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2013/1 n° 19 | pages 81 à 96
ISSN 1780-9231
ISBN 9782804177744
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Le sujet des « risques psychosociaux » (RPS) est devenu un objet de négociation dans les
entreprises. Mais les spécificités du sujet font que les paramètres habituels de la négociation sont
bouleversés. Cet article analyse les possibilités, à partir de ce contexte, d’une inflexion durable
des pratiques de négociation sur les conditions de travail et, au-delà, des relations sociales pour
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1. Chef du projet « Prévention des RPS », Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de
Travail (ANACT, www.anact.fr), Lyon, France, p.douillet@anact.fr
2. Nous retiendrons ici le terme générique de « risques psychosociaux » largement répandu pour parler
de contextes divers de travail conduisant à un vécu négatif du travail avec des effets variés et nous
utiliserons le sigle « RPS » dans le reste de l’article. Pour aller plus loin sur ce concept, voir « RPS,
une nouvelle catégorie sociale ? », Nouvelle Revue de psychosociologie, n° 10, 2010, Érès.
3. Cf. accord des partenaires sociaux européens sur le stress du 8 octobre 2004.
4. Cf. accord national interprofessionnel sur le stress au travail du 2 juillet 2008.
5. Rappel du contexte notamment autour des suicides de salariés de Renault, France Télécom…
6. Plan d’urgence du ministre du travail de l’époque (octobre 2009) organisant l’incitation à négocier
et des actions de communication sur la prévention des RPS.
DOI: 10.3917/neg.019.0081 81
82 Philippe Douillet
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centaine d’entre elles ont été ainsi accompagnées suite au plan Darcos sur des
durées plus ou moins longues (formation des négociateurs, conseil au lancement
des démarches possibles, participation à des comités de pilotage et groupes de
suivi, réalisations de diagnostic en appui à des négociations, etc.…). Par ailleurs,
l’ANACT anime, depuis 2008, un réseau d’échanges de grandes entreprises sur
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leurs démarches RPS7 qui lui permet de suivre les pratiques des entreprises à
l’issue des accords conclus ; elle anime également depuis 2010 un réseau de
secrétaires de CHSCT ou de syndicalistes sur le même thème. C’est ainsi à partir
de cette expérience - dans la durée - au contact des représentants du person-
nel, des syndicalistes et des employeurs, que l’on a été amené à s’interroger sur
les spécificités de la négociation sur ce thème des RPS. Plus précisément, nous
avons constaté que l’objet « RPS » a bouleversé en profondeur la négociation
d’entreprise et, même plus globalement, qu’il avait pu contribuer au renouvelle-
ment des relations professionnelles8. Par la nature même de l’objet, complexe et
large, qui renvoie à des causes et des domaines d’actions variés, cette négocia-
tion amène les acteurs à se repositionner et à envisager, plus qu’ils ne l’ont fait
auparavant, de travailler en commun sur les moyens de comprendre le travail,
d’en débattre et d’agir pour en améliorer les conditions d’exercice. Les modalités
de la négociation sont ainsi profondément changées. En considérant l’activité de
négociation comme un « processus » et « un travail d’organisation, de conception
de nouveaux cadres pour l’action » (Dugué, 2005), nous retiendrons que celle-ci
se caractérise par plusieurs éléments :
7. cf. Réseau d’échanges de grandes entreprises sur RPS mis en place par l’ANACT, avec Entre-
prise et Personnel, l’IRES et l’université Paris Dauphine regroupant régulièrement une trentaine
d’entreprises et, en particulier, les « chefs de projet RPS ».
8. Cf. Actes du colloque ANACT du 27 octobre 2011 : « Négocier la prévention des RPS : bilan et
perspectives pour le dialogue social », www.anact.fr
La négociation de la prévention des risques psychosociaux 83
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Les DRH : en première ligne
Du côté des employeurs, le sujet RPS a été incontestablement l’occasion d’une
montée en puissance de la fonction RH. Souvent interpellées en premier lieu par
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les médecins du travail et les CHSCT, les directions des services RH ont vite
repris la main sur le sujet. Au détriment souvent des services HSE9 censés trai-
ter des questions de prévention, mais plus habitués à traiter des risques profes-
sionnels classiques. Leurs responsables, issus généralement d’une culture tech-
nique et d’évaluation essentiellement quantitative, se sont trouvés en difficulté sur
ce thème, particulièrement dans les entreprises de type industriel. Les DRH ou
DRS10, percevant l’ampleur du sujet, ses dimensions stratégiques et conscientes
des enjeux de dialogue social sous-jacents, se sont alors rapidement mobilisées.
Dans la plupart des grandes entreprises, elles l’ont fait en créant une nouvelle
fonction de type « chef de projet de la prévention des RPS »11. Les personnes
en charge de cette fonction sont issues des services RH, rarement des services
HSE, parfois des services de santé au travail ou du service social ou encore de la
communication. Elles ont alors pris une place importante dans la préparation des
négociations, la coordination des acteurs et, surtout, les régulations informelles
entre tous les acteurs nécessaires avant et en cours de négociation. Incontesta-
blement, est apparue ici une nouvelle figure d’acteur à cheval entre des préoccu-
pations santé-RH-climat social. Il ne s’agit pas d’un nouveau « négociateur » mais
leur manière d’exercer leur mission a eu un rôle très important sur les conditions
du dialogue entre tous les acteurs et l’avancée des négociations RPS.
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vent au niveau des établissements, qui avaient travaillé le sujet et mené des ac-
tions ; ce sont donc les élus de ces instances qui disposaient des compétences les
plus importantes sur le sujet. Cette évolution du caractère stratégique du CHSCT
est remarquable car, généralement, pour les syndicats, les mandats au CHSCT
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nels mis en place pour développer les actions prévues. La même réflexion pourrait
être portée à l’intention des assistant(e)s sociaux(les) qui, via le sujet RPS et de
par leurs contacts confidentiels auprès des salariés, se sont retrouvées fortement
mises en avant dans les démarches mises en place.
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sujet paraît souvent la solution idéale pour assurer l’appui technique nécessaire.
Beaucoup d’accords de méthodes prévoient d’ailleurs ce recours à un consultant
externe.12 L’analyse des accords de méthode dans leur manière de recourir à un
appui externe est donc essentielle pour éclairer les enjeux de la négociation.
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Il convient tout d’abord de rappeler les spécificités du sujet « RPS » pour com-
prendre comment ce thème change les données habituelles de la négociation.
Aborder la question de la santé psychique amène en effet à travailler les questions
de santé dans un cadre beaucoup plus complexe et global. Plusieurs données
doivent être prises en compte sur ce plan qui différencient fortement les RPS
des sujets plus « classiques » de santé au travail. Tout d’abord, la multiplicité des
effets. On sait que ceux-ci sont très variés (fatigue, mal-être, stress, conflits, vio-
lences, dépression, suicides, TMS…) selon les situations et selon les individus. La
médiation par l’histoire différenciée des individus et des collectifs est importante
et complique l’analyse comme l’évaluation des actions. Même complexité en ce
qui concerne les causes à l’origine. S’agissant des contextes fréquents à l’occa-
sion des actions sur les « RPS » et des pathologies associées, aucun danger ne
peut être identifié en tant que tel. Nous savons que les causes sont multiples,
se combinent à l’infini. Des facteurs d’organisation ont bien été mis en évidence
comme favorisant des situations pathogènes (manque d’autonomie, décalage ef-
fort/récompense, manque de reconnaissance…)13, mais il n’existe pas a priori un
ou des situations de « danger » ou un type « d’organisation dangereuse » pouvant
dans une relation univoque de type « cause-effet » sur le modèle de la prévention
classique, provoquer des effets pathogènes sur la santé des salariés.
Ce rapide rappel des spécificités des RPS montre à quel point il devient alors
difficile pour les partenaires sociaux, acteurs de la négociation, de « cerner »
rapidement l’objet de discussion, de l’objectiver et donc de construire des reven-
dications. Des affiches syndicales lors de conflits sociaux dans de grandes entre-
prises révèlent la complexité du sujet. On pouvait y lire : « Halte à la souffrance
au travail ». Comment transformer cette expression d’un vécu négatif en objet de
négociation ? Quel compromis envisager de négocier à partir d’une telle revendi-
cation ?
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À RECONSIDÉRER
Pour les syndicats, le sujet RPS interroge fortement leur légitimité et de leurs
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modes habituels d’action (Lerouge, 2010 ; Michel-Raimbault, 2008). Pour les di-
rections, le sujet interroge rapidement leur vision du travail et du pouvoir d’orga-
nisation. L’appréhension du sujet et les revendications des uns et des autres s’en
trouvent alors fortement bousculées.
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négociation est donc ambigu pour les syndicats : discuter d’une obligation légale
de l’employeur et définir, par accord, les conditions de son application. On mesure
ici l’ampleur de la responsabilité des syndicats devant le choix de la signature qui
pourrait contribuer à partager, d’une façon ou d’une autre, la responsabilité de
l’obligation de prévention. Au-delà de l’aspect strictement juridique, la responsa-
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bilité politique des syndicats devant les salariés est en jeu. Dans des périodes de
changements constants, de restructuration dans les entreprises, signer un accord
sur le stress, n’est-ce pas cautionner indirectement des transformations qui sont,
par ailleurs, en partie jugées responsables de la dégradation des conditions de
travail ? Ainsi, nous avons constaté de nombreuses situations où des syndicats
ont bien trouvé, à l’issue de la négociation, un consensus sur les mesures pro-
posées par l’employeur, mais ils ont préféré refuser de signer un accord voulant
marquer là la limite de leur responsabilité et confirmer, à l’inverse, celle de leur
employeur.
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prévention des effets des RPS, l’accord donnera davantage de poids à la méde-
cine du travail, aux questionnaires, aux enquêtes de santé, aux systèmes d’indi-
cateurs et processus de repérage des salariés en difficulté ; l’accord sera à domi-
nante « protection de la santé » et limitée au champ de la mesure et gestion des
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effets17. À l’inverse, lorsque la vision est plus large, l’accord pourra porter sur des
éléments d’organisation du travail pour soutenir des conditions favorables au dé-
veloppement des personnes et des collectifs18 : développement du management
de proximité, développement de temps collectifs de débats sur le travail, nouvelle
procédure d’évaluation, développement de parcours professionnels… De ce fait,
il concerne directement l’organisation du travail. Au final, les organisations syndi-
cales se sont trouvées devant deux types de dilemme :
16. Cf. étude-action CGT Renault, les travaux de la CFDT sur l’intensification du travail, etc…
17. Cf. notamment accord PSA « sur le dispositif d’évaluation et de prévention du stress professionnel »
de septembre 2009.
18. Cf. des dimensions relatives à l’organisation du travail plus présentes notamment dans les
accords Danone sur le stress et les RPS de mars 2010, accord « pour de nouveaux principes
généraux d’organisation du travail » à France Télécom, accord sur la qualité de vie au travail du
groupe Thalès de juin 2009, accord EDF DPNucléaire de mars 2008, etc.
90 Philippe Douillet
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du sujet que celles évoquées précédemment mais aussi de mode de traitement19.
Très rapidement, il est bien apparu aussi pour les directions que ce sujet n’était
pas qu’un sujet de santé même si les manifestations principales appartiennent à
ce registre. Passé une période de déni, les directions se sont rendu compte du
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côté stratégique du sujet. Au-delà des effets de santé, les effets sur la performance
apparaissent rapidement. Souvent en termes d’absentéisme ou de turn-over, mais
surtout en termes de désengagement ou en termes de conflits d’équipes ou avec
le management20… à des périodes de développement où les entreprises misent
beaucoup plus qu’avant sur l’implication des salariés et la cohésion pour assurer
la performance. Quand ce sont les cadres eux-mêmes qui sont touchés par ces
symptômes21, on devine l’inquiétude des dirigeants d’entreprises. Les enjeux juri-
diques sont aussi considérables compte tenu de l’évolution de la jurisprudence
mais aussi les enjeux d’image. Les affaires récentes de suicides dans de grands
groupes ont fortement accéléré la prise de conscience. Le sujet RPS a été sou-
vent mis à l’ordre du jour des comités de direction… ce qui n’avait jamais été le
cas pour d’autres sujets de santé au travail.
19. Cf. Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (Agence de Bilbao), Enquête euro-
péenne auprès des entreprises sur les risques nouveaux et émergents, ESENER, 2010, www.osha.
europa.eu
20. Cf. sondage ANDRH ; voir site www.andrh.fr et revue Personnel n°496 janvier 2009.
21. Cf. observatoire du stress mis en place par le CGC : www.cfecgc.org/ewb_pages/div/Stress.php
La négociation de la prévention des risques psychosociaux 91
organisant les processus et outils pour réduire les effets potentiels de situations
pathogènes. Beaucoup de directions vont favoriser cette dernière approche avec
des solutions plutôt en prévention secondaire et tertiaire ainsi que des formes
de normalisation des comportements, notamment managériaux. L’ampleur des
réponses aux questions RPS par des actions de formation de l’encadrement, avec
un contenu réduit, est significative à cet égard.
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Plusieurs questions se sont posées lors des négociations RPS, bien spécifiques
et liées au sujet lui-même, et entraînant là aussi des questions et des compromis
nouveaux sur le processus même de la négociation.
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22. Cf. rapport DGT avril 2011 : Analyse des accords signés dans les entreprises de plus de 1 000
salariés. Prévention des RPS, Ministère du Travail.
92 Philippe Douillet
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des processus de concertation en dehors des instances élues ; dans certains cas
d’entreprises, ce risque n’est pas illusoire. Par ailleurs, les missions et modalités
de travail, de protection de ces instances « ad hoc » doivent être précisées. Enfin,
lorsque la participation est réservée aux signataires de l’accord, la question d’un
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de positions convenues et globalisantes sur les conditions de travail par une sorte
d’apprentissage collectif des réalités vécues au quotidien par les salariés.
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échanges, etc..) ont pu être ainsi trouvés qui ont contrebalancé l’impression pre-
mière d’une opposition radicale de points de vue ; et cela sans pour autant nier
des divergences sur des stratégies d’entreprises. Bref, de nouveaux compromis
locaux ont été possibles à partir de la nécessité d’une meilleure connaissance
des réalités de terrain, appuyée par des échanges de points de vue plus variés
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que d’habitude et une meilleure écoute, pour toutes les parties en présence, des
attentes des salariés. Cette expérience, parfois nouvelle, d’une possibilité de dia-
logue constructif à partir du travail, a modifié durablement les conditions posté-
rieures de dialogue dans un certain nombre d’entreprises.
d’accord a paru opportune. Même si cette forme n’est pas tout à fait spécifique au
sujet RPS (ex. accord de ce type sur des sujets tels que l’égalité professionnelle,
la diversité, plans de restructuration), elle représente cependant une catégorie
exceptionnelle par rapport à la plupart des accords conclus et il convient de rappe-
ler le caractère novateur de ce type d’accord dans le champ de la négociation sur
les conditions de travail. Il implique un regard nouveau sur le sujet et un change-
ment de posture pour toutes les parties : par ce type d’accord, elles admettent la
complexité du sujet, l’impossibilité de revendications et de compromis quantitatifs
simples et acceptent, d’une certaine façon, de privilégier la recherche des moda-
lités pour travailler ensemble pour élaborer le diagnostic et construire ensuite les
voies de solutions.
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L’évaluation des accords
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À notre avis, la mesure d’un changement durable des formes de dialogue entre
les divers acteurs ne pourra se faire qu’en s’interrogeant sur la prise en compte
durable de cinq variables :
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leure prise en compte des questions du travail avec un dialogue social renforcé23.
PROFESSIONNELLES ?
BIBLIOGRAPHIE
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23. Cf . notamment proposition n° 4 : « Impliquer les partenaires sociaux dans la construction des
conditions de santé ».
96 Philippe Douillet
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