Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le 29 mars 2006
JURY
1
2
L’UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS (PARIS II) Droit –
Économie – Sciences Sociales n’entend donner aucune approbation
ni improbation aux opinions émises dans les thèses. Ces opinions
devront être considérées comme propres à leurs auteurs.
3
RÉSUMÉ en français :
L’inexistence, dans les pays du Mercosur, d’un instrument normatif commun à
l’ensemble des États Membres qui établisse des règles pour déterminer la loi applicable
aux contrats internationaux est à l’origine de nombreuses incertitudes pour les
contractants. L’analyse des traités internationaux auxquels certains de ces pays sont
parties, et des règles de Droit international privé de sources internes, nous permettent de
dégager quelques lignes directrices qui devraient être suivies par une réglementation
moderne de la matière, tout en respectant les principes d’autonomie de la volonté et de
proximité vers l’accueil desquels nous pouvons discerner une évolution dans la région.
RÉSUMÉ en anglais :
The absence, in the Mercosur’s countries, of a normative instrument common to all the
Member States establishing rules that determine the law applicable to international
contracts generates lots of uncertainness for the parties. The analysis of international
treaties that oblige some of these countries and the analysis of intern sources’s private
international law rules, allow us to identify some orientation lines. These orientation
lines should be followed by a modern regulation of this issue, respecting the principles
of party autonomy and proximity that are beginning to be accepted in the region.
4
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ………………………………………………………………….. 9
D. CIDIP V …………………………………………………………………………. 63
A. Argentine ………………………………………………………………………… 92
1. La doctrine …………………………………………………………………………. 92
5
b) Doctrine postérieure à l’année 1942 ……………………………………………. 117
B. Pérou ………………………………………………………………………………147
6
B. Dépeçage par les parties ………………………………………………………….. 204
7
4. Le Projet de Code de Droit international privé …………………………………. 303
B. Pérou ………………………………………………………………………………317
8
INTRODUCTION
du Sud1 –dont les États Membres sont l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay–.
Ce qui nous a motivée à entreprendre une recherche sur une telle matière dans le cône
normatif commun, à caractère général, en vigueur dans tous les États Membres,
établissant des règles pour déterminer la loi applicable aux contrats internationaux.
1
Ci-après dénommé « Mercosur ». La bibliographie sur le Mercosur est abondante. Pour une vision
générale, v. : ALTERINI, Atilio Aníbal et BOLDORINI, María Cristina, El sistema jurídico en el
Mercosur. Estructura general. Instrumentos fundacionales y complementarios. Buenos Aires : Abeledo-
Perrot, 1994 ; BASALDÚA, Ricardo Xavier, Mercosur y Derecho de la Integración. Buenos Aires :
Abeledo-Perrot, 1999 ; DREYZIN DE KLOR, Adriana, El Mercosur. Generador de una nueva fuente de
derecho internacional privado. Buenos Aires : Zavalía Editor, 1997 ; DREYZIN DE KLOR, Adriana et
URIONDO DE MARTINOLI, Amalia, Derecho Internacional Privado y de la Integración Regional.
Fuentes convencionales. Buenos Aires : Zavalía Editor, 1996 ; NOODT TAQUELA, María Blanca,
« Mercosur, ¿cómo empezar? », Revista Doctrina Judicial, T. 1997-1, pp. 897-906 ; UZAL, María Elsa,
El Mercosur en el camino de la integración. Buenos Aires : Depalma, 1998 ; v. également : Revista de
Derecho Internacional y del Mercosur.
2
Ci-après dénommée « Convention de Rome ». Parmi les nombreuses commentaires qui ont été faits à
propos de la Convention de Rome, v. : FOYER, Jacques, « Entrée en vigueur de la Convention de Rome
du 19 juin 1980 sur la loi app.licable aux obligations contractuelles », Journal du Droit International,
9
qui en vigueur depuis le 1er avril 1991, est en train de changer de nature : suivant une
(Rome I). Le règlement a été considéré plus approprié comme instrument que le traité
international car les dispositions du règlement « …édictent des règles uniformes sur la
texte, renforçant ainsi la sécurité juridique, sans pour autant introduire de nouveaux
existant »5.
1991, pp. 601-631 ; GAUDEMET-TALLON, Hélène, « Convention de Rome du 18 juin 1980 », Juris-
Classeur Europe, 1996, fasc. 3200 et 3201 ; GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, « Rapport
concernant la convention sur la loi applicable aux obligations contractuelles », Journal Officiel, n° C 282,
31.10.1980, pp. 0001-0050. Disponible sur : <http://www.rome-
convention.org/instruments/i_rep_lagarde_fr.htm> (consulté le 30.11.2005) ; KASSIS, Antoine, Le
nouveau droit européen des contrats internationaux. Paris : Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, 1993 ; KESSEDJIAN, Catherine, « La Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi
applicable aux obligations contractuelles – Vingt ans après ». In : Basedow, Jürgen, Meier, Isaak,
Schnyder, Anton K., Einhorn, Talia et Girsberger, Daniel (éds.), Private Law in the International Arena.
From National Conflict Rules Towards Harmonization and Unification. Liber Amicorum Kurt Siehr. La
Haye : T.M.C. Asser Press, 2000, pp. 329-340 ; LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé
des contrats après l’entrée en vigueur de la Convention de Rome du 19 juin 1980 », Revue critique de
Droit international privé, 1991, pp. 287-349 ; VILLANI, Ugo, La Convenzione di Roma sulla legge
applicabile ai contratti, réimpression de la 2e édition. Bari : Caducci Editore, 2002.
3
Ci-après dénommée « proposition de Règlement Rome I ».
4
Proposition de Règlement du Parlement Européen et du Conseil sur la loi applicable aux obligations
contractuelles (Rome I), présentée par la Commission, Bruxelles, le 15.12.2005, COM(2005) 650 final,
2005/0261 (COD), p. 4. Disponible sur : <http://www.europa.eu.int > (consulté le 18.12.2005).
5
Idem, p. 3.
10
Dans le continent américain on trouve un traité international portant sur la
Mexico le 17 mars 19946 ; mais cette convention n’est pas encore en vigueur dans les
pays du Mercosur.
6
Ci-après dénommée « CIDIP V », « Convention interaméricaine » ou « Convention de Mexico ». V.
infra, p. 63 et s. Sur cette convention, v. les commentaires suivants : ALBORNOZ, María Mercedes, La
CIDIP V sur la loi applicable aux contrats internationaux. Mémoire DEA Droit International, Paris II,
1999 ; ARCAGNI, José Carlos, « La Convención Interamericana sobre derecho aplicable a los contratos
internacionales », Revista Jurídica Argentina « La Ley », T. 1996-A, pp. 1434-1444 ; BOGGIANO,
Antonio, Contratos Internacionales - International Contracts. Introducción al estudio de la Convención
Interamericana sobre Derecho Aplicable a los Contratos Internacionales. Introduction to the study of the
Inter-American Convention on the Law Applicable to International Contracts , 2e édition. Buenos Aires :
Ediciones Depalma, 1995 ; FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « La Convention Interaméricaine sur la
loi applicable aux contrats internationaux: certains chemins conduisent au-délà de Rome », Revue critique
de Droit international privé, 1995, 84 (1), pp. 178-186 ; HERBERT, Ronald, « La Convención
Interamericana Sobre Derecho Aplicable a los Contratos Internacionales », Revista Uruguaya de Derecho
Internacional Privado, 1994, année 1, N° 1, pp. 45-62 ; HERNÁNDEZ-BRETÓN, Eugenio, « Propuesta
de actualización de los sistemas latinoamericanos de contratación internacional », supplément de Droit
international privé de la revue électronique argentine elDial.com, juin 2005. Disponible sur :
<http://www.eldial.com/suplementos/privado/doctrina/ip050624-c.asp> (consulté le 03.10.2005) ;
JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts: Some Highlights and Comparisons », The American Journal of Comparative Law, 1994, vol.
42, pp. 381-393 ; NOODT TAQUELA, María Blanca, « Convención Interamericana sobre derecho
aplicable a los contratos internacionales », El Derecho internacional privado interamericano en el umbral
del siglo XXI, Sextas Jornadas de Profesores de Derecho internacional privado, 1er et 2 décembre 1995,
Ségovie, Espagne. Madrid : Departamento de Derecho internacional público y de Derecho internacional
privado de la Universidad Complutense de Madrid, EUROLEX, S.L., 1997, pp. 89-134, et Revista del
Derecho Comercial y de las Obligaciones, 1996, pp. 397-434 ; PEREZNIETO CASTRO, Leonel,
« Introducción a la Convención Interamericana sobre Derecho Aplicable a los Contratos
Internacionales », Rivista di Diritto Internazionale Privato e Processuale, 1994, année XXX, n° 4, pp.
765-776 ; SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales. Con
especial referencia al contrato de transferencia de tecnología. Montevideo : Facultad de Derecho
Universidad de la República, Fundación de Cultura Universitaria, 1996.
11
Les quatre pays dont nous allons principalement nous occuper sont rattachés par
sans prétendre que cette énumération soit exhaustive–. Arrêtons-nous d’abord sur les
République Orientale de l’Uruguay ont signé le Traité d’Asunción, constituant entre eux
Les pays signataires du Traité d’Asunción ont la qualité d’États Membres (ou
d’intégration sur le plan économique mais aussi sur le plan politique et institutionnel.
Mais il y a un autre groupe de pays qui, sans en être des États Membres, ont
passé des accords ponctuels avec le Mercosur, surtout relatifs au libre commerce. On
institutionnelle du Mercosur. Il s’agit des États Associés qui, à présent, sont six, à
7
Texte disponible sur : <http://www.sice.oas.org/trade/msch/mschind.asp> (consulté le 03.10.2005).
12
décembre 19968–, le Pérou –Accord de Complémentation Économique N° 58 conclu
Bolivarienne du Venezuela le 16 décembre 200310–. Cinq des six États Associés, tous
sauf le Chili, intègrent la Communauté Andine de Nations11, ce qui vient renforcer les
relations entre la CAN et le Mercosur12. Il ne faut pas pour autant perdre de vue que les
seuls pays touchés par le Traité d’Asunción sont les États Membres du Mercosur. Les
Membres ont pris le compromis d’harmoniser leurs législations dans les matières
8
Texte disponible sur : <http://www.sice.oas.org/trade/mrcsbo/merbo_s.asp> (consulté le 03.10.2005).
9
Texte disponible sur : <http://ww.sice.oas.org/Trade/MRCSRPER/ACE.asp> (consulté le 03.10.2005).
10
Texte disponible sur : <http://www.sice.oas.org/Trade/mrcsrac/ecal_s.asp#CON> (consulté le
03.10.2005).
11
Ci-après dénommée CAN. Le 26 mai 1969, la Bolivie, le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou ont
signé l’Accord de Carthagène, accord d’intégration andine connu comme le « Pacte Andin ». Le
Venezuela s’y est incorporé en 1973, tandis que le Chili l’a quitté en 1976. Le 1 er août 1997, le Pacte
Andin s’est transformé en CAN. À propos de la CAN, visiter le site internet
<http://www.comunidadandina.org> (consulté le 03.10.2005) ; v. également : CASAS GRAGEA, Ángel
María, « La Comunidad Andina: 30 años en busca del desarrollo », Revista de Fomento Social, 2001, vol.
56, N° 221, pp. 65-91 ; SANTOS BELANDRO, Rubén B., Bases fundamentales de la Comunidad
Andina y el Tratado de Libre Comercio de América del Norte (T.L.C. o N.A.F.T.A.). Montevideo : Asoc.
de Escribanos del Uruguay, 2002.
12
Sur les relations entre la CAN et le Mercosur et de ceux-ci avec la Zone de Libre Échange des
Amériques (ZLEA, FTAA ou ALCA), v. : GIACALONE, Rita (éd.), CAN-MERCOSUR a la sombra del
ALCA, Grupo de Integración Regional (GRUDIR). Mérida, Venezuela : Facultad de Ciencias
Económicas y Sociales de la Universidad de Los Andes, 2003.
13
rapprochement de critères juridiques des législations de plusieurs pays, de façon à
réduire les différences de base existantes entre elles13, sans toujours pas arriver à
Il n’est pas imposé de faire une harmonisation intégrale touchant toutes les
branches du droit. Au contraire, il faut seulement considérer celles qui ont des rapports
avec le procès d’intégration (par exemple le Droit douanier, le Droit fiscal, le Droit de la
concurrence…). C’est ainsi que « l’harmonisation des législations des États Membres
du Mercosur devient nécessaire quand leur divergence a une incidence directe sur
Ladite harmonisation s’avère viable du fait des liens juridiques qui unissent ces
pays. On aperçoit une communauté des sources des législations nationales des États
Membres, qui se fondent toutes –plus ou moins directement– sur le Droit romain15.
Le Code civil français de 1804, qui compte le Droit romain parmi ses sources, à
côté du droit coutumier, des ordonnances royales et des lois de la Révolution ainsi que
13
Cf. SIEBENEICHLER DE ANDRADE, Fabio, « Codificación y Mercosur : una ecuación posible ».
Chapitre X. In : Ghersi, Carlos A. (coord.), Mercosur. Perspectivas desde el Derecho Privado, Parte
Segunda. Buenos Aires : Editorial Universidad, 1996, p. 240 et s.
14
BASALDÚA, Ricardo Xavier, op. cit., p. 206.
15
Cf. ALTERINI, Atilio Aníbal, « Mercosur. Aspectos generales ». In : Favier Dubois, Eduardo (fils)
(dir.), Negocios internacionales y Mercosur. Buenos Aires : Ad-Hoc, 1996, p. 331 et s.
16
Cf. PLANIOL, Marcel et RIPERT, Georges, Tratado Elemental de Derecho Civil. Conforme al
programa oficial de las facultades de Derecho, traduit à l’espagnol par José M. Cajica Camacho. Puebla,
Mexique : Editorial Cajica, S.A., 1983, tome I, 1, Introducción, Familia, Matrimonio. Pour ces auteurs,
les traditions coutumières prédominent sur le droit romain dans le Code Napoléon, pp. 65-66.
14
chilien de 1855 (en vigueur depuis le 1er janvier 1857) rédigé par le juriste Andrés
Bello, inspiré du Code civil français et des ouvrages de la doctrine française –auteurs de
commentateurs –Pothier, Domat, Savigny–, d’autres codes existants à l’époque tels que
la diversité de ses sources, le Code civil du Chili est considéré comme « le premier code
En principe, nous pouvons penser qu’il ne devrait pas y avoir des divergences
que la législation interne d’un pays donné ne se limite pas aux codes, nous considérons
qu’afin de montrer leurs racines communes, il sera utile de relever celles des Codes
civils. Voyons donc quelles sont les sources des Codes civils des États Membres.
Le 23 janvier 1868, l’Uruguay a vu son Code civil promulgué. Ce code, fruit des
promulgation. Il a reçu la forte empreinte des Codes civils français et chilien. Notons
que les auteurs ne sont pas d’accord sur la primauté de l’un ou de l’autre en tant que
sources du Code civil uruguayen. De la sorte, Valladão entend que ce dernier se fonde
surtout sur le Code civil chilien19, tandis que pour Planiol et Ripert l’Uruguay a
17
Cf. DUCCI CLARO, Carlos, Derecho Civil. Parte General, 3e édition. Santiago de Chile : Editorial
Jurídica de Chile, 1988, pp. 9-10.
18
VALLADÃO, Haroldo Texeiro, Derecho Internacional Privado. Introducción y Parte General, traduit
à l’espagnol par Leonel Pereznieto Castro. Montevideo : Editorial Trillas, 1987, p. 194.
19
VALLADÃO, Haroldo Texeiro, op. cit., p. 201.
20
PLANIOL, Marcel et RIPERT, Georges, op. cit., p. 98.
15
constitué par l’Esboço de Code civil de l’Empire du Brésil21 que le juriste brésilien
1er janvier 1871, a été rédigé par Dalmacio Vélez Sarsfield. Les sources dont le
codificateur s’est servi sont les suivantes22 : le droit romain et les travaux de ses
législation espagnole (les Partidas, le Fuero Juzgo, les Recopilaciones) ; le Code civil
Zachariae, Aubry et Rau, Demolombe ; les travaux de Freitas (la Consolidação das Leis
Code civil, ouvrage conclu en 1865, duquel Vélez a repris de nombreux articles) ; et
finalement d’autres sources comme le Code civil chilien et les travaux de Story.
Le Paraguay ayant adopté le Code civil argentin en 1876, leurs sources étaient
évidemment les mêmes. Le Code civil du Paraguay a été remplacé par un autre en 1985
(Loi N° 1183), lequel est en vigueur depuis le 1er janvier 1987 et unifie des règles
civiles et commerciales. Il a été influencé par le Code civil italien de 1942 et par deux
21
Ci-après dénommé « Esboço » ou « Esboço de Freitas ». Cf. VALLADÃO, Haroldo Texeiro, op. cit.,
p. 230.
22
Pour l’énoncé des sources du Code civil argentin nous suivrons BORDA, Guillermo A., Manual de
Derecho Civil. Parte General, 18e édition. Buenos Aires : Editorial Perrot, 1996, pp. 78-81.
23
Cf. GARRO, Alejandro M., « Armonización y unificación del Derecho Privado en América Latina:
esfuerzos, tendencias y realidades », Revista del Derecho Comercial y de las Obligaciones, 1992, année
25, pp. 301-354. Disponible sur : <http://w3.uniroma1.it/idc/centro/publications/05garro.pdf> (consulté le
30.11.2005), p. 53.
16
Finalement, le Code civil brésilien aprouvé le 1er janvier 1916 est entré en
Beviláqua de 1899, dans lequel la trace des travaux de Freitas, spécialement de son
Esboço, est « manifeste »24. Sont également des sources du Code civil du Brésil le Code
Dernburg, Köhler…). Mais le Code civil de 1916 a récemment été remplacé par un
nouveau Code civil (loi 10.406 du 10 janvier 2002), en vigueur depuis le 11 janvier
2003. Miguel Reale, un de ses rédacteurs, explique qu’il fallait aggiornare l’ancien
Code civil qui avait été écrit en fin du XIXe siècle, tout en conservant, dans la mesure
Ayant constaté que les codes civils des États Membres du Mercosur ont, en gros,
des sources communes, nous pensons qu’il ne serait pas une tâche impossible celle
Traité d’Asunción.
Il existe différents degrés d’intégration régionale, selon que la cohésion entre les
États participants soit lâche ou bien plus serrée, à savoir : 1) zone de libre commerce ou
zone de libre échange, entraînant la suppression des barrières douanières dans la zone et
des restrictions quantitatives aux échanges, mais vis-à-vis des pays non-membres
chaque pays applique son propre tarif extérieur ; 2) union douanière, une zone de libre
24
SOUZA, Carlos Fernando Mathias de, « Evolução histórica do direito brasileiro (XX): o século XIX ».
Disponible sur : <http://www.unb.br/fd/colunas_Prof/carlos_mathias/anterior_21.htm> (consulté le
02.12.2005).
25
REALE, Miguel, « Espírito da Nova Lei Civil ». Disponible sur : <http://www.miguelreale.com.br/>
(consulté le 02.12.2005).
17
échange à laquelle on additionne un tarif extérieur commun appliqué par tous les pays
une union douanière ; mais une union douanière « imparfaite », car le tarif extérieur
commun ne s’applique pas encore à la totalité des produits. Ceci étant, et malgré les
asymétries existantes entre les États Membres, des progrès significatifs ont été faits dans
commerce entre les États participants du système. Dans le cas du Mercosur, une des
États Membres entre eux et avec les États Associés (surtout la Bolivie et le Chili, les
international s’instrumente dans des actes juridiques dénommés « contrats ». Bien que
sein de la famille juridique continentale sur le point qu’un contrat est un accord de
18
volontés26 qui est à l’origine de droits et d’obligations pour les parties, et qui tient lieu
de loi à ceux qui l’ont fait. Ainsi, l’article 1134 du Code civil français établit que « Les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites »27.
volonté est appelée à jouer dans un cas ou dans l’autre. Sur le plan interne, l’autonomie
permet aux sujets de conclure un contrat et de déterminer librement son régime, leur
reconnaissant la liberté de rédiger des clauses d’un contenu divers de celui des règles
supplétives, mais devant toujours respecter les règles impératives du droit interne. Ce
autonomie conflictuelle, qui octroie aux parties d’un contrat multinational la faculté de
décider quelle loi le régira, et 2) autonomie matérielle, qui les autorise à exclure
contrat, tout en excluant l’application de la loi désignée par les règles de conflit du
juge, loi exclue in totum –ses règles impératives et ses règles supplétives– . Quant à
clauses dont le contenu est contraire même aux règles impératives de droit privé de la
lex contractus, que celle-ci ait été choisie par les parties (autonomie conflictuelle) ou
bien désignée par les règles de conflit du for. Les contractants peuvent également
26
Dans les pays de « common law », même une déclaration unilatérale de volonté pourrait être considérée
contractuelle.
27
V. dans le même sens l’article 1197 du Code civil argentin.
28
Cf. BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, 2e édition. Buenos Aires : Ediciones
Depalma, 1983, t. II, p. 694 et s.
19
décider que certaine ou certaines règles impératives du droit privé applicable, ne
régiront pas leur contrat. Cette distinction faite, remarquons que, désormais, lorsque
contraire.
volonté de Droit international privé entre en jeu, et non pas à l’inverse. De la sorte, afin
de savoir si les contractants peuvent choisir la loi de leur contrat et/ou s’ils sont en
conclusion, le domicile des parties, leur nationalité, le lieu d’exécution des prestations,
le lieu de situation de la chose objet du contrat) sont repartis dans différents pays, de
manière à mettre en contact ses ordres juridiques nationaux. Il faut que le contrat ait des
rattachements objectifs avec plus d’un État : sans l’exigence d’objectivité, les parties
seraient tentées d’internationaliser leur contrat motivées par la seule volonté d’échapper
relevants pour la lex fori. Comme chaque juge étatique applique son propre Droit
international privé, qui lui indiquera si le contrat qu’il a à connaître est multinational ou
pas, le même contrat pourrait être considéré interne dans un for A et multinational dans
exemple qu’en vertu des articles 1205, 1209 et 1210 du Code civil argentin, un contrat
20
est international lorsque sa conclusion et son exécution ont lieu dans différents pays.
Mais, dès que l’Argentine a ratifié la Convention de Vienne de 1980 sur les contrats de
internationaux en ce qui soit compatible avec chaque type de contrat. Par conséquent,
malgré leur omission dans lesdits articles du Code civil, sont également internationaux
les contrats dont les parties sont domiciliées dans des États différents. Cependant, la
nationalité des parties n’étant pas relevante en Argentine (ni dans le reste des États
argentine et une partie étrangère se lient par un contrat ne suffit pas à rendre celui-ci
international.
internationaux signée à Mexico le 17 mars 1994 nous offre une qualification autonome
du contrat international. Elle dispose (2nd paragraphe de l’article 1er) : « Il est entendu
qu’un contrat revêt un caractère international lorsque les parties au contrat ont leur
29
Ci-après dénommée « Convention de Vienne ». Parmi les nombreux ouvrages consacrés à la
Convention de Vienne, v. : ADAME GODDARD, Jorge, El contrato de compraventa internacional.
Mexico : Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Jurídicas, McGraw-
Hill, 1994. (Série G: Estudios Doctrinales, N° 153) ; FERRARI, Franco, La compraventa internacional.
Aplicabilidad y aplicaciones de la Convención de Viena de 1980, traduction d’Albert Lamarca I Marquès.
Valencia, Espagne : Tirant Lo Blanch, 1999 ; GARRO, Alejandro M. et ZUPPI, Alberto L., Compraventa
internacional de mercaderías. Buenos Aires : Ediciones La Rocca, 1990 ; PILTZ, Burghard,
Compraventa internacional. Convención de Viena sobre Compraventa Internacional de Mercaderías de
1980. Buenos Aires : Editorial Astrea, 1998.
30
Selon son article 1er sont internationales les ventes dans lesquelles les parties ont leurs établissements
dans des États différents.
21
États parties, ou lorsque le contrat a des rapports objectifs avec plus d’un État
partie. »31. La CIDIP V adopte un critère juridique à deux branches alternatives : celle
situés dans le territoire de différents États parties à la Convention, et celle des rapports
Partant d’un autre point de vue, que Daniel Hargain et Gabriel Mihali appellent
« courant réaliste »32, il est affirmé qu’un contrat est international lorsque l’exécution
des obligations auxquelles il a donné naissance met en cause l’économie de plus d’un
pays. L’internationalité s’étendrait à tous les contrats accessoires –tels que transport,
garantie, assurance pour ce qui est du contrat de vente–, destinés à faciliter ou permettre
Civ. 17 mai 192734 entend par contrat international celui qui suppose « comme un
dans un pays et dans un autre ». Dans Messageries Maritimes (État français c. Comité
31
Pour une analyse de la règle citée, v. ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 18 et s.
32
HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, Circulación de bienes en el Mercosur. Derecho del Comercio
Internacional. Contratos Internacionales. Compraventa. Garantías. Formas de intermediación bancaria.
Transporte. Seguros. Propiedad intelectual. Propiedad industrial. Buenos Aires : Julio César Faira –
Editor, 1998, p. 211.
33
V. NIBOYET, Marie-Laure, « Contrats internationaux », Juris-Classeur Droit International, 1998,
fasc.552-10 à 552-40, pp. 10-12.
34
L’arrêt et les conclusions du Procureur général Matter, D.P., 1928, I, p.25, conclusions Matter, note
Capitant ; Les grands arrêts de la jurisprudence civile, 10e éd., n° 158 ; Req., 31 juillet 1928 ; D.H., 1928,
p. 461.
22
de la Bourse d’Amsterdam et Mouren), Cass. Civ. 21 juin 195035, on a considéré
Cass. Civ. 19 février 1930 et 27 janvier 193136, définissent les contrats internationaux
comme ceux qui « mettent en jeu les intérêts du commerce international ». Ce critère a
été retenu par le codificateur français à l’article 1492 du nouveau Code de procédure
civile, selon lequel « Est international l’arbitrage qui met en cause les intérêts du
commerce international. ».
contrat, le rattachant « à des normes émanant de plusieurs États » (arrêt Hecht, C.A.
commerce international. Mais tel que le signale Marie-Laure Niboyet : « on ne peut pas
manquer de constater que cette classification, reposant sur une dualité fonctionnelle de
plus notable est celui de l’arrêt Tardieu (Cass. 1re civ., 7 oct. 1980…) (J.C.P. 1980, II,
p. 19480, concl. Gulphe ; Rev. crit. 1981, p. 313, note Mestre) ayant fait application du
critère juridique pour annuler une clause compromissoire –pourtant insérée dans un
35
Ci-après dénommé « Messageries Maritimes » ; Revue critique de Droit international privé, 1950, p.
609, note Batiffol ; Dalloz, 1951, p. 749, note Hamel ; Sirey, 1952, I, p. 1, note Niboyet ; J.C.P., 1950, II,
p. 5812, note J. Ph. Lévy ; Grands arrêts de la jurisprudence française de droit international privé, 3e
éd., n° 22.
36
Sirey, 1933, I, p. 41, note Niboyet.
37
Journal du Droit international, 1971, p. 833, note B. Oppetit; J.C.P., 1971, II, p. 16927, note B.
Goldman ; Revue critique de Droit international privé, 1971, p. 692, note P. Level ; Revue de l’arbitrage,
1972, p. 67, note Ph. Fouchard.
23
contrat mettant en jeu les intérêts du commerce international– alors que la validité de
l’accord compromissoire dans les contrats internationaux est l’exemple topique d’une
des critères plus flexibles que ceux fixés par le Droit international privé d’un pays
donné. Dans ce sens, et surtout pour des pays où le critère économique n’a reçu aucun
type de reconnaissance législative, il est plus probable que ce soit l’arbitre et non le juge
contraire39. Il peut néanmoins se faire une application cumulative des deux critères, car
tout contrat réalise une fonction économique, du fait qu’il entraîne un enrichissement
pour au moins une partie, sinon pour les deux. Lorsque divers marchés nationaux se
intégralité multinationale.
d’au moins deux États souverains pourrait raisonnablement être appliquée. On est en
présence d’un conflit de lois qu’il va falloir dénouer dans le but d’identifier la loi qui
38
NIBOYET, Marie-Laure, op. cit., pp. 11-12.
39
HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, loc. cit., prétendent que le courant réaliste, fondé sur des
éléments exclusivement économiques, s’est actuellement imposé.
24
doit gouverner ce contrat. Or, deux scénarios sont susceptibles de se présenter par
parties aient fait usage de leur autonomie ou non. Henri Batiffol trouve « très admissible
l’idée d’un double système de conflit, tenant compte de la volonté exprimée »40. On
Dans le premier scénario, c’est-à-dire lorsque les parties ont choisi la loi
applicable, on est face à la question de l’autonomie de la volonté, son accueil, son rejet ;
dans le second scénario, en l’absence de choix ou en cas d’inefficacité du choix que les
parties ont fait, il faut recourir aux règles de conflit du for, qui se servent d’autres
Afin de ne pas nous éloigner du fil conducteur du sujet, nous allons exclure le
traitement de certaines questions qui ont des rapports avec celui-ci mais qui ne touchent
matérielle, sauf en ce qui soit indispensable pour comprendre les thèmes visés.
De la sorte, nous écarterons également les limites qui incident sur la loi
applicable au contrat international. Une fois que celle-ci a été identifiée –en cas de
40
BATIFFOL, Henri, Les conflits de lois en matière de contrats. Étude de Droit International Privé
comparé. Paris : Librairie du Recueil Sirey (S.A.), 1938, p. 19. Il propose néanmoins un système unitaire
fondé sur la localisation du contrat, pour donner solution aux problèmes provoqués par le choix tacite.
25
choix ou à défaut de choix–, si c’est une loi étrangère41, il faut que dans son application
elle respecte certaines limites, notamment les lois de police et l’ordre public
international du for.
large pour mériter une recherche à part, elle dépasse clairement notre sujet. C’est
pourquoi elle ne sera pas traitée, sauf en fonction des règles analysées, lorsque pour
mieux les comprendre il s’avère convenable d’en faire référence. Grosso modo, nous
entendrons que la loi du contrat international est celle qui s’applique à la substance et
applicable aux contrats internationaux42, il convient de remarquer que bien que nous
trouvions des règles de conflit sur la manière de déterminer la loi des contrats
41
Du point de vue du for saisi, une loi autre que la lex fori.
42
Supra, p. 9.
43
Conclus lors des deux Congrès Sud-américains de Droit international privé de Montevideo. V. infra, p.
42 et s.
44
Conclu lors de la Sixième Conférence Panaméricaine de La Havane. V. infra, p. 56 et s.
26
Dans le droit proprement « mercosurien », constitué par des conventions
conclues entre les États Membres, certains protocoles et accords45 posant des règles de
juridiction et d’arbitrage ont une incidence plus ou moins directe sur l’identification de
la loi qui doit régir le contrat international. On trouve parmi eux les Accords du
être appliqué pour le résoudre (article 10). Or, l’autonomie de la volonté ne serait
admise que pour les contrats internationaux donnant lieu à des controverses soumises à
système inter-gouvernemental, ce qui fait que ses règles doivent être incorporées dans
les ordres juridiques nationaux, suivant la procédure d’incorporation établie par chacun
En l’absence d’un traité international sur le sujet, il faut recourir aux règles
nationales de Droit international privé des États Membres. C’est pourquoi lesdites
analyses. À cet égard, il nous a été difficile d’accéder aux données jurisprudentielles et
doctrinales sur le Paraguay, ce qui ne pourra que se refléter dans l’extension de nos
45
Nous entendons les termes « traité », « convention », « protocole » et « accord » internationaux comme
synonymes.
46
Deux Accords identiques ont été signés le même jour. La seule différence entre eux ce sont leurs
parties : les États Membres, dans un cas ; ceux-ci plus la Bolivie et le Chili, dans l’autre. Ci-après, ils
seront dénommés « Accords Mercosur », « Accords Mercosur sur l’arbitrage » ou « Accords Mercosur
sur l’arbitrage commercial international ».
47
V. FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « International Contract Rules in Mercosur: End of an Era or
Trojan Horse? ». In : Borchers, Patrick J. et Zekoll, Joachim (éds.), International Conflict of Laws for the
Third Millennium. Essays in Honor of Friedrich K. Juenger. New York : Transnational Publishers, Inc.,
2001, pp. 157-173.
27
commentaires à propos dudit pays. Dans le but d’élargir un peu la perspective des droits
nationaux, nous jetterons aussi un regard sur le Droit international privé de source
interne des États Associés. Or, nous avons éprouvé des difficultés pour accéder au
transfrontaliers. Ils n’ont pas de certitude sur la loi qui, finalement, régira leurs rapports.
hypothèse que tout au long de cette étude nous tenterons de vérifier. Pour ce faire, nous
allons effectuer une analyse des règles sur la détermination de la loi applicable aux
chacun des États Membres du Mercosur (et des États Associés), dans le but de connaître
devra nous permettre de dégager les principes à respecter ou les lignes directrices à
suivre lors de l’adoption par ces pays –dans un futur proche, nous espérons– d’un
28
Afin d’étudier la détermination de la loi applicable au contrat international, nous
allons adopter une perspective dualiste. Il est évident que les règles et les points à
développer seront différents si les parties ont choisi une loi pour régir leur rapport
contractuel que si elles ne l’ont pas fait. C’est pourquoi il s’impose de considérer
d’abord le cas de choix de la loi du contrat international (Ie Partie), et après le cas
29
PREMIÈRE PARTIE
volonté) entendue comme le droit dévolu aux contractants de choisir la loi applicable à
leur contrat international est d’acceptation très répandue dans le monde à l’aube du
XXIe siècle. De plus, nous pouvons dire que la pratique de choisir la loi applicable au
contrat est à l’heure actuelle une habitude des opérateurs du commerce international.
Même si son degré d’accueil peut varier d’un pays à l’autre, la consécration de
l’autonomie de la volonté est une réalité sur le plan du droit positif, tant au niveau des
de La Haye du 15 juin 1955 sur la loi applicable aux ventes à caractère international
d’objets mobiliers corporels, dont le 1er paragraphe de l’article 2nd établit que : « La
vente est régie par la loi interne du pays désigné par les parties contractantes ». Vont
déterminant que « La loi interne choisie par les parties régit le rapport de représentation
48
Ci-après dénommée ainsi ou bien « Convention sur les contrats d’intermédiaires ».
30
22 décembre 1986 sur la loi applicable aux contrats de vente internationale de
marchandises49, selon lequel « La vente est régie par la loi choisie par les parties... ».
Sur le plan des traités réglant les contrats internationaux en général nous
trouvons d’abord la Convention de Rome, qui tient lieu de règle de droit commun sur la
loi applicable aux contrats internationaux dans les États de l’Union Européenne. Elle
consacre l’autonomie avec une portée générale, pour toute obligation contractuelle
comportant un conflit de lois : « Le contrat est régi par la loi choisie par les parties »
(article 3.1.). Ensuite, la CIDIP V, dont l’article 7 accueille le choix de la loi du contrat
dans les mêmes termes que la règle européenne citée. Et même les Accords Mercosur
Parmi les droits nationaux consacrant la loi d’autonomie on fera référence au cas
des droits chilien (Code de commerce, article 113, 2nd paragraphe, in fine), déterminant
que tous les actes relatifs à l’exécution au Chili d’un contrat conclu à l’étranger
los contratantes hubieren acordado otra cosa. »50 51, vénézuélien, dont la Loi de Droit
international privé (article 29), dispose que « Las obligaciones convencionales se rigen
por el derecho indicado por las partes. »52, péruvien (Code civil, article 2095, 1er
expresamente elegida por las partes… »53, et aussi à celui du droit mexicain (Code civil
49
Ci-après dénommée ainsi ou bien « Convention sur la vente ».
50
« ...devront suivre les dispositions des lois de la République, au moins que les contractants aient
convenu autre chose. »
51
Infra, p. 145.
52
« Les obligations contractuelles sont régies par le droit indiqué par les parties ». Infra, p. 149.
53
« Les obligations contractuelles sont régies par la loi expressément choisie par les parties… ». Infra, p.
147.
31
fédéral, article 13-V, in fine), établissant que « …los efectos jurídicos de los actos y
contratos se regirán por el derecho del lugar en donde deban ejecutarse, a menos que
autre pays latino-américain qui reçoit l’autonomie de la volonté c’est le Honduras (Code
l’autonomie dans le Code civil italien l’article 25, 1er paragraphe, statuant que « Le
obbligazioni che nascono da contratto sono regolate dalla legge nazionale dei
contraenti, se è comune ; altrimenti da quella del luogo nel quale il contratto è stato
ressemble à l’article 113, 2nd paragraphe, in fine du Code de commerce chilien que nous
venons de voir57 ainsi qu’à l’article 13 de la Loi brésilienne d’Introduction au Code civil
de 191658, car tous les trois désignent une loi pour régir les obligations contractuelles,
mais son application se verra paralysée si les parties choisissent une autre loi, c’est-à-
54
« Les effets juridiques des actes et des contrats seront régis par le droit du lieu où ils doivent s’exécuter,
au moins que les parties aient valablement désigné l’applicabilité d’un autre droit ».
55
« Les obligations contractuelles sont régies par la loi nationale des parties, si elle est commune ;
autrement, par celle du lieu où le contrat a été conclu. Sauf, dans tous les cas, la volonté contraire des
parties. »
56
Il faut noter que l’article cité a été remplacé par la Loi sur la réforme du système italien de Droit
international privé du 31 mai 1995 qui suit la Convention de Rome. L’article 57 de la nouvelle loi, en
effet, établit que « les obligations contractuelles sont en tous les cas régies par la Convention de Rome du
19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles ».
57
Supra, p. 31.
58
Infra, p. 112.
59
Ibidem.
32
La consécration de l’autonomie de la volonté est également une réalité dans la
jurisprudence de divers pays, parmi lesquels nous prendrons à titre d’exemple la France
et l’Argentine.
n’a été clairement accueillie qu’au début du XXe siècle –c’est dire plus de quatre-vingt
ans avant l’entrée en vigueur de la Convention de Rome– dans l’arrêt American Trading
Company c. Québec Steamship Company, Cass. Civ., 5 décembre 191060 61, où la règle
a été posée que « La loi applicable aux contrats est celle que les parties ont adoptée » et
aucun arrêt postérieur ne l’a remise en cause. La même formule a été reprise par l’arrêt
l’arrêt Estudios Espíndola c. Bollatti, Cristóbal J., Trib. de Paix de 1ère instance, Buenos
Aires, 7 octobre 196964, selon lequel « Pour ce qui est de son contenu et de effets (du
contrat international) il est hors de discussion que le droit applicable est, en premier
60
Ci-après dénommé « American Trading » ; Revue critique de Droit international privé, 1911, p. 395;
Journal du Droit international, 1912, p. 1156; Sirey, 1911, 1, p. 129; Grands arrêts de la jurisprudence
française de droit international privé, 3e éd., n° 11.
61
Infra, p. 37.
62
Ci-après dénommé « Fourrures Renel » ; Grands arrêts de la jurisprudence française de droit
international privé, 3e éd., n° 35 ; Revue critique de Droit international privé, 1959, p. 708, note Batiffol.
63
Infra, p. 159.
64
Ci-après dénommé « Estudios Espíndola » . Cet arrêt a été confirmé par la Chambre Nationale de Paix,
salle III, le 9 avril 1970. V. les deux décisions in El Derecho, T. 33, pp. 26-30.
33
L’autonomie de la volonté est admise dans beaucoup de pays au monde, de telle
sorte que la doctrine la considère déjà une règle universelle65 ou une coutume
est encore controversée dans les pays du Mercosur. Et –tel que le signale Friedrich K.
normatif commun qui fixe des règles spécifiques sur la détermination de la loi
internationaux sous l’angle de la procédure posant des règles plutôt flexibles qui
permet aux parties de choisir le tribunal étatique ou arbitral devant lequel le procès sera
34
de relations de consommation du 22 novembre 199670 établit la compétence générale
d’agir contre l’entrepreneur à d’autres endroits que le Protocole énumère. Enfin, les
Arroyo affirme que « l’autonomie des parties est la pierre angulaire du système
auxquelles des pays membres du Mercosur sont parties, seule la CIDIP V –inspirée sur
ce point par la Convention de Rome– consacre très nettement le droit des parties de
international.
Quant aux règles nationales de Droit international privé des pays mercosuriens,
bien que l’autonomie de la volonté ait été accueillie par la jurisprudence argentine et
de son admission, force est de constater qu’elle n’a pas encore reçu de consécration
70
Disponible sur : <http://www.cari1.org.ar/spanish/mercosur/decisiones/dec1996/dec1096.html>
(consulté le 13.12.2005).
71
FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « International Contract Rules in Mercosur: End of an Era or
Trojan Horse? », op. cit., p. 164.
35
Néanmoins, nous sommes de l’opinion que tôt ou tard l’autonomie de la volonté
devra être acceptée par les États Membres du Mercosur, car non seulement l’évolution
pratique des contractants montre qu’ils exercent de plus en plus leur droit de choisir la
loi destinée à régir leurs contrats, à tel point que l’autonomie est devenue indispensable
problèmes causés par la diversité des systèmes juridiques existants au monde : quel que
soit le tribunal saisi, il sera simple de savoir à l’avance quelle loi il appliquera.
aux contrats internationaux reste encore faible dans les pays du Mercosur, mais aussi de
l’intégration régionale dans le cône sud du continent américain, dans la conviction qu’il
faudra que les États intégrés l’accueillent dans le futur proche, et ayant remarqué que les
parties aux contrats internationaux sont de plus en plus habituées à exercer leur
autonomie conflictuelle, nous examinerons –d’un côté– le degré d’acceptation (ou bien
de refus) de la liberté de choix dans les États Membres et donc la valeur qui serait
reconnue au choix de la loi du contrat international dans chaque ordre normatif (Titre I),
et –de l’autre côté– dans les cas où il serait admis, le choix même et son régime (Titre
II).
36
TITRE PREMIER: LIBERTÉ DE CHOIX
une loi. Par le choix exprès ou implicite d’une loi elles l’« incorporent » au contrat, de
sorte que ladite loi devient une simple clause contractuelle n’ayant que la valeur d’une
stipulation quelconque. À défaut de choix il faut rechercher quelle aurait été la loi
choisie si les contractants avaient pris la peine de penser à en choisir une. Le juge,
examinant les faits et les circonstances de l’affaire, doit chercher ce que « les parties
auraient voulu dans une situation donnée, si elles y avaient pensé »73, c’est-à-dire quelle
aurait été leur volonté hypothétique ou présumée74 sur la loi du contrat. En vertu de la
72
Supra, p. 33.
73
Depuis son arrêt de principe de 1908 (R.G.Z., 161, 296), le Reichsgericht allemand fit un usage
fréquent de la volonté hypothétique. Cf. POMMIER, Jean-Christophe, Principe d’autonomie et loi du
contrat en Droit International Privé conventionnel. Paris : Éd. Economica, 1992. (Collection Droit Civil,
Série: Études et Recherches), p. 81.
74
La Loi d’Introduction du Code civil allemand (E.G.B.G.B.) du 18 août 1896 faisait une place à la
volonté hypothétique des parties quant au choix de la loi applicable au contrat international. Elle a
néanmoins été réformée par la loi du 25 juillet 1986 qui suit la Convention de Rome.
37
l’autorité de toute loi –ce qui reviendrait à l’admission de la figure du « contrat sans
loi » –.
Quelles seraient les conséquences d’une telle conception ? Les parties pourraient
même « geler » le contenu de la loi au moment de son incorporation, de façon que ses
de celui-ci, on ne serait pas portés à penser que les contractants aient voulu ce destin
pour leur contrat ; bien au contraire, on interpréterait qu’ils ont entendu conclure un
contrat valable, qu’en tout cas ils se seraient « trompés » en incluant la règle annulative
parmi les stipulations contractuelles, ce qui nous mènerait à écarter la nullité du contrat.
parties ; de plus, elle souffre d’un défaut intrinsèque d’ordre logique : si la loi choisie
n’est pas appelée à régir le contrat, à quoi ça sert de choisir une loi ? Comme le précise
Jacques Foyer, « Dans la mesure où les contractants peuvent « adopter » les dispositions
d’une loi pour les transformer en stipulations conventionnelles, un accord des parties sur
la loi applicable est proprement inconcevable, parce qu’il est totalement inutile »75.
Partant, la jurisprudence française qui en début du XX° siècle avait accueilli l’approche
subjectivisme que nous venons d’expliquer, avec celle dont on a parlé à propos de
75
FOYER, Jacques, « Le contrat d’electio juris à la lumière de la Convention de Rome du 19 juin 1980 »
. In : L’internationalisation du droit. Mélanges en l’honneur de Yvon Loussouarn. Paris : Éditions Dalloz,
1994, p. 169.
76
V. références supra, p. 22. Infra, p. 40.
38
l’autonomie matérielle77. Tout d’abord, le moment où l’analyse relative à chacune doit
du contrat international ; tandis que pour la seconde on se situe après, car le jeu de
l’autonomie matérielle suppose qu’on ait déjà identifié la loi du contrat international. La
première opère une « contractualisation » de la loi, et de ce fait elle met la volonté des
de la loi sur la volonté des parties, car la loi applicable (ait-elle été désignée par les
parties ou de manière subsidiaire par le législateur) l’est en principe avec toute son
autorité, sauf pour quelque disposition ponctuelle, si les contractants ont incorporé au
contrat une clause de contenu contraire ou s’ils ont accordé qu’elle ne régirait pas leurs
contrat, dans les deux cas nous arriverons au même résultat pro-validité : dans le
saurait pas admettre que les parties aient voulu conclure un contrat nul ; dans le second,
soit parce qu’elles aient accordé que la règle qui détermine la nullité est sans effet pour
leur contrat, soit parce que les clauses contractuelles seraient jugées contraires à ladite
privé.
77
Supra, p. 19.
39
La liberté de choix de la loi applicable au contrat international peut d’ailleurs
être conçue d’une seconde manière qui actuellement jouit d’acceptation générale. Par
opposition au courant subjectif qui prône l’incorporation de la loi au contrat, nous nous
Selon la conception objective les contractants ont la faculté de désigner une loi
pour qu’elle régisse leur contrat. Étant donné que tout contrat doit absolument être
soumis à l’autorité d’une loi, les parties ne sont pas en mesure d’échapper à l’emprise
de la loi qu’elles ont choisie. Les contractants peuvent choisir à quelle loi se soumettre,
mais comme la loi garde sa suprématie par rapport au contrat, ils ne peuvent que
respecter la force coercitive de la loi choisie. Même avant la Convention de Rome dont
l’article 3.1. de la établit que « Le contrat est régi par la loi choisie par les parties »,
l’arrêt français Messageries Maritimes79 posait que « Tout contrat est nécessairement
courant subjectif. Les parties ne seront pas en mesure de choisir certaines règles de la
loi choisie pour s’y soumettre ; elles auront la liberté de désigner la loi mais, une fois
choisie, celle-ci leur sera applicable en bloc80. Elles ne pourront pas non plus cristalliser
78
Sur la théorie de la localisation, v. BATIFFOL, Henri, Les conflits de lois…, op. cit.
79
Supra, p. 38.
80
Et à la totalité du contrat, à moins que l’on n’accepte le dépeçage.
40
l’hypothèse de choix d’une loi qui conduit à la nullité du contrat, elles n’auront pas le
Au fil des analyses qui suivent, nous aurons dans l’esprit cette notion objective
Afin d’examiner à quel degré la liberté de choix de la loi est admise ou rejeté par
les ordres juridiques des États Membres du Mercosur nous traiterons d’abord leurs
internationales auxquelles ils sont parties (Chapitre I), pour nous plonger
41
CHAPITRE I : Sources internationales
touchent d’une façon ou d’autre la liberté des parties de choisir la loi applicable aux
conflit de lois (Section 1), des règles matérielles (Section 2) et des règles de juridiction
Du fait que dans le droit mercosurien il n’y a aucun instrument posant des règles
de choix de la loi applicable dans les Traités de Montevideo (A) et dans le Code
Bustamante (B) ainsi que dans les Conventions de La Haye sur la loi applicable aux
CIDIP V (D), bien que les deux dernières ne soient pas encore en vigueur dans les États
Membres du Mercosur.
A. Traités de Montevideo
Dans le but d’obtenir un corps de règles de conflit de lois communes aux pays de
42
leurs partenaires de la région à un Congrès Sud-américain qui s’est tenu à Montevideo,
Uruguay, en 1888-1889. De ce Congrès sont issus huit Traités sur le Droit civil
ont ratifiés tous, pendant que la Colombie est seulement partie aux trois premiers et à
celui qui porte sur l’Exercice de professions libérales. L’Équateur n’est partie qu’à ce
France, l’Hongrie, l’Italie) ont adhéré au Traité sur la Propriété littéraire et artistique. À
international privé en Amérique Latine le plus proche dans le temps81, les Traités de
nationalité car contraire aux intérêts des pays sud-américains d’immigration, qui
Les Traités de 1889 liaient trois des quatre États Membres entre eux mais aussi
Le Brésil a participé au Congrès ; il n’a cependant pas signé les textes y ayant été
adoptés. La raison de son opposition a été expliqué par le délégué brésilien, Andrade
Figueira : il n’a pas été possible de concilier les règles des Traités avec celles de la
81
Le Traité de Lima sur le Droit international privé du 9 novembre 1878. Suivant les enseignements du
professeur italien P. S. Mancini, ce traité avait adopté la nationalité comme rattachement du statut
personnel.
43
législation brésilienne, spécialement en ce qui touche le statut personnel, la loi du Brésil
Le traitement de la matière des contrats est surtout fait dans le Traité de Droit
méthode se justifie par la doctrine dominante à l’époque, pour laquelle les règles de
internationaux au Titre X sur les actes juridiques (articles 32 à 39), désignant la loi du
lieu d’exécution comme loi du contrat. Rien n’y est dit sur l’autonomie de la volonté ; à
international ne signifie pas que la question n’ait pas été aperçue par les congressistes.
Congrès, le juriste uruguayen Ildefonso García Lagos, a soutenu qu’il fallait consacrer
82
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais: Autonomia da Vontade, Mercosul e Convenções
Internacionais. Atualizado com a Lei de Arbitragem (n° 9.307/96). Rio de Janeiro : Renovar, 1997, p.
144, note 23. Signalons qu’en 1942 le Brésil a quitté le système de la nationalité pour adopter celui du
domicile en matière de statut personnel.
83
HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 226.
44
comme règle générale la liberté de choix de la loi du contrat et seulement comme règle
exposé que pendant quelque temps la Commission avait cru nécessaire d’inaugurer le
loi pour leur contrat ; mais que postérieurement un changement de position s’est
produit, au motif que la liberté des parties ne pouvait pas être absolue car les parties ne
indispensablement être déterminé par une loi. Laquelle ? Celle du lieu d’exécution des
obligations nées du contrat 85. Même le congressiste uruguayen Gonzalo Ramírez avait
l’autonomie de la volonté. Il le faisait dans les termes suivants : « Les contrats sont
régis, quel que soit leur lieu de conclusion, par la loi à laquelle les contractants déclarent
liberté contractuelle »86. Selon Rubén Santos Belandro, la rédaction de l’article était
confuse car sa première partie (« les contrats sont régis, quel que soit leur lieu de
conclusion, par la loi à laquelle les contractants déclarent se soumettre ») était sans
84
Actas y Tratados del Congreso Sud-Americano de Derecho Internacional Privado (Montevideo 1888-
1889), complétés avec des nouveaux documents et compilés systématiquement par Ernesto Restelli, Sous-
secrétaire de Relations Extérieures. Buenos Aires : República Argentina, Ministerio de Relaciones
Exteriores y Culto, Imprenta y encuadernación de la Cámara de Diputados, 1928, p. 264.
85
Actas y Tratados... op. cit., pp. 264-265.
86
Versión originale en espagnol : « Los contratos se rigen, cualquiera que sea el lugar en que se celebren,
por la ley a la cual declaran los contrayentes someterse, siempre que la relación jurídica comprometida en
el acto sea de libre contratación ».
45
doute en faveur de l’autonomie ; cependant sa seconde partie (« pourvu que la relation
l’affirmation qui semblait si nette87. L’auteur du projet d’article cité paraît avoir changé
article, parce que pour qu’il aurait été applicable il aurait fallu déterminer ce qui relevait
executionis88.
impliquait la suprématie de la volonté des parties sur la loi89 et que la meilleure manière
de faire prévaloir la loi sur la volonté90 était d’appliquer au contrat celle du lieu
d’exécution. À la fin des délibérations, le courant l’a emporté selon lequel pour savoir si
un contrat est valable il faut consulter la loi du lieu où il devra être exécuté, ce qui serait
incompatible avec une volonté érigée en loi suprême, d’où la conclusion était tirée que
Or ce raisonnement repose sur des idées erronées. En effet, pour conclure que la
règle unique doit être l’application de la loi du lieu d’exécution, il a été entendu que
de toute loi. Toutefois, ceci n’est pas nécessairement vrai car on peut bien reconnaître
l’autonomie et que les parties soient obligées à respecter la loi qu’elles ont elles-mêmes
choisie. Il paraît avoir été également entendu que la seule manière d’assurer la
suprématie de la loi sur le contrat était de soumettre ce dernier à la loi de son lieu
87
SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales..., op. cit., p. 43.
88
Actas y Tratados... op. cit., p. 265.
89
Supra, pp. 37-39.
90
Supra, p. 40.
46
d’exécution. Néanmoins, cette suprématie pourrait de toutes façons se maintenir
acceptant que les parties choisissent à quelle loi se soumettre. Si au lieu d’avoir conçu
à la loi et donc d’une supériorité de celle-ci par rapport à la volonté privée, on aurait
toujours dû respecter les limites imposés par l’ordre public (soit-il celui de la lex fori, ou
Mais finalement, dans le texte approuvé on ne trouve aucune trace dudit article 6
ni de l’autonomie des parties pour choisir la loi applicable non plus : il ne la consacre ni
l’interdit. Or le manque de toute référence à la liberté de choix peut être interprété, d’un
celle-ci.
logique » des Traités de 1889 : comme on ne saurait pas présumer ce qui n’est pas dit
par la règle juridique, et que les Traités ne disent absolument rien sur le choix de la loi
applicable, on ne peut que le considérer interdit. Ils sont de l’avis que des Actes du
91
OPERTTI BADÁN, Didier et FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, Contratos Comerciales
Internacionales. Últimos desarrollos teórico-positivos en el ámbito internacional. Montevideo :
Fundación de Cultura Universitaria, 1997, pp. 17-18. HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p.
230.
92
GOLDSCHMIDT, Werner, Suma del Derecho Internacional Privado, 2e édition. Buenos Aires :
Abeledo Perrot, 1961, p. 83. WEINBERG, Inés M., « Contratos internacionales », Revista Jurídica
Argentina « La Ley », 1984-C, p. 918, et « Los contratos internacionales y los tratados », El Derecho,
1998, t. 175, p. 659. FELDSTEIN DE CÁRDENAS, Sara L., Contratos internacionales. Contratos
celebrados por ordenador. Autonomía de la voluntad. Lex mercatoria. Buenos Aires : Abeledo-
Perrot,1995, p. 97, paraît adopter cette thèse.
47
Congrès et des commentaires des délégués y ayant participé ne s’ensuit pas la réception
s’agissant d’une règle de conflit de lois dont le pouvoir régulateur appartient à l’État
silence de la loi comme autorisation pour que ce soient les parties qui donnent solution
au conflit de lois.
admise. La thèse de son accueil tacite ou implicite par le Traité de Droit civil
conventionnel n’a pas interdit aux parties de choisir une loi autre que celle désignée par
ses articles pour régir leur contrat, et ce qui n’est pas interdit doit s’entendre permis. Les
auteurs considèrent que l’autonomie ne peut pas être niée, pour quoi ils se fondent sur
que « Aucun habitant de la Nation ne sera obligé à faire ce que la loi n’ordonne pas, ni
conséquence et les traités avec des États étrangers sont la loi suprême de la Nation ». Le
Traité de Droit civil international est donc loi suprême de la Nation, et comme il
n’interdit pas l’autonomie de la volonté, celle-ci doit s’entendre admise. Au moins cette
interprétation du Traité est celle que devrait faire la justice étatique argentine. Encore
93
OPERTTI BADÁN, Didier et FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, op. cit., p. 18.
94
Conclusion 3, a) adoptée par la Commission N° 7 de Droit International Privé, des X Jornadas
Nacionales de Derecho Civil, Corrientes, Argentine, août 1985. À l’occasion de ces Journées :
ALBORNOZ, Jorge R., « La autonomía de la voluntad como punto de conexión ». BOGGIANO,
Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, pp. 769-770.
48
présentent-ils un argument additionnel : dans le Traité même, au Titre XI, l’autonomie
l’article 41, à défaut de capitulations spéciales, en tout ce qu’elles n’aient pas prévu et
en tout ce qui n’ait pas été interdit par la loi de situation des biens, les relations des
époux sur lesdits biens se régissent par la loi du domicile conjugal que, de commun
accord, les futurs époux auraient fixé avant la célébration du mariage. Un rôle est donc
reconnu à la volonté des époux, qui ont la liberté de choisir le pays où ils établiront leur
domicile conjugal. Si l’autonomie de la volonté est admise dans une matière si limitée
par des interférences étatiques que celle des capitulations matrimoniales, on ne voit pas
D’après nous, c’est la seconde interprétation qui doit prévaloir, dans le sens que
international de 1889. Nous avons vu que la liberté de choix de la loi n’y a pas été
incorporée de façon expresse parce que dans les discussions menées au sein de la
Commission de Droit civil du Congrès sur le sujet, l’autonomie a été envisagée comme
n’est pas ébranlée par le seul fait que l’on permette aux parties de choisir à quelle loi
soumettre leur contrat. La valeur des antécédents pris en compte par les partisans de la
sous cet angle que relative, ne nous autorisant pas à conclure que la liberté de choix soit
95
Cf. ALBORNOZ, Jorge R., FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P. et STAGNARO de CHRISTE, Ana
María C., « Límites a la autonomía de la voluntad en el Derecho Internacional Privado argentino », III
Jornadas Argentinas de Derecho y Relaciones Internacionales du 8 au 10 octobre 1986, Universidad de
Belgrano, Buenos Aires, Argentine.
49
rejetée par le traité en question. Au contraire, son silence n’importe pas de négation de
loi au contrat : les parties seront admises à choisir la loi du contrat international mais
qu’autorisation aux parties pour solutionner elles-mêmes le conflit de lois, pendant que
c’est l’État qui détente le pouvoir régulateur, éclairons qu’il ne s’agit pas d’autoriser les
particuliers à jouer le rôle de l’État comme législateur qui élabore une règle de conflit.
C’est toujours l’État qui dicte la règle de conflit, bien que dans le cas de ce traité la
volonté des parties n’intervient que comme facteur de rattachement de ladite règle de
conflit de lois ; elle ne s’exerce pas au moment de la création de la règle de conflit, mais
Il faut avoir présent qu’un traité international peut être interprété et donc
choix dans le Traité de Droit civil international de 1889, et si un juge argentin était saisi
dans une affaire mettant en cause l’autonomie de la volonté, il est très probable qu’il
De toutes manières, bien que les Traités de 1889 soient toujours en vigueur dans
Pérou, et de ces trois derniers pays entre eux, la question manque de relevance pratique
à l’heure actuelle dans les rapports entre les États Membres du Mercosur, parce que ces
50
Traités ont été réformés et ce sont leurs nouvelles versions qui obligent réciproquement
d’années après, en 1939-1940, pour réviser les Traités issus du Congrès de 1888-1889.
Les textes élaborés par le Second Congrès sont huit traités sur le Droit civil
professions libérales, plus un Protocole Additionnel. Les quatre premiers ainsi que celui
Paraguay et l’Uruguay, et remplacent dans leurs rapports les Traités similaires de 1888-
1889 ; ils sont toujours en vigueur. Le reste des Traités (sur le Droit pénal international,
l’Uruguay.
En vérité, peu de réformes substantielles ont été faites aux Traités de 1888-1889.
Quant au Brésil, encore une fois, il a participé mais il n’a pas signé les
96
MAEKELT, Tatiana B. de, Normas generales de derecho internacional privado en América. Caracas :
Universidad Central de Venezuela, 1984, p. 39, citée par Diego P. Fernández Arroyo, Derecho
Internacional Privado Interamericano. Evolución y perspectivas. Buenos Aires : Rubinzal-Culzoni
Editores, 2000, p. 41. Mexico : Miguel Ángel Porrúa Grupo Editorial, Universidad Anáhuac del Sur,
2003.
97
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais…, op. cit., pp. 147-148.
51
rattachement pour régir le statut personnel, tandis que la loi brésilienne suivait le critère
La matière des contrats est présentée comme dans les Traités de 1889, dans le
Titre du Traité de Droit civil international dédié aux actes juridiques (Titre XI, articles
commerciaux ont été réparties entre le Traité de Droit commercial terrestre international
conflit de lois proposée par les règles de 1940 reste la même que celle de 1889 : les
manifestait qu’une bonne partie de la doctrine internationale était tombée dans l’erreur
de ne pas avoir aperçu que l’autonomie de la volonté est une notion « absolument
faire comme principe de solution des conflits de lois, qui sont des conflits entre les
98
La conception des conflits de lois comme des conflits entre souverainetés est largement abandonnée
aujourd’hui en Europe, sous l’influence notamment de Batiffol.
52
d’application que dans la sphère délimitée par la règle de droit compétente au niveau
Protocole Additionnel d’une règle d’interprétation valable pour tous les Traités,
conventionnelle en vigueur, de façon que le contrat soit régi par la loi du lieu
d’exécution « sans préjudice de la volonté des parties ». L’ajout de cette phrase aurait
Commission de Droit civil du Congrès sous prétexte que l’extension de la volonté des
parties étant livrée à la loi compétente, elle n’était pas un problème de Droit
international privé mais du Droit interne de chaque pays. Selon le rapporteur, ledit rejet
Nous pourrions dire que c’est la position argentine qui l’a emporté, car bien
qu’on n’ait pas fait de référence générale à la volonté des contractants comme
rattachement déterminant la loi applicable, une place lui a quand même été faite à
99
Segundo Congreso Sudamericano de Derecho Internacional Privado de Montevideo, 1939-1940,
Montevideo. Buenos Aires : Facultad de Derecho y Ciencias Sociales, Instituto Argentino de Derecho
Internacional, Imprenta de la Universidad, 1940, p. 277.
100
Idem, p. 286.
53
juridiction ni la loi applicable selon les respectifs Traités, ne peuvent être modifiées par
L’article 5 cité paraît nier la liberté de choix de la loi. Certains auteurs y trouvent
absolue, car l’autonomie de la volonté est admise dans la mesure où le permet la loi
compétente selon les règles des Traités. Véritablement, l’article en considération ne fait
que laisser à la loi applicable désignée par les règles de conflit des Traités la faculté de
l’accueillir ou non, et en cas d’accueil par la lex contractus, les Traités admettront ou
1940 opère un renvoi aux règles de Droit international privé de la loi applicable 103. Si la
loi applicable d’après les règles des Traités est la loi argentine, étant donné que le Droit
international privé argentin admet l’autonomie, il faudra accorder aux parties le droit de
choisir à quelle loi se soumettre. Mais du fait que ni le Droit international privé de
seul cas où l’autonomie sera admise est celui dans lequel les Traités désignent la loi
argentine comme loi compétente104. Nous devons seulement considérer comme lois
La dernière affirmation s’explique car les Traités de Montevideo ne sont pas des
54
Convention de Rome dont l’article 2 établit que « La loi désignée par la présente
convention s’applique même si cette loi est celle d’un État non contractant ». Au
contraire, Werner Goldschmidt entend que « Les Traités de Montevideo sont des traités
communs et ne constituent pas des traités universels. Cela signifie que lesdits traités non
(sic) seulement sont appliqués exclusivement par les pays où ils sont en vigueur et
seulement à des cas en provenance des pays où ils sont en vigueur ; si, en revanche, les
Traités avaient été universels, bien qu’à l’évidence ils n’auraient aussi été appliqués que
par les pays dans lesquels ils sont en vigueur, ils trouveraient application dans n’importe
quel cas, quel que soit le pays de provenance de ce cas. » 105. Ça montre que l’existence
d’un Droit international privé de source nationale en matière contractuelle dans chacun
des pays signataires des Traités de Montevideo n’est pas oiseuse. Loin de là, elle est
Additionnel puisse être mis en œuvre ; ensuite, pour régir les cas qui ne tombent pas
dans le champ d’application des Traités, les cas en provenance des pays qui n’y sont pas
parties. Ces observations sont même valables pour le cas de l’Uruguay, qui a adopté des
dispositions des Traités de Montevideo en tant que Droit international privé interne,
notamment les articles 2093 à 2405 de l’appendice du Code civil, loi 10.084 du 3
décembre 1941.
contrats internationaux au niveau des Traités de Montevideo, dont l’accueil était large
considérablement restreinte dans ceux de 1940. Et ce sont ces derniers qui comptent le
105
GOLDSCHMIDT, Werner, « Droit international privé latino-américain », Journal du Droit
International, 1973, N° 1, 100e Année, p. 68.
55
plus aux fins de notre étude, car ils sont actuellement en vigueur entre l’Argentine, le
Le membre restant, le Brésil, qui comme nous l’avons avancé n’a signé aucun
bipolarité Traités de Montevideo – Code Bustamante, fondée surtout sur les prétentions
des États d’être protagonistes et sur leur attachement aux solutions nationales, a
B. Code Bustamante
Sixième de ces Conférences, qui s’est tenue à La Havane en 1928, le Code Bustamante
106
Cf. FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., Derecho Internacional Privado Interamericano..., op. cit., p.
35. Et du même auteur, La Codificación del Derecho Internacional Privado en América Latina. Ámbitos
de producción jurídica y orientaciones metodológicas. Madrid : Universidad Complutense de Madrid,
EUROLEX, Editorial Beramar, 1994, p. 134. V. également SAMTLEBEN, Jürgen, Derecho
Internacional Privado en América Latina. Teoría y Práctica del Código Bustamante. Buenos Aires :
Ediciones Depalma, 1983, vol. I, Parte General, p. 46.
107
Pour une relation des différentes Conférences Panaméricaines, v. SAMTLEBEN, Jürgen, op. cit., p. 26
et s.
108
SÁNCHEZ DE BUSTAMANTE Y SIRVÉN, Antonio, Proyecto de Código de Derecho Internacional
Privado. La Habana : Imprenta “El Siglo XX”, 1925.
56
ouvrage constitue un code global de Droit international privé qui, comme le signale
Le Code Bustamante a été souscrit par vingt des vingt et un États qui ont
conférence, ils n’ont pas approuvé le texte, invoquant qu’il manquait à l’Union de
compétence législative sur des questions réservées aux États fédérés. Cependant, Jürgen
Samtleben signale sur ce point que les véritables raisons de cette conduite sont plutôt
dans la jurisprudence ni dans la doctrine nord-américaines, malgré quoi elle fut utilisée
comme excuse pour rejeter ce traité international. La raison principale du rejet a été la
divergence entre les systèmes juridiques du « civil law » inspirant le Code Bustamante,
une attitude réservée face à l’idée d’un rapport étroit avec les États de l’Amérique
Latine110.
109
PEREZNIETO CASTRO, Leonel, « Las influencias recíprocas entre la codificación interamericana y
los sistemas estatales de Derecho internacional privado », El Derecho internacional privado
interamericano en el umbral del siglo XXI, Sextas Jornadas de Profesores de Derecho internacional
privado, 1er et 2 décembre 1995, Ségovie, Espagne. Madrid : Departamento de Derecho internacional
público y de Derecho internacional privado de la Universidad Complutense de Madrid, EUROLEX, S.L.,
1997, p. 250.
110
SAMTLEBEN, Jürgen, op. cit., p. 70 et s.
57
Des pays signataires, quelques-uns ne l’ont pas ratifié ; c’est le cas notamment
l’ayant ratifié a fait des réserves au texte du Code –comme le Chili et la Bolivie–. En
effet, juste sept États l’ont ratifié sans formuler aucune réserve : le Cuba, le Guatemala,
par opposition au très significatif impact sur le plan théorique dont il a joui autour du
monde. Quant à son impact pratique dans le Mercosur, notons que malgré sa signature
par tous les États Membres, seul le Brésil l’a ratifié, bien qu’avec des réserves. Il est
toujours en vigueur là-bas. La Bolivie, le Chili, l’Équateur et le Pérou ont, eux aussi,
signé et ratifié le Code –les deux derniers, comme nous venons de le voir, sans
réserves–. S’ils n’ont pas la qualité d’États Membres du Mercosur, ils ont pourtant celle
d’États Associés qui pourraient, peut-être, dans le futur, devenir des membres pleins.
Pasquale Stanislao Mancini, très différents de ceux qui étaient généralement acceptés en
Amérique Latine, surtout car cette école prônait la nationalité comme rattachement pour
régir le statut personnel. Dans le but d’élaborer un texte susceptible d’être accepté par
transactionnelles, ce qui a entraîné des ambiguïtés et lui a fait perdre en clarté. C’est
conception originaire d’Antonio Bustamante les lois personnelles s’identifiaient avec les
lois nationales111, la version dudit article finalement approuvée définit la loi personnelle
111
Cf. SAMTLEBEN, Jürgen, op. cit., p. 208.
58
comme celle de la nationalité, celle du domicile, ou bien celle déjà adoptée ou qui soit
adoptée dans le futur par la législation interne de l’État qui en fait application.
comme appropriée pour régir le statut personnel, et que ceux qui avaient autrefois
adopté la loi nationale, ont déjà changé leur critère, s’inclinant pour la loi du domicile.
C’est par exemple ce qui est arrivé au Brésil en 1942. En tout cas, la question est laissée
à la liberté régulatrice des États parties, et c’est probablement là que réside la cause la
La matière des contrats internationaux est traitée au Livre I, dédié au Droit civil
international, Titre Quatre sur les obligations et les contrats. Aux Chapitres I et II dudit
Titre (articles 164 à 186) on trouve des règles sur les obligations en général et sur les
L’article 185 sur les contrats d’adhésion pose que « …dans les contrats
d’adhésion, en l’absence de volonté expresse ou tacite, la loi de celui qui les offre ou
prépare est présumée acceptée ». Bien que cette règle fasse une place à l’autonomie de
Mais la règle générale sur la loi applicable aux contrats internationaux désigne la
loi personnelle commune des contractants et, à défaut de celle-ci, la loi du lieu de
conclusion (article 186). Absolument rien n’y est dit sur la possibilité pour les parties de
Nádia de Araújo estime que dans ses commentaires du Code, son propre auteur a
laissé entrevoir qu’il acceptait la liberté de choix de la loi du contrat, malgré le silence
59
du texte conventionnel sur ce point. Elle interprète cependant ce silence dans le sens
peuvent conduire (notamment l’article 185), le Code Bustamante n’a pas accueilli
internationaux. Et l’argument principal n’est pas le silence du texte, mais la façon dont
les lois d’ordre public interne ou lois personnelles, ensuite les lois d’ordre public
international ou lois territoriales et enfin les lois d’ordre privé, lois volontaires ou lois
supplétives. Sont des lois personnelles celles qui suivent les personnes et qui
s’appliquent en raison de leur domicile ou de leur nationalité114 (N° I). Les lois
territoriales obligent toutes les personnes qui résident dans le territoire d’un État (N° II)
comme, par exemple, les lois relevant du Droit constitutionnel. Finalement, les lois
volontaires sont définies comme les lois qui seulement s’appliquent moyennant
sphère du droit supplétif et devait toujours respecter les lois impératives qui
112
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 155.
113
Dans cette classification tripartite des lois on aperçoit clairement l’influence des idées de l’école
italienne de Mancini.
114
Cette définition se correspond avec le critère adopté par l’article 7 cité supra, pp. 58-59, pour
déterminer la loi personnelle.
60
d’ « autonomie de la volonté » en tant que fondement des lois d’ordre privé, mais d’
« autarcie personnelle », une autarcie personnelle qui comprenait la liberté des parties
de créer le contenu de leur contrat, mais aussi la liberté de déterminer la loi applicable,
dérivée de la liberté de création. Cette dérivation se faisait tout naturellement parce que
si les parties pouvaient –dans leur dessin du contenu du contrat– copier les dispositions
d’une loi étrangère, il n’y avait pas de motif pour leur nier le droit de choisir
directement l’application de telle loi. Jürgen Samtleben élucide qu’il ne s’agissait pas du
choix conflictuel d’une loi dont les dispositions impératives seraient aussi applicables
une telle autonomie de la volonté ne devrait pas être prise comme règle de Droit
droit substantif puisqu’elle est une émanation de la liberté créatrice du Droit privé116.
Partant, si dans le Code Bustamante –qui, répétons-le, est du droit positif dans
un des États Membres du Mercosur, le Brésil– l’autonomie est ainsi conçue, on est loin
de pouvoir affirmer que ce corps de règles accueille la liberté des contractants pour
volonté s’oppose à l’admission (même restreinte) qui en font les Traités de Montevideo
115
SAMTLEBEN, Jürgen, op. cit., p. 224.
116
Cf. avertissement des États du Plata lors des discussions préliminaires, Actas (1927), p. 108 et s., p.
385 et s., p. 453 et s., citées par SAMTLEBEN, Jürgen, op. cit., p. 225.
117
Supra, p. 56.
61
À différence du Code Bustamante, certaines conventions de La Haye accueillent
l’autonomie de la volonté, permettant aux parties de choisir la loi qui doit régir leur
contrat international
C. Conventions de La Haye
entre l’Argentine, la France, les Pays-Bas et le Portugal, tandis que la Convention sur la
vente n’est pas encore entrée en vigueur sur le plan multilatéral. Ce traité n’a été ratifié
que par l’Argentine, tandis que les Pays-Bas, la République Slovaque et la République
justifions leur inclusion ici, même si l’une d’elles n’est pas encore en vigueur, parce que
l’Argentine –État Membre du Mercosur– en est partie et, conséquemment, toutes les
(la Convention sur la vente fait partie du droit positif argentin, malgré le fait de ne pas
être encore obligatoire face au reste des pays signataires). Au surplus, elles accueillent
118
Données sur l’état actuel de ces conventions disponibles sur le site web de la Conférence de La Haye :
<http://www.hcch.net/index_fr.php?act=text.display&tid=25> (consulté le 13.12.2005).
62
l’autonomie de la volonté des contractants dans le champ de l’intermédiation et de la
vente de marchandises.
C’est ainsi que la Convention sur les contrats d’intermédiaires fait régir les
relations entre le représenté et l’intermédiaire par la loi de leur choix : « La loi interne
la vente détermine que : « La vente est régie par la loi choisie par les parties » (1ère
Des règles aussi claires que celles-ci ne laissent aucun doute sur leur admission
du choix de la loi du contrat effectué par les parties. Le fait que ces deux conventions
apparition.
D. CIDIP V
119
Pour un panorama de l’état de l’autonomie dans le Droit international privé argentin de source interne,
infra, p. 92 et s.
63
Interaméricaine de Droit international privé, a été souscrite par la Bolivie, le Brésil, le
Mexique, l’Uruguay et le Venezuela. Elle n’a à présent été ratifiée que par le Mexique
et le Venezuela, seuls pays où elle est par conséquent en vigueur –dès le 15 décembre
1996–120.
Bien qu’elle ne soit pas encore du droit positif dans aucun des États Membres du
Mercosur, elle revêt une importance singulière attendu que, du côté des États
participants, elle a été signée par le Brésil et l’Uruguay ainsi que par la Bolivie et le
Venezuela qui sont des États Associés –elle est en vigueur dans ce dernier État–, et du
côté de son contenu, elle apporte des solutions entièrement innovatrices pour cette
région du globe.
1er paragraphe de l’article 7, dans les termes suivants : « Le contrat est régi par la loi
choisie par les parties. » Une telle déclaration, identique à celle de l’article 3.1. de la
Convention de Rome, est si précise qu’elle ne donne lieu à aucun doute : l’autonomie de
traditionnellement territorialistes.
120
Cf. l’Organisation des États Américains. Disponbile sur :
<http://www.oas.org/main/main.asp?sLang=S&sLink=http://www.oas.org/documents/spa/documents.asp
> (consulté le 15.12.2005).
64
Le territorialisme régnant prônait l’application de la loi du domicile au statut
personnel. Ce courant était déjà présent dans la législation de l’Espagne pour ses
ont reçu d’importants flux migratoires en provenance de pays qui, comme l’Italie, par
exemple, faisaient régir le statut personnel de ses ressortissants par la loi nationale. Le
moyen utilisé afin de leur appliquer la loi des nouvelles nations a été l’adoption du
lex fori –sa propre loi– au statut personnel de l’étranger, même si le juge du pays de
provenance de cet étranger aurait à son tour appliqué sa propre loi en tant que loi
nationale du sujet122.
effets de tout contrat dont le lieu d’exécution se situe au Chili sont soumis à la loi
chilienne. Il y a une règle expresse sur les contrats conclus hors du territoire chilien : le
1er paragraphe de l’article 113 du Code de commerce chilien. Il dispose que « Tous les
Chili, sont régis par la loi chilienne… ». Quant aux contrats conclus au Chili, l’arrêt
“Banco de Tacna c. Espada y Donoso Hnos.” rendu par la Court Suprême le 9 décembre
121
Cf. PEREZNIETO CASTRO, Leonel, « La tradition territorialiste en Droit international privé dans les
pays d’Amérique Latine », Recueil des Cours Académie de Droit International, 1985, I, t. 190, p. 271.
122
Cette différence peut entraîner des problèmes au moment de demander la reconnaissance d’un arrêt
rendu par un de ces juges, dans le pays de son collègue étranger.
65
1930123 a établi le principe de leur soumission à la loi chilienne, même dans les
du droit chilien, ses tribunaux sont de plus en plus enclins à admettre l’autonomie de la
volonté.
établir le libre commerce entre eux jusqu’assez récemment124 est l’une des causes de
V est une véritable nouveauté pour l’Amérique Latine et la met au même niveau que
entraîné, depuis des années, l’attribution aux parties du droit de choisir la loi du contrat.
Notons que la loi déterminée suivant les règles de la CIDIP V, tant en cas de
choix des parties qu’à défaut de choix, s’appliquera au contrat « même si cette loi est
celle d’un État qui n’est pas partie à cette Convention » (article 2). Cette règle, prise de
internationale de marchandises, proclame l’universalité des traités dans lesquels elle est
parties ont choisi la loi anglaise, le juge mexicain soit tenu d’appliquer la loi choisie
123
Revista de Derecho, Jurisprudencia y Ciencias Sociales, 1931, vol. 28, 2ª parte, sec. 1, p. 406 et s.,
cité par Boggiano, Antonio, Contratos internacionales..., op. cit., p. 9, ainsi que par El Derecho
Internacional Privado ante la jurisprudencia chilena. Santiago, Chili : Editorial Nascimento, 1943, p.
145.
124
La création du Mercosur date de 1991. Supra, p. 9.
125
JUENGER, Friedrich K., « Contract Choice of Law in the Americas », op. cit., p. 196.
66
parce qu’ainsi l’indique la CIDIP V ; ni le juge saisi ni aucune des parties ne pourront
ébranler l’application de la loi anglaise sous prétexte que le Royaume Uni n’est pas
observe que ce genre de dispositions n’est pas habituellement utilisé dans la codification
La CIDIP V tient lieu de Droit international privé commun aux États où elle
entre en vigueur, ses règles « se substituent à celles de chaque système étatique, qui
conservent juste un rôle subsidiaire »128. Bien entendu que cette substitution s’opère
dans les États ayant signé et ratifié la Convention et strictement en ce qui concerne leurs
rapports avec les autres États parties touchant les questions que celle-ci règle.
À supposer que dans le futur tous les États Membres du Mercosur incorporent la
largement accueillie et ferait partie de leur droit positif. Par ailleurs, du point de vue de
normes de chaque système dans les relations entre États parties. Dans les pays tenus par
l’Uruguay–, comme dans celui qui a adopté le Code Bustamante –le Brésil–, même les
67
Pourquoi ? Parce que ces traités n’ont pas été conclus dans le contexte d’un processus
sur son même objet auxquelles un État partie soit déjà ou dans le futur partie,
sensu, la CIDIP V va prévaloir sur les traités qui ne relèvent pas de l’intégration
régionale, à moins que l’État en question ait fait une réserve à l’article 2130.
Comme nous l’avons annoncé au début du présent Chapitre, parmi les normes
internationaux, on trouve dans la région des règles de conflit de lois mais aussi des
La plus typique des conventions posant des règles matérielles, et la seule dont
des États mercosuriens sont parties, c’est la Convention des Nations Unies sur les
Les règles à caractère substantiel qu’elle contient sont spécialement adaptées à la nature
multinationale des contrats compris dans son champ d’application. Ces règles
130
Une telle réserve ne serait faisable que si on la considère compatible avec l’objet et le but de la
Convention (art. 21).
131
Ci-après dénommée « Convention de Vienne » ou « CVIM ».
68
constituent du droit uniforme en matière de vente internationale de marchandises entre
A. Convention de Vienne
internationaux qui, dans le cône sud de l’Amérique Latine, touchent l’autonomie des
parties aux contrats internationaux. Notre propos ici n’est pas d’en faire une analyse
l'application de la présente Convention ou, sous réserve des dispositions de l'article 12,
déroger à l'une quelconque de ses dispositions ou en modifier les effets ». Ceci veut dire
que toutes les règles de la convention sont dispositives, les contractants peuvent en
autonomie prime sur les normes conventionnelles, lesquelles peuvent être exclues
totalement ou partiellement. On trouve ici une ligne de continuité avec la Loi uniforme
sur la vente internationale des objets mobiliers corporels faite à La Haye le 1er juillet
132
V. la liste d’États parties sur la page d’internet d’Unilex. Disponible sur :
<http://www.unilex.info/dynasite.cfm?dssid=2376&dsmid=13351&x=1> (consulté le 15.12.2005).
133
Cf. BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 740.
69
1964, dont l’article 3 prévoyait l’effet dérogatoire de la volonté des parties sur ses
règles.
cependant pas possible d’exclure l’article 12 selon lequel toute disposition autorisant
une forme autre que l’écrite cesse de s’appliquer dès lors qu’une des parties de la vente
internationale a son établissement dans un État contractant ayant fait la déclaration que
l’article 96 permet aux États dont la législation exige que les contrats de vente soient
application concrète du principe général de Droit international privé qui consiste à leur
droit de désigner la loi la plus adaptée à leurs besoins, droit que la Convention de
contrat sera régi par la CVIM ou par le droit interne d’un État135.
ou expresse, et ses effets en matière de détermination de la loi du contrat sont réglés par
la volonté des parties ou bien par les règles de Droit international privé136. Malgré le
134
L’Argentine et le Chili ont fait la déclaration de l’article 96 ; pas la Colombie, l’Équateur, le Pérou ni
l’Uruguay.
135
Cf. FERNÁNDEZ DE LA GÁNDARA, Luis et CALVO CARAVACA, Alfonso-Luis, Derecho
Mercantil Internacional, 2e édition. Madrid : Editorial Tecnos, 1995, p. 601.
136
Cf. ADAME GODDARD, Jorge, El contrato de compraventa internacional. Mexico : Universidad
Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Jurídicas, McGraw-Hill, 1994. (Série G:
Estudios Doctrinales, N° 153), p. 59.
70
y est admise137, et que ce silence est fondé par le désir d’empêcher les tribunaux
d’exclure trop facilement les règles uniformes138. La volonté tacite d’exclusion –qui doit
quand-même être réelle–, peut par exemple être aperçue dans la désignation par les
parties d’une loi pour régir leur contrat de vente, si la loi choisie est celle d’un État non
contractant. Néanmoins, il n’y a pas d’exclusion lors du choix de la loi d’un État partie
à la CVIM –sans référence aux règles de source interne–, car la Convention de Vienne
différent des règles conventionnelles sera prise comme une exclusion tacite partielle ou
bien comme une modification des effets des règles en question. L’exclusion expresse
peut être assortie ou non de la désignation de la loi applicable à la vente. Si les parties
n’ont pas fait de choix, la loi du contrat sera identifiée à l’aide des règles de conflit
contexte juridictionnel dans lequel ce contrat s’insère. Le juge est un organe de son État
et cet État l’investit du pouvoir de « juris dictio » ou de « dire le droit » ; le juge a donc
un for. En conséquence, lorsque le juge est saisi d’un litige né à propos d’un contrat
international, il va chercher dans son propre Droit international privé, soit-il de source
internationale s’il y en a et le cas d’espèce est compris dans son champ d’application,
137
FERRARI, Franco, La compraventa internacional. Aplicabilidad y aplicaciones de la Convención de
Viena de 1980, traduction d’Albert Lamarca I Marquès. Valencia, Espagne : Tirant Lo Blanch, 1999, p.
190 et s.
138
Idem, p. 192.
71
soit-il de source interne en cas contraire, la règle de conflit désignant la loi applicable au
contrat. Ce passage obligé par la loi du for a une incidence significative sur la loi à
laquelle le contrat international sera finalement soumis parce que la règle de conflit du
même affaire appartient à un autre État, sa propre règle de conflit peut bien le mener à
appliquer une loi différente. La diversité des solutions pour le même litige selon le pays
du juge saisi, est susceptible de se présenter aussi entre États parties à une même
conventionnelle que fait l’un de ces deux juges ne coïncide pas avec celle qu’en fait
l’autre.
à la juridiction d’un juge autre que celui qui normalement correspondrait selon les
normes juridictionnelles en jeu. Si elles sont en mesure de choisir n’importe quel juge –
c’est-à-dire le juge d’un État quelconque–, avec les conséquences que ledit choix peut
avoir sur la loi à appliquer à leur contrat, elles devraient pouvoir également choisir
directement la loi qui les régit. En effet, celui qui peut le plus, peut le moins139.
d’un arbitre ou d’un tribunal arbitral qui devra résoudre leurs différends. Comme
l’arbitre ne doit pas son pouvoir de décision à aucun État en particulier sinon aux parties
139
Pareil raisonnement a été suivi par la doctrine et la jurisprudence argentines, ayant admis l’autonomie
de la volonté conflictuelle à partir de l’article 1er du Code de procédure civile et commerciale de la Nation
que reçoit la prorogation de juridiction internationale.
72
mêmes, il n’a pas de for. Il n’est pas obligé, en principe, de consulter les règles de
conflit sur les contrats internationaux d’aucun pays. Sa façon d’agir dépendra de ce que
les parties aient prévu. Spécialement, la loi qu’il appliquera au fond du litige contractuel
sera celle voulue par les parties ou celle qu’il trouve la plus appropriée si les parties lui
faveur d’un juge étatique, et aussi lorsqu’elles la prorogent en faveur d’un arbitre, elles
exercent d’une manière ou d’autre leur liberté de choisir la loi qui régira leur contrat.
C’est pourquoi dans ce panorama de la liberté de choix de la loi applicable aux contrats
internationaux dans les pays du Mercosur, on n’a pas voulu éviter de mentionner les
deux instruments les plus significatifs en matière de juridiction pour des litiges
17 décembre 1991 modifié par le Protocole d’Olivos du 18 février 2002140, car son
champ d’application ne comprend que les litiges entre États Membres du Mercosur ou
bien entre un particulier et un État Membre (les litiges entre particuliers n’y sont pas
la juridiction internationale en matière contractuelle (A) et, les contrats étant essentiels
140
Le Protocole d’Olivos est entré en vigueur le 10 février 2004. Disponible sur :
<http://www.sice.oas.org/trade/mrcsr/olivos/polivos_s.asp> (consulté le 21.12.2005).
141
V. références supra, p. 35.
73
une évolution vers l’accueil de l’autonomie de la volonté quant au choix de la loi qui
contractuelle souscrit par les quatre États Membres du Mercosur le 5 août 1994142 est
comme « Règlement Bruxelles I »143. Il faut dire que le Protocole présente des
différences importantes avec son modèle, ce qui n’empêche pas d’en percevoir quelques
traces144.
142
V. références supra, p. 33.
143
Journal Officiel des Communautés Européennes n° L 307 du 24/11/2001, p. 0028. Disponible sur :
<http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/2001/l_012/l_01220010116fr00010023.pdf> (consulté le
21.12.2005).
144
Pour une comparaison du Protocole de Buenos Aires et de la Convention de Bruxelles, v. BLANCO-
MORALES LIMONES, Pilar, « Protocolo sobre jurisdicción internacional en materia contractual ». In :
El Derecho internacional privado interamericano en el umbral del siglo XXI, Sextas Jornadas de
Profesores de Derecho internacional privado, 1er et 2 décembre 1995, Ségovie, Espagne. Madrid :
Departamento de Derecho internacional público y de Derecho internacional privado de la Universidad
Complutense de Madrid, EUROLEX, S.L., 1997, pp. 135-152. V., par exemple, infra, p. 76.
74
Le Protocole de Buenos Aires s’applique à la juridiction contentieuse relative
dont le domicile ou le siège social se trouve dans différents États parties au Traité
d’Asunción, ou quand au moins une des parties a son domicile ou siège social dans un
État partie au dit Traité, si les contractants ont choisi le for d’un juge d’un des États
parties avec lequel il y a une connexion raisonnable selon les règles de juridiction du
Aires. La juridiction volontaire en est exclue, comme le sont d’ailleurs toutes les
relations juridiques qui ne constituent pas de contrats (les relations successorales, les
certains contrats dans lesquels l’ordre public interne et l’ordre public international ont
une incidence particulière (les contrats de travail et de la sécurité sociale, les contrats
conclus avec des consommateurs145, les contrats de transport, les contrats d’assurance,
les contrats administratifs, les concordats passés entre le débiteur en faillite et ses
des États parties par application du Protocole de Las Leñas sur la coopération et
du 27 juin 1992146, dont l’article 20, c) établit comme condition de leur efficacité
145
Régis par le Protocole de Santa María sur la juridiction internationale en matière de relations de
consommation.
146
Ci-après dénommé « Protocole de Las Leñas ». Le Protocole de Las Leñas a été ratifié par les quatre
membres du Mercosur, aux dates suivantes : Argentine, le 3 juillet 1996 ; Brésil, le 16 février 1996 ;
75
extraterritoriale, que le juge ou l’arbitre ayant décidé le cas soit compétent selon les
de Buenos Aires soumet à ses propres règles la juridiction indirecte réglée par l’article
20, c) référé. Ceci signifie que la condition de compétence fixée par ladite règle du
Protocole de Las Leñas est remplie en matière contractuelle lorsque les règles du
Quant à la volonté des contractants, il faut dire qu’une place importante lui est
juridiction des tribunaux d’un État partie au Protocole ou bien à celle des tribunaux
arbitraux, pourvu que ce pacte exprès soit fait par écrit et qu’il n’ait pas été obtenu de
manière abusive. De la sorte, elles soustraient leur contrat de la juridiction des juges
expresse ; elle peut également être tacite : en l’absence de choix de for ou même si un
choix a été fait, la juridiction sera prorogée en faveur du juge d’un État partie saisi par
fictive– (article 6). À défaut d’accord de prorogation, le demandeur pourra saisir, à son
choix, les juges du lieu d’exécution du contrat, ceux du domicile du défendeur, ou ceux
Le lieu d’exécution du contrat est défini par l’article 8.1. comme celui où
l’obligation qui sert de base à la demande a été ou doit être exécutée, en coïncidence
avec la règle posée par le Règlement Bruxelles I à l’article 5, alinéa 1 er. Après cette
76
définition générale du lieu d’exécution, l’article 8 du Protocole de Buenos Aires
continue par une liste de critères plus concrets pour le déterminer en divers cas.
tribunal étatique ou d’un tribunal privé, faite de conformité aux règles du Protocole de
Buenos Aires, comporte l’exercice de la liberté des parties. D’après Boggiano148, si dans
le cadre du Protocole les parties sont admises à choisir le tribunal, il y a des raisons
suffisantes pour inférer qu’elles peuvent également choisir la loi applicable au contrat. Il
d’autonomie des parties, tant pour la juridiction que pour la loi applicable.
Nous sommes d’accord avec la ligne de son raisonnement dans le sens que si les
contractants peuvent écarter un for pour en choisir un autre, cela implique que les
parties désignent la loi applicable au fond de leur contrat : indirectement en cas de choix
directement quand elles indiquent au tribunal arbitral la loi qu’il devra appliquer.
de la loi du contrat de la liberté de proroger le for dans les contrats internationaux, qui a
Mais faute d’un tribunal supranational dont la jurisprudence soit contraignante pour tous
les États Membres du Mercosur, qui reçoive la thèse de Boggiano, nous préférons rester
prudente et ne pas affirmer que l’autonomie conflictuelle « est admise » par le Droit du
Mercosur comme une suite du Protocole de Buenos Aires, tout en reconnaissant que
148
BOGGIANO, Antonio, « Contratos en el comercio internacional y en el MERCOSUR », op. cit., pp.
180-181.
77
l’accueil de la prorogation dans le Protocole montre une évolution vers l’acceptation de
l’autonomie de la volonté des parties pour choisir la loi applicable aux contrats
forum prorogatio, la liberté du choix de la loi applicable au contrat n’a pas été
Le Protocole de Buenos Aires admet, comme nous l’avons vu, que les
L’arbitrage y était mentionné, mais pas réglementé. Ce « vide » a été plus tard comblé
Le 23 juillet 1998 les États Membres du Mercosur ont signé deux traités sur
Chili (seuls pays à l’époque associés au processus d’intégration régionale du cône sud
il oblige l’Argentine –loi 25.223 du 5 janvier 2000–, le Brésil –décret législatif 265 du
encore obligatoire pour le Paraguay. Le second, de son côté, pour être en vigueur
requiert la ratification d’au moins deux États Membres du Mercosur et un État Associé.
Au présent, il n’a été ratifié que par l’Argentine (le 30 mars 2000), le Brésil (le 9
octobre 2003) et l’Uruguay (le 29 juillet 2004). Les contenus de ces deux traités sont
78
identiques ; le seul élément qui change d’un à l’autre sont les États parties. Par
arbitral149. Les accords d’arbitrage sont donc expressément admis dans le système
L’objet visé par lesdits Accords est l’arbitrage comme moyen alternatif de
des personnes physiques ou juridiques de Droit privé (article 1er). Ils contiennent des
sentences arbitrales étrangères, question sur laquelle une référence expresse est faite à
Conférence interaméricaine de Droit international privé I150 (par son contenu, elle est
149
Supra, p. 76.
150
Ci-après dénommée « CIDIP I sur l’arbitrage ».
151
Ci-après dénommée « CIDIP II sur l’efficacité extraterritoriale ».
79
Albornoz, qui a une vision critique des Accords, considère cependant comme l’un de
leurs plus grands mérites, le fait de ne pas avoir altéré le système de reconnaissance et
d’exécution de sentences arbitrales, et soutient que « Ceci prouve que les États du
avec ses plus de quarante ans d’ancienneté, est utile et doit être préservé »153. De toutes
manières, il croit qu’il aurait mieux valu de ne rien dire à propos de la reconnaissance et
différends entre particuliers étaient en vigueur dans les États du Mercosur même avant
1998, et ils le sont depuis des années. Le Protocole de Las Leñas et la CIDIP I sur
l’arbitrage sont applicables dans les quatre États Membres. La Convention sur la
10 juin 1958, s’avère l’instrument le plus important en la matière sur le plan mondial.
Elle a été ratifié par l’Argentine, y ayant accédé le Paraguay et l’Uruguay, ainsi que les
six États Associés155. Celui-ci n’est pas le cas du Brésil qui, de son côté, a été le seul
État du Mercosur à ratifier le Protocole sur les clauses d’arbitrage signé à Genève le 24
152
L’article fait allusion à « l’exécution » de la sentence arbitrale étrangère, oubliant de mentionner la
reconnaissance. Mais, en définitive, les traités à appliquer contiennent des règles et sur la reconnaissance
et sur l’exécution.
153
ALBORNOZ, Jorge R., « El Arbitraje en el Derecho Internacional Privado y en el Mercosur (con
especial referencia a los Acuerdos de Arbitraje del 23 de Julio de 1998) », Separata del Anuario
Argentino de Derecho Internacional, 1999, p. 87.
154
Idem, p. 73.
155
V. le texte et l’état des ratifications et adhésions sur internet. Disponible sur :
<www.sice.oas.org/dispute/comarb/intl_conv/caicnys.asp> (consulté le 21.12.2005).
80
septembre 1923. Finalement, la CIDIP II sur l’efficacité extraterritoriale a été ratifié par
utilité des Accords sur l’arbitrage qui, de plus, comme on l’a avancé, font des renvois
confusion ?
l’article 6.3, qui permet que la convention arbitrale soit conclue par télécopie, courrier
électronique ou autre moyen équivalent mais à la fois exige que ces communications
soient confirmées par document original, combiné avec l’article 6.4 en vertu duquel
dans lequel l’acceptation est reçue par le moyen choisi, confirmé par le document
original », rend pratiquement inutile tout recours aux technologies modernes comme
(a). Subsidiairement, en l’absence de réglementation par les parties, les arbitres devront
(b) –sans que pour autant l’arbitrage devienne institutionnel (article 25)– et, finalement,
pour combler des lacunes, aux principes prévus à l’article 11, ceux du contradictoire, de
156
Supra, p. 79.
81
apparaît que toute la réglementation procédurale détaillée des articles suivants –qui
différend. L’article 10 établit que : « Les parties pourront choisir le droit qui sera
de façon indirecte une attitude positive, ouverte, vers l’autonomie, les Accords sur
internationaux à caractère commercial entre des sujets de Droit privé et qui puissent être
Ceci étant, tel qu’il est rédigé, l’article 10 des Accords ne suffit pas –à lui seul–
à donner un fondement au choix des parties ; il faut encore se baser sur quelque chose
d’autre, extérieure à l’article. Ledit article admet que les parties choisissent le droit158
157
Cf. ALBORNOZ, Jorge R., « El Arbitraje en el Derecho Internacional Privado y en el Mercosur… »,
op. cit., p. 86.
158
Notons qu’en espagnol on utilise le mot « derecho » en tant que genre et le mot « ley » en tant qu’une
de ses espèces, à côté d’autres sources du droit. Bien qu’en français pareille distinction entre le genre
droit et l’espèce loi existe, il est habituel pour les francophones de parler de « loi » dans un sens large, et
82
applicable au litige159 « …se basant sur le droit international privé et ses principes, ainsi
que sur le droit du commerce international… ». La rédaction est assez peu précise ; par
conséquent, nombre de questions restent ouvertes. Quel « droit international privé et ses
par les parties, « …les arbitres décideront conformément aux mêmes sources » (article
question de savoir quel Droit international privé (et ses principes) consulter afin de
fonder l’autonomie de la volonté des parties se pose par rapport à un litige soumis à la
juridiction d’un tribunal étatique, la réponse est évidente : celui du for –soit-il de source
soumis à la juridiction d’un tribunal arbitral, nous trouverons un important obstacle dans
le chemin : l’arbitre n’a pas de for160. Et s’il n’a pas de for, il n’a pas de lex fori et il
n’est pas tenu de consulter les règles de conflit d’aucun État en particulier.
passent un accord arbitral, ne peuvent pas fonder leur choix du droit applicable au fond
du différend sur le Droit international privé du for, puisqu’il n’y en a pas. Mais alors,
d’utiliser ce mot la plupart du temps comme l’équivalent de « derecho ». Nous parlerons indistinctement
de « droit » et de « loi » applicable.
159
Dans la même direction, l’article 1496 du Nouveau Code de Procédure Civile français établit que :
« L'arbitre tranche le litige conformément aux règles de droit que les parties ont choisies … ».
160
V. SANTOS BELANDRO, Rubén, Arbitraje comercial internacional, 3e édition. Mexico: Oxford
University Press, 2000, p. 182 et s.
83
doctrine et des conventions internationales, qui indique comment résoudre les
problèmes posés par cette branche du Droit. Sur la question du choix de la loi, dès que
contrats internationaux, elles seraient autorisées à effectuer leur choix. Mais quelle
Une autre possibilité serait d’exiger des parties la réalisation d’une étude de
leur serait impossible de les comprendre tous ! Une solution peut-être plus viable
consisterait à leur demander de se concentrer sur les Droits internationaux privés des
États auxquels le contrat est rattaché. Si la totalité États auxquels le contrat se rattache
rejette l’autonomie, leurs règles de Droit international privé ne serviront pas à fonder le
choix des parties. Dans ce cas, malgré la consécration du choix de la loi faite par
l’article 10 des Accords, les parties s’en verraient privées. En conséquence, cette
choix ? Si tous les États auxquels le contrat se rattache acceptent le jeu de l’autonomie
de la volonté, les parties pourront effectuer un choix. Mais quel serait son régime si les
faire application cumulative même si cela revient à restreindre en quelque sorte le choix
de la loi ?
privé d’un seul État. Mais… duquel ? À l’exclusion de celui du for –du fait que l’arbitre
n’a pas de for– les parties devraient considérer le Droit international privé du pays le
84
plus proche au contrat, celui de l’État avec lequel il présente les rattachements objectifs
les plus étroits. Il peut bien s’agir du Droit international privé d’un État non membre du
Mercosur car aucune règle des Accords ne l’interdit ; tout le contraire, il paraît que ceci
serait encouragé par l’article 3, e) selon lequel les Accords seront appliqués à la suite
d’une déclaration expresse des parties en tel sens, même si le contrat n’a aucun
parties au contrat commercial international soumis à l’arbitrage doit être admise ou pas
et, dans l’affirmative, quel sera son régime. On pourrait même considérer que dans
l’article 10 des Accords il y a une règle de conflit implicite selon laquelle il faut faire
seraient ceux du Droit international privé dont il s’agit ou bien des principes communs à
de la volonté.
Droit qui règle les contrats commerciaux internationaux et dont les sources peuvent être
internationales ou internes161. Il touche des questions de Droit public ainsi que de Droit
international s’intègre de règles élaborées au sein des États mais aussi de règles
c’est surtout à la lex mercatoria qu’il faut penser lorsqu’on lit l’expression « droit du
161
Cf. HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 8.
85
commerce international » dans l’article 10 des Accords162. Car les Accords sont des
disons qu’elle comprend des règles et des principes développés par la pratique des
travail des arbitres. Le problème ici n’est pas de savoir si un contrat international peut
être exclusivement régi par la lex mercatoria, mais si c’est possible que cette lex
mercatoria soit utilisée pour fonder l’autonomie conflictuelle des parties. Comme, en
d’objection à permettre aux parties de choisir la loi applicable au contrat, se fondant sur
la lex mercatoria.
Remarquons que l’article 10 admet que les parties choisissent la loi applicable
au litige contractuel « …se basant sur le droit international privé et ses principes, ainsi
commerce international, telle interdiction ne pourrait être éludée. Mais dans ce cas-là,
qu’elle garde une utilité, il serait possible d’interpréter la locution « ainsi que » en tant
que « ou », ce qui autoriserait les parties à faire leur choix de loi même si le Droit
162
Supra, p. 83.
86
international privé en question s’y oppose. Mais alors, on comprendrait mal l’intérêt de
Accords. Le seul point certain c’est que l’auteur de la règle a eu l’intention d’admettre
litige est soumis à l’arbitrage, de choisir la loi qui le résoudra. Pour que telle admission
soit effective si le choix fait l’objet d’un litige porté devant des tribunaux arbitraux, il
semble qu’il faudrait que le Droit international privé applicable et ses principes
accueillent, eux aussi, le choix de la loi. De ce point de vue, il paraîtrait que la mention
En effet, nous pensons qu’il aurait suffi d’une phrase aussi claire et simple que :
« les parties peuvent choisir la loi applicable », pour éviter des incertitudes. Car si les
parties choisissent la loi et le contrat s’exécute pleinement sans aucun inconvénient, leur
choix aura sans doute été productif. Par contre, s’il y a des problèmes dans la vie du
rapport contractuel et il est soumis à la juridiction d’un tribunal arbitral, celui-ci pourra
déterminer si le choix respecte le Droit international privé et ses principes. Et s’il faut
international privé et ses principes sera assuré –autrement, le tribunal n’ordonnerait pas
l’exécution de la sentence–.
87
Le tribunal arbitral pourra se servir du Droit international privé et ses principes
d’un État proche au différend contractuel, ou d’un Droit international privé et ses
lege utenda dès la perspective de son propre Droit international privé et ses principes.
Ceci étant, il convient de remarquer qu’il pourrait y avoir un Droit international privé et
ses principes permettant au juge national de prendre en compte des principes de validité
universelle ou bien valables dans des systèmes différents, même s’ils ne sont pas
strictement accueillis par le système juridique du for. Par exemple, un juge uruguayen
pourrait considérer le choix efficace malgré les restrictions de son Droit international
privé, si le contrat présente un rapport plus étroit avec un ou plusieurs pays étrangers
dont les systèmes juridiques sont plus libéraux quant aux possibilités de choix de la loi
du contrat.
Il faut donc des règles claires qui ne puissent pas faire l’objet d’interprétations
commerce international.
« descendre » aux ordres juridiques internes de ces pays pour voir quel est l’état de la
88
CHAPITRE II: Sources internes
Lorsque les pays auxquels le contrat international est rattaché ne sont pas liés par
un traité international qui pose des règles de conflit de lois, il devient nécessaire pour le
juge d’appliquer ses règles de Droit international privé de source interne163. Sur ce plan
interne, nous trouvons en Droit comparé beaucoup d’exemples de pays ayant accueilli le
principe de l’autonomie de la volonté en vertu duquel les parties sont admises à choisir
Telle consécration peut être faite par la jurisprudence ou bien par le législateur.
Nous avons déjà avancé164 qu’en France comme en Argentine ce sont les juges qui ont
principe de l’autonomie. C’est ainsi que le Code civil portugais de 1966165, article 41,
permet que les obligations contractuelles soient régies par la loi que les sujets respectifs
Convention de Rome à la Loi d’introduction au Code civil: pour ce qui est de l’accueil
163
Pour se référer au Droit international privé de source interne, la doctrine espagnole retient plutôt la
dénomination de « Droit international privé autonome ». José Carlos Fernández Rozas, par exemple,
affirme que le Droit international privé autonome est constitué par « …las normas que se generan en el
ámbito de un Estado determinado en función de su peculiar concepción de la justicia para reglamentar las
situaciones internacionales » ; FERNÁNDEZ ROZAS, José Carlos et SÁNCHEZ LORENZO, Sixto,
Derecho Internacional Privado, 2e édition. Madrid : Civitas Ediciones, 2001, p. 55.
164
Supra, p. 33.
165
Disponible sur : <http://www.confap.pt/docs/codcivil.PDF> (consulté le 21.12.2005).
166
Revue critique de Droit international privé, 1987, t. 76 (1), p. 170.
89
de la liberté de choix de la loi du contrat international, son article 27.1 reproduit l’article
3.1 conventionnel. Similairement, la Loi fédérale suisse sur le Droit international privé
seul article, le 57, aux termes duquel « Les obligations contractuelles sont en tous cas
régies par la Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations
contractuelles, ratifiée par la loi n° 975, du 18 décembre 1984, sans préjudice des autres
législateur italien a élargi le champ d’application de celle-ci à certaines matières que les
États parties avaient décidé d’y exclure comme –par exemple– les conventions
le Droit international privé italien la reçoit lui aussi. En Belgique, l’état de la question se
Code de Droit international privé belge171, en vigueur depuis le 1er octobre 2004,
167
Revue critique de Droit international privé, 1988, t. 77 (2), p. 409.
168
Revue critique de Droit international privé, 1996, t. 85 (1), p. 174.
169
Cf. GIARDINA, Andrea, « Les caractères généraux de la réforme », Revue Critique de Droit
international privé, 1996, p. 9. L’auteur référé remarque que « l’application dans tous les cas de certaines
règles conventionnelles à des matières déterminées… n’implique pas que puissent être méconnues les
obligations internationales résultant pour l’Italie des autres traités auxquels elle est partie ».
170
Supra, p. 64.
171
Sur ce code, v. CARLIER, Jean-Yves, « Le code belge de droit international privé », Revue Critique
de Droit international privé, 2005, 94 (1), pp. 11-45. Disponible sur :
<www.notaire.be/info/actes/100_code_dip.htm> (consulté le 21.12.2005).
90
dispose à l’article 98 que « Le droit applicable aux obligations contractuelles est
déterminé par la Convention sur la loi applicable aux obligations contractuelles, conclue
à Rome le 19 juin 1980 » (§ 1er) et que « Hormis les cas où la loi en dispose autrement,
les obligations contractuelles que cette convention exclut de son domaine d’application
sont régies par le droit applicable en vertu de ses articles 3 à 14 ». De manière que le
depuis le 1er janvier 1994172, dédie son Livre X173 au Droit international privé, où
l’article 3111 dispose que « L’acte juridique, qu’il présente ou non un élément
d’extranéité, est régi par la loi désignée expressément dans l’acte ou dont la désignation
En Amérique Latine nous trouvons le Code Civil Fédéral mexicain, dont l’article
13, alinéa V, reformé par décret du 11 décembre 1987174, fait une place à l’autonomie. Il
indique le droit qui doit régir « les effets juridiques des actes et des contrats… à moins
que les parties aient désigné valablement un autre droit ». De même, l’accueil de
172
Cf. VACHON, Patrice, « Une vue d’ensemble du nouveau Code civil du Québec ». Disponible sur :
<http://www.avocat.qc.ca/public/iiccqvachon.htm#Introduction> (consulté le 22.12.2005).
173
Disponible sur le site d’internet des Publications du Québec :
<http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/home.php#> (consulté le 21.12.2005).
174
Revue critique de Droit international privé, 1989,78 (3), p. 583.
91
l’autonomie est très clair dans la législation de certains pays récemment associés au
Les ordres juridiques internes des pays liés au Mercosur diffèrent sur le point
contrats internationaux. Nous allons d’abord nous pencher sur le droit de chacun des
États Membres (Section 1), et ensuite nous jetterons un coup d’œil sur l’état de la
A. Argentine
une règle spécifique, un accueil exprès de l’autonomie de la volonté des parties pour
choisir la loi qui doit régir leur contrat international. Nous verrons d’abord les diverses
interprétations que la doctrine fait de ses règles (1), et ensuite nous donnerons la parole
1. La doctrine
175
Infra, p. 147.
176
Infra, p. 149.
92
Une partie de la doctrine a nié l’existence de l’autonomie conflictuelle en Droit
international privé argentin de source interne, s’appuyant sur l’absence d’une règle
expresse qui l’autorise et sur leur interprétation des Traités de Montevideo de Droit civil
que les règles en vigueur dans les quatre États Membres du Mercosur –expression que,
dans le Droit international privé argentin, arguant la peu fréquente utilisation du choix
exprès par les parties, et que « la théorie de l’autonomie de la volonté n’est qu’une
Boggiano180 et María Elsa Uzal181 font allusion à Berta Kaller de Orchansky comme
D’autres auteurs voient également l’autonomie reçue par les règles en vigueur, et
particulièrement par l’article 1197 du Code civil, selon lequel : « Les conventions faites
dans les contrats constituent pour les parties une règle à laquelle elles doivent se
177
Cf. le signale FELDSTEIN DE CÁRDENAS, Sara L., Derecho Internacional Privado. Parte Especial.
Buenos Aires : Editorial Universidad, 2000, p. 359.
178
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 233.
179
KALLER DE ORCHANSKY, Berta, « Régimen de los contratos en derecho internacional privado
argentino », Revista Española de Derecho Internacional, 1966, vol. XIX, N° 4, p. 525.
180
BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 695.
181
UZAL, María Elsa, « Algunas reflexiones sobre la autonomía de la voluntad en la contratación
internacional (con particular referencia al Mercosur) », El Derecho, 1998, t. 179, p. 1187.
182
KALLER DE ORCHANSKY, Berta, Nuevo Manual de Derecho Internacional Privado. Buenos
Aires: Editorial Plus Ultra, 1990, p. 348 et s.
93
soumettre comme à la loi même ». Tel est le cas de Mónica Witthaus et Sandra
Wierzba, pour qui l’autonomie de la volonté consacrée à l’article cité permet aux parties
En 1984, Inés Weinberg indiquait nonobstant que l’article 1197 du Code civil
étranger184. Néanmoins, la façon dont elle se prononce sur la question en 1997 obviant
de poser clairement les deux points qu’elle avait auparavant indiqués, et sa citation de
position. En effet, elle paraît prête à agréer que l’autonomie conflictuelle puisse se
Mais reprenons Goldschmidt. Bien qu’il exprime que « …si un Droit Privé
183
WITTHAUS, Mónica G. et WIERZBA, Sandra M., « Mercosur: conflictos de leyes que comprometen
elementos de los contratos, con especial referencia al contrato de franchising », Revista de Derecho
Privado y Comunitario, 1993, N° 3, p. 485.
184
WEINBERG, Inés M., « Contratos internacionales », Revista Jurídica Argentina « La Ley », 1984-C,
p. 919. Notons que l’auteur parlait d’autorisation « d’appliquer » du droit étranger, tandis qu’il aurait été
préférable de parler d’autorisation « de choisir » un droit étranger, le choix étant préalable à l’application.
185
WEINBERG DE ROCA, Inés M., Derecho Internacional Privado, Buenos Aires : Ediciones
Depalma, 1997, p. 187.
186
C’est ainsi que María Susana Najurieta interprète la posture de Weinberg. NAJURIETA, María
Susana, « El domicilio del deudor de la prestación característica en los contratos multinacionales »,
Doctrina Judicial, 1985, I, p. 291.
94
répudiable opportunisme »187, ce qui pourrait s’interpréter comme une acceptation de
conflictuelle, il faut signaler que quand il avertit à la ligne suivante que ledit article ne
une règle indirecte coutumière189. Ceci veut dire que le droit de choisir la loi du contrat
international est accepté par l’ordre juridique argentin non pas en vertu d’une règle de
lorsque les parties réussissent à faire régir leur contrat par un droit spécifique, soit parce
manière que le droit qu’il désigne soit celui voulu par les parties, soit parce qu’elles
prorogent la juridiction en faveur des tribunaux d’un pays dont le Droit international
privé envoie au droit de leur convenance. La seconde se donne quand les parties
choisissent directement le droit auquel elles veulent soumettre le contrat. Quant aux
187
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado. Derecho de la tolerancia. Basado en la
teoría trialista del mundo jurídico, 8e édition, réimpression. Buenos Aires: Ediciones Depalma, 1999, p.
192.
188
Ibidem.
189
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado…, op. cit., p. 193, et « Contratos
internacionales ». In : El Derecho Internacional Privado en las Américas (1974-2000). Washington,
D.C.: Comité Jurídico Interamericano, Secretaría General, Subsecretaría de Asuntos Jurídicos,
Organización de los Estados Americanos, 2002, p. 439. (Cursos de Derecho Internacional, Série
Temática, Vol. I, Partie 1)
95
effets de la distinction, l’auteur affirme que « La licéité de l’autonomie impropre
suppose celle de l’autonomie propre puisque, si l’autonomie propre n’était pas admise,
Par conséquent, nous ne placerons pas Goldschmidt dans le groupe d’auteurs qui
coutumière de l’autonomie qu’il prône ; d’autre part, car il avance la distinction entre
autonomie impropre et autonomie propre qui va en quelque sorte être reprise par
l’autonomie de la volonté.
des parties au contrat international, après avoir attentivement examiné et interprété les
règles argentines de Droit international privé existantes –remarquons que l’article 1197
du Code civil n’est pas une règle de Droit international privé–, Boggiano est arrivé à la
190
Idem, loc cit.
191
BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 696. GOLDSCHMIDT,
Werner, « Autonomía universal de voluntad », Revista Española de Derecho Internacional, 1972, vol.
XXV, núms. 1-4, Homenaje al Profesor Don José de Yanguas Messías, p. 182 et s., parlait déjà
d’autonomie restreinte ou petite et d’autonomie large ou grande des parties avec un sens différent : seul la
seconde était proprement conflictuelle, tandis que la première était une autonomie matérielle pouvant
s’exercer par insertion ou par référence.
96
L’autonomie conflictuelle à portée restreinte, il la fonde sur trois articles du
Code civil : 1209, 1210 et 1212, pour quoi il raisonne comme suit : « le contrat
multinational à rattachement argentin est régi par le droit de son lieu d’exécution (arts.
1209 et 1210, C.C.) ; les parties peuvent désigner le lieu d’exécution (art. 1212, C.C.) ;
donc, les parties peuvent désigner le droit applicable au contrat (arts. 1209, 1210 et
1212, C.C.). »192. Cette autonomie conflictuelle est restreinte car elle autorise les
contractants à choisir le droit du contrat, uniquement parmi ceux qui sont en vigueur
l’article 1er du Code national de la procédure civile et commerciale. Ledit article pose
étrangers ou d’arbitres qui agissent hors de la République, sauf dans les cas où les
tribunaux argentins ont juridiction exclusive ou quand la prorogation est interdite par la
Loi ». Cette fois, le raisonnement de l’auteur nous indique que : « les parties peuvent
choisir le tribunal compétent dans les termes (de l’) art. 1 du C. Nat. de la Proc. ; donc,
les parties peuvent choisir le Droit international privé du pays auquel le tribunal choisi
appartient, car chaque tribunal national applique son propre Droit international privé ; si
les parties peuvent choisir le Droit international privé recteur du contrat, elles peuvent
également choisir –a maiore ad minus– le droit privé applicable qui se détermine selon
192
BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, loc. cit.
193
BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 697.
97
juridiction au tribunal de n’importe quel État, qui est tenu d’appliquer son Droit
international privé qui, à la fois, lui indiquera le droit substantiel à appliquer, ils
que « celui qui peut le plus, peut le moins », s’ils peuvent choisir le Droit international
privé –le plus–, forcément, ils peuvent choisir le droit applicable au contrat –le moins–
194
. Par conséquent, en vertu de l’autonomie conflictuelle large les parties à un contrat
international ont la faculté de choisir le droit de n’importe quel pays pour le régir.
pouvons dire que l’autonomie impropre justifie l’admission des autonomies propres à
l’autonomie de la volonté dans les règles argentines de Droit international privé, et note
encore un autre fondement extrait des règles qui ne sont pas de Droit international privé
Préambule, est « d’assurer les bénéfices de la liberté… pour tous les hommes du monde
qui désirent habiter sur le sol argentin ». Le même esprit imprègne l’article 19, in fine,
lequel déclare : « Aucun habitant de la Nation ne sera obligé à faire ce que la loi
n’ordonne pas, ni privé de faire ce qu’elle n’interdit pas ». Albornoz estime qu’on doit
194
Idem, loc. cit.
195
ALBORNOZ, Jorge R., « La autonomía de la voluntad como punto de conexión », op. cit, p. 3.
196
V. le texte de la Constitution de la Nation Argentine, disponible sur :
<http://infoleg.mecon.gov.ar/constituciones/ConstitucionNacional.htm> (consulté le 22.12.2005).
98
rédigé les articles 1205 à 1214 du Code civil, d’où il s’ensuit que l’attribution à ces
surtout parce que tout au long du Code, il a été extrêmement prudent à propos de la
restriction de la volonté des particuliers. Dans un tel contexte, seule une claire volonté
Si lesdits articles ne jouissent pas d’un caractère obligatoire illimité, cela veut dire qu’il
pourrait être critiquée sous prétexte qu’ils consacrent la liberté et la volonté des
particuliers en droit interne. Nous pensons que cela n’est pas exact, car la Constitution
Nationale jouit d’une suprématie (établie à son article 31) qui embrasse la totalité de
l’ordre juridique argentin, qui comprend bien sûr la totalité des règles de source interne
–même si elles sont des règles de Droit international privé– ainsi que les traités
Traités de Montevideo de 1889, où l’autonomie n’a pas été interdite, il invoque les
197
Cf. ALBORNOZ, Jorge R., « La autonomía de la voluntad como punto de conexión », op. cit, p.4.
198
BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 769.
99
points, que : « L’autonomie conflictuelle constitue une dérivation logique du principe
Nat.) » et que « Dans le Droit international privé argentin l’autonomie conflictuelle est
admise : a) Dans des règles de source internationale, telles que la Convention de l’ONU
1889 qui ne l’interdisent pas, et dans les Traités de Montevideo de 1940 –Protocole
Additionnel– dans la mesure où elle soit admise par le droit applicable selon lesdits
traités. B) Dans le Droit international privé interne : 1) Aux arts. 1205 à 1214 du Code
civil, particulièrement à l’art. 1212 qui permet aux parties de désigner le lieu
d’exécution, avec quoi entre en fonctionnement la règle de conflit des arts. 1209 et 1210
du Code civil, qui indiquent le droit de ce lieu comme droit applicable. 2) À l’article 1
n’importe quel droit privé comme droit applicable au contrat international par voie de la
Notons que la Commission a repris dans ses conclusions les fondements légaux
avancés par la doctrine à laquelle nous nous sommes référée, excepté celui qui concerne
l’article 1197 du Code civil. Quant au principe constitutionnel de la liberté des actions
Constitution, qu’elle se garde de ne pas classer parmi les règles de Droit international
privé. Nous croyons que la référence à l’article 14 (et la liste de droits des habitants
qu’il contient) n’ajoute rien de substantiel à l’article 19. Nous aurions préféré voir le
Préambule mentionné dans les conclusions, malgré quoi les conséquences de son
omission ne sont pas graves, du fait que l’article 19 in fine découle de l’objectif
199
Feuillet de conclusions de la Commission 7, distribué à la fin des Journées, p. 1.
100
d’assurer les bénéfices de la liberté. La Commission signale également certaines règles
qu’elle montre que la majorité de la doctrine argentine soutient la thèse selon laquelle la
liberté de choisir le droit applicable au contrat est accueillie dans l’ordre juridique de ce
Nous souhaitons mettre l’accent sur l’impropriété de citer l’article 1197 du Code
qu’il consacre habilite les parties à effectuer un choix conflictuel c’est tomber dans une
dans l’ordre interne, celle qui leur permet de déterminer la substance, le contenu de leur
contrat national, en tout ce qui ne s’oppose pas aux règles internes impératives. Les
contractants peuvent laisser de côté les règles supplétives du Droit commun par
substituées par leur volonté. Néanmoins, celle qui reconnaît aux parties à un contrat
200
Noodt Taquela fait état de l’acceptation « pacifique » de l’autonomie de la volonté par la doctrine.
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », chapitre 25. In : Fernández Arroyo, Diego P. (coord.), Derecho Internacional
Privado de los Estados del Mercosur. Argentina, Brasil, Paraguay,Uruguay. Buenos Aires : Zavalía
Editor, 2003, p. 1009.
201
V. NAJURIETA, María Susana, « Apogeo y revisión de la autonomía en contratos internacionales »,
Revista Jurídica Argentina « La Ley », 1986-A, p. 1006.
101
qui fonctionne exclusivement en matière de contrats internationaux. De la sorte, on ne
peut pas baser l’existence de l’autonomie conflictuelle dans un ordre juridique donné,
dans un article qui reçoit l’autonomie interne. Voyons par exemple que l’article 1134 du
Code civil de la France, aux termes duquel « Les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites », n’est point invoqué comme fondement de
international privé202 plutôt qu’avec la conflictuelle, car les deux premières ont affaire
contraires au droit applicable. Mais l’une joue son rôle dans les contrats nationaux ;
l’autre, dans les contrats internationaux. L’une accorde le droit d’échapper aux règles
supplétives du droit applicable, qui sera invariablement le droit national ; l’autre octroie
Nous venons de voir que les règles dictées par le législateur argentin
international par les parties, mais que la doctrine interprète quelques unes de ces règles
et conclut que l’autonomie conflictuelle y est admise. Il s’agit d’une admission tacite ou
contraire, ils ont été recueillies par la jurisprudence nationale qui s’est également fait
202
Supra, p. 19.
102
2. La jurisprudence
volonté dans l’arrêt Estudios Espíndola 203. Même si les parties n’en avaient pas fait
usage, le juge Horacio I. Romanelli a statué que « Pour ce qui est de son contenu et
effets (du contrat international) il est hors de discussion que le droit applicable est, en
premier terme, celui que les parties aient établi de commun accord ». Quant au
réfère pas à elle mais à la faculté concédée par le droit interne de remplacer les règles
dispositives » et admet qu’elle repose sur une « …coutume acceptée, qui est aussi une
règle (art. 17, Code civil) et qui apparaît clairement réceptionnée dans le cas d’accords
conclus par la Nation, dans lesquels il se détermine comme droit applicable le droit
étranger ». Finalement, il a décidé que « …si les parties n’ont pas établi de commun
accord le droit applicable, le contrat doit être jugé par les lois… ».
droit pour les parties à un contrat international, de choisir la loi applicable à celui-ci
publique entre l’État –l’entreprise pétrolière de l’État argentin– et une entreprise privée,
203
V. références supra, p. 33.
204
Fallos, t. 290, p. 458.
205
Cf. BOGGIANO, Antonio, « Contratos en el comercio internacional y en el MERCOSUR », op. cit., p.
174.
103
Il nous paraît approprié de noter la contribution de Boggiano au progrès de la
Chambre Nationale Commerciale jusqu’à 1991 et, depuis, à la Cour Suprême de Justice
de la Nation, se perçoivent dans les arrêts qui touchent le Droit international privé –
Trois arrêts qu’il a rendus comme juge du Tribunal National Commercial de 1ère
une importance cruciale car c’est là que Boggiano expose sa thèse sur le fondement
Commerciale, qu’il : « autorise… la prorrogatio fori avec quoi les parties peuvent
choisissent… Cela signifie que les parties peuvent transporter l’affaire d’un système
juridique à autre, car les règles de Droit international privé qui régiront l’affaire
du cas peut être entièrement diverse. Sans doute, le choix du juge implique le choix du
Droit international privé du juge choisi. Et choisir le Droit international privé recteur de
l’affaire est une faculté majeure que celle de choisir le droit privé applicable ».
206
Ci-après dénommé « Treviso ». El Derecho, t. 77, p. 426, note Malbrán ; BOGGIANO, Antonio,
Derecho internacional privado, op. cit., t. II, p. 846.
104
Pourquoi y-est-il affirmé que le choix du Droit international privé est « plus »
que le choix du droit privé devant régir le contrat ? Parce que : 1) « si le Droit
international privé choisi contient des règles matérielles… elles donnent solution directe
« Si le Droit international privé choisi contient des lois de police ou… d’application
immédiate… la solution de l’affaire est régie par le droit substantiel du juge auquel ces
lois font rémission », donc les parties qui choisissent le juge, choisissent également la
donne solution à l’affaire exclusivement par des règles de conflit…, choisissant les
règles de conflit on choisit le droit substantiel applicable auquel elles se réfèrent dans
leurs rattachements » ; 4) « Davantage, sont choisis les principes d’ordre public qui
contrôleront substantiellement le droit applicable, car ces principes seront ceux du droit
Les deux autres arrêts de Boggiano comme juge de 1ère instance que nous allons
citer sont Feramérico c. Lital S.A., du 6 juin 1977207, où il conclut que « les parties ont
désigné comme applicable le droit privé argentin pour dirimer cette controverse »,
lequel il pose que : « Afin de préciser le droit applicable au contrat international, non
désigné par les parties, il faut appliquer la règle de conflit subsidiaire pour le
207
Ci-après dénommé « Lital» ; BOGGIANO, Antonio, Derecho internacional privado, op. cit., t. II, p.
708.
208
Ci-après dénommé « Expofrut» ; La Ley, 1980-B, p. 378.
105
le droit des parties de désigner la loi du contrat et c’est dû à telle supposition qu’il
20 octobre 1981209 il a été décidé que « S’agissant d’un contrat international, fonctionne
internationaux, les parties peuvent, dans les limites pertinentes, choisir le droit
Provincia de Santa Cruz, 1er mars 1984211, les parties avaient choisi le droit argentin
1984212, dispose que les règles de conflit du Code civil seraient applicables au contrat de
droit applicable ».
Seguros Generales c. Merzario S.R.L., Ch. Nat. Féd. Civ. Com., salle II, 28 décembre
1999213, établit que « En matière contractuelle les règles de conflit de Droit international
209
Ci-après dénommé « Banco de Río Negro y Neuquén » ; El Derecho, t. 97, p. 604.
210
Ci-après dénommé « Deutsches Reiseburo » ; La Ley, 1984-D, p. 563.
211
Ci-après dénommé « Arrebillaga »; Doctrina Judicial, 1985-I, p. 290 ; El Derecho, t. 109, p. 715.
212
Ci-après dénommé « Expreso Mercurio » ; Doctrina Judicial, 1985-I, p. 287.
213
Ci-après dénommé « Allianz Ras ». La Ley, 2000-C, p. 435.
106
privé sont applicables de manière subsidiaire, pour le cas où les parties n’aient pas
jurisprudence du plus haut tribunal argentin, la Cour Suprême de la Nation dans l’arrêt
source interne. Dans un arrêt du 7 mars 2000, Moka S.A. c. Graiver, David215 la Cour a
décidé que : « Ce qui a été résolu… est à l’évidence raisonnable si cela implique de
donner effet au droit choisi par les parties, dans un exercice valide de l’autonomie de la
volonté... ».
ne résultant pas nécessaire le recours aux règles de conflit du Traité de Droit civil
214
Ci-après dénommé « Méndez Valles ». Fallos, t. 318, p. 2639. Disponible sur :
<http://www.csjn.gov.ar/> (consulté le 22.12.2005).
215
Fallos, t. 323, p. 287 ; Jurisprudencia Argentina, 2000-III, p. 234. Disponible sur :
<http://www.csjn.gov.ar/> (consulté le 22.12.2005).
216
Fallos, t. 236, p. 404 ; BOGGIANO, Antonio, Derecho internacional privado, op. cit., t. II, p. 756. Ci-
après dénommé « Pérou c. SIFAR ». V. infra, p. 235.
107
Dans l’arrêt Treviso217 Boggiano parle non seulement de l’autonomie
l’autonomie matérielle des parties qui incorporent des règles qui régissent l’affaire, n’a
pas seulement de virtualité dérogatoire des règles dispositives et coactives du droit légal
du juge (lex fori), mais même des règles coactives du droit étatique qui serait applicable
en cas de mise en œuvre des règles de conflit du Droit international privé argentin, tel
applicable différent de celui connecté par la règle de conflit, a fortiori, elles peuvent
également limiter le droit choisi à travers de l’autonomie matérielle qui incorpore des
international privé « les parties peuvent créer directement les règles matérielles ou
substantielles –d’où le nom de cette autonomie juridique– qui donneront solution aux
divers aspects de l’affaire. Elles peuvent déroger tant aux règles dispositives qu’aux
règles impératives du droit privé qui seraient applicables selon les règles de conflit du
juge », et que « Cette autonomie matérielle, plus large que celle dont les parties
jouissent dans les affaires internes dans lesquelles seules les règles dispositives du droit
privé peuvent être écartées, se justifie par les besoins de plus de liberté et flexibilité du
l’autonomie matérielle y est mis en relief, de manière que la volonté des parties régirait
217
V. références supra, p. 104.
218
V. références supra, p. 105.
108
directement et principalement le contrat, sans qu’il soit en principe nécessaire de
Dans l’affaire Banco de Río Negro y Neuquén219, il a été posé que « S’agissant
parties... ».
argentin qui seul de manière subsidiaire –et sur la base des principes généraux en
exécutée… ». Le même tribunal a décidé dans l’arrêt Méndez Valles221 que, afin de
déterminer la loi applicable à un contrat international, il faut d’abord savoir si les parties
ont exercé la faculté « d’incorporer au contrat des règles matérielles dérogatoires des
règles coactives du droit privé recteur de l’affaire... », de sorte que les règles de conflit
ne devront être consultées que si les parties ont omis d’exercer leur autonomie
Le plus haut tribunal argentin s’est encore référé à l’autonomie matérielle dans
l’affaire La Buenos Aires Compañía Argentina de Seguros S.A. c. capitán y/o armador
y/o propietario y/o transportista buque Gladiator, 25 août 1998222, relevant que les
219
V. références supra, p. 106
220
Fallos, t. 317, p. 182. Disponible sur : <http://www.csjn.gov.ar/> (consulté le 22.12.2005).
221
V. références supra, p. 107.
222
Fallos, t. 321, p. 2297. Disponible sur : <http://www.csjn.gov.ar/> (consulté le 22.12.2005).
109
Ayant montré ce panorama du Droit international privé argentin de source
interne, nous sommes en mesure de conclure que, malgré le manque d’une règle
contrats internationaux par le Droit international privé argentin de source interne, dès sa
car l’autonomie est en effet admise. Encore un argument pro-autonomie peut être pris
des traités internationaux qui l’accueillent et dont l’Argentine est partie, notamment les
argentin exigerait une interprétation uniforme des règles de Droit international privé,
réformes législatives. Plusieurs projets ont vu le jour dans les dernières années.
223
Supra, pp. 62-63.
110
Comme depuis 1999 il existait un projet d’unification des Codes civil et de
commerce224 qui ne s’occupait pas du Droit international privé, en mars 2000 il a été
proposé d’y ajouter un Livre huitième consacré à la matière. Ce projet225, présenté par le
député José Gabriel Dumón, au Chapitre VIII sur les Contrats recevait l’autonomie de la
choix. Le contrat se régit par le droit choisi par les parties. » (1er paragraphe de l’article
2605), et « Liberté de convenir le droit applicable. Les parties peuvent s’accorder sur le
adaptées à l’affaire dont il s’agisse. » (1er paragraphe de l’article 2606). Mais les
législateurs n’étant pas été arrivés à un accord à propos de ces projets, ils sont devenus
caducs226.
au dit Ministère le 14 mai 2003 et n’a pas encore été approuvé par le Pouvoir Législatif
contrat sont régis par le droit librement choisi par les parties… » (1er paragraphe de
224
Identifié comme projet 0054-PE-99.
225
Identifié comme projet 0596-D-00. V. le texte, disponible sur : <http://www.diputados.gov.ar/>
(consulté le 22.12.2005). Pour un commentaire critique, v. UZAL, María Elsa, « Proyecto de ley de
unificación de los Códigos Civil y de Comercio (54 P.E. mensaje PEN 731/99). Comentario crítico sobre
el Libro VIII: “Del Derecho Internacional Privado” », El Derecho, 2000, t. 188, pp. 1143-1149.
226
Par application de la Loi N° 13.640.
227
Rés. M.J. et D.H. 191/02 et Rés. M.J.S. et D.H.134/02.
228
Intégrée par : Miguel Ángel Ciuro Caldani, Eduardo L. Fermé, Berta Kaller de Orchansky, Rafael
Manovil, Maria Blanca Noodt Taquela, Beatriz Pallarés, Alicia Perugini Zanetti, Horacio Daniel Piombo,
Julio César Rivera, Amalia Uriondo de Martinoli et Inés Maria Weinberg de Roca.
111
l’article 69). L’accueil de l’autonomie de la volonté dans ce Projet de Code démontre
l’existence d’un consensus dans la communauté argentine de juristes sur ce que les
parties à un contrat international doivent pouvoir élire le droit qui régisse leurs rapports.
large n’adopte pas nécessairement la même attitude. Nous allons nous plonger dans le
B. Brésil
Au Brésil, les questions de Droit international privé sont traitées dans la Loi
d’Introduction au Code civil. La version originale de cette loi datant de 1916229 a été
reformée en 1942230.
unique fixait quelques cas exceptionnels dans lesquels seule la loi brésilienne serait
Cet article peut se rapprocher des articles 25, 1er paragraphe du Code civil italien
229
Ci-après dénommée « LICC 1916».
230
Ci-après dénommée « LICC 1942 ».
231
Supra, p. 32.
112
commerce du Chili232. Les articles référés désignent une loi pour régir les obligations
contractuelles, qui est appelée à s’appliquer sauf volonté contraire des parties.
déterminée par l’article 9, qui maintient le système de la lex loci celebrationis mais
règles.
1. La doctrine
l’année 1942.
de choix de la loi du contrat était admise au Brésil233. Une telle interprétation découlait
clairement de l’expression « sauf stipulation contraire », les parties pouvant choisir une
loi autre que celle du lieu de conclusion du contrat international. L’auteur de l’article 13
232
Supra, p. 31.
233
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado. Teoria e prática brasileira. Rio de Janeiro :
Renovar, 2003, p. 320.
113
en matière du contenu et des effets du contrat « mais il a décliné l’avoir adopté »234, ce
qui ne peut que nous étonner. Mais remarquons qu’il défendait l’autonomie de la
Valladão.
Bevilacqua, auteur de la LICC 1916, dont l’article 13 a consacré le principe tant pour
l’autonomie. Tel est par exemple le cas de Eduardo Espínola et Álvaro da Costa
Machado Villela. Le premier critiquait l’article 13 de la LICC 1916 qui pouvait être à
et les effets des obligations, de manière que non seulement les règles supplétives mais
aussi les impératives seraient susceptibles d’être évincées par les contractants. Mais
selon lui, une telle analyse s’avérerait incorrecte. Il soutenait que l’interprétation dudit
234
Idem, p. 321.
235
OCTÁVIO, Rodrigo, Droit International Privé dans la Législation Brésilienne. Paris : Sirey, 1915, pp.
137-138, cité par João Grandino Rodas, « Elementos de conexão no Direito Internacional privado
brasileiro relativamente às obrigações contratuais ». In : Grandino Rodas, João, Contratos Internacionais,
2nde édition révisée, actualisée et élargie. São Paulo : Editora Revista dos Tribunais, 1995, p. 36.
236
VALLADÃO, Haroldo Texeiro, op. cit., p. 436.
114
article était intimement liée à la notion d’autonomie des parties, et il trouvait que
l’autonomie de la volonté n’avait un rôle à jouer que par rapport aux règles
supplétives237. Il vaut la peine de remarquer que cette idée d’une autonomie de choix
réduite aux lois supplétives, qui avait été également soutenue en Belgique au XIX e
siècle238, conduit à un dépeçage du contrat et suppose que la distinction entres les lois
impératives internes et les lois internationalement impératives ne soit pas faite. De son
Nous entendons que les auteurs référés n’admettaient pas une autonomie
« conflictuelle » ; la loi applicable au fond et aux effets du contrat devait toujours être
celle du lieu de conclusion et, juste pour les matières que la lex contractus considérait
comme supplétives ou facultatives, les parties étaient en mesure de « choisir » une loi
loci celebrationis. Il ne s’agirait pas d’une autonomie conflictuelle parce que les parties
ne seraient pas admises à écarter in totum la loi indiquée par la règle de conflit240. Elle
ne serait pas non plus une autonomie matérielle de Droit international privé car cette
dernière concède aux parties le droit d’introduire dans leur contrat international des
237
Cf. ESPÍNOLA, Eduardo, Elementos de Direito Internacional privado. Rio de Janeiro : Jacinto
Ribeiro dos Santos Ed., 1925, p. 657 et s., cité par Araújo, Nádia de, Contratos Internacionais…, op. cit.,
p. 87.
238
V. la doctrine et la jurisprudence belge anti-autonomiste: BOURGUIGNON, « L’autonomie de la
volonté dans le système belge de Droit international privé », RDIDC , 1950, p. 42 et s., cité par Pommier,
Jean-Christophe, op. cit., p. 43.
239
Cf. DA COSTA MACHADO VILLELA, Álvaro, O Direito Internacional Privado no código Civil
Brasileiro. Coimbra : Imprensa da Universidade, 1921, p. 378, cité par Araújo, Nádia de, Contratos
Internacionais..., op. cit., p. 89.
240
Supra, p. 19.
115
clauses contraires aux règles supplétives mais aussi, et surtout, aux règles impératives
parties ne pouvaient absolument pas disposer des règles impératives du droit privé
applicable au contrat.
Le professeur Francisco C. Pontes de Miranda était plus radical, bien que les
conséquences de son raisonnement ne diffèrent pas de celles tirées par les des deux
auteurs que nous venons de voir. Il affirmait que l’autonomie de la volonté n’existait
point, ni comme principe, ni comme théorie242. Pontes de Miranda entendait que la loi
était impérative et pouvait détruire son propre caractère impératif faisant une place à la
volonté et fixant ses limites, de façon que parmi ces limites il n’y aurait pas de choix de
la loi, sinon « loi »243. Nous considérons que ceci n’est pas exact : bien sûr que pour que
le choix de la loi du contrat soit permis il faut partir d’une règle de droit qui l’admette
(règle législative ou jurisprudentielle), mais une fois le choix opéré, la loi qui l’a admis
est évincée et c’est directement la loi choisie qui va s’appliquer. Quant à l’article 13 de
la LICC 1916, l’auteur brésilien pensait que son admission d’une stipulation contraire se
référait au droit substantiel, interne, et non pas au Droit international privé. Ainsi, si le
droit substantiel admettait de stipulation contraire, elle pouvait avoir lieu. Cela
reviendrait à dire que si le droit privé applicable (signalé par la règle de conflit du même
article 13, donc la lex loci celebrationis) admettait le jeu de la volonté particulière par
faire régir les matières qu’elles touchent par une loi étrangère. La situation est
241
Idem.
242
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 90.
243
PONTES DE MIRANDA, Francisco C., Tratado de Direito Internacional Privado. Rio de Janeiro :
Libraría José Olympio Editora, 1935, t. I, p. 541, cité par Araújo, Nádia de, Contratos Internacionais...,
op. cit., p. 90.
116
exactement celle que nous avons relevée à propos des observations d’Espínola et
Villela.
LICC 1916 fut reformée. Désormais, c’est l’article 9 qui s’occupe de la question de la
loi applicable aux obligations. Le système de la lex loci celebrationis y est maintenu;
que c’est possible d’effacer un principe de l’ordre juridique par l’élimination de la règle
qui le consacre ?
volonté comme principe régisseur des obligations contractuelles245, entend que même si
comme celui-ci ne peut pas disparaître par omission. De manière que, selon lui, il
expresse. C’est en vertu de ces arguments que le Congrès Juridique National de 1945 a
244
Cf. VALLADÃO, Haroldo Texeiro, op. cit., p. 437.
245
Supra, p. 114.
246
Cf. VALLADÃO, Haroldo Texeiro, loc. cit.
117
Rossani Garcez247 est d’accord sur ce point avec Valladão, du moment où il soutient la
privé, sur l’article 9 de la LICC 1942 –règle qui ne garde qu’une valeur supplétive–.
l’autonomie est acceptée par les tribunaux nationaux et par les tribunaux arbitraux, et
que même si dans le Droit international privé positif brésilien le principe de l’autonomie
extérieur ont transigé, voire reconnu des clauses en ce sens, inscrites dans des contrats
auteur était partisan d’une voie moyenne entre l’accueil et le rejet de l’autonomie par
La théorie moyenne à laquelle Strenger avait des années plus tôt adhéré était
soutenue Oscar Tenório250, pour qui la nouvelle législation ne contenait pas l’autonomie
de la volonté mais elle ne l’interdisait pas non plus. Il estimait que dans ces
serait appliquée seule dans l’hypothèse de son admission par la loi du contrat. L’accueil
de l’autonomie par la loi du lieu de conclusion du contrat était une condition préalable à
247
ROSSANI GARCEZ, José Maria, Contratos Internacionais Comerciais. Planejamento, Negociação,
Solução de Conflitos, Clausulas Especiais, Convenções Internacionais. São Paulo : Editora Saraiva,
1994, p. 55.
248
STRENGER, Irineu, Contratos internacionais do comércio, Editora Revista dos Tribunais, São Paulo,
1986, p. 92.
249
STRENGER, Irineu, « Alguns aspectos da contratação internacional ». In : El Derecho Internacional
Privado en las Américas (1974-2000), op. cit., p. 559.
250
TENÓRIO, Oscar, Lei de Introdução ao Código Civil Brasileiro, 2e éd. Rio de Janeiro : Ed. Borsai,
1955, cité par Araújo, Nádia de, Direito Internacional Privado..., op. cit., p. 322.
118
la possibilité de choix d’une loi. Nádia de Araújo251 signale que Strenger252 partageait
l’avis de Tenório : les parties pouvaient choisir la loi du contrat international lorsque la
loi étrangère le permettait –la loi brésilienne ne le permettant pas–. Mais nous venons de
voir que Strenger a postérieurement changé d’opinion et s’est penché vers l’admission
Un autre courant interprète que l’article 9 de la LICC 1942 ne laisse pas de place
l’autonomie dans le Droit international privé brésilien actuel, et les parties ne pourront
qu’exercer leur liberté contractuelle dans le champ des règles supplétives de la loi
applicable254. Selon Amilcar de Castro255 les contractants n’ont pas le droit de choisir, à
leur gré, la lex contractus (elle sera toujours celle du lieu de conclusion) ; l’autonomie
international n’est pas approuvé par la législation brésilienne dans son état actuel. Elle
251
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 98.
252
STRENGER, Irineu, A autonomia da vontade em Direito Internacional Privado. São Paulo : RT,
1968, cité par Araújo, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 97.
253
GRANDINO RODAS, João, « Elementos de conexão no Direito Internacional privado brasileiro
relativamente às obrigações contratuais », op. cit., p. 44.
254
Supra, p. 115, nous avons expliqué pourquoi l’admission de l’autonomie seulement par rapport aux
règles supplétives implique vraiment le rejet de l’autonomie conflictuelle.
255
CASTRO, Amilcar de, Direito Internacional Privado, 4e éd., notes Osíris Rocha. Rio de Janeiro : Ed.
Forense, 1987, pp. 443-444, cité par Araújo, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 96.
256
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 105.
257
ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado..., op. cit., p. 323.
119
Selon Maristela Basso258, l’article 9 de la LICC 1942 n’admettrait pas le choix
de la loi et fonctionnerait comme règle d’ordre public que la volonté des parties ne
pourrait pas évincer. Elle conseille au contractant diligent de conclure le contrat dans le
pays dont il souhaite voir la loi appliquée. Les parties jouissent de la plus grande liberté
conflit ne permet pas le jeu de la liberté de choix directe d’une loi pour le contrat
international, mais rien n’empêche que, indirectement, leur volonté s’y infiltre par la
voie de la sélection du lieu de conclusion –rattachement retenu par l’article 9–. Sans se
en question, Luiz Olavo Baptista259 observe qu’il a admis l’autonomie de la volonté des
LICC 1942 n’admet pas le choix de la loi, il pourrait se construire une argumentation
pro-autonomie similaire à celle que Boggiano utilise pour fonder l’autonomie à portée
conclusion ; les parties peuvent désigner le lieu de conclusion ; donc, elles peuvent
258
BASSO, Maristela, « A Autonomia da Vontade nos Contratos Internacionais do Comércio », Revista
da Faculdade de Direito da UFRGS, 1996, v. 12, p. 201.
259
BAPTISTA, Luiz Olavo, Dos Contratos internacionais, Ed. Saraiva, São Paulo, 1994, p. 34, cité par
Araújo, Nádia de, « O direito subjetivo e a teoria da autonomia da vontade no direito internacional
privado ». In: Borba Casella, Paulo (coord.), ouvrage collectif avec la collaboration de Nádia de Araújo,
Umberto Celli Jr. et Ricardo Th. da Cunha, Contratos Internacionais e Direito Econômico no
MERCOSUL. Após o término do período de transição. São Paulo : Editora LTr., 1996, p. 43.
260
Supra, pp. 97-98.
120
dans lequel les contractants ont inclu une clause de choix de la loi. Il suffit de faire
différend dérivé dudit contrat, la règle de conflit du for (article 9 de la LICC 1942) lui
indiquera le droit argentin, et dès lors qu’en Argentine l’autonomie de la volonté est
accueillie, elle le sera également pour notre contrat et le pactum de lege utenda sera
valable.
Nous situons dans cette ligne les assertions de Antenor Pereira Madruga Filho :
« On ne peut même pas essayer de justifier l’option du législateur brésilien comme une
mesure d’affirmation de la souveraineté nationale sur tous les contrats conclus ici, une
fois que la propre formulation de la règle de connexion de l’article 9 permet aux parties
droit brésilien, par la localisation du contrat. Pour cela il est suffisant de localiser
formellement la conclusion du contrat dans n’importe quel autre pays ou, si elles
fut conclu entre absents, la partie étrangère étant l’offrant »261. La dernière possibilité
s’explique car le 2nd paragraphe de l’article 9 de la LICC 1942 dispose que l’obligation
droit interne. Au fil du temps, deux projets de Loi générale d’application de règles
261
PEREIRA MADRUGA Filho, Antenor, « A CIDIP V e o direito aplicable aos contratos
internacionais». In: Borba Casella, Paulo (coord.), Contratos Internacionais e Direito Econômico no
MERCOSUL. Após o término do período de transição, op. cit., p. 411.
121
volonté262. À la demande du gouvernement, Valladão a présenté son projet en 1964. En
1970, il fut approuvé par la commission chargée de le réviser. Puis il a été oublié
pendant des longues années jusqu’à ce qu’un sénateur l’a présenté à nouveau en 1984 ;
mais finalement il a été archivé. Le second projet a été envoyé à la Chambre de Députés
par le Pouvoir Exécutif Fédéral. Là, il est devenu le Projet de Loi N° 4.905, de 1995 263.
de ladite chambre, lorsque l’approbation du projet semblait possible, il a été retiré par le
même organe de l’État qui l’avait présenté, sous prétexte du « besoin de réexaminer la
matière ».
dans le Projet de Loi d’Introduction au Code Civil Brésilien, Projet de Loi du Sénat N°
« De conformité à la loi de votre État, est-ce que les parties à un contrat international
262
Cf. GRANDINO RODAS, João, « Falta a lei de introdução do Código Civil », Gazeta Mercantil, 21
septembre 2001. Disponible sur : <http://www.race.nuca.ie.ufrj.br/journal/r/rodas1.doc> (consulté le
30.11.2005).
263
Pour l’évolution législative du projet, v. le site internet du Sénat. Disponible sur :
<http://legis.senado.gov.br> (consulté le 04.10.2005).
264
Ibidem.
265
Informe de la Comisión de Asuntos Jurídicos y Políticos acerca del Cuestionario sobre Contratación
Internacional, Consejo Permanente, Organización de Estados Americanos, OEA/Ser. G, CP/doc.2139/91,
corr. 1, 27 février 1991, p. 75.
122
La perspective normative du droit brésilien ne serait pas complète sans faire
mention d’une règle plus moderne, qui pourra fonctionner comme clé pour ouvrir la
porte à l’autonomie en droit brésilien. C’est la Loi 9.307/96 sur l’arbitrage. À l’article
2.1, elle établit que « Les parties pourront librement choisir les règles de droit qui seront
appliquées dans l’arbitrage… »266. Nádia de Araújo267 explique que telle admission de
l’autonomie de la volonté est restreinte aux contrats soumis à l’arbitrage, et qu’il peut
l’autonomie de la volonté soit accueillie même pour des contrats internes en juridiction
arbitrale et qu’elle soit rejetée pour les contrats internationaux en juridiction étatique.
Ceci ne pourra que causer une fuite de différends contractuels internationaux des
désigner la loi qui le régira, elles comptent, dans le système juridique brésilien actuel,
avec deux options légitimes : 1) elles pourront localiser la conclusion du contrat au pays
dont la loi elles désirent voir appliquée ; 2) elles pourront accorder une clause
l’autonomie au Brésil.
266
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 105.
267
Ibidem.
123
2. La jurisprudence
De la même manière que nous l’avons fait pour étudier la doctrine, nous
1916 sont très rares, voire inexistants. Nádia de Araújo constate que « la question de
l’autonomie de la volonté n’a jamais été directement traitée par le peu de cas concernant
les contrats internationaux »268 qu’elle a trouvés. Elle mentionne l’arrêt Bayley & Cia. c.
Estado do Ceará 269. Le contrat dont il était question dans cette affaire avait été conclu à
offensive au droit national et a appliqué la loi brésilienne du lieu d’exigibilité (un des
268
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais..., op. cit., p. 109.
269
Revista de Jurisprudencia do STF, vol. 91, 1925, pp. 45-51, cité par Araújo, Nádia de, Contratos
Internacionais..., op. cit., p. 111.
270
LIMA MARQUES, Cláudia, notes des cours de Droit international privé II, à l’Universidade Federal
do Rio Grande do Sul, 2002.
124
« accordée ». Afin de défendre les parties faibles des contrats internationaux –souvent
les parties nationales– les tribunaux du Brésil auraient évité d’appliquer en pratique
Le critère des tribunaux n’a pas changé avec la LICC 1942. Dans une affaire de
transport maritime qui devait être exécuté au Brésil, la clause de choix d’une loi
étrangère a été laissée sans effet271. Sinon, en général, les contrats internationaux sont
verrons en ce sens trois arrêts de tribunaux locaux de São Paulo, cités par Antonio Felix
Navisys Incorporated rendu le 7 juin 2002 par le juge de droit de la 30e Barre Civile de
271
Apelação 35.641, TJSP, 1947, RT, n° 173, 1948, p. 269-275, cité par Araújo, Nádia de, Contratos
Internacionais..., op. cit., p. 112.
272
ARAUJO CINTRA, Antonio Felix de, et BERGER, Renato, « Lei aplicável: Uma questão de
escolha», Jus Navigandi, Teresina, a. 8, n. 250, 14 mars 2004. Disponible sur :
<http://jus2.uol.com.br/doutrina/texto.asp?id=4942> (consulté le 22.12.2005). Nous remercions M.
Berger la gentillesse de nous avoir fait parvenir le texte intégral des arrêts cités.
125
São Paulo273, où il a été reconnu que « Par le choix d’une loi autre que la verte-jaune…
les parties n’ont en rien offensés des droits privés ni la souveraineté brésilienne ».
Dans l’affaire Total Energie do Brasil, S.N.C. et al. c. Thorey Invest Negócios
Ltda., 1er Tribunal d’Appellation de São Paulo, 7e Chambre, 24 septembre 2002274, les
parties à un contrat d’agence avaient prévu que tout litige découlant du contrat serait
prévisions des parties et a expressément déclaré que « …la Loi d’Introduction au Code
évidence, ladite règle de conflit ne s’appliquant qu’à défaut de choix de la loi par les
contractants.
affirmé, dans l’arrêt R S Components Ltd. c. R S do Brasil Com. Imp. Exp. Cons. Repr.
choix de la loi applicable qui désignait la loi du Royaume Uni, que « Selon le principe
d’autonomie de la volonté, qui préside à l’élaboration des contrats, les parties peuvent…
choisir les lois qui doivent régir leurs contrats. », qu’il est « indéniable » que le droit
273
Registre 00.551794-0, inédit.
274
Registre 1.111.650-0, inédit. V. FERREIRA LEMES, Selma, « Escolha da Lei Aplicável na
Arbitragem é Confirmada pelo 1º TACSP », AMCHAM Brasil, Câmara Americana de Comércio,
American Chamber of Commerce. Disponible sur :
<http://www.amcham.com.br/arbitragem/documento2004-04-29c/documento2004-04-29c_arquivo>
(consulté le 22.12.2005).
275
Registre 1.247.070-7, inédit.
126
brésilien « …soutient l’autonomie de la volonté dans le champ de la loi applicable aux
contrats internationaux est admis au Brésil… ». Trois auteurs nationaux sont cités en
de plusieurs auteurs de poids, ne l’accueille pas, au moins pas encore. Afin qu’il puisse
être affirmé que malgré le silence ou le rejet de la législation, c’est la jurisprudence qui
critère, que ce soient des tribunaux supérieurs les proclamateurs de la liberté de choix de
la loi applicable aux contrats internationaux, ou au moins que ces arrêts de tribunaux
Les juges brésiliens pourraient se servir des différents arguments que nous avons
présentés pour déclarer que le Droit international privé du for admet l’autonomie :
désirent afin de voir appliqué le droit qu’elles préfèrent, l’accueil de l’autonomie par la
veulent avoir de la sécurité juridique, particulièrement en ce que leur choix d’une loi
étrangère soit efficace, elles prendront sûrement la voie de l’arbitrage où leur choix est
déjà protégé par l’article 2.1 de la Loi 9.307/96, plutôt que de risquer le sort qu’il
127
Nous sommes de l’avis que la voie la plus expéditive pour la consécration de
Pour conclure, nous dirons que le Droit international privé du Brésil, tel qu’il
est actuellement, ne fait pas de place à l’autonomie conflictuelle. Pour qu’elle soit
pro-autonomie.
C. Uruguay
celui-ci, par la Loi N° 10.084 du 3 décembre 1941276 –connue comme « Loi Vargas » en
276
Disponible sur : <http://www.parlamento.gub.uy/Leyes/Ley10084.htm> (consulté le 22.12.2005).
128
modifiées par la volonté des parties. Celle-ci pourra seulement agir dans la marge que la
Quels sens et portée est-ce que la doctrine (1) et la jurisprudence (2) donnent à
l’article cité ?
1. La doctrine
traditionnellement contre l’autonomie des parties. On trouve dans ce groupe des auteurs
de la taille des Quintín Alfonsín278 et Rubén Santos Belandro279, ainsi que Cecilia
Fresnedo de Aguirre280.
fait que, afin d’établir les règles sur la loi qui doit régir le contrat, « …c’est l’intérêt
277
L’auteur fait la réserve « unless the applicable law provides the contrary » ; FERNÁNDEZ ARROYO,
Diego P., « International Contract Rules in Mercosur: End of an Era or Trojan Horse? », op. cit., p. 169.
278
ALFONSÍN, Quintín, Régimen internacional de los contratos. Montevideo : Biblioteca de
Publicaciones Oficiales de la Facultad de Derecho y Ciencias Sociales de la Universidad de Montevideo,
Section III, LIV, 1950, p. 13 et s.
279
SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales..., op. cit., p. 51.
280
FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, La autonomía de la voluntad en la contratación internacional,
Fundación de Cultura Universitaria, Montevideo, 1991, cité par Fernández Arroyo, Diego P., loc. cit.
129
dont il s’agit se rattache…, qui a fondamentalement été pris en compte »281. Des raisons
d’intérêt général de la nation, qui doivent toujours prévaloir sur la volonté particulière
des sujets contractants, seraient celles qui ont mené le législateur a créer la règle de
conflit pour les actes juridiques internationaux (l’article 2399 de l’Appendice du Code
civil).
politique a été soutenu, selon lequel la liberté de choix de la loi dans les contrats
internationaux permettrait que les entrepreneurs de pays développés imposent leur loi
pour le contrat. Ce sont des raisons de peur du faible face au fort, parfois
économiquement plus forte. Néanmoins, nous ne partageons pas cette position. Il est
certain qu’on ne doit pas admettre qu’une partie littéralement « oblige » l’autre à
accepter un pacte de lege utenda. Si cela est le cas, la clause de choix de la loi pourra
normalement être invalide. Mais sinon, en l’absence d’abus de la partie forte, il suffirait
avec le respect de l’ordre public international et les lois de police du for pour que le
choix soit valable. Lorsque les limites à l’autonomie de la volonté sont respectées il n’y
281
Cité par Noodt Taquela, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en
los Estados mercosureños », op. cit., p. 1021.
282
Cf. HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 237.
130
Le gouvernement de l’Uruguay a exprimé, dans sa réponse au Questionnaire de
l’Organisation des États Américains sur les contrats internationaux, que «L’autonomie
de la volonté des parties pour établir la loi applicable aux contrats internationaux ne
figure dans aucune disposition du droit positif interne uruguayen, ni à caractère général,
néanmoins, elle n’est pas absolue. Après l’avoir interdite, l’article 2403 ajoute que la
volonté des parties « pourra seulement agir dans la marge que la loi compétente lui
Traités de Montevideo de 1940, nous avait emmenés à conclure pour l’accueil, même
restreint, de l’autonomie284. Est-ce qu’on peut arriver, ici, à un résultat pareil ? Voyons
de l’article 2403 in fine peut être 1) le système juridique connecté par la règle de conflit
appliquée au cas concret, et 2) les règles de Droit international privé compétentes pour
matérielles ou de conflit285.
283
Informe de la Comisión..., op. cit., p. 148.
284
Supra, pp. 54-55.
285
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », op. cit., p. 1022.
286
Ci-après dénommé « La Mannheim c. COSCO » ; Sosa, JLC 17°, Sent. N° 42, 24/10/1994, et Peri
Valdez, Chalar, Ruibal Pino, TAC 3°, Sent. N° 8, 12/2/1996, in RTYS, N° 10, cas 186, cité par Noodt
Taquela, loc. cit.
131
Chine, dans lequel le juge uruguayen du domicile du défendeur était compétent. Le
contrat contenait une clause de choix d’une loi étrangère. La règle de conflit du for –
article 2399 de l’Appendice du Code civil– adopte la lex loci executionis, donc la loi
chinoise. Le juge a considéré le pacte de choix de la loi valable, car il doit appliquer la
loi étrangère désignée par sa règle de conflit tel que le ferait le juge étranger, et dès que
la loi chinoise admet l’autonomie de la volonté, le juge chinois aurait sûrement reconnu
la validité du choix.
international privé du for désigne un droit étranger, le juge doit statuer tel que le ferait le
juge étranger s’il était saisi de la même question287. L’arrêt le plus ancien sur cette
matière date de l’année 1841 et a été prononcé par les tribunaux anglais dans l’affaire
avait rédigé son testament suivant les formalités de la loi anglaise mais non celles de la
loi belge. Or, il a été prouvé que la justice belge aurait considéré la loi nationale du
testateur comme loi applicable aux formalités testamentaires. Par conséquent, les
tribunaux anglais ont jugé comme s’ils étaient des tribunaux belges, et ont appliqué la
loi anglaise qui validait le testament. Werner Goldschmidt explique cette théorie, qu’il
appelle théorie de l’usage juridique, dans les termes qui suivent : « Si un Droit étranger
est déclaré applicable à une controverse, il faut lui donner le même traitement au fond
qu’avec le maximum degré de probabilité lui donnerait le juge du pays dont le Droit a
287
Cf. BATIFFOL, Henri et LAGARDE, Paul, Traité de Droit international privé, 8e édition, t. I. Paris :
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1993, p. 503.
288
2 Curt., p. 855 ; cité par Boggiano, Antonio, Derecho Internacional Privado, t. I, p. 281, et également
in re Ross, Chancery Division, Urt. v. 14/11/1929, in Abbruch des Renvoi und "foreign court theory":
Erbfolge nach einer in Italien domizilierten Engländerin aus der Sicht englischer Gerichte. Disponible
sur : <http://www.lrz-muenchen.de/~Lorenz/urteile/inreross.htm> (consulté le 26.12.2005).
132
été déclaré applicable ; comme point de référence, il faut prendre le juge qui aurait pu
être saisi de la controverse si elle s’était vraiment présentée dans ce pays »289. Va dans
Droit international privé (CIDIP I, Montevideo, 1979) disposant que : « Les juges et
autorités des États Parties seront obligés d’appliquer le droit étranger tel que le feraient
16.749 du 30 mai 1996 sur le marché de valeurs, dont l’article 46 permet à l’émetteur de
par Noodt Taquela. En effet, il entend l’exception de l’article 2403 in fine dans le sens
que « …seulement dans la mesure où la loi de l’État d’exécution l’autorise… »290 les
l’Appendice du Code civil. Lorsque le premier établit que : « …ni la loi applicable
selon les respectifs Traités, ne peuvent être modifiées par la volonté des parties, sauf en
ce que ladite loi l’autorise. », une nette allusion est faite à la volonté conflictuelle. De
manière que si la loi qui selon les Traités doit régir le contrat international –la lex loci
executionis– accueille l’autonomie, l’article 5 cité l’accepte aussi. Il note néanmoins que
289
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado…, op. cit., p. 137.
290
OPERTTI BADÁN, Didier, « La CIDIP V : Una Visión en Perspectiva », Revista Uruguaya de
Derecho Internacional Privado, année 1, N° 1, 1994, p. 29.
291
SANTOS BELANDRO, Rubén, loc. cit.
133
quand Vargas Guillemette écrit à l’article 2403 que la volonté des parties « pourra
seulement agir dans la marge que la loi compétente lui confère », il ne se réfère pas à la
vertu de laquelle les sujets peuvent passer des contrats et définir leur contenu. D’où
Santos Belandro conclut que tandis que les règles nationales de Droit international privé
adoptent une position objective pure, cela ne vaut pas pour l’article 5 du Protocole
interprétation littérale. Il ajoute que malgré cette dualité de sens entre la source interne
même manière qu’il interprète son droit interne imposant, de la sorte, une vision unitaire
selon laquelle l’autonomie conflictuelle n’a pas de place dans le Doit international
pour rejeter l’autonomie de la volonté bien qu’elle soit universellement acceptée, l’arrêt
La Mannheim c. COSCO293 nous montre que les juges uruguayens acceptent le choix de
la loi quand il est autorisé par la loi du lieu d’exécution du contrat international.
arriver au même résultat qu’à partir de l’article 5 du Protocole Additionnel aux Traités
les deux cas la lex loci executionis– admet l’autonomie conflictuelle. Or, si un juge de
292
Cf. VARGAS GUILLEMETTE, Álvaro, Codificación nacional de derecho internacional privado,
Montevideo, 1943, cité par Rubén Santos Belandro, loc. cit.
293
V. références supra, p. 131.
134
l’Uruguay est compétent, l’autonomie conflictuelle ne sera pas admise lorsque la loi du
lieu d’exécution du contrat est la loi uruguayenne ; elle le sera pourtant lorsque la loi du
lieu d’exécution est celle d’un pays pro-autonomie. Nous ne sommes donc pas en
mesure d’affirmer que le Droit international privé uruguayen de source interne rejette
tout droit l’autonomie ; au contraire, il faudrait dire qu’il l’admet d’une manière
Parlement. Tout de même, ce qui se passe c’est que, peu à peu, il est en train de se
l’Organisation des États Américains sur les contrats internationaux, on lit qu’un secteur
certaines limites. » et quant aux causes de cette évolution, mention est faite de « …la
de 1575 (sic) sur l’Arbitrage commercial international… ». Ces deux instruments, qui
valider la sélection de la loi par les parties… En tout cas, dans le contexte juridictionnel
135
explicites, ce qui réaffirme le besoin d’évaluer la convenance d’adopter des définitions
sur cette question car le système actuel est estimé insuffisant » 294.
Les conventions mentionnées ne sont pas les seules souscrites par l’Uruguay et
Vienne295 –en vigueur pour ce pays depuis le 1er février 2000296–, sans oublier le
Parmi les auteurs qui font sentir leurs voix en faveur de la réception de
international privé uruguayen qui ne peut pas être reporté. »298. Le second s’exprime
comme suit : « Si l’autonomie contractuelle large opère par rapport aux cas
internationaux de droit privé, reconnaît comme limite l’ordre public international du for,
ne résulte pas d’une imposition abusive –même économique– d’une partie sur l’autre et
136
respectueux des principes essentiels non sujets à transaction de nos droits et le plus
Opertti Badán, qui a été l’un des plus forts partisans de la ratification de la
CIDIP V par l’Uruguay, et pas seulement pour une question de cohérence après l’avoir
de maintenir en vigueur une solution absolument opposée comme celle de l’Art. 2403
pas être transposé en Uruguay, où le même article 2403 de l’Appendice du Code civil
restriction, car la « loi compétente » sera la lex fori de l’Uruguay –l’article 2403–.
admise si elle s’effectue dans le cadre des conventions internationales en la matière qui
sont en vigueur dans le territoire national. La « loi compétente » serait, selon le cas, la
299
TELLECHEA BERGMAN, Eduardo, « La autonomía de la voluntad en la contratación jusprivatista
internacional contemporánea », Revista de Derecho Comercial y de la Empresa, 1984, p. 89, cité par
Santos Belandro, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales..., op. cit., p. 56.
300
OPERTTI BADÁN, Didier, « La CIDIP V... », op. cit., p. 32.
301
Supra, p. 97.
302
Supra, p. 104.
137
arbitrales ou bien la Convention Interaméricaine de Panama 1975 sur l’Arbitrage
commercial international303.
2004304. Bien qu’il ne garde plus d’état parlementaire, il montre une consolidation de
leur législation.
2. La jurisprudence
303
Cf. NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en
los Estados mercosureños », op. cit., p. 1023.
304
C.E. N° 150147, R/1293.
305
Supra, p. 64 et s.
306
OPERTTI BADÁN, Didier et FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, op. cit., p. 19.
138
la sorte, un juge307 a rejeté l’argument selon lequel les tribunaux anglais seraient
compétents en vertu d’une clause accordée par les parties, au motif que « …comme la
vigueur en matière de compétence judiciaire, règles qui ne peuvent pas être modifiées
par la volonté des parties (art. 2403 CC)… » et a considéré la clause non existante.
entendu que « Les hypothèses prévues dans les conventions sur l’arbitrage sont
comprises dans la marge exceptionnelle dans laquelle la loi permet que la volonté des
lorsque la loi qui régit le contrat est la loi de l’Uruguay, l’autonomie conflictuelle n’a
aucune chance de se voir acceptée. Néanmoins, nous avons constaté que de manière
permet que la volonté des parties joue le rôle que lui accorde la lex contractus (arrêt La
Mannheim c. COSCO309).
307
Zulema Casanova, dans l’arrêt N° 2258, 5/12/1996, JLC de 11° T, cité par Noodt Taquela, María
Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los Estados mercosureños », op.
cit., p. 1022.
308
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », op. cit., p. 1023.
309
Supra, pp. 131 et 134.
139
executionis, à son tour, l’accepte. Il permet le recours à l’arbitrage international
commencé– vers un accueil plus large de l’autonomie. Afin de voir l’autonomie admise
du Code civil.
D. Paraguay
adopté le Code civil argentin. Et nous avons vu que dans le Code civil argentin il n’y a
aucune règle qui incorpore expressément la liberté de choisir la loi applicable au contrat
international311.
310
Supra, p. 16.
311
Supra, p. 92.
140
Ceci étant, le juriste paraguayen Raúl Sapena Pastor312 trouvait que l’autonomie
était pleinement consacrée à l’article 1197 du Code civil et que les contractants avaient,
par conséquent, le droit de désigner la loi qui allait régir les effets de leurs contrats
avons rejeté qu’elle puisse se fonder sur l’article 1197313, et s’agissant du même Code,
les raisons alors exposées sont également valables ici, pour l’article 1197 du Code civil
du Paraguay.
Mais en 1985, par Loi N° 1183, un nouveau Code civil est venu remplacer
l’ancien Code civil importé de l’Argentine, ainsi que le Code de commerce argentin –
adopté par le Paraguay en 1903–. Le nouveau Code civil, en vigueur depuis le 1er
janvier 1987, et qui accomplit l’unification des règles civiles et commerciales, n’a pas
pour refléter, dans les règles de Droit international privé du nouveau Code civil (articles
matière, considérant surtout que l’autonomie de la volonté était déjà lors de la réforme,
un principe universel.
signale qu’elle n’a touché que des problèmes généraux du Droit international privé, sans
312
SAPENA PASTOR, Raúl, Derecho Internacional Privado, Parte General, Derecho Civil
Internacional, t. I, Buenos Aires, 1944, p. 465, cité par Feldstein de Cárdenas, Sara L., Contratos
internacionales…, op. cit., p. 122.
313
Supra, pp. 101-102.
141
se pencher spécialement sur les questions relatives aux contrats internationaux314. Il
de Boggiano sur l’autonomie à portée large315, car elle se fonde sur l’accueil exprès que
institué par Loi N° 1337, en vigueur depuis novembre 1989– interdit toute modification
compétence territoriale « …mais pas en faveur de juges étrangers, sauf en ce qui soit
établi dans des lois spéciales » (article 3). Néanmoins, la dernière partie de l’article cité
internationaux qui pourraient être pris comme des « lois spéciales ». De la sorte, il n’y
Mais l’article cité reste muet à propos de l’arbitrage. Luis Breuer317 entend que
d’arbitres étrangers et qu’il serait positif de le modifier afin de s’adapter aux besoins du
314
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », op. cit., p. 1018.
315
Supra, p. 97.
316
Incorporé par le Paraguay par Loi N° 597, 1995.
317
BREUER, Luis, « La Convención de Nueva York de 1958. Necesidad de su ratificación por el
Paraguay », 28.09.2001. Disponible sur : <http://www.camparaguay.com/detalle.asp?Id=70> (consulté le
30.11.2005), pp. 10-11.
142
commerce international. Malgré le silence de l’article 3 sur la possibilité de proroger la
juridiction en faveur d’un tribunal arbitral international, nous pensons qu’en attendant
Aires–, ainsi que de la Loi N° 1879 d’Arbitrage et médiation de l’année 2002, qui
procédure civile320.
d’Arbitrage et médiation, qui régit les arbitrages internes et les internationaux, accueille
litige de conformité aux règles de droit choisies par les parties comme applicables au
fond du litige ».
318
Incorporé par le Paraguay par Loi N° 611, 1976.
319
Le Paraguay a adhéré à cette convention par Loi N° 948, 1996. Elle est en vigueur pour le Paraguay
depuis le 5 janvier 1998. Cf. Ministère des Affaires Étrangères. Disponible sur :
<http://www.mre.gov.py> (consulté le 04.10.2005).
320
Contre : FRUTOS SILVA, María Gabriela, « Ejecución de laudos arbitrales ». Disponible sur :
<www.camparaguay.com/descargar/laudos_arbitrales.doc> (consulté le 30.11.2005), p. 7, pour qui
lesdites « lois spéciales » sont seulement les traités et conventions internationales que le Congrès National
a ratifiés.
143
Quant à la jurisprudence, il y a très peu de cas sur des contrats internationaux
dans les arrêts de ce pays, et on n’a trouvé aucun qui porte spécifiquement sur la
détermination de la loi du contrat, même s’il existe déjà un site d’internet dont la Cour
La liberté des parties de choisir la loi applicable au contrat international n’est pas
qui n’empêche que l’on puisse y percevoir les débuts d’un changement d’attitude. En
reste encore beaucoup à faire sur ce terrain afin que l’autonomie de la volonté arrive à
que les rapports commerciaux de ceux-ci avec les États Associés entraînent une
proximité plus étroite qu’avec le reste d’États du monde, nous jugeons utile d’avoir,
321
Disponible sur : <http://www.pj.gov.py/web/portal.html> (consulté le 04.10.2005).
144
A. Chili
lecture de deux règles. La première c’est l’article 16 du Code civil, qui soumet les biens
situés au Chili à la loi chilienne, mais sous réserve « …des stipulations contenues dans
les contrats valablement conclus en pays étranger ». La seconde règle dans laquelle on
Chili est régie par la loi chilienne, et son paragraphe 2nd finit par « …sauf que les
contractants aient accordé autre chose ». Les parties peuvent donc soumettre à la loi
qu’elles désirent les effets d’un contrat conclu à l’étranger qui doit être exécuté sur le
laquelle une convention est soumise à une loi étrangère est une clause valable au Chili.
les règles citées –ainsi que le Code Bustamante dont le pays est État partie–, admettent
général –à l’exception des articles du Code Bustamante portant sur des contrats
322
ALBÓNICO VALENZUELA, Fernando, El Derecho Internacional Privado ante la jurisprudencia
chilena. Santiago, Chili : Editorial Nascimento, 1943, p. 143.
323
Informe de la Comisión..., op. cit., p. 174.
145
maintenons notre opinion dans le sens que le Code Bustamante n’a pas accueilli
Suprême a décidé, le 31 octobre 1918325, que la stipulation dans le statut d’une société,
selon laquelle tout les partenaires s’obligent à considérer certains biens immeubles
de la vente, etc., est une loi pour les parties. Ladite clause a été considérée comme une
situation du bien).
Dans l’arrêt Davis Turner y Cía. c. Wohlmuth, Leo, 11 novembre 1924, un des
tribunaux de Santiago a statué « Qu’il peut se considérer établi que la volonté des
parties est souveraine par rapport aux lois qui doivent s’appliquer dans cette affaire,
faut rechercher quelle est la loi qui doit s’appliquer… »326. Lorsqu’il s’agit d’obligations
vingt, qu’il était « établi » que les contractants pouvaient, en exercice de leur volonté
324
Supra, p. 60.
325
RDJ, t. XVI, p. 365, arrêt cité par Guzmán Latorre, Diego, Tratado de Derecho Internacional Privado,
e
3 édition. Santiago de Chile : Editorial Jurídica de Chile, 1990, p. 523.
326
Arrêt consulté dans les notes de MONTANER BELLO, Ricardo, cité par Diego Guzmán Latorre, op.
cit., p. 522.
146
Nous voyons que la législation chilienne, accompagnée par la doctrine qui
B. Pérou
péruvien de 1984 accueille de manière expresse et large, pour tous les contrats
Droit international privé, et son Titre III traite les questions relatives à la Loi applicable.
C’est dans ce titre que nous trouvons l’article 2095, lequel dispose tout d’abord que :
« Les obligations contractuelles sont régies par la loi expressément choisie par les
choix exprès.
prévoit, à l’article 117, que : « Le tribunal décidera le litige de conformité aux règles de
droit choisies par les parties comme applicables au fond du litige ». Cet article se
327
Cf. BOGGIANO, Antonio, Contratos Internacionales…, op. cit., p. 25.
328
Texte disponible sur : <http://www.servilex.com.pe/arbitraje/peru/26572pe.html> (consulté le
26.12.2005).
147
ressemble beaucoup à l’article 1496 du Nouveau Code de procédure civile français, aux
termes duquel : « L’arbitre tranche le litige conformément aux règles de droit que les
Le Pérou est partie aux Traités de Montevideo de 1889 –où l’autonomie était
tacitement admise329– et au Code Bustamante. Boggiano330 entend que tous les deux
jurisprudence ne peut qu’accompagner cette attitude d’ouverture vers ledit principe qui
329
Supra, pp. 49-50.
330
BOGGIANO, Antonio, Contratos Internacionales..., loc. cit.
148
C. Venezuela
1998331 et entrée en vigueur le 6 février 1999, a connu une très longue période de
gestation : préparée dès 1958, conçue dans un projet de 1963, elle a subi différentes
modifications à plusieurs reprises avant de voir le jour332. Grâce aux modernes solutions
qu’elle adopte pour résoudre les problèmes découlant du trafic juridique international,
29, par lequel commence le Chapitre VI de la loi sur les obligations, dispose que : « Les
obligations conventionnelles sont régies par le droit indiqué par les parties ».
331
Gaceta Oficial N° 36.511, 6 août 1998 ; Revue critique de Droit international privé, 1999, pp. 392-
401. Disponible sur : <http://www.tsj.gov.ve/legislacion/ldip.html> (consulté le 26.12.2005).
332
Pour les antécédents ainsi que pour un commentaire de cette loi, v. PARRA ARANGUREN, Gonzalo,
« La loi vénézuélienne de 1998 sur le droit international privé », Revue Critique de Droit international
privé, 1999, pp. 209-226. V. également MAEKELT, Tatiana B. de, « Ley de Derecho Internacional
Privado: Comentarios Generales ». Disponible sur : <http://www.zur2.com/fcjp/117/maekelt.htm>
(consulté le 26.12.2005).
333
Supra, p. 57.
334
Supra, p. 64.
149
juridique vénézuélien vers son accueil. Car le Code Bustamante la rejetait335 tandis
Nous regrettons que la jurisprudence qui nous a été disponible ne nous serve pas
loi par les contractants, les juges nationaux sont contraints d’admettre le jeu de
l’autonomie de la volonté.
D. Équateur
lorsqu’un contrat conclu à l’étranger porte sur des biens situés en Équateur et doit
dispose que tous les actes d’exécution des contrats de commerce conclu à l’étranger et
335
Supra, p. 61.
336
Supra, p. 64 et s.
337
Texte disponible sur : <http://www.biblioteca.jus.gov.ar/codigocivilecuador.html> (consulté le
26.12.2005).
338
Texte disponible sur : <http://www.ccq.org.ec/documents/CODIGO%20de%COMERCio.doc>,
(consulté le 04.10.2005).
150
exécutables en Équateur seront régis par les lois équatoriennes. Néanmoins, au 2nd
paragraphe, in fine, il ajoute : « à moins que les contractants auraient accordé autre
chose ». Or, une place est faite à l’autonomie de la volonté, les parties pouvant choisir
une loi autre que la lex loci executionis pour y soumettre leur contrat.
l’article 15 du Code civil, semble être à la fois plus large et plus étroit. Plus large, car il
élimine l’exigence pour le contrat de porter sur des biens situés dans le territoire
national équatorien ; plus étroit car il ne se réfère pas à l’ensemble du contrat sinon juste
aux actes liés à son exécution, ce qui peut bien se lire comme une consécration
pour entendre que de cette manière il refuse l’autonomie de choisir la loi qui doit régir
d’autres parties du contrat, voire la conclusion de celui-ci. Nous estimons donc qu’il
convient de faire une interprétation large de la règle en question, de sorte que les parties
qui concluent un contrat commercial international aient le droit de choisir à quelle loi
seulement une partie du contrat –par exemple, tous les actes qui touchent son
exécution–.
du 4 septembre 1997339. Pour les arbitrages internationaux, elle dispose que les parties
339
Texte disponible sur : <http://www.cajpe.org.pe/rij/bases/legisla/ecuador/arbit.HTM> (consulté le
04.10.2005).
151
du tribunal… » (2nd paragraphe de l’article 42). Les parties sont de la sorte en mesure de
prononce pas sur la détermination de la loi applicable aux contrats internationaux. Ceci
est regrettable, parce qu’il serait particulièrement intéressant de voir comment les
tribunaux résolvent les différences entre le Code civil et le Code de Commerce. Sans
compter qu’avec cet appui documentaire, notre conclusion ne peut pas être imprudente.
C’est pourquoi nous ne dirons pas que dans le système juridique équatorien l’autonomie
de la volonté est accueillie pour tout contrat international. Il est vrai, cependant, qu’elle
est actuellement admise pour un grand nombre de contrats internationaux : d’une part,
ceux qui sont des contrats de commerce ; de l’autre, ceux qui sont soumis à l’arbitrage
international.
340
Supra, p. 58.
152
E. Bolivie
admise : on n’en trouve aucune trace dans le Code civil de 1976 ni dans le Code de
commerce de 1977.
contrat » admet deux interprétations. Elle pourrait d’abord être prise comme une
allusion aux clauses dans lesquelles les parties, en exercice de leur autonomie
sens d’un accueil de l’autonomie conflictuelle si, en l’espèce, les parties auraient stipulé
qu’une certaine loi régirait leur contrat. Nous préférons la seconde de ces deux
l’autonomie.
341
Texte disponible sur : <http://www.congreso.gov.bo/leyes/1770.htm> (consulté le 26.12.2005).
342
Supra, p. 64.
153
Malheureusement, la jurisprudence à laquelle nous avons eu accès ne se
internationaux.
conclure que l’autonomie conflictuelle ne jouit pas d’acceptation généralisée pour tous
les contrats internationaux. Ceci étant, son admission dans le cadre de l’arbitrage et la
obligations conventionnelles sont régies par le droit et par la juridiction indiquée (sic)
règle nous dévoile qu’un important changement d’attitude est en train de s’opérer dans
commerce international.
Il nous reste à examiner le système juridique d’un seul pays, un des derniers
343
V. les articles suivants, publiés sur l’internet: SALAZAR PAREDES, Fernando, « Propuesta de ley
boliviana de Derecho internacional privado » et « Necesidad de una ley boliviana de Derecho
internacional privado », Verba Legis, juin 2005. Disponibles sur :
<http://www.verbalegis.com.bo/Verba%20Legis,%20Articulos.htm> (consulté le 02.12.2005).
154
F. Colombie
colombien de 1873, en vigueur depuis le 1er janvier 1876344, soumet les contrats conclus
à l’étranger dont les effets doivent se produire en Colombie, à la loi colombienne (3e
paragraphe de l’article 20), sans pourtant rien dire à propos de la possibilité de choisir
l’Organisation des États Américains sur les contrats internationaux345, il existe un décret
dans lequel on pourrait trouver des règles sur la loi applicable aux contrats
internationaux, sauf qu’il est restreint aux contrats administratifs. C’est le Décret 222 de
1983, qui contient le Statut Contractuel Administratif. Son article 74 soumet à la loi
colombienne les contrats que l’État passe avec des étrangers et il établit que ces contrats
1889346. Nous avons dédié quelques lignes à la discussion sur le point de savoir si ce
344
Texte disponible sur : <http://www.secretariasenado.gov.co/leyes/C_CIVIL.HTM> (consulté le
26.12.2005). Sur l’histoire de la codification en Colombie, v. MAYORGA, Fernando, « Codificación de
la legislación en Colombia. Procesos de unificación del sistema jurídico », Revista Credencial Historia,
2002, 148. Disponible sur site internet de la Banque de la République :
<http://www.banrep.gov.co/blaavirtual/credencial/abril2002/codificacion.htm> (consulté le 04.10.2005).
345
Informe de la Comisión..., op. cit., p. 47 et s.
346
Supra, p. 43.
155
traité accueille ou rejette l’autonomie de la volonté347. Même si nous adhérons au
courant selon lequel elle est accueillie, il faut accepter que dans ce contexte il est
plausible qu’un juge colombien saisi d’une affaire contractuelle tombant dans le champ
loi applicable à leur contrat348. En conséquence, l’autonomie n’est pas encore acceptée
en Colombie.
347
Supra, p. 44 et s.
348
Informe de la Comisión..., op. cit., p. 52.
156
CONCLUSIONS DU TITRE PREMIER
par le droit de source internationale et par le droit de source interne des pays
mercosuriens. S’il est accepté aux Traités de Montevideo de 1889 et de 1940, aux
commercial international, il ne l’est pas au Code Bustamante. Quant aux règles internes
l’autonomie est clairement reçue ; pourtant, l’attitude de rejet qui prime dans le reste des
États Membres commence lentement à changer et nous avons relevé les indices de ce
changement. Des six États Associés au Mercosur, le Chili, le Pérou, le Venezuela, ont
consacré dans leurs respectifs Droits internationaux privés de source interne la liberté de
choix de la loi applicable au contrat. L’Équateur en fait un accueil partiel, tandis qu’en
Bolivie on a aperçu des pistes qui permettraient, dans le futur, un accueil généralisé de
monde. En vue de ce fait incontestable, il sera utile d’examiner de plus près le choix de
157
TITRE SECOND: LE CHOIX ET SON RÉGIME
Si dans un moment de la vie d’un contrat international pour lequel les parties ont
pris la peine de –mettant en œuvre leur autonomie de la volonté– choisir la loi, surgit
une controverse, le tribunal saisi devra examiner le choix de la loi. Quelles sont les
postures que le tribunal pourrait adopter ? Accueil, rejet et une position moyenne qui
Le tribunal pourrait admettre le choix et consentir qu’il déploie l’effet voulu par
les parties (que le contrat soit régi par la loi désignée), se fondant sur le fait que le Droit
international privé du for le lui permet. Si au lieu d’un tribunal étatique il s’agit d’un
tribunal arbitral, comme il n’a pas de for, il admettra le choix se fondant sur une règle
l’arbitre est tenu de respecter le choix de la loi fait par les contractants. Ladite règle de
l’arbitrage est de nature matérielle mais à coloration conflictuelle parce qu’elle désigne
choix, sous prétexte que son Droit international privé n’admet pas l’autonomie.
conformité à cette théorie, l’objet propre de la volonté des parties n’est pas le choix de
loi applicable, elles localisent leur contrat, et le juge en déduit la loi applicable »351. La
349
Cf. POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 255.
350
Idem, p. 257.
351
BATIFFOL, Henri, Les conflits de lois..., op. cit., p. 38.
158
seule chose que les contractants choisissent selon cette théorie moniste ce sont les
éléments de fait localisateurs du contrat352. Si les parties déclarent soumettre leur contrat
à une loi en particulier, telle déclaration ne sera prise que comme un facteur de
absolument le choix de la loi ; elle lui reconnaît une certaine valeur comme élément
localisateur du contrat. Néanmoins, cela n’est pas suffisant pour affirmer qu’elle
théorie de la localisation a été condamnée en France par l’arrêt Fourrures Renel354 qui
universellement admis et même dans les systèmes juridiques nationaux des pays du
admission. Ceci requiert de se figurer que les parties plaident devant le tribunal d’un
État dont le Droit international privé reçoit l’autonomie ou bien devant un tribunal
arbitral.
352
Idem, p. 46.
353
Idem, p. 41.
354
Supra, p. 33 ; infra, p. 164.
355
Supra, p. 157.
159
Observant le choix de plus près, on se demande s’il est un contrat en soi-même,
détachable du contrat principal, ou s’il n’en est qu’une clause. Dans la plupart des cas,
le choix de la loi vient s’insérer dans le contrat pour lequel il désigne la loi. Ceci étant,
il se peut bien que l’accord sur la loi du contrat se présente séparément, même après la
qui est à l’origine du droit et de l’obligation pour les parties de s’assujettir à une loi
déterminée. C’est un contrat dont l’objet est de désigner la loi à laquelle un autre contrat
doit se soumettre. Le contrat de choix, ainsi connu comme contrat d’electio juris, pacte
localisation –dans le même document que le contrat principal, comme une clause de
Mexico établit ce qui suit : « À tout moment, les parties peuvent décider qu’un contrat
est assujetti en tout ou en partie à une loi distincte de celle qui le régissait
antérieurement, qu’elle ait été adoptée ou non par les parties ». On apprécie ici une
stipule que « …la validité substantielle du consentement des parties à l’égard du choix
Convention et aux termes du chapitre 2 ». Quant au renvoi aux règles du chapitre 2, une
interprétation logique suggère qu’il faut appliquer seulement celles qui portent sur la loi
356
Dénominations recueillies par Jacques Foyer, loc. cit.
357
Lorsque Santos Belandro observe que la CIDIP V reconnaît implicitement le contrat d’electio juris, il
en cite comme fondement le seul article 12 ; SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los
contratos internacionales..., op. cit., p. 59.
160
du contrat en cas de choix par les parties, la loi choisie358, car par hypothèse, si on parle
contrat principal.
Convention de Rome, sauf que ce dernier ajoute une condition : le contrat de choix est
régi par la loi que les parties ont choisi pour le contrat principal « …si le contrat ou la
disposition étaient valables ». Jacques Foyer360 se sert de cette phrase pour réfuter
pour qui si on permet aux parties de choisir la loi du contrat, c’est à la loi choisie de
déterminer si le contrat est valable ; mais comme on ne peut pas connaître telle loi avant
qu’elle ne soit choisie, le contrat ne peut pas être valablement conclu. La réaction des
raisonnement circulaire par un autre linéaire situant au début le pactum de lege utenda
par lequel les parties choisissent la loi qui régira leur contrat principal. Mais le cercle
serait à nouveau celle qui devrait justifier la licéité du contrat de choix. C’est ici
européenne, le contrat d’electio juris est ab initio considéré valable. « C’est une règle
matérielle autorisant les particuliers à conclure un contrat de choix, mais son effet
358
La Loi fédérale suisse sur le Droit internacional privé du 18 décembre 1987 statue, à l’article 116.2,
que l’élection du droit « ...est régie par le droit choisi » ; Revue critique de Droit international privé,
1988, 77 (2), p. 430.
359
Cf. ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 37.
360
FOYER, Jacques, « Le contrat d’electio juris… », op. cit., p. 175.
161
s’épuise dès l’instant où ceux-ci ont choisi la loi applicable, et elle est alors remplacée
par la règle de conflit désignant la lex substantiae »361. Comme nous avons eu
cette condition, la règle matérielle instituant a priori la validité du contrat de choix fait
est une prémisse indispensable dans tout système juridique dans lequel l’autonomie est
admise, de sorte que même si elle n’est pas expressément consacrée ou ne peut pas se
déduire d’une règle positive, elle fait néanmoins partie de l’esprit du système considéré.
contrat de choix.
Ayant déterminé que la nature juridique du choix est celle d’un contrat, nous
allons étudier son régime touchant en particulier les modalités du choix (Chapitre I), son
361
Idem, loc. cit.
362
ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 38.
162
CHAPITRE I : Modalités du choix
volonté de choisir la loi désignée est d’une importance capitale, essentielle pour qu’il y
ait de choix. Et dans les systèmes dualistes en général s’il n’y a pas de volonté de choix,
hypothétique des parties, de ce qu’elles auraient eu en vue si elles avaient songé à une
certaine loi. Il se fait application des règles de conflit subsidiaires, qui contiendront des
explicitement sur la loi à laquelle ils entendent le soumettre. Pour que leur choix soit
exprès il est requis qu’il soit « clair, patent, spécifié »363 et que les parties aient eu
l’intention et la conscience364 de choisir la loi du contrat –il ne suffit pas avec une
363
HERBERT, Ronald, « La Convención Interamericana Sobre Derecho Aplicable a los Contratos
Internacionales », Revista Uruguaya de Derecho Internacional Privado, 1994, année 1, N° 1, p. 53.
364
Cf. SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales..., op. cit., p.
61.
163
simple opinion ou désir– ; mais quant à la forme il n’y a pas d’exigences particulières,
Quand les parties font un choix exprès valable le tribunal doit le respecter, ne
Cette modalité de contrat d’electio juris est admise par toutes les conventions
internationales et les règles de Droit international privé de source interne qui accueillent
entre celles qui prennent le choix exprès comme l’unique choix admissible (dualisme
restreint366) et celles qui voient une volonté de choix même dans le choix tacite
(dualisme large).
l’arrêt Fourrures Renel en 1959367, lequel établit : « La loi applicable aux contrats, en ce
qui concerne leur formation, leurs conditions ou leurs effets est celle que les parties ont
restreinte est soutenue par France Deby-Gérard368, pour qui le dualisme existe entre
choix exprès et défaut de choix exprès. Elle prône le rejet de « toutes les notions
365
Cf. POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 101.
366
Dénomination utilisée par Pommier, Jean-Christophe, op. cit., p. 98.
367
Supra, pp. 33 et 159.
368
DEBY-GÉRARD, France, Le rôle de la règle de conflit dans le règlement des rapports
internationaux. Thèse, Université de Droit, d’Économie et de Sciences Sociales de Paris. Paris : Dalloz,
1974, p. 241 et s.
164
dangereuses de volonté tacite, implicite, voire hypothétique »369, de sorte d’éliminer les
commercial international accompagnent ce courant car l’article 10, après avoir admis
que les parties choisissent la loi applicable au litige contractuel et établi sur quelles
sources elles peuvent fonder leur choix370, signale que si les contractants « ne disposent
rien » à propos de cette question, les arbitres décideront selon les mêmes sources. La
expresse. De toute façon, dans le contexte de cet article, l’effet de l’absence de choix
exprès n’est pas de faire jouer un système subsidiaire, sinon de laisser directement le
choix dans les mains des arbitres, qui devront élire la loi de conformité au Droit
Le cas du Pérou est différent. L’article 2095 du Code civil péruvien dispose que
« Les obligations contractuelles sont régies par la loi expressément choisie par les
La seconde position, que nous partageons, s’oppose à celle que nous venons
d’exposer. Pour le dualisme large la volonté de choix peut aussi bien être expresse que
« volonté » et s’il y a une volonté tacite de choisir une loi on est face à un « choix »
qu’on ne saurait pas ignorer. Au contraire, il est clair que lorsque la volonté n’est pas
369
Idem, p. 243.
370
Supra, p. 82 et s.
371
POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 97.
165
Examinons de plus près la modalité tacite du choix de la loi du contrat.
Malgré certaines voix qui se sont levées contre la reconnaissance du choix tacite
ou implicite, comme celle de Deby-Gérard qui en critique la notion « …car elle n’est
volontariste »372, il est généralement admis que les parties peuvent choisir la loi de leur
applicable au contrat international accueillent le choix tacite, qui doit être certain,
évident, réel. La volonté, bien que tacite, doit effectivement exister. C’est ce que
cherchent à garantir les diverses conventions quand elles disposent que le choix doit
résulter « avec une certitude raisonnable » (Convention de La Haye sur les contrats
« découler, d’une façon évidente » (CIDIP V, art. 7, 1er paragraphe). Ceci importe un
Convention de La Haye sur les contrats d’intermédiaires, article 5, paragraphe 2nd , ainsi
que la Convention de Rome, article 3.1 font référence aux « dispositions du contrat » et
166
tandis que la seconde se conforme avec l’un ou l’autre. La Convention de La Haye sur
la vente, article 7.1 ainsi que la CIDIP V, art. 7, 1er paragraphe, requièrent que la
volonté tacite de choix découle des « termes du contrat » ou des « clauses contractuelles
parties ». Notons que ces deux dernières conventions posent un critère objectif
critères alternatifs.
international pour lequel la loi est choisie et non du contrat d’electio juris qui, par
hypothèse, n’a pas été expressément formulé. Pierre Mayer373 considère que sont
révélatrices d’un choix tacite les clauses d’un contrat-type rédigé s’inspirant de la loi
d’un pays déterminé, de sorte que les lacunes du contrat pourront être remplies par les
règles de la loi de ce pays ; celles d’un contrat d’adhésion conçu de conformité à la loi
de l’État où la partie qui l’impose développe ses activités ; celles d’un type de contrat
spécifique d’un système juridique donné, comme le trust du droit anglo-saxon. Les
clauses attributives de juridiction sont aussi bien des indices de choix de la loi du pays
du juge car il est plus aisé pour un juge d’appliquer sa propre loi qu’il connaît bien que
d’appliquer une loi étrangère et parfois méconnue. S’il est vrai qu’une clause attributive
de juridiction peut constituer un indice de volonté de choix, elle n’est cependant pas à
choix d’un for déterminé par les parties n’entraîne pas nécessairement l’adoption de la
373
MAYER, Pierre, Droit international privé, 6e édition. Paris : Montchrestien, 1998, p. 468.
374
Néanmoins, Bernard Audit entend qu’il est « …peu vraisemblable, sauf circonstances particulières,
que les parties aient envisagé l’application par lui (le juge choisi) d’une autre loi » ; AUDIT, Bernard,
Droit International Privé, 2e édition. Paris : Economica, 1997, p. 680.
167
loi applicable ». Le « pas nécessairement » implique que le juge devra peser cette clause
d’un choix tacite ; la loi du for choisi peut être écartée s’il y a des indices signalant une
loi différente.
vente et la Convention de Mexico est un indice très important de leur volonté, que le
juge doit contempler durant l’exécution du contrat et également durant la phase pré-
parties prévu par ces deux conventions est assez large pour permettre au tribunal, face à
la possible application d’une loi qui annule le contrat, d’interpréter ces éléments dans le
sens de le valider376.
sur les contrats d’intermédiaires et de la Convention de Rome, à part de couvrir les cas
375
Cf. DREYZIN DE KLOR, Adriana S. et SARACHO CORNET, Teresita Nelly, « Convención
Interamericana sobre derecho aplicable a los contratos internacionales (CIDIP V, México 1994) », Revista
Jurídica Argentina « La Ley », 1995-D, p. 1045.
376
Cf. JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts… », op. cit., p. 388.
377
Cf. MAYER, Pierre, op. cit., p. 469.
168
Les règles de Droit international privé de source interne de plusieurs pays
juillet 2004, en vigueur depuis le 1er octobre 2004381). L’article 41.1 du Code
civil portugais de 1966382 accueille le choix tacite disposant que les obligations
contractuelles sont régies par la loi désignée ou « eue en vue » par les sujets
respectifs383.
« indiqué » par les parties (article 29), indication que, nous interprétons, pourra
378
Revue critique de Droit international privé, 1987, 76 (1), p. 179.
379
Supra, p. 90.
380
Ibidem.
381
Ibidem.
382
Supra, p. 89.
383
MOURA RAMOS, Rui Manuel, « Aspects récents du droit international privé au Portugal », Revue
critique de Droit international privé, 1988, p. 483.
169
être expresse mais aussi tacite. Ceci parce que la loi vénézuélienne suit les
argentins se sont occupés dans plusieurs arrêts de statuer s’il y avait ou non de
l’affaire Estudios Espíndola 385 il a été établi que l’invocation par le demandeur
des règles du droit argentin n’était pas suffisante pour dire qu’il existait un choix
basant sur l’invocation des règles du Code civil argentin que les deux parties
que les juges peuvent motiver leurs décisions à l’aide du droit implicitement
choisi par les parties, parce qu’il ne faut pas un accord spécial pour admettre un
tel choix.
384
Cf. HERNÁNDEZ-BRETÓN, Eugenio, « Nueva Ley venezolana de Derecho Internacional Privado »,
Revista 111, octobre 1998. Disponible sur : <http://www.zur2.com/fcjp/111/comleydp.htm> (consulté le
27.12.2005).
385
V. références supra, p. 33.
386
V. références supra, p. 105.
170
Dans l’arrêt Deutsches Reiseburo387 la salle E de la Chambre Nationale
choix avec lequel a coïncidé un accord procédural conclu avec le défendeur, qui
non seulement a fondé sa défense sur le droit argentin mais qui, en plus, et
été posé que « Si les parties à un contrat international d’intermédiaire ont fondé
leurs prétentions et défenses dans le droit argentin, elles ont sans équivoque
le droit argentin, il faut « …conclure que les parties ont concordé par leurs
387
V. références supra, p. 106.
388
V. références supra, p. 106.
171
conduites procédurales concluantes que la question litigieuse se régit par le droit
(Expreso Mercurio389).
contrat international est soumise à la loi choisie par les parties en cas d’accord de
fond, mais elle est régie par la loi française en cas d’accord procédural ; 2)
l’accord procédural n’a pour objet que le litige en cours, tandis que l’accord de
fond désigne la loi qui sera également applicable aux litiges futurs, sauf
l’accord de fond peut être exprès ou tacite, celui de l’accord procédural doit
exigeait que l’accord procédural soit exprès. En effet, l’arrêt Roho c. Caron392,
389
Ibidem.
390
FAUVARQUE-COSSON, Bénédicte, « L’accord procédural à l’épreuve du temps. Retour sur une
notion française controversée ». In : Le droit international privé : esprit et méthodes. Mélanges en
l’honneur de Paul Lagarde. Paris : Dalloz, 2005, p. 267.
391
Idem.
392
Cass. Civ. 1re , 19 avril 1988, Revue critique de Droit international privé, 1989, p. 68, note Batiffol.
172
déduisant de l’article 12, alinéa 3 du Nouveau Code de procédure civile393 : il
duquel un accord procédural « peut résulter des conclusions des parties invoquant
une loi autre que celle qui est désignée par un traité ou par un contrat »396.
contenu des lois en conflit397 que de leur proximité : leur objectif est de corriger
393
Aux termes duquel le juge « ne peut changer la dénomination ou le fondement juridique lorsque les
parties, en vertu d’un accord exprès et pour les droits dont elles ont la libre disposition, l’ont lié par les
qualifications et points de droit auxquels elles entendent limiter le débat ».
394
Cass. Civ. 1re, 4 octobre 1989, Revue critique de Droit international privé, 1990, p. 316, note Lagarde.
395
Cf. FAUVARQUE-COSSON, Bénédicte, op. cit., p. 265.
396
Cass. Civ. 1re, 6 mai 1997, Revue critique de Droit international privé, 1997, p. 514, note Fauvarque-
Cosson ; JDI, 1997, p. 804, note Bureau ; ANCEL, Bertrand et LEQUETTE, Yves, Grands arrêts de la
jurisprudence française de droit international privé, 3e édition. Paris : Dalloz, 1998, n° 78.
397
Comme le font, d’ailleurs, les parties à un accord de fond dont le choix serait plutôt orienté par la
teneur que par la proximité des lois en conflit.
173
parties s’estiment plus proches, généralement la loi du for »398. Mais à quoi ça
de la volonté est accueillie– de distinguer entre les deux types d’accords référés ?
disponibilité des droits « permet d’écarter les lois de police dont la vocation n’est
plus justifiée car les droits des parties sont devenus disponibles »399. Au
Les auteurs français ne se sont pas encore mis d’accord sur le point de
for ou si elles ont également le droit de choisir une loi étrangère différente de
celle désignée par la règle de conflit du for. Bien que la jurisprudence ne s’y soit
exclusivement à la loi du for : « pour les droits dont elles ont la libre disposition,
les parties peuvent s’accorder sur l’application de la loi française du for malgré
398
FAUVARQUE-COSSON, Bénédicte, op. cit., p. 283.
399
Ibidem.
400
Cf. HARSTEINSTEN, O., « Die Privatautonomie im Internationalen Privatrecht als Störung des
europaïschen Entscheidungseinklangs », vol. 81, Mohr Siebeck, sp. pp. 111-112, cité par Fauvarque-
Cosson, loc. cit.
174
désignant la loi compétente… »401, paraît marquer une tendance vers la thèse
restrictive.
l’état actuel de son évolution, la figure de l’accord procédural n’est pas détachée
de celle de l’accord de fond. Au contraire, elle peut bien être envisagée comme
un contrat d’electio juris tardif, dans lequel la volonté des parties s’exprime de
l’invocation par les deux parties des règles substantielles du for–. Pour l’instant,
tous les arrêts qui se prononcent sur la question de l’accord procédural ont été
Les arrêts des tribunaux argentins cités nous montrent que même en
401
Cass. Civ. I, 6 mai 1997, Bull., n° 140, p. 94.
175
CHAPITRE II : Moment du choix
intervienne. Dans les systèmes juridiques pro-autonomie les contractants sont admis à
élire la loi durant toute la vie du contrat : dès sa naissance à son extinction. Ils sont en
mesure de faire leur choix lors de la conclusion du contrat ou bien après, et de modifier
un choix antérieurement effectué. En effet, il n’y a aucune raison par laquelle l’exercice
contrat international.
déploiera ses effets qu’à partir de la conclusion de ce dernier, étant donc assimilable au
choix de la loi lors de la conclusion : dès que le contrat naîtra, il sera régi par la loi
préalablement choisie. Néanmoins, celle-ci ne semble pas être une hypothèse trop
fréquente. Le plus habituel c’est que la loi soit désignée lors de la rédaction du contrat,
mais pas avant. S’il n’y a pas eu de choix au moment de la conclusion, et cela est
postérieur à la conclusion du contrat et les questions que le dernier pose (Section 2).
402
Cf. GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
403
JACQUET, Jean-Michel, « Contrats », Répertoire de Droit International Dalloz, 1998, p. 19.
176
Section 1 : Choix contemporain à la conclusion du contrat
Dans certains cas, des lignes directrices sont données par les textes normatifs ou
Les Conventions de La Haye sur la vente (article 7.2), de Rome (article 3.2) et
sans doute comprend la possibilité pour les parties d’arriver à un accord sur la loi quand
international privé concorde avec les conventions référées, établissant à l’article 116.3
que l’élection du droit peut se faire « en tout temps ». L’observation réalisée à propos
D’autre part, souvenons-nous que nous avons cité plusieurs arrêts argentins sur
la valeur de l’accord procédural en tant que pacte tacite de choix de la loi du contrat 404.
celui qui peut le plus peut le moins, si les parties peuvent choisir la loi après avoir
dire expressément sur l’époque du choix. Pour ce qui est des Traités de 1940, qui
404
Supra, pp. 170-171.
405
V. article 5 du Protocole Additionnel, supra, p. 54.
177
liberté de choix, de déterminer le moment du choix. Mais dans les Traités de 1889 la
question reste sans réponse. On repère un panorama similaire dans les législations du
Nous n’avons pas trouvé d’arrêts sur ce point en particulier ; de toutes façons,
nous aurions du mal à concevoir un système juridique qui d’un côté permette le choix
conclusion, évitant que le choix intervienne au moment où les parties passent leur
contrat. De la sorte, ce silence doit être interprété dans le sens de l’admission du choix
S’il est vrai qu’il n’y a pas un moment exclusif pour choisir la loi du contrat
meilleure occasion pour se mettre d’accord sur une loi en concret est celle de la
conclusion. Parce que, même si les parties ne se rencontrent pas face à face –les contrats
doivent s’efforcer de tout régler, afin d’éviter des problèmes durant l’exécution de leurs
obligations issues du contrat. Il est normal que des parties prudentes veuillent prévoir
quelle sera la loi qui régira leur convention, car ceci leur permettra de mener leur
conduite en conséquence. Lorsque les contractants sont diligents dès le début, ils
178
L’accord d’élection de la loi contemporain de la conclusion du contrat, qui
pourra revêtir la modalité expresse ou bien la modalité tacite –l’essentiel étant que la
volonté commune soit réelle et certaine– produira ses effets à compter de son existence,
vers le futur. L’absence de rétroactivité marque une différence avec le choix postérieur
changement de la loi à laquelle celui-ci est soumis. Par le contrat d’electio juris, une
nouvelle loi se substitue à la loi auparavant applicable, qui peut à son tour avoir été
pas exercé leur droit de choix, ou bien choisie par les parties entraînant une
accueil du choix fait après la conclusion du contrat. Ainsi, l’article 7.2 de la première
établit : « Que les parties aient ou non choisi une loi, elles peuvent convenir à tout
moment de faire régir le contrat… par une loi autre que celle qui le régissait
choix antérieur selon le présent article, soit en vertu d'autres dispositions de la présente
moment, les parties peuvent décider qu’un contrat est assujetti… à une loi distincte de
179
celle qui le régissait antérieurement, qu’elle ait été adoptée ou non par les parties »
la loi du contrat non seulement lors de sa conclusion406 mais même après, durant le
suivi est également l’admission du choix tardif : « L’élection de droit peut être faite ou
modifiée en tout temps. » (article 116.3 de la Loi fédérale de Droit international privé).
judiciaire qui portera peut-être sur son interprétation, exécution, inexécution…, telle
admission du choix tacite tardif peut analogiquement s’étendre au choix exprès tardif. Si
les parties ont le droit de choisir la loi du contrat même par leurs conduites en procédure
judiciaire, elles ont d’ailleurs le droit d’élire expressément la loi après avoir conclu le
contrat international.
218, de Réforme du système italien de Droit international privé, rejetait toute possibilité
Crespi du 28 juin 1966, n. 1680407, la Cour de Cassation (chambres réunies) avait statué
que « le choix des parties quant à la loi applicable n’est pas admissible dans le cas où il
406
Supra, p. 176 et s.
407
Rivista di diritto internazionale privato e processuale, 1967, p. 126 ; cité par Giuliano, Mario et
Lagarde, Paul, op. cit.
180
dépassé qui ne reposait pas sur des ciments fermes, a été explicitement abandonné en
1995 avec la soumission à la Convention de Rome pour régir tout ce qui touche les
prononcent pas sur le temps du contrat d’electio juris (notamment les Traités de
contrat408 mais aussi postérieurement. Nous sommes de l’avis que dans une matière si
principe universel, elle est à l’heure actuelle assortie d’une large liberté quant au
moment dans lequel le choix peut intervenir, ce qui s’avère très logique. En effet, nous
venons de dire que le critère jurisprudentiel contraire a été écarté en Italie. Sous réserve
de l’apparition d’arrêts restrictifs –que nous avons cherchés sans succès–, il paraît que
affirmer que lorsque la liberté de désigner la loi qui régit le contrat international est
accueillie, en général, elle est accompagnée de la liberté de le faire quand que ce soit,
respectant les limites temporelles fixées par la jurisprudence si elle s’en occupe.
408
Idem.
181
L’effet du choix tardif de la loi du contrat international est le changement de la
cas dans lequel la loi élue s’applique vers le futur. La rétroactivité du choix postérieur
signifie que la nouvelle loi choisie par les parties va s’appliquer au contrat qui est né
suisse à l’article 116.3 de la Loi fédérale de Droit international privé, selon lequel « Si
moment de la conclusion du contrat ». La règle ajoute que « Les droits des tiers sont
contrat409 et qui a été considérée superflue parce qu’elle contient une solution qui va de
soi410. L’article cité résulte de la jurisprudence du Tribunal Fédéral suisse. Dans ses
contrat411, critère abandonné par un arrêt du 9 juin 1936412, repris par l’arrêt Künzle, du
409
Cf. Srdjan Stojanovic, telle déclaration mérite d’être faite car cela ne ressort pas nécessairement du
texte, surtout de la version allemande ; STOJANOVIC, Srdjan, « Le droit des obligations dans la
nouvelle loi fédérale suisse sur le droit international privé », Revue critique de Droit international privé,
1988, p. 268.
410
HEINI, A., « Die Rechtswahl im Vertragsrecht und das neue IPR-Gesetz », Beiträge zum neuen IPR
des Sachen-, Schuld- und Gesellchaftsrechts, Festschrift für Prof. Rudolf Moser, Études suisses de droit
international, vol. 51, Zürich, 1987, p. 68 ; cité par Stojanovic, Srdjan, op. cit., p. 269.
411
Par ex. ATF. 27.II.1922 ; ATF. 35.II.231, cités par Tomaszewski, Maciej, « La désignation,
postérieure à la conclusion du contrat, de la loi qui le régit », Revue critique de Droit international privé,
1972, p. 571.
182
D’autres textes ont prévu implicitement la rétroactivité, disposant que la
modification de la loi applicable ne doit pas affecter ou porter atteinte ni aux droits des
sur la vente (article 7.2), la Convention de Rome (article 3.2) et la CIDIP V (article 8).
Dire que la nouvelle loi choisie ne doit pas affecter les droits des tiers ni la validité
formelle du contrat importe qu’elle n’est pas rétroactive en ces questions. Notons que
s’il a fallu préciser cela expressément, c’est parce qu’il s’agit d’une exception à la règle
Le sujet des effets du choix tardif de la loi du contrat n’ayant pas été abordée par
Venezuela, on ne peut qu’y prôner la rétroactivité comme règle, avec le respect des
droits des tiers et de la validité formelle du contrat comme exception, des effets qui vont
Une des suites de l’accueil du choix tardif consiste dans l’éventualité d’assister à
une multiplication de contrats d’electio juris dans le temps, pour un même contrat
succession de pactes de lege utenda et il est possible que l’un d’eux devienne nul par
effet de la loi qu’il désigne415. Or, dans les systèmes juridiques où l’autonomie de la
412
ATF. 62.II.125, cité par Tomaszewski, Maciej, op. cit., p. 572.
413
ATF. 79.II.295 ; Revue critique de Droit international privé, 1954, p. 799, note Flattet ; cité par
Tomaszewski, Maciej, op. cit., p. 574.
414
Par ex. ATF 81.II.176 ; ATF. 82.II.552, cités par Tomaszewski, Maciej, loc. cit.
415
Cf. FOYER, Jacques, « Le contrat d’electio juris… », op. cit., p. 176.
183
volonté est accueillie, la validité du contrat de choix est présumée ab initio, présomption
très utile, voire indispensable dans un premier temps afin de justifier l’autorisation pour
les parties de choisir la loi du contrat international et détruire le cercle vicieux. Ceci
étant, dans un second temps, il sera à la loi élue par les contractants de rétroagir 416 afin
choix de la loi. C’est donc dans ce second temps qu’il faut se situer quand il y a au
Cette question n’a pas été traitée par le Droit international privé positif des États
mercosuriens. Néanmoins, nous pensons qu’elle est importante et mérite de s’arrêter sur
elle parce qu’elle est susceptible de se présenter dans la pratique locale. Les lignes qui
remarquons de toutes façons que pour l’espace géographique visé par notre travail, elles
Face à un contrat international pour lequel il y a deux contrats de choix dont l’un
peut être nul selon la loi qu’il choisit, nous distinguerons selon que le contrat d’electio
premier contrat de choix est annulé par la loi qu’il désigne ; 2) le contrat principal et le
premier contrat de choix sont à la fois annulés par la loi que le dernier désigne.
416
Cf. FOYER, Jacques, « Le contrat d’electio juris… », op. cit., p. 175.
184
Dans la première sous-hypothèse, c’est-à-dire quand seul le contrat de choix est
annulé par la loi qu’il désigne, le contrat au fond est régi par la loi applicable en
l’absence de choix. Ceci est très logique et on peut le voir clairement exprimé, par
exemple, dans la Convention de La Haye sur la vente, dont l’article 10.1 établit : « Les
choix de la loi applicable sont régies, lorsque ce choix répond aux conditions de l'article
7, par la loi choisie. Si d'après cette loi le choix n'est pas valable, la loi applicable à la
vente est déterminée par application de l'article 8 ». Mais lorsque le second pactum de
lege utenda –lui, valable– intervient, ses effets rétroagissent à la conclusion du contrat
principal. Le premier contrat de choix n’aura déployé aucun effet, tandis que le second
aura accompli sa finalité : il aura désigné la loi destinée à régir le contrat principal.
contrat principal et le premier contrat de choix sont à la fois annulés par la loi que le
dernier désigne, on peut entendre que le second contrat d’electio juris intervient pour
valider le contrat418 que, autrement, aurait été dépourvu de validité. Et comme le second
juris est valable et le second est nul. Jacques Foyer se demande si on doit en déduire
que le premier sera également nul et que par un effet domino, le contrat au fond le sera
à son tour419. Or, deux possibilités peuvent s’ouvrir ici, selon que l’on interprète que : 1)
417
Cf. FOYER, Jacques, « Le contrat d’electio juris… », op. cit., p. 177.
418
Idem, p. 176.
419
Idem, p. 177.
185
la nullité du second contrat de choix n’affecte pas la validité du premier choix ni celle
Parmi ceux qui soutiennent la première interprétation une question est latente :
pourquoi les parties ont-elles pris la peine de conclure le contrat et, à deux reprises, d’en
choisir la loi ? Ils se préoccupent de donner un effet utile à l’activité des parties. C’est
la nullité du second420. Pour Vincent Heuzé, si la loi choisie contredit une clause
leurs souhaits ; c’est qu’en la choisissant, elles se font trompées sur sa teneur. En toute
rigueur, il faudrait donc en déduire que l’accord sur le choix de la loi est vicié et,
comme tel, insusceptible de produire des effets »421. À l’occasion de la session de Bâle,
n’est pas valable selon la loi choisie par les parties, le choix de cette loi est privé de tout
Pour ceux qui soutiennent la seconde interprétation dans le sens que la nullité du
second contrat de choix emporte celles du premier choix et du contrat au fond, ce qui est
en jeu est le respect de la volonté des parties et, surtout, de l’autorité de la loi. Nous
concordons avec Jacques Foyer quand il écrit que « Si l’on admet la supériorité de la loi
420
GAUDEMET-TALLON, Hélène, « Convention de Rome du 19 juin 1980 », Juris-Classeur Europe,
1996, fasc. 3200, n° 130.
421
HEUZÉ, Vincent, La réglementation française des contrats internationaux. Étude critique de ses
méthodes, préface P. Lagarde. Paris : GLN éditions, 1990, p. 139.
422
Résolution de l’Institut de Droit international sur « L’autonomie de la volonté des parties dans les
contrats internationaux entre personnes privées », session de Bâle, 1991. Disponible sur :
<http://www.idi-iil.org/idiF/resolutionsF/1991_bal_02_fr.PDF> (consulté le 02.12.2005).
186
choisie sur le contrat et la force obligatoire de ce dernier, on doit déduire la nullité de la
l’opération… »423, même si cela peut être regrettable. Mais c’est une conséquence
est régi par la loi choisie par les parties »425, le respect de leur volonté ainsi que la
élue, plus l’effet rétroactif du choix tardif, ne peuvent que nous conduire à accepter que
la nullité du second contrat d’electio juris peut être transmise par « contage » au premier
Nous avons déjà posé que le choix effectué par les contractants peut se
contrat ou bien postérieurement. Ce choix a pour objet une loi ou un droit. Mais la
question n’est pas aussi simple qu’elle puisse le paraître à première vue. En effet, l’objet
du contrat d’electio juris présente certaines particularités et nous allons nous en occuper
au chapitre suivant.
423
FOYER, Jacques, loc. cit.
424
Pour la dualité subjectivisme-objectivisme et les effets de chaque position, v. supra, p. 37 et s.
425
Cf., entre autres, article 7 de la CIDIP V.
187
CHAPITRE III : Objet du choix
Sur le plan de la théorie, nous sommes en mesure d’affirmer que le choix d’une
loi par les parties pour qu’elle régisse leur contrat international peut avoir pour objet
Sur le plan de la pratique, alors que le choix d’une loi étatique est
choix d’une loi non étatique ne l’est pas nécessairement. Nous examinerons d’abord le
choix d’une loi étatique (Section 1) et ensuite le choix d’une loi non étatique (Section
2).
privé d’un État quelconque consacrent l’autonomie conflictuelle par laquelle les parties
à un contrat international sont admises à choisir la loi qui le régira, la loi choisie peut
toujours et indubitablement être une loi étatique –émanée d’un État–. Ceci n’est pas
seulement vrai devant un tribunal étatique mais aussi devant un tribunal arbitral. C’est-
à-dire que si un juge peut se servir d’une loi étatique afin de résoudre un différend
188
Ainsi, les Traités de Montevideo de 1889 et de 1940 se réfèrent constamment à
la « ley », à l’évidence loi étatique. Si les parties veulent faire un choix, elles doivent
choisir une loi étatique. Telle interprétation est confirmée par leurs Protocoles
Additionnels, qui règlent des questions liées à l’application des « lois des États
contractants » (art. 1er) et des « lois des autres États » (art. 4), et par le fait que ces règles
sont antérieures au nouvel essor pris par le droit non étatique à partir des années
tacitement le recours à la volonté des parties427 et que celui de 1940 –en vertu de
mesure où la loi désignée par le Traité l’autorise428. Par conséquent, dans le cas du
est régi par la « loi interne » choisie par les parties, d’où s’ensuit que les contractants
doivent choisir la loi d’un État. La spécification de la qualité d’interne se fonde sur le
souhait des États parties d’expliciter l’exclusion des règles de conflit de l’objet du
contrat d’electio juris, de manière que le renvoi est éliminé. Le même vœu a guidé les
426
Particulièrement, à partir des travaux des défenseurs de la lex mercatoria, tels que Berthold Goldman.
V. GOLDMAN, Berthold, « Frontières du droit et ‘lex mercatoria’ », Archives de philosophie du droit,
1964, 9, pp. 177-192.
427
Supra, p. 49.
428
Supra, p. 54.
189
La Convention de Rome contient plusieurs règles qui témoignent que la loi
choisie doit être étatique. Ainsi, l’article 3.3 fait allusion au « choix par les parties d'une
loi étrangère », pouvant seulement être « étrangère » la loi d’un État différent de l’État
national duquel notre raisonnement part. L’article 7.1 commence énonçant : « Lors de
Encore l’article 15 qui porte sur l’exclusion du renvoi –et peut donc se rapprocher des
du texte conventionnel. Il est clair que « la loi d’un pays » ne peut être que celle d’un
d’exercice de l’autonomie des parties (ils touchent également l’absence de choix), ils
sont quand-même utiles pour prouver qu’uniquement une loi étatique peut faire l’objet
du choix, car il n’y a absolument pas de place dans la Convention de Rome pour le droit
Quant à la CIDIP V, qui consacre l’existence des règles de droit non étatiques430,
on pourrait penser que celui-ci peut faire l’objet du choix des parties431, ce qui mettrait
cette convention un pas en avant de la Convention de Rome. Plus tard432, nous allons
nous occuper du rôle du droit non étatique dans le cadre de la Convention de Mexico.
Pour l’instant, nous avançons qu’il paraît que les contractants sont uniquement admis à
choisir une loi étatique. Cela ressort d’une règle très similaire aux articles 15 des
429
V. KASSIS, Antoine, op. cit., p. 373.
430
Aux articles 9 et 10.
431
V., en ce sens, JUENGER, Friedrich K., « Contract Choice of Law in the Americas », op. cit., pp. 204-
205.
432
Infra, p. 238 et s.
190
les contrats d’intermédiaire. Il s’agit de l’article 17 de la CIDIP V, aux termes
dans un État, à l’exclusion de ses règles de conflit de lois ». Si c’est à l’aide de l’article
17 qu’il faut interpréter le mot « loi » de l’article 7 lorsqu’il établit que « Le contrat est
régi par la loi choisie par les parties », tout semble indiquer que les parties au contrat
international ne peuvent choisir pour le régir que la loi d’un État. Au surplus, l’article
choix qu’elles peuvent faire « …se basant sur le droit international privé et ses
général, sans faire allusion à celui d’un pays déterminé –le tribunal arbitral n’ayant pas
de for– comprend –bien que pas en exclusivité– les règles de conflit de lois. Selon la
répartition des situations de droit privé entre les différentes souverainetés composant
l’ordre international »433, donc à distribuer les cas multinationaux de Droit privé entre
les lois des divers États. De façon que les parties dont le contrat est soumis à l’arbitrage
réglé par les Accords, ont le droit de choisir la loi étatique que le tribunal appliquera
région qui permettent le choix des « règles de droit » applicables au fond du litige
C’est notamment le cas des articles 2.1 de la Loi brésilienne N° 9.307/96 sur l’arbitrage,
191
d’Arbitrage (N° 26572) du Pérou. De même, on peut entendre que lorsque l’article 54
fait qu’admettre que les parties puissent stipuler que la loi à appliquer soit la loi étatique
qu’elles désignent.
l’article 42) pour le résoudre. Il paraît évident que le mot « législation » fait allusion à la
Le Code civil péruvien se réfère à la « loi » choisie par les parties (article 2095).
On peut supposer que le législateur du pays andin qui douze ans après le Code civil a
l’arbitrage– l’objet du choix des parties, de sorte que dans un contrat international
quelconque elles peuvent toujours choisir une loi étatique mais quand le litige découlant
d’un contrat international est soumis à la juridiction arbitrale, elles ont, en plus, le droit
ce que les contractants choisissent c’est une loi étatique. Dans les fondements de l’arrêt
Treviso434 le juge dit que « …choisir le droit d’un pays c’est aussi choisir son Droit
international privé (sauf exclusion) ». L’arrêt Méndez Valles435 se réfère au choix d’un
« droit national applicable au contrat » : les parties doivent choisir la loi d’un État.
434
V. références supra, p. 104.
435
V. références supra, p. 107.
192
Le Projet de Code de Droit international privé argentin436 se fait écho de cette
jurisprudence car, dans une disposition destinée à exclure le renvoi, il laisse voir que le
droit choisi doit être étatique. En effet, il statue que : « On entend par droit choisi, sauf
pacte en contraire, le droit interne du pays de référence » (5e paragraphe de l’article 69).
Nous vérifions donc que la loi étatique est l’objet primordial de l’élection des
contractants.
Une question qu’il convient de noter c’est que, d’un côté, pour la jurisprudence
argentine le choix de la loi d’un État pour régir un contrat international embrasse en
du Code civil uruguayen la volonté des parties « pourra seulement agir dans la marge
que la loi compétente lui confère ». Dans les deux cas la porte est ouverte au renvoi.
actuellement généralisée est contraire. Ainsi, la Convention de La Haye sur les contrats
Convention de Rome (article 15) et la Convention de Mexico (article 17) signalent que
l’élection de la loi d’un pays se limite aux règles qui y sont en vigueur, à l’exclusion de
qu’elles prennent en compte s’il faut qu’il y ait un certain lien –et lequel– entre la loi
436
V. données générales supra, p. 111.
437
V. citation de l’arrêt Treviso, supra, p. 104.
193
choisie et le contrat et si elles peuvent dépecer le contrat. Mais pour ce faire, il leur faut
savoir quelle loi consulter, c’est-à-dire quelle est la loi qui régira ces deux questions.
Pour la première thèse, la loi choisie apparaît à première vue comme la loi
applicable car c’est elle qui régit le fond du contrat d’electio juris438. Par exemple, si la
loi choisie n’est pas suffisamment proche du contrat principal, correspondant à elle
résultat est atteint si les parties morcellent le contrat et élisent une loi pour chaque partie
tandis que la pluralité de lois applicables ne le permet pas. Cette thèse présente pourtant
Les règles qui autorisent le choix de la loi avec ou sans exigence de proximité,
avec ou sans permission de dépeçage, sont des règles de Droit international privé.
Supposons d’abord que les contractants aient choisi une seule loi. D’une part, si ce
choix porte sur l’intégralité d’un certain système juridique, comprenant les règles de
Droit international privé, il se peut que celles-ci admettent ou bien rejettent l’autonomie
par les règles de Droit international privé de la loi choisie. Ceci étant, dans la seconde
hypothèse il y aurait une lacune juridique : c’est très raisonnable que si un pays
aspects n’aurait aucun sens. D’autre part, si leur choix ne porte que sur les règles de
438
Supra, p. 161.
439
S’il est vrai qu’elle jouit actuellement d’une acceptation généralisée, il reste encore des pays qui la
rejettent, surtout en Amérique Latine.
194
droit commun, à l’exclusion des règles de Droit international privé –ce qui correspond à
les règles de droit commun ne se prononçant pas sur des questions propres au Droit
international privé. Supposons enfin que les contractants aient choisi plusieurs lois pour
régir différentes parties du contrat international. Il faudrait consulter chacune des lois
désignées pour savoir si elles exigent un certain lien entre loi choisie et contrat et si
au nombre de lois choisies par les contractants. Au surplus, quelle solution adopterait-
on si, verbi gratia, une loi choisie rejetait le choix d’une loi sans lien avec le contrat ou
bien le dépeçage mais l’autre les admettait tout les deux ou bien admettait l’un ou
l’autre ? Sur quel fondement donnerait-on priorité à une loi sur l’autre ?
en a une qui lie l’État du for et le ou les autres États concernés par le contrat, qui pose
faveur de cette théorie, il peut être dit qu’il est plus pratique de consulter un traité
obligatoire pour le juge ou le Droit international privé du for pour savoir si le tribunal
va exiger ou non un lien entre la loi choisie et le contrat, ainsi que si les parties peuvent
dépecer leur contrat. C’est vrai qu’il est parfois difficile de prévoir avec exactitude quel
sera le for que le plaideur saisira, car même si le contrat est assorti d’une clause
attributive de juridiction en faveur d’un certain tribunal il peut saisir un autre ; mais au
fur et à mesure que le respect de la volonté des parties se consolide dans la législation et
195
À notre avis, le quid de la question repose sur le fait que tout juge étatique est
contraint d’appliquer les conventions internationales dont son État est partie et les règles
Droit international privé de son for, ses propres règles en la matière. Par conséquent, ce
for accueillent l’autonomie conflictuelle, que les parties peuvent choisir une loi. Et lors
de cet accueil les règles conventionnelles ainsi que celles de Droit international privé du
for peuvent poser certaines conditions sous lesquelles le choix de la loi sera admis.
Parmi ces conditions on place les modalités, le moment, l’objet du choix et, en
particulier, par rapport à l’objet, l’existence ou non d’un lien entre loi choisie et contrat
choix est régie par la loi choisie, malgré quoi nous pensons qu’elles se combinent
ou au Droit international privé du for d’établir s’il faut ou non qu’il y ait un lien –et le
cas échéant, lequel– entre la loi choisie par les parties et le contrat. Lesdites règles
déterminent si elles acceptent ou non le dépeçage. C’est à ce moment que joue la règle
matérielle –soit au niveau conventionnel, soit au niveau des règles de Droit international
privé de source interne– qui présume ab initio la validité du choix, permettant aux
contractants de faire un choix valable. Mais ensuite, une fois que la loi a été choisie,
c’est elle qui va « juger » si le contrat d’electio juris est valable ou si le consentement
est vicié. Par exemple, si les parties A et B sont en train de convenir la loi de leur
réussissant à la convaincre que la loi X est très favorable à B tandis que, au contraire,
elle protége plutôt les intérêts de la partie A, le contrat d’electio juris pourrait être nul
196
De sorte que nous retenons la seconde thèse selon laquelle le lien entre la loi
élue par les parties et le contrat international, ainsi que la possibilité d’effectuer un
dépeçage du contrat choisissant une loi pour chaque morceau, sont déterminés par la
Dans la pratique arbitrale, l’arbitre n’ayant pas de for, le choix d’une loi sans
aucun lien avec le contrat ou le dépeçage sont facilement admis, sans qu’il soit
des contractants440 dont il tire son pouvoir441. Si les lignes qui suivent, qui porteront sur
les liens entre la loi choisie et le contrat (A) et sur le dépeçage par les parties (B) –
questions régies soit par des conventions internationales, soit par les règles de Droit
international privé du for– valent surtout pour les cas traités par des juges étatiques, on
peut néanmoins retrouver chez l’arbitre certaines des solutions libérales que nous
verrons, spécialement celles tracées « par le droit conventionnel étatique lorsque celui-
440
Cf. MAYER, Pierre, op. cit., p. 459.
441
Cf. POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 283.
442
Idem, p. 282.
197
A. Liens entre la loi choisie et le contrat
étatique pour le régir, est-ce qu’elles peuvent, à leur gré, choisir n’importe quelle loi ?
Sont-elles libres de soumettre leur contrat à une loi n’ayant aucun lien avec celui-ci ?
localisation de Batiffol. Le choix de la loi n’était dans cette conception qu’un élément
contrat. Dans ce contexte, il fallait que la loi choisie aie des liens réels avec le contrat.
« Puisque les parties ne peuvent que localiser leur contrat, puisque la désignation
expresse d’une certaine loi n’est qu’un élément de cette localisation, précisant leur
volonté quant à l’importance respective, dans leur esprit, des différents éléments de leur
opération, il est tout à fait évident qu’elles ne peuvent désigner une loi n’ayant
réellement aucun rapport avec le contrat »443. Qu’en aurait-il été si, de toutes manières,
les parties auraient retenu une loi sans lien avec le contrat ? Le juge aurait écarté un tel
choix au profit du reste des indices considérés plus significatifs, exerçant ainsi son
« Autrement dit, les parties ont la liberté de choisir les points de rattachement… mais
non la loi applicable »445. Mais nous savons que la théorie de la localisation est
443
BATIFFOL, Henri, Les conflits de lois…, op. cit., p. 52.
444
Cf. POMMIER, Jean Christophe, op. cit., p. 116.
445
BATIFFOL, Henri, Aspects philosophiques du droit international privé, ouvrage paru initialement en
1956, réédition présentée par Yves Lequette. Paris : Éditions Dalloz, 2002, p. 85.
198
actuellement dépassée, surtout dès que la Convention de Rome en a consacré
l’abandon446.
lien entre la loi élue et le contrat. Elles appartiennent aux systèmes juridiques de la
Pologne, de l’Espagne et du Portugal. L’article 25, 1er alinéa de la loi polonaise de 1965
établit que « en matière d’obligations contractuelles les parties peuvent soumettre leur
rapport juridique à la loi de leur choix, pourvu qu’elle ait une relation avec ledit
rapport »448. Certes, cette règle qui requiert simplement « une relation » entre loi choisie
et rapport contractuel est plus libérale que son antécesseur, l’article 7 de la loi de 1926.
En effet, dans la règle de 1926 le choix des parties était circonscrit aux lois de la
de situation de l’objet449. Le Code civil espagnol de 1889450 prescrit à l’article 10.5 qu’il
faut que la loi choisie par les parties présente « quelque rapport » avec le contrat. Quant
au Code civil portugais, l’article 41.2 dispose que le choix doit avoir pour objet « une
loi dont l’applicabilité corresponde à un intérêt sérieux des déclarants ou ait des rapports
avec quelque élément du contrat qui soit relevant dans le domaine du Droit international
446
Cf. KASSIS, Antoine, op. cit., p. 354.
447
VASSILAKAKIS, Evangelos, Orientations méthodologiques dans les codifications récentes du Droit
international privé en Europe, préface P. Lagarde. Paris : L.G.D.J., 1987. (Bibliothèque de droit privé, t.
195), p. 234.
448
Ibidem.
449
Cf. BATIFFOL, Henri, Les conflits de lois…, op. cit., p. 53 ; BOGGIANO, Antonio, Derecho
Internacional Privado, op. cit., t. II, p. 696. Néanmoins, Vassilakakis exclut la lex rei sitae de la liste ;
VASSILAKAKIS, Evangelos, loc. cit.
450
Texte disponible sur : <http://civil.udg.es/normacivil/estatal/cc/tprel.htm> (consulté le 27.12.2005).
199
privé »451. Dans ces trois législations, le juge avait le droit de méconnaître le choix des
l’existence d’un rapport spatial entre le contrat et le pays dont la loi avait été choisie par
les parties. Il avait plus tard été écarté452, mais l’exigence d’un « intérêt raisonnable »
pour élire une certaine loi avait cependant été maintenue453. Nonobstant, depuis l’entrée
en vigueur de la loi fédérale suisse sur le Droit international privé du 18 décembre 1987,
les contractants peuvent élire n’importe quelle loi454, même s’ils n’ont pas d’intérêt
affirmait que les parties pouvaient choisir le droit parmi ceux avec lesquels le contrat
liberté de choix des parties est beaucoup plus étroite que dans la seconde. En vertu de
l’autonomie à portée restreinte, les contractants peuvent choisir la loi seulement parmi
451
Loc. cit.
452
ATF 91 II 44, cité par Stojanovic, Srdjan, op. cit., p. 269.
453
ATF 102 II 143, cité par Stojanovic, Srdjan, loc. cit.
454
Cf. STOJANOVIC, Srdjan, loc. cit.
455
GOLDSCHMIDT, Werner, Suma del Derecho Internacional Privado, op. cit., p. 189.
456
GOLDSCHMIDT, Werner, « Autonomía universal de voluntad », Revista Española de Derecho
Internacional, 1972, vol. XXV, 1-4, Homenaje al Profesor Don José de Yanguas Messías, p. 184.
457
Supra, p. 97.
200
celles qui sont en vigueur aux lieux d’exécution effective, ce qui s’avère encore plus
strict que l’article 7 de la loi polonaise de 1926. Nonobstant, l’autonomie large est celle
que la jurisprudence argentine reçoit depuis 1976 –arrêt Treviso458–, de manière que les
parties ont le droit de choisir la loi voulue, même si elle n’a aucun lien avec le contrat.
L’arrêt Allianz Ras459 de 1999, qui en constitue un exemple plus récent, fait allusion à
l’accord des contractants portant sur le droit « le mieux adapté à leurs besoins ». Quant
au Projet de Code de Droit international privé argentin 460, il établit de manière expresse
que : « Le choix peut porter sur le droit d’un troisième Etat sans lien avec l’affaire » (3e
Les Conventions de La Haye sur les contrats d’intermédiaires (article 5), sur la
vente (article 7), de Rome (article 3.1) et de Mexico (article 7, paragraphe 1er) admettent
la solution la plus moderne et la plus adaptée aux besoins des contractants : elles
n'exigent aucun lien entre la loi choisie et le contrat. Il en va de même du Traité de Droit
choisir une loi neutre462, sans qu’il soit nécessaire qu’elles justifient leur choix et que
Si parfois les parties élisent des lois qui ont un rapport avec le contrat, rapport
qui peut-être plus ou moins étroit –loi de la nationalité, loi du domicile, loi du lieu de
458
V. références supra, p. 104.
459
V. références supra, p. 106.
460
V. données générales supra, p. 111.
461
Tandis que dans celui de 1940 la question est laissée à la loi compétente selon le Traité.
462
Par rapport à la Convention de Rome : LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des
contrats… », op. cit., p. 301. Par rapport à la Convention de Mexico : JUENGER, Friedrich K, « Contract
Choice of Law in the Americas », op. cit., p. 204.
201
conclusion, loi du lieu d’exécution–, elles peuvent aussi trouver intérêt à choisir une loi
leurs rapports, les parties peuvent préférer une loi neutre, différente de leurs lois
nationales ou domiciliaires. Ou bien si le contrat est atypique dans les pays liés à la
personne des contractants mais typique dans un pays tiers, il est plausible qu’ils se
sentent plus sûrs, qu’ils atteignent un plus haut degré de certitude sur leurs droits et
obligations s’ils choisissent la loi du pays tiers. De même, ils sont en mesure de
désigner une loi qui, grâce à sa qualité technique très avancée, assure le régime le plus
adéquat à l’opération (ceci expliquerait le choix fréquent de la loi anglaise pour régir
des contrats avec lesquels ladite loi n’a aucun rapport464), sans que cette possibilité
l’élection faite par les contractants. C’est à eux de déterminer la loi qui s’adapte le
mieux à leurs besoins et le juge doit respecter leur critère. D’ailleurs, si les parties se
servent d’un contrat type élaboré de conformité à la loi d’un certain pays, bien que
celui-ci n’ait pas de liens avec leur convention en concret, il peut être très pratique,
voire naturel, qu’elles choisissent la loi qu’a inspiré la totalité ou au moins la majorité
des clauses.
Or, même si le choix d’une certaine loi n’est pas fondé sur un intérêt particulier
des parties ou s’il est fait par « pur caprice »465, le Traité de Montevideo et les deux
autorisent ces choix car les contractants ne sont pas tenus de les justifier466. Aucun de
463
Cf. JACQUET, Jean-Michel, « Contrats », op. cit., p. 12.
464
Cf. HOLLEAUX, Dominique, FOYER, Jacques et GEOUFFRE DE LA PRADELLE, Géraud, Droit
International Privé. Paris : Masson, 1987, p. 596 (Collection Droit-Sciences Économiques).
465
KASSIS, Antoine, loc. cit.
466
Ibidem, se référant exclusivement à la Convention de Rome.
202
ces traités ne leur impose le devoir d’expliquer les raisons de leur choix. Dès que les
parties peuvent effectuer une élection à caractère conflictuel, une vraie élection de la loi
qui va régir leur contrat international et non seulement un choix localisateur, tout
éventuel éclaircissement sur les rapports de la loi choisie avec le contrat tendant à
À l’heure actuelle, le critère de n’exiger aucun lien particulier entre la loi choisie
témoignent les traités internationaux invoqués. Quant aux contrats qui ne sont pas
compris dans le champ d’application de ceux-ci et qui touchent des pays liés au
espagnole citées467, nous pensons qu’il n’y aucune raison susceptible de justifier une
limitation de la liberté de choix qui empêche les parties de désigner une loi sans lien
Compte tenu de ce qui précède, nous soutenons que dans les pays de la région où
Venezuela, mais aussi au Mexique– la loi choisie ne doit pas nécessairement présenter
467
Supra, p. 199.
203
B. Dépeçage par les parties
différents aux différents éléments d’une même situation juridique »468. Quand cette
situation juridique est un contrat international, le dépeçage est un mécanisme par lequel
le contrat est divisé en différentes parties qui seront soumises à des lois différentes469.
adoptée par Javier Carrascosa González470 nous pouvons parler d’un dépeçage
plusieurs règles de conflit à une même situation privée internationale, ce qui peut
conduire au résultat de voir différents aspects de la même situation régis par des lois
différentes471. S’il s’agit, par exemple, d’un contrat international, les aspects capacité
des contractants, forme et fond du contrat pourraient être soumis chacun à une loi
par une règle de conflit ; il se présente souvent dans la loi applicable au fond de la
visée par une seule règle de conflit, ou bien que ladite pluralité de lois provienne de
468
LAGARDE, Paul, « Le ‘dépeçage’ dans le droit international privé des contrats », Rivista di diritto
internazionale privato e processuale, 1975, p. 649.
469
Cf. ARAÚJO, Nádia de, « A Autonomia da Vontade nos Contratos Internacionais – Direito Brasileiro
e Países do Mercosul... », op. cit., p. 228.
470
CARRASCOSA GONZALEZ, Javier, El contrato internacional (fraccionamiento versus unidad), 1re
édition. Madrid : Editorial Civitas S.A., 1992, p. 36 et s.
471
Idem, p. 36.
204
États472 applicables en l’espèce. Lorsque les parties font un choix multiple soumettant
les différents aspects du fond du contrat à des lois diverses, c’est normal que leur droit
d’agir ainsi dérive d’une seule règle de conflit qui admet l’autonomie de la volonté
surgir, par exemple, de l’application d’une loi de police du for à côté de la lex causae
connectée par la règle de conflit –qu’en cas de choix sera la loi choisie par les parties et
on distingue deux espèces dans lesquelles la volonté des parties agit différemment :
par les parties mettant en jeu l’autonomie de la volonté comme rattachement de la règle
de conflit. Le dépeçage involontaire embrasse deux hypothèses : d’une part, celle qui
règle de conflit plus des lois de police de l’État du for ou même d’un État tiers ; d’autre
référer aux types de dépeçage. Nádia de Araújo 474 parle de dépeçage à deux niveaux :
l’un provient du propre système de Droit international privé qui peut faire régir la
capacité des parties, la substance, la forme, voire l’exécution du contrat par des lois
différentes ; l’autre, de l’autonomie des parties qui peuvent faire plus d’un choix. Le
472
Cf. CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, op. cit., p. 47.
473
Idem.
474
Loc. cit.
205
volontaire de Carrascosa González. Néanmoins, on ne trouve pas dans la classification
dépeçage du contrat peut, à son tour, être catégoriel ou normatif. Le dépeçage catégoriel
consiste en un morcellement des éléments du contrat pour les faire régir par des lois
qui régira tout le contrat, elle ne désigne que la loi destinée à régir soit son fond, soit sa
forme, soit la capacité des parties… Quant au dépeçage normatif du contrat, c’est celui
qui dérive de l’application des lois de police venant limiter le domaine de la loi
loi de celui-ci se révèle un « moyen d’accomplissement de la volonté des parties »476 qui
désirent élire plusieurs lois pour y soumettre divers aspects touchant le fond du contrat.
Le dépeçage catégoriel du contrat est celui que Carrascosa González appelle conflictuel.
Les comparaisons ci-dessus nous servent à montrer pourquoi nous avons préféré
suivre la classification de Carrascosa González : parce qu’elle est la plus large, la plus
inclusive. Ceci dit, nous allons seulement nous occuper ici du dépeçage substantiel
volontaire en vertu duquel les contractants ont le droit de choisir plusieurs lois afin que
475
LAGARDE, Paul, « Le ‘dépeçage’… », op. cit., p. 650 et s. V. également sur la classification de
Lagarde, POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 120.
476
LAGARDE, Paul, « Le dépeçage… » op. cit., p. 651. Carrascosa González coïncide avec cette
affirmation ; CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, op. cit., p. 49.
206
Quant à l’accueil du dépeçage volontaire dans les systèmes qui admettent le jeu
de l’autonomie de la volonté, nous tracerons une ligne de division entre ceux qui ne se
prononcent point sur la question et ceux qui reconnaissent aux contractants le droit de
Dans le premier groupe on trouve des conventions internationales ainsi que des
1889 et de 1940, remarquant que pour ces derniers c’est à la loi du contrat déterminée
par les textes conventionnels de décider si une place peut ou non être faite au dépeçage.
Garde également silence sur ce point la Convention de La Haye sur les contrats
eux aussi, muets à propos du dépeçage. Dans les systèmes nationaux de Droit
international privé des pays liés au Mercosur, nous trouvons un scénario similaire. En
particulier. Au Chili, les articles 16 du Code civil et 113 du Code de commerce qui
acceptent l’autonomie, ne disent rien sur le dépeçage. Même panorama au Pérou (article
août 1998) et au Mexique (article 13.5 du Code Civil Fédéral). Au-delà de l’Amérique
systèmes, qui soit valable pour tous ? Nous sommes pour l’affirmative. Nous pensons
207
que le silence ne doit pas être pris comme interdiction du dépeçage. En vérité, le grand
problème qu’un traité international ou les règles de Droit international privé de source
interne d’un pays donné sont tenus de résoudre en matière de contrats internationaux est
si l’autonomie de la volonté mérite ou non d’y être accueillie. Néanmoins, une fois la
liberté de choix de la loi du contrat admise, si elle respecte les limites établies par les
lois de police et l’ordre public international, nous ne voyons pas pourquoi les
contractants devraient se voir empêchés de choisir plus d’une loi pour régir le fond de
leur contrat. De sorte que les juges et même les arbitres qui font application des règles
de conflit visées pourraient ou plutôt devraient permettre que le dépeçage volontaire fait
par les parties produise ses effets. Pendant que le silence se maintient sur le plan des
règles, les tribunaux peuvent analogiquement –pour trancher des questions relatives au
Dans le second groupe, celui des systèmes qui accueillent le choix de la loi pour
une partie seulement du contrat, nous repérons trois traités internationaux dont l’un
porte sur un contrat spécifique –la vente internationale de marchandises– et les deux
autres sur les obligations contractuelles ou les contrats internationaux vus d’une
perspective beaucoup plus générale. La Convention de La Haye sur la vente prescrit que
le choix « …peut porter sur une partie seulement du contrat » (article 7.1). La
la Convention de Mexico, établit que par leur choix, « …les parties peuvent désigner la
loi applicable à la totalité ou à une partie seulement de leur contrat » (article 3.1). La
208
première vue, le dépeçage de la Convention de La Haye sur la vente peut sembler moins
large que ceux des conventions de Rome et de Mexico, malgré quoi il ne s’agit que
d’une différence apparente ; en substance, les trois textes consacrent des dépeçages
volontaires identiques car lorsque l’article 7.1 de la Convention de La Haye admet que
le choix puisse porter sur une partie du contrat, il présuppose –même s’il ne le dit pas
Ces règles qui se ressemblent tellement qu’on les traitera ensemble, établissent
une partie du contrat. Lorsque le choix porte uniquement sur une partie du contrat et les
contractants gardent silence sur le reste, le juge ne peut pas en tirer une présomption de
choix d’une loi unique pour la totalité du contrat : le reste du contrat sera régi par la loi
Est-ce qu’on peut déduire des dispositions conventionnelles référées que les
contractants ont le droit d’élire plusieurs lois pour que celles-ci régissent en simultané
différentes parties du contrat ? On peut s’en douter, surtout lorsqu’on constate que
volonté des parties dans les contrats internationaux entre personnes privées » adoptée à
Bâle en 1991, dispose que : « Les parties peuvent choisir la loi applicable pour la
totalité ou pour une ou plusieurs parties du contrat »478. Ici, à différence des conventions
désigner la loi pour la totalité, pour une partie ou bien pour plusieurs parties du contrat ;
477
Cf. GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit. Kassis observe que ceci se comprend sans
difficulté parce que « si les parties avaient voulu qu’une loi unique régisse tout le contrat, elles l’auraient
dit » ; KASSIS, Antoine, op. cit., p. 360.
478
Loc. cit.
209
il n’y a donc aucun doute sur le droit des sujets qui passent un contrat international, de
choisir plusieurs lois pour régir divers éléments de leur contrat. Mais qu’en est-il dans
Selon une interprétation restrictive, littérale, les parties n’ont que deux chemins à
suivre : 1) elles choisissent une seule et unique loi afin d’y soumettre tout le fond du
contrat, ou bien 2) elles choisissent une loi applicable exclusivement à une partie du
domaine de la loi choisie est forcément régi par la loi applicable à défaut de choix479.
Ceci est un dépeçage restreint. De conformité à cette conception, les contractants n’ont
pas la chance de morceler le contrat et d’élire une loi pour chaque partie. Nous avons
supporté telle idée par rapport à la CIDIP V, alléguant que « il ne faut pas forcer le texte
et lui faire dire ce qu’il ne dit pas »480 et appelant à une interprétation prudente en vue
l’abandonner au profit d’une interprétation plus large car, s’il est vrai que le texte ne dit
pas que les contractants sont en mesure de choisir diverses lois pour que chacune d’elles
régisse une partie du contrat482, qu’il peut être à l’origine de certaines doutes à cause de
son ambiguïté483, rien n’y paraît en réalité s’y opposer484. Même pas la similitude qu’un
479
Cf. description du critère interprétatif restrictif faite par Kassis, même si celui-ci n’est pas le critère
qu’il retient ; KASSIS, Antoine, op. cit., p. 356.
480
ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 39.
481
Ibidem.
482
Néanmoins, Hélène Gaudemet-Tallon entend que la Convention de Rome –très similaire à la CIDIP V
sur ce point– autorise expressément le dépeçage ; « Convention de Rome du 19 juin 1980 », op. cit., fasc.
3201, n° 14, p. 4.
483
Pommier trouve que le texte des conventions de La Haye sur la vente et de Rome « reste ambigu » ;
POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 125. Sont illustratives de ces doutes les paroles de Mayer à
210
large dépeçage peut à première vue présenter avec l’hypothèse du contrat sans loi485,
étant donné que chaque loi s’applique avec ses règles impératives, de façon qu’elle
régira une partie du contrat et ne sera pas incorporée à celle-ci –l’autorité de la loi est
conventionnelles, si les contractants peuvent choisir une loi pour une partie du contrat et
aucune règle ne leur interdit d’en faire autant pour une autre487, ils doivent être admis à
effectuer ce second choix et même plusieurs autres. Ceci n’est finalement qu’une
propos de l’article 3.1 de la Convention de Rome, « …qui sous-entend peut-être la possibilité de choisir
une loi pour chaque partie du contrat. » ; MAYER, Pierre, op. cit., p. 464.
484
Cf. SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales…, op. cit., p.
82.
485
Le seul cas dans lequel on pourrait arriver au contrat sans loi via dépeçage par les parties, est celui
d’un dépeçage multiple où la cohérence n’est pas gardée. V. infra, p. 215.
486
SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales…, op. cit., p. 83.
487
Cf. KASSIS, Antoine, loc. cit. V. également DREYZIN DE KLOR, Adriana S. et SARACHO
CORNET, Teresita Nelly, loc. cit. De même, celui-ci paraît être le critère retenu par d’autres auteurs
selon lesquels la CIDIP V accueille le dépeçage par les parties. V. notamment, JUENGER, Friedrich K.,
« The Inter-American Convention… », loc. cit.; PARRA ARANGUREN, Gonzalo, « The Fifth Inter-
American Specialized Conference on Private International Law. Mexico City, 14-18 March, 1994 ». In :
E Pluribus Unum - Liber Amicorum Georges A.L. Droz. On the Progressive Unification of Private
International Law. Sur l’unification progressive du droit international privé. La Haye : Martinus Nijhoff
Publishers, 1996, p. 307, et PEREIRA MADRUGA Filho, Antenor, « A CIDIP V... », op. cit., p. 428.
488
JACQUET, Jean-Michel, « Contrats », op. cit., p. 13, s’y réfère comme un « prolongement du principe
d’autonomie ».
211
Une fois l’admission du dépeçage définie, il faut –afin de pouvoir le mettre en
œuvre– savoir ce qu’est « une partie du contrat ». À l’évidence, il ne s’agit pas ici d’un
des sujets contractants, qui serait plutôt « une partie au contrat », sinon d’une fraction
du contrat489. Mais de quelles caractéristiques a-t-elle besoin pour être une partie du
contrat ?
« partie ». Les deux dernières semblent, néanmoins, donner une piste qui pourra peut-
réalisé par le juge, elles établissent que la partie du contrat dépecée doit être séparable
du reste. Ainsi, « si une partie du contrat est séparable du reste du contrat et présente un
lien plus étroit avec un autre pays, il pourra être fait application, à titre exceptionnel, à
cette partie du contrat de la loi de cet autre pays » (Convention de Rome, article 4.1, 2e
phrase), ou « lorsqu’une des clauses du contrat peut être séparée du reste du contrat et
qu’elle est étroitement liée à un autre État, la loi de cet État pourra, à titre exceptionnel,
ces deux articles, nous remarquons que la qualité de séparable est intrinsèque à la partie
plus, ni la CIDIP V ni la Convention de Rome n’exigent que le dépeçage par les parties
489
Cf. CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, op. cit., p. 105.
490
Dans le rapport Giuliano-Lagarde on constate que pour les experts dont le critère a finalement réussi à
s’imposer, « le dépeçage est directement lié au principe de l’autonomie de la volonté et pourrait donc être
difficilement interdit » ; op. cit.
212
La séparabilité de la partie du contrat réclamée pour le dépeçage judiciaire
signifie que la partie détachée puisse faire l’objet d’une solution autonome491,
indépendante de celle qui correspond au reste du contrat, comme dans les contrats
effet, se référant au dépeçage volontaire, il estime que « par ‘partie’ du contrat il est
dépeçage en fonction des divers aspects du régime du contrat (par ex. : la lésion, la
491
Cf. CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, op. cit., p.115.
492
Cf. LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des contrats… », op. cit., p. 307.
493
MAYER, Pierre, loc. cit.
494
GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
213
Nous pensons qu’il ne faut pas transposer au dépeçage volontaire l’exigence de
Convention de Rome. La partie ou les parties du contrat que les contractants souhaitent
soumettre à des lois différentes doivent, bien entendu, être « séparables » de l’ensemble
du contrat ; néanmoins, lorsque les sujets du dépeçage sont les contractants et non le
juge, on ne voit pas pourquoi la notion de séparabilité devrait être la même, si stricte.
l’article 3.1 (de la Convention de Rome) il faut déduire que le dépeçage ne doit pas être
appliqué par les parties avec la même rigueur que par le juge »495.
s’impose, parce que les conventions permettent mais en même temps tentent de
dans le dépeçage volontaire, on peut même considérer qu’une clause ou une obligation
déterminée sont des parties du contrat. De la sorte, on admettra, par exemple, qu’une
détachables du contrat aux fins de la loi qui les régit. Ceci ne veut pas dire qu’une partie
du contrat dans le sens strict du dépeçage judiciaire ne le soit pas lorsqu’on parle de
dépeçage pratiqué par les contractants est plus large et souple, et de ce fait embrasse
celle plus restrictive utilisée par le juge qui recours au dépeçage. Nonobstant, comme il
est logique, la notion large de partie séparable du reste du contrat n’est point comprise
495
KASSIS, Antoine, op. cit., p. 357.
496
Supra, p. 213.
497
Cf. LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des contrats… », op. cit., p. 302.
214
Or, l’admission d’une notion plus large de séparabilité pour le dépeçage
À notre avis, il n’y a pourtant pas grand risque d’assister à un tel éclatement, pour deux
raisons. D’abord, ce n’est pas habituel que les contractants réalisent un morcellement du
fond du contrat en plus de deux parties. Ensuite, si c’est vrai que le dépeçage en
multiples parties est permis, le régime du contrat doit garder une certaine cohérence.
C’est-à-dire que le dépeçage pratiqué par les parties est limité par la nécessité de
La cohérence s’avère donc être une limite au dépeçage fait par les parties. Le
rapport Giuliano-Lagarde exige que le choix des parties soit cohérent499. Il doit être
raisonnable, « concerner des éléments du contrat qui peuvent être régis par des lois
différentes sans donner lieu à des résultats contradictoires »500. Il faut que les lois
choisies puissent se combiner de manière qu’il n’y ait pas de contradiction. Le problème
se présente lorsqu’une question de droit est commune à deux éléments du contrat que
les parties soumettent à deux lois différentes501. Dès que chaque loi a son propre régime
du contrat, lequel est censé être cohérent, soumettre différentes parties du contrat
international à des lois différentes finit par créer un « pot-pourri juridique » qui sera le
498
Cf. KASSIS, Antoine, op. cit., p. 358.
499
On parle ici d’un choix dans un sens générique. En réalité, il peut y avoir autant de contrats d’electio
juris que des parties dépecées du contrat international.
500
GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
501
Cf. POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 123.
215
plus souvent incohérent502. Ainsi, il serait incohérent de soumettre la résolution du
contrat pour inexécution à deux lois différentes, l’une pour le vendeur et l’autre pour
l’acheteur503, car bien que la question touche les obligations de l’un et de l’autre, celles-
ci sont interdépendantes et il s’agit finalement d’une seule question qui demande une
solution unitaire504.
des traités internationaux qui le permettent –soit la Convention de La Haye sur la vente,
comme condition505 ni pourvoient de définition, voire de guide sur ce que constitue des
choix cohérents. Par conséquent, il correspondra au juge la tâche d’apprécier s’il est
possible ou non de faire coexister de manière cohérente les lois choisies506. Quand cela
ne soit pas possible, il devra écarter le dépeçage pratiqué par les parties au contrat.
502
LAGARDE, Paul, « Le dépeçage… », op. cit., p. 668. Dans ce même sens, reprenant les idées de
Lagarde, v. POMMIER, loc. cit.
503
GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
504
Malgré quoi, et en dépit de la cohérence, selon le « zwei Rechte System » allemand du XIXe siècle,
faute de désignation expresse ou hypothétique de la loi du contrat par les parties, le contrat devait se régir
par la loi du lieu d’exécution. Comme d’habitude les parties résidaient dans des Etats différents et
chacune était censée exécuter sa prestation dans son lieu de résidence, leurs respectives obligations étaient
régies par des lois différentes. Cf. CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, op. cit., pp. 54-55.
505
Jacques Foyer regrette que la Convention de Rome ait admis le dépeçage sans condition ; FOYER,
Jacques, « Entrée en vigueur de la Convention de Rome… », op. cit., p. 606.
506
Cf. POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 124.
216
artificiellement tel élément du contrat à des dispositions impératives »507. Les
contractants qui choisissent une loi pour une partie dépecée du contrat, taillent leur
costume sur mesure, mettant en échec les règles impératives de la loi écartée qui
pourrait être la loi applicable au contrat à défaut de choix, ou bien la loi qu’elles ont
elles-mêmes choisie pour régir le reste du contrat. Cette objection se voit neutralisée par
respect est imposé aux parties au contrat international. Antoine Kassis509 estime que ces
propos sont loin de convaincre car ils visent uniquement les lois de police et non les
règles qui ne sont impératives qu’à l’intérieur d’un ordre juridique donné, supposé
globalement applicable. Mais lui-même raisonne sur le fait que la loi choisie s’applique
avec ses propres règles impératives, et que le cas dans lequel « la combinaison des lois
choisies par les parties grâce au dépeçage aboutit à soustraire le contrat aux règles
impératives de chacune de ces lois »510 serait plutôt une hypothèse d’école, et conclut
Dans notre opinion, il n’y a pas tel problème : les contractants ont le droit de
choisir des lois différentes pour diverses parties de leur contrat international et chaque
choix importe la mise en échec des règles impératives du Droit privé qui aurait été
une autre loi. Et chacune régit le contrat avec toute la force de ses dispositions
impératives. On ne voit pas là de motif d’alarme. Surtout parce que les règles
507
GAUDEMET-TALLON, Hélène, « Convention de Rome du 19 juin 1980 », op. cit., n° 16, p. 5.
508
Cf. GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
509
KASSIS, Antoine, op. cit., p. 359.
510
Ibidem.
217
internationalement impératives applicables assurent le respect des intérêts liés au contrat
qui sont jugés comme fondamentaux par l’État du for –et éventuellement par des pays
tiers mais proches au contrat–. L’autorité de la loi n’est pas ébranlée par le dépeçage
volontaire ; elle se maintient par rapport à la partie dépecée. Ceci nous permet de
conclure que le respect à l’autorité de la loi n’opère pas comme limite au dépeçage
volontaire.
Nous considérons qu’il vaut la peine de mentionner que selon la thèse de Frank
parce que le contrat est un « tout » juridique et social inséparable et lorsqu’il est
concordons avec Carrascosa González512 qui, d’une part, note que la conception de
Vischer ne fixe pas une limite au dépeçage mais essaye plutôt de démontrer qu’il n’est
pas viable et, d’autre part, relève deux arguments contre telle interprétation du principe
dépeçage volontaire, ce qui signifie que l’unité du contrat n’est pas un obstacle à son
l’application d’une loi unique sinon une unité dynamique du contrat, laquelle implique
511
Cf. VISCHER, Frank, Internationales Vertragsrecht, Bern, 1962, cité par Carrascosa González, Javier,
op. cit., p. 290.
512
CARRASCOSA GONZÁLEZ, Javier, loc. cit.
218
que ses différentes parties « fonctionnent correctement coordonnées de façon que
parties qui forment le tout. Ainsi comprise, l’unité du contrat n’est pas un obstacle au
dépeçage volontaire ; c’est un principe qui régit le contrat, et à la lumière duquel il faut
différentes parties est harmonieuse, le dépeçage pratiqué par les parties pourra déployer
ses effets sans problèmes (l’application à chaque partie du contrat de la loi choisie à cet
fondamentaux de tout système juridique dans lequel les parties peuvent choisir la loi
Ayant exposé les raisons pour lesquelles nous estimons que le choix d’une loi
étatique n’exige pas qu’elle présente un rapport avec le contrat à régir, de même que
celles qui justifient l’admission du dépeçage pratiqué par les parties, nous sommes prête
513
Idem, p. 292.
219
Section 2 : Choix d’une loi non étatique
en vertu de laquelle les contractants peuvent choisir à quelle loi soumettre leur contrat
international, leur choix peut sans doute porter sur une loi étatique –nationale ou
étrangère–. Néanmoins, est-il possible pour les parties de choisir une loi non étatique ?
Depuis des années, on discute s’il convient ou non de leur autoriser le choix de la lex
mercatoria.
d’emblée le double embarras dont fait état Charalombos Pamboukis lorsqu’on essaye de
la cerner, embarras dû à ses caractères volatile –les opinions sur la lex mercatoria
varient considérablement d’auteur à auteur– et flexible –qui facilite son adaptation aux
globalisation–514. Dans cette section, nous allons d’abord nous occuper de la lex
mercatoria en général –ce qu’elle est, ce qu’elle contient– (A), pour nous concentrer
affirment qu’elles sont plus adaptées aux besoins du milieu des affaires internationales
514
Cf. PAMBOUKIS, Charalambos, « La lex mercatoria reconsidérée ». In : Le droit international
privé : esprit et méthodes. Mélanges en l’honneur de Paul Lagarde, op. cit., p. 635.
220
que les lois étatiques. Philippe Fouchard entend par lex mercatoria « les règles qui se
étatiques, à l’intérieur de groupes humains plus vastes et plus réduits à la fois, qui ne se
Berthold Goldman définit la lex mercatoria comme les « règles transnationales que les
eux-mêmes, et que les arbitres, contractuellement désignés pour résoudre leurs litiges,
Quant à son contenu –assez flou–, on y trouve des principes généraux, des
harmoniser voire uniformiser les pratiques contractuelles517, ainsi que lesdites pratiques
515
FOUCHARD, Philippe, L’Arbitrage commercial international. Paris : Dalloz, 1965, p.402.
516
GOLDMAN, Berthold, « La lex mercatoria dans les contrats et l’arbitrage internationaux : réalité et
perspectives », Journal du Droit International, 1979, 106, p. 475.
517
L’adjectif « professionnelles » introduit une nuance au nom « codifications ». En réalité, dans un
langage strict, on ne pourrait pas considérer ces corps de normes ou des clauses contractuelles type
comme une « codification » de la lex mercatoria car dans la communauté des marchands il n’y a pas
d’autorité codificatrice. Ils seraient plutôt des codifications privées. V. DRAETTA, Ugo et LAKE, Ralph,
Contrats internationaux : pathologie et remèdes, traduit de l’anglais par Laure Tournefier et Victoria
Vohman. Bruxelles : feduci Fondation pour l’Étude du Droit et des Usages du Commerce International,
Forum Européen de la Communication, Établissements Émile Bruylant, 1996, p. 27.
518
BÉGUIN, Jacques, « Le développement de la lex mercatoria menace-t-il l’ordre juridique
international ? », McGill Law Journal – Revue de droit de McGill, 1985, vol. 30, N° 3, pp. 484-487.
Guido Carducci, entre autres, entend que les deux composantes principales de la lex mercatoria sont les
usages du commerce international et les principes généraux du droit ; CARDUCCI, Guido, La
spécialisation des sources du droit des contrats internationaux, Thèse Paris II, Paris, 1998, II t, p. 454 et
s.
221
arbitres internationaux. La fonction de l’arbitrage par rapport à la lex mercatoria irait
au-delà de sa simple application pour trancher des litiges, embrassant aussi la mise au
précédents arbitraux519.
Ses partisans affirment que la lex mercatoria est un ordre juridique dont la force
étant autosuffisante pour régir les contrats internationaux. De la sorte, les contractants
d’identifier clairement la lex mercatoria et son contenu et d’analyser si elle revêt les
caractéristiques d’un ordre juridique. Dans cette perspective, vue l’hétérogénéité de ces
parler des leges mercatoriae au lieu d’une unique lex mercatoria 521. Ces leges
mercatoriae sont des ensembles de règles dont la valeur normative est limitée à leur
adoption par la volonté des parties, et qui servent des finalités diverses dans des
contextes variés522.
519
Cf. BEGUIN, Jacques, op. cit., p. 487.
520
Cf. GOLDMAN, Berthold, « Nouvelles réflexions sur la lex mercatoria ». In : Études de droit
international en l’honneur de P. Lalive. Bâle : Dominicé-Patry-Reymond éd., 1993, p. 247, cité par
PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 638.
521
PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 645; CARDUCCI, Guido, op. cit., p. 509.
522
Cf. PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 649.
222
Arrêtons-nous sur les composantes de la lex mercatoria. Ses principes généraux
sont le « réceptacle des principes communs aux droits nationaux »523. Ils sont dégagés
auxquels ils appartiennent525 et il est évident qu’ils ne sont pas spécifiques à la lex
mercatoria 526. Kassis entend « qu’il n’existe pas de principes généraux anationaux,
qu’ils sont des règles étatiques comme les autres »527. Ceci étant, force est de
reconnaître que depuis quelques années on assiste à une tendance à l’uniformisation par
la voie de « restatements »528, des recueils de principes organisés avec une cohérence
523
GOLDMAN, Berthold, « Frontières du droit et ‘lex mercatoria’ », op. cit., p. 184.
524
CARDUCCI, Guido, op. cit., p. 458.
525
Cf. LAGARDE, Paul, « Approche critique de la lex mercatoria ». In : Le droit des relations
économiques internationales. Études offertes à Berthold Goldman. Paris : Litec, 1982, p. 131.
526
Cf. FELDSTEIN DE CÁRDENAS, Sara, Contratos internacionales, op. cit., p. 212.
527
KASSIS, Antoine, op. cit., p. 383.
528
Sur la récente popularisation du terme “restatement”, v. FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P. et
FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, « Obligaciones contractuales: aspectos generales », Chapitre 24.
In : Derecho Internacional Privado de los Estados del Mercosur. Argentina, Brasil, Paraguay,Uruguay.
Buenos Aires : Zavalía Editor, 2003, pp. 963-964.
529
Ci-après dénommés « Principes UNIDROIT ». La première version des Principes UNIDROIT date de
1994. Elle a été complétée par une nouvelle version adoptée lors de la 83 ème session du Conseil de
Direction d’Unidroit, qui s’est tenu du 19 au 21 avril 2004. La nouvelle version est disponible sur :
<http://www.unidroit.org/french/principles/contracts/principles2004/blackletter2004.pdf> (consulté le
28.12.2005). v. BONELL, Michael Joachim, « UNIDROIT Principles 2004 – The New Edition of the
Principles of International Commercial Contracts adopted by the International Institute for the Unification
of Private Law », Revue de Droit Uniforme, 2004/1, pp. 5-40. Disponible sur :
<http://www.unidroit.org/english/principles/contracts/principles2004/2004-1-bonell.pdf> (consulté le
28.12.2005). Sur l’ancienne version v. l’ouvrage collectif Contratación internacional. Comentarios a los
Principios sobre los contratos comerciales internacionales del Unidroit, 1re édition. Mexico : Instituto de
Investigaciones Jurídicas, Universidad Nacional Autónoma de México, 1998 (Série H: Estudios de
223
« Principes européens du Droit des contrats », élaborés par la Commission du droit
« restatements », qui pourraient pourtant donner lieu à des conflits entre eux, contribue
Les usages sont des simples pratiques contractuelles d’une branche particulière
clauses contractuelles pour différents types de contrats –comme les « Incoterms » que la
qui les reproduisent, ou dans des corps de règles établis par des associations
Derecho Internacional Público, Nº 27). Sur les Principes et les contrats dans le continent américain, v.
VEYTIA PALOMINO, Hernany, « Los Principios del Unidroit ante la problemática del derecho aplicable
a los contratos internacionales en el continente americano », Ars Iuris, Revista del Instituto de
Documentación e Investigación Jurídicas de la Facultad de Derecho de la Universidad Panamericana ,
1994, N° 12, pp. 329-344. Pour un recueil de références bibliographiques sur les Principes d’Unidroit, v.
le site d’Unilex, disponible sur : <http://www.unilex.info/> (consulté le 28.12.2005).
530
La première version de la Partie 1 des Principes européens du droit des contrats a été publiée en 1995.
Ensuite, en 1999, les Parties I (nouvelle version) et II ont été publiées. Et finalement, la Partie III a vu le
jour en 2003. V. LANDO, Ole et BEALE, Hugh (éd.), Principles of European Contract Law – Part 1.
Performance, Non-performance and Remedies. Dortrecht : Martinus Nijhoff Publishers, 1995 ; LANDO,
Ole et BEALE, Hugh (éd.), Principles of European Contract Law –Parts I and II, combined and revised.
Dortrecht : Kluwer Law International - Nijhoff, 2000 ; LANDO, Ole, CLIVE, Eric, PLUM, André et
ZIMMERMAN, Reinhard (éd.), Principles of European Contract Law – Part III. La Haye : Kluwer Law
International, 2003.
531
Cf. CARDUCCI, Guido, op. cit., p. 505.
532
Pour un aperçu général des Incoterms 2000, v. le site de l’ICC, International Chamber of Commerce:
<http://www.iccwbo.org/incoterms/id3045/index.html> (consulté le 28.12.2005). V. également :
FRATALOCCHI, Aldo, Incoterms, contratos y comercio exterior: la compraventa internacional de
mercaderías. Buenos Aires : Macchi, 1999 ; RIVA, Jorge Luis, Manual de derecho del comercio exterior.
Con comentarios sobre los Incoterms 2000. Buenos Aires : Depalma, 2000.
224
documentaire », issus du même organisme533–. Ces règles ont, bien entendu, une utilité
dispositif »534. « Ce sont des normes-produits, ‘offerts’ aux utilisateurs des affaires
internationales et constituant à cet égard ce qu’on peut appeler des normes flottantes,
n’appartenant à aucun ordre juridique, qui puisent leur force juridique exclusivement
Néanmoins, tandis qu’un ordre juridique étatique compte sur des tribunaux étatiques qui
tranchent les litiges en son nom et qui sont obligés de maintenir sa cohérence et sa
normativité, la lex mercatoria ne dispose pas de tribunaux arbitraux qui doivent décider
étatique, il n’a pas de for537 ni d’ordre juridique au nom du quel rendre justice538 ; ce
533
Uniform Customs and Practice for Documentary Credits (UCP), ICC Brochure 500/1993 Revision.
Paris : Commission on Banking Technique and Practice, International Chamber of Commerce, 1994. V.
le site DC-PRO, disponible sur : <http://www.dcprofessional.com/index.asp?Agent=ICC
www.iccwbo.org> (consulté le 28.12.2005). V. également: ALBORNOZ, Jorge R. et ALL, Paula María,
Crédito Documentario. Mendoza, Argentine : Ediciones Jurídicas Cuyo, 2002.
534
PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 648.
535
Ibidem.
536
Cf. PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 642.
537
Il n’y a donc pas de lex fori. V. JACQUET, Jean-Michel, Principe d’autonomie et contrats
internationaux. Paris : Economica, 1983, p. 108 (Collection Droit des Affaires et de l’Entreprise, Série:
Études et Recherches).
538
KESSEDJIAN, Catherine, « La Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux
obligations contractuelles – Vingt ans après », op. cit., p. 338. De l’absence d’un ordre juridique au nom
duquel rendre justice découle une « absence de prédétermination des règles de conflits de lois auxquelles
droit recourir un arbitre du commerce international » ; JACQUET, Jean-Michel, Principe d’autonomie...,
op. cit., p. 113.
225
sont les parties au litige qui, par leur volonté, l’investissent du pouvoir juridictionnel.
Ainsi, l’arbitre n’est pas obligé d’appliquer un certain droit en particulier ni même du
droit en général. Il lui suffit d’appliquer des règles de droit539 appropriées au litige
concret. C’est d’ailleurs ce qu’il fait lorsqu’il se sert de la lex mercatoria pour résoudre
un litige. Mais le contenu de ces règles est si incertain qu’elles se prêtent à être
manipulées par l’arbitre qui pourra appliquer telle ou telle règle en fonction de la
solution concrète du litige à laquelle il désire arriver540. Or, la lex mercatoria n’étant
qu’un ensemble de règles qui n’arrive pas à conformer un système, un ordre juridique
complet541, son application ne peut que dépendre de la volonté des parties. Elles peuvent
l’avoir voulu directement –choix ou incorporation de ses règles dans leur contrat– ou
bien indirectement –en vertu des pouvoirs dont elles ont investi l’arbitre–. Remarquons
donc que l’application de la lex mercatoria ne résulte pas d’une force juridique
intrinsèque à ses règles542 sinon de la volonté des parties au litige soumis à l’arbitrage
international.
mercatoria, une juridicité pleine qui la fait apte à régir un contrat international. Ainsi
539
V. les articles 117 de la Loi Générale d’Arbitrage (N° 26572) péruvienne et 1496 du Nouveau Code de
procédure civile français. Supra, pp. 147-148.
540
Avec ces propos nous n’entendons pas affirmer que les arbitres soient malhonnêtes.
541
Ceci ressort des critiques à la vision des défenseurs de la lex mercatoria que nous venons d’exposer.
V. Rigaux, François, « Examen de quelques questions laisées ouvertes par la Convention de Rome sur la
loi applicable aux obligations contractuelles », Cahiers de droit européen, 1988, vol. 24, pp. 318-319;
FELDSTEIN DE CÁRDENAS, Sara, Contratos internacionales, op. cit., p. 209.
542
V. PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 652.
543
GOLDMAN, Berthold, note sous l’arrêt Valenciana, Cass. civ. I, 22 octobre 1991, Journal du Droit
International, 1992, p. 177 et s.
226
devrait, selon l’auteur, être interprété l’arrêt Fougerolle, aux termes duquel « en se
commerce international’, les arbitres n’ont fait que se conformer à l’obligation qu’ils
avaient… de définir le droit applicable à l’accord conclu »544, ainsi que l’arrêt
juridicité qui lui est reconnue n’est pas originaire, car subordonnée à « la sanction des
Oppetit relativisent celles de Goldman, les deux sont encore relativisées par celles de
Pamboukis, pour qui cette reconnaissance de la lex mercatoria « est expliquée par le
juge étatique »547, de manière que « ce qui est reconnu… c’est la liberté de la volonté
des parties en matière d’arbitrage international »548. Et comme ce qui importe c’est la
sentence en soi et non les règles de droit appliquées, la lex mercatoria résulte reconnue
544
Cass. civ. II, 9 décembre 1981, Revue de l’arbitrage, 1982, p.183, note Couchez ; Journal du Droit
International, 1982, p. 931, note Oppetit.
545
V. références supra, note 542. V. également : Revue critique de Droit international privé, 1992, p.
113, note Oppetit.
546
Oppetit, Bruno, note sous l’arrêt Valenciana, op. cit., p. 116.
547
PAMBOUKIS, Charalambos, op. cit., p. 655.
548
Ibidem.
227
Dans notre opinion, il est clair que la lex mercatoria n’est pas un système, un
conséquence que même dans le cadre d’une procédure arbitrale, il soit nécessaire de
rattacher le contrat à une loi étatique. La lex mercatoria –toute seule– n’est pas en
mesure de régir un contrat international sans l’appui d’un ordre juridique étatique qui
l’exécution des solutions prévues par cet ensemble de règles. De la sorte, il n’est pas
admissible que les parties à un contrat international fassent un choix conflictuel ayant
pour objet la lex mercatoria 550. Les effets dudit choix seraient toujours subordonnés à la
loi applicable selon la règle de conflit du for. Et même si l’on arrivait à admettre cette
possibilité, quel serait l’intérêt des parties à agir de telle façon si ce qu’elles cherchent
la lex mercatoria ne semble pas être le moyen le plus approprié pour atteindre de la
certitude…
Avec ces affirmations, nous ne voulons pas dire que le droit anational n’ait
aucun rôle à jouer dans un contrat international. Les parties peuvent s’y référer. Mais
telle référence ne produira pas l’effet d’un choix conflictuel : la lex mercatoria ou l’une
des parties. Les contractants peuvent mettre en œuvre leur autonomie matérielle par
549
DEBY-GÉRARD, France, op. cit., p. 212.
550
Contra: POMMIER, Jean-Christophe, op. cit., p. 289: « Ce choix doit s’entendre d’un choix
conflictuel (Kollisionsrechtliche Verweisung) : la lex mercatoria régit alors le contrat. Il ne s’agit pas
comme certains ont pu le soutenir, d’incorporer la loi mercatique en l’assimilant aux autres clauses
contractuelles ». Néanmoins, il se voit plus tard (p. 294) obligé à reconnaître que ce choix n’exclut pas
l’application de lois étatiques.
228
l’incorporation551 directe –transcription de dispositions d’une loi étrangère, ou même
d’une loi qui n’est plus en vigueur, utilisation de contrats ou de clauses type– ou par
règles qui vont prévaloir sur les règles impératives de droit privé de la lex contractus.
applicables « lorsque les parties acceptent d’y soumettre leur contrat » (alinéa 2) ainsi
que « lorsque les parties acceptent que leur contrat soit régi par les Principes généraux
du droit, la lex mercatoria ou autre formule similaire » (alinéa 3). La rédaction des
alinéas cités permet d’apprécier que « La fonction normative propre revendiquée par les
Principes ne va pas sans soulever à son tour bien des difficultés, car elle paraît vouée à
Principes UNIDROIT entendent promouvoir, c’est la possibilité pour les parties de les
comme les seules règles applicables au contrat. Néanmoins, les suites d’un tel choix
vont dépendre de la teneur de la loi étatique applicable au contrat. Nous trouvons que
ces Principes, incorporés au contrat via l’autonomie matérielle553, peuvent être d’une
551
Le mot « incorporation » est ici employé dans le sens que nous lui avons donné supra, p. 39.
552
ANCEL, Bertrand, « Auctoritate rationis. Le droit savant du contrat international ». In : Clés pour le
siècle. Droit et science politique, information et communication, sciences économiques et de gestion,
ouvrage collectif. Paris : Université Panthéon-Assas (Paris II), Éditions Dalloz, 2000, p. 279.
553
V. SZAMES, Stéphane, Les codifications privées du droit des contrats internationaux et le juge
étatique, Thèse Paris I, Paris, 2000, pp. 205-206: « ...le choix des Principes comme lex contractus par les
229
Ayant dédié les lignes précédentes à la lex mercatoria en général, nous croyons
être dans des meilleures conditions d’examiner ce qu’établissent les règles des pays du
Mercosur sur ce sujet, afin de découvrir quelle est la place qu’ils font à la lex
mercatoria.
Pour analyser le droit des pays du Mercosur, nous allons premièrement nous
traiterons les Droits internationaux privés de sources internes des États membres de ce
Comme nous l’avons vu dans la Section 1 (Choix d’une loi étatique) du présent
1889 et de 1940 se réfèrent à la loi étatique554. Ils admettent tous les deux l’exercice de
parties ne peut donc pas être reconnu comme tel. Mais cela ne signifie pas que les Principes soient
purement et simplement écartés. Ils peuvent faire l’objet d’une incorporation dans le contrat ».
554
Pour les arguments qui fondent cette affirmation, supra, p. 189.
555
Supra, p. 49.
230
loi désignée par le Traité556. Ceci emporte que dans le cas du Traité de 1889 la loi que
les contractants choisissent doit être celle d’un État, tandis que dans le cas du Traité de
non étatique de la loi qui pourrait faire l’objet du choix. Nous ne percevons donc pas
s’y oppose tout droit et dans le second, bien qu’il n’y ait point d’interdiction directe, la
porte qui reste ouverte est étroite : c’est celle de la loi qui, selon le traité même, est
Convention de La Haye sur la vente obstruent tout éventuel jeu de la lex mercatoria 557.
En effet, leurs textes ne laissent à l’interprète aucun doute sur le point que les
contractants ne sont admis à choisir que la loi interne en vigueur dans un État. Les
règles de droit non-étatiques sont par conséquent totalement exclues de l’objet du choix
Une des sources les plus importantes desquelles se sont inspirés les créateurs de
la CIDIP V c’est la Convention de Rome. Kassis assure que dès l’entrée en vigueur de
556
Supra, p. 54.
557
Supra, p. 190.
558
Rappelons que la date de son entrée en vigueur est le 1 er avril 1991.
559
KASSIS, Antoine, op. cit., p. 376.
231
Nous avons déjà cité plusieurs articles de la Convention de Rome qui prouvent
que le choix des parties doit porter sur une loi étatique560. Son texte ne dit rien sur
les contractants désignent la lex mercatoria pour régir leur contrat, ladite désignation ne
vaudra pas comme choix conflictuel au sens de l’article 3, et le juge devra se servir des
l’absence de choix. Le juge devra apprécier la référence des parties à la lex mercatoria à
la volonté561. Dans un cas comme dans l’autre, le texte conventionnel visé (Convention
de Rome, Traité de 1940) ne reçoit pas de manière directe une figure qui intéresse les
quelle mesure, la figure désirée pourra produire des effets (admission ou rejet du choix
Rome, elle « s’est placée dans la perspective d’un choix par les parties d’une loi
étatique. Elle n’a pas envisagé l’éventualité du choix d’un ordre juridique non étatique,
par exemple les principes généraux du droit ou de ce qui est parfois appelé la lex
mercatoria. Ce n’est pas à dire qu’un tel choix soit condamné par la convention.
560
V. les articles référés, supra, p. 190.
561
Supra, p. 54.
232
Simplement, il n’est pas un choix de loi au sens de celle-ci. Le contrat qui comporterait
un tel choix serait régi, semble-t-il, au sens de la convention, par la loi applicable à
défaut de choix et c’est à cette loi qu’il appartiendrait de définir la place qu’elle consent
à accorder aux règles non étatiques choisies par les parties »562.
Une lecture différente du même texte conventionnel est celle faite par Kassis. Il
interprète que la Convention de Rome condamne le contrat sans loi563, qui n’est pas
soumis à un droit étatique, ainsi que le choix de la lex mercatoria, ensemble de règles
anationales564. Force est de constater que les notions de contrat sans loi et de lex
mercatoria ne sont pas équivalentes : s’il est vrai que tout contrat qui n’est soumis qu’à
la lex mercatoria est susceptible d’être qualifié de contrat sans loi565, il peut y avoir des
contrats sans loi dans lesquels la lex mercatoria soit absente. Pensons, par exemple, à un
contrat dépecé à l’extrême par les parties, sans s’en tenir à la cohérence qui doit limiter
562
LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des contrats… », op. cit., pp. 300-301.
563
En ce sens, v. FOYER, Jacques, « Entrée en vigueur de la Convention de Rome… », op. cit., p. 607.
Tatiana B. de Maekelt signale que le contrat sans loi est juridiquement inacceptable, car la volonté des
parties n’est juridiquement relevante que dans les limites et conditions établies par la loi ; MAEKELT,
Tatiana B. de, « Fuentes del Derecho Internacional Privado: la costumbre internacional y la nueva lex
mercatoria ». In : El Derecho Internacional Privado en las Américas (1974-2000). Washington, D.C. :
Comité Jurídico Interamericano, Secretaría General, Subsecretaría de Asuntos Jurídicos, Organización de
los Estados Americanos, 2002, pp. 673-681. (Cursos de Derecho Internacional, Série Temática, Vol. I,
Partie 1, p. 678.
564
Cf. KASSIS, Antoine, op. cit., pp. 373-375.
565
Cette affirmation est valable tant pour les détracteurs que pour les défenseurs de la lex mercatoria car,
à l’évidence, elle n’est pas une loi étatique. Ses défenseurs, pourtant, considèrent qu’un contrat sans loi
n’est pas un contrat sans droit, de sorte qu’un contrat régi par la lex mercatoria ne serait pas dépourvu de
droit. V. HOLLEAUX, Dominique, FOYER, Jacques et GEOUFFRE DE LA PRADELLE, Géraud, op.
cit., p. 597.
233
tout dépeçage566, ou bien à un contrat où les parties décident directement d’écarter toute
Sur le plan conceptuel, nous sommes d’accord avec Kassis en ce que, étant
donné que la Convention de Rome a voulu que seulement une loi étatique régisse le
contrat, les parties ne peuvent plus choisir la lex mercatoria pour régir le contrat dans le
sens du Droit international privé567. Ceci dit, nous pensons que si malgré cela les parties
choisissent la lex mercatoria, prétendant que leur choix soit un choix conflictuel, sur le
plan de la pratique, il faut chercher une solution à cette situation. Et c’est là que la
proposition de Lagarde –que Kassis rejette au motif qu’elle implique une incorporation
par référence des règles non étatiques, ce qui implique, à son tour, de reconnaître leur
existence comme des règles obligatoires568– nous paraît très appropriée : le contrat sera
régi par la loi étatique applicable à défaut de choix et ladite loi va définir les effets que
le choix déclenchera.
Or, une troisième lecture de la Convention de Rome est possible. D’après Jean-
Paul Beraudo il est clair que ses négociateurs ont envisagé que le contrat soit
comprendre qu’ils ne se sont pas référés à la loi au sens formel, en écartant les autres
sources de droit… dans la convention de Rome, la loi n’est pas envisagée comme le
seul mode d’expression de la règle de droit que les parties peuvent choisir »569. De
566
Supra, p. 215.
567
KASSIS, Antoine, op. cit., pp. 318-382.
568
Idem, pp. 382-383.
569
BERAUDO, Jean-Paul, « Faut-il avoir peur du contrat sans loi ? ». In : Le droit international privé :
esprit et méthodes. Mélanges en l’honneur de Paul Lagarde, op. cit., p. 96.
234
manière que lors du choix d’une loi étatique, ce ne sont pas seulement les codes qui
résultent désignés par les parties, mais également la jurisprudence, les usages…
développée par Cheshire à partir de l’arrêt anglais Collier v. Rivaz570, qui consiste en ce
que le juge national doit appliquer le droit étranger tel que le ferait un juge du pays
applicable à une controverse, il faut lui donner le même traitement de fond qu’avec le
maximum degré de probabilité lui donnerait le juge du pays dont le droit a été déclaré
applicable ; il faut prendre comme point de référence le juge devant qui la controverse
aurait pu se présenter si elle aurait été traitée dans ce pays »572. Il est possible
choisie par les contractants est la loi vivante, comme elle est appliquée par les juges de
son pays. Subséquemment, si la teneur d’un article d’un code pris isolément varie à
cause d’un usage que les juges locaux appliquent, le juge étranger qui va résoudre un
Partant du fait que la Convention de Rome ne tourne pas le dos aux usages,
Beraudo en propose une lecture qu’il qualifie de « dynamique »573. Il se sert de l’article
570
3 août 1841, 2 Curt. 855 ; BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. I, p. 281.
Disponible sur : <http://www.lrz-muenchen.de/~Lorenz/urteile/inreross.htm> (consulté le 28.12.2005).
571
Cf. BOGGIANO, Antonio, Derecho Internacional Privado, op. cit., t. I, p. 282.
572
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado…, op.cit., p. 137.
573
BERAUDO, Jean-Paul, op. cit., p. 100.
235
compte de leur caractère international et de l’opportunité de parvenir à l’uniformité dans
la façon dont elles sont interprétées et appliquées », pour soutenir que lorsqu’une loi
étatique est applicable dans un domaine où les usages jouent un rôle de complément ou
plutôt que des usages internes, et ces usages internationaux doivent prévaloir sur des
règles impératives internes en cas de contrariété, l’unique limite étant l’ordre public
Nous croyons que cette troisième lecture de la Convention de Rome est assez
audacieuse mais nous reconnaissons qu’elle jouit d’une certaine cohérence. Néanmoins,
nous pensons que si les rédacteurs avaient voulu que l’on puisse tirer de telles
conséquences du texte conventionnel, ils auraient été plus clairs quant au rôle des
Quant à l’admission du choix des Principes UNIDROIT579 580, elle n’est –par rapport au
574
Il correspond toujours à la loi étatique en question de se prononcer sur le rôle des usages.
575
BERAUDO, Jean-Paul, loc. cit.
576
Ibidem.
577
D’autres auteurs avaient déjà suggéré que la Convention de Rome n’empêcherait pas le choix des
Principes d’Unidroit, ou se sont au moins interrogés sur une telle possibilité. V., par exemple, A.
HARTKAMP, « The Use of the Unidroit Principles of International Commercial Contracts by National
and Supranational Courts », Dossier CCI, 1995, p. 256, et LARROUMET, Christian, « La valeur des
Principes d’Unidroit applicables aux contrats du commerce international », JCP, 1997, I, p. 149, cités par
Szames, Stéphane, op. cit., p. 200.
578
Ils n’ont pas pu prévoir le sort des Principes d’Unidroit car ils sont postérieurs à la rédaction et même
à l’entrée en vigueur de la Convention de Rome.
579
Supra, p. 223.
580
Sur les cas dans lesquels ils sont applicables, supra, p. 229.
236
texte conventionnel en vigueur– qu’une tendance isolée581. Par conséquent, nous
Donc, la Convention de Rome ne vise que le choix par les parties d’une loi
étatique. Tout choix qui porte sur un objet différent –voire, la lex mercatoria– ne sera
l’application de l’article 4 qui déterminera la loi applicable au contrat. C’est selon cette
Ceci étant, une tendance en peu plus moderne s’annonce dans la proposition de
Règlement Rome I582 dont l’article 3.2, autorise les parties à choisir une loi non étatique
telle que les Principes UNIDROIT ou les Principes européens du Droit des contrats :
« Les parties peuvent également choisir comme loi applicable des principes et règles de
L’exposé des motifs de la proposition de Règlement Rome I, sans doute très utile à
mercatoria pour être une notion peu précise, ainsi que celui « …de codifications privées
lex mercatoria en général ne peut donc être choisie comme lex contractus. Néanmoins,
certaines codifications privées qui en font partie, seraient éligibles dès qu’elles jouissent
« Toutefois, les questions concernant les matières régies par ces principes ou règles et
581
Cf. SZAMES, Stéphane, loc. cit.
582
Supra, p. 10.
583
Proposition de Règlement du Parlement Européen et du Conseil, op. cit., p. 5.
237
qui ne sont pas expressément tranchées par eux seront réglées selon les principes
généraux dont ils s’inspirent ou, à défaut de ces principes, conformément à la loi
l’interprétation de la Convention de Rome selon laquelle le choix d’une loi non étatique
est une absence de choix qui entraîne l’application de l’article 4 et son critère
Nous arrivons à la CIDIP V, qui jouit de la réputation d’être plus avancée que la
Convention de Rome, donc plus adaptée aux besoins du commerce international dans
l’ère actuelle car elle contemple les règles de droit non étatiques constituant la lex
mercatoria 584. Cela est bien vrai. Sauf qu’il faudra examiner soigneusement quelle est la
(article 10). Les commentateurs de la convention ne discutent pas que ces phrases
584
Supra, p. 85.
585
ARCAGNI, José Carlos, loc. cit. ; FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « La Convention
Interaméricaine sur la loi applicable aux contrats internationaux... », pp. 178-186 ; HERBERT, Ronald,
« La Convención Interamericana Sobre Derecho Aplicable a los Contratos Internacionales », loc. cit. ;
JUENGER, Friedrich K., « Contract Choice of Law in the Americas », op. cit., pp. 195-208 ; NOODT
TAQUELA, María Blanca, « Convención Interamericana sobre derecho aplicable a los contratos
internacionales », op. cit. ; PEREZNIETO CASTRO, Leonel, « Introducción a la Convención
Interamericana sobre Derecho Aplicable a los Contratos Internacionales », loc. cit.
238
Dans ce contexte, on pourrait penser que la CIDIP V contient la solution
Mexico de laquelle est issue notre convention. Pour cet auteur, comme la CIDIP V
autorise les contractants à choisir directement un droit anational tel que la lex
mercatoria ou sa version codifiée, les Principes UNIDROIT, elle est plus adaptée aux
avec Juenger. Le premier remarque que l’éventail du choix permis par l’article 7 de la
CIDIP V est beaucoup plus large que ceux des conventions de Rome sur la loi
second, quant à lui, observe que le droit désigné par les parties peut bien être des règles,
des usages, des coutumes, des pratiques, sans qu’ils aient nécessairement été générés
586
Cf. JUENGER, Friedrich K, « Contract Choice of Law in the Americas », op. cit., pp. 204-205. V.
néanmoins supra, p. 234.
587
« In addition » dans la version anglaise ; « además » dans la version espagnole.
588
Cf. PARRA-ARANGUREN, Gonzalo, op. cit., p. 308.
589
Cf. PEREZNIETO CASTRO, Leonel, « Introducción a la Convención Interamericana sobre Derecho
Aplicable a los Contratos Internacionales », op. cit., p. 774.
239
Inés Weinberg de Roca affirme que « Le contrat peut, donc, ne pas être encadré
dans un ordre juridique déterminé mais dans la coutume commerciale internationale »590
l’exclusion d’un ordre juridique étatique, elle vise un contrat soumis uniquement à la lex
mercatoria. José Carlos Arcagni, de son côté, soutient que l’article 10 oblige le juge à
évaluer « …si les parties ont entendu que leur rapport juridique était régi par la
dénommée lex mercatoria avec priorité sur n’importe quel statut national »591. Nous
l’exclusivité –malgré l’utilisation du verbe « régir »–. Le choix n’est pas conçu comme
convention le droit choisi doit être un droit étatique. Nonobstant, il avertit que « rien
n’empêche… les parties de faire des références expresses –avec ou sans désignation
expresse d’un droit (étatique)– à autre type de normes substantives développées dans le
désignation d’un droit étatique »593, il semble que Ronald Herbert est pour le choix de la
lex mercatoria comme seule loi du contrat international, et qu’il admet même un
dépeçage en vertu duquel une partie du contrat serait régie par la lex mercatoria et
590
WEINBERG DE ROCA, Inés M., Derecho Internacional Privado, op. cit., p. 178.
591
ARCAGNI, José Carlos, op. cit., p. 1442.
592
HERBERT, Ronald, op. cit., pp. 53-54.
593
Les italiques nous appartiennent.
240
l’autre par une loi étatique. Néanmoins, il requiert des « références expresses » aux
normes informelles, ce qui pourrait se lier plutôt à l’idée d’incorporation. Or, l’article 7
de la CIDIP V qui porte sur le choix conflictuel de la loi du contrat, admet qu’il soit
exprès ou tacite, détail qui n’a pas échappé à l’auteur594. La position d’Herbert par
rapport au choix de la lex mercatoria reste donc, pour nous, assez mystérieuse.
groupe d’auteurs fait une interprétation de la CIDIP V que nous considérons plus
intégrale car elle ne se borne pas aux articles 9 et 10 –en tant qu’ils reconnaissent la lex
mercatoria– mais elle les met en rapport avec d’autres, également contenus dans le
texte conventionnel.
S’il est vrai qu’il peut être attirant en tant que nouveauté de dire que la
convention, via l’introduction de références à la lex mercatoria, admet que les parties la
choisissent comme loi du contrat, et que cela serait une rupture avec le modèle
présente Convention, on entend par « loi », la loi en vigueur dans un État, à l’exclusion
de ses règles de conflit de lois ». Nous sommes face à une qualification autonome que,
comme interprètes, nous ne pouvons pas éluder. C’est à l’aide de l’article 17 qu’il faut
entendre le mot « loi » de l’article 7 lorsqu’il établit que « Le contrat est régi par la loi
choisie par les parties ». Au surplus, l’article 2 fait allusion à la loi « d’un État qui n’est
pas partie à cette Convention » et l’article 11 à la « loi du for » et à la « loi d’un autre
594
Comme il s’ensuit de son analyse de l’article en question. V. HERBERT, Ronald, op. cit., p. 53.
595
Cf. FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « La Convention Interaméricaine... », op. cit., p. 182.
241
État ». Cela est plus que suffisant pour être conscients de ce que le choix d’une loi pour
commercial international » dans l’article 9, afin que le juge les prenne en considération
quand les particuliers n’ont pas choisi la loi applicable au contrat ou bien elles l’ont fait
la lex mercatoria aux contrats internationaux… »597. En effet, le système dualiste adopté
ne permet pas le choix de la lex mercatoria. Si les parties choisissent une loi étatique,
elle sera la loi applicable ; en l’absence de choix –et la désignation de la lex mercatoria
est une hypothèse d’absence de choix–, la loi sera identifiée suivant le critère de
Encore Didier Opertti Badán ajoute que l’article 10, commençant par
« Outre… » revêt la lex mercatoria d’un caractère cumulatif et d’un emploi de loi
étatique sans toujours pas avoir le même rang qu’une loi598. Ceci peut surprendre. Est-
ce que ça veut dire que la lex mercatoria est, selon l’auteur, un système juridique ?
Nous ne le croyons pas. Nous entendons qu’avec ces propos il prétend montrer deux
choses. D’une part, que la lex mercatoria ne peut pas exclure l’application du droit
étatique. D’autre part, que les composantes de la lex mercatoria mentionnées dans
l’article 10 devront être appliquées par le juge plutôt qu’employées comme des outils
596
Cf. FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « La Convention Interaméricaine... », op. cit., p. 183.
597
SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales…, op. cit., p. 73.
598
OPERTTI BADÁN, Didier et FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, op. cit., p. 43.
242
d’interprétation. Bien qu’elles soient appliquées, elles n’auront jamais le statut de
compatriote Antenor Pereira Madruga s’appuie sur les articles 2 et 17 pour assurer que
les parties doivent choisir le droit d’un État déterminé, leur étant impossible de
désigner, par exemple, les principes de la lex mercatoria ou les règles d’un organisme
privé601.
juridique autonome, en vertu soit d’un choix des parties, soit d’un rattachement objectif,
est inadmissible. Ceci étant, il admet son incorporation au contrat par la voie de
l’autonomie matérielle des parties602. María Elsa Uzal est d’accord avec ce point de
thèse de Juenger. L’article 7, première phrase, lu à la lumière de l’article 17, suffit pour
599
Selon ce que nous avons dit supra, p. 82, à propos du mot espagnol « derecho », son équivalent en
portugais « direito » est ici employé comme synonyme de « loi ».
600
ARAÚJO, Nádia de, Contratos Internacionais…, op. cit., p. 175.
601
PEREIRA MADRUGA Filho, Antenor, op. cit., p. 427.
602
BOGGIANO, Antonio, « Contratos Internacionales... », op. cit., p. XXIX.
603
UZAL, María Elsa, op. cit., p. 1192.
243
conclure que le choix des parties doit avoir pour objet une loi étatique, à laquelle
correspondra de définir la place qui peut être faite à la lex mercatoria. Cette conclusion
droit commercial international » comme l’un des critères dont, à défaut de choix ou
quand le choix fait s’avère inefficace, tiendra compte le juge dans sa tâche de
rechercher la loi applicable, elle ne doit pas être confondue avec la loi recherchée604.
Or, bien que la lex mercatoria ait été introduite dans la convention
interaméricaine, son choix n’est pas un choix dans le sens de l’article 7. C’est-à-dire
qu’un tel choix ne relève point de l’autonomie conflictuelle des parties mais de leur
Mexico.
« Les parties pourront choisir le droit qui sera appliqué pour résoudre le différend se
basant sur le droit international privé et ses principes, ainsi que sur le droit du
décideront conformément aux mêmes sources ». La règle transcrite permet que les
604
Cf. ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., pp. 36-37.
605
Supra, p. 82 et s.
606
Il convient de reproduire ici la remarque terminologique faite supra, p. 82. Le mot « droit » est
employé dans l’article transcrit comme traduction du mot espagnol « derecho ». Nous parlerons donc
indistinctement de « droit » ou de « loi » applicable au contrat international.
244
litige né d’un contrat commercial international conclu entre des personnes physiques ou
juridiques de Droit privé607, et elle se réfère à certains droits qui pourraient servir à
D’un côté, l’allusion faite au « droit international privé et ses principes » dans un
contexte d’arbitrage commercial international est imprécise608 et, de ce fait, les parties
ne connaîtront pas avec certitude le Droit international privé à consulter pour savoir si
elles peuvent élire la loi du contrat et si –le cas échéant– dans l’éventail des lois
international » ne suffit pas pour affirmer que les parties soient expressément autorisées
à choisir la lex mercatoria en tant que « loi du contrat ». Face au manque de clarté du
texte conventionnel, considérant qu’il n’a pas prévu de technique afin de désigner la loi
applicable en l’absence de choix par les parties –le même article 10 dispose que dans
une telle hypothèse « …les arbitres décideront conformément aux mêmes sources »–, et
que ceci empêcherait d’apprécier le choix de la lex mercatoria comme une absence de
loi du contrat. Quel est l’effet d’une telle désignation ? Les règles mercatiques que les
parties incorporent au contrat seront appliquées et, si la vie du contrat se déroule sans
difficultés, il ne sera pas nécessaire de se demander quelle est la loi étatique qui le régit.
Même s’il y a un litige porté devant un tribunal arbitral, c’est envisageable que le
tribunal arrive à dicter une sentence ne faisant apparemment application que de la lex
607
Cf. article 1er des Accords.
608
V. l’analyse effectuée supra, p. 83 et s.
245
mercatoria. Néanmoins, le tribunal arbitral doit veiller que sa sentence ne viole ni les
lois de police ni l’ordre public du pays où elle sera exécutée. Car il ne faut pas perdre de
vue que lorsque la sentence arbitrale n’est pas volontairement exécutée il faut demander
la coopération d’un tribunal étatique, et que celui-ci refusera l’exécution si les lois de
police et/ou l’ordre public du for n’ont pas été respectés. Encore, c’est très probable que
puissent pas être résolus ou comblées par le tribunal arbitral que recourant à une loi
étatique.
En guise de conclusion sur cette question, nous dirons que malgré le fait que les
admis le choix de la lex mercatoria, il serait possible d’en faire une interprétation
libérale dans le sens que son choix n’est pas interdit. Ceci étant, même si les parties à un
litige contractuel soumis à un arbitrage réglé par les Accords Mercosur éventuellement
prétendent que la loi de leur contrat soit uniquement la lex mercatoria, celle-ci ne sera
pas autosuffisante610 : le tribunal arbitral devra parfois appliquer également une loi
étatique et, surtout, il ne pourra pas négliger l’importance des lois de police et de l’ordre
609
Dès que la lex mercatoria n’est pas un système (supra, pp. 227-228), les chances de la présence de
lacunes sont nombreuses.
610
Supra, p. 237.
246
mercatoria ne peut pas, dans son état actuel de développement, être choisie par les
parties pour régir leur contrat international. Envisageons le scénario au niveau des
règles nationales de Droit international privé des États mercosuriens, afin de vérifier si
le rejet généralisé du choix de la lex mercatoria au niveau des traités peut se reproduit
la volonté des parties pour désigner la loi du contrat international est le plus clairement
admise611, sans qu’il y ait toutefois une règle d’origine législative la consacrant
expressément. C’est donc l’État dans lequel nous pouvons a priori estimer que la lex
mercatoria aurait plus de chances d’être admise comme l’objet du choix des
contractants.
accueille le choix du droit du contrat612 au 1er paragraphe de l’article 69. Il exige que ce
soit un droit étatique, « le droit interne du pays de référence » (5e paragraphe de l’article
69). Le Projet reconnaît néanmoins la lex mercatoria, statuant que « Sont également
applicables les principes et les usages contractuels… » (2nd paragraphe de l’article 70)
eux » (2nd paragraphe de l’article 2). On avertit que ladite reconnaissance n’opère que
dans la sphère de l’autonomie matérielle. De la sorte, les parties ne seraient pas admises
611
Les pays restant ne font pas actuellement de place significative à l’autonomie. Pour le Brésil, supra, p.
112 et s. ; pour l’Uruguay, supra, p. 128 et s. ; pour le Paraguay, supra, p. 140 et s.
612
Supra, pp. 111-112.
247
Mais le Projet n’est, pour l’instant, que cela : un projet. Il y a donc une absence
l’autonomie.
de la première, les parties peuvent choisir le droit du contrat parmi ceux qui sont en
vigueur dans les pays d’exécution du contrat international. Moyennant leur autonomie
n’importe quel pays pour le régir ; ils ne sont pas tenus de choisir un droit proche au
contrat, pouvant même en désigner un qui n’ait aucun lien avec leur rapport contractuel.
portée large, la conséquence qui découle tout naturellement des propos de l’auteur est
mercatoria 615. Il s’agissait d’une vente internationale de lait en poudre que l’entreprise
argentine SIFAR avait fait au Gouvernement du Pérou, avec la clause « FOB Buenos
« …il n’est pas nécessaire de résoudre si le droit applicable est celui que signale le
613
V. développements et références faits supra, p. 97 et s.
614
V. références supra, p. 107.
615
Cf. BOGGIANO, Antonio, « Contratos en el comercio internacional y en el Mercosur », op. cit., p.
172.
248
Traité de Montevideo, le droit interne de la République Argentine ou celui de la
République du Pérou… »616, car les parties ont convenu que la vente serait FOB Buenos
Aires. La Cour a établi, en plus, que «La convention librement accordée constitue le
d’ « inconsciemment révolutionnaire », parce qu’il croit que ses membres n’ont même
pas songé à la lex mercatoria lors de l’élaboration de leur décision. Il ne leur attribue
d'ailleurs pas de communion avec la doctrine de la lex mercatoria 618. Ceci étant, comme
nous venons de le noter619, l’auteur reconnaît que cet arrêt, considéré à la lumière de la
néanmoins qu’on ne peut pas actuellement affirmer que les parties peuvent choisir la lex
ne peut pas être soumis exclusivement à ces règles620. Or, la lex mercatoria –et
matérielle des contractants et pas de leur autonomie conflictuelle, de sorte qu’elle n’est
pas éligible en tant que droit régisseur du contrat international. Seulement les droits
616
BOGGIANO, Antonio, Derecho internacional privado, op. cit., t. II, p. 765.
617
Ibidem.
618
BOGGIANO, Antonio, « Contratos en el comercio internacional y en el Mercosur », loc. cit.
619
Supra, p. 248.
620
BOGGIANO, Antonio, « Contratos en el comercio internacional y en el Mercosur », op. cit., p. 175.
249
Trois des six États Associés au Mercosur –le Chili, le Pérou et le Venezuela–
Code de commerce de ce pays622, nous apercevons que dans l’esprit du législateur qui
les a élaborés, et dans leur rédaction même, le raisonnement se fait tout le temps en
Code civil624, de manière large. Ceci signifie que dans tout contrat international les
parties ont le droit de choisir la loi qui le régira. Pour le cas d’absence de désignation
interprétons que la loi choisie doit être étatique, et même devant un tribunal arbitral,
malgré l’article 117 de la Loi Générale d’Arbitrage (N° 26572)625 qui admet le choix de
« règles de droit ». En effet, la lex mercatoria ne configurant pas un système, ses règles
ne sont pas aptes à régir un contrat, bien qu’elles puissent être incorporées pour définir
permettant aux parties de choisir le droit de leur contrat international (article 29)626.
621
Quant aux autres, v. : pour l’Équateur, supra, p. 150 et s. ; pour la Bolivie, supra, p. 153 et s. ; pour la
Colombie, supra, p. 154 et s.
622
Supra, p. 145.
623
Supra, p. 146.
624
Supra, p. 147.
625
V. le texte et son parallèle avec celui de l’article 1496 du Nouveau Code de procédure civile français,
supra, pp. 147-148.
626
Supra, p. 149.
250
Nous entendons que le choix des contractants doit porter sur un droit étatique,
interprétation qui ne se voit pas contredite par le fait que cet État soit partie à la CIDIP
mercatoria 627, elle n’admet point que ses règles fassent l’objet de la désignation des
qui l’interprète, ni la jurisprudence qui l’applique, n’autorisent les parties à choisir la lex
mercatoria pour régir leur contrat international. Nous approuvons que ce soit ainsi afin
d’épargner aux parties et aux tribunaux des moments d’incertitude auxquels pourrait les
développement.
Dans cette section portant sur le choix d’une loi non étatique, nous avons
constaté que notre point de vue de la lex mercatoria en général est respecté par le droit
des pays du Mercosur, en ce qu’elle n’est pas censée constituer un système juridique
supposant qu’on en fasse une interprétation libérale, qui sera de toutes manières
étatiques–, le choix de la lex mercatoria n’est pas accueilli ni sur le plan des sources
627
Supra, p. 238 et s.
628
Supra, pp. 243-244.
251
Nonobstant, ceci n’empêche que les parties s’en servent incorporant des règles
252
CONCLUSIONS DU TITRE SECOND
L’étude du choix que nous avons réalisé dans les conventions internationales et
dans les règles de source nationale des pays mercosuriens qui l’admettent, nous montre
que la volonté de désigner une loi donnée peut se manifester sous deux modalités :
expresse ou tacite. Les parties peuvent choisir la loi lorsqu’elles négocient le contrat –de
elles ont même le droit de revenir sur leurs pas en modifiant leur choix originaire.
Leur choix d’une loi pour régir le contrat doit, en principe, avoir pour objet une
loi étatique, qui ne doit pas nécessairement avoir un lien avec le contrat qu’elle va régir.
Mercosur paraissent laisser la porte ouverte au choix de la lex mercatoria, même si elle
Au surplus, les parties ont le droit de dépecer le contrat pour désigner une loi qui
ne sera applicable qu’à la partie dépecée, pouvant également désigner plusieurs lois,
chacune applicable à une partie dépecée différente. Bien entendu que pour éviter
253
CONCLUSIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE
Dans la Première Partie de cette thèse, que nous avons dédiée au choix de la loi
applicable au contrat, nous avons fait le parcours des règles juridiques des États du
d’utilité pour mieux appréhender certaines questions du droit de la région que nous
visons.
nationale. Néanmoins, dans la plupart des cas où l’autonomie est rejetée, on a identifié
des indices qui nous autorisent à conjecturer que dans le futur, elle fera l’objet d’une
Lorsque l’autonomie de la volonté est accueillie, le choix des parties peut être
même modifié ultérieurement. Le choix d’une loi pour régir le contrat ne peut pas porter
sur la lex mercatoria qui n’est pas un système juridique ; il doit porter sur la loi d’un
État. Or, il n’est pas indispensable que la loi étatique choisie présente un lien avec le
contrat. Le dépeçage volontaire est admis, les contractants pouvant choisir une loi pour
254
une partie seulement du contrat, ou bien des lois différentes pour chaque partie dépecée,
Le fait que l’autonomie de la volonté soit admise ne signifie pas que les parties
qui passent un contrat international exercent efficacement leur droit de choisir la loi qui
el régira. Si elles font un choix inefficace, ou si elles ne font aucun choix, la loi du
contrat sera désignée par les règles de conflit prévoyant des solutions subsidiaires. Nous
allons donc étudier les différentes solutions données par les règles de conflit en cas
255
SECONDE PARTIE
ABSENCE DE CHOIX
serait un contrat sans loi, ce qu’il faut empêcher ! Le dualisme emporte que
contractants n’exercent pas leur droit de choisir la loi ou si leur choix n’est pas valable.
l’autonomie de la volonté n’est pas aussi répandu au Mercosur qu’ailleurs –en Europe,
par exemple–. Dans les systèmes qui ne l’admettent pas, il existe néanmoins des règles
desdites règles peuvent être exactement les mêmes que ceux qui, dans un système
dualiste, servent à identifier la loi qui doit régir le contrat à défaut de choix. Dans les
deux cas, que le choix soit permis ou qu’il soit interdit, nous nous trouvons face à une
absence de choix. Par conséquent, ce que nous allons dire à propos des diverses lois
pouvant être appliquées au contrat lorsque les parties ont le droit de choisir la loi mais
256
Prenant en compte ces considérations, nous allons essayer d’identifier quelle est,
dans les pays du Mercosur, la loi du contrat international en l’absence de choix par les
257
TITRE UNIQUE: LA LOI DU CONTRAT EN L’ABSENCE
DE CHOIX
Dans le but d’identifier la loi qui doit régir le contrat international en l’absence
de choix de telle loi par les parties, le droit des pays mercosuriens compte avec
différentes règles. Nous traiterons d’abord les règles de Droit international privé de
(Chapitre I), et ensuite leurs règles de Droit international privé de source interne
(Chapitre II).
258
CHAPITRE I : Sources internationales
contrat international et qui soit en vigueur dans la totalité des États du Mercosur629, nous
verrons quelle est la loi du contrat selon les Traités de Montevideo (A), le Code
Bustamante (B), les Conventions de La Haye sur la loi applicable aux contrats
celle-ci ne soit pas encore en vigueur dans les pays du Mercosur, et finalement la CIDIP
A. Traités de Montevideo
internationaux les articles 32 à 37, et celui de 1940, les articles 36 à 42. Si lesdits
articles des deux traités ne sont pas identiques, pour ce qui nous intéresse ici –identifier
la loi qui régira le fond du contrat international– ils sont similaires631. En effet, les deux
désignent la lex loci executionis comme loi du contrat. C’est-à-dire que le Traité de
629
Supra, p. 9.
630
Ils ne sont actuellement en vigueur que pour l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay ; supra, p. 78.
631
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado…, op. cit., p. 209.
259
Choisissant le facteur de rattachement « lieu d’exécution » en matière de
suivent la doctrine de Savigny632. Pour Savigny, l’attente des parties est tournée vers le
lieu d’exécution633. Néanmoins, à différence des règles des Traités de Montevideo, cet
auteur présume que, si les parties ne s’en sont pas expliquées, elles ont localisé
devrait, selon lui, être régie par la loi du lieu de son exécution.
article 32 ; Traité de 1940, article 36) : elle détermine si les parties doivent manifester
leur volonté dans un instrument public ou si elles peuvent le faire dans un instrument
privé. En matière d’instruments publics, il correspond à la loi du pays où ils sont passés
de régler leurs formalités (Traité de 1889, article 39 ; Traité de 1940, article 36). C’est
quant aux instruments privés que les traités visés diffèrent : pendant que le Traité de
1889 soumet leurs formalités à la loi du lieu d’exécution du contrat (article 39), celui de
Or la loi du contrat, celle qui le régit au fond, est –selon les deux traités–, la loi
du lieu où le contrat doit être exécuté. Telle est la règle générale dont nous parlions plus
qui la posent. Ces mêmes articles fixent le domaine de la loi applicable au contrat, qui
régit l’existence du contrat, sa nature, sa validité, ses effets, ses conséquences, son
exécution, voire « tout ce qui concerne les contrats, sous quelque aspect que ce soit ».
632
GOLDSCHMIDT, Werner, Derecho Internacional Privado…, op. cit., pp. 391-392.
633
Cf. AUDIT, Bernard, op. cit., p. 147.
634
Cf. BATIFFOL, Henri et LAGARDE, Paul, Traité de Droit international privé, 8e édition, t. I. Paris :
Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1993, p. 400.
260
À l’occasion des sessions du Congrès Sud-américain de Droit international privé
position majoritaire consistant en l’adoption de la lex loci executionis comme règle pour
loi du lieu de conclusion »635. Pour lui, la règle locus regit actum est une règle
incertaine dont le domaine a été restreint par quelques auteurs à la forme du contrat et
élargi par d’autres à la validité et même aux vices du consentement, mais « …aucun n’a
osé lui soumettre rien de ce qui touche à l’exécution, qui est précisément l’objectif final
de tout contrat… »636. Au surplus, encore ses défenseurs ne se sont pas mis d’accord sur
établissent un catalogue de critères dont le but est de localiser le contrat. Bien entendu
qu’ils fonctionnent comme des présomptions juris tantum, sauf preuve d’une volonté
différente des parties, car elles peuvent désigner pour leur contrat le lieu d’exécution
635
Actas y Tratados..., op. cit., p. 163. V. également p. 166.
636
Idem, p. 164.
637
Idem, p. 165.
261
« Ceux qui portent sur des choses déterminées par leur genre, par la loi du lieu
a) s’ils portent sur des choses, par la loi du lieu où elles existaient au
Ces articles sont complexes et les critères qu’ils contiennent ne servent pas
de la règle lex loci executionis aurait pu être plus simple si les rédacteurs de ces traités y
contrats ayant pour objet des choses déterminées par leur genre, des choses
interchangeables, des services ne portant pas sur des choses ou dont l’efficacité n’est
pas liée à un pays déterminé–, de la loi du domicile du débiteur. Il est présumé que c’est
au pays où il est domicilié que le débiteur exécutera ses prestations. Les traités ne
résolvent pas le problème posé par les contrats bilatéraux, de savoir à quel débiteur ils
638
Cf. HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 228.
262
font allusion. La plupart de la doctrine entend qu’il faut considérer le domicile du
d’un autre »641, « pour laquelle le paiement est dû »642, dans les contrats bilatéraux. Par
caractéristique d’un contrat fut consacrée par le fameux arrêt Chevalley, rendu le 12
Tribunal fédéral a statué qu’il convenait d’appliquer une loi unique à la conclusion et
aux effets du contrat de vente conclu à Genève entre une société établie en Belgique –
choix des parties, « celle du lieu avec lequel le rapport juridique considéré a le lien
obligations qui est caractéristique pour le rapport juridique en question, par exemple,
639
La Convention de Rome, article 4.2., se réfère à la résidence habituelle de la partie qui doit fournir la
prestation caractéristique.
640
Sur ce sujet, v. ANCEL, Marie-Élodie, La prestation caractéristique du contrat. Paris: Economica,
2002, (Collection Recherches Juridiques).
641
GAUDEMET-TALLON, Hélène, « Convention de Rome du 19 juin 1980 », op. cit., fasc. 3201, p. 7.
642
GIULIANO, Mario et LAGARDE, Paul, op. cit.
643
ATF 78 II 74 ; Revue critique de Droit international privé, 1953, p. 390, note G. Flattet.
644
V. la claire explication qu’en fait ANCEL, Marie-Élodie, op. cit., p. 19.
645
Sur le principe de proximité, v. infra, p. 273 et s.
646
ATF 78 II 74, p. 85.
263
pour la vente, l’obligation du vendeur »647. Le Tribunal fédéral a finalement appliqué,
ajoute encore une règle pour les contrats dans lesquels, au moment de leur conclusion et
appliquant les règles précédentes, on ne peut pas déterminer le lieu d’exécution : ils
seront régis par la loi du lieu de conclusion (article 40). Nous percevons que cette
norme était nécessaire pour combler le vide laissé par le Traité de 1889 quant aux
objet du contrat est certaine et clairement individualisée, le contrat sera régi par la loi du
lieu où elle existait au moment de la conclusion. Or, cette solution prévue par les
l’acquiert une fois le contrat conclu648 mais, au moment de la conclusion, il ne sait pas
du contrat, le lieu où la chose existe, donc la loi du contrat. Si le critère pour identifier le
lieu d’exécution du contrat n’est pas d’aide pour l’interprète, qui se voit dans
l’impossibilité de le déterminer suivant les règles des Traités, il est utile de compter
avec une règle subsidiaire telle que l’article 40 du Traité de Droit civil international de
1940.
647
Idem, pp. 87-88.
648
Cf. HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 229.
264
De la sorte, les deux traités visés soumettent les contrats internationaux à la loi
Bustamante, quant-à-lui, ne retient pas la loi du lieu d’exécution comme loi du contrat
international.
B. Code Bustamante
Comme nous l’avons avancé plus haut649, dans le Code Bustamante la règle
générale en matière de contrats internationaux, posée par l’article 186, est qu’ils seront
régis par la loi personnelle commune des contractants et, à défaut de celle-ci, par la loi
du lieu de conclusion.
de statut personnel par le Code civil italien de 1865, le Code civil espagnol de 1889 et le
Code civil allemand de 1900651. Mais dès que la nationalité n’était pas un rattachement
facilement acceptable en Amérique Latine, dont les pays avaient reçu une forte
649
Supra, p. 59.
650
Supra, p. 58.
651
AUDIT, Bernard, op. cit., p. 69.
265
immigration, il a fallu la tempérer comme principe, afin de compter avec l’appui d’un
plus grand nombre d’États. Subséquemment, on ne doit pas entendre la « loi personnelle
personnelle comme celle de la nationalité, celle du domicile, ou bien celle déjà adoptée
ou qui soit adoptée dans le futur par la législation interne de l’État qui en fait
application.
Quoique ni la nationalité différente des parties ni leur domicile dans des pays
différents soient essentiels pour qu’un contrat soit international, il n’est pas
exceptionnel que les sujets qui passent un contrat international n’aient ni nationalité
commune ni domicile commun. Au contraire, le moins rare c’est que les contractants
soient de nationalité différente et/ou que leur domicile se situe dans des pays différents.
Dans ces nombreux cas, le rattachement que l’article 186 du Code Bustamante a
Il faudra donc recourir à la loi du lieu de conclusion, que l’article 186 mentionne
en second lieu. Malgré la formulation de la norme, qui introduit la lex loci celebrationis
à défaut de loi personnelle commune, et du fait qu’il est peu fréquent que les
contractants soient domiciliés dans le même État, Hargain et Mihali entendent que la
règle générale dans le Code Bustamante est que les contrats sont régis par la loi du lieu
de leur conclusion652. Nous sommes d’accord avec ces propos. En effet, dans la plupart
des cas, la loi du contrat sera la lex loci celebrationis. Ceci remarquerait la bipolarité
existante entre les Traités de Montevideo et le Code Bustamante653 : selon les premiers
652
HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 231.
653
Supra, p. 55.
266
le contrat international doit se soumettre à la loi du lieu d’exécution, pendant que selon
l’objet de nombreuses critiques que nous pouvons synthétiser, suivant Bernard Audit654,
en trois points : 1) il peut être difficile à déterminer ; 2) il peut être fortuit ; 3) il se prête
à la fraude.
international il est habituel de conclure des contrats entre absents par correspondance,
via téléphonique… Si dans ces cas l’identification du lieu de conclusion du contrat peut
s’avérer très compliquée, que dire des contrats conclus par des moyens fournis par la
physiquement au même lieu, ce lieu « peut être fortuit par rapport à leurs intérêts
contrat »655. Imaginons un contrat entre une personne dont les intérêts permanents se
localisent en Espagne et une personne qui a les siens au Danemark. Elles peuvent
décider que par des raisons de distance et de transport il leur convient de se rencontrer
pour conclure le contrat dans n’importe quel des pays qui séparent l’Espagne du
Danemark. Il ne serait pas le plus approprié que ce contrat soit régi par la loi d’un lieu
de conclusion qui peut être, par exemple, aussi bien la France que l’Allemagne.
654
AUDIT, Bernard, op. cit., p. 147.
655
Idem, loc. cit.
267
Finalement, le rattachement du contrat par le lieu de conclusion se prête à la
possibilité de conclure le contrat dans un pays soigneusement choisi par une ou par les
deux parties, avec l’objectif de se voir bénéficiée/s par les dispositions de la loi de ce
lieu, jugées plus favorables aux intérêts d’une ou des deux parties que celles d’autres
dernier présente l’avantage non négligeable de respecter l’attente des parties, qui
Nous verrons maintenant quelle est la loi des contrats d’intermédiaires et des
contrats de vente de marchandises selon les Conventions de La Haye signées par des
États mercosuriens.
C. Conventions de La Haye
l’absence de choix de la loi applicable au contrat, celui-ci est régi par « la loi interne de
(1er paragraphe). Cette règle peut se rapprocher de celle des articles 34 du Traité de
1889 et 38 du Traité de 1940 pour les contrats portant sur des choses déterminées par
leur genre ou bien sur des choses interchangeables, qui sont régis par la loi du lieu du
268
domicile du débiteur au moment où ils ont été conclu, ainsi que de l’article 8.1 de la
professionnel ou, à défaut, sa résidence habituelle dans l’État dans lequel l’intermédiaire
doit exercer à titre principal son activité, la loi applicable est celle de cet État (2 nd
paragraphe). Pour que cette exception se déclenche il faut que l’État dans lequel
l’intermédiaire doit exercer à titre principal son activité soit un État différent de celui où
proche ; pas un autre établissement ; pas non plus la maison mère. Ceci comporte un
choix politique qui n’est pas dicté par une proximité géographique. En effet, Catherine
Kessedjian657 observe que des dispositions de ce type sont présentes dans un certain
quelqu’un qui opère sur le marché connaît les règles applicables au lieu où il agit, et 2)
qu’il ne serait pas équitable d’obliger l’opérateur à s’informer des normes applicables
656
Infra, p. 270.
657
KESSEDJIAN, Catherine, « Le principe de proximité vingt ans après ». In : Le droit international
privé : esprit et méthodes. Mélanges en l’honneur de Paul Lagarde. Paris : Dalloz, 2005, p. 514.
269
La Convention sur la vente énonce une règle générale pour laquelle elle prévoit
En l’absence de choix de la loi applicable au contrat de vente, elle « est régie par
du contrat » (article 8.1). Ladite règle est proche de celle que nous venons de voir au 1 er
pour la vente aucune mention n’est faite à la résidence habituelle du vendeur. Or, pour
l’autre– ; leur importance est telle que la loi du pays où l’établissement se trouve, régira
l’ensemble du contrat.
présentent. Selon l’article 8.2 de la Convention sur la vente, le contrat sera régi non par
la loi du lieu de l’établissement du vendeur mais par celle « de l’État dans lequel
hypothèses suivantes :
« a) des négociations ont été menées et le contrat a été conclu par les parties
270
« c) la vente a été conclue aux conditions fixées principalement par l’acheteur et
l’acheteur au moment de la conclusion se justifie car le contrat est plus proche de cet
État que de celui de l’établissement du vendeur, bien que ce dernier continue à être le
la loi désignée par la règle générale ou par ses exceptions : « A titre exceptionnel, si, en
raison de l’ensemble des circonstances, par exemple de relations d’affaires entre les
parties, la vente présente des liens manifestement plus étroits avec une loi autre que
celle qui serait applicable au contrat selon les paragraphes 1 ou 2, la vente est régie par
cette autre loi » (article 8.3). Cette clause d’exception ou clause échappatoire est très
similaire à celle de l’article 4.5 de la Convention de Rome, qui autorise le juge à écarter
présente des liens plus étroits avec un autre pays ». Les deux textes différent en ce que
le premier exige que la proximité avec la loi d’un autre pays soit « manifeste » ; mais,
pour le reste, ils contiennent la même solution. La proximité introduite par ces clauses
mettra en jeu au cas par cas, parce qu’il doit considérer « l’ensemble des
658
JACQUET, Jean-Michel, « Contrats », op. cit., p. 25.
271
Il y a néanmoins deux circonstances dans lesquelles le paragraphe 3 de l’article 8
États qui ont fait la réserve prévue à l’article 21, paragraphe 1, alinéa b) » (paragraphe 4
de l’article 8), qui consiste en ne pas appliquer le paragraphe 3 de l’article 8, sauf quand
aucune des parties n’a son établissement dans un État qui a fait cette réserve. Par
conséquent, si au moins une des parties au contrat a son établissement dans le territoire
d’un État qui l’a fait, la clause d’exception du 3e paragraphe de l’article 8 ne peut pas
être appliquée. Contrario sensu, s’il revient à un juge d’un État qui a fait la réserve, de
statuer sur la loi applicable à une vente dont l’établissement d’aucune des parties ne se
situe dans cet État ni dans autre État qui l’a fait, il peut appliquer le paragraphe 3 de
l’article 8.
questions réglées dans la CVIM. Pour qu’elle se déclenche il faut qu’au moment de la
conclusion du contrat, les parties aient leurs établissements respectifs dans des États
l’article 8).
en l’absence de choix contenu dans la Convention sur la vente est assez complexe. De
ce fait, il demande des efforts particuliers de la part du juge qui doit l’interpréter dans le
but de l’appliquer dans une affaire concrète. Le degré de complexité du texte a sûrement
internationale qui, à presque une vingtaine d’années de son élaboration, n’est pas encore
entrée en vigueur.
272
Parmi les conventions auxquelles les pays du Mercosur sont parties, la CIDIP V
est celle qui introduit les critères les plus modernes pour déterminer la loi du contrat
D. CIDIP V
dédie son article 9 à la détermination de la loi du contrat en l’absence de choix par les
parties. La norme est divisée en trois paragraphes, structure que nous respecterons dans
proximité (1) ; le second, les critères qui guident l’appréciation de la proximité (2) ; le
1. Le principe de proximité
rapport de droit à l’ordre juridique du pays avec lequel il présente les liens les plus
étroits… »659. On trouve ses traces déjà à la fin du XIIe siècle chez Aldricus, qui
indiquait que face à un conflit entre deux règles statutaires différentes, il fallait « donner
la préférence à celle qui paraît la plus puissante et la plus utile (potior et utilior) »660. Il
659
LAGARDE, Paul, « Le principe de proximité dans le droit international privé contemporain – Cours
général de droit international privé », Recueil des Cours Académie de Droit International, 1986, I, t. 19,
p. 26.
660
Passage d’une collection de Dissensiones Dominorum, rédigé entre 1170 et 1200, cité par Ancel,
Marie-Élodie, op. cit., p. 325.
273
fut plus tard développé en droit anglo-saxon661 et accueilli donc par la jurisprudence du
Royaume-Uni, mais également par celle de la France662. Plus récemment, suite aux
internationaux en l’absence de choix de la loi du contrat par les parties. L’article 4.1 du
texte européen dispose que « dans la mesure où la loi applicable au contrat n’a pas été
choisie conformément aux dispositions de l’article 3, le contrat est régi par la loi du
parties n’ont pas désigné la loi applicable ou lorsque ce choix s’avère inefficace, le
contrat est régi par la loi de l’État avec lequel il présente les liens les plus étroits ». À
défaut d’un choix efficace des contractants, leur rapport est soumis, suivant cette règle,
à la loi du pays le plus proche, celui avec lequel il a les liens les plus étroits. C’est la
première fois qu’un rattachement de type flexible est admis par une convention
interaméricaine665.
661
Ronald Herbert signale que le développement des liens les plus étroits en droit anglo-saxon a été
favorisé par le caractère notamment judiciaire de ce système ; HERBERT, Ronald, op. cit., p. 55.
662
Cf. LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des contrats… », op. cit., p. 306.
663
Cf. BALLARINO, Tito et ROMANO, Gian Paolo, « Le principe de proximité chez Paul Lagarde ».
In : Le droit international privé : esprit et méthodes. Mélanges en l’honneur de Paul Lagarde. Paris :
Dalloz, 2005, p. 37.
664
Cf. KESSEDJIAN, Catherine, « Le principe de proximité vingt ans après », op. cit., p. 507.
665
V. NOODT TAQUELA, María Blanca, « Convención Interamericana sobre derecho aplicable a los
contratos internacionales », op. cit., p. 100.
274
Le principe de proximité sert de fondement aux règles de conflit que nous
faveur et de l’autonomie de la volonté666, trois principes qui peuvent, eux aussi, fonder
la plus grande proximité dans l’abstrait : le for choisit un seul rattachement déterminé,
généralement le plus fort, celui qui est censé présenter les liens les plus étroits avec le
l’état pur : chaque espèce doit être régie par la loi de l’État avec lequel elle a les liens
les plus étroits, ce qui impose de peser tous les rattachements de l’espèce de manière à
obtenir l’État avec lequel elle se rattache plus fortement ; 3) proximité suffisante : la
plus grande proximité n’est pas exigée, il suffit d’une certaine proximité, la loi
applicable doit avoir un lien étroit avec l’espèce, lien qui ne doit pas forcément être le
plus étroit. Des trois formes signalées, la Convention de Mexico accueille la deuxième :
par la loi de l’État avec lequel il présente les liens les plus étroits » (1er paragraphe de
l’article 9).
État donné. Ceci est une dérivation logique de la règle référée. Le juge devra identifier
tous les éléments qui rattachent le contrat international à des États différents, pour
666
LAGARDE, Paul, « Le principe de proximité… », op. cit., pp. 61-65.
667
Cf. BALLARINO, Tito et ROMANO, Gian Paolo, « Le principe de proximité chez Paul Lagarde »,
op. cit., p. 42.
275
apprécier et déterminer avec quel État le rattachement est plus fort. Le contrat sera donc
Dans son travail de pesé des divers rattachements, le juge jouit d’une large
liberté, ses appréciations pouvant être discrétionnaires et –de ce fait– teintes d’une
principe de flexibilité, et la grande liberté qui s’ensuit pour le juge, demandent aux pays
d’exécution d’un contrat671. Noodt Taquela pense, et nous partageons son avis sur ce
point, qu’ « Il devra passer un bon temps d’application de la Convention pour que ceux
nouveau système, peut donc d’un côté créer une certaine insécurité –car il ne sera pas
facile pour les parties d’identifier la loi du contrat– ; mais de l’autre côté, il a
668
V. HERBERT, Ronald, op. cit., p. 56.
669
NOODT TAQUELA, María Blanca, loc. cit.
670
Santos Belandro se dit surpris car la Convention de Mexico ne pose point de règle de conflit classique
générale mais donne seulement une directive très vague, celle de l’article 9 ; SANTOS BELANDRO,
Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales…, op. cit., p. 89.
671
V., par exemple, les articles 1205 et s. du Code civil argentin.
672
Idem.
673
Cf. ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 41.
276
La Convention de Mexico posant le principe de proximité dans des termes très
similaires de ceux de la Convention de Rome, nous estimons qu’elle peut faire l’objet
de la même critique que Me. Marie-Élodie Ancel formule à propos du texte européen :
« qu’une amorce de règle, et non une règle »674, car « il ne dévoile pas ce qu’il entend
exactement par « liens les plus étroits » entre un contrat et le pays dont la loi doit être
appliquée »675.
de la CIDIP V, qui laisse le juge déterminer le pays avec lequel le contrat se rattache
plus fortement, devrait être atténuée –ou au moins telle a été l’intention du législateur
article.
dernière établit une présomption utile à identifier le pays le plus proche, la première ne
donne que des critères assez lâches à tenir en compte. Noodt Taquela entend que la
CIDIP V ne fixe aucun critère susceptible de servir de guide afin de déterminer le droit
compte676. Nous adoptons de toutes manières le terme « critères » car les éléments
674
ANCEL, Marie-Élodie, op. cit., p. 328.
675
Idem, pp. 327-328.
676
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Convención Interamericana sobre derecho aplicable a los
contratos internacionales », op. cit., p. 101.
277
censés guider l’appréciation du juge opèrent, sur le plan de la pratique, comme des
critères. On aurait bien pu désirer que ces critères soient plus fermes. Or, bien qu’ils
Selon l’article 4.2 de la convention européenne, « …il est présumé que le contrat
présente les liens les plus étroits avec le pays où la partie qui doit fournir la prestation
partie, ce pays est celui où est situé son principal établissement ou, si, selon le contrat,
la prestation doit être fournie par un établissement autre que l'établissement principal,
celui où est situé cet autre établissement ». Or, la présomption oblige le juge, en
du XXIe siècle, le Droit international privé a besoin « d’une proximité intellectuelle »679,
où soient pris en compte des paramètres tels que la nature de la question substantielle
677
On trouve une clause d’exception ou clause échappatoire à l’article 4.5 de la Convention de Rome,
selon laquelle la présomption du paragraphe 2nd « est écartée lorsque la prestation caractéristique ne peut
être déterminée » ou bien « lorsqu’il résulte de l’ensemble des circonstances que le contrat présente des
liens plus étroits avec un autre pays ».
678
Sur la notion et les origines de la prestation caractéristique, v. supra, p. 263.
679
KESSEDJIAN, Catherine, « Le principe de proximité vingt ans après », op. cit., p. 509.
278
dont il s’agit, les intentions des législateurs des différents pays, les intérêts en jeu… 680.
Elle estime que la règle que nous venons de transcrire opère un choix politique
On peut situer Marie-Élodie Ancel dans cette même ligne d’analyse du 2nd
paragraphe de l’article 4, lorsqu’elle identifie des « intérêts conflictuels cachés »682 qui
au contrat –de façon que les parties puissent connaître dès le début et facilement la loi à
volonté d’éviter la fraude à la loi –par la soumission du contrat conclu dans l’exercice
fournir la prestation–683.
reflète une proximité intellectuelle ou tout simplement géographique, est un outil qui se
fond sur la prestation caractéristique pour identifier le pays le plus proche au contrat.
680
Idem, p. 513.
681
Idem, p. 514.
682
ANCEL, Marie-Élodie, op. cit., p. 333.
683
Cf. ANCEL, Marie-Élodie, op. cit., pp. 333-337.
279
Durant le processus d’élaboration de la Convention de Mexico, le traitement de
par l’éminent juriste mexicain José Luis Siqueiros, approuvé par le Comité Juridique
Interaméricain de l’Organisation des États Américains 31 juillet 1991685 –dès lors connu
Tucson »687, a été approuvé. À cette occasion, les experts n’ont pu s’accorder sur
684
On note dans l’Avant-projet l’influx de la Convention de Rome, de la Convention de La Haye sur la
vente de 1986 et de la Convention de Vienne de 1980.
685
CJI / RES. II - 6/91.
686
HERBERT, Ronald, op. cit., p. 56.
687
OEA/Ser.K/XXI.5 CIDIP-V/15/93, du 23 décembre 1993.
280
comme rattachement de la présomption de proximité. Ceci explique pourquoi le Projet
de Tucson comporte une option sur ce point (article 10, paragraphe 2nd ).
remarque que la prestation caractéristique a été supprimée par une habile manœuvre du
représentant des États-Unis, Juenger, qui s’est débrouillé pour qu’elle soit éliminée du
caractéristique l’a emporté. Ils estiment qu’elle est en train de devenir « de plus en plus
l’évolution matérielle et conflictuelle des contrats »689 et qu’elle ne répond pas aux
exigences du commerce international690. Ils notent que dans certains cas il n’est pas aisé
de distinguer la prestation caractéristique de celle qui ne l’est pas 691 –par exemple, dans
688
FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., participation au colloque des Sextas Jornadas de Profesores de
Derecho internacional privado, El Derecho internacional privado interamericano en el umbral del siglo
XXI, Sextas Jornadas de Profesores de Derecho internacional privado, 1er et 2 décembre 1995, Ségovie,
Espagne. Madrid : Departamento de Derecho internacional público y de Derecho internacional privado de
la Universidad Complutense de Madrid, EUROLEX, S.L., 1997, p. 213. La position du délégué des États-
Unis a été soutenue par ceux du Mexique et du Brésil.
689
SANTOS BELANDRO, Rubén, El derecho aplicable a los contratos internacionales…, op. cit., p. 95.
690
JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts... », op. cit., p. 390.
691
Ibidem. En ce sens, v. également JUENGER, Friedrich K., « Contract Choice of Law in the
Americas », op. cit., p. 205.
692
JUENGER, Friedrich K., idem, p. 206.
281
faveur de l’application de la loi de l’établissement du professionnel qui habituellement
fournit des marchandises et des services dans les opérations de commerce international.
Ce choix est nettement défavorable aux intérêts des pays en voie de développement,
souvent demandeurs tant de marchandises que de services en provenance des pays plus
développés.
les facteurs objectifs et subjectifs identifiés dans le contrat en vue de déterminer la loi
de l’État avec lequel il a les liens les plus étroits. Il tient également compte des principes
internationales ».
Les critères posés par la règle interaméricaine sont censés servir de guide au juge
et, par là-même, diminuer l’incertitude créée par le paragraphe 1er de l’article 9693 qui se
Bien que l’ensemble des critères à tenir en compte doivent, naturellement, être
liés ou avoir un certain rapport avec le cas d’espèce, afin d’identifier l’État le plus
proche, on peut faire une distinction entre ceux de la première et ceux de la seconde
693
Supra, p. 274.
694
Supra, p. 275.
282
compte de « tous les facteurs objectifs et subjectifs identifiés dans le contrat » comporte
une approche très concrète, pendant que celle « des principes généraux du droit
le juge parte des principes « généraux » pour les appliquer ensuite au contrat dont il a à
connaître.
lieu de son exécution, le lieu de situation des biens objet du contrat, le domicile des
texte normatif aux facteurs subjectifs comme une règle de validation qui introduit un
juge doit peser tous ces facteurs objectifs et subjectifs du contrat international. Nous
pensons que, bien que la prestation caractéristique ne figure pas de manière expresse
elle peut et même devrait toujours être prise en considération par le tribunal comme un
facteur additionnel. Car, remarquons-le, la règle exige la prise en compte de tous les
facteurs objectifs et subjectifs identifiés dans le contrat pour déterminer la loi de l’État
le plus proche.
paragraphe de l’article 9, tient également compte, sont ceux qui font partie de la lex
695
JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts... », op. cit., p. 389.
696
Ibidem.
283
mercatoria 697. Cette phrase est née comme une solution de compromis. En fait, les
États-Unis prétendaient qu’en l’absence de choix de la loi par les parties, le contrat
international devait être directement régi par les principes généraux du droit commercial
provoqué une longue discussion au sein du groupe de travail rédacteur du texte définitif.
Finalement, en vue de déterminer quel est le pays le plus proche au contrat, le tribunal
tient non seulement compte de tous les facteurs objectifs et subjectifs, mais également
de la lex mercatoria.
l’article 9 ne veut absolument pas dire que le tribunal puisse appliquer au contrat des
de Mexico sur la loi applicable aux contrats internationaux, un contrat ne peut jamais
être régi par la lex mercatoria, à elle seule699. Nous avons vu que le choix des parties
doit porter sur une loi étatique700. Et si elles n’ont pas exercé leur droit de choisir la loi
du contrat, celui-ci est régi par la loi de l’État avec lequel il présente les liens les plus
697
Supra, p. 238.
698
Cf. JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts... », op. cit., p. 391.
699
Le tribunal peut avoir recours à la lex mercatoria « en vue d’assurer le respect des conditions imposées
par la justice et l’équité dans le règlement d’un cas concret » (article 10 de la CIDIP V), que les parties
aient ou n’aient pas choisi la loi de leur contrat.
700
Supra, p. 241.
284
elle voit la phrase plutôt dépourvue d’application701. Contrairement à son opinion,
s’épargner la recherche des règles de conflit et de se servir des règles des Principes
d’Unidroit702. En plus, il remarque que : « Tandis que la CIDIP-V peut être critiquée
pour mélanger l’huile de la supranationalité et l’eau des droits positifs, on peut espérer,
dans le cours naturel des choses, que l’huile monte et l’eau plonge »703.
Nous pensons que le tribunal, face à plusieurs lois étatiques ayant des liens
étroits avec le contrat, « devra se pencher pour celui qui s’accorde le mieux avec les
intérêts du commerce international »704. Ceci reflète une des deux fonctions de la lex
loi applicable au contrat705. Mais force est de reconnaître que dans la plupart des cas, il
Convention de Mexico guident le juge afin qu’il identifie le pays le plus proche au
contrat international. Néanmoins, il s’agit de critères assez lâches : même s’il est
701
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Convención Interamericana sobre derecho aplicable a los
contratos internacionales », op. cit., p. 103.
702
JUENGER, Friedrich K., « The Inter-American Convention on the Law Applicable to International
Contracts... », loc. cit.
703
Ibidem.
704
ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 47.
705
L’autre fonction de que la CIDIP V lui désigne est celle d’assurer la justice et l’équité (cf. article 10).
V. ALBORNOZ, María Mercedes, op. cit., p. 47 et s.
285
objectifs et subjectifs identifiés dans le contrat et, s’il lui arrive de douter entre plusieurs
pays, son choix peut être orienté par le respect des intérêts du commerce international.
Or, le recours direct à la prestation caractéristique pour apprécier la proximité peut être
plus fonctionnel que la mise en œuvre de ces critères vagues. Bien que la combinaison
aurait bien pu, par exemple, accueillir ladite prestation et la combiner avec le lieu
d’exécution, de sorte de présumer que le pays le plus proche est celui où la prestation
paragraphe) et les critères dont le tribunal doit se servir pour identifier l’État avec lequel
le contrat présente les liens les plus étroits (2nd paragraphe), il prévoit, à titre
3. Le dépeçage judiciaire
Lorsque nous nous sommes occupées de l’objet du choix des parties, nous avons
traité la question du dépeçage par les parties au contrat706. Les notions générales que
nous y avons données sont également applicables ici, en matière de dépeçage judiciaire.
La Convention de Mexico introduit le dépeçage fait non par les parties mais par
peut être séparée du reste du contrat et qu’elle est étroitement liée à un autre État, la loi
706
Supra, p. 204 et s.
286
de cet État pourra, à titre exceptionnel, être appliquée à cette partie du contrat ». À
Convention de Rome, selon lequel : « Toutefois, si une partie du contrat est séparable
du reste du contrat et présente un lien plus étroit avec un autre pays, il pourra être fait
application, à titre exceptionnel, à cette partie du contrat de la loi de cet autre pays ».
Pour que le dépeçage judiciaire puisse avoir lieu, il faut que les parties n’aient
pas choisi la loi de leur contrat ou que leur choix s’avère inefficace, de manière qu’il
conséquent, il est interdit au juge de dépecer un contrat dans l’hypothèse d’un choix
dépeçage par les contractants. En effet, le dépeçage par le juge est encore soumis à deux
conditions cumulatives. La première c’est la séparabilité d’une des clauses par rapport
Sur ce point, on peut noter deux différences –même subtiles– entre le texte
partie du contrat. Or, si c’est vrai qu’une clause contractuelle est une partie du contrat,
une partie du contrat n’est pas nécessairement une clause de celui-ci. Se référant à la
notion de séparabilité d’une partie du contrat utilisée par la Convention de Rome, Paul
Lagarde affirme qu’elle « doit être entendue strictement si l’on ne veut pas ruiner le
707
LAGARDE, Paul, « Le nouveau droit international privé des contrats… », op. cit., p. 307.
287
effectivement faire l’objet d’une solution indépendante708. Ensuite, la seconde
différence entre la CIDIP V et la Convention de Rome réside dans le fait que pendant
que la première requiert que la clause séparable soit étroitement liée à un autre État, la
seconde est plus rigoureuse, car elle exige que la partie séparable présente un lien plus
établissent que le dépeçage judiciaire est facultatif –ce n’est qu’une possibilité pour le
tribunal– et exceptionnel.
certains litiges qui portent, non sur l’inexécution générale du contrat, mais sur celle de
contractuelle710.
règles destinées à identifier la loi du contrat international en l’absence de choix par les
parties, nous traiterons les Accords Mercosur sur l’arbitrage commercial international.
708
Idem.
709
HERBERT, Ronald, op. cit., p. 61.
710
Ibidem.
288
E. Accords Mercosur sur l’arbitrage commercial international
l’hypothèse d’absence de choix par les parties du droit applicable au litige découlant
d’un contrat international, à la 2nde phrase de l’article 10. Selon cette règle : « Si les
parties ne disposent rien sur cette matière, les arbitres décideront de conformité aux
mêmes sources ». On peut donc interpréter le défaut de choix comme une délégation des
Panama le 30 janvier 1975713– qui dispose ce qui suit : « Si les parties n’indiquent pas la
loi applicable, le tribunal arbitral appliquera la loi que déterminent les règles de conflit
Tant dans le cas du Règlement de la CIAC comme dans le cas des Accords
711
Supra, p. 78 et s.
712
Jorge R. Albornoz entend que telle délégation pourra être expresse ou bien implicite. Il signale que
« Pourtant, s’il existe un ‘compromis’, la délégation sera sûrement expresse » ; ALBORNOZ, Jorge R.,
« El Arbitraje en el Derecho Internacional Privado y en el Mercosur… », op. cit., p. 81.
713
Article 3: « En l’absence d’accord exprès des parties, l’arbitrage aura lieu de conformité aux règles de
procédure de la Commission Interaméricaine d’Arbitrage Commercial ». Texte complet disponible sur :
<http://www.oas.org/juridico/spanish/tratados/b-35.html> (consulté le 30.12.2005).
714
De la version du Règlement de la CIAC qui est en vigueur depuis le 1 er avril 2002. Dans la version
antérieure, c’était la 2nde phrase de l’article 33.1 du Règlement de la CIAC. Texte complet de la nouvelle
version, disponible sur : <http://www.adr.org/sp.asp?id=22094> (consulté le 30.12.2005).
289
litige est une loi étatique, car les deux textes comportent un raisonnement de type
l’article 10 des Accords Mercosur715, la lex mercatoria pourrait faire l’objet du choix
des parties. Néanmoins, comme elle n’est pas autosuffisante, une fois le litige
contractuel né et présenté devant un tribunal arbitral, ce dernier devra recourir à une loi
étatique afin de combler des lacunes ou, au moins, il devra veiller à ce que sa sentence
n’aille à l’encontre des lois de police ni de l’ordre public du pays où elle sera exécutée.
Nous estimons qu’il faut donc interpréter l’article 10 dans le sens qu’il ne permet pas
sources » auxquelles il fait allusion sont « le droit international privé et ses principes »,
ainsi que « le droit du commerce international » mentionnés à la 1ère phrase dudit article.
Ces droits sont donc appelés à remplir une double fonction : celle de servir de
fondement à la faculté pour les parties de choisir la loi applicable716 mais aussi, si elles
ne font pas de choix, celle de fonder l’élection de la loi du contrat par les arbitres.
Lorsque ce sont les arbitres –et non les parties– qui désignent la loi applicable au
litige contractuel, ils doivent justifier leur élection à l’aide d’une règle de conflit les
conduisant à telle loi. Rubén Santos Belandro critique l’article 10 des Accords en ce
715
Supra, pp. 245-246.
716
Supra, p. 83.
717
SANTOS BELANDRO, Rubén, Arbitraje comercial internacional, op. cit., p. 192.
290
La règle de conflit à appliquer sera celle que les arbitres considèrent adéquate.
Jorge R. Albornoz estime qu’elle peut faire partie de l’un des systèmes juridiques liés au
cas d’espèce ou bien elle peut être élaborée par le tribunal arbitral, se basant sur « le
droit international privé et ses principes » ainsi que sur « le droit du commerce
arbitral, est une condition qui rend possible, soit le recours à une règle de conflit d’un
pays donné, soit le façonnement d’une règle de conflit spéciale pour le litige à résoudre.
Lorsque les arbitres utilisent une règle de conflit du Droit international privé
d’un certain pays, il paraît que ce pays devrait être proche au contrat, ou même le plus
proche. Or, afin de désigner la loi applicable pour résoudre le litige, les arbitres
identifieront d’abord les éléments du contrat qui le rattachent à des pays différents.
Ensuite, ils les pèseront, de manière à connaître le pays avec lequel le contrat se rattache
international privé du pays le plus proche au contrat, qui les conduira à une certaine loi
Néanmoins, quand la règle de conflit du pays le plus proche ne leur semble pas
adéquate, les arbitres peuvent créer la règle de conflit dont ils ont besoin. Si les arbitres
créent la règle de conflit, leur labeur de création sera guidée par des critères matériels
Suivant ce système, les arbitres peuvent faire application cumulative des règles de
718
ALBORNOZ, Jorge R., loc. cit.
719
Idem, p. 83.
720
La méthode de création correspond aux règles matérielles ; la méthode conflictuelle, évidemment, aux
règles de conflit.
291
conflit de lois des pays rattachés au litige, utilisant la méthode comparative 721. Ils
peuvent, également, appliquer une règle de conflit jouissant d’un large consensus
principes généraux du Droit international privé. Ces possibilités pour les arbitres
Mais si les arbitres sont en mesure d’élaborer la règle de conflit, pourquoi les
empêcher de se servir directement d’une règle de conflit étatique déjà existante, même
si elle appartient au système juridique d’un État éloigné du contrat ? De manière que
s’ils veulent utiliser une règle de conflit déjà existante, ils ont le droit d’en prendre une
de n’importe quel pays. Et s’ils veulent la créer, ils ont également le droit de le faire. Or,
si la liberté que l’article 10 octroie aux arbitres est aussi large, ne vaudrait-il pas mieux
l’interpréter dans le sens qu’il permet le choix direct de la loi applicable la plus
adéquate, sans qu’il soit indispensable de « passer » par une règle de conflit ?
Une fois examinées les solutions prévues aux conventions internationales qui
lient les pays du Mercosur pour l’hypothèse de défaut de choix de la loi applicable au
contrat international, nous allons nous occuper de celles que prévoient les règles de
721
Cf. SANTOS BELANDRO, Rubén, Arbitraje comercial internacional, op. cit., p. 186.
722
Ibidem.
292
CHAPITRE II : Sources internes
réciproquement obligés par un traité international posant des règles de conflit de lois
applicables en l’absence de choix de la loi par les parties, le juge –afin de déterminer la
loi du contrat– doit recourir aux règles de Droit international privé de source interne de
Le contenu de ces règles à appliquer lorsque les contractants n’ont pas effectué
de choix n’est pas uniforme dans les systèmes juridiques de la région. Si la plupart
consacrent des rattachements rigides, quelques uns adoptent le lieu d’exécution pendant
Nous allons voir ce que disposent les règles internes de Droit international privé
des États Membres du Mercosur d’abord (Section 1) et des États Associés au Mercosur
A. Argentine
attention d’abord sur la législation et ses sources (1), ensuite sur la doctrine (2), après
sur la jurisprudence (3) et finalement sur le Projet de Code de Droit international privé
(4).
293
1. La législation et ses sources
En l’absence de choix des parties, la loi du contrat sera déterminée suivant les
internationaux, que l’on trouve au Code civil argentin. Ernst Rabel les a qualifié de
contrats internationaux, on aperçoit une contradiction entre deux articles. D’un côté,
l’article 1205 du Code civil adopte le lieu de conclusion comme rattachement pour les
seront jugés, quant à leur validité ou nullité, leur nature et les obligations qu’ils
produisent, par les lois du lieu où ils aient été conclus »725. De l’autre côté, les articles
1209 et 1210 du même Code choisissent la loi du lieu d’exécution du contrat. L’article
1209 dispose que : « Les contrats conclus dans la République ou en dehors d’elle, qui
doivent être exécutés dans le territoire de l’État, seront jugés quant à leur validité,
nature et obligations par les lois de la République, que les contractants soient nationaux
ou étrangers »726, et selon l’article 1210 : « Les contrats conclus dans la République
723
RABEL, Ernst, Conflict of laws, t. II, 1947, p. 371, cité par Werner Goldschmidt, Suma del Derecho
Internacional Privado, op. cit., p. 190.
724
Considérant que les règles du Code civil argentin sur cette matière ne sont pas formulées d’une
manière simple et aisée à traduire, nous présenterons notre traduction personnelle accompagnée des textes
originels en espagnol, en pied de page.
725
Version originale de l’article 1205 du Code civil, en espagnol : « Los contratos hechos fuera del
territorio de la República, serán juzgados, en cuanto a su validez o nulidad, su naturaleza y obligaciones
que produzcan, por las leyes del lugar en que hubiesen sido celebrados ».
726
Version originale de l’article 1209 du Code civil, en espagnol : « Los contratos celebrados en la
República o fuera de ella, que deban ser ejecutados en el territorio del Estado, serán juzgados en cuanto a
294
pour être exécutés hors d’elle, seront jugés, quant à leur validité, leur nature et
obligations, par les lois et les usages du pays dans lequel ils ont dû être exécutés, que les
Les articles 1209 et 1210 du Code civil posent donc une règle de conflit qui
soumet les contrats à la loi de leur lieu d’exécution. Afin d’identifier ce lieu lorsque ni
d’exécution des contrats dans lesquels il ne soit pas désigné, ou la nature de l’obligation
ne l’indique, c’est celui où le contrat fut conclu, s’il était également le domicile du
contrat fut conclu hors du domicile du débiteur, dans un lieu qui par les circonstances ne
devait pas être celui de son exécution, le domicile actuel du débiteur, bien qu’il ne soit
pas le même qu’il avait à l’époque de la conclusion du contrat, sera le lieu où il doit
su validez, naturaleza y obligaciones, por las leyes de la República, sean los contratantes nacionales o
extranjeros ».
727
Version originale de l’article 1210 du Code civil, en espagnol : « Los contratos celebrados en la
República para tener su cumplimiento fuera de ella, serán juzgados en cuanto a su validez, naturaleza y
obligaciones, por las leyes y usos del país en que debieron ser cumplidos, sean los contratantes nacionales
o extranjeros ».
728
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », op. cit., p. 1012.
729
Version originale de l’article 1212 du Code civil, en espagnol : « El lugar de cumplimiento de los
contratos que en ellos no estuviere designado, o no lo indicare la naturaleza de la obligación, es aquel en
el que el contrato fue hecho, si fuere el domicilio del deudor, aunque después mudare de domicilio o
falleciere ».
730
Version originale de l’article 1213 du Code civil, en espagnol : « Si el contrato fue hecho fuera del
domicilio del deudor, en un lugar que por las circunstancias no debía ser el de su cumplimiento, el
295
Or, si la contradiction signalée entre des règles choisissant l’une le rattachement
du lieu de conclusion, l’autre le lieu d’exécution, suffit à elle seule pour créer des doutes
d’interprétation, le Code civil contient encore une règle différente destinée aux contrats
passés entre absents dans lesquels les parties n’ont pas désigné le lieu d’exécution. En
effet, selon l’article 1214 : « Si le contrat fut conclu entre absents par instrument privé,
signé à plusieurs lieux, ou moyennant des agents, ou par correspondance épistolaire, ses
effets, n’ayant pas de lieu désigné pour son exécution, seront jugés par rapport à
chacune des parties, par les lois de son domicile »731. Pour cette hypothèse, le législateur
accueille le dépeçage du contrat qui sera soumis simultanément, aux lois des domiciles
Le fondement de la diversité des solutions adoptées par le Code civil c’est que le
codificateur s’est inspiré de sources différentes sur cette question : les travaux de
Savigny et ceux de Story. Évidemment, s’il n’en avait suivi qu’une, quelle qu’elle ait
été, l’interprétation des règles argentines aurait été beaucoup plus simple.
conclusion, sauf si le lieu d’exécution est établi –de manière expresse ou tacite– et se
trouve dans un autre pays, cas dans lequel la loi du contrat doit être celle du lieu
domicilio actual del deudor, aunque no sea el mismo que tenia en la época en que el contrato fue hecho,
será el lugar en que debe cumplirse ».
731
Version originale de l’article 1214 du Code civil, en espagnol : « Si el contrato fuere hecho entre
ausentes por instrumento privado, firmado en varios lugares, o por medio de agentes, o por
correspondencia epistolar, sus efectos, no habiendo lugar designado para su cumplimiento, serán juzgados
respecto a cada una de las partes, por las leyes de su domicilio ».
296
d’exécution732. Berta Kaller de Orchansky signale que Story a été la source d’inspiration
des articles 1205, 1209 et 1210 du Code civil et que si l’on se limite à ces trois articles,
la contradiction entre eux se dissout : lorsque les parties désignent ab initio le lieu
d’exécution, c’est à la loi de ce lieu de régir le contrat ; lorsque le lieu d’exécution n’est
pas désigné ab initio, le contrat est régi par la loi du lieu de conclusion733.
Mais à partir de l’article 1212, la source n’est plus Story : c’est Savigny734.
d’exécution pour régir les aspects généraux –validité, nature, effets– des obligations
contractuelles.
Quelle est la différence des approches de ces deux auteurs que Vélez Sarsfield a
pris comme des sources d’inspiration ? On peut l’apercevoir dans le cas d’absence de
désignation ab initio du lieu d’exécution. Dans cette hypothèse, pendant que Story
voie du siège au lieu d’exécution et recourt à la volonté présumée des parties pour
732
Cf. KALLER DE ORCHANSKY, Berta, « Régimen de los contratos en derecho internacional privado
argentino », loc. cit.
733
Idem, p. 526.
734
Ibidem. Cette affirmation vaut pour les articles 1212, 1213 et 1214, même si le codificateur s’est
éloigné un peu de la solution proposée par Savigny pour le contrat conclu hors du domicile du débiteur,
dans un lieu que par les circonstances ne devait pas être le lieu d’exécution : l’article 1213 désigne le
domicile « actuel » du débiteur comme lieu d’exécution, tandis que selon Savigny ce lieu serait le
domicile du débiteur « au moment de la conclusion » du contrat.
297
identifier ce lieu735. Ceci explique l’introduction des qualifications autarciques du « lieu
Les auteurs qui ont essayé de dévoiler le mystère de ces règles en font des
interprétations diverses.
2. La doctrine
quatre hypothèses737 :
1. Les contrats dont les lieux de conclusion et d’exécution sont déterminés : a) s’ils
n’ont pas de rattachement avec l’Argentine, la loi applicable sera la lex loci
Argentine, la loi applicable sera la lex loci executionis (articles 1209 et 1210).
2. Les contrats dont le lieu de conclusion est déterminé mais dont le lieu
d’exécution ne l’est pas : ils seront régis par la lex loci celebrationis (article
1205).
3. Les contrats dont le lieu d’exécution est déterminé mais dont le lieu de
conclusion ne l’est pas738 : la loi applicable sera la lex loci executionis (article
1214).
735
Cf. KALLER DE ORCHANSKY, Berta, « Régimen de los contratos en derecho internacional privado
argentino », op. cit., p. 528.
736
Supra, p. 295.
737
Nous suivrons cet auteur pour présenter lesdites hypothèses. Goldschmidt, Werner, Suma del Derecho
Internacional Privado, loc. cit.
298
4. Les contrats dont les lieux de conclusion et d’exécution ne sont pas déterminés :
les obligations de chacune des parties sont régies par la loi de son domicile
(article 1214).
Or, selon une lecture littérale de ces règles, lorsque le contrat a un rattachement
sont applicables les règles des articles 1209 et 1210 du Code civil, donc la loi du lieu
d’exécution ; néanmoins, lorsque le contrat n’est pas rattaché à l’Argentine car les lieux
fonctionnelle des règles du Code civil, de sorte que l’on confère le caractère de
(articles 1209 et 1210), et seul de manière subsidiaire sera appliquée la loi du « lieu de
conclusion » (article 1205), uniquement pour les contrats dont le lieu d’exécution n’est
pas déterminé ni ne peut être déterminé suivant les précisions données par les articles
1212 et 1213.
il n’y a pas de motif pour que le juge argentin applique la loi du lieu d’exécution à la
plupart des contrats internationaux et que, pourtant, quand le contrat n’est pas lié à
conclusion » est peu utile parce qu’actuellement les contrats conclus en présence des
738
Par exemple, les contrats conclus entre absents.
739
On trouve ici des auteurs tels que Pardo, Grigera Naón, Pallarés.
740
Cf. NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en
los Estados mercosureños », op. cit., p. 1011.
299
deux parties sont beaucoup moins nombreux que ceux conclus à distance, et
spécialement par des moyens électroniques. Finalement, avec cette interprétation, les
Nous sommes d’accord avec Noodt Taquela en ce qu’elle affirme que ces
différentes lectures des règles du Code civil impliquent une « discussion plus théorique
que réelle, car dans la pratique et sauf quelque cas exceptionnel, les tribunaux argentins
connaîtront la plupart des fois des contrats internationaux qui aient ou le lieu de
conclusion ou le lieu d’exécution en Argentine, alors quelle que soit la position suivie,
seront appliqués les articles 1209 et 1210 du Code civil, qui conduisent à la loi du lieu
d’exécution »742.
application des règles auxquelles nous nous sommes référées. Nous jetterons donc un
coup d’œil aux décisions des juges afin d’apprécier comment ils en font application.
3. La jurisprudence
Les règles de source interne que nous venons d’analyser ne sont applicables
qu’en l’absence de choix des parties et, bien entendu, de traités internationaux en
vigueur entre les États avec lesquels le contrat se rattache. Néanmoins, aucun article du
741
Supra, p. 52.
742
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », loc. cit.
300
Code civil n’a établi cela. C’est à la jurisprudence, rétro-alimentée par la doctrine, que
les parties. On la voit consacrée, par exemple, dans les arrêts suivants : Expofrut743, où
le juge a statué que, « Afin de préciser le droit applicable au contrat international, non
désigné par les parties, il faut appliquer la règle de conflit subsidiaire pour le
déterminer, c’est-à-dire, l’art. 1210 du Code civil argentin, qui indique comme
applicables de manière subsidiaire, pour le cas où les parties n’ont pas accordé le droit
le mieux adapté à leurs besoins » ; Méndez Valles745, dans lequel la Cour Suprême a
disposé que « …si les parties n’ont pas exercé leur autonomie, il faut recourir aux règles
Les tribunaux argentins se sont prononcés sur ce qu’il faut entendre par « lieu
d’exécution » du contrat international quand les parties ne l’ont pas clairement désigné.
Dans l’arrêt Estudios Espíndola 746, il a été jugé que, « À défaut d’exercice de
l’autonomie de la volonté, considérant ce que disposent les arts. 1205, 1209 et 1210 il
devient nécessaire de déterminer quel est le lieu d’exécution », et qu’il faut entendre par
Notons que dans cette affaire le tribunal introduit la notion de prestation caractéristique
mais il se réfère au lieu de son exécution concrète, physique, et non –comme le fait la
743
V. références supra, p. 105.
744
V. références supra, p. 106.
745
V. références supra, p. 107.
746
V. références supra, p. 33.
301
Convention de Rome à l’article 4.2– au lieu de résidence habituelle du débiteur de cette
prestation.
que « Le lieu d’exécution du contrat international, quand les parties ne l’ont pas
cherchera non son lieu d’exécution mais le domicile du débiteur de telle prestation. Ce
critère, qui se rapproche plus de la Convention de Rome, s’est maintenu dans des arrêts
fait qu’il montre une liaison entre le lieu d’exécution indiqué par la nature de
s’agit de l’affaire Espósito e Hijos, S.R.L. c. Jocqueviel de Vieu, Antonio748, dans lequel
caractéristique celle qui localise le contrat (dans) un système juridique. Telle la directive
contrats internationaux de manière subsidiaire, lorsque les parties n’ont pas choisi la loi
747
Chambre Nationale Commerciale, salle E, 19 février 1982 ; El Derecho, t. 101, p. 179.
748
Chambre Nationale Commerciale, salle E, 10 octobre 1985 ; La Ley, 1986-D, p. 46.
302
à laquelle leur contrat doit se soumettre. Le rattachement le plus utilisé c’est le lieu
caractéristique, de sorte que si les contractants n’ont pas désigné le lieu d’exécution, il
monde, les législations et la doctrine de différents pays, dans le Projet de Code de Droit
juristes internationalistes.
contrat est régi par le droit de l’État avec lequel il présente les liens les plus étroits » (1er
paragraphe de l’article 72 du Projet de Code). Ceci signifie que le lieu d’exécution a été
principe, le Projet se place sur la même voie que la Convention de Rome (article 4.1) et
la CIDIP V (article 9, paragraphe 1er), et les législations qui d’une manière ou d’autre
ont adopté ou suivi ces conventions. Pour ce qui est de la Convention de Rome, nous
prendrons comme exemples la Loi allemande d’introduction au Code civil, modifiée par
la loi du 25 juillet 1986 portant réforme du Droit international privé750, la Loi du 31 mai
749
Supra, p. 111.
750
V. références supra, p. 89.
303
1995, n. 218, de Réforme du système italien de Droit international privé 751, et le Code
de Droit international privé belge, loi du 16 juillet 2004752. Pour ce qui est de la CIDIP
Afin d’aider le juge dans l’identification du pays auquel le contrat est plus
présomptions : 1) il est présumé que les liens les plus étroits existent « avec l’État où se
et 2) s’il est impossible de déterminer tel lieu d’exécution, il est présumé que les liens
les plus étroits « existent avec l’État où la partie qui doit exécuter la prestation
le débiteur de la prestation caractéristique est une personne juridique qui compte plus
compte « celui qui garde un rapport plus étroit avec le contrat et son exécution ».
Nous estimons que les présomptions du Projet de Code constituent un guide plus
concret pour le juge que les facteurs qu’il est appelé à tenir en compte selon le 2nd
fermes que ceux retenus par la CIDIP V755. Ceci marque donc une différence entre le
751
V. références supra, p. 90.
752
Ibidem.
753
V. références supra, p. 149.
754
Supra, p. 277 et s.
755
Supra, p. 278.
304
autre différence entre ces deux textes c’est que le premier retient la notion de prestation
prestation caractéristique, consacré dans l’arrêt Estudios Espíndola 758. La seconde est
caractéristique ; mais elle garde une correspondance encore majeure avec l’article 4.2 de
la Convention de Rome760.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que l’application de la loi de l’État avec
lequel le contrat présente les liens les plus étroits n’est actuellement en Argentine que
l’expression d’un souhait : celui des auteurs du Projet de Code, de voir les contrats régis
–à défaut de choix– par le droit le plus proche. Tel que nous venons de le voir, le
contrat international.
Si telle est la situation en Argentine, nous allons voir que celle du plus vaste État
756
Supra, p. 281.
757
Supra, p. 283.
758
Supra, p. 301.
759
Supra, p. 302.
760
Ibidem.
305
B. Brésil
1. La législation et la doctrine
1850 comme le plus ancien à traiter la question761. Le rattachement que celui-ci adoptait
était le lieu d’exécution. En effet, selon l’article 4 dudit Règlement : « Les contrats
commerciaux conclus dans un pays étranger mais exigibles dans l’Empire, seront réglés
et jugés par la loi commerciale du Brésil ». Et l’article suivant ajoutait : « Les dettes
entre des Brésiliens dans un pays étranger, sont présumées contractées de conformité à
la législation du Brésil ».
d’exécution. La preuve en est762 que dans sa Consolidação das Leis Civis il a reproduit
les normes que nous venons de citer763, et qu’encore dans son fameux Esboço, il retient
le même rattachement à l’article 1962, aux termes duquel : « Les effets des contrats
conclus dans l’Empire ou hors de celui-ci, pour être exécutés dans l’Empire, seront
jugés par les lois de l’Empire, que les parties soient nationales ou étrangères. Mais les
761
GRANDINO RODAS, João, « Elementos de conexão no Direito Internacional privado brasileiro
relativamente às obrigações contratuais », op. cit., p. 35.
762
Cf. GRANDINO RODAS, João, loc. cit.
763
Aux articles 409 et 410.
306
effets des contrats, même conclus dans l’Empire, pour être exécutés hors de l’Empire,
seront jugés par les lois et les usages du pays dans lequel ils devaient avoir été exécutés,
moins dans sa formulation, la règle a changé : le lieu d’exécution fut remplacé par le
lieu de conclusion.
« Sauf stipulation contraire, la substance et les effets des obligations seront régis par la
loi du lieu de conclusion ». Le choix par les parties de la loi applicable au contrat764 fut
exceptions pour lesquelles la loi brésilienne devait invariablement être appliquée. On les
trouvait dans un paragraphe unique du même article 13 de la LICC 1916, aux termes
duquel : « La loi brésilienne est applicable aux contrats exigibles au Brésil, aux
obligations contractées par deux Brésiliens à l’étranger, aux actes relatifs à des
764
Supra, p. 112 et s.
307
brésilien vers la lex loci executionis765. Il était une règle unilatérale, applicable
Les exceptions étant vraiment larges, nous pouvons dire que dans le régime de la
finalement qu’aux contrats conclus et exécutés hors du Brésil, entre des parties
étrangères ou bien entre une partie étrangère et une partie brésilienne. Le reste des
La Loi d’Introduction au Code civil fut réformée en 1942. Dans la LICC 1942 ce
n’est plus l’article 13 mais l’article 9 qui règle la question de la loi applicable aux
doctrine n’est pas unanime sur le point de savoir si telle élimination efface totalement
de la LICC 1942 l’autonomie de la volonté767. Or, selon la conception que l’on adopte,
l’article 9 serait applicable en l’absence de choix, ou bien –ce qui nous paraît plus
international.
765
Cf. GRANDINO RODAS, João, op. cit., p. 36.
766
Cf. LIMA MARQUES, Cláudia, notes citées.
767
Supra, p. 119.
768
V. quelques auteurs qui partagent ce point de vue, supra, p. 108 et s.
769
Si nous interprétons le mot « qualifier » dans le sens technique du Droit international privé, cet article
impose que la qualification des obligations en question soit faite selon la lex causae. Néanmoins, les
tribunaux brésiliens se valent plutôt de la lex fori pour qualifier. La doctrine, dans un effort d’excuser ce
comportement des juges, estime qu’il ne faut pas interpréter l’expression « qualifier » comme on le fait en
308
Dans le premier paragraphe de l’article 9 de la LICC 1942 la règle du lieu de
conclusion des obligations contractuelles est maintenue et les exceptions sont éliminées.
Le paragraphe unique de l’article 13 de la LICC 1916 n’a plus de raison d’être, car son
l’hypothèque– est repris par d’autres articles de la LICC 1942770. Au lieu dudit
paragraphe, on trouve l’article 9.1771 qui contient une règle relative aux obligations
forme sera régie par la lex loci executionis, tout en respectant les particularités de la lex
loci celebrationis quant aux conditions ou exigences extrinsèques. Mais nous nous
conclus entre présents773. Quant aux contrats qui ont été conclus entre absents ou,
Droit international privé. Elle aurait été incluse dans l’article pour faire référence à la classification des
obligations. Cf. LIMA MARQUES, Cláudia, notes citées.
770
Cf. LIMA MARQUES, Cláudia, notes citées.
771
Article 9.1 : « Destinando-se a obrigação a ser executada no Brasil e dependendo de forma essencial,
será esta observada, admitidas as peculiaridades da lei estrangeira quanto aos requisitos extrínsecos do
ato ».
772
La « forme essentielle » est celle normalement connue comme « forme ad solemnitatem » ; cf.
GRANDINO RODAS, João, op. cit., p. 39. Ces cas, sont à l’heure actuelle assez rares. Il y en a cependant
quelques uns, comme les contrats de vente de navires ou d’aéronefs. Cf. LIMA MARQUES, Cláudia,
notes citées.
773
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado..., op. cit., p. 317.
309
plutôt, à distance774, il faut appliquer la qualification de « lieu de conclusion » pourvue
par l’article 9.2 : « L’obligation ressortant du contrat est réputée constituée au lieu où
réside l’offrant ».
Nádia de Araújo considère que l’article 9.2 de la LICC 1942 respecte le contenu
de l’ancien article 1087 du Code civil –que le nouveau Code civil de 2002 a conservé
intact à l’article 435–, selon lequel le contrat est considéré conclu dans le lieu où il a été
proposé775, c’est-à-dire, là où l’offre a été faite. Afin d’appliquer l’article 9.2 de la LICC
1942, il est nécessaire d’identifier l’offrant. Pour ce faire, il faut à l’avance savoir ce
qu’est une offre. Ces qualifications sont toujours faites selon la loi locale, utilisant les
international privé brésilien de source interne pour régir les contrats internationaux c’est
le lieu de conclusion. Ceci nous permet de constater une scission entre les règles des
opposés : pendant que le Brésil retient la lex loci celebrationis, l’Argentine choisit la lex
loci executionis.
774
Lima Marques remarque qu’il vaut mieux de parler de contrats « à distance » que de contrats « entre
absents », car cette dernière dénomination ne correspond plus à la technologie actuelle ; LIMA
MARQUES, Cláudia, notes citées.
775
ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado..., loc. cit., note 612.
776
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado..., op. cit., p. 341.
310
2. La jurisprudence
Malgré le fait qu’à la lecture du texte de l’article 9 de la LICC il soit très clair
que les contrats internationaux sont régis par la loi du lieu de conclusion, la lex loci
du lieu de constitution il fallait ajouter les exigences de la loi de son lieu d’exécution et,
comme d’habitude les faits litigieux ont lieu au pays d’exécution du contrat, la loi
dans le pays dans lequel il fut conclu. Il y avait deux contrats : l’un, de vente d’un
passé au Brésil. Le relateur a supposé, par les circonstances de l’affaire, que ce dernier
fut conclu au Brésil, car toutes les parties résidaient ici, et le mouvement de la
lieu de sa conclusion, le STJ a entendu que ce lieu était le Brésil. Il a utilisé la règle
subsidiaire (art. 9°, p. 2°) de la loi de résidence de l’offrant, s’agissant d’un contrat entre
que la résidence des parties et le lieu d’exécution qui rattachaient l’affaire au Brésil, a
entendu que le contrat avait été conclu dans ce pays, et a finalement appliqué la lex fori
au fond du litige.
777
Cf. ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado..., op. cit., p. 338.
778
Resp. 970099, Relateur: Ministre Eduardo Ribeiro, DJ, 15 juin 1998, p. 00114, cité par Araújo, Nádia
de, loc. cit.
311
Dans une affaire sur une dette de jeu, le Tribunal de Alçada de São Paulo a
statué que la dette dérivait d’un contrat de crédit conclu aux États-Unis. Il a donc
Nous ferons référence à une affaire récente où le STJ s’est servi de l’article 9.2
pour prêter des services à l’extérieur. Le STJ a établi que la relation de travail doit être
régie par la loi du pays dans lequel elle s’est constituée et que, selon l’article 9.2 de la
LICC 1942, ce lieu c’est le lieu de résidence de l’offrant. Or, l’offrant étant
Les arrêts rapportés, même s’ils ne sont pas nombreux, nous permettent
d’observer que les juges brésiliens sont conscients de ce que leur règle de conflit en
le contrat a sans doute été conclu à l’étranger, ils appliquent la loi étrangère du pays en
question. Mais lorsque le lieu de conclusion n’est pas clairement identifié et il pourrait
se situer hors du Brésil, ils essayer de « l’attirer » vers le territoire national pour
779
Cf. LOUREIRO FILHO, Lair da Silva, Lei de Introdução ao Código Civil Interpretada, São Paulo,
Editora Juarez de Oliveira, 2000, pp. 130-137, cité par par Araújo, Nádia de, loc. cit.
780
MS 9521/DF; Mandado de Segurança, 2004/0011500-1, 11 mai 2005, DJ 19.09.2005, p. 184.
Également, Revista Eletrônica de Jurisprudência. Disponible sur : <http://www.stj.gov.br> (consulté le
27.10.2005).
312
C. Uruguay
Uruguay dans le cadre de la catégorie plus large des actes juridiques. En effet, l’article
2399 de l’Appendice du Code civil dispose que : « Les actes juridiques sont régis, quant
à leur existence, nature, validité et effets, par la loi du lieu de leur exécution, de
régir le fond des contrats internationaux c’est donc leur lieu d’exécution, en consonance
l’Uruguay est partie. Suite à la référence de l’article 2399 de l’Appendice du Code civil
doivent être appliquées non seulement par rapport aux contrats internationaux rattachés
aux pays qui en sont parties, mais à tout contrat international dont un juge de l’Uruguay
ait à connaître. Daniel Hargain et Gabriel Mihali signalent que la série de présomptions
ainsi « légale et absolue… empêchant l’interprète d’examiner le vrai contenu relatif aux
781
Supra, p. 44 et s.
782
HARGAIN, Daniel et MIHALI, Gabriel, op. cit., p. 236.
313
Comme la règle de conflit uruguayenne est une règle bilatérale 783, le contrat
international est régi par la loi du lieu d’exécution, tant s’il doit être exécuté en Uruguay
On peut à première vue être surpris par le fait que l’article 2399 de l’Appendice
règles du Traité de Droit civil international de 1889 et non à celles du Traité de Droit
Code civil fut approuvé (par la Loi N° 10.084 du 3 décembre 1941), le Traité de 1940
contrat international la lex loci executionis, citons, par exemple, l’arrêt La Mannheim c.
COSCO785, dans lequel le juge uruguayen compétent a appliqué la loi chinoise car le
transport.
executionis pour régir les contrats internationaux. On trouve une bonne preuve de cet
attachement dans le Projet de Loi Générale de Droit international privé qui, après avoir
783
V. OPERTTI BADAN, Didier et FRESNEDO DE AGUIRRE, Cecilia, op. cit., p. 19.
784
Cf. NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en
los Estados mercosureños », op. cit., p. 1019.
785
Supra, p. 131.
786
Supra, p. 138.
314
de choix efficace (article 47), le rattachement du lieu d’exécution du contrat et les règles
interprétatives des Traités de Droit civil international de 1889 et 1940. Remarquons que
D. Paraguay
Dans le système juridique paraguayen il n’y a qu’une seule règle sur la loi
applicable au fond des contrats internationaux. C’est l’article 14 du Code civil de 1987,
aux termes duquel : « La capacité et l’incapacité pour acquérir des droits, l’objet de
l’acte à être exécuté dans la République et les vices substantiels qu’il puisse contenir,
seront jugés quant à leur validité ou nullité par les règles de ce Code, quel que soit le
c’est que la validité et l’objet des actes juridiques –donc, des contrats, qui sont des actes
paraguayenne. Nous sommes face à une « règle unilatérale qui doit être
787
Infra, p. 317.
788
NOODT TAQUELA, María Blanca, « Reglamentación general de los contratos internacionales en los
Estados mercosureños », op. cit., p. 1018.
315
bilatéralisée »789, de sorte que les contrats dont le lieu d’exécution est à l’étranger sont
Nous pouvons donc affirmer que la règle de conflit du pays guarani en matière
sur la loi applicable aux contrats internationaux791, ce qui nous empêche de présenter
A. Venezuela
Pour l’hypothèse dans laquelle les parties n’indiquent pas valablement le droit
qui régit leur contrat international, la loi vénézuélienne de Droit international privé de
Rappelons que le Venezuela est l’un des deux seuls pays actuellement parties à
international privé étant postérieure, elle suit, en matière de contrats internationaux, les
316
Le principe de proximité est contemplé à l’article 30 de la loi de Droit
international privé, qui pose aussi des critères dont le juge tiendra compte pour
apprécier les liens du contrat avec les pays intéressés à l’affaire. Cet article détermine
que : « À défaut d’indication valable, les obligations conventionnelles sont régies par le
droit avec lequel elles présentent les liens les plus étroits. Pour déterminer ce droit, le
tribunal tiendra compte de tous les éléments objectifs et subjectifs qui se dégagent du
se sont évidemment inspirés des paragraphes 1er et 2nd de l’article 9 de la CIDIP V. Sauf
différences de rédaction entre ces deux règles sont négligeables. Subséquemment, tout
ce que nous avons dit à propos des paragraphes 1er et 2nd de l’article 9 de la Convention
B. Pérou
de contrats internationaux à l’article 2095 du Code civil, qui dispose ce qui suit : « Les
obligations contractuelles sont régies par la loi expressément choisie par les parties et, à
défaut de choix, par la loi du lieu de leur exécution. Néanmoins, si elles doivent
s’exécuter dans des pays différents, elles sont régies par la loi de l’obligation principale
793
Supra, p. 273 et s.
317
et, en cas de ne pas pouvoir déterminer celle-ci, par la loi du lieu de conclusion. » (1er
manifestation expresse de la volonté de choisir une certaine loi. Lorsque les parties ne
font pas de choix exprès, à première vue une cascade de possibilités paraît se
conclusion du contrat qui est à l’origine des obligations. Essayons de les organiser.
juge se dispose à faire application de cette règle, il peut percevoir que l’élément de fait
dire, si elles doivent s’exécuter dans un seul pays, le juge appliquera la loi de ce pays ;
b) si les obligations doivent s’exécuter dans des pays différents : i) et s’il est possible de
déterminer laquelle des obligations c’est l’obligation principale, le juge appliquera la loi
déterminer laquelle des obligations c’est l’obligation principale, le juge appliquera la lex
loci celebrationis.
318
Par conséquent, les contrats internationaux sont en principe régis par la loi du
C. Bolivie
sur les contrats internationaux conduit à appliquer la loi du lieu d’exécution. Il s’agit de
l’article 804 du Code de commerce, aux termes duquel : « Les contrats conclus à
l’extérieur pour s’exécuter dans le pays sont régis par la loi bolivienne ».
Cette règle choisit donc la lex loci executionis pour régir le fond –tous les
qu’elle doit être bilatéralisée, de façon que tout contrat international dont un juge
bolivien ait à connaître soit régi par la loi de son lieu d’exécution. Nous regrettons que
794
On considère inclus ici le cas d’impossibilité d’identifier l’obligation principale, ce qui entraîne
l’impossibilité de connaître son lieu d’exécution.
795
Supra, p. 154.
319
Dans le projet de loi de Droit international privé796, la loi du lieu d’exécution est
choix, au profit du principe de proximité. L’article 31 (a) du projet bolivien est copie
conséquence, il s’impose de faire ici un double renvoi à ce que nous avons dit, d’un
côté, sur la loi du Venezuela797, et de l’autre, sur les paragraphes 1er et 2nd de l’article 9
de la CIDIP V798. De toutes manières, il ne convient pas de perdre de vue que ce projet
n’est pour l’instant que cela, un projet, dont les possibilités de devenir du droit positif
Nous verrons maintenant quelle est l’état de la question dans celui des États
D. Chili
Les règles chiliennes de source interne relatives au droit applicable aux contrats
L’article 16 du Code civil chilien établit que « Les biens situés au Chili sont
soumis aux lois chiliennes, même si leurs propriétaires sont étrangers et ne résident pas
au Chili » (1er paragraphe), ce qui n’empêche leur droit de stipuler librement le contenu
796
Idem.
797
Supra, p. 317.
798
Supra, p. 273 et s.
799
Supra, p. 12.
320
des « contrats valablement conclus à l’étranger » (2nd paragraphe). « Mais les effets des
chiliennes » (3e paragraphe). Les différents paragraphes ne doivent pas être interprétés
isolément800. L’article 16 est un ensemble organique, de sorte que sont soumis aux lois
chiliennes les effets des contrats conclus à l’étranger sur des biens situés au Chili et
Quant au Code de commerce chilien, son article 113 dispose que : « Tous les
actes concernant l’exécution des contrats conclus à l’étranger et à être exécutés au Chili
sont régis par la loi chilienne, de conformité à ce qui est prescrit au dernier (paragraphe)
donne des exemples des actes relatifs à l’exécution du contrat –comme la remise de la
Les deux articles cités sont concordants en ce qu’ils désignent la loi du lieu
d’exécution du contrat –lorsque celle-ci doit se faire au Chili– pour régir ses effets ou
On note que ces règles visent uniquement contrats conclus à l’étranger et devant
être exécutés au Chili, soit qu’ils portent sur des biens meubles ou immeubles802 situés
au Chili ou situés à l’étranger. Ceci comporte l’exclusion des contrats passés au Chili
800
Cf. GUZMÁN LATORRE, Diego, op. cit., p. 524.
801
Car l’article finit par « …sauf que les contractants aient accordé autre chose », admettant de la sorte,
que par le jeu de leur autonomie de la volonté, les parties choisissent une loi différente. Supra, p. 145.
802
Cf. DOMÍNGUEZ HAMILTON, Raúl, « Obligaciones, contratos y hechos jurídicos», Chapitre VI. In:
Eduardo Hamilton (dir.), Solución de conflictos de leyes y jurisdicción en Chile. Santiago : Editorial
Jurídica de Chile, 1966, p. 299.
321
pour s’exécuter à l’étranger803, ainsi que celle des contrats conclus à l’étranger pour y
produire des effets804, même s’ils portent sur des biens situés au Chili805.
Revenant aux contrats visés, le législateur même les dépèce, imposant au juge la
distinction entre leur existence et leur validité, d’un côté, et leurs effets, de l’autre. Tout
ce qui touche l’existence et la validité de ces contrats est régi par la loi du lieu de
lorsque les lois chiliennes l’exigent pour des preuves devant se produire et avoir effets
au Chili (article 18 du Code civil). Ce qui touche les effets de ces contrats, sera soumis
aux lois chiliennes (3e paragraphe de l’article 16 du Code civil ; article 113 du Code de
commerce).
La jurisprudence fait application de ces règles soumettant toujours les effets des
contrats conclus à l’étranger pour s’exécuter au Chili, aux lois chiliennes. Ainsi, le
contrat de mandat conclu en Argentine afin que le mandant soit représenté dans le
partage et liquidation des biens d’une succession laissés au Chili, a été soumis à la loi
chilienne808. Dans une autre affaire, les tribunaux ont appliqué le 3e paragraphe de
l’article 16 du Code civil a contrario sensu. Le litige portait sur une vente d’actions
conclue par des étrangers à New York, où elle devait être exécutée. Il a été statué que
803
Albónico Valenzuela estime qu’ils sont totalement régis par les lois chiliennes et que rien ne l’autorise
à dire –comme il a parfois été affirmé– que celles-ci ne seraient pas applicables ; ALBÓNICO
VALENZUELA, Fernando, op. cit., p. 145.
804
Ces contrats sont totalement régis par la loi étrangère ; GUZMAN LATORRE, Diego, loc. cit.
805
Ils sont totalement soumis à la loi étrangère ; ALBONICO VALENZUELA, Fernando, op. cit., p. 147.
806
Cf. DOMÍNGUEZ HAMILTON, Raúl, op. cit., p. 298.
807
Cf. GUZMÁN LATORRE, Diego, op. cit., p. 523 ; ALBÓNICO VALENZUELA, Fernando, loc. cit.
808
Revista de Derecho y Jurisprudencia, t. XII, section 2e, p. 41, cité par Guzmán Latorre, Diego, op. cit.,
p. 525.
322
« Les biens situés hors du Chili et les effets des contrats ayant été conclus à l’étranger et
que ne doivent pas s’exécuter au Chili, ne sont pas soumis à la loi chilienne »809.
Nous examinerons les règles de deux pays –l’Équateur et la Colombie– qui ont
transposé dans leurs systèmes les règles chiliennes que nous venons de présenter.
E. Équateur
effet, le Code civil de l’Équateur ne contient pas de règle de conflit générale qui
par les parties et son article 15 –dont la source est l’article 16 du Code civil du Chili–
(3e paragraphe) soumet les effets des contrats conclus à l’étranger sur des biens situés en
Équateur, s’ils doivent s’exécuter sur le territoire national, à la lex loci executionis. De
manière que la loi équatorienne sera celle qui régira ces contrats, mais uniquement
source est l’article 113 du Code de commerce du Chili–, aux termes duquel : « Tous les
à être exécutés en Équateur, seront régis par les lois équatoriennes. » (1er paragraphe).
809
Revista de Derecho y Jurisprudencia, t. LI, section 1e, p. 531 ; Gaceta de los Tribunales, 1869, n° 27,
p. 12, cité par Domínguez Hamilton, Raúl, op. cit., p. 302.
810
V. les commentaires faits à propos du système juridique chilien, supra, p. 320 et s.
323
Au 2nd paragraphe, l’article offre une énumération à titre d’exemple, des actes relatifs à
l’exécution du contrat.
Ces règles choisissent le rattachement du lieu d’exécution, mais juste pour régir
voulu consacrer un dépeçage. Mais, quelle serait alors la loi applicable au reste du
contrat ?
L’article 15 du Code civil nous donne la piste. Il soumet les biens situés en
Équateur aux lois équatoriennes même si leurs propriétaires sont étrangers et résident à
l’étranger (1er paragraphe), mais il indique que ceci ne limite pas le droit des
propriétaires de conclure à l’étranger des contrats valables sur ces biens (2nd
paragraphe). Qu’est-ce que nous pouvons en déduire ? Que l’existence et la validité des
contrats conclus à l’étranger sur des biens situés en Équateur sont régies par la loi du
lieu de conclusion.
Ceci signifie que le régime des contrats internationaux qui doivent s’exécuter sur
le territoire équatorien n’est pas uniforme : les aspects relatifs à l’existence et la validité
sont régis par la loi du lieu de conclusion, pendant que les effets, voire les aspects
interne des États Associés au Mercosur afin de découvrir comment les juges de ces pays
324
F. Colombie
Le législateur colombien, tout comme l’équatorien, s’est lui aussi servi des
colombien, les effets des contrats conclus à l’étranger sur des biens situés en Colombie,
devant s’exécuter sur le territoire national « ou dans les cas qui affectent les droits et les
intérêts de la Nation »812, sont régis par la loi colombienne. Il correspondra au juge
colombien saisi d’un litige contractuel en concret, de décider si, en l’espèce, sont
« L’exécution des contrats conclus à l’étranger qui doivent s’exécuter dans le pays, sera
contrats internationaux.
nous trouvons également en Colombie des règles qui vont dans le même sens que les
paragraphes 1er et 2nd de l’article 14 du Code civil chilien et de l’article 15 du Code civil
équatorien : les paragraphes 1er et 2nd de l’article 20 du Code civil colombien. Notre
conclusion sera donc pareille : pour les contrats internationaux conclus ailleurs et
811
V. les commentaires faits à propos du système juridique chilien, supra, p. 320 et s.
812
Cette phrase est une création du législateur colombien.
325
régis par la loi du lieu de conclusion, pendant que les effets, voire les aspects relatifs à
326
CONCLUSIONS DU TITRE UNIQUE ET DE LA SECONDE
PARTIE
Lorsque les parties au contrat international ne font pas de choix de la loi qui doit
le régir, c’est le tribunal qui, subsidiairement, va identifier telle loi. Pour ce faire, il se
servira des règles de Droit international privé applicables au cas d’espèce. Si les pays
auxquels le contrat se rattache –y compris le pays du for– sont réciproquement liés par
internationaux, obligatoire pour les pays auxquels le contrat est rattaché, le tribunal
appliquera les règles de conflit de source interne du for. Dans le Titre Unique de la
Seconde Partie de cette thèse, nous avons examiné les diverses solutions prévues au
Sur le plan des conventions internationales auxquelles sont parties les États
mercosuriens, on trouve des systèmes différents. Les Traités de Droit civil international
le Code Bustamante adopte la solution opposée, désignant la lex loci celebrationis. Les
le besoin d’identifier avec quel pays le contrat présente les liens les plus étroits, pour
appliquer sa loi. Et les Accords Mercosur sur l’arbitrage commercial international, qui
327
manquent de clarté sur ce point, paraîtraient permettre le choix direct par l’arbitre, de la
loi étatique qui lui semble la plus adéquate pour régir le contrat.
Sur le plan des sources internes, c’est le lieu d’exécution le rattachement le plus
répandu comme règle générale dans la région. Effectivement, bien qu’avec des nuances
qui peuvent varier de pays en pays, dans les systèmes de l’Argentine, l’Uruguay, du
Chili, de l’Équateur et de la Colombie, les contrats internationaux sont régis par la lex
loci executionis. Au Brésil, par contre, ils sont régis par la lex loci celebrationis.
adopte le principe de proximité. C’est ainsi qu’il répond à la tendance actuelle au niveau
mondial d’accueillir l’autonomie de la volonté et de combiner cet accueil, pour les cas
d’absence de choix, avec le principe de proximité –voir, par exemple, les articles 116 et
117 de la Loi fédérale suisse sur le Droit international privé, les articles 69 et 72 du
Code civil péruvien (article 2095814) et même dans le Projet de Loi Générale de Droit
Orientale de l’Uruguay.
et par la loi vénézuélienne de Droit international privé, mais également par le Projet
argentin de Code de Droit international privé et par le Projet bolivien de loi de Droit
813
Infra, pp. 154 et 320.
814
Infra, p. 317.
328
international privé, nous permettent de discerner dans la région une évolution allant des
329
CONCLUSIONS GÉNÉRALES
applicable aux contrats internationaux dans les pays du Mercosur et une proposition
d’unification de la législation sur la matière, nous avons pris comme point de départ
tous les États Membres, établissant des règles pour déterminer la loi applicable aux
Notre travail nous a permis de nous rapprocher des différents corps de règles
susceptibles d’être appliqués par les tribunaux des pays du Mercosur dans le but
d’identifier la loi appelée à régir les contrats qui présentent des éléments d’extranéité les
rattachant à plusieurs systèmes juridiques. Nous les avons analysés pour découvrir de
quelle manière ils prescrivent que la détermination de la loi des contrats internationaux
doit être faite. Ils ne sont malheureusement pas toujours aussi clairs qu’on pourrait le
désirer pour éviter des incertitudes. Quelques-uns d’eux –mais pas encore la plupart–,
l’autonomie de la volonté des contractants. Or, tous posent des règles à suivre en
l’absence de choix de la loi par les parties –qu’il y soit consacré ou pas– ; mais nous
regrettons que ces règles ne soient pas coïncidentes. Remarquons que, une fois
identifiée la loi à laquelle un contrat international est soumis, elle n’empêche pas
330
l’intervention de certains usages et principes propres au commerce international,
législations relatives aux matières qui peuvent renforcer l’intégration régionale. Même
s’ils n’y sont pas obligés, il serait positif que les États Associés participent de ladite
matière idéale pour cristalliser les efforts harmonisateurs et, si possible, unificateurs.
Dans l’état actuel de l’évolution des règles en matière de loi applicable aux
des incertitudes et supporter les coûts économiques qui en découlent. Or, l’existence
d’un corps de règles suffisamment claires et précises, obligatoires pour tous les pays de
du commerce international.
Quant à la voie à utiliser pour aboutir à des solutions uniformes relatives à la loi
applicable aux contrats entre les pays mercosuriens, il serait possible d’adopter, au
auquel puissent s’adhérer les États Associés. On peut également songer à la ratification,
par ces pays, de la CIDIP V ; mais cette convention est là depuis plus de dix années et
elle n’a pas eu de succès quant au nombre de ratifications ou d’adhésions. Une autre
voie, qui paraît jouir de plus d’acceptation parmi les pays de la région, est celle qui
331
consiste à l’internalisation des principales règles prévues par la CIDIP V, les
incorporant dans des lois qui touchent de manière intégrale les grandes questions du
Droit international privé. Nous avons, par exemple, la loi vénézuélienne de Droit
international privé –par effet de laquelle les solutions adoptées par la convention
interaméricaine seront appliquées pour tout contrat international, et non seulement pour
ceux qui touchent le Venezuela et le Mexique– ainsi que le Projet argentin de Code de
Mais suivant cette dernière voie, le processus d’adoption des nouvelles solutions peut
prendre encore plus de temps car, une fois qu’un pays décide de réformer ses règles
d’autres règles de Droit international privé. Encore, bien que les règles de la convention
fassent partie du Droit interne des États, cette voie ne garantit pas que les tribunaux des
différents pays les interprètent de manière uniforme815. Une quatrième voie, plus
toutes les possibilités, d’ailleurs ouvertes constamment à la créativité des juristes. Ceci
étant, nous croyons que ce sont les principales et que, par ces quatre chemins, le résultat
de compter avec des règles communes ou au moins très similaires pour déterminer la loi
Or, plus que sur la voie, nous pensons qu’il convient de mettre l’accent sur le
815
L’Allemagne, par exemple, a utilisé la voie de l’internalisation pour la Convention de Rome (supra, p.
87), ce qui n’a pas empêché des interprétations divergentes selon les pays.
332
juridique sur ce champ. Les règles nécessaires, pour être vraiment utiles, devraient être
compatibles avec celles qui sont en vigueur dans des pays qui ne font pas partie du bloc
d’harmonie– avec les règles du reste de pays. Suivant cette ligne, nous pensons que les
reconnaissance d’un rôle relevant à la lex mercatoria– peuvent être adéquates pour
fiscalisation de l’État dans la mesure où ils génèrent des conséquences sur l’économie et
Dans cette thèse, nous avons offert une perspective assez détaillée de l’état
actuel du régime général des contrats internationaux dans les États du Mercosur. Ayant
analysé les règles existantes, nous vérifions notre hypothèse selon laquelle il faut
816
Cf. CALVO CARAVACA, Alfonso-Luis, CARRASCOSA GONZALEZ, Javier et autres, Derecho
Internacional Privado. Granada : Editorial Comares, 1998, vol. II. (Biblioteca Comares de Ciencia
Jurídica), p. 337.
333
adopter des règles claires, précises, qui donnent des solutions modernes, adaptées aux
Les particuliers qui concluent des contrats internationaux créent des règles
matérielles spontanées très minutieuses, ce qui rend encore plus dur le labeur unificateur
des États qui n’ont à présent obtenu sur ce plan que des résultats partiels tels que la
marchandises sont exclues de son champ d’application. Or, dans un espace économique
intégré –comme le Mercosur– il ne devrait pas y avoir des règles officielles comportant
des solutions divergentes. Au contraire, elles devraient suivre les mêmes lignes ou
orientations régulatrices que celles suivies dans le reste des pays de la région et dans le
Bien que l’on puisse penser que l’uniformité matérielle est l’idéale, force est
d’admettre que pour y arriver il faut effectuer un long et parfois scabreux parcours. Il
est nécessaire d’avancer petit à petit, bâtissant des règles mercosuriennes communes,
sans perdre de vue l’interrelation avec des communautés et des régions avec lesquels les
une réglementation qui se veuille compatible avec les intérêts en jeu dans le commerce
international doit laisser une marge suffisamment large à la créativité des parties aux
régionaux.
Le futur proche nous donnera la réponse à la question de savoir par quelle voie
******
334
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Accords Mercosur : 27, 31, 35, 78 et s., 165, 191, 207, 244 et s., 289 et s., 237.
Argentine : 9, 12, 16, 18, 20-21, 27, 33, 35, 42 et s., 69, 77-78, 80, 89, 92 et s., 120, 137,
140-141, 157, 170-171, 174, 177, 180, 183, 192-193, 200 et s., 247 et s., 251, 261, 293
et s., 310, 328, 332.
Autonomie de la volonté : 19-20, 25, 27, 30 et s., 39-40, 44 et s., 89 et s., 158 et s., 164,
170-171, 173, 176 et s., 188 et s., 254 et s., 275, 301, 308, 314-315, 318, 328, 330 et s.
Bolivie : 12, 18, 28, 43, 50, 57-58, 64, 78, 153-154, 157, 192, 319-320, 328, 332.
Brésil : 9, 12, 16 et s., 27, 32, 35, 43-44, 51-52, 56 et s., 61, 64, 67, 78, 80, 112, et s.,
191, 306 et s., 328.
Code Bustamante : 26, 56 et s., 145 et s., 157, 265 et s., 327.
Colombie : 13, 18, 43, 50, 57-58, 69, 155 et s., 323 et s., 328.
Convention de Mexico (CIDIP V) : 11, 63 et s., 138, 150, 160 et s., 166 et s., 179, 183-
184, 190 et s., 208, 210 et s., 231, 238 et s., 273 et s., 303-304, 316-317, 320, 327-328,
331 et s.
Convention de Rome : 9-10, 31 et s., 40, 55, 64, 66, 89 et s., 160-161, 166 et s., 177,
179, 181 et s., 190, 193, 199, 201-202, 208-209, 212 et s., 231 et s., 271, 274, 277, 279,
281, 287-288, 302 et s.
Conventions de La Haye : 30, 62-63, 66, 69, 110, 157, 166 et s., 177, 179, 183-184, 189
et s., 201-202, 207 et s., 231, 239, 268 et s., 327.
Chili : 12 et s., 31-32, 57-58, 65-66, 69, 78, 145-147, 157, 178, 181, 183, 203, 207, 250,
320 et s., 328.
Dépeçage : 115, 151, 194 et s., 204 et s., 254-255, 286 et s., 296, 324, 333.
335
Équateur : 13, 18, 43, 57-58, 69, 150 et s., 157, 323 et s., 328.
Lex loci celebrationis : 113 et s., 260 et s., 296 et s., 327-328.
Lex loci executionis : 44 et s., 132 et s., 259 et s., 294, 298 et s., 308 et s., 323 et s., 327-
328.
Paraguay : 9, 12, 16, 18, 27-28, 43, 50 et s., 67, 78, 80, 140 et s., 191, 315 et s., 328.
Pérou : 13, 18, 31, 43, 50, 57-58, 69-70, 147-148, 157, 165, 178, 181, 183, 192, 203,
207, 250, 317 et s., 328.
Proximité : 144, 173, 194, 242, 269 et s., 273 et s., 303-304, 316-317, 320, 327-328,
333.
Traités de Montevideo : 26, 42 et s., 61, 64, 67, 92, 99, 100, 107, 131 et s., 155, 157,
177, 181, 189, 201-202, 207, 230 et s., 248-249, 259 et s., 266, 300, 327.
Uruguay : 9, 12, 15, 18, 27, 35, 42 et s., 64, 67, 69, 78, 80, 128 et s., 193, 313 et s., 328.
Venezuela : 13, 18, 31, 57, 64, 66, 91, 149-150, 157, 169, 178, 181, 183, 203, 207, 250,
304, 316-317, 320, 328, 332.
336
BIBLIOGRAPHIE: OUVRAGES, THÈSES, MÉMOIRES,
DOCUMENTS
1928.
Jurídica, N° 16)
N° 153)
337
ALBORNOZ, María Mercedes, La CIDIP V sur la loi applicable aux contrats
338
ARAÚJO, Nádia de, Direito Internacional Privado. Teoria e prática brasileira.
339
BASSO, Maristela, Contratos internacionais do comércio. Negociação –
340
Internacionais e Direito Econômico no MERCOSUL. Após o término do período
BORDA, Guillermo A., Manual de Derecho Civil. Parte General, 18e édition.
1992.
(Studia Albornotiana)
341
CARRILLO SALCEDO, Juan A. Derecho internacional privado. Madrid : Ed.
Tecnos, 1983.
1998.
342
DEBY-GÉRARD, France, Le rôle de la règle de conflit dans le règlement des
DERRUPÉ, Jean, Droit international privé, 14e édition. Paris : Éditions Dalloz,
Bruylant, 1996.
343
DUCCI CLARO, Carlos, Derecho Civil. Parte General, 3e édition. Santiago de
FAZIO DE BELLO, Marta Encina, Parte General del Derecho Civil. Buenos
Universitarios)
Aires : Abeledo-Perrot,1995.
344
FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P. (coord.), Derecho Internacional Privado de
1995.
1965.
345
GARNELO, Vicente, Evolución institucional y jurídica del Mercosur. Buenos
346
GOURION, Pierre-Alain et PEYRARD, Georges, Droit du commerce
révisée, actualisée et élargie. São Paulo : Editora Revista dos Tribunais, 1995.
1998.
Étude critique de ses méthodes, préface P. Lagarde. Paris : GLN éditions, 1990.
347
JACQUET, Jean-Michel, Le contrat international. Paris : Éditions Dalloz, 1998.
Études et Recherches)
international. Paris : Éditions Dalloz, 2002. (Cours Dalloz, Série Droit privé)
JUENGER, Friedrich K., Selected Essays on the Conflict of Laws. Ardsley, New
Parts I and II, combined and revised. Dortrecht : Kluwer Law International -
Nijhoff, 2000.
348
LANDO, Ole, CLIVE, Eric, PLUM, André et ZIMMERMAN, Reinhard (éd.),
International, 2003.
1998.
349
MEYZEAUD-GARAUD, Marie-Christine, Droit International Privé. Paris :
Editores, 1997.
l’Université, Georg & Cie. S.A., 1985. (Études Suisses de Droit International
350
PEREZNIETO CASTRO, Leonel et BELAIR, Claude (éds.), Primer Seminario
S.A., 1980.
Astrea, 1998.
par José M. Cajica Camacho. Puebla, Mexique : Editorial Cajica, S.A., 1983,
351
RAMÍREZ NECOCHEA, Mario, Síntesis del Derecho Internacional Privado
des parties dans les contrats internationaux entre personnes privées », session de
RIVA, Jorge Luis, Manual de derecho del comercio exterior. Con comentarios
352
SÁNCHEZ DE BUSTAMANTE Y SIRVÉN, Antonio, Proyecto de Código de
Universidad, 1940.
353
de la Facultad de Derecho y Ciencias Sociales de la Universidad de la
Depalma, 1998.
Estudios Jurídicos)
354
BIBLIOGRAPHIE: ARTICLES, CONFÉRENCES,
COMMUNICATIONS
1998) », Separata del Anuario Argentino de Derecho Internacional, 1999, pp. 51-91.
Argentine.
Universidad Nacional del Litoral – Argentina, Santa Fe, 1999, pp. 205-209.
355
ALTERINI, Atilio Aníbal, « La contratación en el Mercosur », Revista Jurídica
22.12.2005).
356
BASEDOW, Jürgen, « Un droit commun des contrats pour le marché commun »,
Recueil des Cours Académie de Droit International, 1973, II, t. 139, pp. 75-148.
Disponible sur :
<www.direitobancario.com.br/artigos/direitointernacional/01mar_211.htm>
(consulté le 29.11.2005).
357
BOGGIANO, Antonio, « The Contribution of The Hague Conference to the
Institute for the Unification of Private Law », Revue de Droit Uniforme, 2004/1, pp.
<http://www.unidroit.org/english/principles/contracts/principles2004/2004-1-
with Special Reference to Brazil », Revue de Droit Uniforme, 1998-2/3, pp. 287-
304.
358
BRIZZIO, Claudia R., « Códigos únicos y “Restatements” para unificar la
desarrollo », Revista de Fomento Social, 2001, vol. 56, N° 221, pp. 65-91.
359
DOUDKO, Alexei G., commentaire sur l’ouvrage de Peter Nygh, « Autonomy
1037-1051.
Barrado et Carlos Fernández Liesa. Madrid : Boletín Oficial del Estado, Ministerio
360
FELDSTEIN DE CÁRDENAS, Sara L., « La reforma del Derecho Internacional
Rome », Revue critique de Droit international privé, 1995, 84 (1), pp. 178-186.
361
FERNÁNDEZ ARROYO, Diego P., « Sobre la Existencia de Una Familia
<http://www.amcham.com.br/arbitragem/documento2004-04-29c/documento2004-
362
FLOREAL GONZÁLEZ, Flavio, « Mercosur: un orden jurídico debilitado y
(consulté le 30.11.2005).
Comercial y de las Obligaciones, 1992, année 25, pp. 301-354. Disponible sur :
<http://w3.uniroma1.it/idc/centro/publications/05garro.pdf> (consulté le
30.11.2005).
pp. 250-252.
363
GAUDEMET-TALLON, Hélène, « Convention de Rome du 19 juin 1980 »,
p. 475 et s.
364
GRANDINO RODAS, João, « Falta a lei de introdução do Código Civil »,
<http://www.eldial.com/suplementos/privado/doctrina/ip050624-c.asp> (consulté le
03.10.2005)
365
HÖK, Götz-Sebastian, « Le Droit International Privé allemand actuel ».
1998.
366
JUENGER, Friedrich K. et SANCHEZ LORENZO, Sixto A., « Conflictualismo
suisse sur le droit international privé (partie générale) », Revue critique de Droit
p.
367
LAGARDE, Paul, « Les principes du droit international privé hier, aujourd’hui
LIMA MARQUES, Cláudia, notes des cours de Droit International Privé II, à
des Cours Académie de Droit International, 1973, II, t. 139, pp. 269-385.
368
Argentino de Comercio », Juzgado Nacional de Primera Instancia en lo Comercial
833-837.
<http://www.banrep.gov.co/blaavirtual/credencial/abril2002/codificacion.htm>
(consulté le 04.10.2005).
and the Code Napoleon », Tulane Journal of International and Comparative Law,
294.
369
NAJURIETA, María Susana, « La revisión de la autonomía conflictual en los
Corrientes, Argentine.
933.
370
1997, pp. 89-134, et Revista del Derecho Comercial y de las Obligaciones, 1996,
pp. 397-434.
43.
371
OPERTTI BADÁN, Didier, participation au colloque des Sextas Jornadas de
337-339.
international privé », Revue critique de Droit international privé, 1999, pp. 209-226.
giugno 1980 nonché sulle leggi italiana e svizzera di diritto internazionale privato »,
372
PEREZNIETO CASTRO, Leonel, « Introducción a la Convención
international privé dans les pays d’Amérique Latine », Recueil des Cours Académie
341.
pp. 593-599.
373
PIAGGI, Ana I., « El derecho mercantil en el siglo XXI visto desde el
privé italien », Revue critique de Droit international privé, 1996, pp. 41-65.
du projet de Code civil argentin (1998) », Revue de Droit Uniforme, 1999-4, pp.
863-875.
374
ROMERO, Fabiola, « La nueva regulación del Derecho internacional privado en
Australia, Italia, Yemen y Venezuela », Revista 114, avril 1999. Disponible sur:
<http://www.verbalegis.com.bo/Verba%20Legis,%20Articulos.htm> (consulté le
02.12.2005).
<http://www.verbalegis.com.bo/Verba%20Legis,%20Articulos.htm> (consulté le
02.12.2005).
375
SARAIVA DE OLIVEIRA, Liliana, « Os contratos internacionais no contexto
<http://www.direitobancario.com.br/artigos/direitointernacional/01mar_216.htm>
(consulté le 02.12.2005).
las normas del Mercosur », Revista Jurídica Argentina « La Ley », T. 1996-E, pp.
739-744.
<http://www.wirtschaftsrecht.uni-
376
SONNENBERGER, Hans Jürgen, « L’harmonisation ou l’uniformisation
<http://www.unb.br/fd/colunas_Prof/carlos_mathias/anterior_21.htm> (consulté le
02.12.2005).
suisse sur le droit international privé », Revue critique de Droit international privé,
1, N° 1, pp. 143-152.
contrat, de la loi qui le régit », Revue critique de Droit international privé, 1972, pp.
567-601.
533.
377
UZAL, María Elsa, « Algunas reflexiones sobre la autonomía de la voluntad en
Mercosur », Revista del Derecho Comercial y de las Obligaciones, 1993, année 26,
Comercio (54 P.E. mensaje PEN 731/99). Comentario crítico sobre el Libro VIII:
(consulté le 22.12.2005).
Sirey, 1954, 32 p.
pp. 267-281.
378
VEYTIA PALOMINO, Hernany, « Los Principios del Unidroit ante la
pp. 329-344.
p. 477.
379
VU : le Président du Jury VU : les Membres du Jury
380