans la collection des Mémoires de la
Société néophilologique de Helsinki, avant de connaître une réimpression en 1983
par AMS. Ce séjour lui donna également l’occasion de lier amitié avec István Frank,
son « cousin en langues» dont l’itinéraire remarquable fut prématurément inter-
rompu, mais qui laissa à son ami finlandais la compétence et le goût pour les aspects
métriques, incontournables pour qui travaille sur la poésie des troubadours, et dont
la présence est constante dans les articles qu’il nous a laissés.
De retour en Finlande, Sakari eut un poste de répétiteur d’allemand et de fran-
çais au lycée de Jyväskylä de 1958 à 1965, avant d’obtenir l’année suivante la chaire
de philologie romane de l’Université de cette ville. Doyen de la Faculté des Arts de
1969 à 1971, Sakari devint vice-recteur jusqu’en 1977, année où il se retira et où il
devint, pendant deux ans, professeur associé de langue et culture finnoises à la Sor-
bonne Nouvelle. Nécessaire infidélité à sa passion pour les troubadours, il avait
donné en 1967 une édition critique du Doctrinal sauvage, texte arrageois des années
1260, édition fondée sur la collation de 30 mss et qui a paru dans la collection des
Studia philologica Jyväskyläensia. Mais son amour de l’ancien occitan ne se démen-
tit jamais, et Sakari est sans doute le seul romaniste à avoir assisté à l’intégralité des
congrès internationaux d’occitanistes organisés en Europe, des Congrès Internatio-
naux de Langue et de Littérature d’Oc à ceux de l’Association Internationale d’É-
tudes Occitanes où nous l’avons tous un jour ou l’autre rencontré, accompagné de
son aimable épouse, Ellen Sakari, décédée en 1998, quatre ans après sa retraite de
professeur de philologie romane à l’Université de Jyväskylä, qui avait notamment
consacré un excellent essai à L’écriture clownesque de Jules Laforgue, paru en 1983
dans les Jyväskylä Studies in the Arts, et qui était, avec son mari, membre de notre
Société, dont Aimo Sakari fut Conseiller auprès du bureau de 1992 à 1998. Tous
ceux qui ont eu le bonheur d’être les hôtes de ce couple charmant dans leur magni-
fique maison en bois, située en pleine forêt et construite par le grand-père d’Aimo,
à Keuruu, en garderont le souvenir.
Aimo Sakari a également contribué aux échanges culturels en traduisant en fin-
nois des ouvrages français, comme La Chartreuse de Parme, et inversement, il tra-
duisit en français, avec Lucie Thomas, la comédie d’A. Kivi, Les Cordonniers de la
lande. Il laisse derrière lui une contribution appréciable à l’étude de la poésie des
troubadours qui prolongera parmi nous sa présence.
Dominique BILLY
Raymond SINDOU
(1910-2001)
Raymond Sindou, linguiste, romaniste et onomasticien, professeur émérite des
universités, s’est éteint le 17 mai 2001. Il repose dans la sépulture de famille à
Lauzès en Quercy.
Aller à contre-courant ou, pour le mieux dire, Nadar contra suberna aurait pu
être la devise du savant, du professeur, de l’homme. Cette attitude fondamentale
n’impliquait chez lui aucune pose ni – ce en quoi il se révélait parfaitement laïc –
aucun prosélytisme. Bien informé des développements de la linguistique du jour,
l’univers auquel il demeurait fidèle était celui de la linguistique parisienne des
années 20 et 30, celle des Meillet, des Thomas, des Ernout, des Marouzeau. Comme
linguiste et même, pensons-nous, «pur linguiste», il ne séparait pas le terrain – son
enseignement était nourri de son expérience dialectologique quercinole, expérience
sans cesse renouvelée depuis 1932 – et l’analyse de la documentation écrite du passé,
et il enseignait constamment l’union de la linguistique et de la philologie, ne cessant
de prêcher d’exemple. Romaniste, ses maîtres à penser étaient latinistes ou hellé-
nistes (la séparation académique entre linguistique latine et linguistique romane
constituait pour lui une vue de l’esprit dont il savait rendre sensible la frivolité à ses
étudiants). Onomasticien, la toponymie n’était cependant entre ses mains qu’un outil
supplémentaire pour faire l’histoire des mots et des langues.
Son activité de linguiste était animée – comme l’a noté son ami Raymond
Arveiller – par un sens aigu du détail légué par un père peintre et, par-dessus tout,
par le goût des «faits de langue». Pour Raymond Sindou, le fait de langue primait
le système et l’histoire, la synchronie. S’il n’excluait nullement la description des
tâches du linguiste (à preuve sa thèse, dont il convient de souhaiter la publication,
sur le Vocabulaire de la ferme au pays de Cahors), il n’est pas impossible qu’il ait
pensé que la compétence du grammaticus, voire celle du locuteur, était suffisante pour
accéder au système. Lors d’une réunion organisée dans un département de linguis-
tique au début des années 70, il s’était exclamé: «le grand Meillet serait aujourd’hui
mis à la porte de tous les instituts de linguistique de France. Pensez, il étudiait les
faits de langue!» Une telle déclaration ne fit d’ailleurs, à vrai dire, pas grosse impres-
Détaché au CNRS de 1943 à 1949, puis de 1954 à 1959, Raymond Sindou avait
vu ses mérites reconnus, bien que tardivement, par l’Enseignement supérieur. Appelé
à l’Université de Clermont-Ferrand, il y professa, devant des auditoires à vrai dire
peu denses, mais sous le charme, la dialectologie romane (qu’il ne concevait pas
d’enseigner sans enseigner aussi quelque peu la dialectologie grecque) et l’ancien
provençal. Un cours consacré aux premiers documents auvergnats en langue d’oc,
donné dans le cadre du certificat d’Études régionales, attirait cependant à lui des
auditoires plus nombreux, y compris de profanes: il déployait alors volontiers d’indé-
niables talents d’orateur et de causeur. Comme il ne s’attachait guère cependant aux
rudiments (la déclinaison bicasuelle, par exemple), des tuteurs d’occasion répon-
daient, quelques minutes avant l’entrée en scène du maître, aux interrogations qui
fusaient du public et qui portaient, entre autres choses, sur les -s étranges parsemant
le texte à l’étude. Les esprits étaient ainsi mieux aptes à recevoir la doctrine sur des
points moins triviaux. Préparés méticuleusement et souvent entièrement dactylogra-
phiés par les soins de Madame Sindou, ses cours laissaient néanmoins une large
place à des excursus, rapprochements et développements inattendus qui leur don-
naient toute leur saveur et toute leur profondeur. La chaire qu’occupait Raymond
Sindou Claromontanus (il signa ainsi sa contribution à l’Homenagem Piel) fut
ensuite, paraît-il, supprimée ou reconvertie.
Raymond Sindou était assidu aux séances de la Société de linguistique de Paris,
dont il fut président en 1978, et à celles de la Société française d’onomastique, dont
il était cofondateur, comme aux congrès de notre Société. Ses collègues, ses amis et
ses élèves lui avaient offert, en 1986, des Mélanges d’onomastique, linguistique et
philologie, ce dont il les remercia par un discours latin improvisé.
Il pratiquait cortezia et mezura. En tout, il tranchait.
Jean-Pierre CHAMBON
EN SOUSCRIPTION
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Secrétariat
IV Congreso Internacional
Sociedad Española de Historiografía Lingüística
Universidad de La Laguna - Facultad de Filología
Campus de Guajara, s/n - 38071-La Laguna
Santa Cruz de Tenerife. Islas Canarias. España
Courriel: cohisgra@ull.es - http://webpages.ull.es/users/cohisgra
Fax: 922 / 31 76 11
Tél.: 922 / 31 77 11 - 922 / 25 53 46 - 922 / 63 13 04
(1) Cfr. Iordan 1963, Moreno/Peira 1979 e Sampson 1980, che oltre al controverso
Privilegio Logudorese si limitano a ristampare diverse schede dei condaghes piú
noti. Gli editori spagnoli vi aggiungono alcuni capitoli degli Statuti di Sassari e
Sampson chiude la sua selezione con nove strofe del tardo poema di Antonio
Cano.
(2) Cfr. Zamboni 2000 per un utile consuntivo e bibliografia aggiornata.
(3) Piú denso il repertorio di testi sardi che si trova ospitato nelle crestomazie
italiane, già a partire da quella pionieristica del Monaci 1889, seguita da Savj-
Lopez/Bartoli 1903, che ripubblicano il Privilegio Logudorese secondo l’edizone
tardoottocentesca di Leopoldo Tanfani; seguono: Monteverdi 1941, che
contiene, oltre la nostra Carta greca, il Privilegio nell’edizione riveduta di San-
torre Debenedetti, l’apografo quattrocentesco della concessione cagliaritana del
1070-1080 conservata nell’Archivio Arcivescovile, una Carta Arborense del 1102
e due schede del Condaghe di San Pietro di Silki; Ugolini 1942 col Privilegio e
la Carta Arborense; piú tardi Lazzeri 1944 [rist. 1954], Dionisotti/Grayson 1944
[rist. 1965], Ruggieri 1949 e infine Monaci/Arese 1955, che ampliano minima-
mente la selezione di Monteverdi.
moderna dei documenti piú antichi della Sardegna medievale resta tuttora
uno dei piú urgenti desiderata della filologia sarda. Deficit questo, che
andrà sanato anche con l’ausilio indispensabile dei nuovi dati acquisiti da
discipline contigue che negli ultimi anni hanno registrato decisi avanza-
menti nello studio del sardo medievale(8).
Nell’attesa di pubblicare una Crestomazia sarda dei primi secoli, al cui
approntamento stiamo lavorando sin dal 1997(9), abbiamo ritenuto oppor-
tuno offrire a un vasto pubblico di filologi romanzi (studiosi e studenti)
una riedizione completamente riveduta d’uno dei testi piú antichi ed
eccentrici della Sardegna delle origini: la Carta in caratteri greci del secolo
XI, corredata di commenti analitici riguardanti tutti gli aspetti estrinseci
ed intrinseci del documento che siamo riusciti a interpretare. Una dove-
rosa espressione di gratitudine va rivolta agli amici Heinz Jürgen Wolf di
Bonn e Francesco Cesare Casula, che con massima cura hanno letto e
migliorato in non pochi punti una prima stesura di quest’articolo. Ad
Arrigo Castellani siamo debitori di qualche pulce nell’orecchio.
(8) Per il settore della paleografia cfr. Cau 2000; per la dialettologia e l’onomastica
cfr. Contini 1987, Paulis 1987, Blasco Ferrer 1988, Wolf 1988, 1990, 1998; per la
lingua dei testi medievali cfr. Paulis 1997.
(9) Nel volume, le edizioni interpretative di quasi tutte le carte finora recensite e
di piú schede di condaghes, statuti e della Carta de Logu, redatte entro il 1400,
verranno corredate di fotografie eseguite sulle pergamene o sui codici, d’una
sintesi di grammatica storica e d’un glossario etimologico completo.
(10) Sulla datazione e sulla lingua del Privilegio Logudorese, meglio descritto come
Carta Consolare pisana (Debenedetti 1925/26) o securitas del Giudice Mariano
de Lacon (Banti 1997, 107-108), non regna ancora unanimità d’opinioni. Per un
consuntivo critico delle posizioni difese cfr. Blasco Ferrer 2001. La Carta
Volgare campidanese del 1070-1080 (o meglio: 1066-1074), che contiene nume-
rosi privilegi, donati da Orzocco-Torchitorio – padre dell’autore della Cgr –
all’arcivescovado di Cagliari, è trasmessa da una copia quattrocentesca inserita
nel Liber Diversorum arcidiocesano.
3. Criteri d’edizione
4. Testo
fi ¿ ¿
1 HN <ν> µ<ινη> δε π τρη ετ φιλ[ιο ε] σσ ντω σσπ ριτο. Εγω, ä ›
å‡ ¿ fi
ο δ[ικι Σαλουση περ βολουντ] τε δε δ ννου ∆[εου ποτεστ]ανδω
¿
π ρτη δε
In <n>om<ini> de Patri et Fil[io e] sSanto Isspirito. Ego, jud[iki Salusi,
per bolunt]ate de donnu D[eu potest]ando parti de
¿ ¿ ›
2 Κ[ ραλης] Κ[ουν] Κα[µπι]δ[ νου δε Πλουµ νους, ισκρ ]σσι ιστα ›
e
καρτα πρ καωσα κη δ δητι π − € ¿
C[aralis] C[un] Ca[mpi]d[anu de Pluminus, iscri]ssi ista carta pro causa
ki dediti pa-
å‡ fi a ¿
3 τρε µιου ο δικι Τρογ[ο]τ ρη σ ντου Σατουρνη[.....]κη σα δοννικαλια
Ü
σο α δε Κλουσω κο[υ]ν σερβους σο ους, ‡
tre miu judiki Trog[o]tori a santu Saturni [.....] ki sa donnicalia sua de
Cluso c[u]n serbus suus,
› ‡ ¿
4 ε κουν α<ν>κ λας σο ας, α Φορ του Κορσου κ[ουν µουλ]ι ρε σο αµ, € Ü
› ‡ ›
ε κου[ν φ] λιους σο ους, σενε Σοφ α κη λασσ <ι> €
e cun a<n>kilas suas, a Foratu Corsu c[un mul]iere suam, e cu[n f]ilius
suus, sene Sofia ki lasse<i>
› e¿ › fi
5 λ βερα πρ νηµα δε φ λια µια δ ννα ’ λ νη, ε δο[λι ......]α τΤο[.....]ελο, ∂€
b € Ü b ›
α µουλι ρε σο α α φ λιους σο [ου]ς ‡
libera pro anima de filia mia donna Eleni, e do[li......] a tTo[.....]elo, e
a muliere sua e a filius su[u]s
b ¿ €
6 α σΣκ ρφαρου ε α µουλ ρη σο α ε α φ λι[α .....]αβ[.], ε δ λη βερβε− Ü › fi
¿ a
κ ριου τΤουρβην Κεκερ ος É €
e a sScarfaru e a muleri sua, e a fili[a.....]ab[.], e do-li berbecariu a
tTurbini Kekereos
b € Ü b ›
7 α µουλι ρε σο α α φ λιους σο ους, <α> Κοσταφ[ου] Κ[ ρσ]ω, ‡ b fi b
€ Ü b
α µ[ου]λι ρε σο α α φ λιους σο ους, ε α Γι νη › ‡ ¿
e a muliere sua e a filius suus, e <a> Costaf[u] C[ors]o, e a m[u]liere
sua e a filius suus, e a Giani
O
8 ’ ρκεσ fi b ¿ b ›
λλ τους δ φ λιους σο ους κ[η] φο ητι[ ...]λο, σο α λ βερα ‡ ‡ ‡ ›
‡
[δ]ε Μοντισο νου σουπ ρ Κλουκαβ α λα− € ›
Orkeso e llatus de filius suus k[i] fuiti [...]tlo, sua libera [d]e Montisunu
super Clucabia la-
9 τους a
ησα µ µα, ¿ b
α Φορ τα Κορσου, φ λια [δε] Κωσταντ νου ¿ › ›
fi b
Κ ρσου, Κοµητα Κ κκας, φ λιο δε fi ›
tus a isa mama, e a Forata Corsu, filia [de] Costantinu Corsu, e Comita
Concas, filio de
› fi
10 Κωσταντ νη Κ κκας. Ε δολη β νια ην Τ ρτριω ε [η]σα δοµ στι[α] δε ‹ € ›
¿ b ‡
Καν λε δ Το φου, ην παρτζ νε b fi
Costantini Concas. E do-li binia in Tertrio e [i]sa domisti[a] de Canale
de Tufu, e in partzone
¿ ô c ¿
11 κ ντου πω ν Σετζ λε ε ην Τ ρτριω, ε σ λτο δ κουα ε ττ ρα € ¿ b ô €
à fi ‹ ô a ô
ρατ ρια κ πο β ωα µ α ›
cantu apo in Setzale e in Tertrio, e salto ed acua e ttera aratoria ki apo
ab aba mia
fi › ¿
12 δ ννα Γεωργ α δε Σετζ λε κ[ ] π ρτ[ζ]ω κουν φρ τες µ ους, ησα ‹ ¿ ¿ › b
›
δοµεστ α δε Γρ[εγ ρη] δε κκουα Ò ¿
donna Jorgia de Setzale k[i] part[z]o cun frates mius, e isa domestia de
Gr[egori] de accua
fi ¿ ¿
13 τ ττα κ ντου πο, ε ησα δοµεστ α µ α δε Κ στρω δε Μουγ τη, › › ¿ € b
¿ b
πλ τζας δ δον<ν>ικ λου Π τρου € €
totta cantu apo, e isa domestia mia de Castro de Mugeti, e platzas de
don<n>ikelu Petru
‡ ô
14 κη σο ντου ντε κλ σια δε σ ντου Σατο ρνη, ‹ ¿
δοµεστ α δε ‡ b ›
¿ ‹
Κελλ ριους κ µι τραµουτ η, δ ργι − € b à fi
ki suntu ante clisia de santu Saturni, e domestia de Kellarius ki mi
tramutei, ed arjo-
‹ ‡ Ü fi
15 λας κ σο ντου σο πρα δ νν[ι]κ λια δ Κλο σω, ε παρτζ νες µ ας ¿ b ‡ fi ›
‹
κ παρτζω κουν Τζ ργης δ € b
las ki suntu supra donn[i]calia de Cluso, e partzones mias ki partzo cun
Tzergis de
¿ c ¿ b
16 Γουν λη ν Πλ ταγες ην Κο ρβας. È δ λλη σ µητα δε Καν λη δε Ü fi € ¿
›
Σ νναη κη φο η δ ου µ ου ‡ ’¿ €
Gunali in Platages e in Curbas. E do-lli semita de Canali de Sinnai ki
fui.d’au meu
å‡ ¿ b € ›
17 ο δικι Μαρι νη, δ ητ λλα φρ ττε µ ου [δ ννου] Γουν ρη τΤορ− ¿ € fi ¿ a
c b ‡
βεν δ Κο ρκας, ε σσε καστη<κατ> κο σ− Ü
judiki Mariani, e deiti-lla fratte meu [donnu] Gunari a tTorbeni de
Curcas, e sse casti<cat> cus-
€ ¿ ¿
18 α σ µητα δ βα πρ δη ε δαβα βου[ρ]δο ρη ε[.....]λλκ ρε, δαβα σ τη. ‡ € b ›
€ å‡
Ετ γω ο δικη
a semita daba pradi e daba bu[r]duri e [.....]llkere, e daba siti. Et ego judiki
19 Σαλο ση πρ ‡ eà ¿ b ¿
µ ντζα δ π τρε µ ου δ ηλλ[η βι]λλα δε Τουρβεν δε € € c
Ü
Κο ρκασο α Νηασ λη[ ε] σ µιτα € €
Salusi pro amantza de patre meu dei-ll[i bi]lla de Turbeni de Curcaso
a Niaseli [e] semita
› › ‡ €
20 µ α δε Τηρ α κη φο ητι δ ρεν<ν>ου δε αρµενταρι[ου], εδ πασ νδε à ›
fi ¿
πρ δε σ ντου Σατο ρνου κ νδ ‡ b fi
mia de Tiria ki fuiti de ren<n>u de armentari[u], ed apa.si-nde prode
santu Saturnu e co-nde
€ ‹ b ›
21 µανδετ κουν παν λιου δ Σ νναη κουν [σερβ] τζιου, ε σσ αντα ην › ›
¿
µ νουσ δ δ ννου b fi
mandete cun paniliu de Sinnai cun [serb]itziu, e ssianta in manus de
donnu
€ › › ›
22 ∆ ου, ε σ ατ λλης δουλ ας ο δικη, ε σιαντα ην [µ ν]ους δ å‡ ¿ b
‹ €
<π>ρεσβ τερε κι αετ σερε. Ε νπερ[α]τ ρ[η] κη λ’α− ä fi
Deu, e siat illis dulias judiki, e sianta in [man]us de <p>resbitere ki aet
esere. E inper[a]tor[i] ki l’a-
¿ õ ¿
23 τη καστικ ρη στα δελεγ ντζια φαγερε κ ντου ν ρατ στα κ ρτα, b ¿ ¿ õ ¿
›
σ ατ βενεδ ττου ›
ti casticari ista delegantzia e fagere cantu narat ista carta, siat benedittu
¿ € b ¿
24 δ βα ∆ ους δαβα σσ ντα Μαρ α, ε δαβ[α σσ ντ]ου [Σα]τουρνου. › ¿
b fi
Εδ σ τεστιµ νιους δον<ν>ικ λου Μαρι νη, € ¿
daba Deus e daba ssanta Maria, e dab[a ssan]tu [Sa]turnu. Ed es.testi-
monius don<n>ikelu Mariani,
€ O fi
25 δον<ν>ικ λου ’ ρτζ κορ, δον<ν>ικ λου Τζ ργης λ κουσαλ[βα]τ ρη, € € fi fi
€ a
δον<ν>ικ λου Κοµητ , δον[η]κι Γουν ρη, δο− ¿
don<n>ikelu Ortzocor, don<n>ikelu Tzergis locusal[ba]tori, don<n>
ikelu Comita, don[i]ki Gunari, do-
€ €
26 ν<ν>ικ λου Π τρου, δον<ν>ικελου Τουρβενω, δον<ν>ικ λου Μαρι νη, € ¿
€
δον<ν>ικ λου Τρογοτ ρη. È κ λ’ατ α νβ ρτερε fi ‹ ä €
n<n>ikelu Petru, don<n>ikelu Turbeno, don<n>ikelu Mariani, don<n>
ikelu Trogotori. E ki l’at a inbertere
27 ¿πατα àν¿θε α àβα Π¿τρη bδ Φ›λιου
Ì ‹
ε σΣπ ριτου σ ντου ¿ b δε
σ¿ντα Μ¿ρ›α b δb δÒδεκη α−
apata anatema aba Patri ed Filiu e sSpiritu santu e de santa Maria e
de dodeki a-
fi
28 π στολους b €
16 προφ τας, 24 σενιο ρες, 3[18] σ ντο[υς] π τρες, ε ‡ ¿ ¿
fi
σσ ρτη κουν Ιο δα τραδιτ ρη. ‡ fi
postolus e 16 profetas, 24 seniures, 3[18] sant[us] patres, e ssorti cun
Iuda traditori.
› › ò ò ¿
29 Φ ατ, Φ ατ, Αµεν. Ε φ τζαντα µ σσας σο ας πρ νηµα δ π τρη µ ου › Ü e¿ b ¿ €
Fiat, Fiat, Amen. E fatzanta missas suas pro anima de patri meu
å‡ fi ¿
30 ο δικη Ορτζ κορ α σσ ντου Σατο ρνου ην [ησας] διες δε αγο στου ‡ ‡
¿
κ ντου φο τι µ ρτου, ‡ να− fi ba
judiki Ortzocor a ssantu Saturnu in [isas] dies de agustu cantu futi
mortu, e a na-
¿ b ¿
31 τ λε δ σ ντου Σατο ρνου, ‡ ba
ννατ λε ∆οµηνου, [ε α] σσ β[α]το δε ¿ ¿
¿
καρρισεκ[ ρη ε α] λλουνις δ − b
tale de santu Saturnu, e a nnatale Dominu, [e a] ssab[a]to de carri-
sec[ari e a] llunis de-
¿ Ö b
32 πους Π σχα πιτζ ν<ν>α δε τ ττα [η]σ ττερα κ ωσα ε [φ] τζαντ fi ’¿ ¿ ¿
ÛÂÚ‚›Ù˙ÈÔ [α]ÓÙÂ ‰b ¢[ ου]ς προ σσ δε− € b €
pus Pasca pitzin<n>a e de totta [i]s’attera causa e [f]atzant serbitzio
[a]nte de D[eu]s e pro ssed-
¿ ‹
33 η σ ντα δε κλ σια. Αµην, γενοιττο, γ νοιτο. €
i santa de clisia. Amen, genoitto, genoito.
Apparato
1 Croce greca in avvio di protocollo.
L. integra n dopo l’I iniziale nel testo in caratteri latini, ma il maiu-
scolo greco indica piuttosto che l’omissione è della n iniziale della parola
seguente.
¿
σσ ντω] λσσ ντω ¿
W., M., L. ησπιριτο, benché si legga chiaramente il doppio sigma.
Il testo tra parentesi quadre è stato integrato sulla base dei dati sto-
rici del documento e del formulario stereotipato dei diplomi coevi. Lo
strappo della pergamena si prolunga fino a metà del gerundio potest]ándo,
ma nel facsimile approntato da Wescher e riprodotto dal Monaci si legge
tutta la forma verbale, a nostro avviso ricostruita piuttosto che effettiva-
mente letta (difficile immaginare che la lacerazione si sia allargata in cosí
breve tempo).
-ατε] Nel facsimile di W., dopo la lunga macchia, si legge -ατη, ma
l’ultima lettera è chiaramente -ε.
¿
π ρτη] Una macchia copre l’α. W., e sulla sua scia tutti gli editori,
fi
stampano π ρτη, sospettando che si tratti d’errore di lettura, ma tale non
è, o almeno non è certo.
€ ›
3 W., M., L. leggono µ ου, sebbene il tracciato dell’ι sia chiaro (e cfr. µ α
a r.11).
κη σα] W. legge ησα, M. e L. leggono χη σα, ma è chiaramente un
κ dalle gambe abbassate, come nel rigo di sopra.
¿ ¿
δοννικ λια] δοννακ λια, per evidente contaminazione paretimolo-
gica con δοννα da parte d’un copista che non conosceva la lingua.
› ›
4 ανκ λας] ακ λασ: W., M., L. non integrano ciò che è un’evidente omis-
sione dello scioglimento d’un titulus.
Ü
σο αµ] W., M., L. omettono µ, anche se è ben visibile.
›
φ λιους] W. legge ancora il phi.
€
λασσ ι] L’integrazione è richiesta dalla morfologia della prima
persona singolare del perfetto nei documenti coevi (cfr. § 9.3.7.).
›
5 Dopo λ βερα segue in interlinea un segno che sembrerebbe un omicron
sormontato da un ipsilon.
ελο] W., M., L. βελο senza commento. S’intravvede una lettera, ma è
impossibile identificarla con la lampada a quarzo. Dopo l’o finale c’è
nell’interlinea l’abbozzo d’una nuova sequenza interrotta di lettere.
¿
6 σΣκ ρφαρου] W. confonde il rho in sospensione con un accento.
µουλερη] W. trascrive erroneamente µουλιερε, mentre M., L. corret-
tamente mantengono l’eta finale, ma integrano uno iota nel nesso -λιε-,
non necessario, dato l’esito campidanese ereditario [mul`lεri].
›
L’integrazione [σουους] di W., M., L dopo φ λι[α] (non -us, come
lesse W.) non pare giustificata, né dal troppo breve spazio occupato dalla
macchia che copre la sequenza mancante, né dal segmento finale residuo
-αu, ben leggibile, tralasciato dagli editori (ma nel facsimile si scorge la
sequenza γβ).
‡
8 Μοντισο νου] Sconcertante la lezione [λ]εβοντι ουνου, accolta da
W., M., L.; il nome di luogo, perfettamente leggibile, si può connettere
senza grandi difficoltà coi toponimi del tipo Suni, -e, diffusi in tutta l’isola.
›
Κλουκαβ α] κλουκα βια, con separazione mantenuta senza ragione
da W., M., L.
›
9 Κορσου] Κοροσου, prima di φ λια, con o ripetuta per distrazione nella
seconda sillaba.
fi
10 La -ε di παρτζ νε è in interlinea.
ô
11 La lezione ωα è inconfutabile, l’ω ha lo stesso tracciato che esibisce
in απω, e chiude le due pance tonde con la legatura centrale. W., M. e L.
hanno scambiato ω con π, generando peraltro un esito difficilmente giu-
stificabile sul piano evolutivo; si tratta ovviamente di lat. (volgare e medie-
vale) AUA per AUIA (Ernout/Meillet 1985, 62 e DES I 156 con ulteriori
esempi campidanesi antichi di ava), che nella veste scritta avrà guidato il
nostro copista-traduttore a utilizzare un simbolo grafico idoneo a rappre-
sentare la semiconsonante postnucleare originaria.
¿
12 π ρτζο] ζ coperto da macchia (ma nel facsimile di W. e di Monaci la
lettera appare leggibile).
Ò
Γρεγ ρη] L’integrazione è resa possibile perché una basilica di S. Gre-
gorio appartenente ai Vittorini si trova nei territori elencati nella Carta.
fi
17 δ ννου] Il guasto non compare nei facsimili di Wescher e Monaci.
¿
Integriamo κ στηκατ congetturando una banale aplografia dei
segmenti [ka...ka-ku] > [ka...ku] (la -t non si pronuncia innanzi conso-
nante), restauro piú verosimile della ricostruzione proposta da W., M. e L.
καστικου, senza possibile interpretazione morfologica dell’uscita e impe-
netrabile sul piano semantico.
€
18 α σ µητα] W., M. e L. non scorgono il sigma legato a ε, preceduto da
un altro simbolo che secondo noi è un alpha mal eseguito.
¿
πρ δη] L’esecuzione del delta pare essere stata condotta in due
tempi, sicché il legamento con l’eta è mal riuscito, e il grafema si può
confondere con un sigma.
‡
βουρδο ρη] L’integrazione di ρ, caduto per guasto nel segmento
aggiunto in interlinea, dà significato compiuto a una parola finora non
compresa: burduri sarebbe, come burdúmini, un derivato nominale col
significato di ‘rami inutili, secchi delle piante’ (Casciu 1999, 90); il signifi-
cato del contesto acquista cosí chiarezza: le terre da coltivare (sémita)
devono essere ben sorvegliate e curate (cástigat), affinché non vi crescano
delle erbe (pradi) o arbusti secchi (burduri), né soffrano la siccità (siti).
€
α Νηασ λη ε] L’emendatio è ardua, ma il verbo al plurale che segue
nel r. 20 suggerisce d’integrare una congiunzione coordinativa nella
lacuna, e di conseguenza d’interpretare il segmento che la precede come
il toponimo attinente al podere di Turbeni menzionato prima.
¿
20 σ ντου] omicron-ipsilon in interlinea.
fi fi
κ νδε] κ νδο per mero lapsus calami; l’emendamento è sorretto
da numerose combinazioni di clitico dopo congiunzione o preposizione
(kene-nde e lo stesso co-nde).
€ €
21 µανδετ ] µανδεστ , con accento che sormonta quasi letteralmente
l’ultima vocale. Emendamento giustificato dalla morfologia del presente
del verbo mandari alla 3. persona.
‹ ‹
παν λιου] W. legge παρ λιου.
¿
23 δελεγ ντζια] δελεγαντζια σιατα βενεδιττ. Le ultime due parole can-
cellate con due tratti orizzontali.
καντου] omicron-ipsilon scritto nel soprarrigo.
βενεδιττου] Con secondo nesso omicron-ipsilon che sormonta l’ι.
fi fi
28 τραδιτ ρη] τραγιτ ρη, per lapsus, se non si tratta, nell’originale, di
scambio della fricativa dentale con la velare, fenomeno frequente in sardo.
¿
30 σσ ντου] omicron-ipsilon soprascritto in corpo piú grande.
‡
αγο στου] omicron-ipsilon soprascritto in corpo piú grande.
¿
κ ντου] omicron-ipsilon soprascritto.
fi
µ ρτου] omicron-ipsilon soprascrito.
¿
32 ησ’ ττερα] L’integrazione di η è del Wescher, e trova supporto
nell’ησα di r.13.
¿
κ ωσα] Con omega leggibile con la lampada a quarzo, ma non si
scorge neanche a occhio nudo il rho disegnato nei facsimili (e W. trascrive
καροσα, che non dà senso).
¿
φ τζαντ] L’integrazione della lacuna meccanica è garantita dal senso;
W., M. e L. lasciano inspiegabilmente l’atzant del manoscritto, che resta
impenetrabile.
› b € › b
σερβ τζιο αντε δ ∆ ους] ντε σερβ τζιο δ ∆ς: emendiamo una chiara
svista del copista, il quale ha spostato αντε (con ε soprascritto) prima di
serbitziu, togliendo ogni senso al sintagma preposizionale, che è il sardo
ant. ante de, innanti de, mod. innantis de ‘innanzi a, davanti a (Dio)’.
5. Commento storico
(11) Schultz-Gora 1894, 148 riporta una serie di documenti, databili tra il 1089 e il
1103, in cui ricorrono quasi tutti i testimoni menzionati della Cgr.
(12) Cfr. Boscolo 1958, 36 e Motzo 1987, 161-162, Anatra 1997, 26-28.
(13) Il documento in questione è riprodotto da Guérard 1857 II, n. 1006 e da Tola
1861 I, 161, da cui noi lo trascriviamo (in corsivo gli emendamenti): «In nomine
Domini. Notum sit omnibus fidelibus de gremio sanctae matris Ecclesiae. Ego
Constantinus gratia Dei rex et iudex Calaritanus ob remedium animae meae, et
parentum meorum, et filiorum meorum, dono, concedo Domino Deo, et sancto
Victori martyri, et domno Richardo, et monacis eius in monasterio Massiliensi,
tam praesentibus quam futuris, ecclesiam sancti Saturnini cum suis appenditiis,
in potestate et dominio, ut monasterium ibi secundum Deum construant, et
habitantes secundum regulam sancti Benedicti vivant, et morentur, bonos
ad honorem Dei congregent, malos vero disperdant, et eradicent. Dono igitur
stratificazione che ci concerne, come segue (Brook et al. 1984, 78, tav. III,
con l’emendamento discusso alla nota 16):
Mariano-Salusio I ~ Jorgia di Setzale
(ante 1058)
Orzocco-Torchitorio I ~ Vera
(-1058-1081)
Costantino-Salusio II ~ Jorgia di Lacon-Gunali
(-1081-1103-).
19 Salusi: è il nome dinastico di Costantino, autore del diploma. Nelle
fonti tardolatine, segnatamente africane, si trovano i gentilizi Salutius e
Salusi, Salusis, con la riduzione tipica africana -IUS > -IS, già evidenziata
con copia di materiale onomastico da Gian Domenico Serra (1952, 418;
Blasco Ferrer 1992, 48).
Niáseli o Neáseli: corrisponderebbe, secondo noi, al microtoponimo
alto-ogliastrino Nésili (cfr. carta dell’Istituto Geografico Militare IV, 219 e
Loddo 1998, 328 e 336 per i microtoponimi attuali di Nésili e Curcuzza,
quest’ultimo noto anche come Silimba de Carcas o Carcassa, tra l’agro di
Locèri e Ilbòno; inoltre Paulis 1987, 439), compreso nel territorio di
Ilbono. È bene rammentare a questo proposito che la giurisdizione dei
Giudici cagliaritani s’estendeva fino all’estremo nordorientale dell’Oglia-
stra, abbracciando i territori piú settentrionali di Urzulei e Villagrande
Strisáili (Casula 1984, 1036 per i comuni della curatoria dell’Ogliastra, e
già Sella 1945, num. 668, 2162, 2206). In territorio di Ilbono compaiono
significativamente i microtoponimi Carcasso (= Curcaso?) e Tiriargiu, deri-
vato di Tiria, che è anche appellativo comune per la ‘ginestra spinosa’ (cfr.
Paulis 1992, 297-300 per [ti`ria] ‘piante spinose, con fiore papilionato’).
22 Curcaso: si tratterà, secondo noi, di mera variante del precedente-
mente menzionato Curcas (r.17), toponimo di vasta diffusione nel Logu-
doro e nel Campidano (Wolf 1988, 35, note 523 e 527, con ingiustificata
discriminazione dei due allomorfi, che nel nostro testo compaiono con
riferimento alla stessa persona).
30 Ortzocor: nome personale del padre di Salusio, Ortzoc(c)or-Trogo-
tori (o: Orzocco-Torchitorio), autore della prima carta scritta in sardo
campidanese (ca. 1066-1074), conservata in copia quattrocentesca nell’
Archivio Arcivescovile di Cagliari.
6. Commento codicologico
La pergamena si trova, com’è stato anticipato, nel fondo manoscritti
di Saint-Victor 1, serie H 88, numero 427 degli archivi dipartimentali di
7. Commento diplomatistico
Il diploma di Marsiglia rispetta nel complesso i caratteri intrinseci dei
documenti solenni emanati dalle cancellerie giudicali sarde, ma denuncia
nell’ordinamento delle parti una vistosa anomalia che costituisce, secondo
noi, una prima spia sicura della sua gestazione come copia(18).
(1) Il protocollo è avviato dall’invocatio, corrispondente in toto a quella
comunemente adoperata nei documenti greci della Sicilia bizantina(19).
(2) L’intitulatio ricalca interamente la formula di legittima autorità del
Giudice che si ripete in quasi tutte le carte volgari dei secoli XI-XIII e
che riproduce lo schema codificato degli ultimi sigilli d’età bizantina,
ô
quando il potere militare e politico passò dall’ ρχων che regnava su una
€
regione o µ ρος al iudex che governava una parte, o nella fattispecie uno
dei quattro Giudicati sardi(20). In effetti, l’espressione (r.1): (Ego) judiki
Salusi (, per boluntati de donnu deu,) potestando parte de Caralis, trova
fedele riscontro nelle leggende impresse sul rovescio delle bolle plumbee
ritrovate in Sardegna o negli archivi continentali (anche nell’archivio mar-
sigliese, che ne serba un esemplare del sec. XI), le quali recano il testo:
CΑ/ΛΟΥCΙΩ / ΑΡΞΟΝΤΙ / MEPEI[AC] ΚΑ/ΡΑΛΕΟC.
(3) Anche nella dispositio il nostro diploma si allinea perfettamente
con gli schemi prestabiliti dalle cancellerie giudicali nell’esposizione dei
cespiti donati, con la specificazione dei confini o col riferimento ai topo-
8. Commento paleografico
Le poche note paleografiche che seguono si basano sulle corrispon-
denze grafiche segnalate nei manuali di paleografia greca(24), nonché sulla
succinta descrizione fornita nel 1874 dal Wescher. Forniscono infine un
utile sussidio le fonti documentarie italiane meridionali coeve.
La scrittura è in inchiostro marrone scuro, evanida in piú punti per
trattenimento d’umidità, ma ravvivata dall’impiego della lampada Wood,
e corre parallela al lato minore della pergamena. Lo specchio di scrittura
è delimitato con rigatura a secco.
In generale, la mano che ha vergato la carta mostra un ductus abba-
stanza accurato, ma veloce e disomogeneo nel modulo e nell’andamento
di piú lettere e nessi, forse a causa di condizioni di fretta e d’attenzione
variabile nell’esecuzione. Soprattutto l’incostanza degli accenti e degli spi-
riti, in particolare la loro scorretta collocazione in sillabe successive a
quelle cui essi corrisponderebbero, tradiscono certamente una certa fret-
tolosità nella stesura, ma anche una scarsa dimestichezza con la lingua del
modello. Un ulteriore elemento perentorio dell’alterità del codice lingui-
stico da cui si copiava emerge dalla sorprendente accentazione doppia di
voci che lo scriba considerava composti o univerbati o persino unità auto-
nome rese nell’antigrafo in scriptio continua.
(23) Già Bresslau in modo apodittico avverte che la noticia testium sta tra la sanctio
e la corroboratio o precede comunque l’escatocollo (1998, 857).
(24) Cfr. Montfaucon [1708] 1970, Schubart [1925] 1966, Mioni 1973, Massa P. 1974,
Thompson 1977, O’Callagahan 1988, Brown 1990, Stiennon 1991.
(25) Si veda la sigla ανοu sul margine sinistro del recto, all’altezza del r.13 nel
facsimile pubblicato da Parlangèli 1960, 127, tav. I e 101 nota.
(26) Cfr. Schubart 1966, 125; Bischoff 1992, 92, 99 e 102-103.
9. Commento linguistico
9.1 Criteri di traslitterazione
Riassumiamo in questo punto i criteri seguiti per accertare il valore
attribuito ai segni alfabetici greci in rapporto ai suoni del volgare sardo.
Il quadro di correlazioni piú coincidente è quello offerto dalle scriptae
italiane meridionali in caratteri greci dei secoli XI-XV(27).
Le corrispondenze che è dato considerare sicure sono: α = a, ε = e,
ι = i, δ = d, θ = t, λ = l, µ = m, ν = n, π = p, ρ = r, τ = t, φ = f, χ = c.
Per gli altri segni si rende necessaria una trattazione particolareg-
giata, ridotta qui all’essenziale.
9.1.1. Nel nostro testo η, υ e ει equivalgono ad [i], corrispondenza
¿ ›
evidenziata da frequenti scambi con ι: νηµα 5, σ τη [`siti] 18, Κοµητ a
‹ å‡ å‡ fi
Comita 25; κ 2 = κι 22, ο δικη 18 = ο δικι 3, δ λη 10 = δ λι 6, σ µητα fi €
16.
9.1.2. In posizione finale ο ed ω possono scambiarsi col valore univoco di
ô ô fi
[o]: πο 11 = πω 11. Sicuramente vale -[u] l’ω finale di Κ ρσω 7 = CORSU.
9.1.3. Soltanto in posizione postnucleare di dittongo ω serve a rendere [w]
ô
in καωσα 2, lat. CAUSA e ωα 11, lat. volg. AUA per AUIA.
9.1.4. Il digramma ου rende [u], come nei testi meridionali: δοννου
€
[`donnu] 1, κουν [kun], µουλ ρι [mul`(l)εri] 6.
9.1.5. Rendiamo costantemente β con b, fonema succedaneo in sardo
¿
di lat. B e U(V) in ogni posizione: βερβεκ ριου 6, derivato da lat. volg.
›
BERBEX per VERVEX, β νια 10, lat. VINEA (> sd.mer. [`bindza]), λ βερα 8, ›
¿ É
δ βα 18 DE AB, Τουρβην 6 o Τουρβενω 26 Turbeno.
(27) Cfr. Compagna/Vàrvaro 1983; Compagna 1983; Parlangèli 1960; Pagliaro 1961;
Distilo 1982/87, 1990, 1992, 1993, 1996. Per un utile corpus di strutture greche
dell’Italia meridionale relativo alle fonti documentarie dei secoli X-XIV si veda
Caracausi 1990.
9.2 Fonetica
9.2.1. Nel vocalismo tonico gli esiti sono quelli che ci aspetteremmo per
evoluzione ereditaria: î > [i] in: ankila ANCîLLA 4, missas MîSSAS 29;
û > [u] in: cun CûM 4 e passim, sunt(u) SûNT 15, supra 15.
9.3 Morfologia
9.3.1. Il nome conserva la -S nel nominativo Deus 24,32, cui s’oppone
l’obliquo Deu DEUM 1, 22; il neutro LATUS ha dato regolarmente latus 8,
9, mentre occorrerà postulare SîTIM, e non il nominativo SîTIS (Wagner
1938/39, § 2) per l’attestato siti 18, a dispetto dei relitti di [`sitis] nel logu-
dorese centrale. Forse, piuttosto che pensare, com’è stato accennato da
alcuni studiosi (Seidl 1995, 51 e Lupinu 2000, 66), ad una spia indiretta
d’una flessione a due casi precocemente dileguatasi, si tratterà d’un’ulte-
riore conferma d’una biforcazione ab antiquo fra una norma piú arcaica
con nominativo mantenuto per analogia con i neutri (SANGUEN e l’analo-
gico *FAMEN, nonché la classe in -US) e una seriore con l’accusativo
(SITIM). Sono vocativi comuni, con -E > [i], Saturni 3 (contro -u 20) e Cos-
tantini 10. Da notare il genere femminile di DIE > pl. dies 30, come nella
maggioranza dei dialetti odierni (sa die ‘il giorno’). Per il plurale, infine,
l’uscita regolare è in -us per i nomi con base -OS, serbus 3, filius 4, ma
anche per manus 21, dopo il metaplasmo attestato MANüS > MANöS
(Rönsch 1965, 260-261), da cui discende regolarmente il log. [`manos].
9.3.7. Per il verbo, oltre all’infinito ésere 22, si hanno le forme sintetiche
seguenti, qui elencate per tempi:
9.4 Sintassi
9.4.3. Abbiamo relegato all’ultimo punto della sintassi una struttura del
testo che merita particolare attenzione, perché è stata completamente
fraintesa sin dalla prima edizione dello stesso. Si tratta del passo relativo
alla cessione all’abbazia di Saint-Victor, con le terre e i beni, dei (líberus
de) paniliu o ‘semiliberi’ con le prestazioni (serbitziu) o munia che dove-
vano assolvere per la chiesa, passo che appare completato dalla tripla spe-
cificazione d’afferenza spirituale, giuridica e amministrativa: e sianta in
manus de donnu Deu, e siat illis dulias judiki, e sianta in manus de pres-
bitere ki aet esere (21-22). Ora, gli esegeti del brano qui riportato sono
stati fuorviati dalla voce dulía, che hanno messo in relazione con la sede
vescovile di Dolia, a pochi km. da Cagliari (cfr. emblematicamente Bos-
colo 1958, 35). In realtà, è chiaro sin dalla scoperta della prima Carta vol-
gare dell’Archivio Arcivescovile risalente agli anni 1066-1074, dove il Giu-
dice Torchitorio cede all’arcivescovo di Cagliari i líberus de paniliu, che
questa categoria di semiliberi restava legata giuridicamente al Giudice, al
quale doveva prestare regolarmente lavori di tipo colonico e di artigia-
nato, mentre al prelate cagliaritano spettava il diritto di sfruttamento per
non piú di tre giorni alla settimana (cfr. Besta 1908 II, 52-53 per un’am-
pia e lucida esposizione della semantica del lessema paniliu). Diventa
ovvio, allora, che nel contesto della Cgr or ora esaminato il sintagma
dulias júdiki, all’interno del comune modulo attributivo latino di possesso
(MIHI EST + SN), espliciti semplicemente la salda appartenenza dei (líbe-
rus de) paniliu alla giurisdizione del Giudice, col ricorso eccezionale – e
per noi rilevantissimo per le deduzioni che ne conseguono – a un termine
›
squisitamente greco, δουλ(ε) α, inserito in un costrutto che è altresí tipo-
logicamente «non romanzo», col genitivo specificante che precede il
sostantivo specificato: e siat illis dulías júdiki = ‘abbia giurisdizione su di
loro il Giudice’, o: ‘siano soggetti alla dipendenza giudicale’. È giocoforza
concludere, tutto sommato, che il dulia(s) della Cgr è un traducente
immesso dal copista, il quale ha preferito il termine e lo schema greci ai
corrispondenti latini (IUDICIS GUBERNATIO/ADMINISTRATIO/SUBIECTIO) o
9.5 Lessico
Diamo a continuazione in brevi schede i significati delle voci piú rile-
vanti, ordinate alfabeticamente.
amantza 19: derivato nominale; la forma indigena è amore (Wagner
1952, 117 per il suffisso -antza).
ankila 4: ‘serva’, da lat. ANCïLLA per evoluzione regolare (leggasi [ll]).
aratoria (tera) 11: ‘coltivabile, da lavoro’, lat. AR{TöRIA.
armentariu (de ren(n)u) 20: ‘funzionario della corte del Giudice pre-
posto all’amministrazione dei beni dell’erario per una determinata curato-
ria con incarichi di presidenza della corona de logu o collegio giurisdizio-
nale del Giudicato’. Da lat. ARMENT{RIUS ‘dell’armento’ (scil. ‘pastore,
custode’), per evoluzione regolare.
berbecariu 6: derivato nominale di UERUEX, lat. BERBEX (se non già da
un VERBECARIUS, registrato nelle Glosse di Reichenau, donde poi fr.
berger), ‘ufficiale preposto alla cura delle greggi di proprietà del Giudice’.
billa 19: ‘villaggio, paese’, da lat. UïLLA per evoluzione regolare
(sd.mod. [`biÙÙa]).
burduri 18: ‘rami secchi, terreno non coltivato con arbusti’, nominale
derivato da BURDUS (REW 1405; DES I, 242) piú il suffisso -URA.
carrisecari 31: corrisponde a log.ant. carrasecare, negli Statuti di
Sassari del 1316 (I, 113-114 ed. Guarnerio) e al [karrase`kare] dei dialetti
centrali, ‘carnevale’ (CARNE > [`karre] + SEC{RE ‘tagliare’).
cásticat 17, -ari 23: da CASTIG{RE, con -C- ipercorretta, verbo dotato
del significato ‘custodire, controllare’, ben documentato nei testi sardi piú
antichi.
causa 2, 32: ‘proprietà, patrimonio’, lat. CAUSA (in sd. AU > [a]).
delegantzia 23: formazione deverbale col suffisso -antzia, che mostra
uno sviluppo semidotto (l’esito ereditario sarebbe log. -[`anθa], camp. -
[`antsa]); la voce è un sinonimo del piú comune arminantzia ‘privilegio,
concessione’.
(28) A. Marongiu (1975, 28) ricorda l’espressione comune dei diplomi greci e bizan-
tini, con la quale si caratterizzava la posizione d’un gran numero di lavoratori
fâ € d ‡
delle terre: µεταξ λευθ ρων κα δο λων.
domestia (-í-) 10,12,14: ‘centro fondiario piú piccolo della domu, for-
mato da appezzamenti appartenenti di regola a diversi padroni di terre
adibite a colture di vario tipo, soprattutto di cereali, con una casa colonica
al centro’. Da lat. DOMêSTîCA > [do`mestika] > [do`mestiya] > [do`mestja].
don(n)ikel(l)u 13, 25: derivato di donnu piú il suffisso diminutivo -
îCêLLUS; denotava ‘i figli e i fratelli del Giudice’.
donnicalia 3, 15: ‘complesso di case rurali e terre adiacenti alle ville
che appartenevano al Giudice e alla sua famiglia’. Da lat. med. DOMNî-
CALIA, che è derivato di DOMîNICUS, -{LIS ‘padronale, signorile’, continuato
oggi nei toponimi denominati Donigala (Pittau 1997, 69).
donnu 1, donna 5: titolo spettante al Giudice e alla sua consorte, piú
tardi esteso anche ai prelati maggiori. Da lat. tardo DôMNUS per DôMîNUS
(Woll 1993), con regolare assimilazione di -MN- > [nn].
inperatori 22: indica il dominus o colui che in virtú del concesso pri-
vilegio s’assumeva l’onere di tutelare le terre donate o legate da possibili
usurpatori (cfr. Besta 1908 II, 16, con riferimento alla Cgr).
inbértere 26: ‘contravvenire, allontanarsi dalle disposizioni’, da lat.
DëUêRTêRE, con commistione del prefisso IN-, raro rispetto a EX- (isbér-
tere), se non si tratta di corruttela.
locusalbatori 25: corrisponde ai lociservatores d’età giustinianea o ai
d
τοποτερετα bizantini, operanti all’epoca di Gregorio Magno con compiti
di amministrazione civile d’un distretto.
natale 30: ‘festa, ricorrenza’, da NAT{LIS.
ô
Vi si aggiunga, infine, la già discussa e strana forma ωα 11, che
ricalca necessariamente un aua dell’originale, prescindendo dalla pronun-
cia effettiva [`aβa], già protoromanza.
È lecito concludere, alla luce di questi dati, che la Cgr rimasta in
possesso dell’archivio marsigliese è una copia del diploma emanato da
11. Conclusioni
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Introducción
(*) Texte de la version longue d’une conférence prononcée en séance plénière, lors
du XXIIIe Congrès de la Société de Linguistique Romane à Salamanque.
La gramática histórica
El análisis de contrastes
El movimiento del “análisis contrastivo” de los años 60 y 70 produjo
varios estudios comparativos de las gramáticas del inglés y algunas
lenguas romances, donde a veces estaban incluídas comparaciones de los
sistemas fonéticos. Stockwell, Bowen, y Martin (1965) propusieron una
jerarquía de dificultades explícita que pretendía caracterizar la adquisición
del español por estudiantes angloparlantes, y sugerieron una tipología de
errores. Terrell y Salgués (1979) dan breves comparaciones de los sistemas
sintácticos y fonéticos del inglés y el español; Slick (1985) ofrece una
comparación más extensa, sin orientación teórica alguna, mientras que
Whitley (1986) se concentraba en un número reducido de estructuras, con
mayor profundidad. Bull (1965) estudiaba contrastes fonéticos y grama-
ticales, y sobre todo en este último renglón sus planteamientos casi
matemáticas siguen atrayendo discípulos nuevos, aun cuando los trabajos
sean presentados en una nomenclatura más moderna. Las ideas de Bull
sobre los matices semánticos de las distinciones pretérito-imperfecto, indi-
cativo-subjuntivo y ser-estar dieron lugar a unos debates enérgicos muchos
de los cuales se llevaban a cabo en las páginas de la revista Hispania,
órgano oficial de la asociación americana de profesores de español y por-
tugués, mientras que los afiches dibujados que acompañaban a los libros
de texto de Bull y que ejemplifican los principales contrastes gramaticales
del español han alcanzado el estatus de obras clásicas, que reemergen en
aulas de lengua a lo largo de los Estados Unidos. Además de los estudios
del español, podemos citar los libros de Agard y Di Pietro (1965, 1973)
que comparan las estructuras del italiano y el inglés, así como unos libros
de menor trascendencia que colocan frente a frente al inglés y el francés.
En años posteriores el análisis de contrastes – sobre todo en la dimensión
sintáctica – ha sido desfavorecido, ya que la investigación de la adquisi-
ción de una segunda lengua revela pocos puntos de trasferencia a partir
de la lengua nativa, sino que sugiere una tipología de errores basada en
estrategias generales de aprendizaje y universales cognositivos. En la foné-
tica, es más evidente la influencia de la lengua nativa, pero no requiere
una teoría jerarquizada de contrastes para predecir los puntos de interfe-
del norte del Uruguay ha sido investigado por Hensey (1972). Todavía
hacen falta trabajos sistemáticos sobre el impacto del idioma nahuatl y las
lenguas mesoamericanas sobre el español, aunque existen numerosos artí-
culos. En el Caribe, Alvarez Nazario (1974, 1977) estudiaba los aportes
indígenas y africanos al español de Puerto Rico.
Las lenguas de imigrantes voluntarios e involuntarios (esclavos) tuvie-
ron un impacto significativo sobre varios dialectos hispanoamericanos.
Varela (1980) ha estudiado el impacto de la población china sobre el
español cubano (véase también Lipski 1998, 1999). El aporte africano
al español de América figura en numerosos artículos, así como en los
libros de Alvarez Nazario (1961), Megenney (1990), Lipski (1990), Ortiz
López (1997), y Schwegler (1998). Abundan los estudios de la variación
léxica hispanoamericana, pero sobresalen las obras de Kany (1945, 1960a,
1960b) por ser las más completas, aunque basadas enteramente en fuentes
literarias.
Podemos resumir las contribuciones estadounidenses a la dialecto-
logía hispanoamericana bajo la categoría de contacto de lenguas y fenó-
menos sociolingüísticos, aunque también existen otras áreas de estudio. Un
grupo de investigadores (Megenney, Schwegler, Ortiz López, Alvarez
Nazario y yo) ha llevado a cabo profundos estudios sobre las raíces afri-
canas del español americano, la existencia previa y actual de lenguas criol-
las de base afro-ibérica, y los restos de lenguaje afrohispánico a través de
la América Latina. Otros estudiosos han enfocado los contactos de lengua
en la zona andina y en México, y la distribución sociolingüística de
variables fonéticos y sintácticos en Puerto Rico.
ran con cierta frecuencia trabajos dedicados a las lenguas romances. Las
actas, que se publican anualmente (a veces en dos tomos, cuando hay una
‘parasesión’ dedicada a un tema específico) han contenido varios trabajos
teóricos sobre la colocación del acento en español, la fonología teórica del
francés, y varias investigaciones sintácticas sobre el español y el francés.
De igual índole son las conferencias de lingüística teórica West Coast
Conference on Formal Linguistics (WCCFL), Western Conference on Lin-
guistics (WECOL), Eastern States Conference on Linguistics (ESCOL), y
Formal Linguistics in Mid-America (FLMA); todas son eventos anuales, y
todas publican sus actas en tomos que constituyen lecturas obligatorias
para los estudiantes y especialistas en linguística teórica. Varias organiza-
ciones de lingüistas celebran reuniones y publican revistas donde aparecen
a menudo trabajos enfocados en las lenguas romances; entre las mejores
organizaciones son la Linguistic Society of America (LSA) y su revista
Language; la Linguistic Society of the Southwest (LASSO) y su revista
Southwest Journal of Linguistics; la Society for Pidgin and Creole Lin-
guistics (SPCL) y su revista Journal of Pidgin and Creole Studies. Las
organizaciones de profesores de lenguas también editan revistas de impor-
tancia, que suelen contener trabajos de lingüística románica; la American
Association of Teachers of Spanish and Portuguese (AATSP) y su revista
Hispania; la American Association of Teachers of French (AATF) y su
revista French Review; la American Association of Teachers of Italian
(AATI) y su revista Italica son los mejores ejemplares.
Además de los congresos de linguística románica y general, se cele-
bran varios encuentros dedicados a la linguística hispánica. Desde 1979 se
realiza el congreso annual “El español en los Estados Unidos,” que reúne
especialistas en dialectología, sociolinguística, pedagogía, planificación, y
medios de comunicación. El primer congreso fue celebrado en la Univer-
sidad de Illinois, recinto de Chicago, y las actas (Elías Olivares et al.) for-
man parte de la bibliografía fundamental del español norteamericano. A
lo largo de los años este congreso se ha celebrado en distintas universi-
dades por todas partes de los Estados Unidos; el próximo congreso se rea-
lizará en 2002 en Puerto Rico, la primera vez que el encuentro tiene lugar
fuera de los Estados Unidos continentales. En años recientes el congreso
El español en los Estados Unidos se ha combinado con una sesión sobre
lenguas en contacto con el español, atrayendo así una amplia comunidad
de expertos en dialectología y bilingüismo del mundo hispanoparlante.
También en la década de 1970 se realizaron varios congresos en el
suroeste de los Estados Unidos sobre aspectos lingüísticos de las lenguas
regionales, entre ellas el español. Las actas del congreso, conocido por la
Conclusiones
Y así concluimos este modesto recorrido de los principales logros de
la lingüística románica del ultimo siglo, con especial atención a los traba-
jos de investigación producidos en los Estados Unidos. Debido a los
límites de espacio, muchas contribuciones han quedado sin mencionar,
pero revelan la incredible vitalidad de la lingüística románica y sobre todo
hispánica en los Estados Unidos.
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(7) Depuis E. Langlois qui publia le Couronnement de Louis en 1888. Cf. A. Nord-
felt, C. Wahlund et H. von Feilitzen (Enfances Vivien, 1895), W. Cloetta (Le
Moniage Guillaume 1906-1913) et plus près de nous Cl. Régnier (La Prise
d’Orange, 1966), D. McMillan (Le Charroi de Nîmes 1972) ou encore J. Frap-
pier, Les chansons de geste du Cycle de Guillaume d’Orange, t. I, 1955 et
M. Tyssens, La Geste de Guillaume d’Orange dans les manuscrits cycliques,
1967.
(8) Le mot est peut-être mal choisi. Il n’a pas en tout cas, dans l’esprit de ceux qui
l’utilisent, le sens de “version canonique”, c’est-à-dire la plus proche de l’origi-
nal, comme semble le croire A. Dees dans le dernier article cité à la n. 12
(p. 173).
(14) Voir par ex. les éditions McMillan du Charroi, p. 22, et Régnier de la Prise
d’Orange, p. 25.
(15) Dans Cultura Neolatina LVI (1996), pp. 411-433.
(16) La Chevalerie Vivien, édition critique des mss S D C, avec introduction, notes
et glossaire par †Duncan McMillan, deux tomes, 750 pp., 1997. L’ouvrage a été
mis au point pour la publication par J.-Ch Herbin, J.-P. Martin et Fr. Suard, et
publié, grâce aux soins de J. Subrenat, dans la collection Senefiance du CUER
MA.
(20) Encore certaines, qui étaient prévues, n’étaient-elles pas encore rédigées au
moment du décès de l’auteur (voir, p. 9, la “note de l’éditeur”).
(21) Par “manuscrit qui a beaucoup voyagé”, il faut entendre, semble-t-il: une copie
dont le modèle vient d’une région éloignée, ou une copie dont le modèle,
venant d’une région proche, avait lui-même un modèle venant d’une autre
région, qui lui-même…, etc.
(22) Mais qui pratique encore ainsi?
(23) Est-ce vraiment là une description sérieuse de la démarche des éditeurs et des
scriptologues? en particulier celle de l’éditeur de la Chevalerie, qui l’a pourtant
explicitée clairement: «nous laissons la place au rôle qu’ont pu jouer, chez
arrangeurs et scripteurs […], le simple fait de couler un texte dans une nou-
velle scripta, ou encore les pressions exercées, dans des conditions infiniment
variables, par l’usus scribendi, les automatismes acquis, et l’attraction, toujours
présente, du cliché formulaire…» (p. 28).
(24) Formulation vague et qui confine au simplisme en ce qu’elle ne distingue pas
les variantes de contenu (additions, omissions, variations lexicales) et les
variantes linguistiques (voir infra).
(25) Qui a rien dit de pareil? Les scriptologues soulignent que chacun des textes
que nous avons sous les yeux est le terme d’une tradition plus ou moins longue
de copistes, dont nous ne savons rien, mais qui pouvaient être de régions
différentes, d’âge et de formation différents; les derniers copistes, d’où qu’ils
soient, ont pu vouloir respecter les graphies de leurs modèles et y réussir diver-
sement ou, au contraire, se sentir très libres sur ce point.
(26) Sous le titre «Corpus et stemma en ancien et moyen français. Bilan, résultats
et perspectives des recherches à l’Université libre Amsterdam et dans les ins-
titutions collaboratrices», dans les Actes du IXe colloque international sur le
moyen français, Le moyen français. Le traitement du texte (édition, apparat cri-
tique, glossaire, traitement électronique), Presses Universitaires de Strasbourg,
2000, pp. 25-54.
(27) Soit respectivement l’édition du Charroi de Nîmes, l’article de Cultura Neola-
tina et l’édition de la Chevalerie Vivien.
(28) On croit entendre des objections de Ch. Th. Gossen, qui n’est pas cité davan-
tage.
(29) Le terme revient à plusieurs reprises. Il remplace ‘la tradition’, utilisé par
L. Schøsler dans l’article «News Methods…» et que McMillan traduisit plai-
samment «Götterdämmerung des dinosaures» (art. cit. de Cultura Neolatina,
p. 412, n. 3). Efforts aimables pour éviter “vieille philologie”, utilisé parfois sans
embarras par certains (“Old Philology”).
(30) Annette Brasseur, «Étude linguistique et littéraire de la Chanson des Saisnes
de Jean Bodel», Revue de Linguistique Romane, 54 (1990), pp. 626-631.
Soit encore le cas des manuscrits A1 et A2, dont tous les éditeurs ou
commentateurs de la geste ont souligné qu’ils se présentaient comme des
jumeaux, fabriqués dans le même atelier (mise en page, réglure, illustra-
tion et, naturellement, version du texte quasi identiques). A. Dees, pour-
tant, localise A1 dans la Haute-Marne, A2 (de même que A3 et A4) dans
le Nivernais-Bourbonnais. À quoi McMillan objecte (éd. p. 126, n. 133):
«…A1 et A2 ayant été copiés dans un seul scriptorium dans le but mani-
feste de constituer des mss. jumeaux (31), peut-on raisonnablement admettre
– même en concédant la possibilité de deux scribes de provenance diffé-
rente – que scribes ou chef d’atelier aient pu tolérer que cette uniformité
fût déparée par la présence de formes régionales divergentes?» Nos
auteurs pensent mettre l’éditeur en contradiction avec lui-même: «Dans le
cas des mss B, deux scribes du même atelier ont adopté des attitudes dif-
férentes (respectivement archaïsante [B1] ou rajeunissante [B2]) selon
McMillan 1997 [éd.], 16). Une différence d’attitude aurait pu aussi s’in-
troduire dans l’atelier où travaillaient les copistes de A1 et de A2. Donc
si l’on applique l’argument de McMillan à propos de A1 et de A2 à B1 et
à B2, tout ce qui a été dit sur le scribe de B1 paraît nul et non avenu.»
Cette remarque néglige le point essentiel de l’argument de McMillan: la
similitude voulue des deux copies A1 et A2; B1 et B2, au contraire, quoi-
qu’ils offrent une même version des chansons du cycle et sortent du
même atelier, sont en tous points dissemblables: senions vs quaternions;
375 x 300 mm vs 310 x 235 mm; 3 colonnes de 53 lignes à la page vs
2 colonnes de 44 lignes; miniatures différentes(32).
La recherche du “degré de dialecticité” ne vise rien moins qu’à éta-
blir à terme un Atlas linguistique de la France du 13e siècle; en outre,
pour les stemmatologues, cette évaluation devrait confirmer les relations
généalogiques que l’ordinateur établit par des calculs statistiques. Dans la
pratique de la “philologie chevronnée”, la localisation des copies dans les
ateliers vise aussi, mais d’une tout autre manière, à appuyer l’étude de la
tradition textuelle: si des indices matériels démontrent que plusieurs
copies conservées d’une même version sont issues du même atelier, on
peut en déduire que les copistes ont eu sous les yeux le même modèle,
apercevoir certains caractères de ce modèle et mettre en évidence les
initiatives des scribes et les manipulations dont le texte a fait l’objet.
(33) M. Delbouille, «Le système des incidences», Revue Belge de Philologie et d’Histoire,
VI (1927), pp. 617-641; ID, «Dans un atelier de copistes. En regardant de plus près
les manuscrits B1 et B2 du cycle épique de Garin de Monglane», Cahiers de Civi-
lisation Médiévale, 11 (1960), pp. 14-22. Un avertissement informe les lecteurs de
B2 de cette disposition: «Ci apres commence le sieges de Barbastre. Incidences»;
«Incidences. Ici commence la bataille des Sagytaires et la mort d’Aymery». B1 rap-
pelle la synchronie des chansons Enfances Vivien et Siège de Barbastre d’une part,
Moniage Rainouart et Mort Aymery d’autre part, et ajoute «mais por ce qu’il n’y
a fait nul incidences est chascun livrez mis par soi et non par ordonande».
(34) M. Tyssens, La Geste…, pp. 369-372.
(35) «Dans un atelier de copistes: ancora sui manoscritti B1 et B2 del Grand cycle
di Guillaume d’Orange», Medioevo Romanzo XXIII (1999), pp. 359-387.
(36) Voir en dernier lieu A. Stones, «The Stylistic Context of the Roman de
Fauvel», Fauvel Studies. Allegory, Chronicle, Music and Image in Paris, Biblio-
thèque Nationale de France, MS Français 146, Oxford, 1998, pp. 529-567.
(37) Voir mon exposé cité à la n. 9 et ce qui est dit plus haut à la note 25.
(38) Dees, 2000, cité à la n. 12, p. 178.
(39) On se demande d’autre part – mais ceci dépasse le cadre de la présente dis-
cussion – quel sera, en définitive, le “degré de dialecticité” si les localisations
doivent être ainsi révisées.
(40) Illustrée depuis 1975 par plusieurs articles d’A. Dees, «Sur une constellation de
quatre manuscrits», Mélanges… L. Geschiere, «Considérations théoriques sur la
traduction manuscrite du Lai de l’Ombre» Neophilologus, 1976 (et ci-dessus,
n. 12); par des études qui lui ont été offertes en 1988 ou qui se réclament de
lui (Studies in Stemmatology, …, 1996). Je me propose d’examiner plus tard
l’intérêt de la nouvelle stemmatologie.
(41) «Ancien et Moyen français sur le Web: textes et bases de données», Revue de
Linguistique Romane, 64 (2000), pp. 17-42.
(45) Pour les Enfances Vivien, l’absence de E a permis aux éditeurs de présenter
séparément les sous-familles A et B; mais il suffit de lire les deux colonnes qui
leur sont attribuées pour voir que leurs textes sont très proches. A. L. Terra-
cher, qui ne disposait pas du ms. S, met aussi en regard, chaque fois que c’est
possible, C et D, qu’il imprime intégralement; les variantes A, B et E sont en
apparat de D.
manuscrits du moyen âge, c’est se pencher sur la diffusion des textes avant
la révolution que constitue l’invention de l’imprimerie. Nous vivons main-
tenant une deuxième révolution: l’invention de l’informatisation […] l’édi-
tion idéale d’une tradition manuscrite ne connaît pas ces choix [entre le
respect du meilleur manuscrit et l’édition critique] […] Désormais il ne
s’agit plus d’un ou bien… ou bien, mais d’un et… et.»
blable à celle de McMillan(47), sauf à y intégrer les variantes des 135 vers
du fragment. Quant à C et D, on rappellera qu’ils ont déjà été publiés par
S. Luongo(48).
En somme la philologie «chevronnée» n’a pas à baisser pavillon. Ni
à “tourner la page”. Ni à céder au vertige de l’exhaustivité(49). Et la belle
édition de la Chevalerie Vivien mérite assurément un autre regard
que celui qui fut proposé aux lecteurs de la Zeitschrift für romanische
Philologie.
Université de Liège. Madeleine TYSSENS
(47) D. McMillan, Le Charroi de Nîmes, Chanson de geste du XIIe siècle, Paris 19721,
19782.
(48) Le redazioni C et D del Charroi de Nîmes. Edizione critica a cura di
S. L., Napoli 1992.
(49) «la facilità con cui l’ordinatore compie operazioni che altrimenti richiedereb-
bero gran tempo e fatica, non comporta automaticamente che tali operazioni
siano sempre utili e sensate» A. Stussi, «C. r. de B. Cerquiglini, Éloge de la
variante», Zeitschrift für romanische Philologie, pp. 199-202: 200.
(1) Cet article repose sur une conférence donnée lors du colloque organisé en
octobre 2001 à l’université de Lyon III par la Société Française d’Onomastique
sur le thème de «L’onomastique au carrefour des sciences humaines», mais que
des contraintes éditoriales n’ont pas permis de présenter in extenso dans la
publication des actes.
(2) Cf., à titre d’exemple, Michel Roblin, Le Terroir de Paris aux époques gallo-
romaine et franque. Paris 21971, pp. 76s., 84sqq.; ou, plus récemment, Jackie
Lusse, Naissance d’une cité: Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle. Nancy 1992,
pp. 110sqq.; et id., Les Toponymes latino-germaniques en -acum et en -court en
Champagne septentrionale: essai d’interprétation historique, in: Pierre-Henri Billy
et Jacques Chaurand (dir.), Onomastique et histoire - Onomastique littéraire.
Actes du VIIIe colloque de la Société Française d’Onomastique. Aix-en-Provence
1998, pp. 141-153.
(3) À ma connaissance, Ernst Gamillscheg (in: Romania Germanica. Sprach- und
Siedlungsgeschichte der Germanen auf dem Boden des alten Römerreiches, t. I:
Zu den ältesten Berührungen zwischen Römern und Germanen: Die Franken.
Berlin 21970, p. 87) fut le premier à parler d’un «type Avricourt (Avricourt-
Typus)». Pour le toponyme lorrain Avricourt (cf. le n° 13 du catalogue des
noms de lieux en -court du département de la Moselle reproduit plus loin) et
ses homonymes, dont celui situé dans l’actuel département de l’Oise (cf. Émile
Lambert, Dictionnaire topographique du département de l’Oise. Amiens 1982,
p. 24s.), il emprunta alors à son maître Josef Brüch (in: Die bisherige Forschung
über die germanischen Einflüsse auf die romanischen Sprachen, in: Revue de
linguistique romane 2 (1926), pp. 25-112, ici p. 44) une étymologie erronée déri-
vant ces toponymes de l’anthroponyme germanique Eberhard. Grâce à la répu-
tation de Gamillscheg, cette étymologie fait malheureusement encore autorité
aujourd’hui, en particulier chez les germanistes (cf. Christopher J. Wells,
Deutsch: eine Sprachgeschichte bis 1945. Tübingen 1990, p. 53; Werner König,
dtv-Atlas zur deutschen Sprache, Munich 1978, p. 59, etc.).
(4) Cf. Ferdinand Lot, De l’origine et de la signification historique et linguistique
des noms de lieux en -ville et en -court, in: Romania 59 (1933), pp. 199-246.
Wartburg(5), les linguistes estiment avoir cerné à peu près tous les aspects
philologiques concernant ce type de constructions qui, contrairement aux
règles usuelles des langues romanes, placent le déterminé derrière le
déterminant(6). Sa fourchette chronologique semble s’étendre du VIe(7) au
IXe, voire au Xe siècles(8) avec, évidemment, de fortes différenciations
(5) Cf. Walther von Wartburg, Ein neuer Erklärungsversuch für die mit -court, -ville
und -villiers gebildeten Ortsnamen, in: Rheinische Vierteljahrsblätter 17 (1952),
pp. 59-65, qui réfute définitivement l’hypothèse de l’origine celtique de ce type
de formations encore avancée par Lot, op. cit., p. 207, pour qui ces noms créés
de toute évidence durant le haut moyen âge, s’inspireraient de modèles plus
anciens («Soutiendra-t-on que les habitants de la Gaule ont attendu les inva-
sions barbares pour déterminer par un nom de personne les montagnes, vallées,
ruisseaux ... Il n’est que trop évident que cette formation est très ancienne»),
ainsi que, beaucoup plus catégoriquement, par Johan Johnson, Études sur les
noms de lieu dans lesquels entrent les éléments -court, -ville et -villiers. Paris
1946, p. 121: «Les noms en -court ... sont donc ... le résultat naturel en même
temps que nécessaire de la friction de deux langues étroitement affinées, le
celtique et le latin». L’historiographie de la controverse centenaire, fortement
imprégnée de sentiments nationalistes, à propos de l’origine de ces formations
est esquissée chez Martina Pitz, Siedlungsnamen auf -villare (-weiler, -villers)
zwischen Mosel, Hunsrück und Vogesen. Untersuchungen zu einem germanisch-
romanischen Mischtypus der jüngeren Merowinger- und der Karolingerzeit. 2 t.
Sarrebruck 1997, pp. 1-26.
(6) Une analyse détaillée du principe de formation des noms composés en français
actuel a été entreprise par Christian Rohrer, Die Wortzusammensetzung im
modernen Französisch. Tübingen 1967, voir en particulier pp. 62sqq., ainsi que
par Arsène Darmesteter, Traité de la formation des mots composés dans la
langue française. Paris 21894, pp. 8s., 26sqq.
(7) Pour les premières attestations de toponymes en -court dans les sources écrites
(sources narratives et copies de chartes) voir Ernst Kornmesser, Die französi-
schen Ortsnamen germanischer Abkunft. Strasbourg 1888, p. 29: a. 658 Vassure-
curtis; Jacques Chaurand et Maurice Lebègue, Noms de lieux de Picardie. Paris
2000, p. 73: a. 537 Wingiscourth nunc Angilcurz. Pour les premières attestations
originales, voir la statistique reproduite dans cet article.
(8) Cf. p. ex. Albert Dauzat, Les Noms de lieux, origine et évolution. Paris 1947,
p. 138: «Du VIe au Xe siècle, complément + déterminé, du Xe au XVe siècle,
déterminé + complément»; Michel Roblin, Les Terroirs de l’Oise aux époques
galloromaine et franque. Paris 1978, pp. 129sqq.: «Le système grammatical ger-
manique ... paraît tomber en désuétude à partir de la fin du premier millé-
naire». On notera cependant que dès 1951, Jules Herbillon, L’Âge du type
‚Avricourt‘ en Wallonie, in: Bulletin de la commission royale de toponymie et de
dialectologie 25, pp. 87-100, ici p. 96, avait fourni la preuve qu’en Wallonie, ce
principe de formation «n’était pas mort à l’époque moderne», du moins pour
ce qui était de la microtoponymie. Pour la Lorraine, Hans Witte, Deutsche und
Keltoromanen in Lothringen nach der Völkerwanderung. Die Entstehung des
deutschen Sprachgebietes. Strasbourg 1891, p. 65, avait fait le même constat bien
auparavant. Là aussi, ces formations foisonnent dans la microtoponymie, alors
que les patois lorrains récents en recèlent relativement peu d’exemples. Joseph
Graf, Die germanischen Bestandteile des Patois Messin, in: Annuaire de la
Société d’histoire et d’archéologie de Lorraine 2 (1890), pp. 101-141, ici p. 136
ne note que eïllon-dan pour ‚dent œillère‘, eranteule pour ‚toile d’araignée‘ et
rienvaut pour ‚vaurien‘; un dépouillement exhaustif de l’ouvrage de référence
de Léon Zéliqzon, Dictionnaire des patois romans de la Moselle. Saverne 1924,
ne fournirait guère plus de données.
(9) Cf. Frauke Stein, Die Bevölkerung des Saar-Mosel-Raumes am Übergang
von der Antike zum Mittelalter. Überlegungen zum Kontinuitätsproblem aus
archäologischer Sicht, in: Archaeologia Mosellana 1 (1989), pp. 89-195, notam-
ment pp. 138sqq.; id., Frühmittelalterliche Bevölkerungsverhältnisse im Saar-
Mosel-Raum. Voraussetzungen der Ausbildung der deutsch-französischen Sprach-
grenze?, in: Wolfgang Haubrichs, Reinhard Schneider (dir.), Grenzen und
Grenzregionen. Sarrebruck 1993, pp. 69-98.
(10) Pour la signification et l’évolution phonétique du déterminé, voir Anna Vero-
nika Bruppacher, Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloroma-
nischen, in: Vox Romanica 20 (1961), pp. 105-160; 21 (1962), pp. 1-48, ici 21
(1961), pp. 127-135.
(11) Gondrecourt-le-Château, dép. Meuse, arr. de Commercy, chef-lieu de canton.
Cf. Maurice Toussaint, Essai sur la question franque en Lorraine, deuxième
partie. Répertoire des nécropoles et sépultures isolées de l’époque franque décou-
vertes en Lorraine II: Département de la Meuse, in: Revue des questions histo-
riques 66 (1938), pp. 26-51, ici p. 32. Pour la datation archéologique des plus
anciens objets selon des critères topochronologiques cf. Stein, Die Bevölkerung,
op. cit., p. 142 n. 314.
(12) Biencourt, dép. Meuse, arr. de Commercy, canton de Montiers-sur-Saulx,
cf. Toussaint, op. cit., p. 28; Stein, Die Bevölkerung, op. cit., p. 142.
(13) Remennecourt, dép. Meuse, arr. de Bar-le-Duc, canton de Revigny, cf. Toussaint,
op. cit., p. 29; Stein, Die Bevölkerung, op. cit., p. 142.
des localités en -court que pour le VIIe siècle, elles démontrent néanmoins
que, compte tenu de l’évolution globale du peuplement en Lorraine, ce
type de noms apparaît relativement tôt(14).
Ces noms sont le plus densément répertoriés dans l’espace linguis-
tique du picard, du wallon et du lorrain, donc dans cette zone périphé-
rique du nord-est de la Galloromania dont les parlers laissent percer jus-
qu’à nos jours une forte influence de la langue des Francs(15). Or, ce
francique occidental – le Westfränkisch des philologues germanistes(16),
der Sprach- und Siedlungsgeschichte, in: Dieter Geuenich (dir.), Die Franken
und die Alemannen vor der ‚Schlacht bei Zülpich‘ 496/97. Berlin et al. 1998,
pp. 102-129; Martina Pitz, Le Superstrat francique dans le nord-est de la Gaule.
Vers une nouvelle approche philologique et toponymique, in: Nouvelle Revue
d’Onomastique 35/36 (2000), pp. 69-85; Martina Pitz, Andreas Schorr, Vorger-
manische und ‚fränkische‘ Toponyme im Siedlungsraum der Franken. Überle-
gungen zu ihrem sprachgeschichtlichen Aussagewert, in: Tineke Looyenga (dir.),
Early Franks. Leiden (à paraître).
(17) Gerold Hilty, Westfränkische Superstrateinflüsse auf die galloromanische Syntax,
in: Festschrift Walther von Wartburg, t. 1, Tübingen 1968, pp. 493-517; id., West-
fränkische Superstrateinflüsse auf die galloromanische Syntax, in: Romanische
Forschungen 87 (1975), pp. 413-426.
(18) Cf. Dauzat, op. cit., p. 136s.; Lot, op. cit., p. 201.
(19) Cf., à titre d’exemple, Patrick Périn, La Progression des Francs en Gaule du
Nord, in: Dieter Geuenich (dir.), Die Franken und die Alemannen, op. cit.,
pp. 59-81. Pour un argumentaire philologique, on se reportera aussi à la contri-
bution de Elmar Neuß incluse dans ce volume (pp. 156-192). Voir aussi les pre-
mières réflexions méthodologiques sur les possibilités d’attribution «ethnique»
des anthroponymes contenus dans les toponymes germaniques des régions
mosellane et rhénane chez Wolfgang Haubrichs, Romanische, romanisierte und
westfränkische Personennamen in frühen Ortsnamen des Mittelrheingebiets, in:
Heinrich Löffler, Heinrich Tiefenbach (dir.), Personenname und Ortsname.
Heidelberg 2000, pp. 103-142; id., Zur ethnischen Relevanz von romanischen
und germanischen Personennamen in frühmittelalterlichen Siedlungsnamen des
Raumes zwischen Maas und Rhein, in: Rheinische Vierteljahrsblätter 65 (2001),
pp. 159-182; Martina Pitz, Personennamen in frühmittelalterlichen Siedlungs-
namen. Methodische Überlegungen am Beispiel der -villare-Namen des Saar-
Mosel-Raumes, in: Löffler/Tiefenbach, op. cit., pp. 143-188; id., Namenbildung in
Interferenzräumen. Romanische und ‚westfränkische‘ Personennamen in den
ältesten Schichten fränkischer Siedlungsnamen des lothringischen Sprachgrenz-
gebiets, in: Akten des 20. internationalen Kongresses für Namenforschung San-
tiago di Compostella 1999 (à paraître).
(20) Cf. André Verhulst, La Genèse du régime domanial classique en France au haut
Moyen Âge, in: Agricoltura e mondo rurale in Occidente nell’ alto medioevo
(22-28 aprile 1965). XIII Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’
alto medioevo. Spolète 1966, pp. 135-160.
Quoi qu’il en soit, il ne fait plus l’ombre d’un doute que la genèse
linguistique des noms en -court est en relation directe avec cette évolution
historique et culturelle que la recherche a désignée comme la symbiose
romano-franque(29). La consultation des travaux des philologues les plus
réputés semble indiquer que ce type est exemplaire pour caractériser l’im-
brication progressive de deux mondes totalement distincts, le monde
romano-chrétien et le monde «barbare», imbrication dont les origines sont
antérieures au règne de Clovis, mais qui, au cours des VIe et VIIe siècles,
devint une nécessité politique(30). Ce sont justement les archéologues, dont
le matériel s’accroît de jour en jour – ce qui permet de nuancer de plus
en plus la question de la continuité historique – qui saisissent sans doute
le mieux que ce rapprochement culturel n’a pu s’effectuer qu’au cours de
plusieurs générations, dans un processus d’acculturation réciproque(31). On
peut même penser qu’à côté de la divergence très forte de leurs concep-
tions juridiques, culturelles et religieuses, la diversité linguistique ne
constituait qu’un problème mineur.
(26) Cf. notamment Horst Wolfgang Böhme, Franken und Romanen im Spiegel spät-
römischer Grabfunde im nördlichen Gallien, in: Dieter Geuenich (dir.), Die
Franken und die Alemannen, op. cit., pp. 31-58; Hagen Keller, Strukturverände-
rungen in der westgermanischen Welt am Vorabend der fränkischen Großreichs-
bildung. Fragen, Suchbilder, Hypothesen, ibid., pp. 581-627.
(27) Cf. Karl-Ferdinand Werner, Du nouveau sur un vieux thème. Les origines de la
«noblesse» et de la «chevalerie», in: Comptes-rendus de l’Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres (1985), pp. 186-200.
(28) Ce fut la position de Heinrich Mitteis, Der Staat des hohen Mittelalters. Grund-
linien einer vergleichenden Verfassungsgeschichte des Lehnszeitalters. Weimar
1940.
(29) Cf. Friedrich Prinz, Formen, Phasen und Regionen des Übergangs von der Spät-
antike zum Frühmittelalter: Reliktkultur - neue Ethnika - interkulturelle Synthese
im Frankenreich, in: Franz Staab (dir.), Zur Kontinuität zwischen Antike und
Mittelalter am Oberrhein. Sigmaringen 1994, pp. 171-192.
(30) À ce sujet, on se reportera à Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde
franc (VIIe-Xe siècle). Essai d’anthropologie sociale. Paris 1995, pp. 9-26; et à
Georg Scheibelreiter, Die barbarische Gesellschaft. Mentalitätsgeschichte der
europäischen Achsenzeit 5.- 8. Jahrhundert. Darmstadt 1999.
(31) Voir notamment Stein, Bevölkerungsverhältnisse, op. cit.
(32) Lot, op. cit. n. 4, p. 202. Voir aussi Horst Ebling, Jörg Jarnut et Gerd Kampers,
Nomen et gens. Untersuchungen zu den Führungsschichten des Franken-, Lango-
barden- und Westgotenreiches im 6. und 7. Jahrhundert, in: Francia 8 (1980),
pp. 687-745, ainsi que, plus récemment, l’importante contribution de Claudia
Maas-Chauveau, Lateinische Namentradition: Bruch oder Kontinuität?, in: Dieter
Geuenich, Wolfgang Haubrichs et Jörg Jarnut (dir.), Person und Name. Berlin,
New York (à paraître en 2002).
(33) Cf. Maas-Chauveau, op. cit.
(34) Pour cette question, on se reportera également aux réflexions méthodologiques
de Maas-Chauveau, op. cit., développées à partir du matériel anthroponymique
attesté directement dans les sources écrites: «Ein Blick auf die frühmittelalter-
(39) Ainsi, Marie-Thérèse Morlet, Les Noms de personne sur le territoire de l’ancienne
Gaule du VIe au XIIe siècle, t. 1: Les noms issus du germanique continental et les
créations gallo-germaniques. Paris 21971, identifie comme germaniques des
anthroponymes comme Abelinus (p. 13), Abellonia (p. 13), Abicellus (p. 13),
Aalina (p. 19), Aminus (p. 34), Babonus (p. 49), etc., alors que Heikki Solin et
Olli Salomies, Repertorium nominum gentilium et cognominum Latinorum,
Hildesheim, Zürich, New York 1988, ont bien fourni la preuve de l’existence
d’anthroponymes non germaniques comme Abilianus (p. 287) et Abilius (p. 3),
Abicelius (p. 3), Alina (p. 12), Aminius (p. 14), Babonius (p. 30), etc.
(40) Cette tendance caractérise aussi les ouvrages, fort utiles par ailleurs et nova-
teurs sur bien des points, de Henning Kaufmann, Untersuchungen zu altdeut-
schen Rufnamen. Munich 1965, et id., Ergänzungsband zu Ernst Förstemann,
Personennamen. Munich 1968, cf., à titre d’exemple, l’article *Musc- sur la
p. 262 de son Ergänzungsband: Kaufmann n’est pas en mesure de proposer,
pour ce terme, une étymologie convaincante qui rattacherait cet élément à une
racine germanique; mais il oublie aussi de dire qu’un NP Muscus d’origine non
germanique est bien attesté, cf. Solin/Salomies, op. cit., p. 366.
(41) Les principaux phénomènes allant dans ce sens sont traités chez Kaufmann,
Rufnamen, op. cit., pp. 171-322; pour quelques particularités que Kaufmann n’a
pas étudiées, on se reportera aussi à Pitz, Siedlungsnamen, op. cit., pp. 788-807.
(42) Voir à ce sujet Pitz, Personennamen, op. cit., pp. 170-174.
(43) Cf. Pitz, Personennamen, op. cit., pp. 568sqq.
(44) Cf. Adolf Bach, Deutsche Namenkunde, t. 1, 1, Heidelberg 1952, §§ 98, 111;
Kaufmann, Ergänzungsband, op. cit., pp. 6sqq.
(45) Pour ce type d’anthroponymes latins cf. Manu Leumann, Lateinische Cogno-
mina auf -inus und -illa, in: Romanica Helvetica 20 (1943), pp. 155sqq.
(46) Toutes les attestations de toponymes sont tirées de Alfred Bruckner et Paul
Marichal (dir.), Chartae Latinae Antiquiores. Facsimile-Edition of the chartes
prior to the ninth century. Zurich 1954sqq.
qu’on ne doit donc pas interpréter comme une mauvaise latinisation mais
comme un authentique réflexe du cas régime roman: Ambricocurte,
Ebroaldocurte, Agnaldocurte, etc.; ce -o se retrouve aussi dans les hypo-
coristiques à flexion forte formés avec les suffixes -in ou -lin, comme dans
le n° 1 Ingolinocurte et le n° 18 Bernino curte. À l’opposé, les noms mas-
culins à deux termes, qui étaient originellement intégrés dans la déclinai-
son latine en -i, prennent, eux, une voyelle de liaison en -e : n° 17 Gunt-
bodecurte. De leur côté, les noms masculins simples et à flexion faible et
les hypocoristiques en -o, que l’on peut originellement faire remonter au
modèle leo, leonis, ne présentent jamais de génitif correct en -onis, mais
une variante tirée du langage parlé de la basse latinité que l’on trouve
déjà sur certains graffitis provenant des murs de Pompéi. Le graffito
Nycherate, vana succula que amas Felicione(47), me paraît éminemment
parlant, car cette dernière forme est à rapprocher du n° 11 Filicione curte,
et par analogie du n° 3 Rocconecurte, du n° 19 Fricionecurte, etc. Enfin,
les noms simples féminins en -a construisent des formes en -ane: n° 7
Beranecurte, n° 4 Baddanecurte, etc. Le -e final de ces formes était certai-
nement déjà en voie de disparition au VIIe siècle; c’est ce que montre le
n° 4 Baddancurte, ainsi que des reconstitutions hypercorrectes comme le
n° 13 Filicionocurte. Au vu de tous ces exemples, on est tout à fait
en mesure de systématiser de telles analyses afin d’augmenter le degré
de précision des approches étymologiques et d’en tirer des conclusions
pragmatiques sur l’usage des noms.
(49) Ce catalogue serait à compléter par la liste des habitats disparus dont les noms
se sont uniquement conservés dans la microtoponymie. Dans le cadre de cette
démonstration volontairement accentuée sur des aspects philologiques, ces
représentants du type Avricourt sans formes anciennes, souvent plus difficiles à
interpréter, ont été écartés. Mais il va de soi qu’une approche interdisciplinaire
dans laquelle l’accent serait mis sur l’évolution de l’habitat dans les régions
concernées, devrait obligatoirement inclure ces formes.
(50) Abréviations: AD = Archives départementales, AM = Archives municipales, AN
= Archives nationales, BM = Bibliothèque municipale, BN = Bibliothèque
nationale, BR = Bas-Rhin, cne. = commune, Coll. Lorr. = Collection de Lor-
raine, fr.occ. = francique occidental, Ko = Coblence (Koblenz), LA = Landes-
archiv, LHA = Landeshauptarchiv, Lux = Luxembourg, MGH = Monumenta
Germaniae, MM = Meurthe-et-Moselle, Mos = Moselle, NP = nom de personne,
Or. = Original, Pa = Paris, Sbr. = Sarrebruck, Trier = Trèves. Ouvrages consul-
tés: Danièle Erpelding, Actes des princes lorrains 1re série, II B: Actes des comtes
de Salm. Nancy 1979; Hans-Walter Herrmann, Geschichte der Grafschaft Saar-
werden bis zum Jahre 1527. Sarrebruck 1957; Henri Hiegel, Dictionnaire éty-
mologique des noms de lieux du département de la Moselle. Sarreguemines
1986; Armand Lesort, Chronique et chartes de l’abbaye de Saint-Mihiel. Paris
1909; Monumenta Germaniae historiae; Michel Parisse, Actes des princes
lorrains. Nancy s.d.; Charles-Edmond Perrin, Essai sur la fortune immobilière de
l’abbaye de Marmoutier aux 10e et 11e siècles. Strabourg 1935; Joseph von
Pflugk-Harttung, Acta pontificum romanorum inedita (748-1198). 3 t. Tübingen
1881-86; Roland W. L. Puhl, Die Gaue und Grafschaften des frühen Mittelalters
im Saar-Mosel-Raum, Sarrebruck 1999; Michael Tangl, Das Testament Fulrads
von St. Denis, in: Neues Archiv für die Erforschung des Mittelalters 32 (1907),
pp. 169-217; Nicolas de Wailly, Notice sur les actes en langue vulgaire du
XIIIe siècle contenus dans la Collection de Lorraine à la Bibliothèque Nationale.
Paris 1878; Karl Wichmann, Die Metzer Bannrollen. 4 t. Metz 1908-16; Georg
Wolfram, Ungedruckte Papsturkunden der Metzer Archive, in: Annuaire de la
Société d’Histoire et d’Archéologie de Lorraine 15 (1903), pp. 278-323.
(51) Pour les bases des anthroponymes d’origine germanique, on se reportera à
Kaufmann, Ergänzungsband, op. cit., ainsi qu’à Pitz, Siedlungsnamen, op. cit.,
pp. 738-764. Les anthroponymes d’origine romane sont documentés d’après
Solin/Salomies, op. cit., Morlet, op. cit., et Wolfgang Haubrichs, Romanen an
Rhein und Mosel. Onomastische Reflexionen, in: Peter Ernst et al. (dir.):
Deutsche Sprache in Raum und Zeit. Festschrift für Peter Wiesinger, Wien 1998,
pp. 379-413.
976-28); 1310 Or. Aboncourt (BN Pa Coll. Lorr. 976-57); 1348 Or. Aboncourt
(AD Mos 7 F 468); 1480 Or. Ebendorff (AD MM B 1937); 1636 Or. Endorff
alias Aboncourt (AD MM B 392-4bis); < *Abbône curte, NP germ. Abbo (*ab-)
pour les formes romanes en -court; *Ebben dorf, NP *Abio > Ebbo, pour les
formes en -dorf.
3. Adaincourt (Faulquemont): 1316 cop. Ollenanges on ban Saint Pire (AD Mos H
1194-1); 1333 Or. Audaincourt (AM Metz II 306); 1336 Or. Adaincourt (AM
Metz II 21); 1344 Or. Adaincourt (AM Metz II 24); 1347 Or. Adencort (AM
Metz II 25); < *Aldoino curte/*Aldoiningas, NP germ. (fr.occ.) Aldoin (*alda-
+ *wini-).
4. Ajoncourt (Delme): 1261 Or. Ajoncort (AD Vosges G 510); 1292 Or. Aioncort
(BN Pa ms. lat. 10024 f° 69r°); 1323 Or. Ajoncourt (AD Mos 4 E 359); 1346 Or.
Aujoncourt (AD Mos 3 J 45); 1358 Or. Aioincourt (AD Mos H 527-1); 1411 Or.
Ajoncourt sur Saille (AD MM B 492-12); < *Agiône curte, NP germ. (fr.occ.)
*Agio (*agi-).
5. Alaincourt (Delme): 775 Or. ad Alningas (Puhl p. 334); 1250/75 Or. Alaincourt
(BN Pa Coll. Lorr. 971-10); 1284 Or. Alencort (AM Metz II 303); 1287 Or. Alain-
cort (AM Metz II 304); 1333 Or. Alaincort (AM Metz II 306); 1335 Or. Alain-
court (AM Metz II 20); < *Alâno curte/*Alâningas, NP Alânus.
6. †Allecourt, cne. de Lagarde (Vic-sur-Seille): 1487 cop. in quodam banno dicto
Alcort (BM Trier ms. 1641/389 f° 80r°); 1493 cop. in banno de Alecourt (BM
Trier ms. 1644/372 f° 84r°); < *Adalo curte, NP germ. (fr.occ.) Adalus (*a⁄ala-).
7. Alincourt, cne. de Bioncourt (Château-Salins): 1252 Or. Allincort (AD MM H 1232);
1292 Or. Alencort (AD MM H 1248); 1335 Or. Alliencourt (AD MM H 1323);
1344 Or. Aliencourt (AD MM H 1232); 1377 Or. Alencort (AD MM H 1248); 1395
Or. Alincourt (AD MM G 882); < *Al(l)ino curte, NP Al(l)in(i)us qui peut être
d’origine romane (Solin/Salomies 1988, 12) ou germanique (*a⁄ala- > *al-).
8. Amelécourt (Château-Salins): 775 Or. in Ermeraga villa (Puhl p. 335); 777 Or.
Adalmareia villa (Puhl p. 335); 777 Or. Almerega curte (Puhl p. 335); 1186 Or. ad
Amerecurt (AD MM G 520); 1201 or. Amilicort (AD Meuse 22 H 102 n° 17);
1216 Or. apud Amilicortem (AD MM H 1233); 1252 Or. Amylicort (AD MM H
1232); 1271 Or. Ameleicort (AD MM H 1233); 1345 Or. von Amelecort (AN Lux
A 52 n° 333); 1397 Or. Emmelcord (LHA Ko 143 n° 74); < *Adalmariaca villa/
curte, NP germ. Adalmar (*a⁄ala- + *mera-) > fr.occ. Almar par syncope romane.
9. Arraincourt (Faulquemont): 977 Or. Harenicurte (MGH DD Otto II n° 159); 993
Or. Harenicurte (MGH DD Otto III n° 117); 1240 Or. Aireincourt (Wichmann, t. 1,
p. 11); 1275 Or. Arencort (Wichmann, t. 1, p. 253); 1594 cop. Armstorff (AD Mos
4 F 17); < *Aroino curte/*Aroines dorf, NP germ. (fr.occ.) Aroin (*ara- + *wini-).
10. Assenoncourt (Réchicourt-le-Château): 1228 Or. Haceloncort (AD MM H 607);
1256 Or. Heselstorf (AD MM H 3214); 1256 Or. Esselencort (AD MM H 3214);
1288 Or. Asseloncort (AD MM H 1246); 1316 Or. Essilsdorf (AD Mos H 4709);
1323 Or. Ezzelsdorf (AD Mos G 286-6); 1331 Or. Esserstorf (AD Mos 4 E 148);
1352 Or. Esloncort (AD Mos G 1570); 1424 Or. Esselstorf (AD MM B 5242);
1437 Or. Esserstorff (AD MM H 2484); < *Assilône curte/*Assiles dorf, NP
germ. (fr.occ.) *Adsil(o) (*a⁄a- + -s- + -l-) > *Assil(o) par assimilation de [ds]
> [ss] en galloroman.
30. †Filicione curtem, près de Salonnes (Château-Salins): 775 Or. in Filicione curte
(Puhl p. 341); 777 Or. in Filiciono curte (Puhl p. 341); 781 Or. in Filicionecurte
(Puhl p. 341); < *Feliciône curte, NP Felicio.
31. Flocourt (Pange): v. 1050 Or. inter Flodoaldi curtem (AD Mos H 143-1); 1284
Or. Flocourt (AM Metz II 303); 1287 Or. Flocort (AM Metz II 304); 1323 Or.
Flocort (BN Pa ms. fr. 8708); 1337 Or. Flocourt (AM Metz II 22); < *Flodoaldo
curte, NP germ. (fr.occ.) *Flodoald (*hlu⁄a- + *walda-).
32. Frécourt, cne. de Servigny-lès-Raville (Pange): 1285 Or. Freicourt (Wichmann
1285, 467); 1323 Or. Freicourt (BN Pa ms. fr. 8708); 1344 Or. Freicourt (AN Lux
A 52 n° 304); 1347 Or. Freicort (AN Lux A 52 n° 362); 1356 Or. Freicourt (AN
Lux A 52 n° 446); 1560 Or. Frecourt (AD MM B 690-163); < *Frido curte, NP
germ. (fr.occ.) *Fredus (*fri⁄u-)?
33. Fremécourt, cne. de Marange-Silvange (Metz): 875 (faux) Firmaricurte (MGH
DD Ludwig der Deutsche n° 168); 1288 Or. Fremeicort (Wichmann 1288, 292);
1298 Or. Fremeicort (Wichmann 1298, 637); 1328 Or. Fremeicourt (AD MM B
590-79); 1336 Or. Fremecourt (AD MM B 591-131); < *Firmaro curte, NP
*Firmar(i)us (cf. Solin/Salomies 1988, 79 Firmus, etc.).
34. †Gelacourt, cne. de Chambrey (Château-Salins): 1294 Or. Gellacort (AD MM H
1255); 1419 Or. la ferme Gelloucourt (AD MM 922); 1574 cop. lieu dit Geracourt
(AD MM B 457 f° 69r°); < *Gîsloaldo curte, NP germ. (fr. oc.) Gîsloald (*gîsala-
+ *walda-).
35. Gélucourt (Dieuze): 786 cop. Gisoluinga (Puhl p. 342); v. 1200 Or. Gillocort (AD
M H 1244); 1208 Or. Gillaucurt (AD Marne 22 H 102-12); 1214 Or. Gilaucort
(AD Marne 22 H 102-14); 1273 Or. Gilloncort (AD MM B 814-1); 1327 Or.
Geloncort (AD MM H 1256); 1419 Or. Giselfingen (AD MM B 5241); 1430 Or.
Giseluingen (AD MM B 5242); < *Gîsalolfo curte/*Gîsolfingas, NP germ. Gîsa-
lolf (*gîs(a)la- + *wulfa-) pour le toponyme roman, Gîsolf pour le toponyme
germanique.
36. †Gemoncourt, cne. de Bioncourt (Château-Salins): 1520 Or. en Gemoncourt (AD
MM H 1232); < *Gemmône curte, NP Gemmo (Morlet I, 102), probablement
d’origine romane (cf. Solin/Salomies 1988, 338 Gemma).
37. Gerbécourt (Château-Salins): 921/22 cop. in uilla Gerberti curte (Puhl p. 341);
1255 cop. Girbecort (BN Pa ms. lat. 10030 f° 40r°); 1288 Or. Gerbeicort (AD
MM H 1241); 1302 Or. Girbercort (AD MM H 1243); 1306 Or. Gerbeicourt (AD
MM H 1258); 1469 cop. zu Gerbecurt in Wechsinger daill (BM Trier ms. 1670/349
f° 226r°); < *Gerberto curte, NP germ. Gerbert (*gaiza- + *berhta-).
38. †Gilloncourt, cne. de Chénois (Delme): 1263/73 cop. Gilloncort (AD MM B 814-1);
< *Gillône curte, NP germ. (fr.occ.) Gisilo > Gillo (*gisila-).
39. †Gobécourt, cne. de Metz: 1337 Or. an Goubecourt (AM Metz II 22); < *Gaud-
berto curte, NP germ. Gaudbert (*gauta- + *berhta-).
40. †Gossoncourt, cne. de Vannecourt (Château-Salins): 1105 cop. Gunzoniscurtis
(Lesort n° 60); 1293 Or. subtus Gonsoncuriam (AD MM G 497); 1320 cop.
Gonsoncort (AD Mos 10 F 3 f° 53r°); < *Gundsône curte, NP germ. (fr. oc.)
Gundso > Gunzo (*gun⁄i- + -s-).
41. Hannocourt (Delme): 777 Or. Hagnaldo uillare, Agnaldo curte (Pitz, Siedlungs-
namen p. 254); 1121 cop. Hennacurt (BN Pa ms. lat. 10030 f° 3v°); 1222 Or.
Henaucourt (AD MM B 964-7); 1279 Or. Hanacort (Wichmann 1279, 268); 1293
Or. Hennacort (Wichmann 1293, 75); 1301 Or. Hanacort AD MM B 964-5); 1306
Or. Hanacourt (AD MM B 964-6); 1312 Or. Henaicourt (AD MM B 964-7); 1314
Or. Hennacort (AD MM B 964-9); < *Haganaldo curte/-vîllâre, NP germ.
*Haganwald > Haganald (*hagana- + *walda-).
42. Haraucourt-sur-Seille (Château-Salins): 1183 Or. Haracort (AD Aube 3 H 700);
1230 Or. Haracort (AD Aube 3 H 2312); 1241 Or. Haraucort (AD Aube 3 H
2312); 1273 Or. Haracort (AD MM B 814-1); 1331 Or. Haralcort (AM Metz II
21); < *Haroaldo curte, NP germ. (fr.occ.) Haroald (*harja- + *walda-).
43. Hauconcourt (Metz): 1236 cop. Haueconcort (BN Pa ms. lat. 10023 f° 32v°); 1284
Or. Haueconcourt (AM Metz II 303); 1287 Or. Haueconcourt (AM Metz II 304);
1315 Or. Hauweconcourt (AD Mos 7 F 659); 1353 Or. Haveconcourt (AM Metz
II 308); 1389 Or. Haweconcourt (AD Mos 4 E 361); < *Habukône curte, NP
germ. Habuko (*habuc-).
44. Hermelange (Lorquin): v. 1142 < Xe s. cop. Hermenrannocurte (Pitz, Siedlungs-
namen p. 279); 1258 Or. Helmeringen (AD Mos H 4724); 1267 Or. Helmeringen
(AD MM B 742-4); 1316 Or. Helmeringen (AD Mos H 4747); < *Helmenranno
curte/*Helmenranningas, NP germ. (fr.occ.) *Helmenrannus (*helma- + -n- +
*hrabana-).
45. Hernicourt, cne. de Herny (Faulquemont): 1210 cop. Hermerstorf (BN Pa ms. lat.
10030 f° 4v°); 1310 Or. Hermerstorf (AD MM B 689-5); 1383 Or. Hermerstorff
(AD Mos 6 F 88); 1385 Or. Hermerstorfe (AD MM B 689-65); 1453 Or.
Herniecourt (AN Lux A 52-1648); 1471 Or. Hermestorf (AD Mos 10 F 206);
< *Harinrîko curte/*Harinrîkes dorf, NP germ. *Harinrîk (*harja- + -n- + *rîka-).
46. Hicourt, cne. de Luppy (Pange): 1245 Or. Theheicort (Wichmann 1245, 35); 1255
Or. Teheicort la petite deleis Lupei (AD Mos G 782-1); 1269 Or. Tehecort (Wich-
mann 1269, 213); 1278 Or. Teheicort (Wichmann 1278, 147); 1288 Or. Teheicort
(Wichmann 1288, 66); < *Têdhero curte, NP germ. (fr.occ.) *Têdher (*⁄eudô-,
avec évolution du germ. [eu] vers [ê] sous influence romane, + *harja-).
47. Holacourt (Faulquemont): 1298 Or. Ollacourt (Wichmann 1298, 216); 1346 cop.
Olechingen (AD Mos H 1026 p. 83); 1551 cop. Ollaucourt (AD Mos E 198);
< *Odilwaldo curte/*Olikingas, NP *Odilwald (*o⁄ila- + *walda-) pour le topo-
nyme en -court, *Odiliko (*o⁄ila- + -l-) pour le toponyme en -ingen.
48. †Humbercourt, cne. de Metz: 1284 Or. en Humbert cort (AM Metz II 303); 1347
Or. en Humbert cort (AM Metz II 25); < *Hûniberto curte, NP Hûnibert (*hûni-
+ *berhta-).
49. Jallaucourt (Delme): 1189 Or. Gallaucourt (Parisse, Bar n° 51); 1284 Or. Jala-
court (AM Metz II 303); 1288 Or. Jallacort (Wichmann 1288, 73); 1295 Or. Jailla-
court (AD MM H 1228); 1331 Or. Jallacort (AD MM H 1241); 1343 Or. Jallau-
court (AM Metz II 307); 1359 cop. la ville de Gellaicourt seant entre Byoncourt
et Dyeme (AD MM B 494-17); 1404/06 cop. von Jallacur (AD Mos H 4768-2 f°
2v°); < *Gelloaldo curte, NP germ. *Gîsalwald (*gîsala- + *walda-) > fr.occ.
*Gelloald, avec évolution de [e] prétonique > [a] en ancien lorrain.
50. Lemoncourt (Delme): 1237 cop. Limoncort (BN Pa ms. lat. 10024 f° 25r°); 1242
cop. Lymoncort (BN Pa ms. lat. 10023 f° 34v°); 1255 Or. Limoncort (AD Mos
H 4126-1); 1279 Or. Leimoncort (AD MM H 1241); 1292 Or. Lymoncort (BN Pa
ms. lat. 10024 f° 69r°); 1294 Or. Limmoncort (AD MM H 1241); 1331 Or.
Limoncort (AD MM H 1241); < *Limône curte, NP *Limo, probablement d’ori-
gine romane (cf. Solin/Salomies 352 Lima).
51. Liocourt (Delme): 1023 cop. Luonkurt (BM Trier ms. 1632/396 p. 92); 1026 cop.
Luokurt (BM Trier ms. 1632/396 p. 96); 1258 Or. Lioucourt (AD Mos 3 J 16);
1267 Or. Liocort (Wichmann 1267, 40); 1284 Or. Luocort (AM Metz II 303);
1288 Or. Lioucort (Wichmann 1288, 438); 1290 Or. Lioncourt (Wichmann 1290,
360); 1293 Or. Luoncourt (Wichmann 1293, 478); 1295 Or. Lioncort (AD MM
H 1228); 1343 Or. Luocourt (AM Metz II 307); 1347 Or. Lieucourt (AM Metz
II 25); < *Leudulfo curte, NP germ. Leudulf (*leudî- + *wulfa-)?
52. †Liocourt, cne. de Vic-sur-Seille: 1432 Or. en la fin de Vy a Lieucourt (AD MM
G 897); < *Leudulfo curte?
53. Lubécourt (Château-Salins): 1288 Or. Libeicor (AD MM H 1241); 1290 Or.
Libeicort (AD MM H 1246); 1302 Or. Lybeicort (AD MM H 1243); 1303 Or.
Libeicort (AD Mos H 799-1); 1370 Or. Lebeircourt (LA Sbr. Helmstatt n° 59);
1415 Or. Lebelcourt (LA Sbr. Helmstatt n° 92); 1443 Or. Lebecourt (AD MM B
601 n° 32); 1469 cop. zu Lubecurt in Wechsinger daill (BM Trier 1670/349 f°
226r°); < *Libero curte, NP Liber(ius) (Solin/Salomies 1988, 351).
54. Malancourt (Metz): 1128 Or. Malancurt (Pflugk-Harttung t. 2 n° 299); 1136 Or.
Malancourt (Pflugk-Harttung t. 2 n° 323); 1179 Or. Malancort (Wolfram p. 302);
1260 Or. Malaincort (AD MM B 592-221); 1328 Or. Mallencort (AD MM B
590-79); < *Malâno curte, NP Malân(i)us (Solin/Salomies 1988, 111).
55. Malaucourt (Delme): 1284 Or. Malacourt (AM Metz II 303); 1331 Or. Mallacort
(AD MM H 1241); 1338 Or. Malacourt (AM Metz II 23); 1344 Or. Mallaucourt
(AM Metz II 24); 1378 Or. Malaucourt (AM Metz II 30); 1415 Or. Malacourt
(LA Sbr. Helmstatt n° 91); < *Ma⁄alwaldo curte, NP germ. *Ma⁄alwald
(*ma⁄ala- + *walda-) > fr.occ. *Malloald.
56. †Mancourt, cne. d’Ennery (Vigy): 1375 Or. Mancort (AD Mos 7 F 606); 1455 Or.
en Metin (AD Mos 7 F 641); < *Madano curte/*Madingas, NP germ. (fr.occ.)
Mado (*ma⁄-) et *Madanus (*ma⁄- + -n-).
57. †Mannoncourt, cne. de Delme: 1267 Or. de Mannoncort (Wichmann 1267, 46);
1421 cop. Manoncourt (AD Mod G 10 f° 129v°); < *Mannône curte, NP germ.
Manno (*mann-).
58. †Mantoncourt, cne. d’Ommeray (Vic-sur-Seille): 1219 Or. Mantoncorth (AD MM
H 608); 1221 cop. Mantoncourt (AD MM H 542 p. 211); 1273 Or. Mantoncort
(AD MM B 814-1); 1289 Or. Mantucor (AD MM H 545); 1310 Or. Mantoncort
(AD BR G 5254-1a); 1320 Or. Mantoncourt (AD MM H 608); 1470 cop. Man-
tancourt (AD Mos G 9 f° 150r°); < *Mantôno curte, NP Manton(i)us (d’origine
romane, cf. Solin/Salomies 1988, 112).
59. †Marcourt, cne. de Many (Faulquemont): 1346 cop. de Merecourt (AD Mos H
1167-4); 1629 Or. Marcourt (AD Mos H 1158-2); 1661 cop. deuant Merecourt
(AD Mos H 1158-3); < *Marco curte, NP Marcus.
60. Moncourt (Vic-sur-Seille): 1265 Or. Mooncort (AD MM H 1282); 1319 Or.
Moncourt (AD MM H 611); 1343 Or. Moncort (AD MM H 2428); 1346 Or. von
Mohoncourt (AD MM H 2474); < *Môdône curte, NP germ. Môdo (*môda-).
61. †Moilloncourt, cne. de Semécourt (Metz): XIIe s. Or. Moilloncort (BN Pa Coll.
Lorr. 971-6); 1186 Or. Muliencurt (AD MM G 520); 1240 Or. des boez de
Moilloncurt (AD Mos H 788-1); < *Mutiliône curte, NP *Mutilio (cf. Solin/
Salomies 1988, 124 Mutilius).
62. †Obcourt, cne. de Flocourt (Pange): 1294 Or. in villis de Bessei et Abocort (AD
MM H 1255); < *Alboaldo curte, NP germ. (fr.occ.) *Alboald (*alba- + *walda-
).
63. Oriocourt (Delme): 1235 Or. Vriencort (AD Mos H 119-1); 1264 cop. Orieucort
(BN Pa ms. lat. 10024 f° 20v°); 1275 Or. Orieucort (Wichmann 1275, 124); 1294
Or. Oriencourt (AD MM H 1241); 1295 Or. Orioncort (AD MM H 1228); 1325
Or. Oriocourt (AN Lux A 52 Nr. 183); 1347 Or. Orieucourt (AM Metz II 25);
< *Auriulfo curte, NP germ. *Auri-wulf > *Oriolf (*aur- + *wulfa-).
64. Pettoncourt (Château-Salins): 1339 Or. Betoncourt (AD MM B 574-94); 1393 Or.
Betoncourt (AD MM G 882); 1460 Or. Bethoncourt (LA Sbr. Helmstatt n° 136);
< *Bettône curte, NP germ. Betto (*berhta-?).
65. Plappecourt, cne. de Raville (Pange): 1430 Or. Plappecourt delez Rauille (AD
Mos 10 F 395); 1560 Or. Peplingen bei Roulingen gelegen (AD MM B 690-163);
< *Pappulo curte/*Paplingas, NP Pappulus, Pappolus, avec syncope romane et
dégémination de -pp- *Paplus.
66. Prévocourt (Delme): XIIIe s. cop. Prouecurt (BM Trier 1632/396 p. 320); 1337 Or.
Prouoicourt (AM Metz II 22); 1375 Or. Prouocourt (AM Metz II 29);
< *Probulo curte, NP Probulus (Solin/Salomies 1988, 384)?
67. †Raucourt, cne. de Maizières-lès-Metz (Metz): 1344 Or. Raucourt (AM Metz II
24); < *Radoaldo curte, NP germ. Radoald (*rêda- + *walda-).
68. Réchicourt-le-Château: 1065 Or. Richiscort (AD Mos G 1607-1); 1103 cop.
Richiscurtis (AD Mos H 2547-2); 1179 cop. Ruchesingen (AD MM H 303); 1182
Or. Richercort (AD MM H 629); 1183 Or. Richeycort (AD MM B 481-44); 1185
Or. Richiecort (AD MM H 629); 1256 Or. Rukesinga (BN Pa Coll. Lorr. 98-105);
< *Rîkgîso curte/*Rîchgîsingas, NP germ. Rîchgîs (*rîka- + *gîsa-).
69. Recourt, cne. de Marsal (Vic-sur-Seille): 1273 Or. Rihecort iuxta Marsallum (AD
MM H 611); 1273 Or. la grange de Riecort (AD MM B 814-1); 1315 cop. Rey-
curia ante Marsallum (AD MM H 610); 1319 Or. Reycourt (AD MM H 611);
1311 Or. Recourt (AD MM H 611); 1312 Or. Reicuria prope Marsallum (AD
MM H 1248); v. 1500 Or. Recourt (AD MM H 564); 1572 cop. Recourt (AD MM
H 610); < *Rîco curte, NP germ. Rîcus (*rîka-)?
70. †Resaincourt, cne. de Maizières-lès-Metz (Metz): 1375 Or. de Resaincourt (AM
Metz II 29); < *Risîno curte, NP germ. Risîn (*ris-) ou NP roman Risennius
(Solin/Sallomies 1988, 156)?
71. Romécourt, cne. d’Azoudange (Réchicourt-le-Château): v. 1142 < Xe s. cop.
Romaninga (Perrin p. 144); 1152 cop. Romaicort (Hiegel p. 290); < *Româno
curte/*Româningas, NP Romanus.
72. Roncourt (Metz): 1128 Or. Rouncurt (Pflugk-Harttung t. 2 n° 299); 1136 Or.
Rooncurt (Pflugk-Harttung t. 2 n° 323); 1138 cop. Rouncourt (BN Pa ms. lat.
12866 n° 39); 1268 Or. Roncort (AN Pa J 582-19); 1323 Or. Roncourt (BN Pa
ms. fr. 8708); 1329 Or. Roncourt (AD MM B 590-81); < *Rôdône curte, NP germ.
Rôdo (*hrô⁄-).
73. Rondpré, cne. de Métairies-Saint-Quirin (Lorquin): v. 1142 < Xe s. cop. Ronnin-
gesdorf (Perrin p. 144); 1132/46 Or. Roningesdorf (AD BR H 609-5); v. 1137 Or.
Ronistorf (AD BR H 609-5); 1202 cop. Ro[n]encurth (Hiegel p. 292); 1278 Or.
Ronesdorf (AD Mos H 4751-1); 1304 Or. Ronesdorf (AD Mos H 4734-2); 1335
Or. Ronestorf (AD MM H 811); 1350 Or. Ronestorf (AD Mos H 4751-2); 1454
Or. Ronesdorff (AD BR H 679-5); < *Roningo curte/*Roninges dorf, NP germ.
*Runing, Roning (*run-).
74. Sarrixing, cne. d’Imling (Lorquin): v. 1137 Or. Ruchesingen (AD BR H 609-5);
v. 132/46 Or. Ruggesingen (AD BR H 609-5); 1289 Or. Rechecurt super Saram
(AD MM H 545); 1327 Or. Sarrukesinga (AD Mos H 4757-1); 1346 Or. Sarru-
kesingen (AD Mos H 4757-2); < *Rôdgîso curte/*Ruodgîsingas, NP germ.
*Hrô⁄gîs (*hrô⁄- + *gîsa-).
75. †Scotelaincourt, cne. de Cheminot (Verny): 1211 Or. Scotelemcort (AD Mos H
42-6); < *Scottolêno curte, NP *Scottolênus (Solin/Salomies 1988, 398 Scotto +
-lênus).
76. Semécourt (Metz): 875 (faux) Semaricurt (MGH DD Ludwig der Deutsche
n° 168); 1138 cop. Semeicort (BN Pa ms. nal. 1608 f° 15v°); XIIe s. Or. Semecort
(BN Pa Coll. Lorr. 971-6); 1242 cop. Simercort (BN Pa ms. lat. 10023 f° 28v°);
1313 Or. Semeicort (AD Mos 3 E 3631); 1403 Or. Symacourt (AN Pa KK 290);
< *Sigimaro curte, NP germ. Sigimar (*sigi(s)- + *mêra-).
77. †Seraincourt, cne. de Salonnes (Château-Salins): 777 Or. Sicramnocurte (Tangl.
pp. 208, 211, 213); 814/40 Or. Sigramnocurte (Puhl p. 346); 1388 Or. Seraincourt
(AD MM G 471); 1393 Or. Seraincourt (AD MM H 1255); < *Sigiramno curte,
NP germ. Sigi(h)ram(n) (*sigi(s)- + *hrabana-).
78. Stoncourt, cne. de Villers-Stoncourt (Pange): 1273 Or. an la fin d-Estoncourt
(Wailly n° 155); 1343 Or. Stoncourt (AM Metz II 307); 1457 Or. Stoncourt (AN
Lux A 52 n° 1714); 1467 Or. Stoncourt (AN Lux A 52 n° 1893); 1477 Or. Ston-
court (BN Pa Coll. Lorr. 975-23); < *Stôdône-curte, NP germ. (fr.occ.) *Stôdo
(Kaufmann 1968, 328; base lexicale non déterminée).
79. Thicourt (Faulquemont): 1018 Or. Tiedresdorf (MGH DD Heinrich II n° 379);
v. 1050 Or. Tiheicourt (AD Mos G 29 n° 5); 1093 cop. Thehericurte (AD Mos J
841); 1142 cop. Thiederesdorf (BN Pa ms. lat. 10030 f° 6v°); 1225 Or. Thihecort
(AD MM B 590 n° 5); 1255 Or. Tihecort (AD Mos G 152); 1230 Or. Tyecort
(AD Mos H 3567-3); 1349 Or. Dyderstorf (AN Lux A 52-384); 1387 Or. Die-
derstorf (AD Mos 6 F 57); < *Têdhero curte/*Diedheres dorf, NP germ. Theud-
hari (*⁄eudô- + *harja-), romanisé en Têdher dans la forme romane par réduc-
tion du germ. [eu] à [ê] et substitution de [⁄] par [t]; Diedher dans la forme
germanique par évolution de [eu] > [ie] et de [⁄] > [d] en vieux haut allemand.
80. Vannecourt (Château-Salins): 777 Or. Uuarnugo curte (Tangl p. 208); 777 Or.
Uuarningas (Tangl p. 211); 1261 Or. in loco qui uocatur in monte Winingen (AD
MM H 3213); 1281 Or. in monte Werlingen (AD MM H 3213); 1288 Or. Warne-
court (AD MM H 1256); 1293 Or. Warnecuria (AD MM G 497); 1305 Or. supra
Werlingerberge (AD MM H 3213); 1414 Or. Wanecourt (AD MM H 1250);
< *Warniaco curte/*Warno curte/*Warningas, NP germ. Warni (*war(i)na-).
81. †Vannecourt, cne. de Luppy (Pange): 1287 Or. an Warneicort on ban de Lupey
(AM Metz II 304); < *Warniaco curte, NP germ. Warni (*war(i)na-).
82. Vaudoncourt, cne. de Varize (Boulay): 1220 Or. Uaudoncort (AD Mos 4 E 359);
1343 Or. Wadoncourt (AD Mos J 5740); 1347 Or. Wadoncort (AM Metz II 25);
1378 Or. Waudoncourt (AM Metz II 30); < *Waldône curte, NP Waldo (*walda-).
83. †Vertignécourt, cne. de Puttigny (Château-Salins): 777 Or. Uictornigas (Tangl
p. 208); 777 Or. Uicturningas (Tangl p. 211); 781 Or. Victerneiacurte (MGH DD
Karl der Grosse n° 136); 950 Or. Veternegiocurte (Parisse 1977 n° 54500); 1165
Or. Vitrineicort (Parisse s.d. n° 6); 1192 Or. Vitreneicort (AD MM H 1228); 1228
Or. Vitrigneicort (AD MM G 496); 1288 Or. Vitreneicor (AD MM H 1241); 1304
Or. Vertigneicort (AD MM H 1256); < *Victoriniacas/*Victoriniaca curte/*Victo-
riningas, NP Victorînus (Solin/Salomies 1988, 208).
84. †Wacourt, cne. de Laneuveville (Delme): 1354 Or. en lai voie de Wacourt (AD
MM H 1243); < *Waldo curte, NP Waldi (*walda-).
85. †Wacroncourt, cne. de Malaucourt (Delme): 1121 cop. Wacruncurt (BN Pa ms.
lat. 10030 f° 3v°); 1180 cop. Wacruncourt (BN Pa ms. lat. 10030 f° 64v°); 1210
cop. Wacroncurt (BN Pa ms. lat. 10030 f° 4v°); 1267 cop. Waccruncurt (BN Pa
ms. lat. 10030 f° 1r°); < *Wakkarône curte, NP Wakkaro (*wak(a)ra-).
86. †Xallecourt, cne. de Salonnes (Château-Salins): 1345 cop. la ferme Xallecourt
(BN Pa ms. lat. 10024 f° 46r°); < *Scallo curte, NP Scall(i)us (Solin/Salomies
1988, 164).
87. Xocourt (Delme): 1279 Or. Xocort (Wichmann 1279, 464); 1290 Or. Xuocort
(Wichmann 1290, 192); 1298 Or. Xuocort (Wichmann 1298, 496); 1326 Or. Xouo-
court (AM Metz II 305); 1333 Or. Xoocort (AM Metz II 306); 1405 Or. Xuol-
court (AM Metz II 314); < *Scudoaldo curte, NP germ. *Scudoald (*scud- +
*walda-).
88. †Zencourt, cne. de Puttigny (Château-Salins): 814/40 Or. in fine Silciniaga (Puhl
p. 347); 1414 Or. Zencourt (AD MM H 1250); 1445 cop. Zencourt (AD MM G
496); < *Silciniacu/*Silcino curte, NP *Silicianus, Silicinus (Solin/Salomies 1988, 403).
(52) Cf. Martina Pitz, La Genèse de la frontière des langues en Lorraine: éléments
pour un argumentaire philologique et toponymique, in: Jeanne-Marie Demarolle
(dir.), Frontières (?) en Europe occidentale et médiane de l’Antiquité à l’an 2000.
Metz 2001, pp. 73-107.
(53) Pour la définition de ce terme cf. Maria Besse, Les Doublets toponymiques le
long de la frontière linguistique: méthodologie, chronologie phonétique, étude de
cas. L’exemple de la Belgique, in: Bulletin de la commission royale de toponymie
et dialectologie 72 (2000), pp. 35-102, ici p. 70. Pour l’interprétation historique
de la genèse de ce type de doublets, cf. Martina Pitz, Genuine Übersetzungs-
paare primärer Siedlungsnamen an der lothringischen Sprachgrenze: Überlegun-
gen zu ihrem sprach- und siedlungsgeschichtlichen Aussagewert, in: Onoma 36
(2001, à paraître en 2002).
(54) Cette appellation qui me paraît de loin la plus pertinente, a été proposée par
Wulf Müller, Artikelgestaltung und Zielpublikum in der Suisse romande. Am
Beispiel von Courrendlin/Rennendorf, in: Heinrich Tiefenbach (dir.), Historisch-
philologische Ortsnamenbücher. Heidelberg 1996, pp. 72-85, ici p. 75.
(55) Voir Martina Pitz, Le Superstrat, op. cit., p. 72ssq.; Martina Pitz et Frauke Stein,
Genèse linguistique d’une région frontalière: les environs de Forbach et de
Sarreguemines, in: Les Cahiers Lorrains (2000), pp. 365-412.
(56) Cf. Martina Pitz, Toponymie zwischen den Sprachen. Ortsnamen als Instrumente
landes- und siedlungsgeschichtlicher Forschung im lothringischen Sprachgrenz-
raum, in: Heinz-Peter Brogiato (dir.), Geographische Namen in ihrer Bedeutung
für die landeskundliche Forschung und Darstellung. Trier 1999, pp. 67-95, notam-
ment p. 68s.
(57) Cf. Wilhelm Braune, Althochdeutsche Grammatik. 13e éd. rev. par Hans Eggers.
Tübingen 1975, pp. 54sqq.
(58) Cf. ibid., pp. 94sqq.
(59) Cf. Leo Spitzer, Das Suffix -ône im Romanischen, in: Biblioteca dell’ Archivum
romanicum II, 2, pp. 183sqq.; Peter Stotz, Handbuch zur lateinischen Sprache
des Mittelalters, t. 2: Bedeutungswandel und Wortbildung. Munich 2000, p. 274
§ 34.3.
(60) Cf. Stotz, op. cit., § 35.4; Braune/Eggers, op. cit., pp. 187, 195.
(61) Cf. Wolfgang Meid, Germanische Sprachwissenschaft III: Wortbildungslehre.
Berlin 1967, pp. 246sqq.; Jörg Riecke, Die schwachen -jan-Verben des Althoch-
deutschen. Ein Gliederungsversuch. Göttingen 1996, pp. 59sqq.
(62) Cf. notamment Kaufmann, Rufnamen, op. cit., pp. 11sqq.
(63) Cf. Braune/Eggers, op. cit., pp. 182sqq.
(64) Cette assimilation est attestée en galloroman dès le VIIe siècle, cf. Lothar Wolf
et Werner Hupka, Altfranzösisch. Entstehung und Charakteristik. Eine Einfüh-
rung. Darmstadt 1981, § 83. Pour les attestations de ce phénomène dans les
(72) Cf. Morlet, op. cit., t. 1, pp. 98 et 110 avec confusion de deux bases germaniques
qu’il conviendrait de distinguer rigoureusement.
(73) Le terme est surtout utilisé en toponomastique, cf. Besse, Les Doublets, op. cit., p. 61.
(74) D’après Pitz, Übersetzungspaare, op. cit., parmi les doublets traductifs décelés
en Lorraine, 20 % environ exigent une étymologie appuyée sur des variantes
anthroponymiques, contre 80 % pour lesquels l’anthroponyme reconstruit est
identique pour les deux séries. Les exigences méthodologiques découlant de ce
constat me paraissent indubitables: les formes historiques doivent être claire-
ment réparties selon les deux séries romane et germanique et analysées en
s’appuyant rigoureusement sur les lois phonétiques régissant l’évolution de
l’une et l’autre langue (cf. aussi Müller, op. cit.). Lorsque les attestations histo-
riques recueillies pour les deux séries ne «calent» pas les unes aux autres au
regard de ces lois phonétiques, mieux vaut poser le problème de la variation
anthroponymique initiale que de tenter l’impossible en matière de phonétique
historique ou de recourir à d’hypothétiques analogies ou interférences linguis-
tiques susceptibles d’avoir «changé» le nom de l’éponyme de la localité lors de
l’évolution linguistique du toponyme.
(75) Cf. Morlet, op. cit., t. 1, p. 31. Un survol rapide des matériaux rassemblés par
Morlet semble montrer la pertinence de cette hypothèse: du point de vue pure-
ment statistique, les anthroponymes germaniques sémantiquement «parlants»
sont en effet beaucoup plus fréquents, même sur le territoire de la Galloro-
mania, que ceux qui relient deux bases germaniques de façon aléatoire. Même
si le choix d’un nom de personne est toujours lié à l’imitation de modes et
à d’autres phénomènes socioculturels très complexes et découle très rare-
ment d’une véritable réflexion personnelle, ce constat permet probablement de
conclure à un certain bilinguisme, si rudimentaire soit-il, même au sein de la
nymes qui se présentaient à l’origine sous la forme -iaca curtis, qui renfor-
çait donc l’ancien suffixe -iacum par le nouveau terme à la mode(82), sont
justement composés avec des anthroponymes romans: le n° 18 Bisécourt
contient un Bisius, le n° 83 Vertignécourt nous dévoile un Victorinus, le
n° 88 Zencourt un Silicinus. Lorsqu’on examine le corpus dans son ensemble,
la fréquence des anthroponymes non germaniques devient étonnante: si mes
conclusions étymologiques sont justes, 22 toponymes sur 88, donc exactement
un quart, semblent contenir un anthroponyme non germanique; pour d’autres,
cette conclusion paraît également possible, mais l’hypothèse d’une racine
germanique ne peut être exclue. Dans beaucoup d’autres cas, les noms
reconstitués, même si les termes utilisés sont d’origine germanique, présentent
des signes apparents de romanisation: un *Hlutha-wald devient Flodoald
(n° 31)(83), un Habo devient Kabo (n° 24)(84), un Hradin devient Cradin
(n° 27) en substituant un -h- germanique devenu imprononçable, un Gisilo
devient Gillo (n° 38), un Gisilwald devient Gelloald (n° 49), un Mathalwald
devient Malloald (n° 56)(85), un Adalmar devient Almar (n° 8) par suite
d’assimilations consonantiques typiquement romanes; de nombreux topo-
nymes contiennent des noms courts à flexion forte comme Adalus (n° 6) ou
Fredus (n° 32), alors que cette dernière est restée extrêmement rare en vieux
haut allemand.
Il va de soi qu’on pourrait évoquer d’autres problèmes, citer d’autres
exemples, et qu’un corpus de 88 toponymes localisés dans un tout petit
espace géographique est bien trop modeste pour vouloir apporter des élé-
ments de réponse aux nombreuses questions ouvertes. Contrairement aux
interférences liées à la culture, aux mores, dont certains aspects ont fait
l’objet d’études exemplaires(86), les interférences liées à la lingua sont,
quant à elles, loin d’être toutes connues et, à plus forte raison, intégrées
dans une vue d’ensemble de ce melting pot qui est à l’origine de notre his-
toire européenne. Mais il s’agissait de tracer un chemin, de faire un pre-
mier pas pour sortir de l’oubli dans lequel la recherche linguistique l’avait
longtemps placé, un type de formations toponymiques aux «potentialités»
étonnantes et inexploitées, susceptible de fournir de précieux renseigne-
ments sur les phénomènes d’acculturation et d’ethnicité qui préoccupent
(83) Pour la substitution du /hl/ germanique par <fl> cf. Pitz, Siedlungsnamen, op.
cit., 797ssq.
(84) Pour le changement de /h/ initial devant voyelle en /k/ cf. ibid. p. 796.
(85) Pour les changements phonétiques qui sont à l’origine de cette évolution, on se
reportera à Pitz, Siedlungsnamen, op. cit., p. 803s.
(86) Cf. notamment la récente vue d’ensemble proposée par Scheibelreiter, op. cit.
Mme May Plouzeau a lu attentivement l’article avant publication. Nous tenons à lui
exprimer notre reconnaissance pour ses remarques et ses corrections.
(1) Cf. Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament, éd. Pierre Nobel, Paris,
Champion, 1996, I, p. 167 et Li Romanz de Dieu et de sa Mere d’Herman de
Valenciennes, éd. Ina Spiele, Presses universitaires de Leyde, Leyde, 1975, p. 314,
v. 5602.
(2) L’expression, de Nicolas Oresme, fut écrite à propos des rois de France Jean
le Bon et Charles V qui avaient fait entreprendre toute une série de traduc-
tions (cf. Jacques Monfrin, «Humanisme et traduction au Moyen Âge», in
L’humanisme médiéval dans les littératures romanes du XIIe au XIVe siècle,
édité par Anthime Fourrier, Paris, Klincksieck, 1964, p. 217-46, p. 229).
(3) Cf. à ce sujet B. Woledge et H. P. Clive, Répertoire des plus anciens textes en
prose française depuis 842 jusqu’aux premières années du XIIIe siècle, Genève,
Droz, 1964, p. 13 et p. 21.
Une présentation rapide des manuscrits qui nous ont transmis les
deux translations, la Bible anglo-normande et la Bible d’Acre, s’impose
avant que nous ne procédions à l’étude des textes(5). La première nous est
parvenue à travers deux copies: le ms. BNF fr. 1 (P) et le ms. Londres
B. L. Royal I C III (L). La première porte les armoiries de John de Welles
et de sa femme Maud. John est mort en 1361, le manuscrit est donc anté-
rieur à cette date et doit remonter au milieu ou au troisième quart du
XIVe siècle(6). Selon l’expresion de Samuel Berger, il s’agit là d’une «Bible
de famille»(7). Elle est décorée de «78 grandes initiales historiées à bor-
dures et [de] 4 miniatures»(8) que nous nous permettrons de qualifier de
fort laides. Une note au début du ms. de Londres (L), rédigée dans une
écriture du XVe siècle et qui précise: Hic est liber monachorum claustra-
lium Radingie, permet d’affirmer que le manuscrit se trouvait à l’abbaye
de Reading à ce moment-là. Il a peut-être été confectionné au même
endroit, sans que l’on puisse en être sûr. Dépourvu de toute décoration,
troué à certains endroits, écorné à d’autres, il frappe par son aspect fruste.
L’écriture est relâchée, sans grande tenue. Détail important: la division en
chapitres correspond à celle adoptée pour la Vulgate à partir de 1226(9), le
(4) Cf. Pierre-Maurice Bogaert, «Paris, 1274. Un point de repère pour dater la
Bible (française) du XIIIe siècle», article à paraître.
(5) Nous avons déjà présenté les copies dans notre article «La Bible anglo-nor-
mande et la Bible d’Acre: question de source», paru dans L’histoire littéraire: ses
méthodes et ses résultats, Mélanges offerts à Madeleine Bertaud, Droz, 2001,
p. 429-448. Nous insisterons davantage ici sur l’aspect matériel des copies et
leurs éventuels destinataires.
(6) Cf. Samuel Berger, La Bible française au Moyen Âge, Étude sur les plus
anciennes versions de la Bible écrites en prose de langue d’oïl, Paris, 1884,
Slatkine Reprints, Genève, 1967, p. 230 et François Avril et Patricia Danz
Stirnemann, Manuscrits enluminés d’origine insulaire, VIIe-XXe siècle, Paris,
Bibliothèque Nationale, Département des manuscrits, 1987, p. 157, n° 198.
(7) Loc. cit.
(8) Fr. Avril et P. D. Stirnemann, loc. cit.
(9) S. Berger, op. cit., p. 236.
début de chacun d’entre eux étant signalé par un chiffre romain et une
grande capitale. Aucune des autres copies des deux traductions ne pré-
sente cette division qui varie fortement de l’une à l’autre. Il ne s’agit assu-
rément pas là d’un exemplaire de qualité destiné à un grand personnage
ou une famille importante. Son aspect eût été différent. Le manuscrit est
de la première moitié ou du milieu du XIVe siècle(10).
La Bible d’Acre, quant à elle, nous a été transmise par trois copies
françaises: le ms. Arsenal 5211 (A), le BNF nouv. acq. fr. 1404 (N) et le
Chantilly, Musée Condé 3 (anciennement 724)(11). Les deux premières sont
issues de scriptoriums de la ville d’Acre, d’où le nom donné communé-
ment à cette translation biblique. A est richement décoré et il est com-
munément admis qu’il a été confectionné et enluminé pour saint Louis en
personne, au moment de son séjour en Terre Sainte, de 1250 à 1254(12).
Selon l’expression de Hugo Buchthal, il s’agit là d’un «livre royal par
excellence»(13). Rien n’est dit par le scribe sur la destination du manuscrit
de la Bibliothèque Nationale. À en croire Jaroslav Folda, le commandi-
taire pourrait en être un Templier(14), mais rien n’est sûr. Comme d’autres
copies issues du même scriptorium, il a été décoré par un artiste que l’on
❋
Un court extrait pris dans chacune des Bibles permettra de juger
immédiatement de la différence fondamentale qui les sépare:
Moysés parloit et Nostre Sire li respondoit(20). Lors fist Nostre Sire
Moysen monter enson le mont de Synay. Et quant il fu amont, si li dist:
(21) Glose marginale: par nature li deu qui sont apelés deu qui sont fais faus sont.
(22) Glose marginale: ydles entaillees de pierre ne de fust ne d’autre.
(23) Glose marginale: Come le souleill, la lune ne les plenetes.
(24) Glose marginale: par sacrefices queinces tu non sacrefieras a eaus.
(25) Glose marginale: aillors s’apelle il zalos por mostrer la grant amor qu’il a en nos.
À la place de fors, amierres, on lit sur le ms. A: fors enovre (fors en ovre?).
(26) Nous citons le texte de la Bible d’Acre d’après N qui est notre manuscrit de
base pour l’édition que nous préparons. A ressemble à beaucoup de manuscrits
prestigieux où le souci de la décoration semble l’emporter sur la qualité du
texte. Le scribe modernise la langue et fait disparaître quelques termes régio-
naux, propres au Royaume franc. Il omet aussi les gloses marginales explica-
tives qu’on trouve en N et dans la traduction occitane. Elles sont d’origine.
(35) Cf. à ce sujet la note de la Bible de Jérusalem, Éditions du Cerf, Paris, 1972,
p. 81, note g.
On a l’impression qu’il existe une lacune. À quel moment les dix commande-
ments sont-ils prononcés? Rien ne l’indique. Moïse est descendu du Sinaï et
reproduit des paroles dont on ne sait pas quand elles ont été dites.
(36) Il s’agit d’un extrait de la lettre de Jérôme à Paulin, utilisée en guise de pro-
logue au Pentateuque dans de nombreuses Bibles médiévales. Le texte latin et
la traduction sont cités d’après Saint Jérôme, Lettres, tome III, texte établi et
traduit par Jérôme Labourt, Paris, Belles Lettres, 1953, p. 10.
Avaunt alast traduit praeesset, dont les éléments, préfixe et base, sont trans-
posés. La substitution de luizist est certainement destinée à améliorer la
compréhension du texte au prix d’une belle infidélité, puisque praeesse veut
dire ‘présider’. On pourra donner de nombreux exemples de cette pratique:
Mesne la terre avaunt vivaunte alme en soun gendre (B. a.n., L, 6r°b)
Doint la terre arme vivant selonc sa maniere (Acre, N, 3v°b)
producat terra animam viventem (Gn I, 24),
Mesnent les eawes avaunt chose chatonaunte de vivaunte alme et vola-
tile sur la terre south le firmament du ciel. (B. a.n., L, 6r°b)
Metent fors les aigues reptile vivant sur terre et volatile vivant desos le
firmament dou ciel (Acre, N, 3v°b; id. en A 4v°a)
Producant aquae (Gn I, 20).
Dans les deux cas, producant a été décomposé en pro et ducere pour être
traduit par mener et avaunt. Metre fors traduit moins servilement l’ex-
pression de la source.
Fesoms nous hom a nostre ymage et semblaunce et soit devaunt les
pesshouns de la meer et des volatils de ciel et as bestes (B. a.n., L,
6v°a)
Faisons home a nostre ymage et a nostre semblance et soit sires des
poissons, des oizeaus et des bestes (Acre, N, 4r°a)
et praesit (Gn I, 26)
Metre a l’espee ‘passer par le fil de l’épée’ est l’expression courante dans
la langue médiévale(39), parfaitement compréhensible, alors que en la
bouche de espee reste obscur sans recours à la source.
Jeo sui le Sire toun Dieu que toi mesna de la terre de Egipte, de la
maisoun de servage (B. a.n., L, 50r°b)
Ego sum Dominus Deus tuus, qui eduxi te de terra Aegypti, de domo
servitutis (Ex XX, 1)
Je suis Deu, le tien Sire, qui t’ay mené fors d’Egypte et ostai de servi-
tude (Acre, N, 38r°b).
(37) Il faut comprendre: ‘Donna des ordres à ses hommes en ce qui concerne
Abraham et ils le conduisirent’.
(38) ‘Ne passe pas devant ton serviteur sans t’arrêter’.
(39) Cf. TL III, 1170.
Com se fust choze que li home multipliassent sur terre, li fiz Deu
virent les beles femes et les prirent a leur eslite. Et la malice et la
luxure multeplia sur terre. Et li jahans estoient en cel tens. Et les gens
tendoient tuit a mal. Adonques dist Deu qu’il se repentoit qu’il avoit
fait home et fu corrocié et dist [...] (Acre, N, 5 v°b).
Dans l’exemple suivant, tous les éléments secondaires du récit sont omis.
Les détails qui expliquent le choix de Loth face à Abraham ont été jugés
accessoires et seule est indiquée sa décision:
«Si tu vais al senestre, jeo moi tendroi al destre, si tu eslises al destre,
jeo irroi al senestre.» Atant leva Loth sus ses oels et vist tote la
regioun entour Jordan la quele estoit tote ruvissee einz que Nostre Sire
desfist Sodom et Gomorre, si com paradis de Nostre Sire et si com
Egipte as venauntz en Segor. Et Loth eslust a soi la regioun entour
Jordan et departi de l’orient. (B. a.n., L, 12 r°b)(47)
«[...] va destre et je a senestre, ou je irai a destre et tu a senestre. Esli
a ta volenté et departe tei de mei.» Loth eslut la contree dou flum
Jordain [...] (Acre, N, 7 v°a).
(46) Festinavit Abraham in tabernaculum ad Saram, dixitque ei: Accelera, tria sata
similae commisce, et fac subcinericios panes (Gn XVIII, 6).
(47) Traduction de Gn XIII, 10-11.
(48) Acre, N, 29 r°a.
(49) Elle devrait prendre place, dans le ms. N, en 28 v°b.
(50) De ceste gent nasqui Enoch qui fu ravi el ciel, qui engendra Matusalem. Adam
vesqui .IXC. et .XXX. anz. Icist Lameth dont vos oés fu pere de Noé. Icist Noé
ot .III. fiz: Sem, Cam et Jafeth. Icist furent en l’arche (Acre, N, 5 v°b).
(51) Des enfans des fiz de Noé furent les isles a chascun selon sa lengue. D’eaus issi
Nembrot qui fu fort veneor et tint Babiloyne et la entour. De cele terre issi Assur
qui edifia Niniven la grant cité. De ceaus issirent les Filistiens, unes grans gens
(Acre, N, 6 v°b).
(52) En cel tens fu morte Sarra, la feme Abraham, et il acheta .I. sepulcre por li metre
ens pres de Manbré (Acre, N, 11 v°a).
(53) L 17 v°a, b.
(54) Cf. Gdf. II, 91a et le FEW II1, 516a.
(55) Assez curieusement, on lit sur le ms. N (3 v°a), en face de reptile traduisant le
latin reptile de Gn. I, 20, une glose marginale: choses rampans. C’est cette der-
nière expression que nous trouvons plus bas pour traduire reptilia de Gn. I, 24.
La glose s’explique du fait que reptile était un terme français nouveau, peut-
être même une création de l’auteur d’Acre. Les premières attestations
du lexème signalées par les dictionnaires remontent seulement au début du
XIVe siècle (cf. TLF, XIV, 923b). Il faudra voir dans reptile de notre texte un
générique. Remarquons au passage que reptile vivant sur terre est un contre-
sens. Vivant sur terre, dans le texte de Gn I, 20 s’applique aux oiseaux. On peut
éventuellement supposer que l’erreur est due à un saut du même au même sur
vivant, à moins qu’elle ne résulte d’un désir d’éviter l’expression vivante alme
qui n’apparaît pas ailleurs non plus dans Acre.
On relèvera aussi:
Com Abram oï que Loth soun(67) frere fust pris, il nombra treis centz
et dis et oit de ses franks pedistres et les pursui tanque a Dan que est
as boundes de Damas (B. a.n, L, 1v°b)(68)
Quant Abramham oÿ qu’il ert pris , si nombra .IIIC. et .XVIII. sergens
siens et les sui jusques a Dan (Acre, N, 7v°b)(69).
Je veoy dist il que .III. canistres(74) de farine erent sur mon chief et en
la canistre plus haut portoye viandes qui se font de paste par maistrie
et li oizeaus venoient et en manjoient. Lors dist Joseph: «Aprés .III.
jors trenchera Pharaon ton chief et te fera pendre...» (Acre, N, 17v°a).
Le texte d’Acre, dans ces derniers exemples, résulte nettement d’une inter-
prétation de l’expression biblique. Il peut aussi garder cette dernière et la
faire suivre d’un terme explicatif jouant en quelque sorte le rôle de doublet
synonymique:
(74) GdfC VIII, 419c atteste l’existence du mot au XVIe siècle, le FEW II1, 198b
signale canastre ‘panier à fruits’ au XIIIe siècle, tiré du DG. I, 341b, s.v. canasse
(renseignement donné par G. Roques).
(75) Fiant in capite Joseph, et in vertice Nazaraei inter fratres suos (Gn 49, 26).
(76) Cf. A. Blaise, op. cit., p. 551a. Mais Joseph n’était pas nazir et le sens du mot
dans ce contexte est ‘celui qui l’emporte sur les autres en dignité’ (Cf.
A. Blaise, loc. cit.).
(77) praesertim cum incircumcisus sim labiis (Ex VI, 12).
(78) ac redimam in brachio excelso, et judiciis magnis ‘et qui vous rachèterai par la
force de mon bras et par des jugements éclatants’ (Ex VI, 6).
(79) Ms: et les.
Et pour ceo que les ventr<er>es douterent Deu il les edifia maisouns
(B. a.n., L, 38v°a)(80)
lor edefia maisons et les multeplia (Acre, N, 26r°a)
multiplier explicite le sens de edefier maisons.
Une précision à caractère historique peut jouer le même rôle:
Et li fils Israel firent en tiele manere et quillerent un plus et altre
meins et le mesurerent a la mesure de gomor (B. a.n., L, 48r°b)
Enci le firent li fiz Israel et le cuillirent li uns plus, li autres mains, et
le mesurerent a la mesure que lors ert apelés gomor (Acre, N,
35v°b)(81).
Ailleurs, la substitution d’un synonyme s’explique visiblement pour
des raisons de pudeur. La Bible anglo-normande traduit textuellement le
texte-source et garde les termes crus, la Bible d’Acre a recours à des
expressions plus imagées ou moins directes:
Nostre pere est vieux et nullui des biers n’est en terre remys que nous
pusse entrer jouste la manere de tote terre (B. a.n., L, 15 v°b)(82)
et il n’i a remés nul qui peust habiter o nos si com est costume d’ome
et de feme (Acre, N, 10 r°a)(83),
Et com ceo vist Cham, le piere de Chanaan, et les genitals soun pere
estre nuds, [...]. Si estoient lour faces returnez et point ne virent les
genitals lour pere (B. a.n., L, 10 r°b)
Et Cam ces fiz, vit son pere nu, si le noncia a ces .II. freres [...]. Tor-
nerent leur zeaus(84) a une part et nel vorrent veïr (Acre, N, 6 v°a),
et circunsciza le prepuce de soun filz (B. a.n., L, 40 r°b)
et circoncist ces enfans (Acre, N, 28 r°a),
et les muliebres Sarre finirent estre fait (B. a.n., L, 14 r°b)
et elle selonc nature ne pooit conceveir (Acre, N, 9 r°a).
Il s’agit là d’une tradition bien ancrée dans la translation biblique
médiévale qui omet les passages ou les expressions susceptibles de cho-
quer et en édulcore d’autres(85).
(80) Et quia timuerunt obstetrices Deum, aedificavit eis domos (Ex I, 21).
(81) Sur gomor ‘sorte de vase employé aussi comme mesure de capacité’ voir le
DEAF, G6, 984.
(82) et nullus virorum remansit in terra qui possit ingredi ad nos juxta morem
universae terrae (Gn XIX, 31).
(83) Sur habiter, au sens sexuel du terme, cf. TL, I, 53.
(84) Le scribe du ms. N a l’habitude d’écrire leur zeaus ‘leurs yeux’. C’est là une
forme courante dans les textes du Royaume latin (cf. Cronaca del Templare di
Tiro (1243-1314), éd. Laura Minervini, Napoli, Liguori Editore, 2000, p. 439).
(85) Cf. notre article «La traduction biblique: de la glose à la translation intégrale»,
Sommes et Cycles (XIIe-XIVe siècle), Les Cahiers de l’Institut Catholique de
Lyon, n° 30, p. 112.
(86) Le principe adopté par le translateur est bien celui d’une transposition mot à
mot (cf. The Eadwine Psalter, Text, Image, and Monastic Culture in Twelfth-
Century Canterbury, edited by Margaret Gibson, T. A. Heslop, Richard W. Pfaff,
Londres, 1992, p. 145).
(87) Ainsi en L 23 v°b et 24r°a en sounge et en sounges sont suivis de sompnis écrit
dans une écriture plus petite, légèrement au-dessus de la ligne, dans la marge.
(88) Voir à ce sujet notre article «Gloses anglaises et latines dans une traduction
biblique anglo-normande (ms. Londres B.L. Royal I C III )», dans «Si a parlé
par moult ruiste vertu», Mélanges Jean Subrenat, Champion, Paris, 2000, p. 419-
435, p. 429.
(89) Voir à ce sujet l’article cité à la note 85.
(90) «[...] il appartiendra à ceux qui en feront une étude plus approfondie de nous
dire si Jean de Sy n’a pas eu sous les yeux la traduction anglo-normande [...]
et il se trouvera sans doute, si notre conjecture est acceptée par les savants, que
la version de Jean de Sy n’est, en grande partie, pas autre chose qu’une excel-
lente revision de la Bible anglo-normande.» (S. Berger, op. cit., p. 243). Paul
Meyer avait réfuté l’hypothèse de Berger: «Il est bien peu probable que cet
auteur français ait été chercher un modèle en Angleterre.» (R XVII, 1888,
p. 138).
0. Introduction
0.1. Sauf erreur de notre part, ni Baldinger (1958, 285-9), ni Rohlfs
(1970, 2), dans l’exposé des résultats généraux de leurs travaux classiques,
ne se sont explicitement prononcés sur l’âge du gascon. Pas davantage Bec
(1995) ou Ravier (1991, 85-91) dans leurs synthèses sur l’occitan. L’entité
gasconne paraît n’avoir pas de place dans le modèle de la fragmentation
proposé par Wartburg (1967) ou dans celui – de stricte obédience compa-
ratiste – de Hall (1974-1983)(1). Le fondateur des études gasconnes écrivait:
«La langue parlée dans ces limites apparaît constituée, avec ses caractères
spéciaux, dès le XIe siècle» (Luchaire 1879, 201). Dans une contribution
consacrée à l’occitan, Wheeler (in: Harris/Vincent 1988, 246) indique, sans
plus de précision: «Gascon diverged at a very early stage in both phono-
logy and morphology».
0.2. Nous nous proposons de prendre pour base de la présente
discussion les particularismes qu’on s’accorde à retenir, dans une tradition
qui remonte à Luchaire (1879, 202 sqq.), comme ceux «qui distinguent
le gascon des autres idiomes du territoire galloroman» (Baldinger 1958,
244). À savoir:
(1) F > h
(2) N > Ø / V–V
(3) LL > r / V–V
(4) LL > t / V–#
˘ > m, n / V–V
(5) MB, ND
(6) Ø > a / #–r̄
(7) fusion de B et de W(2).
(1) La question qui nous intéressera n’est pas traitée par Wüest (1979, 363,
365-8).
(2) Bourciez (1936, 2-3) met en avant ces mêmes traits sauf (5). Gavel (1936, 37)
signale les sept traits relevés par Baldinger, traits qu’il considère comme «les
principaux phénomènes dans lesquels on a cru découvrir des substrats ibé-
riques»; il y ajoute la conservation des sourdes intervocaliques et l’existence
de s apicale. Ronjat (1930-1941, § 847) mentionne une dizaine de particula-
rismes phoniques dont six retenus par Baldinger – il écarte (6). Bec (1995,
45-7) utilise les mêmes traits que Baldinger auquel il ajoute le maintien de /kw/
et /gw/ et la vocalisation de /l/ final. Bec (1970, 514-5) ne retient pas le trait (7),
mais ajoute le maintien de /kw/ et /gw/ et la vocalisation de /l/ final ainsi que
l’évolution de -{RIU. La carte de synthèse de Rohlfs (1970) comporte six des
sept traits de Baldinger, à l’exception de (7), et y ajoute le traitement praube.
Wüest (1979, 366-7) utilise les mêmes traits que Baldinger, traits auxquels il
ajoute le maintien de /kw/ et /gw/ et la vocalisation de /l/ final. Les traits rete-
nus par Baldinger correspondent aux neuf premières caractéristiques du conso-
nantisme gascon citées par Allières (1995, 452).
(3) «Note that only common innovations are indicative of [...] a special relation-
ship. Common archaism (or inheritance) can be found between any two mem-
bers of a larger language family» (Hock 1986, 579); cf. Fox 1995, 220.
(4) Formulation plus exacte chez Wüest (1979, 336-7): «Les textes les plus anciens
attestent déjà toutes [l]es particularités gasconnes, à l’exception [...] du chan-
gement F > h».
(5) Cf. Bourciez 1936, 3; Allières 2001, 18. Comme les changements phoniques sont
aussi les plus facilement situables dans le temps, ils se trouvent être ceux
qui contribuent le plus facilement à notre objectif. Pour un exposé de l’en-
semble des caractéristiques phoniques et morphosyntaxiques du gascon («par
rapport à l’occitan classique» [?]), v. Allières 1995, 451-3 et 454-63 pour le gas-
con écrit médiéval. Nous laissons de côté l’aspect aréologique; cf. en particu-
lier Baldinger 1958, 247-4 (avec cartes) et, pour l’ancienne scripta, Allières
1995, 456-7.
(6) On met à part la prise en compte du témoignage des observateurs contemporains.
(7) Par commodité, parce que cela seul est atteignable et parce qu’il n’y a que
cette façon de raisonner, on suppose que cette évolution a lieu dans
un moment. Cette simplification n’a pas nécessairement de très graves consé-
celle-ci n’est pas observable, du moins pour les périodes qui nous intéres-
seront. Le mot changement est commode – et on peut le conserver pour
nommer les faits traités ici – mais il peut induire en erreur en identifiant
les deux concepts: évolution (réelle, inobservable); correspondance entre
états (construction du linguiste, observable). On prendra garde à ne
construire une chronologie relative que sur des faits ordonnables chrono-
logiquement: de l’observation des correspondances entre états, on peut
déduire des règles d’évolution phonétique, et c’est sur le début et la fin
d’activité de ces règles que se construit la chronologie relative.
1. Les changements
Nous examinerons à présent, du point de vue de leur chronologie,
chacun des traitements phonético-phonologiques innovateurs et particula-
risants du gascon-par-définition. Pour ne pas alourdir la présente note,
nous nous en tiendrons pour l’essentiel, et sans rechercher la complétude
bibliographique, à interpréter les données et les analyses des classiques:
Ronjat (1930-1941), Rohlfs (1970) et surtout Bec (1968), auteur dont nous
admettrons, en principe, les vues.
(10) Cf. Wüest (1979, 268-9): «la prononciation labiodentale de /f/ est attestée dès
le IIe [siècle] après J.-C. par le grammairien Terentius Maurus», mais Maniet
(1975, 27): «[à] l’époque classique, [...] f était devenu labiodental».
(11) On écarte comme moins économique l’hypothèse selon laquelle la Gascogne
aurait d’abord connu [f] et serait revenue à [φ]; cette hypothèse aurait
d’ailleurs pour conséquence de remonter la chronologie, en faisant remonter
à avant [φ] > [h] (datable par ailleurs, cf. § 4) la phase incipiente du change-
ment.
(12) En espagnol, le premier exemple documentaire date de 863 (Lloyd 1987, 216).
(13) L’adaptation ne se note qu’en début de mot: germ. /h/ s’amuït en gascon à l’in-
tervocalique (Ronjat 1930-1941, 1, 51). – Pour ce qui est du gotique, «tout le
monde admet qu’à l’initiale devant voyelle, h ne marque plus qu’un souffle
sourd» (Mossé 1969, 42); cf. Braune 1966, § 61.
(14) Cf. Allières 1995, 456. Le scepticisme de Millardet (1923, 247-8), adopté
par Bec (1968, 115), quant à l’existence d’emprunts directs au germanique en
gascon, semble exagéré.
(15) Les cas de phonosymbolisme (Bec 1968, 115) doivent naturellement être mis
à part.
(16) Luchaire 1879, 210-1; Rohlfs 1970, § 472; Baldinger 1958, 249-51; ALG 2126;
Wüest 1979, 258-61.
(17) Elcock (1938, 181 n. 1) soutient qu’il est difficile de placer ce changement
«avant le IXe siècle» (v. la critique dans Bec 1968, 72-3).
(18) Bec (1968, 40), considérant sans doute implicitement que les deux stades en
question sont nécessairement proches, ne les distingue pas du point de vue de
la chronologie.
1.2.4. Par ailleurs, selon Bec (1968, 40 n. 3), s’appuyant sur Passy, les
règles (2a) et (2b) s’étaient déjà appliquées au moment de la syncope
dans *EXDISJEJUN{RE > gasc. esdejuá, SEMIN{RE > gasc. semiá (déjà agasc.
somiar, Dax 1480; FEW 11, 433b)(19), FARïNöSU > béarn. harious «fariné»,
Massat farious, en face de farnous «barbouillé». Passy en déduisait que
l’amuïssement de la consonne nasale s’était produit «avant le VIe siècle ou
au plus tard le VIIe siècle»(20).
(19) Cet exemple est écarté par Bec (1968, 40 n. 3): «le lang. a en effet séména et
non *senna». Mais l’explication ad hoc qu’il fournit («peut-être à cause de
l’analogie de mená < *MĬNARE») ne peut être retenue. On ne peut exclure
cependant une réfection «d’après les formes téléotoniques» (Ronjat, 1930-1941,
§§ 139, 141, 185).
(20) C’est assez vraisemblablement ce qui fonde l’estimation de Bec (1968, 40 et
n. 3), «aux alentours du VIIe siècle».
(21) Luchaire 1879, 211-3; Rohlfs 1970, § 469; Baldinger 1958, 252-4; ALG 2122-3;
Wüest 1979, 261-2.
(22) V. Bec (1968, 87 sqq.) pour la discussion des différentes hypothèses.
(23) (3) s’applique avant ou après la syncope, réputée «particulièrement tardive»,
dans AB(E)LL{NA (Ronjat 1930-1941, §§ 303 et 187γ).
(24) Rohlfs 1970, § 472-3; Baldinger 1958, 255-8; ALG 2136-8; Wüest 1979, 242-5;
Remacle 1984, 10-35.
(25) Le traitement -ND- > -n- atteint certains mots d’origine germanique (Rohlfs
1970, § 471). Selon Ronjat (1930-1941, § 339), «le groupe -nd- devait être rede-
venu usuel à l’époque de certains emprunts dans lesquels germ. -nd- est repré-
senté par -nd- ou par une différenciation ultérieure -nt-». Sa critique par
Wüest (1979, 243) n’a pas de portée ici. Les noms de lieux qu’on trouve dans
Gamillscheg (1934, 336, 341, 343) sont en -ein, et de ce fait trop douteux pour
être exploitables.
(26) Luchaire 1879, 208-10; Rohlfs 1970, § 465; Baldinger 1958, 258-60; ALG 2129;
Wüest 1979, 105-6.
(27) Luchaire 1879, 203-4; Rohlfs 1970, § 441; Baldinger 1958, 261-63; ALG 2101;
Wüest 1979, 264-6.
(28) On notera qu’en espagnol la fusion commence justement en position post-
consonantique avant de s’étendre aux autres environnements (Penny 1993, 32).
tions, ces faits sont suffisants pour situer ce changement, peut-être dans sa
phase incipiente, avant l’assimilation du groupe -MB- dans Cummonigo. On
peut donc écrire: B/W-FUS > MB-ASSIM (fin d’activité).
(29) Il est impossible de faire valoir les attestations en finale absolue. L’environ-
nement particulier – s# est par conséquent le seul utilisable avec sécurité dans
le corpus numismatique.
(30) Les trois monnaies toulousaines sont datées ca 585-ca 675 par Depeyrot (1998,
4, 54, 55). – On s’oppose à Elcock (1938, 181 n. 1), qui estimait que «certains
indices donnent à penser qu’en gascon la perte de e et de o en syllabe finale
atone a été plus tardive que dans le reste de la France méridionale».
(31) Richter (1934, 236) mettait en doute sur ce point, sans raison valable, le témoi-
gnage des monnaies mérovingiennes; voir, en sens inverse, le jugement d’un
excellent numismate (Prou 1910, 537).
(32) Les travaux de références en phonétique historique française datent VOC#-EFF
(en finale ouverte et en syllabe couverte) des 7e/8e siècles.
3. Premier bilan
φ] > [h]
4. Datation de [φ
(33) Cf. plus tard Commenensæ (adj. fém.) en 788 (mss carolingiens); Chambon/
Greub 2000, 175.
(34) Guinet avance le 4e siècle comme date de l’emprunt.
(35) Béarn. haube, haubii (déjà 15e s.) et divers dérivés: Caut. Arrens, Lagraulet
(FEW 15/2, 106ab).
(36) On ne peut pas compter sur le traitement de *FANJA qui, pour Guinet (1982,
151-2), contre von Wartburg (FEW 15/2, 111a), aurait une origine westique, car
la critique du FEW par Guinet repose entièrement sur un mauvais décodage
du FEW (ang. compris «anglo-normand» et non, comme il se doit, «angevin»).
(37) Mossé 1969, 42; cf. Braune 1966, § 52.
(38) *FLADMALINGÔS selon Dauzat/Rostaing (1978, 290), cf. Vincent 1937, § 319;
FILEMARINGÔS, selon Nègre (1990-1991, § 13719).
(39) On doit écarter en particulier les deux cas suivants de toponymes en H-
(Gamillscheg 1934, 342): Hastingues (Landes), certes, «scheint zu Fastila [...]
gehören», mais «-ingas ist nicht gotisch»; quant à Hostens (Gironde), il n’a pas
d’étymologie gotique.
(40) Repris par Dauzat/Rostaing (1978, 556).
(41) Nègre 1990-1991, § 13747.
(42) Gers, HGar. Castillon, Bethmale, Aran, HPyr. BagnèresB. Caut. Bazus, Ferrère,
béarn. Lescun, Ossau, Bayonne, Teste.
(43) Agasc. (Bord. 15e s.), Massat, Gers, Vd’Azun, Arrens, béarn. Nous admettons
que les formes en -ll- (Landes. Vd’Azun, Arrens, béarn. fallet et béarn. Landes
falle) s’expliquent par une accommodation qui apparaît aussi dans Ségala fallo,
aveyr. Lozère [’falc] (v. Ronjat 1930-1941, 2, 209). L’attestation d’ancien gas-
con (technicisme ayant le sens de «partie de l’armure, jupon de mailles») pour-
rait être empruntée au languedocien (faudas, Montauban 1344-1356).
(44) Cf. Gamillscheg 1934, 376-7.
(45) On notera l’explication du f- initial par Wartburg («Das f- kommt vielleicht
von einer kreuzung mit dem adj. fade oder mit fatras, die beide in bearn.
bezeugt sind»), explication ad hoc et assez peu vraisemblable, qui ne constitue
en aucun cas une contre-argumentation.
(46) *FEUSA (gotique selon Gamillscheg 1934, 380), qui n’est représenté que par des
formes en <f-> d’ancien gascon (FEW 15/2, 123; Lv) n’est que marginalement
4.2. *FALDA, *FATT- et les noms de lieux en -INGÔS étant sans aucun
doute d’origine gotique(47), ils permettent d’affiner le terminus utilisé par
Ronjat dans le passage rappelé ci-dessus § 1.1.3 («l’époque des établisse-
ments germaniques en Gaule»). La période des emprunts au gotique est,
en effet, strictement déterminable du point de vue extra-linguistique: entre
418, date de l’installation des Wisigots en Aquitaine comme fédérés(48), et
le moment où, après la défaite de Vouillé (507), «le peuple visigot émigra
en masse de l’Aquitaine vers la Vieille-Castille, chassé sans doute par la
décision que prit en 511 un concile gaulois de fermer les églises ariennes»
(Musset 1994, 90)(49).
4.3. Comme les deux traitements de got. *F- s’observent dans les
mêmes familles lexicales, il serait invraisemblable de rendre compte du
polymorphisme par une différenciation chronologique (diachronique)(50);
comme les deux traitements se constatent, d’autre part, sur le même
espace (gascon et, en particulier, béarnais), on ne peut faire davantage
appel à une différenciation diatopique. La dualité des traitements ne peut
donc refléter qu’un fait de variation diastratique.
4.4. Cette dualité conduit aux deux conclusions chronologiques sui-
vantes portant sur la période wisigotique. La première conclusion veut que
la règle φ-GLOTT ait été déjà active entre 418 et 511 (traitement /h-/), ou
plus tard. La seconde, que la même règle ait cessé d’être active à une date
antérieure à 511, puisque les emprunts au gotique peuvent échapper au
sort général des mots du stock latin et des plus anciens emprunts au ger-
(51) Il serait, bien entendu, invraisemblable de soutenir que /f/ aurait pu être
réintroduit sous l’action du gotique étant donné le manque de prestige et
d’influence de cette langue.
5. Second bilan
On a montré ci-dessus (§ 3) que les changements définitoires du proto-
gascon, à l’exception de φ-GLOTT, devaient être situés avant ca 600.
(52) Cette falsification éventuelle, ne portant que sur l’un des sept faits examinés
ici, ne remettrait d’ailleurs pas fondamentalement en cause nos conclusions.
Comme φ-GLOTT peut être situé à son tour antérieurement à 511 (ci-
dessus § 4), il en découle que le protogascon-par-définition était constitué
ca 600 au plus tard. En outre, un des changements définitoires au moins
(φ-GLOTT) avait débuté à une date largement antérieure à ca 600.
(53) Gasc. esquio, s’il a bien été implanté dans le domaine galloroman à partir de
l’ancien bas-francique, a encore subi les effets de (2a), quoique postérieur aux
emprunts gotiques examinés infra; on a donc une raison d’expliquer le double
résultat de germ. -N- par un fait de variation diastratique (ou éventuellement
diatopique), comme pour l’évolution de F-, plutôt que par un fait de variation
diachronique (cf. § 6.1.3.). Mais on pourrait aussi attribuer l’emprunt au
gotique, contre Wartburg.
(54) Cf. encore agasc. topie «grand pot de terre» (14e-16e s.), gasc. [tu’pie] etc.
(FEW 17, 348a), qui ne peut être décisif, l’histoire de ce type étant passable-
ment obscure (cf. FEW 17, 349b, selon lequel le mot se serait diffusé «etwa im
7. oder 8. jh.»... «aus dem elsässischen»).
(55) Samaran/Loubès (1979, 31) précisent que «le terroir de Montréal était à che-
val sur deux diocèses. La bastide avec son église Notre-Dame et toutes les
paroisses de la rive gauche de l’Auzoue, à l’exception de Genens et Carlenx,
toutes les paroisses de la rive gauche au nord de Sassaup se trouvaient dès la
fondation dans le diocèse d’Agen, puis dans celui de Condom à partir de 1317.
Les autres paroisses étaient dans le diocèse d’Auch». On sait que ce dernier
diocèse incorpora celui d’Éauze en 663 (Mirot/Mirot 1979, 315). V. encore, du
point de vue archéologique, Lapart/Petit 1993, 263.
(56) L’ancienne paroisse se trouvait à un peu plus d’un kilomètre au sud-est de
Notre-Dame de Montréal (Perrin/Font-Réaulx 1972, 63); cf. encore Sama-
ran/Loubès 1979, 31.
(61) Cette copie figurée «paraît être une reproduction fidèle. L’authenticité de
l’acte ressort de ses caractères extrinsèques et intrinsèques» (Boyer 1962, 237).
(62) V. Chambon, à paraître, a: sur plusieurs autres points le témoignage de la
charte de Nizezius se trouve corroboré par des documents contemporains
originaux.
(63) Ravier 1999, 127.
(64) Boyer 1962, 237.
(65) «Il semble [...] que la Gascogne a possédé depuis la romanisation une certaine
indépendance linguistique vis-à-vis du domaine ibéroroman et de la Gallo-
romania» (Schmitt 1978, 325).
(69) Wüest (l.c.) précise: «l’évolution -TR-, -DR- > -yr-, la vocalisation de /v/ final
secondaire, qui est aussi catalane, et à la rigueur, un certain traitement des
voyelles finales». La vocalisation de /v/ final étant à exclure comme non spé-
cifique et la dernière allusion nous demeurant obscure, la liste se réduit au
traitement de -TR- et -DR-.
(70) Encore conviendait-il d’introduire des nuances. En fait, l’évolution de -DR- est
partagée par le catalan, et celle de -D’R- par l’ancien catalan; cf. Badia i Mar-
garit (1981, 233) et Merk (1983, 351 n. 26). On trouve des traces du même
changement en aragonais (Wüest 1979, 256), qui connaît la même solution que
l’occitan (fraire), à côté des traitements -dr- et de la conservation (Saralegui
1992, 46). C’est l’unicité des issues qui est spécifique de l’occitan... et du ligu-
rien. Il faut aussi noter des exceptions (marginales) dans le domaine occitan
(maintien de -dr-; v. Ronjat 1930-1941, 220; Chambon, à paraître, b, § 2.1. et n. 6).
(71) V. ci-dessus § 6.2. et n. 61 et 62.
(72) Il est symptomatique que ce trait n’apparaisse justement pas parmi les carac-
téristiques canoniques de l’occitan énumérées par Ronjat (1930-1941, 1, 6-7) et
reprises par Bec (1995, 23-6). Les listes en question ne contiennent aucune
innovation commune ancienne (la fermeture de [o] à [u] est commune avec le
roussillonnais et «elle a dû se généraliser au cours du XIVe siècle», Bec 1995,
25). Ronjat (1930-1941, § 5) a vivement perçu l’impossibilité de définir géné-
Références bibliographiques
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(24) Minervini 1992, vol. I 60; Assís et alii 1992, 33.3.15, 33.2v.7, 40.2.8, 43.9.
(25) Assís et alii 1992, 35.6v.17; Minervini 1992, vol. I 60. La grafía aljamiada de
época medieval no señala distinción entre los fonemas /s/ - /z/.
H
. = H. e‘eq Šelomoh de Mo‘eh Cordovero (Salónica - Venecia,
1588)
BMA = Balada de la mujer adúltera (ca. 1580-1590)
R H = Responsa de R. elomoh Hakohen (Venecia, 1592)
R M = Responsa de R. emuel de Medina (Salónica, 1594)
ZI = Incipit de canciones españolas en el Zemirot Isra’el de R. Israel
Najara (Salónica 1599)
ST = Traducción del Siddur Tefillot (siglo XVI)
EM = Endecha de la madre que comió a su hijo (siglo XVI)
RM = Recetas médicas (1550-1600)
CM = Carta del pequeño Menahem (Smirna, principios del siglo XVII)
GB = Glosario bíblico de Ya‘aqov Lumbrozo (Venecia, 1639)(27)
(27) CY = Lazar 1990 y ms., Biblioteca Apostolica Vaticana, Neofiti 48; PC = Lazar
1988, Sephiha 1973, Amigo Espada 1990; CA = Gutwirth 1985; RV = Zemke
1999; OS = Danon 1900; IJ = Sephiha 1970, 1973, Bunis 1997; H = Bunis 1993;
H. H = Bunis 1993; OF = Minervini 1997; H . = Bunis 1997; BMA = Gutwirth
1984; R H = Benaim 1999; R M = Benaim 1996; CRO = Luzzatto y Ottolen-
ghi 1972, Romeu y Hassán 1992, Lleal 1992, Romeu 1998; ZI = Seroussi en pre-
paración; ST = Lazar 1995, Minervini 1998; EM = Gutwirth 1990-1993; RM =
Crews 1967, 1970; CM = Lewis 1981; GB = Bunis 1994.
(28) En el judeo-español moderno se conserva la correlación de sonoridad entre
sibilantes, mientras que se pierde la articulación africada.
despoǰastes (H
. ), etc.
– formas del pron. pers. y del adjetivo pers. de 1° pers. pl. mos, mosotros,
muestro (CA , ST, R M, R H)
– numerales vente (PC, CRO, H), trenta ( H, CRO), etc.
– sufijo -ico : minudico (BMA), hiǰicos (H
. H), mezurica (H
. H), paredica
(R H), pedasico (R M), etc.
(30) En el judeo-español moderno de area balcánica la distinción entre /b/ y /v/ o /ß/
en posición incial de palabra es fonémica.
etc.
La fase formativa de la koiné judeo-española aparece por tanto
caracterizada, de una parte, por la difusión de elementos propios de la
lengua hablada, vulgares o marginales en el español penínsular(31); de la
otra parte, por la proliferación de variantes, o sea por un acentuado poli-
morfismo. Los estados polimórficos son, en las palabras de M. Lope
Blanch, «situaciones de efervescencia lingüística [que] actúan en contra de
una posible homogeneidad. Son, en cambio, sinónimos de variedad, de
heterogeneidad, y síntoma inequívoco de intensa actividad lingüística,
impulsora de cambios, que no siempre siguen idéntico camino en todos los
territorios»(32). Y efectivamente los textos del siglo XVI, en su fuerte hete-
rogeneidad geográfica, temática, estilística, nos dan una imagen rica, vital
y caótica de la situación de las hablas sefardíes de la época; nos muestran
las potencialidades del sistema antes de la parcial fijación de una norma
(a menos a nivel literario) que se afirmará a partir del siglo XVII.
Quedan sin respuestas unas interrogativas básicas, relativas a los
mecanismos de selección entre variantes, al prestigio de cada una, a la
circulación de libros, personas y tradicciones lingüísticas. A penas podemos
mencionar el tema de la influencia (muy subestimada) del mundo mar-
rano y por su trámite del portugués sobre las hablas judeo-españolas
orientales (piénsase en la correlación de sonoridad entre sibilantes o en la
distinción entre b- y v-). Parece, de toda manera, fundamental abandonar
una actitud que identifique la historia del judeo-español con la pura y
simple conservación de la situación lingüística medieval, ignorando la vita-
lidad de la situación posterior, con el intenso contacto interdialectal, la
contienda entre modelos alternativos, la gradual afirmación de una norma
que nunca llegará a una estandardización definitiva.
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2. ON en français
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(2) L’on respire un instant dans ces belles clairières couvertes; mais sitôt
qu’on en sort, on est tout empêtré dans l’enchevêtrement confus des
ramures; on se courbe, on se glisse, […] on rampe. (Gide, cité par le
TLF, entrée ON)
En français, comme on sait, on a acquis un nombre considérable d’accep-
tions qui ne sont plus compatibles avec l’étymon singulier hom. L’élargis-
sement de son aire sémantique est cependant loin d’être récent, puisque
le latin vulgaire employait déjà le singulier homo là où le latin classique,
le plus habituellement, demandait le pluriel: homo dicit, au sens du latin
classique homines dicunt (Darmesteter II: § 141). Parmi les nombreux sens
du pronom, reste cependant celui de homme, d’une part en tant que
représentant générique de l’espèce, d’autre part dans le sens de “être
supérieur, intellectuel et moral”. Dans cette dernière acception, on com-
mute avec le nom homme au singulier ou au pluriel: l’homme / les
hommes. En voici quelques exemples, tirés des Maximes de La Rochefou-
cauld, où on / l’on se laisseraient facilement remplacer par l’homme:
(3a) L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le cœur,
comme dans le langage. (324)
(3b) On ne loue d’ordinaire que pour être loué. (146)
(3c) On est quelquefois aussi différent de soi-même que des autres. (135)
Inversement, le sujet “l’homme” ou “les hommes”, non modifié, commute,
dans la maxime, avec on (Schapira 1997: 63-64):
(4) Les hommes rougissent moins de leurs crimes que de leurs faiblesses
et de leur vanité […] (La Bruyère, Les Caractères, IV, 74) = On rou-
git moins de ses crimes …
L’homme est plein de besoins […] Il n’aime que ceux qui peuvent les
remplir tous. (Pascal, Pensées) = On est plein de besoins … on n’aime
que ceux qui peuvent les remplir tous.
(4) Un serviteur bavard, partout où il avait servi, avait été battu, puis chassé par
tout le monde. Un commerçant, voyant son apparence misérable, en le rencon-
trant, une fois, lui demanda:
– Quelle est la raison de ta misère?
– Monsieur, je n’aime pas le mensonge, je dis la vérité.
En entendant ceci, l’homme (le commerçant), lui dit […]
– Il n’y a pas mal à dire la vérité.
(5) Nous respectons, pour chaque texte cité, l’orthographe de l’édition dans
laquelle il a été pris. Ceci explique les versions différentes de mêmes vocables
dans les diverses citations.
(6) Grigore Priceputu s’est arrêté à l’autre bout de la clairière. […] Je suis allé vers
lui. Je lui ai demandé à voix basse:
– Tu as trouvé?
– Oui, mon colonel, répondit l’homme […]
surtout son équivalent dânsul, limité lui aussi aux humains (cf. Gramatica
limbii române 1966: I, § 148). Se colorant parfois d’une nuance populaire,
il offre une alternative stylistique au pronom personnel standard.
Le fait que omul n’ait pas été distingué formellement dans les gram-
maires roumaines comme un pronom indéfini, indépendant du substantif
homonyme, s’explique, avant tout, justement, par leur identité formelle. En
effet, à l’encontre du on français qui, étymologiquement, dérive d’une
forme de homo différente de l’étymon du nom homme (accusatif singu-
lier hominem: cf. supra) l’indéfini roumain n’a pas évolué, du point de vue
phonétique, de façon distincte; mais il existe aussi d’autres facteurs –
et des plus importants – qui estompent les différences entre les deux
éléments: omul nom et omul pronom:
Les pronoms personnels sujets (eu, tu, el, ea, noi, voi, ei, ele) ne sont
pas atones en roumain. Seuls sont clitiques les pronoms au datif et à l’ac-
cusatif, qui, eux, sont aussi intimement liés au verbe que les clitiques fran-
çais. Omul indéfini, n’est donc pas, lui non plus, atone, comme l’est on en
français. De ce fait, il est difficilement perçu comme distinct du substantif.
En emploi indéfini, omul n’est par conséquent, lui non plus, repris devant
plusieurs verbes successifs l’ayant pour sujet:
(8a) Mai vine omul, dar mai $i pleacâ. (On peut venir [en visite] mais il
faut aussi savoir s’en aller [à temps]: En s’attardant trop lors d’une
visite, on risque d’importuner ses hôtes.)
Qui plus est – et ce point est de loin le plus important pour les résul-
tats de cette étude – en prenant comme point de départ le on français, le
linguiste a du mal à concevoir un équivalent qui serait autre chose que
sujet. Cependant, les raisons historiques qui interdisent au pronom fran-
çais toute autre fonction syntaxique, n’existent pas en roumain, où le pro-
nom se décline comme tous les autres pronoms. Il n’est donc pas rare que
l’on trouve le pronom indéfini roumain, au génitif, comme complément du
nom:
(12) Mi-a venit veste la spital câ […] domnul câpitan Caprâ Anastase $i
domnul locotenent Irimescu Ilie […] s-ar fi prâpâdit. Se poate. Ce-i
via#a omului? (Sadoveanu, Morminte, p. 377)
(12a) Sâ trâi#i, domnule colonel, asta nu-i ru$ine. Asta-i o bucurie a omu-
lui lâsatâ de la Dumnezeu. (Ibid., p. 383)
On trouve aussi omul comme complément d’objet direct:
(13) Te crez, acel îi râspunse vâzându-se’nfundat
Fiindcâ nu-$i gâsi omul cu minciuni de-n$elat.
(Je te crois, lui dit celui-ci se voyant découvert,
Puisqu’il n’avait pas trouvé qui [l’homme à] tromper avec des men-
songes. Anton Pann, Ibid., p. 21)
ou indirect:
(13a) De ce sâ nu faci omului un bine dacâ po#i? (Pourquoi ne pas faire
du bien [à quelqu’un], si possible?
Bien entendu, ces occurrences n’ont pas de traduction systématique en
français.
Tout ce qui précède prouve que le pronom on a, en français, un
comportement grammatical totalement différent de celui du substantif
l’homme, alors que le roumain omul se comporte de manière identique
dans les emplois nominaux et ceux de pronom indéfini.
5. L’éclairage de la traduction
6. Conclusion
Outre son importance comme argument en faveur d’un on qui ne
serait pas nécessairement un calque du pronom germanique équivalent,
l’existence d’un pronom indéfini omul en roumain est susceptible d’appor-
ter une contribution précieuse à l’étude du pronom français. Comparé à
omul, qui ne se refuse à aucune fonction syntaxique, et qui, par conséquent,
n’a le plus souvent pas de traduction directe en français, on apparaît, du
coup, sous un jour nouveau: il se révèle, en effet, comme un élément séman-
tique qui ne peut certes être explicité que s’il est sujet; cependant – nous
l’avons vu – il reste implicite dans la phrase qui, en toute position autre que
celle de sujet, l’efface ou lui substitue d’autres indéfinis.
Haïfa. Charlotte SCHAPIRA
Textes cités:
Anton Pann, Opere complete. Povestea vorbii - O s,ezâtoare la t,arâ – Nastratin Hogea
– Int,eleptul Arghir – Osebite anecdote, 2e éd., Bucures,ti: Minerva, 1909.
Mihail Sadoveanu, Strada Lâpus,neanu. Oameni din lunâ. Morminte, Bucures,ti:
Minerva, coll. “Biblioteca pentru tot,i”, 1978.
Bibliographie
Atlani, F., 1984, «ON L’illusionniste», La Langue au ras du texte, Presses Universi-
taires de Lille, pp. 13-28.
Bloch, O. et W. von Wartburg, 1968, Dictionnaire étymologique de la langue française,
5e éd., Paris: PUF.
Darmesteter, A., 1934, Cours de grammaire historique de la langue française, 4 vol.,
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Dubois, J., 1965, Grammaire structurale du français. Nom et pronom, Paris: Larousse.
Gramatica limbii române, 1966, 2 vol., Bucures,ti: Editura Academiei.
Grevisse, M., 1964, Le Bon Usage, 8e éd. revue, Gembloux: Duculot, Paris: Hatier.
Rey-Debove, J., 2001, “De on à je vers le nom propre: des pronoms personnels en
français”, in Boogards, P., Roorick, J., Smith, P. éds., Quitte ou double sens.
Articles sur l’ambiguïté offerts à Ronald Landheer, Amsterdam / N.Y.: Rodopi,
pp. 279-304.
S,âineanu, L., 1925 (c. 1896), Dict,ionar universal al limbii române, 5e éd., Editura
“Scrisul românesc” S.A.
Schapira, C., à paraître, “Qui est ON?”, Actes du XXIIIe Congrès de Philologie et
Linguistique Romanes, Salamanque.
Wilmet, M., 1997, Grammaire critique du Français, Paris: Hachette, Louvain-la-Neuve:
Duculot.
(1) Los adjetivos o participios de los ejemplos del autor citado, que he colocado
entre corchetes [ ], pertenecen a una clase de adjetivos distinta a la que consti-
tuye el objeto del presente trabajo.
(2) La división entre adjetivos [α] y adjetivos [β] en este y en otros apartados es
mía, no de J. Solà.
c’) Aquesta classe està sofrint [también hoy día y, por lo tanto,
como en el caso de los adjetivos atribuibles a sujetos animados,
que tradicionalmente no conocerían el uso de estar] un eixam-
plament explosiu ... Els adjectius afectats són tots els que adme-
ten la doble perpectiva (“característica perenne, definitòria/
classificatòria [= ésser] vs. qualitat variable, constatació personal
[= estar]) que proporcionen els nostres verbs:
[β] espès, ..., [net, brut, ... humit, clar] ...
... molta gent ja diu habitualment:
[β] el conill està molt bo; el plàtan està més bo; el iogurt està
molt dolent ...
... En alguns parlars i en algunes persones encara es manté força
viu l’ús exclusiu o predominant de ser, sobretot en algun cas com ara
[β] Aquesta sopa està molt bona ...” (Solà-1994a. pàgs. 72 s.).
(12) La división entre los ejemplos con adjetivos de la clase [β] y con adjetivos de
la clase [α] es igualmente mía, no de A. Badia.
(13) Véase nota 1.
(14) El subrayado es mío, no de A. Badia.
y sujetos inanimados:
“[β] la salsa està massa espessa, [l’autobús està ple], ...
... be, que la solució més genuïna és [la del nivell elevat o N1; és a dir,
l’ús del verb ésser en aquests casos], no sembla rebutjable que la situa-
ció d’imperfecció mediatitzada s’expressi per mitjà d’estar” (Badia,
pàgs. 280-281).
como los que he ido entresacando de las otras listas de ejemplos de nues-
tros dos autores
[β] L’armari està fet de fusta de melis ...
[β] vell, jove, bonic, lleig, boig, preciós, atractiu, maravellós, horrible,
repugnant, sord ...
[β] madur, verd, tendre, ... espès, bo, ..., clar, transparent, dur, ... (J. Solà)
y
[β] el préssec està verd ... madur ... podrit
[β] el gerani està sec [= marcit, no eixut]
[β] la salsa està massa espessa ... (A. Badia),
(17) En este análisis contrastivo de los distintos sentidos dentro de un mismo adje-
tivo, prescindiré de adjetivos claramente cultos, como atractiu, horrible, repu-
gnant, transparent, por tratarse de adjetivos recientes y con poca historia (en
catalán, existen desde el Renacimiento).
(18) “[L’atribut adjectival] és un dels atributs més habituals del verb estar. Si en les
construccions amb el verb ésser, l’atribut adjectival podia indicar una propietat
o un estat, ara [con el verbo estar] solament hi ha casos d’indicació d’un estat”
(Ramos, pàg. 272), o sea que no encontró ningún caso de estar con adjetivos
que indican una cualidad o – como dice nuestro autor – una propiedad, sino
que todos los que halló eran expresiones de estado.
Frente al rarísimo – pero real – uso de estar con adjetivos en sentido sus-
tantivo-intrínseco en los escritos valencianos de los siglos (XIV)-XV-XVI,
el empleo de este mismo verbo, por ejemplo, con alt/a en sentido relativo-
extrínseco ya estaba bastante difundido en aquellos siglos, incluso con
sujetos inanimados (!), lo que demuestra lo infundado de la división
fantasma entre sujetos animados e inanimados:
(1) 1. ... sobre los monts staran les aygües en los núvols. ... Stan los
monts alts, e los camps stan baxos cascuns en lo loch que Tu’ls
has fundat (Corella Ps. 103).
2. “Veus, mare mia, com està ordenada la glòria celestial”... E ell
dix-li que tots aquests starien dejús ella, que pus alta starie ...
(Ferrer-a III 78, 7-8).
3. E per contrari, en la ciutat de infern estan tres carçres, e estan
ordenades axí ... que la una està pus baxa que l’altra, e l’altra pus
alta (Ferrer-a I 185, 20-25).
4. E [David l’] appelle mar per dues rahons: la primera, perquè en
la mar no·y ha res ferm. La 2a, que adés està alta, adés baxa
(Ferrer-a IV 156, 3-5).
5. ¿Com no sta Déu en lo alt cel? Mira-l polo de les steles quant
altes stan (Conques 67).
siempre, como acabo de indicar, el verbo ser. Así se puede constatar aún
hoy día en catalán (y en portugués) actual, donde ser prevalece en tales
construcciones. Y así se podía constatar también en castellano hasta el
Siglo de Oro inclusive(20). El empleo de estar con esta clase de construc-
ciones es así mismo algo especial y reciente también en valenciano, (al
igual que en castellano), aunque más antiguo(21) de lo que suponen para
el catalán autores como A. Badia y J. Solà, quien ante frases catalanas
actuales como
“Si l’embotit és fet en pedra ..., té el nom de mosaic; si està fet en fusta,
hom l’anomena marqueteria”
Otro sentido muy diferente, sin embargo, posee la expresión estar fet + Ø
en frases como
L’armari (ja) está fet, acabat, obert, tancat, pintat, lligat, etc.
(20) Cervantes, por ejemplo, distingue muy consecuentemente en Don Quijote entre:
Algo es hecho, compuesto, formado, etc, de + materia (siempre con ser) y
Algo está hecho, acabado, arreglado, etc. (siempre con estar).
Véase Vañó-1982; págs. 107 y 197-203.
(21) Igual de antiguo que el caso de estar con adjetivos en sentido sustantivo-intrín-
seco e igual de raro para esa época inicial; tan raro, que tampoco lo registra
R. Ramos en su corpus (cfr. Ramos, págs. 274 s.).
(22) y por eso se emplea ser en frases donde más bien se expresan estados o situa-
ciones en que se halla el sujeto, como en:
Este coche no és teu, este coche és robat o llogat (no pasiva!)
Este peix, el lluç, a deu pessetes el kilo? Però si açò és regalat (no pasiva!)
Este peix és congelat (no pasiva!), etc.
En cuanto al uso de ser, como verbo atributivo en la clasificación de cuali-
dades o de estados (transitorios, accidentales, etc.) en que se halla el sujeto,
véase Vañó-82, págs. 34-36 y 116-143.
3. Lo mismo cabe distinguir dentro del adjetivo sec, que puede pre-
sentar igualmente los dos sentidos. En primer lugar, el sustantivo-intrín-
seco, que se da cuando el sujeto en cuestión (una planta, una persona,
etc.) tras un cambio cualitativo, operado en él a través del tiempo natu-
ralmente, ha perdido o tiene muy poca agua, como elemento constituyente
del mismo (el gerani és sec, Don Quijote de la Mancha era seco y arru-
gado, etc.). Sec en este sentido se opone a otras cualidades, así mismo
inherentes o constitutivas del sujeto, como son verd o tendre. También en
estos casos, el verbo atributivo es desde siempre el verbo ser; el uso de
estar es algo especial y estilístico, que tiene poco más de cinco siglos de
existencia en valenciano (y en castellano).
Aquí sec se opone a humit, banyat, mullat, etc. y, como en estos casos, va
siempre atribuido mediante estar, por lo menos en valenciano; cosa que no
se puede sostener de otras regiones catalano-parlantes como Cataluña y
Baleares, debido a la oscilación entre ser y estar, que todavía impera allí,
y esto a pesar de que el uso de estar con este tipo de adjetivos en sentido
relativo-extrínseco en valenciano data de la Edad Media:
(3) 1. O trista de mi, que la arena stà umida per les mies doloroses
làgrimes! (Tirant 634, 33).
2. Los nostres ulls, ... estaven no eixuts de piadoses llàgrimes ...
(Corella: Tragèdia, 54).
3. ... sos fills, qui eren aquí, ... callaven, mas certes los seus hulls no
staven exuts (Curial I 57, 20-25).
4. Y aprés de fer fora tots los fanchs, estava tot aquell rasser ... exut
(Antiquitats, pàg.172).
4. Las notas de vell y jove así como las de verd, tendre, madur, podrit,
atribuidas por ejemplo a seres vivos (animales o plantas), son igualmente
cualidades sustantivo-intrínsecas de dichos sujetos y por este motivo
vienen atribuyéndose desde el latín normalmente mediante el verbo ser;
así, diremos de un niño que es jove o tendre, y de una fruta que és verda
o tendra; sin embargo, tras un cambio cualitativo operado en su cuerpo y
constitución a través del tiempo diremos Este home (ara) es vell, madur,
dur, etc. o Esta fruita es madura, podrida, etc. El empleo de estar en estos
casos responde a una finalidad estilística y ya se le puede documentar –
aunque muy esporádicamente – en los escritos valencianos del siglo XV,
como vengo diciendo y veremos más abajo.
En este apartado resulta difícil encontrar ejemplos, en donde estos
adjetivos presenten un sentido relativo-extrínseco, ya que todos ellos indi-
can cualidades constitutivas de los respectivos sujetos, bien sean éstas ori-
ginarias (jove, tendre, verd) o bien adquiridas tras un proceso o cambio
cualitativo (vell, madur, podrit). Únicamente si lográramos imaginarnos
algunas situaciones especiales, podríamos registrar el sentido relativo-
extrínseco de estos adjetivos, pero eso sí, en ocasiones con un significado
algo distinto.
Así, por ejemplo, si un muchacho de 15 años, para representar una
escena de teatro, se pone una peluca y barba canosa de viejo, se pinta
arrugas en la cara y camina tembloroso y encorvado, es decir, si se ‘hace’
o, mejor dicho, se transforma extrínsecamente en ‘viejo’, podremos decir
està (però no *és) vell.
Con lo dicho hasta aquí, no se puede negar la existencia del antiguo uso
de estar con algunos adjetivos (espès, clar, verd-roig, alt, humit-sec, etc.)
que o “tradicionalment no coneixien estar” (J. Solà) o que representan
“uns nous usos d’estar” (A. Badia): por lo menos, con adjetivos en sentido
relativo-extrínseco, como los presentados; pero no es éste ni el lugar ni el
momento de insistir sobre este punto(23).
(23) Más adelante me ocuparé del uso medieval de estar con adjetivos en sentido
relativo-extrínseco. No quiero, sin embargo, pasar por alto el uso bastante
extendido en los escritos medievales – sobre todo valencianos – de dicho verbo
con otros adjetivos en este mismo sentido (relativo-extrínseco) que figuran en
las listas de nuestros dos autores, como lleig, net, brut, plé, tanto con sujetos
animados como animados, y que, según ellos, tampoco conocerían estar:
1. E jassia que l’alcait no sia de la vostra ley ni los moros, vergonya haurien
de vós, si faÿen ço que letg los estegués (Libre-feyts, cap. 336).
2. Al cap de tants de anys, lo argent estava brut y encourat (Sermó de S. Vicent.
Alcover-Moll IV, encourat, pàg. 896).
3. Per estar la dita font molt bruta y sútzia de fanch (Doc. de 1635. Alcover-
Moll X, sutze, pàg. 88).
4. ... los regidors no [han de] sostenir adevins, ne jures, ne loch de daus,
ne puteries partulars; [que] estiguen netes les comunitats (Ferrer-a III 25,
4-6).
5. E Anna acompanyà la senyora sa filla [la Verge Maria] a casa de Josep, la
qual estava molt neta (Villena: 104).
6. Y així obrí lo sagristà lo sacrari, lo qual stava molt net y ben concertat
(Antiquitats, pàg. 39, 2).
7. Tota la casa està plena de dimonis sperant ... (Ferrer-a III 40, 25-26).
8. Hun dia, Jesuchrist preÿcava en lo Temple, e estave ple de gent (Ferrer-a IV
142, 21).
9. ... devem llevar los huylls contemplant en affectió ... quan ve de nit, que·l
cel està clar e ple de steles (Ferrer-a VI 70, 32-33).
10. Similitudo havem vist hun arbre gran, que estava ple de ocellets cantant,
saltant de rama en rama (Ferrer-a VI 271 mitat).
11. Hagues mercè de nosaltres, Senyor, hagues merè, que molt som plens de
menyspreu; que molt ne stà plena la nostra ànima (Corella Ps. 122).
12. Que los meus loms e la mia pensa stà plena de il·lusions, no tinc sanitat en
la mia persona (Nam lumbi mei pleni sunt inflammatione, nec quicquam est
sani in carne mea (Corella Ps. 37, 7)).
13. ... e lo cor d’aquests així presumptuós està contínuament ple de pensaments
infructuosos ..., així com lo mercat està ple de diversitat de gents (Villena:
Vita, 113).
Más casos de estar medieval con el adjetivo plé en sentido relativo-extrínseco
los tenemos en:
los carrers estaven plens de sang (Ferrer-b II 194), tot l’infant stava ple de sanch
[del moro ferit], ... (Tirant 41, 18-21), lo camí stà ple de cossos morts (Tirant
374, 23-26), la plaça estaua plena de gent (Gomis 17), perquè estich ple de [...]
(Conques 81), la mar está plena de canes (Conques 98), la bota estava plena de
le[n]ya (Antiquitats, pàg. 181), y estava tot ple de gent (Antiquitats, pàg. 247),
estava tota la església plena (Antiquitats, pàg. 283 y pàg. 293), Net estich
(Conques 82).
(24) Naturalmente no me ha sido posible registrar en los escritos medievales ejem-
plos del uso de estar con todos y cada uno de los adjetivos de la clase [β]
en las citas de los dos autores; y esto no sólo por lo raro que era dicho uso
incipiente en aquellos siglos, sino también por los mismos adjetivos: así, no he
encontrado casos de estar con adjetivos cultos del Renacimiento, como preciós,
atractiu, horrible, repugnant, transparent, etc., ni tampoco con adjetivos popu-
lares modernos en catalán, como maco, bonic, boig. En su lugar, sin embargo,
sí que lo he constatado con adjetivos sinónimos o equivalentes a éstos, como
garrit, magre.
(31) Por ejemplo: esp. se halla muy lejana, se encuentra enfermo, me siento muy feliz,
se mostró muy amable, anda medio loco, cat. es troba molt cansat, etc.
Ambas frases indican o señalan el mismo hecho real más allá de la len-
gua: ‘el río es muy profundo’, ‘lleva mucha agua’; tenemos aquí, pues,
igualdad de designado: las dos frases se refieren a la misma realidad
extra-lingüística, fenómeno que podría inducir a interpretar falsamente
sendas frases como sinónimas. Sin ambargo, como se trata de dos ejem-
plos diferentes, o sea, de dos signos lingüísticos distintos (uno con ser y
el otro con estar), se puede concluir que en cada uno de ellos se tiene un
significado diverso, o sea, que en ellas tendríamos igualdad de designación
pero diferencia de significado: algo (tanto a nivel sintáctico-morfológico
como a nivel semántico) contiene una frase de las dos que no contiene la
otra o, lo que es lo mismo, algo comunicamos con una de ellas que no
comunicamos con la otra. ¿Qué es lo que manifestamos con cada una de
ellas?
En la frase con ser comunicamos simplemente una clasificación de la cua-
lidad (inherente, permanente, etc.) de hondo que posee o constituye el río:
Si un río (en general) tiene un caudal de 10 metros de profundidad, se
puede afirmar – con toda seguridad y sin peligro a equivocarse – que
es hondo (que és fondo).
Algo posee el verbo estar que le hace incompatible, en este caso, con
elementos abstractos como números, volúmenes, clasificaciones o frases
exentas de contextos concretos como la expuesta. Ese algo no es otra cosa
como J. Solà y A. Badia. No fue éste, sin embargo, el único caso que
pude recoger en los escritos valencianos medievales. Había otros tan
antiguos, como:
(7) [En una obra urbanística de la Valencia de 1.393!] ... fo pres dels
dits patis tant com fo obs per al dit passatge. ... Specialment sobre
la entrada estava, si·us recorda, tan letg [el dit passatge] .... que.l cel
se’n mirava, e alcunes bigues trencades estaven ligades ab cordes
(Epistolari, pàg. 86, 35-50).
(33) Diferente del cambio accidental que tenemos en Este txiquet està molt lleig
porque se ha pintarrajeado la cara o se ha colocado un disfraz horrible de car-
naval y se ha puesto – extrínsecamente – muy feo. E este caso no se puede
decir *Este txiquet és molt lleig.
(34) deteriorar: v. tr. Posar en mal estat, fer inferior en qualitat o en valor, fer anar
a pitjor (Institut deteriorar).
(35) L’ambient i la llengua [de la ‘Farsa d’En Cornei’ Q 1571, Comarca “La Segarra”
català occidental] son ... ben populars, l’autor hi empra un llenguatge escaient,
ha sabut fer una obra força expressiva ... (Teatre-b, págs. 34-35) ... L’autor estava
penetrat de la llengua popular ... Tret de la seva relativa puresa, la llengua del
nostre text és la normal de la seva època (Teatre-b I, pàgs. 40-41).
(36) L’autor, Joan Fdez. de Heredia, nat a València l’any 1480 i mort a la mateixa
ciutat el 1549 (Teatre-b I, pàg. 51) ... La llengua dels fragments ... és de molt
bona qualitat ... No és gens adulterada ni artificiosa, ans molt pura, matisada i
rica en l’expressió col·loquial, àgil i amb una escaient vertebració interna, sobre-
tot quan el [sic] parla la Senyora, el personatge més ben resolt (Teatre-b I,
pàg. 55).
(37) Mas casos medievales con ser como verbo propio de estos predicados:
... si lo meu rahonar fos compost de batafalua daurada ... (Tirant 542, 29-30);
... mas [los àngels] ... no son ... com nosaltres, qui som fets de fanch (Ferrer-a II
126, 1-2); ... car nosaltres som composts de dues natures: ... espiritual ... e sem-
blant a bèstia (Ferrer-a IV 229, 21-24); ... e lo fruit ... era compost de maraches,
balaxos e safirs (Curial I 92-93).
decir, notas que no son debidas a ningún cambio (sustancial o no) ni que
se pueden entender como estados transitorios, vayan atribuidos por ana-
logía a estar1, en castellano y valenciano actuales, casi siempre con estar2
(y en el catalán actual de Cataluña y de las Baleares, con ser, como verbo
normal de estos atributos participiales de sentido sustantivo-intrínseco y,
además, ocasionalmente con estar, como uso así mismo analógico al
empleo de estar1 con participios en sentido relativo-extrínseco); he aquí
una breve selección de casos modernos con estar más participios, equiva-
lentes a cualidades inherentes del sujeto:
(17) 1. estèril: ... flor que està mancada d’androceu i de gineceu (Insti-
tut, estèril).
2. dotar: ... [en el caso de] La naturalesa [sic], adornar amb dots
o qualitats: Està dotat d’una veu deliciosa (Institut, dotar).
3. atomisme: Teoria segons la qual tot l’univers físic està compost
de partícules petitíssimes i indivisibles (Institut, atomisme).
4. vori: Substancia blanca, dura compacta, de què estan formats els
ullals de l’elefant (Institut, vori).
5. L’armari està fet de fusta de melis ... (Solà-1994a, pág. 66).
6. Si l’embotit és fet en pedra ..., té el nom de mosaic; si està fet
en fusta, hom l’anomena marqueteria (Solà-1994a, pág. 26 s.).
En ninguno de estos seis casos se puede sostener que el sujeto se
encuentre en un estado (transitorio o accidental), resultado de una acción,
el cual pueda cambiar con el tiempo, pues, en cada uno de ellos el parti-
cipio-adjetivo expresa una cualidad propia y característica de dichos suje-
tos. En el caso de la flor, por ejemplo – válido para todos los demás –,
mancada no indica el resultado de haber dejado privada a la flor del gine-
ceo y del androceo, no; ella es así por naturaleza, por especie y por sus
características ¿cómo?: carente de, falta de dichos órganos. Y, además,
seguro que el redactor del Diccionari no recurrió al verbo estar, pensando
en que las características de tal flor eran el resultado de la evolución de
las especies ni que, debido a la misma evolución, algún día en el futuro
se podría dar un cambio en la flor, mediante el cual adquiriría de nuevo
estos órganos reproductores que debió perder en la prehistoria de los
tiempos. ¿Qué hablante normal se sirve de la lengua pensando en tales
categorías evolucionistas?
Aquí mancada va atribuido con estar sencillamente porque el adjetivo
mancat-da – en sentido sustantivo-intrínseco (!) pero con morfología
participial – suena a participio del verbo ‘mancar’, esto es, en sentido
relativo-extrínseco, como resultado de la ‘acción’ de mancar.
Lo mismo se puede decir de una persona dotada – por naturaleza ! – de
las siguientes cualidades: ‘de una veu deliciosa’ o ‘de totes les virtuts’. El
A la vista de este uso incipiente de estar con adjetivos que expresan cua-
lidades ya en los escritos medievales valencianos (y alguno que otro del
catalán occidental) de los siglos (XIV)-XV-XVI, la pregunta que ineludi-
blemente aflora es la siguiente: ¿este empleo de estar era autóctono del
valenciano o fue algo importado? y si fue importado ¿de dónde? ¿del cas-
tellano, del catalán medieval? Difícilmente pudo deberse a la influencia
del castellano, ya que también en este propio idioma, el empleo de estar
con adjetivos sustantivo-intrínsecos hizo aparición por los siglos XV-
XVI(40), de modo que se hace imposible su eventual influjo sobre los
sermones de S. Vicent Ferrer (†1412): ejemplos (11), (12), (13); sobre escri-
(39) El adj. culto carent de parece que no es catalán o, por lo menos, no está en el
diccionario; no obstante yo lo introduzco en mi análisis, motivado por el sust.
carència, que sí figura en el Diccionari.
(40) Véase, Vañó-1982, págs. 299-309.
tores como Fr. Eximenis (†1409): ejemplo (10) o sobre los jurados valen-
cianos de 1393: ejemplo (7) . Por otra parte, tampoco pudo ser importado
del catalán medieval, ya que en este idioma todavía hoy día no se le reco-
noce ni se le da carta de naturaleza, a tenor de los gramáticos catalanes
que “es resisteixen a afluixar en els casos de 15” (Solà-1994a, pàg. 66),
motivados – con toda seguridad – por la ausencia real de este uso de estar
en el catalán del siglo XX.
Si esto es así, se ha de concluir que el empleo de estar con adjetivos en
sentido sustantivo-intrínseco, o sea, los adjetivos [β] que expresan cuali-
dades (como también aquellos otros adjetivos [α] del punto conflictivo
“15b” de J. Solà )(41) es un producto genuinamente valenciano y, quizás
también del catalán (occidental), que apareció como tendencia incipiente
por los siglos (XIV)-XV-XVI, fue evolucionando a lo largo de la historia,
y llegó a desarrollarse de una forma sistemática en el valenciano de nues-
tros días. Llegados a este punto, no cabe más que estar de acuerdo con las
sospechas que aventuran los dos gramáticos que venimos citando, cuando
hablan de estos “nuevos usos” del verbo estar en catalán:
Sens dubte hi ha ajudat la influència del castellà, però el sistema català
ja posseïa l’oposició(42) ... s’està potenciant una oposició que, en el cas
dels [subjectes] no animats, estava somorta (però ja existia!, be que no
veig clar que fos del mateix tipus)” (Solà, pàg. 71 y 73); y
... als registres més habituals i denoten una nova visió del fet. Certa-
ment aquesta visió pot haver estat precipitada per influx del castellà,
però el català no l’ha aconseguida sinó seguint una via que ja l’hi
menava(43), amb independència que hi coincidís amb el castellà (Badia,
pàg. 276).
(41) Ya que el empleo de estar con este segundo tipo de adjetivos ([α] los de sen-
tido activo), rechazado igualmente por los gramáticos normativistas catalanes,
se empieza a registrar con la misma intensidad, en los mismos escritos valen-
cianos y por los mismos siglos (XIV)-XV-XVI que el de estar con los adje-
tivos [β], presentados en este trabajo; cfr. Vañó-2000.
(42) El subrayado es mío, no de J. Solà
(43) El subrayado es mío, no de A. Badia.
(44) Según Martí de Riquer, editor del libro de Canals, aducido por R. Ramos, la
traducción Scipió e Anibal “és una traducció directa de l’Africa [de Petrarca]
... amb passatges literalment idèntics als del model, versos mal traduïts ...”
y, además, “una de les obres més característiques de l’estil classicitzant en la
literatura catalana” (A. Canals, Scipió e Anibal Edit. Barcino, Barcelona, 1935,
pàgs. 19 y 21).
no sólo por lo que respecta al empleo de estar con el tipo de adjetivos [β]
que indican cualidades (objetivo del presente trabajo: véanse los ejemplos
(11), (12), (13), (18)) o los del tipo [α] que expresan comportamientos del
sujeto (objetivo del trabajo Vañó-2000: véanse allí los ejemplos (14) y
(15)), sino también y sobre todo, con los adjetivos en sentido relativo-
extrínseco que indican situaciones concretas en que se encuentra el sujeto,
los cuales he puesto entre corchetes [ ] y que son más antiguos y mucho
más numerosos que los de [α] y [β], tal y como he adelantado en la
pequeña lista o muestra que de ellos he incluido en el presente trabajo
(véanse los ejemplos (1), (2), (3), (4), (5), nota 23 y (16). Según el mate-
rial analizado en mis investigaciones, esta última lista de ejemplos se
puede incrementar muchísimo más.
Université de les Illes Balears.
Palma de Mallorca. Antonio VAÑÓ-CERDÁ
Bibliografía
Gomis: Joanot Gomis, Llibre de la benauenturada vinguda d’l Emperador y Rey don
Carlos en la sua ciutat de Mallorques (1542). Palma de Mallorca, 1973.
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Muntaner: Ramon Muntaner: L’expedició dels catalans a orient (extret de la
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Teatre-a: Teatre Hagiogràfic, a cura de Josep Romeu. Vols. I i II. Els Nostres Clàssics.
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scripció, coordinació i notes d’Albert Hauf. València, 21992.
Villena: Isabel de Villena, Vita Christi. Edició a cura d’A.-G. Hauf i Valls. Barcelona,
1995.
portance de l’informatique («so gut wie unumgänglich», 96), mais qui mériterait
d’être lue et relue par les spécialistes de l’histoire de la négation qui se sont penchés
ad nauseam sur les mêmes attestations, sans se rendre compte de l’élargissement de
leur champ de recherche que permettrait l’étude de documents non littéraires(1);
pour la méthodologie aussi, Alf Monjour, Scriptologie et analyse du discours. Élé-
ments textuels caractéristiques dans des chartes médiévales [147-167], se propose
d’analyser certains éléments de chartes du Hainaut et des Vosges, et où les deux
régions semblent utiliser des procédés systématiquement différents (ce qui permet-
trait éventuellement de retrouver l’origine d’un document grâce aux éléments ana-
phoriques qu’il utilise); Anja Körner, Kontinuität oder Variation? Die Sprache der
Luxemburger Grafenurkunden des 13. Jahrhunderts in Original und Kartularabschrift
[393-417], se penche sur le problème de l’utilisation des cartulaires, et réussit à mon-
trer que – menée avec précaution (et précision) – l’étude de ceux-ci peut être très
révélatrice, position qui rejoint celle du regretté Jacques Monfrin (RLiR 32, 17-47);
dans la même optique, Anja Körner et Günter Holtus proposent une étude sur la
Sprachvariation und Sprachwandel in statu nascendi: Zur Analyse der Kopialüberlie-
ferung einer altfranzösischen Urkunde (1275) in den ‘Balduineen’ [449-473] (les deux
études comportent des illustrations intéressantes de l’utilité de l’analyse par ordina-
teur des textes sous forme d’appendices)(2). Deux tours d’horizon magistraux sont à
retenir tout particulièrement: celui, vaste et remarquable, de Martin-Dietrich Gleß-
gen, Das altfranzösische Geschäftsschrifttum im Oberlothringen: Quellenlage und Deu-
tungsansätze [257-294] et celui de Martina Pitz, Volkssprachige Originalurkunden aus
Metzer Archiven bis zum Jahr 1270 [295-392]. Ce sont deux études qui seront désor-
mais absolument indispensables tant par la richesse de leur bibliographie et la pré-
cision de leur critique des sources que par la densité des renseignements minutieux
sur les textes qui survivent; on consultera, en appendice à l’étude de Pitz, une liste
de 297 chartes messines antérieures à 1270 [346-381]. Enfin, des études plus ponc-
tuelles: Marie-Guy Boutier, Études sur des chartes luxembourgeoises [419-447], dis-
cute 1° de l’emploi de certains traits dialectaux (le plus insolite étant sans doute sa
adj. poss. masc. – forme «absolument inconnue des descriptions de l’ancienne
langue» [423]) dans des textes luxembourgeois et 2° des signes de ponctuation d’une
charte de 1264, pour en tirer des conclusions plus générales soit sur les marques dia-
lectales, soit sur le rôle de la ponctuation (souvent négligée) dans des documents
médiévaux. Wulf Müller se penche sur un témoignage fribourgeois dans Die Urkun-
densprache von Fribourg im 14. (und 15.) Jahrhundert [245-256]: la ville est non seu-
lement importante car l’emploi du français dans les documents est rare en Suisse au
moyen âge, mais aussi parce que le FEW cite assez systématiquement l’«afrb.». (sou-
vent, d’après Gdf?). Hans Goebl et Guillaume Schiltz, Der ‘Atlas des formes et des
constructions des chartes françaises du 13e siècle’ von Anthonij Dees – dialektome-
(1) Signalons en passant par ex. les renseignements négligés par des études récentes
(FrSt 48, 63-85; JFLS 12, 23-40) et qui sont disponibles depuis longtemps dans
MantouFlandr 396-399, ainsi que dans des textes juridiques agn., YearbEdIIT 4,
155; YearbEdIIC 14, 309; YearbEdIIIP 20, 315 (absence de ne); voir aussi l’étude
de J.-P. Collas, YearbEdIIC 12, xcviii-cxxiii. Évidemment on ajoutera à la liste les
travaux de Harald Völker.
(2) Il s’agit ici comme ailleurs dans ce volume (voir par ex. l’étude de M.-D. Gleßgen,
257-294) de TUSTEP (Tübinger System von Textverarbeitungsprogrammen).
trisch betrachtet [169-221] analyse les données de Dees, à l’aide de l’ordinateur, pour
produire des cartes de la variation diatopique de l’ancien français qui ressemblent
déjà à celles de l’ALF (étude complétée en quelque sorte par celle parue dans la
RLiR 66, 5-63); Max Pfister, Nordöstliche Skripten im Grenzbereich Germania-Roma-
nia vor 1300 [223-244] reprend ses études antérieures et fondamentales (1973, 1993),
et analyse de façon détaillée des documents lorrains et wallons pour en tirer des
conclusions de portée plus générale: d’abord, que la frontière entre wallon et lor-
rain est difficile à établir; ensuite, que les traits régionaux de l’Est remontent à
l’époque galloromane, auxquels s’ajoutaient après le IXe siècle des éléments centraux
surtout dans les grandes villes [242] – c’est donc le contraire du point de vue de
Straka et de Delbouille, selon lesquels il existait un «fonds commun» non dialectal
et témoin d’une unité perdue par la suite. Ce sont donc deux contributions qui mon-
trent comment la «longue durée» des historiens peut exister aussi en linguistique.
Voilà pour les études de la Romania dans ce volume dont l’importance est mani-
feste. Mais étant donné la proximité et le rôle linguistique (substrat, adstrat, super-
strat) des régions germanophones avoisinantes, il est clair que les études traitant de
la Germania intéresseront également les romanistes. Citons un seul exemple, l’étude
d’Ursula Schulze sur les Deutschsprachige Urkunden des Elsaß im 13. Jahrhundert
[475-495]. Or, quiconque s’aventure dans les Archives des Vosges à la recherche de
documents en ancien français, par exemple, tirera profit de cette étude: s’il y a des
chartes latines et françaises du chapitre de Saint-Dié, il existe aussi des documents
tardifs en allemand (XVe), appartenant au même chapitre, et portant sur ses biens en
Alsace (par exemple, Arch. Dép. Vosges G812 (Ammerschwihr); ADV G817 (Huna-
wihr), ADV G818, 5, texte en latin (Sigolsheim 1234), mais avec le mot d’emprunt
germanique banwart qui glose une expression latine). De même, si l’on s’intéresse à
l’écrit messin, il serait difficile de contourner l’histoire du Schriftwesen der Stadt Köln
im 14. Jahrhundert de Manfred Groten [549-562], car bien entendu c’est Cologne qui
a en quelque sorte créé le système du Schrein qui est à la base des arches de Metz
et donc du développement de l’écrit administratif municipal de Metz au début du
XIIIe siècle. C’est dire que partout dans cette Grenzregion, il faut compter avec des
contacts linguistiques qui ont joué un rôle important tout au long de l’histoire de la
la langue française, et qui font de cette partie de l’Europe un terrain d’exploration
particulièrement riche et particulièrement susceptible d’être éclairé par l’approche
plurilingue et pluridisciplinaire illustrée si brillamment par l’équipe de Trèves.
David TROTTER
PROBLÈMES GÉNÉRAUX
(1) Pour maints aspects théoriques et pratiques soulevés par le débat connaissances
linguistiques (sémantiques) /vs/ connaissances non linguistiques (encyclopé-
diques) on se rapportera avec intérêt à l’ouvrage The Lexicon – Encyclopedia
Interface, éditeur Bert Peeters, University of Tasmania, Australia, 2000, Else-
vier, Amsterdam – Lausanne – New York – Oxford – Shannon – Singapore –
Tokyo.
nelles des définitions et les inférences qui s’en dégagent et (b) un système qui,
moyennant ce dictionnaire, engendre un traitement approprié. Tel qu’il est conçu, le
système nous apparaît comme ayant une vocation interactive.
L’auteur nous invite à supposer que l’on cherche à trouver, dans une Base tex-
tuelle, la réponse à la question: Son voisin a-t-il fait du tort à Marie? et que la Base
comporte la phrase r: Marie a de la rancune pour son voisin, qui apparaît comme
une information pertinemment associable à la question posée. Le contenu p de la
question (Son voisin fait du tort à Marie) est équivalent à q (Son voisin porte préju-
dice à Marie) et la phrase r de la Base implique q (du moins dans l’esprit de Marie).
Dans ce schéma, p se trouve vérifié par une inférence déductive [150]:
question: p
or: p ⇔ q
Base: -| r
or: r ⇒ q
La description des étapes successives de la démarche et le commentaire sur le
rapport entre le type d’inférence et le type de question (totale ou partielle) sont
hautement éclairants. Éclairantes aussi l’analyse de la prédication définitoire de
l’article lexicographique et la typologie de la définition (hyperonymique, synony-
mique, dérivative/translative, méréonymique, approximative, métalinguistique).
Les principes du fonctionnement du «moteur d’inférence» sont brillamment illus-
trés par l’analyse du mot rançon, défini dans le TLF comme: «somme d’argent,
valeur que l’on exige contre la remise en liberté d’une personne captive». Cette défi-
nition induit un ensemble d’inférences, valides dans tout monde possible où il y a
rançon. Ainsi, écrit l’auteur [168-169], s’il y a rançon, alors
(1) qqn1 retient qqn2 captif
(2) qqn1 exige que qqn3 paie une somme (d’argent)
(3) si et seulement si qqn3 paie cette somme, qqn1 remet qqn2 en liberté.
Les formes propositionnelles (1) (2) et (3) sont à leur tour la source de nouvelles
inférences, qui, elles-mêmes, produiront récursivement des inférences, et ainsi de
suite. Placées sous les lemmes adéquats, ces inférences formeront la source de nou-
velles autres inférences, dont le fonctionnement sera récursif. Ainsi, à partir de (1),
on trouvera sous CAPTIF:
qqn1 retient / détient qqn2 captif ⇔ qqn1 retient / détient qqn2 prisonnier ⇒ qqn2
est (retenu / détenu) prisonnier
qqn2 est retenu / détenu captif ⇔ qqn2 est retenu / détenu prisonnier.
Les règles d’élaboration d’un «moteur d’inférence» dépendent largement de la
nature grammaticale du vocable défini. L’auteur esquisse une typologie des traite-
ments du verbe, du substantif et de l’adjectif. Là aussi la question surgit: et le
traitement d’un adverbe et d’une préposition?
Esprit lucide, Robert Martin ne se leurre pas; il sait bien que le modèle proposé
ne porte que sur le composant prédicatif et qu’à partir d’un TLF automatisé presque
rien n’est dit du calcul référentiel, du calcul modal et du calcul textuel. L’automati-
sation sémantique achoppe sur deux obstacles majeurs qui en marquent les limites
incontestables. Le premier tient à l’absence de toute intuition épilinguistique,
puisque, à la différence des locuteurs natifs, l’automate agit exclusivement selon les
règles apprises. Le second obstacle tient à l’incapacité de l’automate de saisir le sens
situationnel, son système étant «démuni de toute sensibilité à l’implicite et aux
formulations allusives» [182].
Nous nous trouvons devant une étude profondément originale, où la pertinence
du système théorique construit, la clarté de l’argumentation, le mariage heureux
de l’esprit de géométrie et de l’esprit de finesse, l’élégance de la pensée et du style
obligent le chercheur à une mûre réflexion.
Ce livre ouvre des voies enrichissantes aux recherches sémantiques de l’avenir.
Mariana TUT,ESCU
DOMAINE IBÉRO-ROMAN
ESPAGNOL
Il libro costituisce un motivo di alto interesse anche per gli storici: non solo per-
ché l’ordito della lingua permea spesso di sé il tessuto delle società, ma perché, con
acribia, vengono affrontati temi come quelli dei documenti sul diffondersi della sifi-
lide. Vedi gli accertamenti sul morbum Sancti Sementi, sul male dell’epidermide ecc.
(dal nome del Santo che veniva invocato a protezione di malati di psoriasi e altri
disturbi dermatologici). Nella chiave di una «filologia storica», è appassionante
l’esame interdisciplinare che permette di escludere che l’infermità sia stata portata
dall’America dalle truppe di Cristoforo Colombo: un’asserzione, questa, a lungo
propalata senza prove cogenti e che è dura a morire [530].
Gli storici della cultura prenderanno conoscenza con viva partecipazione delle
prove che vengono recate quanto all’impatto dell’esperienza giuridica nei meandri
della lingua: lindo (da legitimus) è qualifica che ha dapprima una utilizzazione legale
e che solo successivamente venne fatta passare in una sfera estetica, vedi paladino
[98-98] per cui si ventila anche un palam di ambito giuridico): bello, in proposito, il
metodo contrastivo – applicato pure in numerose altre pagine – di far sprigionare
scintille interpretative ed ermeneutiche dalla resa sia del testo originale sia della tra-
duzione. Esemplare, tra altri, l’esame di copia dove [531-546], facendo giustizia di
tante pseudointerpretazioni precedenti, Colón mostra come copia (e fotocopia: una
esperienza continua nella quotidianità di tutti noi) provenga da una pratica giuridica
e da usi del tipo alicui alicuius copiam facere, mettere qualcosa a disposizione di
qualcuno (in Terenzio), in particolare in ambiti cancellereschi e notarili. Con ciò,
reca anche un modello di analisi dell’uso semantico delle locuzioni e delle frasi fatte.
Non è purtroppo possibile fermarsi su tutte le pagine che ci hanno avvinto, come
quelle dell’utilizzazione di plagium e plagiarius che dall’accezione latina di ‚ratto di
una persona’ verrà poi, in periodi legati al Trecento e ai secoli successivi, condotto
ad applicazioni relative al furto intellettuale: una lettura che si inarca su tutte le
lingue europee e che si radica pure in un epigramma che Marziale dirige contro un
avversario (tale Quincianus). Se in francese plagiaire è, come voce, riconducibile tra
l’altro al geografo Thévet (1540), in contesti italiani si accerta – un divario crono-
logico significativo – solo nel 1723-211 (Salvini).
Una pagina di estrema delicatezza di lettura e raffinatezza è costituita – già vi si
è accennato – dal passo in cui, sulla scia del Buscón del Quevedo, Colón mostra la
necessità di fare delle esegesi in finezza per rendersi conto prima e apprezzare poi
certi sottili giochi di parola intertestuali e di doppio, triplice livello, in cui vengono
ad esempio allusivamente immessi componenti come il gioco delle carte, il flusso dei
denari sul tavolo dell’osteria e certa disponibilità di una donna. Un gioiello di acri-
bia testuale e di sapida lettura in trasparenza. Felice, a [654], il commento di «piro-
letta idiomatica». Ma sui calembour si deve tornare, in rapporto a basilea, ‚forca’,
applicato in usi gergali: uno dei numerosi calembour geografici con cui, proprio in
rapporto alla „sfortuna“ di finire sul patibolo, si sfogavano taluni gruppi di gerganti:
cfr. il semantismo e l’espressione essere impiccati da cui viene creato finire in Pic-
cardia (gerghi it. del Cinquecento) ‚essere impiccati’: anche qui l’allusione geografica
è secondaria.
Un modulo frequente tra i gerganti suscitò anche formulazioni come andare a
Carpi (1545) da carpire ‚rubare’ e toscano del 1960 andare a terra Cavolini ‚morire’,
un top. inesistente, frutto di un ricamo su andare a far cavoli ‚andare a marcire in
una fossa’. Nel caso di fue presto en basilea, fu impiccato, si faceva leva sul verbo
gergaleggiante basir(e), morire, che si ha (seppur sporadicamente) sia in ambiti
iberici, sia francesi, sia italiani; si spiega così anche l’aggettivo catalano basilea
‚mortecina (carne)’, del 1568 [339].
Di interesse morfologico e nel contempo stilistico sono le pagine dedicate a forme
a doppio imperativo [468-494] come cortapisa, quitapón, vaivén, bouillabaisse, tiramo-
lla, cantimplora. Di arrichimento per la lessicologia europea si rivelano poi notizie
come quelle su girigonça ‚gergo’, dal 1492 [91], estafar ‚sottrarre denaro in maniera
subdola’, che illumina anche motti italiani [65], listo che viene persuasivamente [93-
95] ascritto ad ambienti gergali: il che agevolerà domani una ricerca etimologica in
chiave culturale. Che si debba muovere da un semantismo iniziale del tipo ‚stare all’oc-
chio, stare attento’ per poi passare anche a ‚esser rapido, pronto a reagire, essere solle-
cito’ sembra assodato: sì che non mancano gli agganci con battute come quello è un
lestofante ,è un furbo’ e altri elementi che abbiamo esaminati nel 2001. Preziosi, poi, i
rilievi moderni, come quel rozagante di cui [372-401] si danno, con vivida attenzione,
riscontri da giornali del 1962, 1995 e da emissioni televisive del 1994.
Interessanti altri approfondimenti, come quello svolto su volcán/vulcan, catalano
volcà, portoghese vulcão: visti dalla gente come pertugi di sfogo dell’inferno collo-
cati soprattutto nelle isole Lipari, non a caso chiamate Vulcani insulae. Ma una dila-
tazione dell’esperienza e della voce comporteranno le scoperte del Nuovo Mondo da
parte di portoghesi e castigliani: così, una nozione siciliana verrà, per estensione,
applicata a realtà del mondo americano. Il ricercatore offre documentazione di prima
mano, che viene per molti riguardi a correggere delle precedenti interpretazioni
corominiane. Splendida, l’impostazione semantica e documentaria della problematica
di tafanario ‚deretano’ che [467] viene definitivamente riconosciuta come una lepi-
dezza, nella fattispecie di sacrestia. Che, con un che di irriverenza, tra certi gruppi
conventuali, si alludesse talora al sacro per indicare il profano e anche cose quanto
mai grossolane, emerge pure dal fatto che asperges, strumento per l’aspersione, venne
(non solo in Italia) fatto slittare ad indicare ‚phallus’; altri paralleli di simili audacie
in rapporto a tafanario sono del resto dati nel recente Dizionario dei modi di dire
(Milano, Garzanti, Grandi Opere 2001).
Originalità e sicurezza di approccio sono piene anche quando [554-571] viene
smontato dall’interno il mito linguistico della incisività del greco massaliota, che era
stato invocato come elemento suscettibile di recare una spiegazione per varie forme
ornitonime come compère-loriot e come compàre-peren, compare-Pietro che vanno
invece [566] interpretati nella chiave dell’animale totem: si vedeva nell’animale una
figura protettiva, di riferimento, di integrazione famigliare. Di qui il ricorso alla
personificazione.
Con questo nuovo volume Germán Colón imprime insomma una svolta coraggiosa
e forte alla ricerca sia filologica sia linguistica, aprendo a prospettive nuove che rendono
più intenso il nostro sguardo sulla lingua e sul suo radicarsi nella vita delle comunità.
Ottavio LURATI
– goruatón sólo está en Chaves 1538, pero el artículo escotera permite encon-
trarlo también en varios repertorios posteriores.
– galafatear, variante de calafatear, tiene una entrada con indicación del Voc.
Marit. 1722, pero el artículo carena consigna antes, en 1614, dicha variante.
Esto son sólo unos reparos mínimos que en nada afectan a la importancia de
esta obra, que, como tengo dicho, ofrece una riqueza de vocabulario técnico riquí-
sima, y las observaciones de tipo etimológico, semántico, etc., que permiten hacer
esos materiales son muchísimas. El TELEMA viene presentado con el buen gusto
con que Arco/Libros siempre imprime sus obras.
Germán COLÓN
CATALAN
ment les étudiants de catalan et tous les traducteurs, lesquels ne disposaient guère
jusqu’à présent que de vocabulaires succincts, voire entachés d’erreurs. Le volume
paraît présenter la solidité matérielle nécessaire à un manuel et le texte est d’une
présentation claire et agréable, encore qu’il soit permis de trouver agaçante l’absence
de point après les abréviations. La lecture en est facilitée par des instructions
détaillées. Outre les indications habituelles dans ce genre de dictionnaire on en
trouve de plus rares et qui seront sans doute fort utiles aux catalanisants, comme la
prononciation figurée qui est celle du dialecte central, de même que les éléments de
grammaire qui n’occupent pas moins de 93 pages. Dans sa préface fort louangeuse
M. Cl. Zimmermann souligne, entre autres qualités, l’ingéniosité des auteurs qui par
de brèves définitions, des synonymes, des champs d’application, en catalan, précisent
l’acception particulière d’un vocable avant de donner les équivalents français. Citons
par exemple :
badar |bedá| v tr (obrir al llarg) fendre. ~ el cap, fendre le crâne. ||
(guaitar) guetter, épier. || ~ els ulls ouvrir (écarquiller) les yeux. Bada
uns ulls com unes taronges, il ouvre tout grands les yeux (il fait, il
ouvre des yeux comme des soucoupes)...
Dans le même souci, les noms de plantes et d’animaux sont suivis du nom scien-
tifique (mais sans que soit précisé le systématicien):
canyota... f BOT (Sorghum halepense) sorgho m d’Alep.
ratolí... m ZOLL (múrid) souris f. | ~ comú (domèstic) (Mus muscu-
lus) souris communes...
La couverture annonce 60.000 entrées – noms propres compris –. À titre de com-
paraison le Diccionari Català-Valencià-Balear (D.C.V.B.) d’Alcover et Moll – qui a
d’autres ambitions – doit en comporter plus de 130.000; le Diccionari General de la
Llengua Catalana (D.C.LL.G.), de Pompeu Fabra, qui ne contient pas de noms
propres, environ 50.000. C’est dire la richesse du vocabulaire traduit par le D.C.F.
Dans l’introduction les auteurs exposent leur dessein : «Nous avons voulu présenter
un vocabulaire complet et actuel, faisant leur juste place aux tournures idiomatiques,
aux phrases exemples, aux néologismes les plus fréquents et aux termes techniques,
aux régionalismes, aux mots et locutions relevant de la langue familière, populaire,
vulgaire, voire argotique.» Par conséquent ils ont dû faire un choix et aussi large que
soit celui-ci il suscitera forcément quelques regrets. Par exemple l’expression perdre
l’esma est rendue par perdre la tête, mais non par perdre le sens, s’évanouir, sens
qu’elle a dans le Conflent.
Ce mot d’esma, un des plus délicats parfois à rendre en français lors de la tra-
duction d’un texte, mérite peut-être qu’on s’y attarde un instant. Le premier équi-
valent donné par le D.C.F. est courage. On peut supposer qu’il s’agit là de l’accep-
tion la plus actuelle et la plus courante. Voyons les sens donnés par quelques
ouvrages que nous avons sous la main:
– D.G.LL.C.: Aptesa a fer instintivament, maquinalment alguna cosa. Caminar
d’esma. Perdre l’esma.
– Diccionari Català General (M. Arimany):
1) Aptesa feta habitud fins a tal punt que permet de fer les coses sense pensar-hi.
2) Orientació natural per a fer les coses habituals.
3) No tenir esma, no tenir ànim, delit. Desesmar-se.
– Diccionari Català Illustrat (E. Vallès): Hàbit o facilitat d’encertar, cast. tiento,
tino; fr. tact (sic); angl. tact, knack. || D’esma, loc. adv. de rutima.
– D.C.V.B. :
1) Ant...
2) Aptitud per a caminar o obrar instintivament maquinalment, sense veure o
atendre; cast. tino...
3) Estat conscient, noció d’allò que ens succeeix, cast. sentido, conocimiento.
4) Ús de les facultats intel·lectives; coneixement, seny; cast. conocimiento, seso.
5) Força d’esperit, coratge, delit; cast. ánimo. Etc.
On voit comme l’entreprise était nécessaire et malaisée.
Sans doute y a-t-il quelques équivalents à revoir:
abocar... || fig (diners, recursos) employer, consacrer, recourir intr. || ...
Peu versé dans la science financière, nous comprenons mal le sens du dernier verbe.
abeurar... couler du mortier dans les joints de carreaux pour les garnir.
Il ne s’agit pas d’une traduction, comme on le voit, mais d’une définition. L’équi-
valent français serait jointoyer qui figure dans le moindre dictionnaire et bien qu’à
vrai dire, si nous en croyons les souvenirs d’un ancien apprenti, les maçons et autres
ouvriers du bâtiment disent, sans recourir à un jargon plus précis, faire les joints.
Certes, un usage assidu permet de découvrir les petits défauts inhérents à cette
sorte d’ouvrage, mais nous ne doutons pas après avoir feuilleté celui-ci qu’il rendra
de grands services aux linguistes, et pas uniquement aux traducteurs étudiants ou
professionnels.
Louis BALMAYER
Del Alcorán existen desde hace tiempo versiones directas o indirectas a los
principales idiomas de cultura; en español hay 28, con casi cien ediciones desde el
siglo XIX, y al portugués 9, con doce ediciones. Pero el catalán carecía de traduc-
ción, y ello paradójicamente ante el hecho de que, en la edad media, Ramon Llull
había intentado, con sus Cent noms de Déu y las Oracions de Ramon, mostrar que
la pretendida inimitabilidad del texto sagrado musulmán podía ser superada litera-
riamente por cristianos. Para problemas, censuras y polémicas en tierras de la
Europa central en torno a ese libro envío al capítulo dedicado a «Die Basler Kora-
nausgabe» de C. Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck bis 1600, Basel/Frankfurt
a. M., 1985.
La larga espera para el catalán ha sido recompensada con la aparición del
texto de Míkel de Epalza, correcto y literario, en un lenguaje estilísticamente muy
agradable.
No me aventuraré a comprobar la justeza de la traducción del árabe. Sólo diré
que la lectura de esta versión, sobre todo si se realiza en voz alta, permite captar su
dulce melodia. En árabe Al-Qurân al-Karîm significa ‘la noble recitación’. Esta
traducción, con un lenguaje comprensible, pero esmerado y una denodada tensión
poética, ha conseguido precisamente el objetivo de conservar la musicalidad del
original; además la disposición tipográfica del texto catalán permite seguir fácilmente
el melodioso ritmo de los versículos o aleyas de cada sura o capítulo. La puntuación
encauza la lectura pausal del Alcorà. En cambio, se ha prescindido, naturalmente, de
dos elementos fundamentales del texto árabe: la prosa rimada saj` y las aliteraciones,
imposibles de integrar en cualquier traducción a las lenguas romances. Los intentos
de quienes han querido ir en esa dirección han llevado al fracaso.
El texto de esta edición va acompañado de una introducción a una lectura cata-
lana del Alcorán (págs. 7-27) y de cinco novedosos estudios: «1. Bibliografia hispà-
nica sobre Aràbia, Mahoma (Muhàmmad) i l’Alcorà», «2. L’Alcorà i la vida religiosa
dels musulmans», «3. Inimitabilitat de l’Alcorà. Valor de les traduccions segons
els teòlegs musulmans», «4. Traduccions hispàniques de l’Alcorà» y «5. Principis
d’aquesta traducció alcorànica de l’àrab al català» (págs. 983-1201). Siguen la corres-
pondiente bibliografía y varios índices. De estos eruditos estudios puede interesar a
los romanistas ante todo el número 5, en donde Epalza compara regularmente en
nota al pie de página esta traducciín catalana con otras versiones al español, portu-
gués, italiano y francés, y así se realzan las novedades metodológicas introducidas.
También los estudios 1 y 4 tienen una clara dimensión románica, en particular hispá-
nica (español, catalán, portugués).
Esta versión catalana está teniendo en España una gran aceptación y ha sido
recompensada con varios prestigiosos premios. En estos momentos va a aparecer una
segunda edición.
Míkel de Epalza, que tanto ha hecho por las letras catalanas con sus estudios
sobre Anselm Turmeda y, entre otras actividades, con la publicación junto a María
Jesús Rubiera desde 1984 de la revista Sharq Al-Andalus, se ha ganado el agradeci-
miento y la admiración no sólo de islamistas, sino también de los romanistas.
Germà COLÓN
DOMAINE GALLO-ROMAN
(1) L’auteur a privilégié les grammaires françaises écrites en France (ou par des
francophones); pour une perspective moins restreinte, voir nos articles «Franzö-
sisch: Grammatikographie» et «Geschichte der Grammatiken und Sprachlehren
romanischer Sprachen», dans G. Holtus - M. Metzeltin - Chr. Schmitt (Hrsg.),
Lexikon der romanistischen Linguistik, respectivement Bd. V/1 (1990) et Bd.
I/1 (2001).
atavique, mais les grammairiens n’ont pas manqué d’astuce pour mettre du vin nou-
veau dans de vieilles outres ni pour couler du vieux vin dans des outres neuves...
D’ailleurs, les mânes d’Apollonios Dyscole, de Donat et de Priscien continuent à
nous hanter; à travers l’ambition d’une syntaxe explicative, à travers la présence
incontournable d’un schéma de parties du discours, ou encore à travers le concept
de transitivité.
Dans le premier chapitre, Chevalier rappelle cette dette à l’égard de la gram-
maire grecque et latine, mise à de nouvelles sauces par les grammairiens du Moyen
Âge. Le contact avec les vernaculaires, en l’occurrence le français, a été pénible: la
mise en grammaire du français se fera (par besoin pratique) en Angleterre, mais à
coup de bricolages (le modèle latin ne se plie pas entièrement aux faits du français,
et vice versa) et sans donner des résultats très convaincants: on sait que le Donait
françois (rédigé vers 1410) est lacunaire et qu’il laisse en suspens beaucoup de pro-
blèmes(2). Mais la présence de textes «sur la langue» – esquisses grammaticales,
lexiques, listes de conjugaisons, Manières de langage, etc. – est un indice significatif
de l’importance croissante du français, tout particulièrement de la variété parisienne.
Mais c’est bien au XVIe siècle que la grammaire du français prend des contours
très nets: c’est là à la fois le mérite d’auteurs importants comme Palsgrave, Dubois,
Meigret, Ramus – il faudrait y ajouter les efforts, passés sous silence par Chevalier,
de Robert Estienne, Antonius Caucius et Johannes Serreius(3) – mais c’est aussi le
mérite d’une technique, l’imprimerie, qui met des textes uniformes (et mieux orga-
nisés spatialement) à la disposition d’un large public de lecteurs. Comme le montre
Chevalier, c’est au XVIe siècle que le champ de la grammaire française est débrous-
saillé et articulé: on fixe les cadres de description (graphophonétique et morpholo-
gique, et parfois timidement syntaxique), on discute le problème de l’usage (et de la
norme) et on affronte des problèmes de taille (détermination du nom; diathèses ver-
bales, etc.), tout en restant fidèle à l’articulation globale des modèles latins. On hési-
tera sans doute à suivre Chevalier quand il écrit que Dubois (1531) constitue «une
sorte de morphophonétique générale» [17] et que son analyse des formes et des
fonctions «marque un souci profond d’interpréter un monde en pleine expansion»
[18], mais on ne peut que savourer les belles pages consacrées à Meigret [20-22] et
à Ramus [22-26](4). En fin de chapitre [28], Chevalier note l’écart entre la produc-
tion en grammaire latine et celle en grammaire française au XVIe siècle.
(2) Cf. nos articles «La plus ancienne grammaire du français», Medioevo romanzo 9
(1984), 183-188 et «Les premières grammaires des vernaculaires gallo-romans
face à la tradition latine: stratégies d’adaptation et de transformation», in
I. Rosier (éd.), L’héritage des grammairiens latins de l’Antiquité aux Lumières
(Paris, 1988), 259-269.
(3) Sur ce dernier, voir notre contribution «Les débuts de la grammaticographie
française à Strasbourg: la Grammatica Gallica de Jo(h)annes Serreius», in J. De
Clercq - N. Lioce - P. Swiggers (éds), Grammaire et enseignement du français
1500-1700 (Louvain/Paris, 2000), 425-459. Madame A. Jacquetin (Paris) prépare
une édition (avec traduction française) de la grammaire de Serreius.
(4) Mais pourquoi diable n’utiliser que l’édition de 1572, alors que celle de 1562
présente tout le charme de la démarche tâtonnante du grammairien?
(5) P. 32, l. 33-34: le «mon» dans la formule affirmative c’est mon n’est pas un «curieux
enclitique», c’est un pronom tonique au sens plein, à valence substantivale [cf.
cependant FEW 6, 3, 216b].
(6) «C’est donc un mondain intelligent qui mit ses talents de grammairien au ser-
vice des princes. Avec une certaine malchance: il fut gouverneur des enfants de
la maison de Carignan, dont l’un, dit la tradition, était bègue et l’autre muet»
(pp. 39-40).
(7) À la p. 47, l. 10-11, on corrigera le passage à son propos: le père Laurent
Chiflet était déjà mort quand sa grammaire fut publiée en 1659, non pas à
Bruxelles, mais à Anvers (on corrigera aussi le titre signalé par Chevalier en
Essay d’une parfaite grammaire de la langue françoise).
(8) Voir P. Swiggers, «Méthode et description grammaticales chez Denis Vairasse
d’Allais», in P. Swiggers (éd.), Grammaire et méthode au XVIIe siècle (Louvain,
1984), 68-87.
(9) En fait, l’édition de 1660 comporte 147 pages.
(10) Voir à ce propos les travaux d’André Chervel, tout particulièrement son
ouvrage Et il fallut apprendre à écrire à tous les petits Français. Histoire de la
grammaire scolaire (Paris, 1977).
(11) Pour cette problématique, on se reportera désormais à la thèse de doctorat de
P. Lauwers, La description du français entre la tradition grammaticale et la
modernité linguistique: une étude historiographique et épistémologique de la
grammaire française entre 1907 et 1948 (K. U. Leuven, 2001).
françoise, 1557) et c’est en 1558 qu’Estienne publia son Gallicae grammatices libel-
lus (les Hypomneses de son fils Henri Estienne apporteront un complément au texte
latin); p. 28, l. 11: la première édition de la Minerva de Sanctius est de 1562; p. 30,
l. 23-24: «il va de soi qu’elle est en français» (il s’agit de la grammaire de Maupas):
non, car Maupas s’explique justement, dans son épître «A tous seigneurs et gentils-
hommes d’autre langue & païs, amateurs de la langue Françoise», pourquoi il a
rédigé sa grammaire en français; p. 31, l. 15-16: «assemblages faits artistement, dit-
il, au sens, sans doute, où l’on parle de flou artistique»: non, artistement signifie
«selon les règles du métier, de la profession, de la discipline»; p. 35, l. 12-25: dans
la citation d’Oudin (préface de la grammaire de 1632), on corrigera: reso1u ... ie ne
tiens .. esprits. le tascheray ... meilleur estat»; p. 39, l. 22-23: si Vaugelas n’a pas
regroupé ses Remarques selon le plan d’une grammaire, un auteur anonyme se char-
gera de le faire en 1657 (Grammaire françoise avec quelques remarques sur cette
langue, selon l’usage de ce temps, Lyon); p. 44, l. 31-32: en fait, Port-Royal corrigera
Vaugelas par une règle plus générale à propos des pronoms relatifs; p. 46, l. 33-34:
«le temps n’est pas loin où un spécialiste du russe comme l’abbé G. Girard...»: mais
par rapport aux «remarqueurs» du XVIIe siècle, cela fait plus d’un demi-siècle!;
p. 58, l. 32-33: dans la Grammaire de Port-Royal, les conjonctions sont définies
comme des mots exprimant la manière de nos pensées, il n’en est pas de même des
négations et des interrogations; p. 60, l. 15-29: à mon avis, les remarques de Duclos
à propos de la bipartition en mots qui signifient les objets de nos pensées et mots
signifiant la manière de nos pensées ne reflètent pas une «fâcheuse confusion», mais
expriment une critique tout à fait fondée (l’article et la préposition n’expriment pas
des objets, et les adverbes constituent une classe ambiguë)(12); p. 61, l. 17: on n’attri-
buera pas à Chiflet une véritable «vénération pour Vaugelas»(13); p. 65, l. 7: de la
Touche n’est pas un «auteur d’Amsterdam»: il vivait en Angleterre, mais a fait
paraître sa grammaire à Amsterdam(14); p. 66, l. 24-38: il faudrait réécrire ce passage,
vu que la notion de «modificatif»(15) n’entraîne pas une redéfinition de la proposition
chez Buffier, mais le conduit à définir la fonction de formes et groupements de
formes en termes d’insertion phrastique(16); p. 67, l. 9-20: les termes de supplément
chez Buffier ne sont pas des opérations de paraphrase, ce sont des éléments linguis-
tiques dont le statut s’éclaircit à partir d’une paraphrase; dans la citation de Buffier,
on apportera une correction: le «ou» de «ou quand viendrez-vous» ne doit pas être
en lettres grasses; p. 76, l. 22: remplacer «illyrienne» par «serbo-croate»; p. 83, l. 23-26:
le couple «identité-détermination» chez Du Marsais concerne le plan des mots, alors
que dans la Logique de Port-Royal, le même couple concerne le plan des idées;
p. 108, l. 7-8: ni Herder, ni Windischmann ne peuvent être présentés comme des
sources des idées comparatistes de Schlegel et de Bopp; p. 109, l. 13: il ne faudrait
pas mentionner ici le lituanien, qui sera inclus seulement plus tard par Bopp dans
la comparaison des langues indo-européennes (à partir des années 1830); p. 116,
l. 27-29: l’opposition entre Bally et Brunot est plus tranchée que ne le laisse
entendre Chevalier; p. 118, l. 25: il n’y a pas eu de Congrès de linguistique à
«Bruxelles-Gand» en 1939 (à cause de la guerre); p. 118, l. 33-36: il ne faut pas asso-
cier la Structure immanente de la langue française de Togeby à son Précis historique
de la grammaire française, ouvrage bien différent en portée et en valeur; p. 120, l.
14: Grevisse était professeur dans des écoles militaires (à Namur, Seilles et
Bruxelles), non dans un lycée; p. 121, l. 32-33: peut-on dire que la Syntaxe structu-
rale de Tesnière (1959; en 1953 fut publiée l’Esquisse d’une syntaxe structurale)
«apportait une approche neuve de la syntaxe par le lexique»?
P. 16, l. 21, dans le titre de l’ouvrage de Sylvius, lire: Isagˆge; p. 18, l. 11: «induit
par»; p. 18, l. 24: l’apprẽdre et curieusemẽt; p. 21, l. 17: comprend; p. 29, l. 23: l’édi-
tion de 1625 de la grammaire de Maupas est en fait la troisième édition française;
p. 39, l. 1: lire Savoyard; p. 45, l. 26: goût violent des Français; p. 48, l. 18: E. Itko-
nen; p. 50 n. 2: Mardaga; p. 55, l. 38: hoti grec; p. 85, l. 37: le syriaque; p. 95, l. 1:
Thiébault; p. 116, l. 7: plutôt «inspecteur du primaire» que «inspecteur primaire»;
p. 121, l. 7: français fondamental; p. 121, l. 11 et l. 20: Quemada; p. 123, l. 16-17:
favorisaient; p. 124, l. 28: Zribi-Hertz.
Pierre SWIGGERS
régression dans le temps des énoncés à sujet postverbal [236], et de la régression des
formes verbales discontinues dans un processus de linéarisation [238].
Le bilan de l’analyse de la structuration informative des énoncés à sujet post-
verbal, tel qu’il est formulé [241], montre in fine que «si tous sont marqués par rap-
port au principe grammatical en train de s’installer, un bon nombre l’est aussi par
rapport au principe fonctionnel», la postposition du sujet ne pouvant dès lors se
réduire au maintien de ce principe, d’où la nécessité de compléter l’examen des
énoncés à sujet postverbal par la recherche de leur dimension sémantico-pragma-
tique et textuelle, objet du troisième chapitre.
Y sont examinées les implications sur la structuration interne de l’énoncé, tant
informationnel que syntaxique, de la relation discursive et sémantico-pragmatique
avec ce qui le précède. Sont répertoriés en ce sens les éléments initiaux accompa-
gnant ces structures avec les deux types de sujets postverbaux:
– avec les sujets nominaux s’observe dans le temps la raréfaction de si, la varia-
tion de la fréquence de et, et l’apparition d’éléments lourds en tête [249],
– avec les sujets pronominaux s’observe la présence régulière d’éléments expri-
mant une relation logique et/ou des morphèmes à caractère anaphorique.
Deux points communs se dégagent cependant: la présence globalement forte
d’éléments intensifs, et surtout le caractère thématique de bon nombre d’éléments
initiaux, renvoyant plus ou moins explicitement à l’énoncé qui précède, dont la
palette met en œuvre, au-delà de leur diversité, des opérations voisines. Entrent en
jeu, dans ce domaine, des cadres et repères topicaux et temporels, points de départ
au niveau de l’énoncé pour les prédications qui suivent, balises de transition assurant
la cohérence tant narrative qu’énonciative: dans le sillage d’études antérieures déjà
consacrées, comme celles de C. Marchello-Nizia, M. Perret, C. Fuchs, entre autres,
sont analysés en ce sens si, repère topical; ores, au seuil d’une nouvelle situation
d’énonciation qu’il légitime et autorise, encore(s), frontière préalable attendue et
finalement dépassée; ainsi conclusif. Autant d’éléments beaucoup plus rares, voire
absents dans les énoncés à sujets préverbaux, une sorte de distribution complémen-
taire s’établissant ainsi, selon la position du sujet, entre les éléments initiaux [265].
Ces repères topicaux se voient cependant progressivement concurrencés, vers la
fin du XVe siècle par des adverbes spatio-temporels et des subordonnées temporelles
marquant la concomitance, la postériorité et la localisation, éléments plus lourds
s’appuyant sur leur propre énonciation, et qui participent d’une opération analogue:
repères et relais, ils assurent la transition et la continuité vers des éléments en
rupture, qui offrent un large éventail de modalités:
– dans les énoncés à sujet nominal: transitions narratives réactivant, recentrant
le référent à l’aide d’outils anaphoriques; ruptures énonciatives dans le passage
du récit au discours ou inversement, des énoncés précédant ou suivant la prise
de parole; enchaînements inattendus associés le plus souvent au marqueur
énonciatif et, appuyant une surenchère informative, ou à aussi, chez Rabelais
en particulier; ruptures syntaxiques antéposant au verbe un complément essen-
tiel en saillance sémantique, ou des éléments intensifs en tournures passives:
autant de «transitions séquentielles» entre clôture et ouverture;
– dans les énoncés à sujet pronominal: ruptures syntaxiques, ruptures logico-
pragmatiques mettant en suspens la relation prédicative ou opérant un retour-
nement argumentatif avec mais ou plus largement dans l’ensemble des énon-
cés adversatifs, où «l’on valide un énoncé malgré un énoncé précédent qui
aurait dû s’opposer à sa validation» [307]: autant de cas où le pronom post-
verbal, analysé sur les traces de G. Kleiber, acquerrait une fonction nouvelle
qui serait de valider une relation problématique.
Au total, «si la position postverbale du sujet, tant nominal que pronominal, s’ins-
crit presque toujours dans un énoncé en continuité – souvent explicite – avec celui
qui précède, elle demeure indissociable d’une forme de rupture, encore accrue dès
lors que la postposition se marque syntaxiquement, et devient, pour tous les sujets,
synonyme d’inversion.» [309]
Telle est la forte conclusion d’une étude qui accuse, au fil des pages, les spécifi-
cités des textes-témoins, et qui mériterait sans doute d’être étendue à un corpus plus
large: tous les énoncés à sujet postverbal traduiraient une continuité à l’égard de ce
qui précède, mais indissociable d’une rupture, souvent synonyme de mise en valeur,
qui s’accroît d’autant plus que l’inversion du sujet se marginalise [312].
Animatrice du GDR 2349 (CNRS) «Diachronie du français», avec B. Combettes
et C. Marchello-Nizia, promoteurs du premier colloque Diachro-1 en janvier 2002 à
l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, sur le thème «Grammaticalisations en
français», dont elle est désormais une spécialiste, engagée dans le traitement et l’ex-
ploitation automatique des corpus de français médiéval, Sophie Prévost offre aux lin-
guistes médiévistes une thèse importante par ses données et ses perspectives, déjà
illustrée par des mises au point dérivées (cf., entre autres, l’examen de «La notion
de thème: flou terminologique et conceptuel», Cahiers de praxématique, 30, 13-35).
Le travail présente toute la rigueur d’une démonstration menée pas à pas, dans
un cadre théorique fortement charpenté et appuyé sur un appareil théorique dûment
explicité(1) offrant dans son parcours un ensemble d’analyses finement ciselées des
exemples collectés (cf., entre autres, l’exemple de Saintré [214-216], celui de Rabe-
lais [282-284], objet d’un examen gigogne, «tant l’interprétation et l’analyse de ce
texte sont sans fin», l’explicitation du processus argumentatif engagé par mais/si
[298-303]).
Ces analyses éclairent aussi, quand elles sont assemblées, l’aspect stylistique des
textes du corpus: des modèles récurrents, des régularités contribuent à les caracté-
riser, comme le type ce dis je dans le Roman du conte d’Artois [201], le type Or voy
je et les séries des cortèges ou des entrées en lice ordonnées et hiérarchisées, codi-
fiées en rituel dans Saintré, qui apparaît à bien des égards comme un texte atypique
par l’ensemble de ses particularités structurelles (faible pourcentage d’inversions, et
dans ce cadre, peu de structures Topique-Commentaire, forte présence des structures
enchâssantes), au regard de Commynes, offrant un pourcentage élevé d’inversion
nominale, et de Rabelais, qui présente nombre de traits marginaux, dont le jeu
fréquent avec les attentes du locuteur/destinataire.
Plus amplement, le travail est à l’image même des conclusions qu’il offre sur les
énoncés à sujet postverbal, marqués à la fois par la continuité et le renouvellement:
continuité car il se situe dans la lignée des études de typologie sérielle portant
sur l’ordre des mots dans la langue médiévale, et en particulier celles de Bernard
Combettes, et renouvellement car, avec toute une promotion de linguistes alliant
avec bonheur la synchronie et la diachronie, il applique au moyen français au sens
large, le meilleur des approches pragmatiques les plus récentes. À ce titre, il a une
portée heuristique: les types de structures qu’il propose et le paramètre sémantico-
pragmatique peuvent, sous réserve d’aménagements éventuels, s’appliquer à d’autres
textes médiévaux antérieurs, romans et chroniques, pour compléter des études limi-
tées au plan fonctionnel/informationnel, comme celle de Jean Rychner sur L’articu-
lation des phrases narratives dans la Mort Artu, dont la distinction des phrases en
sujet nominal et en sujet pronominal enregistre précisément l’orientation prospective
et rétrospective des composants articulatoires (cf. entre autres, p. 25).
La thèse rejoint aussi un faisceau d’études typologiques qui font du moyen fran-
çais une période charnière dans l’histoire du français, comme la thèse de Gabrielle
Eckert, inspirée de la typologie intégrale d’E. Coseriu (Sprachtypus und Geschichte.
Untersuchungen zum typologischen Wandel des Französischen, Tübingen, Gunter
Narr, 1986) mais elle leur donne un éclairage et une dimension supplémentaires dont
il faudra tenir compte à l’avenir. Dans un cadre typologique large, celui des langues
de type Sujet-Verbe-Objet, les structures mises en évidence peuvent être situées dans
l’ensemble des séquences Verbe-Sujet, qui ont fait l’objet de nombreuses études,
orchestrées en large partie par A. Siewierska (Word Order Rules, Croom Helm,
1988). Il est loisible d’y distinguer les séquences à verbe à initiale absolue et les
séquences à élément initial différent du verbe: dans l’antéposition absolue, l’ordre
Verbe-Sujet est fondamentalement un ordre ouvert sur une (con)séquence attendue,
avec une valeur sémantique qui se retrouve dans toutes ses variétés, mais différente
selon le mode employé – procès posé dans un univers de croyance avec l’indicatif,
procès envisagé comme hypothétique dans un univers possible ou dans un anti-
univers inefficient avec le subjonctif ou éventuellement le futur –: dans l’histoire du
français, la possibilité d’antéposition absolue s’est considérablement restreinte, sur-
tout aux structures présentatives, au regard des autres langues romanes, comme nous
l’avons souligné («L’ordre Verbe-Sujet en ancien français et son évolution vers le
français moderne. Esquisse de comparaison avec les langues romanes», Typologie des
langues, universaux linguistiques, Actes du colloque organisé les 27 et 28 novembre
1998 par l’Université Paris X - Nanterre, l’IUF et l’ENS Fontenay - St-Cloud,
A. Sörés et C. Marchello-Nizia éd., Université Paris X - Nanterre, Numéro Spécial
de Lynx, 167- 202). Dans l’antéposition «relative», l’élément initial apparaît majori-
tairement comme le lien thématique avec ce qui précède, et ce non seulement dans
l’histoire du français, comme le montre notablement cette étude dans une tranche
diachronique limitée, à la charnière d’une transformation typologique profonde, mais
également dans d’autres langues: on constate avec intérêt que le même type de
structure se retrouve en anglais contemporain, dans les exemples rassemblés par
G. M. Green en 1982, illustrant son étude sur l’inversion par des exemples dont les
struments de balisage, superficiellement regroupés selon le registre de langue, pour-
raient tout à fait s’inscrire dans les structures mises en place par Sophie Prévost,
comme pivots de l’argumentation (Semantic and Syntactic irregularity, Bloomington,
Indiana, Indiana University Press). Avec des «topicaux de cadrage» (locative and
directional adverb inversions): a. At the stern sat Princess Tiger Lily... b. Down the
road came a bunch of fellows with bigpipes. Avec des adverbes de manière et d’in-
tensité (positive frequency, degree and manner adverbial inversions): a. Often did she
visit the inhabitants of the gloomy village. Avec des struments comparatifs engagés
dans un processus argumentatif d’adversation, de dénégation ou de confirmation
(inversions after pronominal so, neither, nor and pronominal as... Inversions after
preposed comparative constructions with so and such) a. So safe did the boys feel (...)
that... b. Such is the impact of work on some people that... Avec un référent intro-
duit par un démonstratif anaphorique (inversions after abstract prepositional
phrases): In this category belong... L’anglais présentant au total une palette d’inver-
sions plus large que le français, où elles se sont réduites pour se situer essentielle-
ment dans un registre soutenu.
Claude BURIDANT
typiques du protorôle de «patient» que Dowty (1991) définit par une conjonction de
cinq propriétés interprétatives. Ce qui permet de réduire parallèlement la transiti-
vité à une simple configuration architecturale (une structure d’accueil pour des
couples sujet / objet aux relations variées mais vérifiant tous respectivement les pro-
torôles d’agent et de patient) et de minimiser voire de nier la spécificité des verbes
créateurs ou modifieurs d’objet [39-42] ou encore de ce qu’il est convenu d’appeler
les constructions à «objet interne» [42-43]. La justification de ce nivellement gram-
matical, qui repose sur une réduction de la syntaxe à du marquage morphologique,
a de quoi surprendre.
L’argument, déjà défendu dans Larjavaara (1997)(1), est que «ce qu’on appelle les
objets internes ne [sont] morphologiquement marqués ni en français ni en finnois»
[79] et il résume bien la conception étriquée et réductrice de la syntaxe qu’elle
affiche ici et ailleurs, mais – heureusement et comme on va le voir – qu’elle n’ap-
plique pas dans sa pratique analytique. Elle part du fait qu’en manam le verbe suivi
d’un objet (effectué, en l’occurrence) porte une marque flexionnelle de transitivité
et présente la double marque d’une conjugaison à la fois subjective et objective,
alors qu’en français un verbe suivi de ce que l’on appelle un objet interne ne porte
aucune de ces trois marques. Ce qui revient pratiquement à assimiler la syntaxe à un
pur marquage morphologique et faire table rase des phénomènes de sous-catégori-
sation qui conditionnent l’architecture des phrases et plus généralement des pro-
priétés de construction différentielles liées aux catégories syntaxiques (pronominali-
sation, passivation, etc.). Ainsi tout en admettant que les objets internes ne sont pas
de «vrais objets» – ce qui est tout à fait juste – elle se propose de «mettre en cause
le droit d’existence de la catégorie en tant que telle dans ces deux langues [français
et finnois]» [79-80], alors que les objets internes présentent des propriétés très dif-
férentes des objets dits argumentaux. On se contentera d’en citer ici deux. D’abord
le verbe des objets internes peut plus ou moins facilement être remplacé par un
verbe support plus général (ce qui n’est pas étonnant si l’on admet que l’objet
interne est prédicatif et qu’alors le verbe a la fonction d’un verbe support, simple-
ment plus approprié puisqu’il répète le prédicat nominal), ce qui n’est jamais le cas
d’un objet argumental: Je veux vivre ma vie → Je veux faire / mener ma vie ou Il
va son chemin → Il fait son chemin ou encore Il souffre de terribles souffrances →
Il subit de terrible souffrances. Les objets internes ont également un comportement
spécial par rapport à l’interrogation partielle, qui ne peut pas porter sur l’ensemble
du SN objet, mais seulement sur son modifieur. Ainsi Il a pleuré des larmes de sang
ne répond pas à la question Qu’a-t-il pleuré? car on ne peut pleurer que des larmes,
mais à Quelle sorte de larmes a-t-il pleurées? de même que Il veut vivre sa vie répond
à Quelle (sorte de) vie veut-il vivre? / Qu’est-ce qu’il veut vivre comme vie? et non
pas à Que veut-il vivre? où d’ailleurs le verbe vivre aurait le sens de «connaître /
expérimenter» (cf. J’ai vécu une histoire d’amour / une tragédie). Détail piquant,
M. L. réfute comme critère distinctif «le fait que les objets internes ne soient pas
pronominalisables» par un simple renvoi à Choi-Jonin (1995) où le lecteur est invité
à trouver des contre-exemples. Vérification faite, il s’avère que cet auteur affirme
(1) L’article a paru dans le numéro 35 de Travaux linguistiques, qui regroupe une
douzaine de communications du colloque international de Gand (23-24 mai
1997) consacrées à l’objet dans la langue française.
pratiquement le contraire, à savoir que «si bien des objets internes ne peuvent pas
être pronominalisés, il existe des exceptions» et que de surcroît l’acceptabilité de ces
pronominalisations exceptionnelles est soumise à de fortes contraintes!
Dans ce même article, M. L. défendait également l’idée, reprise succinctement
ici, que la «relation sémantique entre le verbe et l’objet est une affaire extralinguis-
tique» [82] et sans répercussion syntaxique, et s’en remet à la toute-puissance du
contexte pour décider de l’interprétation sémantique de la relation verbe – objet:
«C’est d’ailleurs toujours, en dernier lieu, le contexte qui permet à l’allocutaire de
savoir comment interpréter l’énoncé» [80]. C’est vraiment faire bon marché de la
connaissance que tout locuteur a du sens conventionnel, intersubjectivement stable
des verbes, c’est-à-dire des types de procès qu’ils désignent et des rôles sémantiques
qu’ils distribuent sur leurs actants respectivement sujets et objets. On objectera à
M. L. l’existence de cinq catégories de verbes transitifs directs très typées dont les
constructions se distinguent par des caractéristiques syntaxiques fines liées aux types
de procès qu’ils dénotent:
– procès qui créent ou annihilent leur objet (dont le référent ou bien ne
préexiste pas à l’effection du procès ou bien ne lui survit pas): construire /
creuser / écrire (un livre) vs raser / combler (un trou) / dissoudre
– procès qui affectent leur objet (changement d’économie ou de disposition
interne): démolir, repeindre, laver, repasser, etc.
– procès dénotant un sentiment où le complément d’objet dénote une entité qui
est à la fois son objet (le point d’application intentionnel) mais aussi la cause
qui le produit et l’entretient: aimer, haïr, envier, admirer, etc.
– procès de nature perceptive où c’est plutôt le sujet percevant qui est affecté
par l’intermédiaire de ses sens: percevoir, voir, entendre, sentir, etc.
– procès (mais est-ce encore un procès?) de repérage spatial du référent du sujet
par rapport à celui de l’objet (longer, surplomber, traverser, précéder, etc.).
La phrase La route longe la rivière, ne répond ni à Que fait la route? ni à Qu’ar-
rive-t-il à la rivière? ni même à Que se passe-t-il?, toutes choses possibles pour les
verbes des trois premiers groupes. Et le verbe de ce type de phrase, contrairement
à ceux des deux premiers groupes, est incompatible avec la locution aspectuelle être
en train de: *La route est en train de longer la rivière. On pourrait multiplier les
exemples qui incitent à sous-catégoriser la classe générique des compléments d’objet.
Et M. L. reconnaît d’ailleurs à la fin de son ouvrage [214] que «si l’inaccusativité
se révèle par des tests syntaxiques, elle doit être sémantique [...]. L’inaccusativité
sémantique se reflète ensuite dans la syntaxe.» Ce qui revient à prendre acte du
fait que la syntaxe, ses catégories et ses sous-catégories sont conditionnées par la
sémantique!
Le troisième chapitre (Emploi sans objet), de loin le plus important (97 pages)
traite des emplois traditionnellement dits absolus ou intransitifs des verbes qui ont
conventionnellement un objet. Après un bref survol de l’abondante littérature consa-
crée au sujet (M. Noailly n’y a pas consacré moins de cinq articles, auxquels
M. L. apporte des prolongements substantiels), M. L. range ces emplois dans deux
types selon que l’objet absent est latent ou générique. Bien qu’il n’ait pas de réali-
sation syntaxique, l’objet «latent» (le terme est emprunté à Fonagy), p. ex. Alors
comment avez-vous trouvé? pour Alors comment avez-vous trouvé le spectacle? est
modèle d’analyse et qu’il soit parfois difficile d’opérer la distinction entre objet
latent et générique. Avec les réserves sur l’usage équivoque du terme et de la notion
de «généricité», ces pages constituent une remarquable monographie sur l’objet
absent, à la fois synthèse complète des travaux précédents bien revisités et mise en
perspective stimulante des paramètres phrastiques et discursifs qui gouvernent et
expliquent cette absence.
Le chapitre suivant (IV Emploi avec objet) traite des cas, inverses de ceux du
précédent, «où il y a un objet bien que, conventionnellement, le verbe n’ait pas d’ob-
jet, et cela sans que la relation entre sujet et verbe soit affectée». Le problème posé
par les couples d’énoncés comme [...] il haleta un résumé des faits (Échenoz)/Il haleta
est de déterminer le type de relation sémantique qui s’instaure entre le verbe et son
objet non conventionnel. La thèse de M. L. est que cette sorte d’objets grammati-
caux(2) s’interprètent comme le résultat du procès verbal, donc comme ce qu’il est
convenu d’appeler des objets effectués. Dans Elle grimaça un rictus résigné (Dantec),
par exemple, le rictus serait le produit de l’action de grimacer. Elle n’écarte cepen-
dant pas la possibilité, pour certains objets, de considérer le verbe comme un verbe
support plus expressif [147], une solution qui pourrait sans doute être étendue à un
plus grand nombre de constructions de ce type. Chemin faisant, M. L. envisage les
cas où l’objet non conventionnel est un segment au discours direct et, plus intéres-
sant, un énoncé au discours indirect. Ce qui nous vaut des analyses tout à fait
instructives sur le degré d’intégration syntaxique du discours direct et une typologie
fonctionnelle des verbes introducteurs dits rapportants. Sont également examinés,
sous l’étiquette de relation dénudée, les alternances entre construction directe et indi-
recte de l’objet (accoucher (de) quelque chose) et les rares verbes qui, comme
vendre, acheter et payer, peuvent se construire avec un double objet; et enfin les
constructions où l’objet d’un verbe n’est pas celui qu’on attendait, donc est non
conventionnel, à la suite de différents types de décalages actanciels tous bien carac-
térisés et justifiés. Le chapitre se clôt par une réflexion générale sur la «sémantique
de la construction transitive», en écho à un développement antérieur sur le «statut
des objets effectués» [151-4], et situe les écarts de construction par rapport à un
schéma décrété prototypique qui manifeste ainsi la plasticité et l’adaptabilité de la
transitivité aux besoins de l’expression.
Le dernier chapitre est consacré aux Verbes labiles, un titre et un terme évocateurs
pour désigner une construction beaucoup étudiée en français et sous diverses appel-
lations (verbes symétriques, neutres, à renversement, réversibles). Il s’agit des verbes
comme casser et culpabiliser, qui se construisent avec et sans objet, mais où le réfé-
rent de l’objet de la construction transitive correspond au sujet de la construction
intransitive et où le verbe de la première construction s’interprète comme la version
causative de celui de la seconde: Marie culpabilise / Jean culpabilise Marie. M. L.
montre qu’en français contemporain le passage de l’une des constructions à l’autre
est hautement productif (cf. Je t’explose la tête en langage des banlieues) et qu’il
convient donc de parler d’emplois labiles plutôt que de verbes labiles. Elle examine
ensuite la concurrence entre la construction objectale (Il cuit le poulet) et la
construction causative analytique avec faire (Il fait cuire le poulet): causation directe
ou indirecte, agentivité ou passivité du référent de l’objet semblent être les facteurs
(2) Que l’on pourrait appeler «adventices» pour les opposer aux objets dits «latents».
aussi les assimilations de sonorité (du type une tasse de thé → [yntazdete]. Ces
informations prosodiques et phonétiques sont bienvenues et contribuent à enrichir la
transcription. On regrettera d’autant plus les maladresses, voire les erreurs d’écoute
et d’interprétation qui émaillent les transcriptions: la graphie des noms propres
(même quand il s’agit de personnalités ou de marques bien connues, au moins du
public français) est souvent estropiée, voire même remplacée par des points d’inter-
rogation. Une recherche documentaire, même sommaire, dans la presse écrite des
années 1990 aurait permis de graphier correctement le nom du président bosniaque,
du ministre algérien de la Défense ou du fournisseur d’électroménager Darty. Moins
vénielles sont les fréquentes erreurs d’interprétation qui faussent la transcription:
omission de certains mots (chef de l’État devenu chef d’état, p. 31, Georges Marchais
à quelques semaines transformé en Georges Marchais quelques semaines, p. 34), rem-
placement d’un mot par un autre: blanchisserie transcrit blancherie, p. 26, un autre
mot devenu l’autre mot, p. 30, entrent dans le capital transformé en entrent par le
capital, p. 30, serve à interprété comme sert à, p. 31, renforçons devenu renforcerons,
p. 37, chômeur en fin de droits transcrit chômeur enfin de droit, p. 42), erreurs por-
tant sur des syntagmes entiers (exploits en direct devenu explorants directs, p. 28, les
agriculteurs mécontents entendent être présents transformé en les agriculteurs mécon-
tents en tant d’être présents, p. 24, se portent acquéreurs transcrit se portent à cœur,
p. 30), mots non transcrits (les trois nationalisées ou du moins leurs filiales transformé
en les (?-?) nationaliser au moins leurs filiales, p. 31, ce qui est devenu ce qui, p. 36,
allez y donc sur les pouvoirs du parlement transcrit allez y donc pour (?) le parle-
ment, p. 37), erreurs sur l’identité même de l’émetteur (les paroles prononcées par
Alain Lancelot: il y a d’autres problèmes n’est-ce pas c’est que nous nous sommes mis
d’accord sur des choses plus importantes décomposées en deux répliques, l’une de
Paul Amar: il y a d’autres problèmes n’est-ce pas, l’autre de Alain Lancelot si nous
nous sommes mis d’accord ce sont des choses plus importantes aussi, p. 37). Nous
avons concentré nos relevés d’erreur sur le deuxième corpus transcrit pour montrer
l’abondance des écarts d’interprétation. Nous avons noté aussi un certain nombre
d’erreurs dans la transcription des adverbes de négation ne dont l’auteure relève sys-
tématiquement en marge la présence ou l’absence. La multi-écoute impliquant plu-
sieurs locuteurs de français langue maternelle (que nous avons fait pratiquer lors de
ce compte rendu) aurait permis d’améliorer la transcription et de la rendre plus
fiable. Telle quelle, la transcription de Christina Lindqvist, à condition d’être traitée
avec prudence et d’être confrontée avec l’enregistrement original figurant sur le
cédérom, reste fort utile pour le syntacticien souhaitant bénéficier d’un témoignage
authentique sur un français oral produit par des lettrés en situation formelle.
Ambroise QUEFFÉLEC
RLiR 64, 235). Le présent ouvrage ne peut naturellement pas être placé sur le même
plan et son sous-titre provocateur «pour mieux se comprendre entre francophones»
n’est pas de nature à apaiser les passions. Évidemment, au plan de la méthode lexi-
cographique l’ouvrage ne correspond pas à ce qu’on est en droit d’attendre. Mais il
serait inéquitable de ne pas signaler l’abondance des matériaux ici réunis et orga-
nisés dans une perspective uniquement différentielle; il n’y en a pas actuellement
d’équivalent, au moins à ma connaissance. L’auteur a réuni une abondante collection
d’exemples contemporains puisés dans la presse et la littérature. Le danger de ce
genre d’ouvrage est de mettre sur le même plan des choses très diverses et de
donner ainsi une image confuse du français québécois, susceptible de scandaliser ses
locuteurs. L’attitude scientifique consistera à utiliser cet ouvrage comme un recueil
de faits lexicaux, réunis par un Français, ayant longtemps vécu au Québec et qui
donne du français québécois une image extérieure et dérangeante, mais dont il serait
dommage de se priver.
Gilles ROQUES
(1) Voir par ex. les numéros 5 et 6 (actes du Colloque d’Aix-la-Chapelle, 1989),
8 (actes du Colloque de Parme, 1990), 10 (actes du colloque de Genève, 1991),
12 (actes du colloque de Bologne, 1993), 14 (actes du colloque de Potsdam,
1993), 15 (actes du colloque d’Édimbourg, 1994), 17 (actes des journées de
Saint-Cloud, 1992), 18 (actes du colloque de Tarragone, 1995), 19 (actes du col-
loque de Linköping, 1996), 20 (actes du colloque de Grenoble, 1996).
(2) L’exécution matérielle de l’ouvrage est presque impeccable. À part quelques
traces mineures d’uniformisation non complète (par ex. présence ou absence de
point derrière les références bibliographiques; emploi ou non-emploi de petites
capitales pour les noms d’auteur dans les notes infrapaginales), je n’ai relevé
qu’une poignée d’erreurs: p. 10, l. 2 francophones; p. 11, l. 13: postnapoléo-
nienne; p. 14, l. 14: Pays-Bas; p. 36, n. 1: Catálogo; p. 46, n. 14: Lettre; p. 130,
l. 26: différends; p. 132, l. 4-5: André-Georges Haudricourt; p. 132, l. 26: Wal-
ther von Wartburg; p. 135 et p. 139, p. 140, p. 142: Ljubljana; p. 139, l. 5:
Chlumský; p. 141, l. 34: Adolphe Terracher; p. 189, l. 12: fantasme; p. 189, l. 18:
fantasmatiques; p. 266, l. 12: Viëtor; p. 266, l. 14-15: Revue des patois, plus tard
Revue de philologie française et provençale; p. 266, l. 17: Kritischer Jahresbericht
über...; p. 280, bibliographie, lire: Bergounioux; p. 280 sub Brachet, lire: Hert-
zel; p. 280 sub Bréal, lire: étudiants; p. 282 sub Huot, lire: (éd. 1991); p. 282 sub
Sanz Díaz, lire: Servicio.
(3) «L’essor et le déclin du français, de l’allemand et de l’anglais en Suède 1807-
1946» [145-160].
(4) «Le rayonnement du français dans le Royaume de Naples de 1799 à 1860»
[75-86].
(5) «La langue française à l’époque des Chevaliers et pendant la domination napo-
léonienne: les années 1780-1800» [53-73].
(6) «Diffusion du français en Europe de l’Est: 1920-1939» [129-143].
(7) «La création de l’Alliance Israélite Universelle ou la diffusion de la langue
française dans le Bassin méditerranéen» [103-118].
(8) «Le statut du français, langue seconde selon Isabelle de Charrière: langue de
culture, langue utilitaire?» [41-52].
(9) «Contexte administratif et scientifique d’une grammaire pour l’enseignement du
français en Espagne (1907)» [265-283].
(10) «Jean Marx (1884-1972) entre-deux-guerres» [119-127].
(11) Voir par exemple «Le discours idéologique véhiculé par les manuels de fran-
çais en Espagne au XIXe siècle: quelques repères» [199-214].
(12) «De la monarchie à la Première République, l’évolution dans la continuité:
l’enseignement du français au Portugal de 1894 à 1926» [253-264]; «L’ensei-
gnement de la langue et de la littérature françaises au Portugal entre 1910 et
1936: aspects idéologiques et institutionnels» [285-302].
(13) «Politique linguistique et enseignement des langues étrangères en Espagne pen-
dant le Triennat libéral (1820-1823): à propos de l’Academia civica de Barce-
lone» [87-102]; «L’enseignement du français mis au service du régime de
Franco (1936-1940)» [303-323].
(1) Sur la place centrale de la question des langues dans la politique maghrébine,
cf. par exemple Bah Ould Zein et Ambroise Queffélec, Le français en Maurita-
nie, Paris, Edicef-AUPELF, 1997, 191 p., Fouzia Benzakour, Driss Gaadi et
Ambroise Queffélec, Le français au Maroc. Lexique et contacts de langues,
Bruxelles, Duculot-AUPELF, 2000, 356 p., Ambroise Queffélec, Yacine Derradji
et alii, Le français en Algérie. Lexique et dynamique des langues, Bruxelles,
Duculot-AUPELF, 2002, 590 p.
par les sociétés missionnaires, Bern-Frankfurt am Main-Las Vegas, Peter Lang, 1979),
montre les tâtonnements, les hésitations, les revirements et les contradictions des
politiques coloniales, beaucoup plus pragmatiques, évolutives, voire incohérentes
qu’on ne l’a souvent cru. Elle rappelle les conflits souvent ouverts sur la question
des langues avec les Églises qui, bien implantées sur le terrain, ont mené des poli-
tiques autonomes, globalement plus favorables aux langues africaines véhiculaires,
mais variables suivant les lieux (nord musulman versus sud et centre chrétiens ou
animistes), les religions (catholiques, baptistes, luthériens) et les nationalités des mis-
sionnaires. L’auteur expose aussi la montée en puissance non seulement des deux
idiomes coloniaux, français et anglais, qui deviendront les deux langues officielles du
futur État réunifié (réunification: 1961; unification: 1972) mais aussi du pidgin-english
devenu langue véhiculaire dans l’Ouest anglophone et dans les régions côtières
orientales francophones.
La partie centrale de l’ouvrage fait le point sur la situation actuelle. Le chapitre 4
[69-109] consacré aux langues camerounaises reprend les résultats des travaux de
l’Atlas Linguistique du Cameroun de M. Dieu et alii (Yaoundé, ACCT-Cerdotola,
1983) et de l’Atlas administratif des langues nationales du Cameroun de R. Breton
et B. Fohtung (Paris, ACCT-Cerdotola, 1991). Il présente, carte à l’appui, les
248 langues camerounaises classées d’après leur appartenance aux différentes familles
linguistiques et expose la situation prévalant dans les dix provinces camerounaises.
À cet inventaire précis mais un peu fastidieux succède l’évocation des tentatives
(souvent avortées pour des raisons tant techniques que politiques) d’enseignement
des/en langues camerounaises et du rôle (limité) de ces langues dans les médias
nationaux et régionaux. Le chapitre 5 [111-131] expose l’originalité de la politique
de bilinguisme anglais-français menée avec constance par les autorités et développée
surtout (avec des succès inégaux) dans le système éducatif et dans l’administration.
L’auteur y regrette que «le déploiement du bilinguisme officiel, à l’évidence, n’a pas
suffisamment fait cas de la place des langues nationales camerounaises. En effet, la
définition de l’identité culturelle et linguistique du Cameroun ne saurait se résumer
à la seule composante bilingue [...] Une complémentarité fonctionnelle et nécessaire
devrait pouvoir s’établir entre les langues officielles et les langues camerounaises.
C’est une synergie qui serait de nature à garantir l’harmonie et la solidité d’une cul-
ture camerounaise respectueuse de ses valeurs authentiques et ouverte sur la moder-
nité» (p. 125). Examinant dans le chapitre 6 [133-172] la place prépondérante du
français (au moins dans les provinces «francophones» les plus peuplées), T.-B. foca-
lise sa réflexion sur les méthodes d’enseignement, sur l’évolution du français came-
rounais et sur la vernacularisation et l’appropriation dont il est l’objet par les locu-
teurs nationaux (dont il ne se risque pas à donner le nombre et qu’il se refuse à
catégoriser, ce qui constitue à nos yeux une lacune). On regrettera aussi que dans
sa description de la norme endogène qui tend à s’instaurer comme norme de réfé-
rence, il se contente de reprendre les analyses de Paul Zang Zang (Le français en
Afrique: Normes, tendances évolutives, dialectalisation, Munich, Lincom Europa, 1998)
dont nous avons montré ici même les limites, et qu’il fasse la part trop belle aux par-
ticularités lexicales au détriment des spécificités morpho-syntaxiques à peine évo-
quées. Par ailleurs, les analyses qu’il propose du camfranglais «parler mixte issu du
mélange du français, de l’anglais, des langues nationales et même du pidgin»,
employé surtout à l’origine par les jeunes à des fins ludiques mais devenu aussi «la
langue des exclus, des marginaux» (p. 167), nous semblent, faute de s’appuyer sur
des corpus fiables, un peu réductrices (en particulier l’affirmation p. 167, selon
laquelle «sur le plan syntaxique, le camfranglais est d’une grande simplicité»).
La troisième partie est sans doute la plus personnelle et la plus originale, puisque
son analyse de la dynamique des langues le conduit à proposer (chapitre 7) une
«politique d’aménagement des langues au Cameroun» [173-198]. S’appuyant sur des
principes constitutionnels selon lesquels le Cameroun «adopte l’anglais et le français
comme langues officielles d’égale valeur», «garantit la promotion du bilinguisme sur
toute l’étendue du territoire» et «œuvre pour la protection et la promotion des
langues nationales» (Constitution de 1995) , il propose un aménagement fonctionnel
des langues reposant sur les trois principes de respect du multilinguisme, de conso-
lidation de l’unité nationale, d’intégration régionale ou sous-régionale (p. 183). Pos-
tulant l’existence d’un quadrilinguisme articulé sur quatre strates fonctionnelles
(langues maternelles, langues communautaires, langues véhiculaires, langues interna-
tionales), il propose, après avoir interrogé le degré de véhicularité des diverses
langues, que l’État camerounais confie à six des langues véhiculaires «qui se déta-
chent nettement» (fulfuldé, béti-fang, duala, bassa, fe’efe’e et mungaka) un «statut
fonctionnel précis» aux côtés des langues officielles. Sans remettre en cause cette
sélection que l’auteur présente comme susceptible d’évolutions ultérieures en fonc-
tion du marché linguistique, on est surpris de le voir faire l’impasse (sans apporter
d’explication convaincante) sur le pidgin-english pourtant largement véhiculaire dans
toutes les régions côtières (et aussi dans l’immense Nigeria voisin). T.-M. suggère en
outre la «prise en compte raisonnable» (p. 194) du français camerounais dans l’ins-
titution scolaire pour réduire l’insécurité linguistique de l’école camerounaise qui «vit
très mal le conflit qui oppose la norme standard à la norme endogène en vigueur
dans la société» (p. 194). Cette prise en compte concernerait surtout les camerou-
nismes lexicaux dont l’acceptabilité serait définie en fonction de critères objectifs
(conformation, fréquence, vitalité). Le huitième et dernier chapitre «essentiellement
méthodologique» [199-223] expose les «stratégies opérationnelles pour un aménage-
ment des langues camerounaises». S’y trouve développée une série de mesures
concrètes juridiques, administratives, didactiques, etc., destinées à rendre opératoire
et finaliser ce projet.
Dans sa rapide conclusion [225-230], l’auteur réfléchit sur la typologie des situa-
tions de francophonie et insiste sur la nécessité de concevoir une nouvelle didactique
du français langue seconde en Afrique, différente de celles du français langue mater-
nelle et du français langue étrangère. L’ouvrage se clôt par une bibliographie assez
représentative d’une quarantaine de titres où l’on regrettera l’absence du recueil col-
lectif pourtant centré sur le Cameroun dirigé par G. Mendo Ze, Le français langue
africaine. Enjeux et atouts pour la francophonie, Paris, Publisud, 1999, 383 p.
Synthèse convaincante des travaux de spécialistes souvent difficilement acces-
sibles (ne serait-ce que matériellement), rédigé avec élégance et clarté, l’ouvrage de
Tabi-Manga constitue un outil fort utile pour comprendre la dynamique des langues
au Cameroun et faire entendre aux responsables africains la nécessité de développer
des politiques linguistiques réalistes, seules susceptibles de permettre le développe-
ment des pays.
Ambroise QUEFFÉLEC
(1) Nous les communiquerons volontiers, le cas échéant, à tout lecteur qui en ferait
la demande.
Vaticane constitue un autre témoignage de cette diffusion. L’auteur termine son étude
avec un substantiel examen de la place de Giacomino Pugliese dans l’apparition de
l’école sicilienne, avec un inventaire des différentes thèses sur l’identité du poète dont
celle de Torraca (Giacomo di Morra) et une discussion de l’interprétation d’une
fresque du Palazzo Finco où Meneghetti a vu de part et d’autre du supposé Frédéric
II et de la supposée Isabelle d’Angleterre, Uc de Saint-Circ et Pier della Vigna: la
conclusion nous ramène avec sagesse à la seule évidence philologique d’un Giacomino
d’origine sans doute continentale. Brunetti est depuis revenue sur la question des rap-
ports entre son propre fragment et les vers d’amour exhumés par Stussi, estimant que
l’aire bolognaise (Ravenne) qui correspondrait le mieux, selon Castellani, aux traits
linguistiques de Quando eu stava in le tu cathene, avec une variante d’auteur d’ori-
gine, constitue une donnée fondamentale pour notre connaissance de la gestation de
la littérature italienne des origines, dans la mesure où cette aire correspond à divers
séjours de Frédéric II ainsi qu’à la localisation de nombreux textes épars(5).
Pour en revenir au présent volume, l’auteur explore ensuite la question du mys-
térieux libro di Giacomino, évoquant les divers procédés de transmission connus et
attestés, du rotulus – dont celui de Reinmar von Zweter, Minnesänger lié au cercle
de Frédéric II, est évidemment un témoin plus significatif –, au Liederblatt dont sem-
blerait provenir le fragment de Zurich dans un état peut-être primitif, et qui confir-
merait l’hypothèse de Brugnolo selon laquelle la tradition poétique sicilienne n’a pas
connu de collection d’envergure, représentative, mais une transmission désordonnée.
Examinant les caractéristiques métriques et thématiques du petit chansonnier de
Giacomino, l’auteur explore l’intertextualité au sein de l’école sicilienne, avec un
excursus sur le sonnet [197-8] dont il faudra tenir compte, attirant l’attention sur
l’extension relativement faible du genre parmi les auteurs siciliens identifiés, et
l’importance des anonymes relativement à ce qui se passe pour le genre de la
canzone, ce qui suggère une chronologie plus ou moins avancée pour l’apparition du
genre. Dans une dernière section, l’auteur passe en examen un certain nombre de
questions relatives à la naissance de la lyrique italienne qui évacue d’emblée les allu-
sions aux problèmes politiques (à la différence de la lyrique des troubadours, p. ex.),
se privant ainsi d’indices précieux pour leur ancrage historique. Le chansonnier de
troubadours T qui joue un rôle essentiel dans la transmission du corpus occitan
auprès des poètes siciliens et que connaît bien l’auteur est ici mis à contribution, de
même que le rôle que Madonna, dir vo voglio de Giacomo da Lentini (placé en tête
de V comme de L), et de façon générale celui que joue le Notaire dans le transfert
en langue de sì de modèles thématiques et stylistiques des troubadours. Plus qu’une
possible antériorité fondatrice, on peut en effet estimer que son excellence propre lui
a permis d’infléchir le courant de l’histoire littéraire qui aurait vu la concurrence de
différents courants dont témoigne, parmi d’autres, l’œuvre de Giacomino.
En appendice sont jointes diverses études. La première est consacrée au chan-
sonnier V (Lat. 3793 de la Vaticane) dont l’auteur examine d’abord quelques parti-
cularités de structure, donne ensuite des éléments intéressants sur les erreurs
(5) Dans «Reperti di un uso lirico italiano settentrionale», in Ezzelini. Signori della
Marca nel cuore del potere imperiale di Federico II (Bassano del Grappa,
Palazzo Bonaguro, 16 settembre 2001 - 6 gennaio 2002) a cura di Carlo Bertelli
e Giovanni Marcadella. Catalogo Skira, Milano 2001, pp. 186-189.
anciennes rectifiées survenues dans la transcription des textes, puis des éléments de
reconstitution de l’antécédent de V à partir des indices fournis par la répartition des
textes et des espaces dans le chansonnier, pour finir avec la présentation du fragment
florentin M (B.N., Magliabechiano II. III. 492) qui s’inscrit dans la tradition de V. Un
second appendice donne le texte des passages liturgiques du ms. de Zurich. Un troi-
sième s’intéresse à Lo doloroso amor de Dante dont les particularités linguistiques
et structurales témoignent d’influences primitives siciliennes, l’auteur examinant plus
spécialement le cas de la rime imparfaite morto : scorto : ricolto. Le dernier appen-
dice établit la chronologie de l’itinéraire de Frédéric II.
Brunetti nous fournit ainsi une somme remarquable centrée autour des 32 vers
retrouvés, montrant ainsi de façon exemplaire ce que la démarche philologique,
nourrie d’une expérience sans failles de ses diverses méthodes et angles d’approche,
peut avoir de stimulant et de fécond en jetant un nouvel éclairage sur la naissance
de la poésie italienne.
Dominique BILLY
ment cruciale correspond en gros à la retraite de Paul Meyer (qui mourra en 1917)
et à l’arrivée de nouveaux paradigmes qui, liés aux profonds changements politico-
culturels provoqués par la guerre, donneront à la philologie romane d’après 1918 un
visage bien différent de celle d’avant-guerre. De ce point de vue, la dernière partie
du travail de Ch. R., consacrée à la période allant de 1903 à 1914, apparaît plutôt,
dans sa brièveté [999-1044] comme un épilogue que comme une suite des longs dos-
siers thématiques qui font le cœur de l’ouvrage: d’une part, ceux-ci ne se privaient
pas de franchir la limite assez arbitraire de 1903 (et ce à bon droit, car la mort de
Gaston Paris n’eut pas de répercussion immédiate dans l’évolution des paradigmes
scientifiques); d’autre part, l’évocation des quelques travaux qui pouvaient annoncer
l’arrivée d’un nouvel esprit (Les Légendes épiques de Bédier, l’entrée des musico-
logues dans le champ de la lyrique, les travaux de Faral sur les sources antiques)
gagne en effet à bénéficier d’une telle ouverture. Mais quant à accorder à la période
1903-1914 une autonomie réelle, il y faut d’autant moins songer que Ch. R. fait à
deux reprises très opportunément remarquer que les théories de G. Paris ne sont pas
si éloignées de celles de Bédier que ce dernier a voulu le faire croire [685 et 911].
Remarquons en passant que le classement des domaines est plus cohérent dans
cette troisième partie que dans la deuxième ou dans la bibliographie, où l’on ne
comprend pas bien que la section «romans de la Table ronde» soit séparée des sec-
tions «Chrétien de Troyes» et «Tristan». Très empirique et d’une systématique mini-
male, ce classement appellerait de nombreuses remarques de détail (par exemple,
«littérature anglo-normande» [898] détonne dans ce répertoire thématique, et il eût
tout de même été préférable de transférer les deux pages sur Jean Renart, qui fer-
ment bizarrement le chapitre «Chrétien de Troyes» [738-39], après la p. 905, et de
renvoyer les pp. 939-42 à leur place logique à la fin du chapitre «la poésie lyrique
aux XIVe et XVe siècles» [869]), mais, en fin de compte, il permet d’organiser une
série de discussions closes avec quelques redites (de peu d’importance), le tout
constituant autant de «fiches» que le chercheur pourra aisément consulter pour se
faire une idée d’ensemble des diverses polémiques de l’époque. Ayant défini le
«médiévisme» comme «cette rencontre entre un objet – la littérature française du
Moyen Âge – une méthode – la philologie romane – et une constellation institu-
tionnelle» [14], Ch. R., dans cette deuxième partie qui constitue l’essentiel de l’ou-
vrage, passe ainsi systématiquement en revue institutions, organes, champs de
recherches et chercheurs à travers de petites monographies pour certaines desquelles
Ch. R. n’a pas toujours pu s’empêcher de rendre sensible son plus ou moins de pré-
dilection: il admettrait d’ailleurs sans doute lui-même avoir plus amoureusement
traité les études celtiques [509-43] que la dialectologie gallo-romane [478-95], pour
ne rien dire de la grammaire historique [442-50, chapitre commençant symptomati-
quement par un excursus – certes historiquement justifiable – sur «les celtomanes»].
Mais le tout se lit très agréablement, et on gardera le souvenir de quelques moments
d’anthologie, comme le récit de l’affaire du vol de manuscrits par Libri dans laquelle
«Léopold Delisle et Paul Meyer devaient jouer un rôle essentiel de justiciers, à la
fois fins limiers et juges d’instruction perspicaces et implacables» [379].
Quant à la première partie, consacrée au médiévisme français du début du
XIXe siècle, elle prépare bien le terrain: on appréciera en particulier la réhabilitation
de l’attachante figure de Guessard, tout en déplorant, eu égard aux développements
dont bénéficient à bon droit Fauriel et Raynouard, que Francisque Michel soit très
peu évoqué et, surtout qu’Achille Jubinal et Génin soient pour ainsi dire passés sous
silence, mais ce sont là des détails, le livre de Ch. R. n’ayant pas à s’augmenter
encore de considérations périphériques à son objet.
On comprendra aussi que le but de l’auteur n’était pas de donner des références
systématiques aux travaux qui font actuellement autorité dans les domaines évoqués,
raison pour laquelle la mention, trop sporadique, de tels travaux gêne plus qu’elle
n’aide le lecteur, d’autant plus que le principal problème qui peut se poser à ce der-
nier en lisant le livre de Ch. R. est peut-être la difficulté à séparer le discours de
l’auteur de celui des érudits qu’il cite. Ainsi voit-on cités sans autre commentaire, à
propos des savants dont on retrace la carrière et brosse la personnalité, de larges
extraits nécrologiques dont la prose souvent lénifiante laisse planer quelques doutes
sur l’objectivité de leurs rédacteurs. Certes, Ch. R. nous a prévenus dès son intro-
duction [16] qu’il se réservait pour plus tard l’étude des correspondances, mais si l’on
ne peut nier qu’un tel avertissement soit de bonne méthode, il y aurait eu dans cer-
tains papiers privés aisément accessibles de quoi ponctuellement affiner des éclai-
rages parfois gauchis par des témoignages trop officiels. Il n’en reste pas moins que
le relevé des nécrologies [1124-35] ainsi que le «dictionnaire» («répertoire» eût
peut-être mieux convenu) des principaux médiévistes français [1137-51] sont deux
instruments d’une grande utilité.
De manière générale, Ch. R. fait ainsi davantage office de compilateur que de
commentateur, et si cette objectivité l’honore, car elle a l’avantage de nous offrir un
tableau non tronqué d’une discipline à un moment crucial de son développement,
l’usage des comptes rendus (presque exclusivement français, d’ailleurs!) et des syn-
thèses déjà existantes semble néanmoins par trop systématiquement le dispenser d’al-
ler vérifier son information à la source. Le Grand Larousse du XIXe siècle lui-même
est cité de seconde main [90]! Certes, on ne peut mettre en doute l’honnêteté de
Ch. R., et le fait que la citation du haut de la p. 492 s’arrête en réalité quatre lignes
après la fermeture des guillemets doit sans doute être mis sur le compte de la dis-
traction. Le problème est que le manque de références directes rend certains déve-
loppements par trop schématiques et laisse démuni le lecteur qui rechercherait des
renseignements plus précis. Ainsi, par exemple, de la Revue des langues romanes,
dont on nous dit que, malgré leur manque de formation spécialisée, ses premiers
rédacteurs remplirent «dignement leurs fonctions, comme le reconnurent d’ailleurs
les maîtres parisiens» [335], dont on nous apprend ensuite que l’ouverture aux autres
langues romanes suscita «une rivalité courtoise, parfois pimentée d’aigreur, entre la
revue montpelliéraine et la Romania» (id.), pour nous rappeler, enfin, que les rédac-
teurs de cette dernière «contestent l’existence» [337] d’une frontière linguistique
claire entre domaines d’oc et d’oïl: Ch. R. perd ici un peu de vue que, contrairement
à lui, son lecteur ne connaît pas forcément la Romania par cœur!
Quelques remarques ponctuelles: p. 404, Ch. R. m’attribue une bipartition de la
«carrière d’éditeur» de Bédier en «deux périodes bien distinctes»; il revient sur le
même passage en p. 984 pour me faire dire plus simplement que la carrière de
Bédier se répartit en «deux pans». J’avais seulement dit que les recherches respec-
tivement sur Tristan et sur Roland représentaient «chacune l’ossature des deux
moitiés de la carrière de Bédier» (Joseph Bédier, écrivain et philologue, 510), ce qui
me semble tout de même moins caricatural; pp. 435-36, Ch. R. dit tour à tour que
Darmesteter voit dans la richesse des dépouillements «l’une de ses tares les plus
manifestes» et «le principal mérite de Frédéric Godefroy»: si l’analyse est exacte, il
faudrait au moins souligner la contradiction; p. 439, «dès la fin des années 1850,
Adolf Tobler, de Berlin […]»: rappelons qu’à l’époque, Tobler, qui venait de Berne,
n’était pas encore professeur à Berlin; p. 472, «Malory inspirera, après la guerre,
l’adaptation de Jacques Boulenger»: à moins qu’elle ne signifie que Boulenger a fait
pour la littérature française le même travail de condensation de la matière arthu-
rienne que Malory pour la littérature anglaise (ce qui n’est guère obvie!), cette indi-
cation est fausse: Boulenger adapte le Lancelot-Graal; p. 569, je ne comprend pas
bien le statut de l’affirmation selon laquelle «une mort prématurée (à 38 ans)
empêcha [Georges Mohl] de renouveler l’étude des langues romanes comme il
en avait manifesté l’intention»; p. 604, on relève une allusion très intéressante au
folkloriste russe Veselovski, dont on pourrait rappeler que Propp le cite, dans sa
Morphologie du conte, comme le seul précurseur de sa méthode digne d’être
signalé… avec Bédier; p. 945, on crédite Jeanroy et Lot d’avoir travaillé «jusque dans
les années 1960»: ils sont en fait morts dans les années 1950; p. 982, je n’ai jamais
dit que la découverte de La Chanson de Roland par Bédier avait éveillé sa «voca-
tion pour l’histoire de France»; p. 1020: il serait préférable d’appeler exemplaires plu-
tôt que «manuscrits» les exemplaires subsistants de l’édition Vérard du Jardin de
Plaisance; p. 1049, il n’était pas nécessaire de copier la date erronée de 1903 attri-
buée par Jeanroy au Roman de Tristan et Iseut de Bédier, qui est de 1900.
L’empiétement des sources dans le commentaire se marque aussi au niveau de
quelques détails d’écriture qui peuvent gêner la lecture: certaines références devien-
nent obscures lorsque des œuvres sont mentionnées sous un titre autre que celui
entériné par l’usage moderne: il faut ainsi choisir entre Voyage de Charlemagne et
Pèlerinage de Charlemagne [624], réserver le terme «chansons de croisade» [662] à
des poèmes lyriques et préférer Ysopet de Lyon à «Lioner Ysopet» [564], Paradis
de la Reine Sibylle à l’invraisemblable périphrase citée sans autre commentaire par
Ch. R. [581], Ludwigslied à «Rythmus teutonicus» [665], Dieudonné de Hongrie à
«Charles le Chauve» [674 et 1040] et Guiron le courtois à «roman de Palamède»
[837]. Signalons aussi l’usage flottant qui est fait des titres et des prénoms étrangers.
Apparemment influencé par l’usage de certaines de ses sources, Ch. R. parle par
exemple de «Louis Uhland» [143]; que n’évoque-t-il pas à la même page *Charles
«Bartsch»? On rapprochera de ce flottement celui induit par la reprise très fréquente
des «M.» et des «Miss» attribués en l’occurrence, contre tout usage, à des person-
nages décédés, les «M.» pouvant malencontreusement passer pour des initiales de
prénoms qu’ils ne sont évidemment pas.
Cela nous mène à signaler quelques problèmes liés à l’index des noms de
personnes. D’abord, il ne cite pas les noms de personnages littéraires, ce qui aurait pu
avoir son intérêt. Ensuite, de faire figurer les prénoms en entier et non seulement leur
initiale aurait peut-être évité quelques confusions. Ainsi: le vrai prénom d’Aubanel est
Théodore; Amaury-Duval aurait dû être classé sous A et non sous D; l’une des deux
références à «W[ilhelm]» von Humboldt renvoie en réalité à son frère Alexandre
[359]; il y a trois Privat cités à la p. 339 et le glossaire n’en mentionne qu’un; tous les
Wolf sont classé sous «F[erdinand]», alors que celui de la p. 44 est George Wolf et
celui des pp. 262 et 392 le grand helléniste Friedrich-August Wolf. Certains prénoms
sont tout simplement manquants et s’il est vrai qu’il en est de difficiles à retrouver,
ce n’est sans doute pas une tâche insurmontable pour Linné, Schleiermacher, Swin-
burne, Villemain ou Villiers de l’Isle-Adam. Certains renvois auraient pu être organi-
sés; ainsi aurait-il été utile de renvoyer «Iolo Morgwang» (pseudonyme) à «E. Wil-
liams», d’ailleurs cité. Enfin, un sondage effectué sur les pp. 300-360 nous signale qu’il
faut ajouter à l’index les noms suivants: Achery (Père d’), 308; Baguenault Gustave,
348; Bayet Charles, 352; Beaucourt (marquis de), 348; Bessin (dom), 308; Boucherat,
328; Bouquet (dom), 309; Bourzéïs, 328; Carpentier (dom), 308; Caron P., 347; Cham-
pagny, 310; Chapelain Jean, 328; Charencey Hyacinthe de, 348; Christine de Stommeln,
321; Clémencet (dom), 310; Constant (dom), 308; Cousin (le président), 328; Cuvier
Georges, 329 et 358; Dantine (dom), 308; Daupeley, 304; Decourchant, 302; Devic
(dom), 339; Douceline (sainte), 321; Eichtal Eugène d’, 354; Epinois Henri de l’, 348;
Favier Jean, 347; Foncin P., 350; Francesco de Barberino, 339; Gay-Lussac, Louis, 329;
Geoffroy-Saint-Hilaire Barthélémy, 358; Gide Charles, 354; Girart d’Amiens, 324;
Gomberville, 328; Havard J., 302; Hatzfeld Adolphe, 340; Hédouville (sieur d’: pseu-
donyme de D. de Sallo), 328; Jaffé, 355; Jean de Montreuil, 339; Laîné A., 302; Lan-
grand, 302; La Roque (abbé de), 328; La Rue (abbé de), 358; Lazarus, 355; Ledos
Gabriel, 304; Leroy-Beaulieu Anatole, 354; Martène (dom), 308; Michelet Athanaïs,
355; Minghetti, 354; Mircesco-Alecsandri V., 346; Montfaucon Bernard de, 308; Moss-
mann Xavier, 352; Nitzsch Frédéric (érudit allemand du XVIIe siècle: ça ne s’invente
pas!), 328; Petit-Radel, 317; Raimond de Béziers, 324; Raoul-Rochette, 329; Ritschl,
354; Roque-Ferrier, 336; Roussel, 328; Sagnac Ph., 347; Sainte-Marthe (le P. de), 308;
Schneider, 302; Schopenhauer Arthur, 355; Tassin (dom), 309; Toustain (dom), 309;
Vaucher Pierre, 352; Véron (Dr.), 341.
En fin de compte, il faut se réjouir de la parution de ce livre qui, en dressant
la carte d’une des périodes les plus foisonnantes de l’histoire de nos études, saura
donner à plus d’un chercheur des suggestions précieuses pour approfondir l’étude
particulière de la réception, de la fortune critique et de l’épistémologie des divers
cantons d’une recherche toujours en mouvement, sur laquelle nous ne devons pas
nous lasser de continuer de réfléchir.
Alain CORBELLARI
Perceforest, deuxième partie, tome II, édition critique par Gilles ROUS-
SINEAU, Droz (Textes Littéraires Français, 540), Genève, 2001, XCIII
+ 779 pages.
Heureusement, à la différence du héros éponyme, Perceforest n’aura pas attendu
dix-huit ans pour faire sa réapparition. La seconde partie du Roman paraît deux ans
seulement après la première partie (v. ici RLiR 63, 621). L’édition de Gilles Roussi-
neau est en tous points impeccable. On est sensible à l’amélioration de la qualité
d’un travail pourtant excellent dès son début; mais l’éditeur ajoute de petites touches
de perfection à chaque volume, preuve qu’il ne se lasse pas d’une entreprise qui lui
vaut notre admiration et notre reconnaissance. Ici, pour l’anecdote, on appréciera le
recours assez intensif à La Curne, qui sauf erreur n’était pas cité dans les tomes
précédents. Effectivement, Perceforest a été assez bien dépouillé par La Curne, dont
Gdf n’a pas repris tous les matériaux.
Le texte se lit toujours avec plaisir et le retour de Perceforest, qui va créer la
compagnie du Franc Palais, un ordre de chevaliers d’élite, constitue le moment
fort du Roman. G. R. reste fidèle à l’hypothèse, émise jadis par Y. Renouard,
selon laquelle l’institution du Franc Palais aurait servi de modèle, dès 1344, au roi
Gilles ROQUES
des textes littéraires de l’époque(2). La preuve négative est plus facile à apporter:
tout ouvrage présentant en nombre des locutions figées absentes des Curiositez ne
peut constituer une source présumée. Tel est le cas, par exemple, des morceaux
réunis dans Les Jeux de l’incognu, recueil attribué, comme la Comédie des proverbes,
au comte de Cramail ou à ses proches(3). Cette constatation n’encourage pas la
recherche des très hypothétiques «Cahiers du comte de Cramail» [157] issus de
l’imagination romanesque de l’auteur.
Ajoutons que la suggestion d’un «moment M» à partir duquel «Oudin et ses col-
laborateurs [supposés] ont arrêté [...] d’harmoniser le recueil» [136-137] ne tient pas
compte du «facteur N», c’est-à-dire de la banale négligence humaine. M. Kramer est
lui-même victime de ce phénomène quand il cite deux fois dans une même liste la
même attestation de la p. 52 des Ramonneurs, et qui plus est de deux façons diffé-
rentes: il jure comme un chartier embourbé [149] et jurer comme un charretier
embourbé [152]. On n’aura pas l’outrecuidance d’en tirer des déductions sur le mode
de composition de son article.
Quant à l’Histoire comique de Francion, Oudin nomme en effet ce roman sous
l’entrée Bains de Valentin [147]. Le passage en question est à la p. 74 et non 53 de
l’édition citée(4): «encore aujourd’huy l’on s’en souvient, et lorsqu’il y a quelqu’un
qui a froide queuë, l’on luy dit par mocquerie qu’il s’en aille aux bains de Valentin.»
Il s’agit là d’une auto-référence, Sorel renvoyant à un épisode et à un personnage
qu’il vient d’inventer lui-même, et Oudin peut avoir péché par naïveté en s’inspirant
de ce passage; on ne semble pas avoir repéré ailleurs cette locution peut-être fictive.
Les autres correspondances [138-143], comme celles se rapportant au Berger extra-
vagant [144-147], suscitent des objections semblables à celles formulées plus haut; les
cas d’identité formelle y sont très rares, et, quand il s’en trouve, ils concernent en
général des termes ou locutions attestés antérieurement. Il n’est donc pas démontré
que ces romans soient des sources des Curiositez françoises, et l’idée d’une partici-
pation de Sorel et d’Oudin à un même cercle [147-148] perd ainsi le peu de consis-
tance qu’on pouvait lui accorder.
Reste la question bien réelle des véritables sources imprimées d’Oudin, littéraires
ou non, outre ce qu’il a pu puiser dans le fonds commun de la conversation. M. Kra-
mer détermine utilement que les Curiositez françoises reproduisent à l’identique des
fragments signifiants de la Comédie des proverbes [132]. Il est dommage que l’auteur
ne fournisse que cinq exemples sur les 508 qu’il invoque; néanmoins, l’influence de
la comédie sur le dictionnaire doit être considérée comme certaine. J’étais parvenu
(2) A. Gill avait déjà remarqué il y a quarante-cinq ans que «les très nombreux
mots ou locutions du langage familier que l’on relève dans Les Ramon-
neurs [...] font tous partie du langage courant de l’époque de Francion et de
la Comédie des proverbes» (Les Ramonneurs, XV).
(3) La bibliographie de cet ouvrage est complexe, mais on sait qu’il en existe une
édition de 1630, et que certaines des pièces qu’il contient ont été publiées à
partir de 1620. J’ai consulté l’édition de Rouen, Cailloué, 1645.
(4) M. Kramer aurait pu améliorer son dépouillement de Francion en utilisant
l’éd. E. Roy (STFM, 1924-1931), dont l’annotation renvoie à Oudin aussi sou-
vent, pour le moins, qu’il le fait lui-même.
Pierre ENCKELL
latin du lieu où se trouve celui-ci qui a servi à nommer l’étage stratigraphique cor-
respondant. Ceci explique qu’à partir d’un stratotype situé dans la région de Cognac
on ait le terme Coniacien (ou coniacien pour l’adjectif), créé par H. Coquand en
1857, et non *Cognacien. Quant au Sénonien, il a été défini par A. d’Orbigny en
1842, à partir de terrains sédimentaires de la région de Sens. Ce même d’Orbigny est
à l’origine de nombreux autres noms d’étages stratigraphiques, notamment le Céno-
manien, défini en 1847 dans la région du Mans, ou le Turonien, défini en 1843 en
Touraine. Tous ces étages appartiennent au Crétacé, dernière période de l’ère secon-
daire.
La lexicographie française prend en compte ces noms d’étages de façon assez
variable: les dictionnaires de la maison Robert semblent avoir fait le choix de ne pas
faire figurer ces mots dans ses ouvrages en un volume et de les réserver pour les
ouvrages en plusieurs tomes. La politique du TLF est plus difficile à comprendre:
Coniacien et Sénonien n’y figurent pas mais Cénomanien et Turonien sont présents
(avec d’ailleurs des dates de première attestation légèrement différentes de celles
que donnent A. Foucault et J.-F. Raoult dans leur Dictionnaire de Géologie (Dunod
édit.) et que j’ai utilisées ci-dessus).
Lorsque des mots de cette série sont enregistrés dans les dictionnaires non spé-
cialisés, les définitions sont elles-mêmes très variables. On peut suggérer un certain
nombre d’éléments qui devraient figurer dans la définition d’un nom d’étage strati-
graphique: le nom du créateur de l’étage et la date de la première définition; la loca-
lisation du stratotype avec remarques étymologiques; la fourchette d’âge dans
laquelle se place l’étage et la position de celui-ci dans l’échelle stratigraphique inter-
nationale; des précisions sur les événements d’échelle mondiale que l’on rapporte à
cet étage (par ex.: haut ou bas niveau marin; apparition ou disparition de tel groupe
animal ou végétal important; phase tectonique majeure). En ce qui concerne les
exemples destinés à illustrer ces termes, s’il peut être intéressant de faire figurer, à
titre historique, des exemples anciens, il est indispensable de faire figurer aussi des
exemples récents car, dans le domaine des Sciences et Techniques, un exemple datant
de plusieurs dizaines d’années peut être inadapté. C’est le cas pour certains exemples
des années 1940-1960 que fournit le TLF, non seulement dans les définitions des
noms d’étages mais plus généralement pour tout ce qui concerne le domaine de la
Géologie.
On peut enfin souhaiter que les dictionnaires généralistes prennent mieux en
compte les dictionnaires spécialisés: ces derniers fournissent souvent les définitions
les plus appropriées mais par contre ils n’ont pas toujours la fiabilité des premiers
pour les étymologies ou d’autres exigences de la lexicographie moderne.
Philippe OLIVIER
Anthonij DEES
(1928-2001)
Anthonij Dees, professeur émérite de l’Université Libre d’Amsterdam, est
décédé le 25 décembre 2001 des suites d’un cancer contre lequel il luttait depuis
quelques années. Malgré sa maladie, il a poursuivi jusqu’à la fin, sans se lasser et
avec sa détermination habituelle, la recherche qui l’animait depuis le début de sa
carrière et qui consistait à vouloir comprendre et à décrire la nature de l’ancienne
langue française dans toutes ses variations dialectales et chronologiques, jusque dans
les détails de sa phonétique, de sa morphologie et de sa syntaxe. Ce fut la vocation
de Dees que de proposer de nouvelles bases à la dialectologie et à la philologie.
Dees avait attaqué cet ambitieux projet de recherche, véritable travail d’Hercule, à
partir de trois axes, en premier lieu celui de la dialectologie, ensuite celui de la
stemmatologie et troisièmement par le biais de l’étude de la rime et de l’assonance.
Dans son admirable thèse de 1971 sur l’évolution des démonstratifs en ancien et
en moyen français, Dees avait démontré comment une recherche serrée fondée sur
l’utilisation extensive et précise des chartes peut nous renseigner sur la restructura-
tion d’une partie importante du système morphologique de la langue française. Sa
thèse fut très favorablement accueillie par la communauté scientifique – c’est ainsi
que W. Labov l’avait qualifiée de «brilliant monograph», contenant «perhaps the
most extensive use of quantitative analysis in historical linguistics». En fait, cet
ouvrage, le premier d’une longue série de travaux incontournables, développe déjà
l’essentiel du cadre méthodologique de Dees pour la reconstruction des variations
et les évolutions linguistiques du passé.
L’approche dialectologique de Dees se base – contrairement à la tradition acceptée
– sur l’utilisation des chartes, considérées comme le matériel linguistique de base le
plus fiable puisque l’origine et la date de production de ces documents originaux sont
connues. Après sa thèse, Dees, dorénavant à la tête d’une équipe de collaborateurs à
l’Université Libre d’Amsterdam, entama un vaste projet de compilation d’un corpus
informatisé de chartes françaises du XIIIe siècle. Un premier corpus de 3.300 chartes
datées et localisées a permis la réalisation d’un atlas dialectal publié en 1980: l’Atlas
des chartes, qui contient à peu près 300 cartes couvrant des traits linguistiques souvent
mal connus ou même ignorés jusqu’alors. La base des chartes fut ensuite complétée
et élargie de plusieurs façons. Elle accrut sa couverture de certains dialectes, tels que
les dialectes de l’Aube et du Hainaut, elle incorpora le dialecte anglo-normand qui
n’avait pas encore été abordé et, finalement, s’ouvrit sur le XIVe siècle pour la région
parisienne. Cette base reste une mine pour toute recherche dialectologique.
L’importance attribuée par Dees et son équipe aux chartes comme source de
connaissances de l’ancienne langue ne fut pas partagée par tous les chercheurs tra-
Dans un second temps, les données primaires des chartes servirent à déterminer
la provenance d’un grand nombre de textes littéraires, grâce à une comparaison
systématique des formes linguistiques de ces textes avec les formes étudiées dans
l’Atlas des chartes. Pour la dialectologie les résultats de cette entreprise permirent
d’élaborer l’Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français, de
1987, qui fournit non seulement 517 cartes dialectales souvent complémentaires de
celles de l’Atlas des chartes, mais encore la localisation de 250 textes littéraires. Ce
projet de recherche très important rassemblait les deux domaines de prédilection de
Dees depuis les années 70: la dialectologie et la stemmatologie. En effet, son désir
était de pouvoir suivre le voyage d’un texte dans le temps et dans l’espace, et pour
cela, il lui fallait des connaissances précises non seulement sur la dialectologie de
l’ancienne langue mais aussi sur la transmission des textes.
Les recherches de Dees sur la stemmatologie prirent comme point de départ les
réflexions de Joseph Bédier, qui, en discutant le stemma des sept versions du Lai de
l’Ombre, avait proclamé l’impossibilité de reconstruire l’arbre généalogique du texte,
le nombre des constellations possibles étant peut-être infini. Dans son étude consa-
crée à ce sujet, A. Dees reprit l’analyse de Bédier pour prouver qu’il existait une
solution mathématique au problème. Étant donné que pour une tradition manuscrite
de sept versions il y a théoriquement 2.381.408 arbres possibles, il proposa de pro-
céder par étapes successives: c’est sa «théorie des niveaux discrets» (en anglais: «dis-
crete level theory»). Concrètement, il distingua au moins le niveau sous-jacent (où
sont rejetées les parentés impossibles), le niveau non orienté (qui fait entrer en ligne
de compte l’éventuelle intermédiarité des manuscrits), et le niveau orienté (réservé
à la détermination du point de suspension de l’arbre). C’est dans ce domaine que
Dees fut réellement le plus innovateur et ébranla le plus la tradition établie. Il
publia une série d’études qui provoquèrent bien des réactions et des discussions viru-
lentes. Dees travaillait encore sur les traditions manuscrites du Perceval et du Char-
roi de Nîmes lorsque la mort le surprit.
Le troisième volet de la recherche de Dees concernait l’étude des rimes et des
assonances. Ce projet est étroitement lié aux deux volets précédents. Pour les chartes,
Dees cherchait à reconstruire les prononciations régionales directement à partir des
graphies médiévales et des correspondances que l’on pouvait établir avec les dialectes
modernes des mêmes régions. L’interprétation phonétique des textes littéraires est
beaucoup plus complexe. On ne peut espérer trouver la prononciation d’un texte lit-
téraire que dans la mesure où la succession des copies a laissé un texte relativement
homogène du point de vue dialectal (ce qui est possible lorsque le dernier copiste a
retravaillé complètement le texte pour le conformer à son usage, ou qu’il a fait une
copie relativement fidèle d’une copie précédente elle-même dialectalement homogène,
et dans quelques autres cas encore). En comparant les graphies des formes lexicales
communes aux textes littéraires et aux chartes, on peut établir qu’un texte littéraire
est plus ou moins dialectalement homogène et de quelle tradition graphique régionale
il se rapproche le plus. Les 250 textes littéraires retenus pour l’Atlas des formes lin-
guistiques des textes littéraires sont ceux pour lesquels la concordance était suffisante
pour localiser l’usage dominant révélé par les graphies et ainsi extrapoler l’usage gra-
phique régional des formes lexicales peu ou pas attestées dans les chartes.
Pour les textes littéraires en vers, cependant, il a longtemps été reconnu que les
interventions des copistes étaient moindres pour les mots à la rime et qu’on pouvait
donc, avec une certaine marge d’erreur évaluable, retrouver la couche la plus
ancienne – celle de l’auteur – dans ces mots.
Dees continua donc sa recherche sur les textes littéraires en vers pour examiner
la distribution dialectale des terminaisons à la rime. Cette étude mènerait à identi-
fier les cas d’invariants, donc de stabilité phonétique et – plus intéressant encore –
à identifier les cas de variations locales. Ceux-ci sont donc censés refléter la pro-
nonciation locale. Dees n’eut pas le temps de terminer cette partie de sa recherche
par une publication faisant le point de ses réflexions.
Dees fut un chercheur visionnaire qui rompit avec la tradition de la philologie et
de la dialectologie diachronique, tout en proposant des méthodes pour renouveler
ces disciplines. Pendant toute sa carrière professionnelle, ses recherches empruntè-
rent des voies convergentes visant le même but, avec une rigueur et une détermina-
tion admirables. Ce fut un homme intransigeant, très exigeant envers lui-même et
envers les autres, mais aussi d’une générosité exemplaire envers ses très nombreux
collègues des Pays-Bas et de l’étranger qui venaient le consulter dans leurs
recherches. Il mit son savoir ainsi que sa précieuse base de données à la disposition
de tous, et tous ceux qui l’ont ainsi connu reconnaissent sa très grande influence sur
leurs travaux. On peut se référer à Reenen, P. Th. van & L. Schøsler (2000), qui
contient l’inventaire complet des recherches publiées jusqu’à l’an 2000 par Dees ou
qui ont été directement inspirées par sa recherche. L’influence de son œuvre restera
durable. Dans le domaine de la dialectologie, il désirait aussi pouvoir établir un pont
entre ses observations sur les dialectes médiévaux du français et celles des dialecto-
logues français du début du siècle dernier. À sa grande satisfaction cette recherche
est aujourd’hui entreprise par Yves Charles Morin à Montréal qu’il avait encouragé
dans cette voie. Les recherches de Dees sur la stemmatologie se poursuivent tou-
jours, surtout dans un cercle de collègues néerlandais. De tempérament sensible,
Dees s’est souvent senti blessé par l’incompréhension de chercheurs et par leur cri-
tique, parfois vive, de ses publications, qui rompaient avec la tradition établie. Une
autre source de déception fut de voir que l’œuvre à laquelle il avait voué sa vie pro-
fessionnelle n’a pas été poursuivie à l’Université Libre d’Amsterdam. Personne ne
fut nommé pour le remplacer, et sa banque de données ne fonctionne plus. Elle a
été partiellement transférée à d’autres institutions, à l’étranger, ce qui rend néan-
moins possible une utilisation future.
Lene SCHØSLER
Références
Dees, A. (1971), Étude sur l’évolution des démonstratifs en ancien et en moyen français,
Groningen, Wolters-Noordhoff.
Dees, A. et al. (1980), Atlas des formes et des constructions des chartes françaises du
13e siècle, Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie, Band 178, Tübingen,
Max Niemeyer Verlag.
Dees, A. et al. (1987), Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de I’ancien
français, Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie, Band 212, Tübingen,
Max Niemeyer Verlag.
Albert HENRY
(1910-2002)
Albert Henry nous a quittés le 22 février 2002. Il s’est éteint, dans la région nan-
céenne où il s’était retiré, chez sa fille, depuis presque deux ans. Avec lui, nous
avons perdu un des esprits les plus vigoureux de notre Société, qui eut le bonheur
de pouvoir se consacrer, jusqu’à ses dernières années, à ce qui fut la passion de sa
vie, la linguistique. La mort de sa femme, survenue en 2000, l’avait privé d’une de
ses raisons de vivre et depuis il attendait stoïquement d’aller la rejoindre. Beaucoup
d’entre nous ont pu encore le voir, en 1998, lors de notre Congrès de Bruxelles, où
il fut un président d’honneur à l’esprit toujours vif, qui nous avait accueillis en
commentant un poème du père Jean Guillaume, en wallon central, et plus précisé-
ment namurois, ce parler qui fut celui de son enfance et pour lequel il avait gardé
une tendresse toute particulière.
Il était né le 20 mars 1910 à Grand-Manil. Après des études brillantes de philo-
logie romane à l’Université de Bruxelles, c’est en tant que boursier de la Fondation
Universitaire qu’il vint à Paris de novembre 1934 à mai 1935. En ces quelques mois,
il se lia avec deux condisciples, G. Contini et G. Straka, d’une amitié qui se pour-
suivit fidèlement jusqu’à la mort de l’un et de l’autre. Paris fut une découverte extra-
ordinaire pour le jeune wallon, qui en même temps se servait de la clef du roma-
nisme pour se frotter au monde extérieur. Il fréquenta en élève appliqué les cours
de Bédier au Collège de France, de Millardet à la Sorbonne, de Brunel, de Bloch et
de Roques à l’École pratique des hautes études. C’est ce dernier qui lui fit la plus
forte impression; sous son influence, le romaniste généraliste, attiré principalement
vers le monde ibérique, qu’il était alors, se tourna vers l’ancien français avec son pre-
mier compte rendu, publié dans la Romania, celui de l’édition Hilka de Florimont.
Sa première édition d’un texte médiéval fut, en 1936, celle d’un poème en l’honneur
de la Vierge, conservé aux Archives de l’État à Namur; l’année suivante, son édi-
tion du Dit de Cointise marquait son entrée dans le monde littéraire arrageois. Aspi-
rant du FNRS depuis 1936, il était reparti de Paris avec un sujet d’édition, le Roman
du Hem de Sarrasin, qui lui valut, en avril 1938, le titre d’élève diplômé de la Sec-
tion d’histoire et de philologie de l’École pratique des hautes études et qui parut à
Bruxelles en 1939, dans les Travaux de la Faculté de Philosophie et Lettres. Il est
piquant de noter qu’à quelques années de distance, il rivalisait ainsi avec son aîné
liégeois, M. Delbouille, qui avait publié en 1932, à Liège, Le Tournoi de Chauvency
de Jacques Bretel, texte tout à fait voisin, postérieur de quelques années mais d’une
qualité littéraire bien supérieure. La comparaison des deux éditions montre que
Henry avait pris comme référence le travail de Delbouille; ce fut d’ailleurs un trait
des plus constants chez lui que ce désir d’émulation qui l’amenait à la joute intel-
lectuelle avec autrui et nous le retrouverons plus tard avec Pottier, Rychner et dans
les éditions remaniées de ses œuvres où il entame souvent le dialogue avec les recen-
seurs de la version précédente. Dans ces années aussi, il exerçait son esprit critique
dans de nombreux comptes rendus sur des sujets très variés. On remarquera égale-
ment les nécrologies de deux Maîtres, très dissemblables, mais dont il se sentait le
disciple, Meyer-Lübke et Brunot. Il eut encore le temps, avant de partir sous les dra-
peaux en septembre 1938, de donner une anthologie de textes wallons anciens et
modernes, publiée à Modène en 1940. On imagine sans peine la rupture que provo-
qua, dans cet esprit habitué à l’effort philologique et linguistique sur les textes, la
détention dans un camp de prisonniers au nord de l’Allemagne de 1940 à 1945. Il
nous en est resté le fameux article consacré à choubinette «petit réchaud à papier»,
qui partant d’une description précise du style Wörter und Sachen, combine étude
étymologique et historique, enquête auprès de témoins, analyse sémantique, étude
des dérivations morphologiques et sémantiques, en appelant à la rescousse Miglio-
rini, Bréal, Bally, Spitzer, etc.
À sa libération, il est nommé professeur à l’Université de Gand, où il côtoie De
Poerck. Il reprend la publication de courts articles et de comptes rendus, tout en
s’engageant dans une œuvre de longue haleine, la publication des œuvres d’Adenet.
Il s’intéressait depuis 1937 à ce poète qui, venu de Flandre, avait lui aussi été ébloui
par Paris et par la France. C’est que Henry ne limite pas l’horizon du texte au seul
travail des copistes; il veut rentrer en contact avec l’auteur lui-même et le choix
d’Adenet est lié au fait qu’il s’agit peut-être du premier homme de lettres de la lit-
térature française, sur lequel nous avons des documents précis concernant ses acti-
vités. Dans la même optique, il publie, en 1948, dans la collection de l’Université de
Gand, l’œuvre lyrique du premier protecteur d’Adenet, Henri III, duc de Brabant,
histoire de mieux cerner le milieu où a d’abord évolué le trouvère. En 1951, paraît
dans la même collection le tome premier des Œuvres d’Adenet; c’est le début d’une
entreprise qui s’acheva 20 ans plus tard avec les 815 pages du cinquième tome,
consacré au chef-d’œuvre du trouvère, son Cleomadés. Grâce à lui et à son mer-
veilleux cheval, nous pouvons tous voyager des Mille et une Nuits à Don Quichotte
et nous réveiller en Toscane, à Séville, à Salerne, en Grèce et dans bien d’autres
contrées. Entre-temps, A. Henry avait lui-même voyagé et il avait transporté son
Adenet de l’Université de Gand à celle de Bruxelles, où il fut nommé professeur de
philologie romane en 1958, en le publiant dans la collection où il avait déjà donné
son Roman du Hem. Ce qu’on retiendra de sa méthode d’éditeur, c’est son pragma-
tisme. Ayant commencé son travail avant guerre en pleine période bédiériste, il ne
s’enferme pas dans ce carcan étroit – peut-être sous l’influence de Contini –, et
cherche à appliquer la méthode opposée, celle de dom Quentin, qu’il suit dans sa
première opération, mais qu’il renonce à mettre en œuvre dans son aspect méca-
nique; reprenant ensuite son travail en pleine phase d’effervescence théorique des
années 1947-1950, il met au point sa propre voie: «Sans vouloir absolument chercher
un stemma, tout en espérant toujours le ‘trouver’, nous avons, sans idée préconçue,
poussé aussi loin que possible, sous tous les aspects, l’examen comparatif des manus-
crits, en tirant parti de toutes les expériences et en essayant de contrôler une
démarche par une autre». Ainsi pour le Cleomadés, il ne retient au terme d’une ana-
lyse serrée que trois mss; il choisit A comme ms. de base mais donne la totalité des
variantes, même seulement graphiques, de G, qui aurait pu constituer aussi le ms. de
base, ainsi que les variantes importantes de Y, très tardif, et il n’hésite pas à corri-
ger A, s’il donne un texte inférieur à l’accord des deux autres. Mais il n’était pas
homme à se contenter d’être l’éditeur, même définitif, des œuvres d’Adenet.
Avec la même régularité, il continue à produire des articles sur des sujets très
divers, des notules et des comptes rendus ainsi qu’un ouvrage sur Langage et poésie
chez Paul Valéry en 1952 et sa très remarquable Chrestomathie de la littérature fran-
çaise en ancien français en 1953, qui a été le bréviaire de générations d’étudiants au
temps où n’existait pas la photocopie. Cette Chrestomathie venait prendre le relais
de celle de Bartsch-Wiese, en donnant des introductions littéraires et codicologiques
brèves mais denses et en fournissant des apparats critiques allégés par rapport au
modèle lachmanien de sa devancière. Il s’agissait selon ses propres mots «de faire
une chrestomathie de caractère en même temps littéraire et philologique». À mon
avis, elle n’a pas été remplacée et, même si l’on peut penser qu’elle a vieilli dans sa
conception pédagogique, elle reste un excellent outil de travail qui mérite toujours
d’être placé à portée de main dans l’établi du médiéviste, par la variété des textes
utilisés, la qualité des introductions, des notes et du glossaire. En 1958, il publie Les
grands poèmes andalous de Federico Garcia Lorca, avec textes et traductions, études
et notes.
En 1960, il réunit des articles antérieurs, remaniés et accompagnés d’index excel-
lents, dans deux volumes. L’un, Études de lexicologie française et gallo-romane,
constitue un de ses maîtres livres. Nous avons là un véritable manuel de lexicologie
française (avec sa conclusion, l’article de 1972, Études de lexicologie française et
gallo-romane, Lexicologie géographique et ancienne langue d’oïl) qui a conservé et
qui conservera longtemps encore toute sa valeur; cette association des méthodes de
la philologie la plus scrupuleuse et de la dialectologie la plus largement ouverte sur
l’ensemble du domaine roman, qui constituait alors une profonde innovation, admi-
nistre la preuve de sa parfaite efficacité, quand il s’agit, dans un mouvement perpé-
tuellement dialectique, d’«éclairer le passé par le présent, l’histoire par la géographie,
et réciproquement». L’autre, Études de syntaxe expressive (ancien français et français
moderne), plus original, car à cheval sur les domaines de la linguistique et de la
stylistique et qui eut 24 comptes rendus, a bénéficié d’une seconde édition en 1974,
enrichie en appendice de discussions avec les critiques formulées, en particulier celles
de Pottier sur le commensuratif.
Toujours en quête d’auteur, il rencontre Jehan Bodel. Celui-là, il est de la trempe
des poètes qu’il apprécie et sur lesquels il a écrit, les Valéry, les Rimbaud, les Saint-
John Perse! Écoutons-le à propos du Jeu de saint Nicolas: «Ce qui compte c’est que
Jehan Bodel s’est montré un véritable homme de théâtre et un écrivain doué, parti-
culièrement sensible aux ressources stylistiques de la langue de son temps: le créa-
teur, c’est là qu’il faut le chercher». Il s’agit d’une édition majeure, qui fut constam-
ment remise sur le métier entre 19621 et 19803 et qui marquera à jamais un moment
capital dans la lecture du Jeu. D’autres éditions la remplaceront sur les rayons des
libraires, auront d’autres points de vue et même certaines la dépasseront sur certains
aspects, mais les érudits savent qu’ils devront toujours s’y référer car ils y trouveront
des éléments de réponse aux questions qu’ils se poseront. Il est sûr qu’elle peut
encore servir de modèle à qui voudrait éditer de façon magistrale un de ces textes
importants et difficiles de notre littérature médiévale, comme Le Jeu de la Feuillée
ou Le Garçon et l’Aveugle.
Et l’artisan continue inlassablement le travail quotidien; articles, notules et
comptes rendus en témoignent. Pour se délasser il écrit un essai sur Amers de Saint-
John Perse: une poésie du mouvement. Vient alors le moment de se ressourcer. Dans
un moment particulièrement éprouvant, en captivité dans la plaine baltique, il a
trouvé l’apaisement auprès de la terre natale, en composant un essai, Offrande
Wallonne, publié en 1946. C’est maintenant la Wallonie qui souffre, et Henry ressent
la nécessité de lui dire son amour autrement qu’en en faisant une matière d’étude
linguistique. À Uccle, en septembre 1964, il prononce le discours de clôture de la
cérémonie traditionnelle de l’Hommage à la Terre Wallonne qu’il termine ainsi: «Au
lieu d’un hommage, je fais un serment: c’est de tout mettre en œuvre pour défendre,
maintenir et, si possible, illustrer ma langue, ma culture et toutes les valeurs univer-
selles et humaines qu’elles impliquent». Et pour illustrer sa culture, il publie, en
1965, Wallon et Wallonie: esquisse d’une histoire sémantique, qui deviendra en 1972,
dans une édition augmentée, Esquisse d’une histoire des mots Wallon et Wallonie. En
1968, il revient à la syntaxe avec un ouvrage intitulé drôlement, en hommage à
Saint-John Perse, C’était il y a des lunes. Étude de syntaxe française, où il examine
complètement les caractéristiques du tour il y a temporel, sans négliger l’histoire et
le comparatisme roman, à l’aide d’une extraordinaire collection d’exemples. En 1971,
dans Métonymie et métaphore, il cherche d’abord à découvrir ce que recouvrent
exactement ces deux termes clefs de la rhétorique, très en vogue alors chez les sty-
listiciens et les lexicographes, et ensuite à explorer le rôle de la métaphore dans
l’œuvre elle-même, ici c’est Hugo qui est abondamment convoqué.
Dans son travail de philologue médiéviste, Henry s’était essentiellement consacré
aux 12e et 13e siècles. Certes on note une édition d’un poème trilingue de Jean
de Stavelot, un wallon, en 1937, une étude de quelques mots difficiles dans les
Chroniques de Molinet, en 1939, une édition d’un poème d’Oton de Grandson, en
1952, des matériaux lexicographiques extraits de l’Ovide Moralisé en prose du
15e s., en 1956. Il faut attendre 1966 pour le voir aborder, dans un article de deux
pages en hommage à I. Siciliano, un passage du Testament de Villon. Quelques
années plus tard, il se lie d’amitié avec J. Rychner, qui est, lui, parti du 15e s. pour
remonter le temps. Ces deux hommes, attachés à leur terroir hors de l’Hexagone, et
qui sont restés insensibles aux sirènes du bédiérisme, conjuguent des qualités com-
plémentaires. Rychner, chartiste de formation, s’intéresse au premier chef à la récep-
tion des œuvres; Henry se concentre davantage sur le talent de l’écrivain. Ils se
rencontrent pour penser que le travail de l’éditeur ne se limite pas à établir méca-
niquement un texte mais qu’il doit ouvrir toute la palette des investigations possibles
et les confronter. Henry nous a laissé un témoignage sur leur comportement: «Les
deux collaborateurs, unis dans l’admiration questionneuse du Testament, n’étaient
certes pas des frères jumeaux: l’un, dans ses premières réactions, du moins, était plus
immédiat, plus naïvement intuitif, plus dangereusement imaginatif; l’autre [c’est de
lui qu’il s’agit], toujours sur ses gardes, soucieux de ne pas se laisser séduire incon-
sidérément, préoccupé avant tout de bien distinguer ce qui était raisonnablement sûr
de ce qui était hypothèse, ou impression, ou rêve». Ils ont fourni en 5 volumes, de
1974 à 1985, l’édition de référence des œuvres de Villon, celle à laquelle il faut tou-
jours revenir même pour aller plus loin, tant elle a marqué un tournant dans l’his-
toire du texte de Villon.
Les années suivantes sont davantage consacrées à Saint-John Perse. Mais l’ancien
français reste toujours présent dans ses préoccupations par un texte dont il avait déjà
inséré un extrait dans sa Chrestomathie de 1953, la traduction wallonne des Sermons
de saint Bernard, à laquelle il consacra toute une série d’articles remarquables jus-
qu’en 1995. Son dernier livre, paru en 1996, Langage œnologique en langue d’oïl
(XIIe-XVe s.), est un monument longuement mûri (sans doute plus de 20 ans), qui
réunit un choix bien représentatif de textes très divers et des commentaires lexico-
graphiques d’une sûreté admirable. Quelques articles encore, dont le dernier paru,
en 1999, commence ainsi:
«En novembre 1934 – il y a plus d’un demi-siècle! – trois jeunes boursiers se
rencontraient à Paris dans les locaux de l’École pratique des hautes études de la
Sorbonne. L’un venait de l’est, Georges Straka; l’autre du sud, Gianfranco Contini,
un troisième, le moins dégrossi, quoique géographiquement le plus proche de l’Ile-
de-France, n’avait guère quitté son village natal wallon, quelque part vers le nord».
La boucle était bouclée!
Un tel parcours reçut des honneurs mérités: il fut élu, en 1962, correspondant
puis, en 1968, membre de la Classe des Lettres de l’Académie Royale de Belgique
et il remplit pleinement son rôle d’académicien, par sa présence, par ses interven-
tions et par ses publications. Pour son soixantième anniversaire, il lui fut offert un
beau volume des TraLiLi. À l’occasion de son départ à la retraite, en 1977, on a
réuni, sous le titre Automne, un choix des articles qu’il estimait les plus représenta-
tifs de ses préoccupations. Il fut professeur invité ou associé à Strasbourg, à Bonn,
à Québec, à la Sorbonne, à la Yale University. Il donna des conférences dans
diverses universités de France, d’Italie, d’Allemagne et de Suisse.
Il participa activement à la vie de notre Société. Membre du Bureau en 1977-
1983, membre d’honneur depuis 1983, il était assidu à nos Congrès au cours desquels
il était d’un abord facile, en particulier dans les couloirs où il aimait flâner entre
deux communications; nombre d’entre nous se souviennent de l’indulgence avec
laquelle il accueillait les débutants. Il a donné à la Revue des articles très variés; j’en
ai compté 12 (entre 1960 et 1997), qui sont parmi les meilleurs que nous ayons
publiés. Il nous faisait, en outre, l’honneur de lire attentivement chaque fascicule.
Il avait l’art de la mise en scène. Ses communications dans les colloques étaient
soignées dans leur présentation orale, avec ces rebondissements dont il était friand
et qui se retrouvent aussi dans le cours de maints articles. Il fut un professeur
admiré, qui sut communiquer à ses étudiants sa passion pour les recherches intel-
Ernest NÈGRE
(1907-2000)
Le chanoine Ernest Nègre nous a quittés le 16 avril 2000. Né à Saint-Julien de
Gaulène dans le nord de l’Albigeois le 1er octobre 1907, il apprit le français sur les
bancs de l’école communale. Professeur au séminaire de Valence d’Albigeois puis de
Saint-Sulpice-la-Pointe, il poursuit ses études à l’Institut Catholique de Toulouse et
à l’Université de Toulouse où il rencontre d’abord Joseph Anglade puis Jean Séguy.
Il acquiert une solide formation classique, latin, grec, ancien français, phonétique
historique.
La rencontre avec Séguy est décisive quant à l’orientation de sa carrière. C’est
sous sa direction qu’il rédige sa thèse Toponymie du canton de Rabastens – il a déjà
publié Les Noms de lieux du Tarn. La Toponymie du canton de Rabastens est la
grande œuvre d’Ernest Nègre tant par la conception du travail scientifique qu’il éla-
bore que par le fait qu’elle est encore aujourd’hui l’ouvrage de référence pour la
recherche onomastique en domaine d’oc. La Toponymie du canton de Rabastens
représente l’esprit même de Nègre qui organise son travail autour de trois impéra-
tifs auxquels il ne dérogera jamais: la notation phonétique des toponymes recueillis
auprès des autochtones, la recherche des attestations anciennes et la vérification sur
le terrain de la présence de l’adéquation du référent à l’étymon proposé. Puis vien-
dront Les Noms de lieux en France et la Toponymie Générale de la France, monu-
mental répertoire de 35.000 noms de lieux de France.
Pour Ernest Nègre la linguistique et en particulier la phonétique historique est
la base de toute approche en onomastique. Le discours linguistique s’appuiera sur les
attestations des formes anciennes. La rigueur scientifique d’Ernest Nègre n’est
qu’une des facettes de la rigueur de l’homme même si celui-ci savait souvent faire
preuve d’humour. Humour qu’il saura dispenser dans les Contes de Gaulena, humour
avec lequel il traitera les thèses sur le pré indo-européen dont il se méfie. «Rien ne
peut être avancé sans preuve, tout doit être vérifié scrupuleusement.» S’il reconnaît
Bibliographie sélective(1)
COLLOQUE INTERNATIONAL
SUR
LA TRANSMISSION DES SAVOIRS
DU XIIE AU XVIE SIÈCLE
RELIGION
14.00 Gilles ECKARD, Université de Neuchâtel (Suisse),
«Traduction et adaptation en vers français d’un traité moral et recueil d’exem-
pla du XIIe siècle: la Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse et le Chastoie-
ment d’un père à son fils»
14.30 Jean-Marie FRITZ, Université de Bourgogne
«Translatio et Vitae Philosophorum au Moyen Âge»
15.00 Denis HÜE, Université de Rennes
«Bestiaire et culte marial: entre tradition patristique et vocation encyclopé-
dique»
15.30 Pause
16.00 Geneviève HASENOHR, École pratique des Hautes Études
«Un Ars bene vivendi comme Ars bene scribendi dans l’Angleterre du XVe siècle»
16.30 Julia SZIRMAI, Université de Leiden (Pays-Bas)
«La transmission de l’Aurora de Petrus Riga dans un fragment biblique du
XIVe siècle»
17.00 Marie-Geneviève GROSSEL, Université de Valenciennes
«Une pédagogie de la sagesse?: la traduction romane des Vitae Patrum pour
la comtesse de Champagne Blanche de Navarre (ca 1210/1220)»
MARDI 25 MARS
* * *
MERCREDI 26 MARS
* * *
ÉSOTÉRISME
15.30 Pause
VENDREDI 28 MARS
IMAGES
10.30 Pause
* * *
15.30 Pause
SAMEDI 29 MARS
* * *
PARU EN OCTOBRE
NÉCROLOGIES:
TRIBUNE LIBRE:
À propos des Curiositez françoises (P. ENCKELL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 610-612
À propos d’it. coniaciàno, fr. coniacien (P. OLIVIER) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 612-613
CHRONIQUE:
Parution du Trésor étymologique des mots de la Franche-Comté . . . . . . . . . . . . . 319 et 634
Colloque international sur la transmission des savoirs du XIIe au XVIe siècle . . . 629-633
IIIe Colloque international sur la Littérature en Moyen Français . . . . . . . . . . . . 634
IVe Congrès international de la Societad española de Historiografía Lingüística 320
COMPTES RENDUS:
M. Alvar, El español en Venezuela (B. POTTIER) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276-277
K. Baldinger / N. Hörsch, Dictionnaire onomasiologique de l’ancien occitan
(DAO), fasc. 8 (G. ROQUES) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285-286
R. Botet v. C. Camps
G. Brunetti, Il frammento inedito «Resplendiente stella di albur» di Giacomino
Pugliese e la poesia italiana delle origini (D. BILLY) . . . . . . . . . . . . . . . . . 601-604
C. Camps / R. Botet, Diccionari Català-Francès (L. BALMAYER) . . . . . . . . . . 569-571
U. Canger, Mexicanero de la Sierra Madre Occidental (B. POTTIER) . . . . . . . 569
J.-P. Chauveau v. W. v. Wartburg
J.-Cl. Chevalier, Histoire de la grammaire française (P. SWIGGERS) . . . . . . . . 574-579
G. Colón Doménech, Para la historia del léxico español (O. LURATI) . . . . . . . 565-567
O. Cubells Bartolomé, El parlar de la Palma d’Ebre (G. COLÓN) . . . . . . . . . . 571-572
M. De Epalza, L’Alcorà. Traducció de l’àrab al català, introducció a la lectura
i cinc estudis alcorànics (G. COLÓN) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 572-573
G. Grente / M. Simonin, Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIe siècle
(P. ENCKELL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 600-601
Y. Greub v. W. v. Wartburg
N. Hörsch v. K. Baldinger
Cl. Kraus v. W. Stempel
M. Krell, L’imparfait qui commente. Analyse d’un corpus journalistique
(A. DELBART) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 590-592