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a) Elle est basée, essentiellement mais pas exclusivement, sur les vidéos YouTube postée par
le titulaire du cours à savoir Monsieur Olivier Corten
b) Ce dernier m’ayant envoyé, début septembre 2021, lesdites vidéos
c) Partant, cette transcription est valable pour l’année académique 2021-0222 mais aucune
garantie n’est donnée ni pour les années antérieures ni ultérieures
d) Le contenu de la présente ne peut être reproduit en tout ou partie et ce document n’est
destiné qu’aux étudiants qui suivent le cours de « Droit international public » donné par M.
Corten, précité, durant l’année académique 2021-2022
e) Enfin, les présentes informations sont fournies à titre informatif et n’ont aucune valeur ni
contractuelle ni plus que l’exactitude des informations n’est en aucun cas garantie
Joey Sakala
I. Introduction 2
Ce chapitre sera développé non pas sur base des capsules vidéos mais
bien sur un résumé du livre. En effet, il n’existe pas de capsules vidéos
pour ce chapitre. Et pour le surplus, le titulaire indique que ce chapitre
sera traité en cours directement.
IV. La création de l’Etat 6
➢ Un territoire
➢ Une population
➢ Un gouvernement
➢ Une souveraineté
Nous allons ici nous poser la question de savoir si l’Etat avait le droit
d’être un Etat et, le cas échéant, s’il y avait une interdiction. S’agissant du
droit à devenir un Etat, il faut renvoyer au droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes. Les Etats sont loin d’avoir admis pour les minorités se
trouvant sur leur territoire de se séparer des peuples qui se trouvent sur
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leurs territoires ; C’est une question de souveraineté et d’intégrité du
territoire. Les Etats auront des arguments de poids au regard du droit
international pour ouvrir ce droit. La principale convention est la charte
des Nations Unies qui évoque de manière lacunaire ce droit. Toutefois, des
résolutions des Nations Unies viennent « compléter le panel » avec,
notamment, les résolutions n°1514 et n°1441 adoptées en 1960 mais
également les résolutions 2625 et 3314 qui, pour cette dernière, défini
l’agression. Il s’agissait là de résolutions portant sur des peuples sous
domination voir sous régime raciste. Le cas du Kossovo se situe plus
globalement dans l’idée de se détacher d’un Etat. Doit-on considérer que
le maintien du Kossovo en Serbie est une forme de colonialisme ou de
néo-colonialisme ? Sur le plan du droit international, il y a une série de
critères très restrictifs pour savoir si l’Etat le droit ou non de proclamer
l’indépendance. Ce caractère restrictif tient en ce que les Etats craignent
des déclarations en cascade, un effet domino… Les critères dont question
se retrouvent surtout dans la Résolution n°1541 dont question ci-dessus.
En regardant une carte, le Kossovo est composé de toute une série de
populations ou de groupes sociaux et ethniques différents. Il y a
essentiellement des Serbes mais également d’autres minorités. La
séparation ethnique ou culturelle entre le Kossovo et le reste de la Serbie
apparaissant comme assez évidente puisqu’il y a une relative majorité
d’Albanais au Kossovo tandis que dans le reste de la Serbie, cette
« ethnie » n’est que minoritaire. L’on peut donc parler de séparation
ethnique et culturelle ; Il s’agit là de l’un des critères de la Résolution
n°1541, précitée. D’autre part, il y a également un critère de domination à
savoir la Serbie domine-elle le Kossovo ? Cette réponse est complexe à
fournir puisque, au moment de la déclaration d’indépendance, il y a un
régime international d’administration. Toutefois, la déclaration
d’indépendance fait suite à la crainte de ce que, au terme de
l’administration internationale, il y aurait une domination des autorités
Serbes. Ce critère est donc complexe à appliquer. S’agissant du troisième
critère, il faut avoir égard à la séparation géographique et ce critère se
retrouve également dans la Résolution n°1541, susmentionnée. Les
choses à cet égard seront plus objectives et pour qu’il y ait le droit à
l’autodétermination, il faut que la population soit séparée
géographiquement de la métropole. Tel était le cas avec le Congo. En
effet, il n’y avait pas qu’une frontière terrestre mais bien également des
milliers de kilomètres qui séparaient la métropole de la « colonie ». Dans
ce dernier cas, il n’y avait pas de territoires contigus. Relativement à la
Serbie et le Kossovo, il n’y a pas de séparation géographique. Si même
l’on considère qu’il en est distinct (de la Serbie), il y a une limite directe
entre les deux entités. Dés lors, en appliquant le critère géographique, le
« peuple » ou plutôt dire la minorité du Kossovo n’a pas le droit de faire
sécession. La Résolution n°1541 a été adoptée en 1960 et il est possible
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de se demander si les choses n’ont pas évolué. Nous pourrions envisager
qu’il y aurait un droit élargi à la sécession. Certains ont parlé de sécession
« remède » c’est-à-dire qu’il y aurait un remède à de graves violations du
droit international. En l’occurrence, si une minorité fait l’objet d’une
répression de la part de l’Etat central à savoir, en l’espèce, la Serbie, la
chose serait à envisager autrement. S’il y a une réelle « oppression », à
ce moment-là aurait le droit à l’indépendance comme remède à cette
« violation grave » du droit international dont cette population aurait été
victime. Dans le cas du Kossovo, il y a trois soucis si l’on souhaite
appliquer l’hypothèse de « l’indépendance remède ». Le premier souci est
qu’il faut une répression féroce. La déclaration d’indépendance a été
proclamée en février 2008 et à ce moment-là, il n’y avait pas du tout
d’oppression de la minorité Kossovare. La Serbie avait accepté un régime
« spécial » pour cette région. Si la déclaration avait été faite en pleine
guerre civile, on aurait peut-être pu appliquer l’hypothèse. Tel aurait pu
être le cas en 1991 alors que la guerre civile faisait rage. En second, si
l’on s’attache à la déclaration d’indépendance, l’on constate que le
Kossovo ne souhaite lui-même pas appliquer cette « sécession remède ».
D’ailleurs, l’on peut lire dans la déclaration que le Kossovo serait un
« special case » entendez un « cas spécifique ». La déclaration insiste sur
le fait qu’il ne s’agit pas d’un « précédent ». Les autorités du Kossovo ne
souhaitaient pas appliquer un droit qui aurait pu constituer un précédent.
Il s’agit ainsi d’un cas exceptionnel. En réalité, le Kossovo ne soulève pas
lui-même le droit à l’autodétermination ni plus qu’il ne souhaite faire
appliquer la « sécession remède ». En troisième lieu, si l’on examine la
position des autres Etats tant ceux qui ont reconnus le Kossovo que ceux
qui ont participés à l’avis rendu par la Cour Internationale de Justice, on
constate que la plupart ont plutôt suivi la « théorie » du Kossovo qui,
rappelons-le, est de faire de son cas un cas exceptionnel. Dés lors, ces
Etats ont reconnus le Kossovo non pas sur ces prémices mais bien sur les
éléments constitutifs de l’Etat à savoir, pour mémoire, le territoire, la
population, le gouvernement souverain… Selon ces Etats, dés lors que les
autorités Serbes ont, sur le territoire du Kossovo, renoncées, ipso facto, à
exercer un pouvoir sur ces terres, il y a une effectivité en faveur des
autorités du Kossovo. Partant, le Kossovo serait un Etat souverain. Il y a
néanmoins des discussions quant au fondement relatif à la « sécession
remède » en ce que le Kossovo mais également les Etats qui ont reconnu
le Kossovo auraient dû clairement invoquer la « théorie de la sécession
remède » mais tel ne fut pas le cas. A la suite de l’indépendance du
Kossovo, d’autres Etats comme l’Ossétie du Sud (région du Caucase) ou
l’Abkhazie ont également proclamées, la même année, leur indépendance.
Plus tard, en Ukraine, il y a également eu la Crimée. Dans ces derniers
cas, il n’y a pas de situation particulière et se faisant, il n’y a pas de droit
à invoquer le droit à l’autodétermination. Ainsi, nous pouvons dire que le
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Kossovo ne souhaitait pas faire de précédent mais dans les faits, tel fut le
cas… Ce que montre le Kossovo dans le cadre de la « théorie de la
sécession remède » c’est qu’il n’est pas du tout facile de l’appliquer et on
ne l’évoque pas aussi « facilement » que ce que certains souhaiteraient…
Il n’y a donc pas de droit à l’indépendance du Kossovo.
Conclusion :
Tout est question de négociation. Il y a du politique partout. Dans le cas
du Kossovo, on est en attente des résultats des négociations… La question
de la création de l’Etat est donc imprégnée d’aspects juridiques et
politiques…
Mais le Kossovo est-il un Etat ?
1. Contexte
2. Un paradoxe ?
Sur le plan extraterritorial, les Etats peuvent exercer des compétences sur
leurs territoires mais aussi à l’étranger. C’est, selon le Pr. Corten, un
principe connu depuis longtemps en droit international. Il évoque
notamment l’affaire du « lotus ». Dans cette affaire « Lotus », un état
pourrait édicter des lois applicables à l’étranger. C’est du reste souvent le
cas en matière électorale, de statut personnel… Ce sont des choses
fréquentes. C’est possible ! On peut également parfois juger d’actes
commis à l’étranger. Par exemple, en droit pénal, s’il y a une victime
d’une infraction à l’étranger ou, à contrario, un ressortissant d’un état qui
commet une infraction à l’étranger, l’Etat impliqué par son ressortissant
qui, selon le cas, sera victime ou « suspect » pourra juger des faits
concernés. Par rapport à la Syrie, on a un exemple très intéressant. C’est
la compétence universelle. IL faut revenir sur le procès initié en Allemagne
pour actes de tortures. Ces actes ont été commis par des Syriens, en
Syrie, sur des Syriens. Il n’y a donc à priori aucun lien. A partir de ce
moment, on parlera d’une compétence universelle. L’on imagine, dans ce
cas, que la communauté internationale se trouve affectée par de tels
crimes, si graves… Que la compétence universelle pourrait jouer…
L’Allemagne interviendrait au nom de la communauté internationale et
non pas de l’Etat Allemand. C’est un concept ancien que l’on retrouve déjà
dans le cadre de la lute contre la piraterie. Plus récemment, on retrouve
cela aussi dans ce que l’on désigne comme « des crimes contre
l’humanité ». Cette compétence universelle n’est pas, en tant que tel,
contraire au droit international. Elle a été admise de manière générale.
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Par contre, les Etats du tiers-monde notamment au travers du
mouvement des « états non-alignés » ont critiqués cela… Selon eux, ça
pourrait être abusif. Il s’agirait de ne pas donner le droit à des états
occidentaux de pouvoir juger tout ce qu’il se passe dans le monde et de
pouvoir faire des leçons de morale… Alors que ces états, selon ce
mouvement, ne sont pas exempts de tout reproches. Notamment, par
exemple, la guerre mondiale, les tortures en Iraq… Il y a donc cette
critique fondée sur des arguments politiques mais aussi juridiques. Il
s’agit de dire que les Etats qui invoquent la compétence universelle ne
doivent pas s’immiscer dans les affaires des états du sud. Mais au fond,
que veut dire « intervenir » ? Le simple fait de juger ce qu’il s’est passé à
l’étranger n’est pas un usage abusif de la compétence universelle.
S’agissant du cas de l’Allemagne et de la Syrie, on ne peut donc pas dire
qu’il y a eu un usage abusif de la compétence universelle. Sur ce point, il
n’y a donc pas violation du droit international. Cela ne veut pas dire pour
autant que l’on peut exécuter ces jugements par la force. Il faut revenir
sur l’idée que Donald Trump a eu à savoir assassiner Bachar El-Assad. Là,
on n’est plus sur un simple jugement mais il s’agit de pénétrer sur le
territoire d’un état et d’exercer une compétence exécutive. Et il s’agit
d’une compétence exécutive pour le moins radicale car il s’agit tout de
même de vouloir tuer cette personne sans procès préalable… Dans les cas
des bombardements de 2017 et 2018, précités, il y a également une
exécution. Dans ce cas, il y aura une opposition au principe de « non-
intervention » voir même du recours à la force. Enfin, s’agissant de la
compétence extraterritoriale, en principe il est possible d’exercer des
compétences législatives et judiciaires mais pas exécutives…
Et au final ?
Sur la compétence territoriale, l’état doit évidemment exercer ses
compétences. Il ne peut toutefois invoquer, en toutes circonstances, la
souveraineté que pour violer des droits humains. Et s’agissant de la
compétence extraterritoriale, l’état peut exercer sa compétence mais sous
la réserve qu’il s’agisse d’une compétence législative ou judiciaire et en
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aucun cas exécutive et ce, sous réserve d’exceptions ou d’autres
développements tel que relatif au principe de non-intervention.
4. La non-intervention
5. Les immunités
L’on peut voir, au travers des trois derniers organes cités ci-dessus, un
« trio classique » législatif, exécutif et judiciaire.
D’abord, pour ce qui est de l’assemblée, la CPI s’est penchée sur les
travaux de l’assemblée concernant les crimes contre la paix… Mais aussi
plus concrètement lorsque la CPI a développé son activité, ce sera en lien
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avec l’assemblée générale. S’agissant de l’agression, la Cour en
application de l’amendement adopté à Kampala le 10 juin 2010 renvoi à la
définition de l’agression telle qu’adoptée par les Nations Unies dans les
années 70. Sur le plan normatif, il y a donc une relation entre la Cour
Pénale et l’assemblée. Dans des affaires particulières, on a vu le cas avec
la Palestine. Pour rappel, dans ce cas, c’était le fait que les Nations Unies
on reconnus la Palestine comme Etat que la CPI l’a aussi reconnue comme
Etat. Pour l’Egypte, c’est au moment où au sein de l’Assemblée Générale ;
la représentation de l’Etat a été modifiée que la CPI a tenu compte de cet
élément que pour statuer pour savoir s’il y avait lieu ou non de
poursuivre… (voir plus haut) La Cour prend donc appui sur ce qui est
décidé aux Nations Unies. Peut-on aller plus loin ? Si on s’intéresse à la
Résolution pour le maintien de la Paix, on a considéré que l’Assemblée
Générale pouvait palier à un blocage au sein du Conseil de Sécurité.
L’Assemblée s’est substituée au Conseil de Sécurité. Mais cela peut-il se
transposer avec la CPI ? Oui, la Syrie. Le Conseil de Sécurité a voulu
déférer le cas mais deux Etats membres permanents ont fait blocage… Ce
serait une interprétation trop large de répondre positivement… Selon un
avis de la CIJ, en 1962, la Cour a fait une distinction. En effet, elle a
indiqué qu’il pouvait y avoir une substitution pour une recommandation
mais pas pour une décision ; C’est du droit international général. Un
second argument plaide à l’encontre de cette possibilité. Pour le crime
d’agression, c’est le Conseil de sécurité qui est compétent et personne
d’autre… Si ça avait été prévu, ça aurait été écrit. Troisième argument, on
aurait dû le faire dans une perspective éthique mais l’assemblée n’a pas
pu se substituer…
Ce chapitre sera donc résolument tourné vers les droits humains. Il s’agira
d’avoir deux perspectives. D’abord, l’universalité des droits humains mais,
d’autre part, la souveraineté des Etats.
Nous allons donc nous pencher sur les exécutions extrajudiciaires dans ce
chapitre.
A noter que le droit à la vie quant à lui n’est pas dérogeable… On ne peut
jamais véritablement déroger au droit à la vie… Mais il faut se demander
ce qu’est le droit à la vie… Ce n’est pas le droit de vivre. En droit
international, il y a un droit à tuer. L’article 6 du pacte international dit
que le droit à la vie est le droit à ne pas arbitrairement être privé de la
vie. Il y aurait deux grands types de droit à tuer. La peine de mort en tant
que tel n’est pas contraire au droit à la vie. Les Etats peuvent
souverainement accepter de renoncer au droit à exécuter la peine de
mort. Toute une série d’Etats comme les Etats Européens ont acceptés de
déroger à ce droit « à tuer ». Ce n’est par contre pas le droit aux USA. En
second, en cas de légitime défense ou d’usage « normal » de la force par
une troupe régulièrement investie, il n’y aurait pas de violation du droit à
la vie. Du coup, qu’est-ce que c’est d’être privé du droit à la vie de
manière arbitraire ? Que veut dire sommaire ? Que veut dire arbitraire ?
C’est du cas par cas. Les Etats-Unis développent une argumentation
propre à cet égard. Pour eux, on est dans un contexte de guerre contre le
terrorisme. Le terrorisme n’a pas de frontière. Les Etats-Unis, en
particulier depuis le 11 septembre 2001, sont en guerre permanente
contre ces ennemis. Ce sont des ennemis de guerre mais paradoxalement
les Etats-Unis ne leur appliquent pas les droits rattachés aux « droits des
prisonniers de guerre ». Puisque ce sont des combattants ennemis, on
peut les tuer partout dans le monde. C’est donc une légitime défense ;
Sur le plan du recours à la force, ils font appliquer le pacte international
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sur les droits civils et politiques. Ensuite, ils évoquent également le droit
des conflits armés. (le droit de la guerre) Pour conséquence finale, les
Etats-Unis auraient le droit de tuer. Cependant, ces arguments posent des
questions. Primo, si on applique le droit international, on ne peut pas dire
que le monde entier est en guerre. Si l’on mène une attaque en Syrie, au
Soudan, en Afghanistan,… L’on doit à chaque fois vérifier, dans chaque
cas, que l’on est bien dans une situation de guerre. Parfois, on se trouve
dans une situation de Paix. EN effet, si le terroriste se trouve sur un
territoire qui n’est pas en guerre… Norvège, Allemagne… Secundo, dés
que l’on est en guerre, seul le droit de la guerre s’applique. Donc, par
exemple le droit de mener des attaques contre les combattants et les
tuer. Se faisant, on n’aurait plus de droits de l’homme… Si l’on prend la
jurisprudence internationale, on voit que les Etats-Unis sont tout de même
isolés. La Cour Internationale de Justice dans divers avis a donné une
position certaine à ce sujet. Dans des avis relatifs au « mur en Israël » en
2004 ou encore concernant l’usage des armes nucléaires en 1997, elle
indique que les droits humains et le pacte international s’appliquent tant
en temps de guerre que de paix. C’est le contraire de la doctrine
Américaine. SI l’on prend le guide relatif à l’article 2 de la Convention
Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme, on y lit que l’article
visé doit être interprété à l’aulne du droit international et plus
particulièrement du droit des conflits armés… Un précédent intéressant est
l’affaire « ISSAÏEVA c. RUSSIE » qui était pendante devant la C.E.D.H.. IL
s’agissait de bombardements. C’était entre la Tchétchénie et la Russie. Les
forces armées Russes bombardent un convoi. Mais des civils décèdent. Si
l’on suit la doctrine Américaine, elle n’aurait pu juger que le respect de la
C.E.D.H. puisqu’il y avait une situation de guerre qui, ceci dit, n’était pas
« internationale ». La Cour Européenne a appliqué l’article 2 de la
Convention. Partant, le droit à la vie s’applique bien dans le cadre d’une
guerre. Donc, même quand il y a guerre, le droit humain s’applique.
Tertio, même dans un cas de guerre, on ne peut pas tuer en toute
circonstance. Il y a en effet un critère de nécessité qui doit être appliqué
de manière stricte. On peut exécuter un ennemi si c’était strictement
nécessaire… Prenons le cas d’Oussama Ben Laden… Il a été exécuté le 2
mai 2011 par un commando Américain. Le commando est aller au
Pakistan, il est entré dans un bâtiment dans lequel il y avait Ben Laden
mais aussi ses accolâtes qui étaient là pour le défendre, armés… Le
commando a tué certaines de ces personnes. Il s’est ensuite dirigé vers
une chambre et Ben Laden était là. Deux versions ont été fournies au
sujet de son décès. La première version dit que Ben Laden avait un fusil et
avant d’être eux-mêmes tués par Ben Laden, ils ont tué Ben Laden. Dans
ce cas, si on va arrêter quelqu’un et que cette personne menace à votre
vie alors vous pouvez le tuer ; C’est une forme de légitime défense
appliquée au droit des conflits armés. Selon une deuxième version,
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lorsque le commando est arrivé dans la pièce, Ben Laden était désarmé et
il n’aurait pas opposé de résistance. Dans ce cas, que l’on applique les
droits humains ou le droit des conflits armés, l’on ne pouvait pas le faire…
S’agissant de Soleimani, on peut se demander si c’était nécessaire. Selon
les USA , il avait déjà planifié des attaques sur les USA. Toutefois, ce jour-
là, rien ne démontre qu’il était dangereux. Selon la rapporteuse Angès
Callamard, il n’y avait pas de justification de la nécessité de tuer. Tout est
donc question d’espèce. C’est difficile de se prononcer de manière
générique. En conclusion, on voit bien qu’il y a des droits humains
applicables mais ce n’est pas toujours évident… Il y a donc une certaine
d’universalité mais même dans le cas de droits sensés être inatteignables,
ça peut, dans les faits, se produire…
https://hudoc.echr.coe.int/app/conversion/pdf/?library=ECHR&id=003-
1273439-1327314&filename=003-1273439-1327314.pdf
Les individus sont soumis au droit pénal international. Dans certains cas
exceptionnels, les individus pourraient être eux-mêmes poursuivis… Est-ce
le cas ? Il n’existe pas de crime international d’assassinat. Pour pouvoir
conclure qu’il y a une exécution extrajudiciaire, il faut passer par les
mécanismes voulus sur le plan du droit pénal international. Dans le statut
de la CPI, on a le crime de guerre, d’agression,… Ce n’est pas évident de
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conclure à un tel crime. Pour le génocide, si on analyse les termes du
Statut, on a d’abord l’exécution, un élément moral qui consiste à vouloir
s’en prendre à un groupe précis c’est-à-dire par exemple un groupe
ethnique ou religieux. L’on pense évidemment à la Choa. Si l’on regarde le
programme des Etats-Unis, on voit qu’il se pourrait que les Etats-Unis
veulent tuer des ennemis. Mais certains disent que ce sont des
Musulmans. Tel n’est pas le cas. Les USA eux-mêmes parlent d’ennemis et
non pas de s’en prendre à un groupe… Sur ce crime, ce n’est pas possible.
Pour le crime contre l’humanité, ce sont des actes commis dans le cadre
d’une attaque généralisée ou systématique contre un peuple. C’est donc
une exécution de masse. Il s’agirait de tuer des civils de manière
généralisée ou systématique. Si l’on a des listes précises de personnes
visées, on n’est pas dans le crime contre l’humanité. A moindre de
montrer qu’il y aurait un plan plus général d’exécution contre les civils. Il
y a un double souci. Ce sont des civils qui sont protégés et en plus la liste
est souvent contre des « non-civils ». Pour le crime de guerre, c’est une
infraction grave à la convention de Genève de 1949. Ce sera ici du cas par
cas. SI on prend l’exemple de Ben Laden et que l’on répute qu’il était
désarmé alors il y aurait une violation grave du droit de la guerre. Si, par
contre, on prend le cas d’Al-Baghdadi, on ne peut pas parler spécialement,
d’office d’une violation du droit de la guerre. On pourrait conclure qu’il y
aurait violation du droit à la vie par l’Etat mais pas contre une personne
précise. Le crime d’agression viendrait d’une personne qui s’en prend à un
Etat. Il faudrait vérifier qu’il y aurait une agression au sens du droit
international public. Ce point sera analysé un peu plus loin… Mais qui
qualifiera le crime d’agression ? Normalement, chaque Etat doit jugé les
crimes de guerre et autres mais en pratique c’est très rare. SI l’on prend
l’exemple du Vietnam, il n’y a eu que très peu de poursuites et s’il y en a
eu bien les peines étaient relativement faibles face à ce qui a été commis.
Soit il y a des tribunaux spécialement prévus comme tel fu le cas pour
Nuremberg, le Japon (Tokyo), ls tribunaux pour l’Ex-Yougoslavie, le
Rwanda… Ou alors la CPI pourrait agir. Elle a vocation Universelle mais en
réalité elle est limitée par le droit et le fait. Elle n’es compétente que pour
les Etats partie. Il pourrait donc y avoir une forme d’impunité ; Par
exemple, pour les USA. Les USA ne sont pas partie au Statut de la CPI. On
imagine donc mal que des ressortissants Américains soient poursuivis. On
pourrait par contre imaginer que le Président Macron puisse être poursuivi
mais il y a une limite politique énorme… La Cour n’a jugé qu’à ce stade
que des ressortissants Africains en la matière. Elle a engagée des
examens préliminaires pour des faits commis par exemple en Amérique du
Sud, en Asie,… Mais jusqu’ici, on a eu en réalité que des Africains. Pour la
Palestine, elle n’a pas agit. Pour montrer son universalité, elle aurait dû
agir dans certains de ces cas. Ce n’est peut-être pas un souci de volonté
mais il s’agit d’un rapport de force. IL y a des tensions entre l’universalité
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et certains mécanismes juridiques et politiques.
Nous entamons cette partie du menu qui porte sur les sources du droit
international.
Nous avions déjà parlé des Rohingyas qui subissent des répressions au
Myanmar. L’affaire a été mise à l’ordre du jour de la CPI (Cour Pénale
Internationale. La Gambie a déposé, le 11 novembre 2019, une requête
devant la Cour Internationale de Justice que pour faire condamner le
Myanmar pour crime de génocide. Il s’agit en l’occurrence d’actions
judiciaires qui tendent à faire condamner l’Etat en question. Toutefois,
lorsque l’on parle d’intervention humanitaire « au sens stricte », il y a un
aspect de « contrainte » qui n’est pas présent dans ces actions en justice.
Ce sont donc des choses différentes. Lorsque l’on parle du droit
d’intervention humanitaire, on pense donc « militaire », « contrainte ». De
nombreux exemples d’actualité illustrent la chose. D’abord, il y a des
interventions sous l’égide du Conseil de Sécurité des Nations Unies. IL y a
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eu, dans l’histoire, de telles procédures. Et ce, en particulier depuis les
années 1990. En effet, le Conseil de Sécurité a, à quelques reprises,
depuis lors autorisé des interventions « humanitaires » qui se sont faites
sous son égide, avec un certain cadre. Nous pourrions d’abord penser à la
Bosnie-Herzégovine, Etat dans lequel l’ONU a envoyé des missions. Nous
pourrions également évoquer la somalie en 1992 (voir plus bas, un article
du Soir). En 1994, le Rwanda a reçu une mission humanitaire. Dans ce
cas, c’était surtout la France qui avait reçu cette autorisation des Nations-
Unies. Dans les années 2010, en Lybie et en Côte d’Ivoire, des
autorisations ont également été données. Mais ce n’est toujours pas à cela
que l’on va s’intéresser. De manière plus courant, l’intervention
humanitaire est entrepris en s’affranchissant d’une autorisation des
Nations-Unies. Le dilemme est que le Conseil de Sécurité peut confier un
mandat mais il ne le fait pas toujours et dans ce cas, n’est-ce pas
envisageable tout de même d’entamer une intervention humanitaire ?
C’est dans ce sens qu’une certaine pratique peut être évoquée. Nous
avions envisagés l’idée du Président Trump qui consistait à vouloir
exécuter le Président El-Assad. En revanche, une action réelle s’est
produit en 2017 puis en 2018 en Syrie. Le but était de sanctionner le
régime qui avait utilisé des armes chimiques contre les rebelles. Nous
avons une pratique positive dans le cadre de ces volontés d’agir de
manière humanitaire. Il y a aussi, malheureusement, des cas dans
lesquels il y a des actions militaires qui violent le droit international et plus
précisément le droit humanitaire international. Tel est par exemple le cas
des interventions militaires d’Israël en Palestine. Ou encore s’agissant des
Kurdes. Tel est aussi le cas en Chine avec les Ouighours. Il y a une
pratique de « deux poids, deux mesures » à savoir, d’une part, des
interventions avec autorisation du Conseil de Sécurité et, d’autre part, une
observation de faits qui n’a aucune suite. Il n’existe pas, dans la charte
des Nations Unies, un droit d’intervention militaire. Par contre, elle prévoit
l’interdiction du recours à la force, la légitime défense, l’autorisation du
Conseil de Sécurité… Mais en complément à la charte, n’existe-il pas un
droit coutumier permettant d’intervenir ? L’action en Syrie ne serait-elle
pas le dernier épisode d’une série de précédents qui permettent
d’intervenir ? Dans la doctrine, c’est controversé. L’Institut de Droit
International en avait discuté mais n’était pas parvenu à un accord. Au
contraire, en 2007, une résolution précédée d’une déclaration
présidentielle est tombée et elle s’est bornée à constater l’absence
d’accord. L’Institut indique que certains sont pour et d’autres contres. Le
débat portait sur la coutume.
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La Cour, dans les deux affaires précitées, s’est penchée sur la question de
l’intervention humanitaire. Mais a-t-elle répondu de manière volontariste
ou téléologique ?
Bah, faut lire ! Sinon, nous avons fait l’effort pour toi…
«…»
Nous avions déjà fait l’exercice mais, semble-il, pas de manière assez
précise…
3. La coutume, un paradoxe ?
X. Les traités
Le cas illustré dans cette vidéo YouTube est celui du « G20 » en Arabie-
Saoudite, voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_du_G20_de_2020
Cette séance sera donc relative aux traités comme sources du droit
international.
Dans la chanson que l’on a entendu au début, les auteurs font allusion à la
relation de couple. En effet, ils évoquent l’idée de l’entente dans un
couple, comme « pacte ». C’est une métaphore. L’idée est de se défendre
mutuellement dans le cadre de relations sociales. L’idée qui ressort de
cette chanson est le « pacte » entre la France et la Grande-Bretagne au
début du XXème. Il s’agissait d’une « paix commune ». La métaphore faite
par les auteurs fait un lien entre l’entente dans les couples et dans les
relations interétatiques.
L’un des textes les plus célèbres dans le domaine, c’est la déclaration
universelle des droits de l’homme adoptée en 1948.Il faut d’amblée
préciser qu’il ne s’agit pas d’un traité. Il s’agit d’une « simple » Résolution
de l’Assemblée Générale qui était alors composée de 58 Etats membres.
Cette déclaration énonce un idéal à atteindre. Le texte précise lui-même
qu’il n’y a pas d’obligations à l’égard des Etats. Il n’y a donc pas
d’obligations opposables aux Etats qui résulteraient de ce texte. Cela ne
veut pas dire que l’Arabie-Saoudite ne peut pas dire que le texte ne lui est
pas pleinement opposable mais cela veut simplement dire qu’il ne s’agit
pas d’une obligation conventionnelle, d’un traité. L’on peut dire la même
chose d’un autre texte. Il s’agit de la déclaration relative à l’élimination
des violences faites aux femmes de 1993.Cette dernière Résolution a été
90
adoptée en 1993.Il en s’agit pas d’une convention. La déclaration énonce
simplement qu’il s’agit de demander instamment aux Etats de faire
reconnaitre et respecter la déclaration. Le texte n’est d’ailleurs pas ouvert
à signature et ratification des Etats.
Ces textes étant écartés, l’on peut se tourner vers les textes
conventionnels. Il s’agira tout d’abord du pacte sur les droits civils et
politiques adoptés à New-York en 1966. Lorsque l’on regarde sur le site
des Nations-Unies, il y a 173 Etats parties ; C’est-à-dire qu’un grand
nombre d’Etat a ratifié ce traité. Toutefois, l’Arabie-Saoudite n’y est pas
partie. On ne peut donc pas opposer ce texte à l’Arabie-saoudite. Ce pays
n’est donc pas obligé de respecter les obligations qui résultent de ce texte.
Il en va de même pour un autre traité. Il s’agit du pacte international sur
les droits économiques, sociaux et culturels appelés par son petit « nom »
PIDESC adopté également en 1966. Cette fois, 171 Etats sont parties à ce
traité. Mais l’Arabie-Saoudite n’est toujours pas partie.
Comme d’habitude, nous écoutons d’abord une petite chanson. Il s’agit ici
de « My name is Liza Kalevage », voir :
https://www.bing.com/videos/search?q=my+name+is+liza+kalvelage&vi
ew=detail&mid=6911EAC2E459709367AF6911EAC2E459709367AF&FORM
=VIRE Cette chanson fait allusion à la jurisprudence du Tribunal de
Nuremberg. Ces Tribunaux ont donnés lieux à toute une série de principes
qui, pour l’époque, étaient tout à fait novateurs en droit pénal
international. A la suite de cela, la Commission du droit international a
codifié ces principes. De là, l’Assemblée Générale a mis « au propre » ces
principes. Sur la chanson, il est raconté que Liza Kalvelage serait
immigrante aux Etats-Unis et a été interrogée sur son histoire… Nous
allons donc examiner la migration au regard des autres sources de droit
international.
Des chiffres émis par le HRC ont établis que depuis 2013, il y a eu environ
70000 arrivées sur les côtes Européens. Mais environ 20000 personnes
ont trouvées la mort ou ont été déclarées disparues à l’occasion de
tentatives de traversées… Rien que pour 2020, on a compté 728 morts ou
disparus dans le cadre de ces traversées. Le HRC a constaté que la
Méditerranée est l’une des frontières des plus dangereuses au monde.
L’Union Européenne a mis en place toute une politique relative à
103
l’interception ou le sauvetage des migrants. Il s’agit notamment de
« frontex ». Soit les Etats soit l’UE naviguent en mer et font deux choses.
A savoir, d’une part, le sauvetage en mer et, d’autre part, le contrôle des
frontières… Deux choses fort différentes entre en confrontation. Lorsque
des migrants sont intercepts par des garde-côtes, ils sont généralement
placés dans des « hotspot ». Ce sont des camps généralement placés sur
des iles. Ils vivront dans des conditions très compliquées. L’on pourra,
avec une certaine aisance, parfois considérer qu’il s’agit de traitements
inhumains et dégradants. A Lesbos, en Grèce, un camp a flamé et selon
« MSF France », il s’agit du résultat d’années de traitements inhumains et
dégradants, voir : https://www.msf.fr/actualites/incendie-dans-le-camp-
de-moria-en-grece-le-resultat-de-cinq-ans-de-traitements-inhumains
Ces endroits dans lesquels sont « parqués « des gens ont été dénoncés
comme des endroits de traitements inhumains. Si l’on est renvoyé à
l’incendie de Moria (Lesbos), on constate que des milliers de personnes
ont été laissées sans-abris. Ce qui a très largement aggravé leurs
situations de précarité.
Par ailleurs, tous les migrants ne sont pas « sauvés ». D’autres font l’objet
d’autres traitements. Il y a des opérations de refoulement pur et simple.
Ce sera soit le garde-côte National ou de l’agence « frontex » qui
refoulera. Des ONG naviguent dans les eaux dites « dangereuses » dans
l’espoir de sauver des gens. Les Etats concernés ont une fâcheuse
tendance à se renvoyer la balle. Tel est le cas de la France, l’Italie,
l’Espagne… L’Italie a criminalisé ce type de sauvetage en disant qu’il
s’agirait d’aide au trafic d’humain. Sur ce point, un certain de questions se
posent aussi.
Tout cela a amené une série d’ONG a publié des rapports concernant ces
pratiques mais également concernant des pratiques de surveillance par
des drones … Pour signaler des embarcations, des drones sont utilisés
104
pour être ensuite ramenés sur les côtes des « Etats partenaires ». Ces
politiques sont menées soit par les Etats Membres de l’Union Européenne
soit par l’Union elle-même.
Mais dans quelle mesure le droit international aide-il ces personnes qui
subissent ces « agissements » ?
Nous allons donc examiner la place de tous ces textes. Lesquels sont
moins formalisés que les traités et que la coutume. Mais nous nous
demanderons également quelle est la portée de ces textes…
Nous allons donc nous pencher sur deux Résolutions des Nations-Unies.
D’abord, la déclaration de New-York, précitée. Puis la Résolution qui
approuve le pacte de Marrakech. Il s’agit de deux Résolutions des Nations-
Unies. La déclaration de New-York fait l’objet de Résolutions adoptées par
l’Assemblée Générale. C’est également le cas pour la Résolution qui
approuve le pacte de Marrakech. Ces Résolutions ont été respectivement
adoptées en 2016 et 2018. ,Il faut se référer à la Charte des Nations-
Unies. Les articles 10, 11 et 13 de la Charte établissent que l’Assemblée
Générale émet des recommandations. Dés lors, à priori, ces textes n’ont
qu’une portée de recommandation. Dans certains domaines très
spécifiques, c’est plus qu’une recommandation comme le vote du budget
ou l’admission d’un nouvel Etat. Mais dans de telles hypothèses, ces actes
n’ont qu’une portée de recommandation. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a
aucune obligation juridique. Si l’on se tourne vers un autre organe des
107
Nations-Unies, ce sera différent. En effet, l’article 25 de la Charte prévoit
un caractère contraignant pour les actes du Conseil de Sécurité. Ces actes
sont susceptibles d’être des décisions contraignantes. Lorsqu’il s’agit d’une
décision, elle s’imposera à l’ensemble des Etats Membres. S’agissant du
domaine de la migration, certaines décisions du Conseil de Sécurité ont
été adoptées entre 2015 et 2020. La première décision est la Résolution
2240 du Conseil de Sécurité. Pour établir que la Résolution est
contraignante, il faut avoir égard au contenu, à la forme du texte pour
voir qu’il y avait la volonté d’établir une obligation. Dans le préambule, on
lit que le Conseil de Sécurité se place sous le chapitre VII de la Charte des
Nations-Unies à savoir le maintien de la paix. Cet élément n’est pas
décisif. Nous pourrions avoir des Résolutions du chapitre VI qui n’auraient
pas une portée contraignante ou à l’inverse du chapitre VII qui aurait une
portée contraignante. Si l’on va dans le corps du texte, on voit que le
paragraphe 4 dit que les Etats sont encouragés à faire preuve de
vigilance. Cela ressemble à des exhortations. Si on examine la Résolution
2240 plus en profondeur, l’on va jusqu’au paragraphe 8. Le Conseil décide
d’autoriser les Etats Membres à saisir des embarcations et les détruite.
Là, dans le paragraphe 8, on a des règles contraignantes. Le paragraphe
10 va encore plus loin. IL dit que les Etats ont tous les moyens
nécessaires que pour luter contre le trafic de migrants. Toutefois, cela doit
se faire dans le respect des droits humains. AU paragraphe 13, les Etats
sont à nouveau exhortés. Cette dernière exhortation est de respecter le
droit international. A travers la Résolution, il y a un rappel aux obligations
internationales. Cette Résolution semble donc bien contraignante. Au-delà
de la valeur de recommandation, il y a-t-il d’autres valeurs ? Peuvent-elles
venir compléter des obligations déjà existantes ? Si l’on se penche sur la
Résolution de 2016, on lit dans le préambule une volonté déclarative. La
volonté semble donc générale. Par rapport au pacte de Marrakech, au
paragraphe 7, on voit une autre recommandation. Il y a une précaution
générale de limiter à la recommandation. Nous allons néanmoins aller
creuser… D’abord, la déclaration de New-York de 2016. Il y a des
références faites au respect du droit international, droit international des
droits de l’homme, humanitaire… Si l’on se tourne vers la partie de la
déclaration qui reprend toute une série d’éléments considérés comme des
engagements, on voit qu’il faut aussi regarder de manière précise le
contenu. Au paragraphe 24, on voit que les Etats s’engagent à mettre en
place des procédures de contrôles aux frontières. Dans ce cas, on ne fait
qu’un rappel au droit international. Un peu plus loin dans le paragraphe
24, il y a un certain nombre de mesures que les Etats devraient prendre
pour que les agents qui travaillent dans les zones frontalières pour assurer
les droits fondamentaux. C’est déjà plus « spécifique ». On voit là que les
Etats doivent faire en sorte d’être capables de respecter les droits des
migrants. L’on peut se demander si l’on n’a pas une interprétation précise
108
en matière de contrôle des frontières. Pour éviter tout abus, il y aurait des
formations. Il s’agirait de standards de comportements des Etats.
Toujours dans le paragraphe 24, il y a une référence au principe de non-
refoulement. C’est un principe conventionnel basé sur la convention de
Genève de 1951 mais c’est également un principe coutumier qui va au-
delà du statut de réfugié. Les Etats ont le droit de prendre des mesures
pour empêcher des passages irréguliers. On voit mal comment les deux
pourraient se concilier à savoir ne pas refouler pour ne pas qu’ils risquent
mais en même temps établir des procédés pour empêcher les traversées
illicites des frontières… On voit à nouveau qu’il y a de manière générale le
principe de refoulement mais il n’y a pas de plus-value. Sur ce plan, on ne
sait pas comment la tension entre le respect des frontières et la
souveraineté des Etas et le non-refoulement. Si l’on analyse le pacte de
Marrakech, on voit également qu’il y aune volonté de s’’encrer dans une
série de textes conventionnels existants. Le pacte de Marrakech est sensé
s’inscrire dans le respect de ces textes. Il y a donc une volonté pour ce
pacte de venir traduire de manière concrète toute une série d’instruments
existants. A nouveau, il faut aller voir le contenu précis et les liens qui
peuvent être faits entre certaines parties de la déclaration et les traités
pertinents. Nous pouvons prendre un exemple à ce sujet. Il s’agit du pacte
de Marrakech qui contient toute une série d’objectifs fixés pour les Etats.
Il y a notamment l’objectif 21 qui a pour but de coopérer pour faciliter le
retour des migrants en toute sécurité et dignité et leur réintégrai durable.
Il s’agit ici non pas de coopérer pour faciliter l’intégration dans les Etas
mais plutôt de la question du retour. Si les migrants n’ont pas de motifs
légaux de rester sur le territoire, il faut que les Etats coopèrent pour que
les concernés retournent de manière à ce qu’ils soient en sécurité. On
indique également que l’on ne peut pas procéder à des expulsions
collectives lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité. Le langage est ici assez
flexible. Le traitement digne et d’autres font penser à des éléments
conventionnels déjà existants. Au-delà du texte général, il faut examiner
l’attitude de l’Etat lors des discussions qui tendaient à adopter cette
Résolution de l’Assemblée Générale. Il s’agira de voir l’attitude adoptée.
Nous avons deux exemples précis. C’est l’Autriche en premier. Elle a
indiqué qu’elle tenait à rappeler que le pacte est juridiquement non-
contraignant. Elle ajoute que, pour elle, il ne s’agit pas non plus d’une
« opinio juris ». De manière générale, l’Autriche récuse toute possibilité de
faire établir un droit coutumier. L’Autriche s’est d’ailleurs abstenue lors du
vote. L’Autruche a fait une déclaration relative à son abstention qui tend à
préciser qu’elle s’est abstenue pour s’assurer que le pacte ne soit en
aucun cas contraignant à son égard. Nous avons également l’exemple du
Danemark. Il a également pris position sur le pacte de Marrakech. Selon
le Danemark, il n’est juridiquement pas contraignant, ne peut pas être
interprété ou être utilisé pour réinterprété… On ne pourrait donc pas
109
utiliser le pacte comme preuve d’un droit coutumier. Le Danemark ajoute
que le pacte ne pourrait être interprété comme établissant un droit à la
migration. Si jamais il y avait des interprétations allant dans un sens d’un
droit à la migration, ce que le pacte ne fait pas… Mais admettons… SI tel
devait être le cas, le Danemark affirme que ça ne pourra pas être le cas
pour lui.
4. La doctrine et la jurisprudence
Si l’on se tourne vers l’article 38 du Statut (voir plus haut), ce sont des
sources auxiliaires du droit international. En effet, la jurisprudence va
toujours appliquer la coutume ou la doctrine commentera les autres
sources de droit international pour en tirer des conclusions. Ce sera donc
plutôt les enseignements que l’on pourra tirer de la doctrine ou de la
114
jurisprudence qui importeront. Ils seront utilisés comme source en lien
avec l’application des traités ou de la coutume. De prime abord, on
pourrait penser qu’il s’agit de sources subsidiaires. En réalité, il n’en est
rien… Si on est sur une approche assez formaliste, la jurisprudence a
souvent une marge d’interprétation assez large. Elle peut donc faire de
nombreuses déductions et extrapolations que ce qui était prévu au départ.
Tel est par exemple le cas pour le principe de non-refoulement. La place
sera plus ou moins grande selon que l’on est objectiviste ou volontariste.
Dans ce dernier cas, les juges doivent se limiter à interpréter le droit selon
la volonté des Etats, pas d’interprétation trop évolutive, trop
téléologique… On aura tendance à considérer que le rôle du juge est fort
limité. A fortiori, cela s’applique tout autant pour la doctrine. Si l’on se
place dans une perspective objectiviste, le juge a toute sa place pour faire
évoluer le droit international au regard des nécessités de la société. Dés
lors, il peut avoir un rôle important dan l’interprétation du droit. Dans
certaines extrapolations du droit existent, il pourra aller vers un progrès
plus spécialement dans le domaine des droits humains. Nous allons nous
intéresser au domaine de la migration et aux obligations des Etats dans le
domaine de la migration. On constate alors qu’il existe toute une série de
jurisprudence. Plus particulièrement de la Cour Européenne des Droits de
l’Homme (par son petit nom Cour EDH). A cet égard, on peut mentionner
deux grandes décisions qui ont un apport de ce point de vue. Nous allons
d’abord parler de l’affaire « HIRSSI JAMAA et autres c. Italie » du 23
février 2012. Il s’agissait de personnes migrantes qui se trouvaient sur un
bateau en haute mer. Ils ont été interceptés par des garde-côtes Italiens.
Ils ont ensuite été refoulés vers la Lybie. Ils ont donc dû accoster en Lybie
et finir dans des centres sur le territoire de la Lybie. La Cour a abordé le
principe de non-refoulement. D’une part, selon la Cour, le principe
s’applique même en Haute-Mer et du coup ils sont sous la juridiction de
l’Italie et, d’autre part, ils ne pouvaient pas infliger des traitements
inhumains et dégradants. En effet, en refoulant, ils renvoient vers un pays
ou la situation en la matière est très risquée. Dés lors, selon la Cour,
l’Italie a violé ce principe de refoulement. Il y avait également la violation
de l’interdiction de l’expulsion collective. On voit que le juge européen a
un rôle assez prépondérant. Il n’y a nulle part un principe de non-
refoulement. C’est la combinaison de l’article 2 (droit à la vie) et de
l’article 3 (interdiction de la torture) qui a permis l’extension vers la
violation du principe de non-refoulement. Il y a donc dans le chef de l’Etat
intéressé à savoir l’Italie de ne pas refouler vers un Etat ou la situation
n’est pas certaine, garantie. Il y a une interprétation audacieuse du juge
Européen. Un second arrêt est dans l’affaire « M.K. et autres c. Pologne »
du 23 juillet 2020. Là, on avait un problème de politique de la Pologne qui
empêchait les migrants d’entrer sur son territoire. Les migrants étaient
automatiquement refoulés dés qu’ils arrivaient à la frontière vers d’autres
115
territoires / Etats. Le tout sans même examiner la situation personnelle ou
s’assure qu’il n’y avait pas de risque au refoulement. La Cour a condamné
la Pologne pour sa politique sur pied de l’article 3. Elle a considéré qu’en
les empêchant d’accéder au territoire, il y avait bien application du
principe de non-refoulement. Quand bien même on est juste à la frontière,
il y a le refoulement vers un territoire tiers. Mais il y avait également
violation du protocole n°4 qui interdit les expulsions collectives. Là
également le fait d’avoir une politique générale appliquée à tous les
migrants était considérée comme une expulsion collective. A nouveau, il y
a un rôle important du Juge Européen. La jurisprudence est donc à lier
avec le texte conventionnel. C’est donc désormais bien établit, au sein du
Conseil de l’Europe (47 Etats), que le principe de non-refoulement existe.
L’on peut voir en réalité non pas un « ius ad bellum » c’est-à-dire un droit
à faire la guerre et il faudrait respecter un certain nombre de conditions
pour pouvoir « faire la guerre ». Au contraire, c’est le principe
d’interdiction qui prévaut et à titre exceptionnel il y aurait un « droit ». Ce
principe est énoncé à l’article 2, ¶4 de la Chartes des N.U. (reproduit ci-
dessus) Pour examiner la manière dont ce principe cardinal en droit
international s’applique au conflit au Haut-Karabakh, il faudra distinguer
entre les relations entre l’Azerbaïdjan et « l’entité » sécessionniste du
121
Haut-Karabakh et les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui, dans
une certaine mesure, est intervenue dans ce conflit. Tout d’abord, il faut
relever que le recours à la force est interdit dans son emploi effectif mais
également à la simple menace. Le titulaire pour la « simple menace »
renvoi au manuel. L’article 2, ¶4 énonce qu’il s’agit du recours à la force
dans les relations internationales. Mais de quoi s’agit-il lorsque l’on parle
de l’interdiction du recours à la force dans les relations internationales ? Il
s’agit de dire que ce qui est visé ce sont les relations interétatiques. Dans
toute une série de jurisprudence, il a été confirmé qu’il s’agit bien des
relations interétatiques. Le titulaire renvoi, à cet égard, à l’avis consultatif
de la Cour Internationale de Justice relatif à la déclaration d’indépendance
du Kossovo. Lorsque l’on prend de ce point de vue les relations spécifiques
entre l’Azerbaïdjan et l’entité sécessionniste du Haut-Karabakh, il faut
constater qu’il s’agit d’une situation qui sort du cadre de l’article 2, ¶4.
C’est-à-dire qu’en réalité, l’Azerbaïdjan intervient contre une entité qui
prétend faire sécession mais il intervient sur son propre territoire. De telle
sorte qu’en réalité, on n’entre pas dans le champ de l’interdiction du
recours à la force qui ne s’applique qu’aux relations internationales. On est
plutôt dans le cadre d’un principe de neutralité. Le droit international
l’interdit pas le recours à la force soit de l’Azerbaïdjan à l’encontre de
l’entité sécessionniste soit à l’inverse donc de cette dernière à l’encontre
de l’Azerbaïdjan. Le droit international n’encourage toutefois pas le
recours à la force, il ne l’autorise pas non plus. La situation est réglée par
d’autres règles plus générales du droit international. L’on serait par
exemple sur le champ des droits humains. Il s’agirait notamment du droit
à la vie. Ne pas priver, arbitrairement, quelqu’un de ce droit.
L’intervention de l’Azerbaïdjan et de l’entité sécessionniste n’entrent donc
pas dans le champ d’application de l’article 2, ¶4. De ce point de vue-là, il
faut préciser le statut du Haut-Karabakh. Dans un processus qui s’est
étalé entre 1991 et 1992, cette entité a déclaré son indépendance. Mais
celle-ci n’a été reconnue par aucun Etat. La communauté internationale ne
considère donc pas cette entité comme un Etat. Ce qui a pour effet que
cela ne change rien quant à l’application de l’article 2, ¶4. Il s’agit donc
bien d’un conflit interne. Il faut également préciser que l’Azerbaïdjan a été
reconnu, dans l’intégralité de ses frontières, en ce compris le Haut-
Karabakh, par la déclaration d’Alma-Ata du 21 décembre 1991. Cette
déclaration a été adoptée par toute une série d’Etats de l’ancienne
U.R.S.S. Lorsqu’ils ont déclarés leurs indépendances, ils ont adoptés cette
déclaration. Ils reconnaissaient mutuellement leurs frontières respectives.
L’on retrouve dans cette déclaration, d’une part, l’Azerbaïdjan et, d’autre
part, l’Arménie ce qui voudrait dire que ce dernier Etat a reconnu, en
décembre 1991, les frontières de l’Azerbaïdjan dont la province du Haut-
Karabakh. Ceci permet aussi de conclure qu’il s’agit bien d’une situation,
d’un conflit interne et qu’il ne peut donc être fait référence à l’article 2, ¶4
122
de la Charte des Nations-Unies. Si l’on se tourne vers les relations entre
l’Azerbaïdjan et l’Arménie, il y a bien deux Etats et l’on est donc dans le
cadre des relations interétatiques et partant, l’article 2, ¶4 s’applique
bien… Il y a donc, dans ce cas, une interdiction a recours à la force. Pour
bien comprendre la situation, il ne suffit pas de se borner au
déclenchement des hostilités qui a eu lieu en septembre 2020… Il faut
remonter à l’origine du conflit c’est-à-dire au début des années 1990. Il
faut constater que l’Arménie est intervenue dans un confit interne à
l’Azerbaïdjan. L’Arménie s’est donc immiscée dans un conflit interne et a
eu recours à la force dans ce cadre. Mais l’Arménie peut-elle se prévaloir
d’un certain nombre d’exceptions ? Des interprétations de l’article 2, ¶4
renvoie soit à ne conception réaliste ou idéaliste. Par rapport à ces motifs
qui justifieraient le recours à la force, que l’on se place en 2020 ou en
±1990, on doit savoir si l’Arménie n’a pas été invitée à intervenir.
L’Azerbaïdjan n’a jamais invité l’Arménie à intervenir militairement sur son
territoire. L’on peut donc d’amblée exclure cette possibilité. Mais il y
aurait-il eu une invitation du Haut-Karabakh ? Il voudrait faire sécession
et nonobstant sa déclaration d’indépendance, il n’est pas un Etat donc on
ne peut pas considérer qu’une potentielle « invitation » puisse être
constitutive d’une invitation régulière à intervenir puisqu’il ne s’agit pas
d’un Etat. On peut renvoyer en terme de principes à un attendu qui se
trouve dans l’arrêt « Nicaragua c. USA » de 1986 dans le cadre des
interventions militaires. La Cour rejette l’hypothèse par laquelle les USA
auraient été invités soit par le gouvernement en place soit par l’opposition
à intervenir. La Cour indique que « l’on voit mal ce qu’il resterait du
principe de non-intervention en droit international si l’intervention pouvait
être justifiée par un gouvernement et demandée par l’opposition de celui-
ci »… Rappelons, pour tout que de besoin, que le Nicaragua refusait
précisément cette intervention malgré que les Etats-Unis soutenaient des
« rebelles ». Si l’on transpose ceci au Haut-Karabakh, les forces
sécessionistes ne sont pas habilitées à faire une demande d’intervention
de la part de l’Arménie et de surcroit de manière militaire. Il faut donc
exclure cette possibilité de demander à l’Arménie d’intervenir. On a une
seconde possibilité qui est admise en matière de non-intervention et de
recours à la force. Elle fait référence au pouvoir du Conseil de Sécurité
d’autoriser le recours à la force. Ce pouvoir peut se déduire d’un certain
nombre de dispositions de la Charte et plus particulièrement du chapitre
VII de ladite Charte. Mais cette possibilité a surtout été consacrée par la
pratique. C’est surtout au début des années 1990 que ça a commencé
avec des autorisations dans le cadre de l’Iraq, de la Bosnie-Herzégovine,
Haïti, au Rwanda, en Somalie, ou encore en Côté d’Ivoire. Dans toute une
série de situations à savoir celles précitées, certains Etats ont, par le biais
d’un Résolution du Conseil de Sécurité, été autorisées à intervenir dans les
Etats précités. Il s’agissait bien souvent de regroupements d’Etats tel que
123
l’OTAN, par exemple. Là on sait que par rapport à cette possibilité
d’intervention, il y a toute une série de controverses. Même si les
Résolutions ne sont pas claires, certaines personnes disent qu’il faudrait
les interpréter dans le sens où il y aurait une autorisation, ne fusse
qu’implicite, que pour intervenir. Ce qu’i faut constater à cet égard c’est
qu’aucune Résolution n’a été formulée dans ce sens d’une quelconque
manière qu’il soit. Par contre, on trouve, au début des années 1990, une
série de Résolutions qui vont dans le sens de la condamnation de
l’intervention Arménienne. Si l’on prend par exemple la Résolution n°853,
on constate que le Conseil rappelle le principe d’intégralité territoriale et la
Souveraineté de l’Azerbaïdjan. Elle a également rappelé le principe
d’inviolabilité des frontières internationales ainsi que l’interdiction de
recourir à la force que pour acquérir des territoires. Cela vise
principalement l’intervention Arménienne. Il y a également une référence
aux forces d’occupations et à ce sujet une demande de retrait notamment
des forces rebelles mais aussi des forces Arméniennes. En aucune
manière, on ne peut interpréter cette Résolution comme conférant une
autorisation. L’on pourrait envisager un troisième motif que pour
« justifier » le recours à la force de l’Arménie. Ce serait la possibilité d’un
droit d’ingérence humanitaire. Il y a toute une série de discussions à ce
sujet, c’est au travers de la coutume que ça se discute… Il n’y aurait à
priori pas de principe coutumier qui autoriserait ceci à savoir l’ingérence
humanitaire. ON constate qu’il y a toute une série de références de la part
de l’Arménie qui consiste à dire qu’ils vont aider la population du Haut-
Karabakh. L’Arménie fait allusion à des interventions humanitaires à la
suite de la reprise des combats. Il n’y a pas de motivation fondée sur
l’article 2, ¶4 de la Charte. Il y a des considérations d’ordre « politique »
mais pas juridique… L’argument de l’Arménie est difficilement admissible à
ce sujet. Cela ne veut pas dire que les éventuelles persécutions vécues
par la population Arménienne n’est réglée par aucune règle de droit
international et que du coup la communauté internationale devrait rester
les bras croisés. Dans le document « final » faisant suite au sommet de
2005, les Nations-Unies ont affirmées la responsabilité de protéger. Il y a
un régime juridique à ce sujet. L’Azerbaïdjan doit protéger les droits
humanitaires des populations qui se trouvent sur son territoire notamment
les « populations » / « ethnies » Arméniennes qui s’y trouveraient. L’on
peut donc engager, à ce titre, la responsabilité de l’Azerbaïdjan. De
manière plus globale, il y a une responsabilité de la Communauté
internationale. Sur ce point, le Conseil de Sécurité n’a pas encore très actif
à ce sujet. Tout au plus, a-t-il fait une « sorte de communiqué de
presse ». L’OSCE a été en charge de mener des négociations pour obtenir
un règlement pacifique puis il y a eu également l’intervention de la Russie
pour obtenir un cessé le feu ; Tel fut le cas en octobre 2020 et novembre
2020. La protection des populations civiles justifierait difficilement une
124
intervention militaire.
2. Légitime défense ?
Pour que l’on puisse parler d’un ordre juridique, il faut qu’il y ait une
responsabilité. En effet, sans régime de responsabilité, on peut douter de
l’existence de la portée normative des règles établies dans « l’ordre ».
L’on verra qu’il y a une tension entre une tendance plus idéaliste de ce
régime. Dans cette perspective, la mise en œuvre est inhérente à l’ordre
juridique. Il y aura donc lieu, dans ce cas, de maximaliser la
responsabilité. De manière systématique, il faudra pouvoir engager la
responsabilité d’un Etat ou potentiellement d’une organisation
internationale. Dans une perspective plus réalise, la responsabilité sera
soumise à une série d’éléments plus aléatoires soumis aux rapports
politiques, de force. Dans cette perspective, il y aura lieu de renvoyer à la
souveraineté des Etats et organisations. Il faudra ne pas trop facilement
imputer des actes à un Etat dans cette tendance « réaliste ». Dans
l’édiction des règles de responsabilité, on verra qu’il y aura cette tension…
Les principes en matière de responsabilité sont édictés par la Commission
133
du droit international. Ils ont été endossés par l’Assemblée Générale par le
biais d’une Résolution et ce, toujours en 2001. On considère qu’il y a eu
une codification de la responsabilité. En effet, il y avait un droit coutumier
qui a été « codifié ». Il faut analyser, comme pour tous les travaux de la
commission du droit international, article par article pour voir ce qu’il en
ressort et y détecter l’éventuelle « opinio iuris » des Etats. On considère
de manière générale que les articles de la Commission reflète l’Etat du
droit coutumier. Comme on le verra, la Commission a également établi,
dix ans plus tard à savoir en 2011, des articles relatifs à la responsabilité
des organisations internationales mais la pratique à ce sujet est beaucoup
moins « abondante ».
Ce massacre a été perpétré par les forces Serbes en Bosnie en juillet 1995
et aurait fait environ 8000 victimes. Il soulève beaucoup de questions en
matière de responsabilité internationale. Cela nous permettra d’analyser
notamment les questions d’imputabilité. Il ne s’agissait pas de forces
Etatiques mais de forces sécessionnistes. Est-ce du coup imputable à
l’Etat ? Cela pose également des questions de coexistence de
responsabilités. En effet, l’ONU était chargé du maintien de la sécurité sur
place… Cela pose aussi la question du mode de réaction des Etats face à
de telles violations du droit international. Comment mettre fin à la
violation du droit international ou obtenir une certaine forme de
réparation ?
Dés lors, il n’y avait aucun moyen d’imputer à la Serbie le massacre. Mais
aurait-on pu « détourner » la chose ? On aurait peut-être pu invoquer
l’obligation de vigilance ? C’est le principe de vigilance due… Il y aurait
peut-être un palliatif. Il y a peut-être un substitut lorsque l’on ne peut pas
imputer soit directement soit indirectement. Ce serait le cas si les entités
auraient agit à partir du territoire de l’Etat ou s’il y avait des liens
particuliers entre l’Etat et le groupe visé. En l’occurrence, la Cour s’est
penchée sur cette question. Elle s’est appuyée sur la convention sur le
génocide. La convention prévoit une obligation de prévention par rapport
aux actes de génocide. L’article 1er de la convention prévoit le devoir de
prévention. La Cour a pu examiner dans quelle mesure l’Etat avait rempli
ou non son obligation. En prenant en considération le pouvoir d’influence
particulier que l’Etat Serbe avait en raison de ses liens avec le groupe
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sécessionniste et plus particulièrement avec l’aide financière et militaire,
on pouvait considérer qu’il y avait un lien. AU regard de cette influence, il
y avait donc possibilité d’avoir un impact sur le comportement de la
République sécessioniste. La Serbie avait une obligation de moyens à cet
égard. Mais la Serbie avait-elle assez d’éléments en sa possession que
pour déterminer s’il y aurait un risque de massacre ? La Cour a considéré
que l’attention de la communauté internationale avait été portée sur ce
« cas » déjà depuis un certain temps… Par ailleurs, la Serbie savait que la
république sécessionniste allait mener une action particulière dans le
cadre de Srebrenica. Elle avait des contacts étroits par rapport à cela. Elle
ne savait pas qu’il y avait une intention spécifique de commettre un
génocide en tant que tel. Mais elle savait qu’il y aurait une action militaire
et un risque certain de massacre. La Cour a donc considéré que l’Etat de
Serbie n’avait pas fait ce qui était en son pouvoir pour faire des
avertissements plus pressants que pour éviter le génocide. Dés lors, la
Cour considère que la Serbie a manqué à son devoir de prévention en ne
mettant pas tout en œuvre que pour éviter. Elle avait un large pouvoir
d’influence et aurait donc pu influencer pour éviter ce qu’elle n’a pas fait.
Le Tribunal Pénal International pour l’Ex-Yougoslavie a également mis en
avant que la Serbie ne mettant pas tout en œuvre que pour faire traduire
des gens…
On constate donc que l’on a encore une fois de plus la tension entre
tendance réaliste et idéaliste. En effet, on voit la tendance réaliste avec un
seuil de preuve très exigent par rapport aux actes posés par ces
personnes privées. Les critères de la commission du droit international
sont très restrictifs. L’on voit la faculté de garde la souveraineté de l’Etat
dans ce cas. Il faut des liens très forts. L’Etat n’aura sa responsabilité
engagée soit que quand ce sera un organe de l’Etat soit s’il y a des
éléments très strictes qui permettent de relier l’Etat à l’entité privée. La
tendance idéaliste resurgit par cette possibilité « pragmatique » par le
biais de la vigilance due. L’on considèrera là que l’Etat n’a pas mis tout en
œuvre pour réprimer des actes commis par des entités privées qui
agissent sur le territoire de l’Etat ou qui ont des relations très privilégiées
avec l’Eta concerné.
Sur ce point, nous irons très rapidement… Il n’y avait en l’occurrence pas
beaucoup de possibilités d’exclure l’illicéité. La Serbie accès sa défense sur
le fait que les actes ne lui étaient pas attribuables. Elle ne mettait pas en
140
cause l’illicéité des actes. Elle n’invoquait pas non plus des circonstances.
Ces circonstances se retrouvent dans les articles de la Commission du
droit international. Si elles devaient être interprétées, ce serait de manière
réaliste. Les Etats pourraient assez facilement échapper à leurs
responsabilités en invoquant des circonstances. Toutefois, souvent c’est
invoqué de manière restrictive donc idéaliste. Le consentement de l’Etat
victime n’était pas pertinent ni plus que la légitime défense ou encore les
contres mesures ou la force majeure. Il faut spécialement souligner que le
principe qui s’applique de manière générale est toujours soumise au
respect des normes impératives. En d’autres termes, l’invocation de ces
circonstances ne permet pas d’échapper à une norme de droit
international. Tel est le cas pour l’interdiction du génocide. Il est donc
difficilement concevable d’invoquer les contres mesures pour échapper à
l’interdiction du génocide… (par exemple) Pour le génocide, aucune
circonstance ne permet de le justifier.
Sur le fait de savoir dans quelle mesure les Etats tiers doivent agir, il y a
une tendance plus idéaliste. Les articles de la commission ont fait une
distinction entre deux catégories d’Etats. Il y aura d’abord l’Etat lésé et
puis les Etats autres. D’abord, il y a par exemple les traités bilatéraux en
matière de commerce ; Si l’un des Etats ne respecte pas ses obligations
relevant du traité, l’Etat en question pourra mettre en œuvre la
responsabilité. Ensuite, il y a les autres Etats. Dans ce cas, ils pourront
réagir et mettre en cause la responsabilité lorsque sont concernés des
obligations « erga omnes ». Cela veut dire que ça renverra à des
obligations de droit international. Les obligations « erga omnes » et
impératives sont corolaires mais ce ne sont pas deux notions identiques…
S’il y a une violation fondamentale du droit international à titre « erga
omnes », dans ce cas, tout Etat pourra mettre en œuvre la responsabilité.
Dans l’affaire « Hissène Habré – Belgique c. Sénégal », la Cour s’est
penchée sur cette question. Le problème c’est que le Sénégal n’avait ni
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jugé ni extradé cet homme. La Belgique a invoqué la convention contre la
torture. La Cour avait effectivement un intérêt à agir. La Belgique est Etat
partie à la convention et il s’agissait d’obligations « erga omnes » dés lors
la partie avait intérêt. Dans le cas des massacres de Srebrenica, on trouve
aussi cette dichotomie entre les Etats lésés et qui peuvent agir. La Bosnie
a intenté une requête contre le Serbie devant la CIJ. La Croatie a eu la
même démarche en intentant elle-même une action. La Cour dans le cas
de la Croatie s’est déclarée incompétente. Encore fallait-il avoir une base
de compétence mais il s’agira de voir cela dans le dernier chapitre… Mais il
y a aussi la possibilité que des Etats non-lésés puissent agir. On n’a pas
d’exemple dans le cadre du massacre de Srebrenica. Mais on pourrait se
tourner vers un cas d’actualité… Il s’agit de la requête introduite par la
Gambie à l’encontre de la Birmanie. Il y a des soucis de génocide. Les
actes peuvent être assimilés, selon la Gambie, à des actes de génocide.
L’affaire est en cours (voir lien ci-dessus) mais cela montre que des Etats
non-concernés peuvent valablement, dans ces cas, introduire une
instance. Il suffit de se prévaloir d’Etat partie à la convention et du
caractère « erga omnes » des obligations. On voit que l’on a à l’œuvre une
mise en œuvre idéaliste. L’Etat pour faire respecter des normes tout à fait
fondamentales prendre des initiatives.
C’est en 1948 que l’Etat d’Israël a été créé. Mais c’est à la même date
qu’à été prise la convention universelle des droits de l’Homme. A partir de
mai 1948, des populations ont été « contraintes » à l’exode.
Une page Wikipédia relate ce qui serait l’histoire d’Israël mais ce sujet est
si sensible que le lecteur est renvoyé à son libre examen et sa critique…
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d%27Isra%C3%ABl
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(Pour des raisons de mise-en-page, les deux drapeaux n’ont pas pu être mis sur la même ligne…
Désolé…)
Mais quels sont ces modes ? Le plus traditionnel et le plus ancien est
l’arbitrage. Il s’agit de conclure, entre les Etats parties, un compromis
d’arbitrage qui va établir un tribunal arbitral. Cela laisse une large
autonomie aux Etats. En effet, ils pourront déterminer la procédure à
suivre, l’identité des arbitres dans une certaine mesure. Généralement, à
ce sujet, chaque Etat nommera un arbitre et un troisième arbitre sera
désigné. Les Etats pourront s’entendre sur les délimitations du droit
applicable. C’est donc un mécanisme très spécifique qui permet donc aux
Etats une très large autonome. Il est surtout apparu et a été utilisé
fortement au XIXème et au début du XXème siècle. Toutefois, il existe
encore beaucoup de procédures dans certains domaines comme celui du
commerce international ou de la protection internationale des
investissements. Avant d’introduire une requête, on aura tendance à
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utiliser l’arbitrage. Dans le cadre du conflit en Israël et Palestine, on aura
un exemple. Il s’agit de la problématique avec l’Egypte. Dans le cadre du
conflit des six jours, après la guerre du Kippour, un traité a été conclu. Le
Sinaï devant être rendu à l’Egypte moyennant une série de garanties de
sécurité et il fallait également établir de manière très précise sur le terrain
la frontière entre Israël et l’Egypte. La délimitation de la frontière
internationale devait se faire à travers un balisage. Sur une certaine zone,
il n’a pas pu y avoir d’accord. Pour y arriver, ils ont mis en œuvre un
arbitrage qui était prévu à l’article 7 du traité de paix entre Israël et
l’Egypte. Il y avait donc une clause d’arbitrage. Le tribunal s’est prononcé
sur la délimitation exacte des frontières.