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STRUCTURE MOLÉCULAIRE ET MORPHOLOGIE DES POLYMÈRES _________________________________________________________________________________
1. Matériaux organiques :
caractères généraux
Il est important de connaître les raisons qui sont à l’origine des
propriétés mécaniques particulières dont font preuve les polymères,
notamment lorsqu’on les compare avec celles des molécules orga-
niques simples.
Pour cela, on est amené à considérer la nature macromoléculaire
de ces composés, c’est-à-dire le fait qu’un même ensemble molé-
culaire rassemble un grand nombre de motifs constitutifs répétitifs,
appelés unités monomères. Alors que les molécules organiques
simples sont généralement constituées de quelques dizaines
d’atomes – comme le sont aussi les unités monomères –, les poly-
mères sont des macromolécules qui en comptent un très grand
nombre (depuis quelques milliers jusqu’à l’infini). La cohésion de
tels assemblages est due à l’existence de liaisons covalentes qui
assurent un lien fortement énergétique entre les atomes constitutifs
de la macromolécule, ainsi qu’aux interactions de plus faible éner-
gie qui s’établissent entre les différentes chaînes polymères formant
un échantillon donné.
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Les interactions moléculaires sont des forces qui interviennent δ + et δ – sont les fractions de charge élémentaire portées par
entre les groupements moléculaires constitutifs de toute molécule, chacun des atomes du dipôle.
indépendamment de sa masse molaire. Ces forces sont de faible L’énergie correspondant à la rupture de ces interactions varie de
intensité, mais, dans le cas des composés macromoléculaires, elles 8 à 15 kJ/mol.
se répètent autant de fois qu’il existe de motifs constitutifs de la
macromolécule. Ainsi, l’énergie correspondant à la rupture de la ■ Forces de Debye
totalité des forces qui lient deux chaînes macromoléculaires peut Elles sont dues à l’interaction d’un dipôle permanent, porté par un
atteindre des valeurs très supérieures à celles de l’énergie d’une groupement moléculaire, avec le dipôle qu’il induit sur un groupe-
liaison covalente (§ 1.1). ment voisin. Ces interactions, qui nécessitent la présence de groupe-
ments polaires, sont aussi appelées forces d’induction. Leur intensité
dépend du moment dipolaire du groupement inducteur, de la polari-
sabilité du groupement induit et de la distance interdipolaire.
L’énergie correspondant à ces interactions varie de 4 à 8 kJ/mol.
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D’après [10].
Si l’on admet que la cohésion molaire est une fonction molaire centre actif porté par la chaîne polymère en cours de croissance. Il
additive, il doit être possible de prévoir sa valeur pour un poly- en résulte deux structures possibles pour le nouveau centre actif
mère dont on connaît la structure. Les avis sont partagés en ce formé, ce qui correspond à quatre isomères différents pour la
qui concerne non seulement la nature de la grandeur additive séquence formée de deux motifs successifs :
[énergie cohésive molaire E ou constante molaire d’attraction — enchaînement tête à queue :
F = (E V 25 )1/2], mais aussi son mode de calcul ; l’exemple cité pré-
cédemment considère des valeurs moyennes.
Le tableau 1 donne les valeurs moyennes des énergies cohési-
ves molaires mesurées et calculées pour quelques polymères — enchaînement queue à queue :
importants.
2.1.1 Homopolymères
L’enchaînement de type tête à queue est, le plus souvent, éner-
Ils résultent de la polymérisation d’un seul type de monomère. gétiquement favorisé au cours de la réaction de polymérisation ; il
correspond à la formation d’un polymère dit régulier. Néanmoins,
Pour décrire les différents types d’enchaînements des unités et tout particulièrement pour les polymères autres que vinyliques,
monomères, on considère l’exemple des polymères vinyliques de l’importance des irrégularités d’enchaînements ne doit pas être
formule générale : négligée.
2.1.2 Copolymères
où A est un groupement variant d’un polymère vinylique à On appelle copolymère un composé macromoléculaire résultant
l’autre. de la polymérisation de deux monomères A et B, appelés comono-
mères. Selon la disposition relative des motifs A et B, on distingue :
Les réactions de polymérisation qui conduisent à de telles struc-
tures procèdent par addition, sur une molécule monomère, d’un
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— les copolymères statistiques : L’atome de carbone (1) porte deux atomes d’hydrogène et le
— AABABBAAABA —
pour lesquels on obtient une répartition aléatoire des motifs A et
B le long de la chaîne. La structure de ces copolymères est déter- groupement présente donc un plan de symétrie.
minée par la composition initiale du mélange de monomères et par
les valeurs des rapports de réactivité du couple de monomères
considérés (cf. article Polymérisation [A 3 040]) ;
— les copolymères alternés : Par contre, l’atome de carbone (2) porte quatre substituants de
nature différente et ne possède, de ce fait, aucun élément de
— ABABAB — soit — (AB)n — symétrie ; il est dit asymétrique. Selon la disposition relative de ces
quatre substituants, la configuration absolue du carbone (2) est du
qui présentent une alternance régulière des motifs A et B ;
type [R] ou du type [S].
— les copolymères à blocs :
Si, au lieu d’isoler un motif unique, nous considérons une succes-
sion d’unités monomères, les atomes de carbone asymétriques
(dans ce cas, carbones tertiaires successifs pourront
correspondant à l’alternance de blocs de polymères à motifs A et
de polymères à motifs B ; être de configuration absolue [R] ou de configuration absolue [S].
— les copolymères greffés : Dans la plupart des cas, une même chaîne contient autant de
motifs [R] que de motifs [S] répartis de façon aléatoire.
Mais certaines polymérisations appelées stéréospécifiques
conduisent à une régularité configurationnelle des motifs : les
polymères correspondants sont appelés stéréoréguliers. Cette pos-
sibilité de régularité configurationnelle des macromolécules est
appelée tacticité.
On distingue :
■ les enchaînements isotactiques, pour lesquels tous les atomes de
carbones asymétriques d’une même chaîne possèdent la même
configuration :
correspondant à la fixation de greffons de polymère à motifs B sur soit — [R] [R] [R] [R] [R] —
un tronc de polymère à motifs A. soit — [S] [S] [S] [S] [S] —
Les propriétés caractéristiques des copolymères sont détermi- Exemple : polypropylène isotactique :
nées par la nature des comonomères et leur proportion relative,
mais aussi par la fréquence des alternances — AB — le long de la
chaîne. Pour une même composition moléculaire, la structure d’un
copolymère peut varier, de manière continue, du copolymère
alterné au copolymère à blocs.
2.2.1 Tacticité simple des chaînes saturées ■ les enchaînements syndiotactiques, pour lesquels les atomes de
carbone asymétriques successifs sont régulièrement de configu-
Considérons le motif unitaire d’un polymère vinylique : ration absolue opposée :
soit — [R] [S] [R] [S] [R] [S] —
exemple : poly(chlorure de vinyle) syndiotactique :
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le montre, par exemple, la disposition alternée des substituants du Si, à présent, on considère le cas où X est le groupement :
poly(oxyde de propylène) isotactique :
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Comme on peut le voir sur la figure 5 chacune de ces triades Considérons la molécule de n-butane
correspond à un environnement magnétique de A différent, donc
à un signal différent dont on peut mesurer l’intensité. L’accroisse- CH 3 — CH 2 — CH 2 — CH 3
ment de la sensibilité des appareils permet d’atteindre les différen- (1) (2) (3) (4)
tes structures de tétrades, pentades et hexades..., conduisant ainsi
à une meilleure connaissance de la configuration des enchaîne- dans laquelle les liaisons C — C sont du type σ et permettent donc
ments. la libre rotation des différents groupements. Si nous considérons
plus particulièrement la rotation autour de la liaison C — C , nous
2.2.3 Stéréorégularité éthylénique (2) (3)
et isomérie configurationnelle constatons que les deux liaisons C — C et C — C peuvent
(1) (2) (3) (4)
Certaines polymérisations, comme celle des diènes conjugués, [le prendre toutes les orientations l’une par rapport à l’autre, mais avec
butadiène-1,4 en particulier] peuvent une probabilité variable. En effet, le niveau énergétique de chaque
donner lieu au maintien de doubles liaisons dans le squelette molécule dépend des interactions qui se manifestent entre groupe-
macromoléculaire. ments constitutifs et l’on peut représenter (figure 6) la variation de
Exemple : polybutadiène polymérisé en 1-4 l’énergie potentielle E de la molécule de n-butane en fonction de
l’angle ρ que font entre elles les projections des liaisons C — C
(1) (2)
et C — C dans le plan perpendiculaire à C — C .
La rigidité des groupements éthyléniques fixe
l’orientation relative de leurs deux substituants macromoléculaires qui (3) (4) (2) (3)
peuvent être : La probabilité d’existence des molécules dans une conformation
donnée peut être connue à partir de la relation de Boltzmann qui
donne le nombre N i de molécules dans l’état énergétique E i , en
— soit en positions cis : fonction du nombre N 0 de molécules dans l’état énergétique E 0 :
N E i – E 0
--------i = exp – ------------------
-
N0 RT
— soit en position trans :
Il en résulte qu’un grand nombre de molécules sont dans la
conformation pour laquelle ρ = π (rad), laquelle est appelée confor-
Lorsqu’il y a répétition régulière de l’un ou de l’autre type de struc- mation anti ou trans représentée ci-après :
ture, il y a régularité configurationnelle, donc polymère stéréorégulier.
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rentes. Aux températures inférieures à la température de transition complexe et fait intervenir le second coefficient du viriel qui permet
vitreuse, ces chaînes sont figées dans un état amorphe qui, comme de tenir compte des interactions moléculaires.
l’état liquide, ne peut être décrit que par des grandeurs moyennes. La dimension d’une pelote statistique peut aussi être définie par
On peut prévoir la conformation moyenne de tels systèmes en assi- son rayon de giration s, qui est le rayon de la sphère creuse, de
milant la chaîne macromoléculaire à des modèles dont la sophisti- densité superficielle uniforme, possédant le même moment d’inertie
cation permet d’approcher la réalité. que la pelote statistique ; le moment d’inertie I de la chaîne est donc
Exemple : considérons le cas simple d’une chaîne aliphatique, égal à ms 2, m étant la masse réelle de la chaîne.
celle du polyéthylène — (CH2 — CH2 —)n. Comme pour l’écart r, on préfère utiliser la moyenne quadratique
Si nous fixons la position de deux atomes de carbone successifs,
C et C du rayon de giration s 2 . Si ρ i est la distance qui sépare le centre
C
(1) ( 2 ) , le troisième atome de carbone ( 3 ) , dans l’état d’hybrida- 2
de gravité de chacun de ses atomes i, s peut être défini par :
tion sp 3 (§ 1.1.1), va se trouver sur un cône dont la génératrice a une i=N
longueur de 0,154 nm et l’angle au sommet sera de 141o 04’ repré- 2 1
senté ci-dessous :
s = -----
N ∑ ρ i2
i=1
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■ Le polytétrafluoroéthylène (PTFE) — (CF2 — CF2 —)n présente ■ Les polymères vinyliques -substitués de configuration
une structure chimique voisine de celle du polyéthylène car chaque syndiotactique :
atome de carbone porte deux substituants identiques. Cependant, le
diamètre de la sphère d’encombrement des atomes de fluor de deux poly(butadiène-1,2) (figure 7), poly(chlorure de vinyle)...
motifs successifs (d F = 0,270 nm) est supérieur à la distance des présentent une période de reproduction le long de l’axe de la
centres des atomes de carbone dans le cas d’une conformation en chaîne (appelée période de fibre) caractéristique d’une structure
zigzag planaire. Il en résulte une tendance au gauchissement qui se proche du zigzag planaire et voisine de 0,515 nm. En réalité, ces
traduit par une faible hélicité de la chaîne dont on peut représenter polymères adoptent une structure hélicoïdale très aplatie corres-
la conformation hélicoïdale de la façon suivante [1] (en blanc : les pondant à deux motifs par tour d’hélice.
atomes de carbone, en grisé : les atomes de fluor) :
■ Les polyoléfines -substituées de configuration isotactique sont
des systèmes totalement différents car la rotation autour des liaisons
σ est asymétriquement perturbée. Le minimum d’énergie potentielle
de tels systèmes correspond à une succession de séquences formées
par quatre atomes de carbone successifs, en conformation trans puis
gauche soit : TGTGTG... (la différence entre positions trans et gauche
est visible sur la figure 8.
On aboutit ainsi à des conformations hélicoïdales dont le nombre
Le pas de l’hélice est de 1,68 nm, ce qui correspond à 13 grou-
de motifs unitaires par tour d’hélice dépend de l’encombrement sté-
pements — CF2 — par tour. On peut aussi invoquer, pour expliquer
rique du substituant. Ce nombre est entier ou fractionnaire simple
la formation de l’hélice de PTFE, les répulsions dipolaires entre
afin d’autoriser le développement maximal des interactions. Pour
groupements :
les substituants peu volumineux, il y a trois motifs pour un tour
d’hélice (hélice 31 ) et les substituants plus volumineux conduisent
à des hélices 72 , 113 , 41 , etc.
La figure 9 et le tableau n donnent des exemples de telles
conformations.
Le PTFE possède donc une chaîne de grande rigidité dont l’entro- Des conformations hélicoïdales légèrement différentes peuvent
pie de fusion est particulièrement faible, ce qui correspond à une être rencontrées pour des polyoléfines α-substituées de configura-
température de fusion relativement élevée (327 oC). tion syndiotactique. C’est le cas pour le polypropylène syndiotac-
Il n’existe pas d’autre macromolécule présentant une symétrie tique qui présente une succession (—trans-trans-gauche-gauch—)
aussi élevée que celles du PE et du PTFE. Le volume de l’atome de des motifs. Malgré la symétrie de sa formule, le poly(oxyéthylène)
chlore est trop grand pour que la molécule de polytétrachloro- — (CH2 — CH2 — O —)n présente aussi une structure hélicoïdale
éthylène puisse exister. correspondant à sept motifs unitaires par deux tours d’hélice (72).
Il existe néanmoins d’autres macromolécules dont la rotation Le même comportement se retrouve avec les autres polyéthers
autour des liaisons σ est symétriquement perturbée. C’est le cas ou polyacétals — [(CH2)p O —]n ; les interactions intramoléculaires
des polyamides aliphatiques, tel le polyamide 6, qui adoptent pour entre dipôles — C δ + — Oδ – — favorisent le ramassement de la
les structures régulières une conformation en zigzag planaire : chaîne et induisent l’hélicité.
(0)
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Figure 8 – Positions trans et gauche des atomes de carbone dans un polymère vinylique isotactique (d’après [3])
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Figure 11 – Cristallites de type micelles frangées, caractéristiques Figure 13 – Sphérolites de poly(oxypropylène) isotactique
des polymères semi-cristallins à faible taux de cristallinité (cliché de J.-C. Wittmann, Institut Charles Sadron)
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avec d distance interréticulaire, ■ positionnement des atomes constitutifs d’un motif unitaire.
C’est là l’opération la plus délicate car elle nécessite la mesure de
θ complément de l’angle d’incidence du faisceau de l’intensité diffractée par chaque famille de plans réticulaires. L’inten-
longueur d’onde λ, sité, par l’intermédiaire du facteur de structure de chaque famille de
n nombre entier, plans réticulaires, permet d’accéder à la densité électronique des
donnent lieu au phénomène de diffraction. Les cristallites étant éléments diffractants.
orientées au hasard autour de l’axe de la fibre, il n’est pas utile de L’exploitation du cliché de fibre du poly(oxyéthylène) a ainsi per-
faire tourner celle-ci, comme dans la méthode du cristal tournant, mis d’établir que ce polymère cristallise selon une maille monocli-
pour que toutes les familles de plans réticulaires présentent toutes nique dont les paramètres sont :
les orientations par rapport au faisceau incident. On obtient des a = 0,816 nm ; b = 1,30 nm ; c (période de fibre) = 1,93 nm et
clichés de diffraction qui, au lieu d’être constitués de taches ponc- β = 126 o5’.
tuelles comme avec les monocristaux minéraux, laissent apparaître
l’imperfection de l’orientation des cristallites par rapport à l’axe de Pour le polyéthylène, la maille unitaire est orthorhombique avec
fibre, ainsi que l’imperfection de constitution des cristallites des paramètres : a = 0,75 nm ; b = 0,493 nm ; c = 0,253 nm.
elles-mêmes. La figure 16 représente le cliché de fibre du polypro- Pour l’étude des structures lamellaires telles que les monocris-
pylène isotactique. Les différentes opérations qui permettent taux – deuxième niveau de l’organisation cristalline –, c’est la
d’accéder à la structure conformationnelle sont les suivantes : microscopie électronique qui s’est révélée la méthode la mieux
adaptée. L’épaisseur et les dimensions latérales des lamelles ainsi
■ détermination des paramètres de la maille cristalline (mesure des que la topographie de leur surface peuvent, en effet, être détermi-
distances réticulaires, puis détermination des indices de Miller et du nées par cette technique.
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■ Cette méthode est fondée sur l’additivité des volumes des pha-
ses cristalline et amorphe :
V = Vc + Va
On en déduit la relation entre les volumes massiques (exprimés
en valeurs moyennes) :
V = X m Vc + ( 1 – X m ) Va
V = X m1 V 1c + X m2 V 2c + ( 1 – X m1 – X m2 ) V a
■ Certains auteurs préconisent l’additivité des masses des phases La mesure du volume massique V de l’échantillon est faite par
cristalline et amorphe : les méthodes classiques (pycnomètre, colonne à gradient de den-
M = Mc + Ma sité, etc.). Les valeurs de V a et V c sont plus difficiles à obtenir car
on ne dispose généralement pas d’échantillons parfaitement cris-
la relation entre les masses volumiques des différentes phases
tallins ou parfaitement amorphes.
s’écrit alors :
ρ = X v ρ c + (1 – X v ) ρa V a , à la température T, peut être évalué par extrapolation des
valeurs obtenues au-delà de la température de fusion T f
où X v est le taux de cristallinité volumique : (figure 18).
V c peut être obtenu à partir des données de la cristallographie ;
ρ – ρa en effet, les dimensions de la maille cristalline sont connues avec
X v = ------------------
ρc – ρa une bonne précision et le nombre d’atomes constitutifs de cette
maille permet le calcul du volume massique théorique d’une phase
on en déduit aisément que : parfaitement cristallisée.
V ρc
X m = ------ X v = ----- X v
Vc ρ 3.5.3 Analyse enthalpique différentielle (AED)
L’un et l’autre de ces taux de cristallinité sont indifféremment C’est la méthode de choix de mise en évidence et de mesure de
employés et ils ne diffèrent que de quelques centièmes. la cristallinité. Le phénomène de fusion est une transformation
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endothermique et peut donc être étudié par les méthodes Si, aux températures T 1 et T 2 correspondent les taux X 1 et X 2 ,
d’analyse thermique. on aura :
L’enthalpie de fusion d’un polymère est la quantité d’énergie T2
S1 – S2 1
nécessaire pour transformer un échantillon partiellement ou tota- X 2 – X 1 = ------------------- = ------ ∆ Cp d T
Sc Sc T1
lement cristallin en un échantillon totalement amorphe. Le thermo-
gramme ∆Cp = f (T ), dans lequel ∆C p représente la différence de Cette technique permet enfin d’obtenir, avec une bonne précision,
capacité thermique de l’échantillon par rapport à une référence ne les températures de fusion T f des composés macromoléculaires.
subissant aucune transition thermique dans le domaine étudié,
présente donc un signal endothermique dont l’aire est proportion-
nelle à l’enthalpie de fusion de l’échantillon. Seules les zones 3.5.4 Spectroscopies infrarouge et RMN
cristallines donnent lieu au phénomène de fusion et l’aire du signal
est donc proportionnelle au taux de cristallinité.
Les différences entre les spectres d’absorption infrarouge éma-
Si l’on appelle : nant d’échantillons à l’état cristallin et à l’état amorphe ont été mises
∆H f* l’enthalpie de fusion expérimentale, à profit pour mesurer le taux de cristallinité. En raison de leur nature
∆H f l’enthalpie de fusion théorique du composé parfaite- symétrique, les domaines cristallins donnent lieu à des spectres
ment cristallin, caractérisés par des bandes fines et beaucoup mieux définies que
celles résultant de la partie amorphe. Dans certains cas, il est même
le taux de cristallinité est donné par la relation X = ∆H f*/ ∆H f possible d’identifier des bandes caractéristiques de chacun des états,
(X généralement exprimé en pour-cent). cristallin et amorphe :
Ce taux de cristallinité peut être volumique, massique (ou — polyéthylène cristallin : 750, 1 050, 1 178, 1 889 cm–1
molaire) selon l’unité choisie pour l’enthalpie de fusion. La diffi- amorphe : 1 300, 1 352, 1 268 cm–1
culté majeure d’une telle méthode réside dans la détermination de — polyamide 6-6 cristallin : 935 cm–1
l’enthalpie de fusion du composé parfaitement cristallin. amorphe : 1 136 cm–1
Deux méthodes sont utilisées : Une mesure absolue du taux de cristallinité est dès lors
— la première consiste à mesurer l’enthalpie de fusion d’un poly- possible [5].
mère fortement cristallin de même structure chimique et dont on Dans certains cas, la RMN (résonance magnétique nucléaire) a été
a, au préalable, mesuré le taux de cristallinité par une autre utilisée pour déterminer le taux de cristallinité dans un échantillon
méthode (rayons X, volumétrie ou autre) ; semi-cristallin. La différence de fréquence des mouvements des
— la seconde méthode utilise des modèles micromoléculaires chaînes, selon qu’elles font partie de zones amorphe ou cristalline,
dont la structure cristalline est analogue à celle du polymère étudié. est à l’origine de l’emploi de cette technique pour l’étude des poly-
Par exemple, l’enthalpie de fusion du polyéthylène peut être prise mères semi-cristallins. Le lecteur est prié de se référer aux ouvrages
égale à celle du n-dotriacontane (C32H66 ), molécule cristallisant dans spécialisés pour obtenir de plus amples détails [6].
le même système que le polyéthylène.
Considérons le thermogramme de la figure 19 sur lequel on
mesure la surface totale du signal (S ). 4. Polymères orientés
La surface S c correspondant à une structure cristalline pure
déterminée par ailleurs, le taux de cristallinité est alors :
X = S / Sc Outre la tendance naturelle qu’éprouvent certaines chaînes régu-
lières à s’organiser en zones cristallines, il est possible de provoquer
L’AED est une méthode rapide et précise (après étalonnage) qui un phénomène de cristallisation par une orientation mécanique des
permet en outre de suivre facilement la variation du taux de chaînes de polymères. Il en est ainsi du caoutchouc qui, déformé à
cristallinité en fonction de la température. 0 oC, présente une structure dite en chichekebab (brochette), dans
laquelle de longs filaments parallèles à la direction d’étirement suc-
cèdent à des lamelles orientées perpendiculairement. Il résulte de
cette orientation des polymères par étirage une très nette améliora-
tion des propriétés mécaniques, dont on comprend aisément qu’elle
constitue un phénomène d’une importante technique considérable.
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2
f H = ( 3cos Φ c 1 – 1 ) /2
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dans laquelle Φc1 est l’angle que fait l’axe de la chaîne polymère Dans le cas de polymères semi-cristallins, on peut écrire, pour le
avec la direction de référence (en général, l’axe de fibre dans le cas j e axe cristallographique :
de l’étirage uniaxial). Si toutes les chaînes sont alignées parallèle-
ment à l’axe de fibre, f H = 1 ; pour un système isotrope, f H = 0 ; si 2 2
f 1 j = 2cos Φ j 1 – cos Φ j 2 – 1
toutes les chaînes sont perpendiculaires à l’axe de fibre, f H = 1 / 2.
L’application au cas particulier des polymères semi-cristallins 2 2
peut être réalisée en considérant les angles Φ a 1 , Φ b 1 et Φc 1 que f 2 j = 2cos Φ j 2 – cos Φ j 1 – 1
font les axes cristallographiques a , b et c avec l’axe de fibre.
Φ ij étant l’angle entre le j e axe cristallographique et la direction
On a alors : de référence i.
2
f H a = ( 3 cos Φ a 1 – 1 ) /2 En pratique f peut varier de 0 à 1 selon que le polymère se trouve
dans un état totalement amorphe ou dans un état parfaitement
2
f H b = ( 3 cos Φ b 1 – 1 ) /2 orienté.
2
f H c = ( 3 cos Φ c 1 – 1 )/2
4.3 Cristallisation dans un écoulement
Dans le cas particulier d’une cristallisation du polymère dans le « élongationnel »
système orthorhombique, on a :
f Ha + f Hb + f Hc = 0
Des structures intermédiaires entre les lamelles et les chaînes en
extension peuvent être obtenues avec les polymères cristallisables,
lorsque la cristallisation est réalisée dans un écoulement pratiqué
4.2.2 Étirage biaxial sous élongation à partir de solutions visqueuses. On peut obtenir
une cristallisation fibreuse dans des conditions thermodynamiques
L’étirage biaxial de films peut être effectué soit sur des films tubu- telles que la cristallisation statique ne soit pas observable. Les
laires, soit sur des films plats, à partir de polymères amorphes ou structures ainsi générées (par exemple à partir de PE-HD dissous
semi-cristallins. Sur le plan phénoménologique, il ne se distingue dans le p-xylène ou de polypropylène isotactique dissous dans de
pas fondamentalement de l’étirage uniaxial et, quelle que soit la l’α -chloronaphtalène) sont du type chichekebab (brochettes).
technique utilisée, l’influence sur la structure est la même : une
La proportion de chaînes en extension varie avec la température et
orientation des chaînes (ou des zones microcristallines) dans le plan
l’élongation, et il est possible d’éliminer presque totalement les
défini par les deux directions d’étirage monoaxial.
lamelles. Pour le polyéthylène de masse molaire élevée, filé à partir
En ce qui concerne les rapports d’étirage (rapports des longueurs d’un gel (procédé de DSM), on peut atteindre une ténacité de 3 GPa et
respectivement après et avant étirage) selon les trois directions un module d’Young de 90 GPa. Ces valeurs sont considérables si l’on
orthogonales du système (notés λ 1 , λ 2 , λ 3 ) et si λ 3 correspond à remarque que les seules interactions moléculaires qui assurent la
l’épaisseur du film, on a : cohésion sont des interactions de London (§ 1.4.1.1), ce qui dénote
λ 3 = (λ 1 λ 2 )–1 une diminution de l’interdistance moyenne des dipôles interactifs.
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entre un milieu isotrope et une solution anisotrope : la viscosité forment une phase nématique lorsque n est impair et une méso-
augmente en effet de façon abrupte pour une concentration critique phase smectique quand n est pair.
en groupes mésogènes. Bon nombre de ces polyamides aroma- Les polymères porteurs de groupes mésogènes latéraux
tiques ont atteint le stade de l’exploitation commerciale. Le plus constituent la deuxième grande famille des polymères thermo-
connu d’entre eux est la fibre para-aramide Kevlar ® : tropes. L’aptitude des mésogènes à s’organiser en mésophases
dépend grandement de la flexibilité du squelette macromoléculaire.
Des polymères flexibles tels les polysiloxanes ne perturberont pas,
lors de leurs changements configurationnels, l’alignement anisotro-
pique des groupes mésogènes. La plage de température où se déve-
loppent les mésophases est d’autant plus étalée que le squelette du
polymère est flexible.
Citons également le poly(p-benzamide) ou Fibre B ® (Du Pont) :
Le deuxième facteur qui contribue à l’émergence de phases ordon-
nées est la présence, dans des structures en peigne, d’un « bras
espaceur » séparant squelette et groupe mésogène. Grâce à un tel
bras espaceur, il est souvent possible d’induire la formation d’une
phase smectique entre l’état vitreux et la phase nématique.
■ Polymères thermotropes
Plus marginale est la catégorie des polymères thermotropes dont
Pour obtenir des mésophases thermotropes à partir de structures les groupes mésogènes comportent des centres chiraux. Des maté-
telles que celles décrites ci-dessus – à savoir un squelette macro- riaux formant une mésophase cholestérique sont obtenus par copo-
moléculaire constitué de mésogènes reliés entre eux –, il est néces- lymérisation d’un monomère vinylique porteur d’un mésogène
saire de déstabiliser la symétrie de ces assemblages moléculaires. chiral avec un comonomère comportant un groupe mésogène
Plusieurs approches ont été envisagées : « classique ». La proportion de monomère cholestérique détermine
— par incorporation de chaînons plus flexibles pour relier les le caractère hélicoïdal de la phase nématique chirale.
mésogènes, ou augmentation de leur taille ;
— par copolymérisation de mésogènes de tailles diverses tendant
à former des structures plus irrégulières ; 5.3 Techniques d’identification
— par introduction de substituants latéraux ou de défauts le
long de la chaîne pour rompre la symétrie de la chaîne principale. des mésophases
Cette stratégie s’est révélée particulièrement féconde dans le cas
des polyesters aromatiques si l’on en juge par les nombreux Les différentes phases liquides cristallines ne sont pas aisément
exemples de systèmes thermotropes qui ont été obtenus grâce à la identifiables dans un matériau polymère, ce qui nécessite souvent
déstabilisation de la symétrie de la chaîne de polyester [7]. l’emploi de plusieurs techniques pour aboutir à une information
fiable.
Les polyesters dont la structure est donnée ci-dessous :
La microscopie optique est certainement l’outil le plus précieux
pour l’identification des différentes mésophases. Chacune d’entre
elles développe, en effet, une texture caractéristique à travers la
lumière polarisée du microscope. Un expérimentateur exercé est
ainsi capable de distinguer au microscope la formation des diffé-
rentes phases smectiques et nématiques.
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6. Mélanges de polymères
Mélanger des polymères de nature chimique différente avec, pour
perspective, l’élaboration de matériaux polymères originaux est une
démarche a priori très séduisante. La science des matériaux offre,
en effet, maints exemples d’alliages – en particulier de métaux –
dont les propriétés sont bien supérieures à celles des composés de
départ. De plus, élaborer un matériau original à partir d’un mélange
de polymères semble, au premier abord, moins coûteux et moins
aléatoire que synthétiser un polymère inconnu à partir d’un
nouveau monomère. Figure 27 – Représentation schématique
de différents systèmes binaires
Les faits expérimentaux infirment malheureusement cette vision
simpliste car, dans la majorité des cas, la règle qui prévaut dans le
domaine des polymères est celle de l’immiscibilité des entités moléculaire, l’entropie de mélange est, par définition, proportion-
macromoléculaires de nature chimique différente. L’incompatibilité nelle au logarithme du nombre de complexions (c’est-à-dire
des polymères entre eux provoque leur démixtion et se trouve être d’arrangements possibles) des différents composants du système :
la cause principale des propriétés médiocres qui caractérisent la
∆S = k ln W
plupart des mélanges de polymères. Tout au plus peut-on attendre
des mélanges incompatibles qu’ils possèdent des propriétés inter- W étant le nombre de complexions et k la constante de Boltzmann.
médiaires à celles des constituants de départ. Dans le cas d’un mélange de deux molécules simples, le nombre
Il existe, cependant, quelques exemples de mélanges polymères de complexions s’élève à 2100, tandis qu’il se réduit à 2 55 pour une
homogènes, le plus connu d’entre eux est certainement le Noryl ®, solution de polymères et à 210 pour un mélange de deux polymè-
de GE Plastics BV, obtenu par mélange de polystyrène (PS) et de res différents. L’entropie de mélange est donc d’autant plus faible
poly(oxyphénylène) (PPO). On peut également citer les mélanges que les chaînes concernées sont longues et n’est généralement pas
de PS avec le poly(vinylméthyléther) (PVME) et de PVC avec le suffisante pour compenser les interactions répulsives qui se mani-
PMMA. L’acuité du phénomène d’immiscibilité des polymères pro- festent entre les unités de nature chimique différente. Ces interac-
vient de leur taille – donc de leur faible entropie de mélange –, tions répulsives reflètent la nature endothermique du processus de
mais aussi de leur répulsion mutuelle. Pour en maîtriser les effets mélange et se traduisent par une enthalpie de mélange positive
voire, dans certains cas, en tirer avantage, il faut examiner les cau- (∆H M > 0). Dans ces conditions, l’énergie libre de mélange est posi-
ses thermodynamiques de l’incompatibilité des polymères. tive, ce qui est favorable à la démixtion des polymères :
∆ G M = ∆ H M – T ∆S M > 0
Toutefois, des mélanges miscibles peuvent être obtenus lorsque
6.1 Thermodynamique des mélanges les chaînes sont courtes [∆S M est alors plus important] ou lorsque
l’enthalpie de mélange n’est que faiblement positive. Dans certains
Comparer les mélanges de polymères avec des systèmes cas favorables, il peut se produire que l’énergie d’échange d’unités
constitués de petites molécules permet de comprendre la tendance dissemblables, dont l’intensité dépend des forces de Van der Waals
qu’ont les macromolécules à se séparer en phases distinctes. Si l’on qui s’exercent dans le milieu, demeure faible.
prend, pour ce faire, un réseau tel que ceux représentés sur la En revanche, lorsque des interactions attractives du type liaison
figure 27 dans lequel chaque case est occupée soit par une molécule hydrogène se forment entre entités de nature chimique différente,
simple, soit par une unité appartenant à une chaîne macro- l’enthalpie libre de mélange est négative. Toutes les conditions sont
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alors réunies pour que le mélange formé soit homogène. Il est pos- 6.2 Équilibre entre phases. Diagramme
sible de calculer l’énergie libre de mélange grâce à la théorie de
Flory-Huggins, moyennant quelques hypothèses simplificatrices. Ce de phases
modèle ne prend en compte que les interactions du type
London-Van der Waals et ignore des éléments comme la poly- Selon la valeur du paramètre d’interaction Λ AB , trois cas de
molécularité. figure, correspondant tous les trois à une variation négative de
l’enthalpie libre de mélange, peuvent se présenter :
L’énergie libre de mélange par site s’écrit :
— lorsque les interactions sont attractives, Λ AB est inférieur à 0
et ∆G M varie de façon convexe avec Φ B . Le mélange est alors
∆G M = k T
ΦA
--------
N A
- ln Φ A
ΦB
+ ------- ln Φ B + χ AB Φ A Φ B
NB homogène en toutes proportions (figure 28a ) ;
— lorsque les interactions sont de nature répulsive et que Λ AB est
avec Φ A et Φ B fractions volumiques des constituants poly(A) et supérieur à une certaine valeur critique Λ AB cr , ∆G ne varie de
poly(B), manière convexe que pour certaines compositions ; le mélange n’est
N A et N B degrés de polymérisation des chaînes poly(A) et pas miscible en toutes proportions ; pour le domaine de composition
poly(B), compris entre ΦBsp′ et Φ Bsp
″ , le système évolue vers une démix-
tion en deux phases de compositions différentes (figure 28b ) ;
χAB paramètre d’interaction entre poly(A) et poly(B),
— lorsque Λ AB est égal à une valeur critique Λ ABcr , ∆ G est convexe
T température absolue, sauf pour une composition Φ Bcr donnée ; la composition Φ Bcr est à la
k constante de Boltzmann. limite de la démixtion (figure 28c ).
1
kT χ AB = ε AB – ------ ( ε AA + ε BB ) représente, en fait, la variation La miscibilité des polymères varie également en fonction de la
2 température. Il est possible, à partir de la connaissance de l’évolu-
d’énergie ∆ ε AB qu’impliquerait l’interaction entre unités A et B, ε AA
tion de Λ AB en fonction de la température et de la composition, de
et ε BB étant les énergies d’interaction respectives des unités A et B construire le diagramme de phases d’un mélange de polymères.
entre elles. Ce diagramme de phases est défini par deux courbes (figure 29) :
χAB prend des valeurs positives lorsque l’interaction entre A et B — la courbe dite binodale correspond à l’égalité des potentiels
nécessite un apport d’énergie (∆ εAB > 0 et ε AB supérieure à la chimiques des deux constituants du système dans chacune des
moyenne de ε AA et ε BB), c’est dire que cette interaction est phases, soit :
répulsive ; le mélange est alors endothermique. L’hypothèse des µ A = µ ′A et µ B = µ ′B
seules interactions du type London-Van der Waals implique, par
ailleurs, que l’énergie d’attraction entre les unités dépend de la — la courbe dite spinodale correspond, quant à elle, à :
polarisation α i et du potentiel d’ionisation I ij par l’expression
2
ε ij = Iij α i α j , et comme I est identique quelle que soit l’unité ∂ ∆G M
considérée, le produit k T χ AB se réduit à : --------------------
- = 0
∂ ΦB2 P, T
1 2
k T χ AB = -----
2 ε AA – ε BB Elle limite, avec la courbe binodale, l’état de métastabilité du
système binaire. Il correspond à une dispersion extrême du
Cette expression, établie en ne prenant en compte que les forces composant minoritaire B dans le composant majoritaire A.
du type London-Van der Waals, montre bien que l’interaction entre Au-dessous de la courbe spinodale, le système donne lieu à une
unités dissemblables est nécessairement répulsive ou, au mieux, démixtion alors que, pour les points situés au-dessus de la courbe
nulle. Les « hétérocontacts » ne sont donc pas privilégiés. Quand binodale, le mélange est homogène et stable.
l’ensemble des N sites est pris en considération, l’incompatibilité La température critique T cr correspond à :
des deux polymères dépend alors du produit χ ABN et est d’autant
plus marquée que χ ABN est élevé. 3
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Figure 28 – Variation de l’enthalpie libre des systèmes binaires Figure 30 – Différents types possibles de courbes binodales
en fonctions de B
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Figure 32 – Interpénétration des chaînes dans un mélange Exemple : système poly(fluorure de vinylidène)-poly(métha-
légèrement endothermique ( AB ≈ 10 –2 ) crylate de méthyle)
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P
O
U
Structure moléculaire R
et morphologie des polymères
E
N
par Michel FONTANILLE
et
Professeur à l’Université Bordeaux-1
Yves GNANOU
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Directeur de Recherche au CNRS – URA CNRS 1192 – Talence A
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