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: BN3740 V2
Bétons de radioprotection
Date de publication :
10 septembre 2021
Mots-clés Résumé Avec des conditions de service très particulières, les bétons de radioprotection
formulation de béton | connaissent une utilisation spécifique, sans comparaison avec celle des bétons de génie
interaction
rayonnement-matière | civil. Leur conception et leur dimensionnement reposent à la fois sur la connaissance des
mécanismes de vieillissement | constituants de base, spéciaux ou non, et sur les différents aspects de l’interaction
granulats
rayonnement-matière. L’article présente successivement les éléments nécessaires à la
prescription des bétons de radioprotection, leur typologie et leurs propriétés d’atténuation.
Il traite du comportement sous irradiation et en température. Il aborde également les
mécanismes de vieillissement et autres effets impliquant la sûreté, en particulier dans le
domaine des réacteurs.
Keywords Abstract With very specific service conditions, concretes for radiation shielding have a
concrete formulation | particular use, not comparable with that of civil engineering concretes. Their design and
radiation-matter interaction |
ageing mechanisms | their dimensioning are based on knowledge of both the basic constituents, special or not,
aggregates and the different aspects of radiation-matter interaction. The article presents successively
the elements necessary for the prescription of radiation shielding concretes, their typology
and their attenuation properties. It deals with the behaviour under irradiation and
temperature and addresses aging mechanisms and other effects involving safety,
particularly in the field of reactors.
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Bétons de radioprotection
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Tableau 1 – Principales utilisations des bétons spéciaux et ordinaires pour la protection contre
les rayonnements
Béton lourd
Enceintes et casemates
Entreposage d’effluents ou de déchets radioactifs Structure + atténuation g, X
blindées
Béton ordinaire
Béton ordinaire
Puits de cuve Réacteur à fission (REP, RNR) Structure + atténuation n, g
Béton lourd neutrophage
souterrain) (bremsstrahlung)
Parements, tunnel
Béton lourd (ouvrage en
Accélérateur pour e- > 20 MeV ou ions Atténuation n
surface)
2. Évolution des concepts contribue à prendre en compte la durabilité dans la conception des
nouveaux ouvrages en bétons spéciaux :
et des technologies – l’exigence d’un niveau de qualité plus élevé ;
– le souhait d’augmenter la durée de vie de certaines installations
au-delà de 40 ans (réacteurs électrogènes), voire au-delà du siècle
(sites d’entreposage) : de ce point de vue, la prise en compte de
l’évolution des granulats associée à de fortes fluences neutroni-
2.1 Durabilité des ouvrages ques constitue un axe d’investigation majeur pour prévenir les
désordres apparaissant à long terme ;
Lors de l’élaboration des premiers bétons de radioprotection, dès – les possibilités techniques offertes par les nouveaux produits
le début des activités nucléaires, les efforts des ingénieurs se sont de l’industrie cimentière (liants et superplastifiants), par les condi-
portés successivement sur : tions modernes de fabrication et de mise en œuvre, ainsi que par
– l’identification de substances efficaces vis-à-vis de l’arrêt des l’aboutissement des méthodes d’optimisation granulaire.
rayonnements (optimisation coût-efficacité) ;
Le concepteur d’ouvrages en béton de radioprotection peut, en
– la formulation de nouveaux bétons incorporant les substances outre, s’appuyer sur un référentiel de connaissances plus complet,
sélectionnées (faisabilité) ; en particulier concernant le comportement du béton en tempéra-
– la caractérisation de ces nouveaux matériaux en termes de perfor- ture (le comportement sous irradiation demeure en comparaison
mances intrinsèques (propriétés thermomécaniques pour l’essentiel). moins bien connu). Ces connaissances, en ayant des conséquences
sur le choix des constituants ou la protection du béton, permettent
La notion de durabilité était à l’époque (1945-1965) d’autant moins non seulement d’atteindre les performances instantanées visées,
présente dans cette démarche qu’elle n’était pas encore apparue mais contribuent aussi à les maintenir le plus longtemps possible.
dans le domaine du génie civil et que les ouvrages réalisés, à carac- La validation des choix retenus auprès des autorités de sûreté
tère expérimental pour bon nombre d’entre eux, n’avaient pas voca- (IPSN, ASN) bénéficie par ailleurs de nombreux progrès dans la
tion à durer au-delà de quelques décennies. Bien que très répandu modélisation des structures au moyen de codes de calcul par élé-
dans les années 1980, le thème de la durabilité n’a pas vraiment eu ments finis (CASTEM). Aux couplages phénoménologiques tradi-
d’impact sur le domaine des bétons spéciaux et l’on peut considérer tionnels de type thermo-hydro-mécanique, il est possible d’ajouter
que la plupart des constructions en béton de radioprotection ont été désormais les caractéristiques comportementales propres aux
réalisées, jusqu’à la fin des années 1990, selon les règles de l’art conditions d’exploitation sous irradiation (fluage, expansion volu-
d’origine. Depuis 1996 environ, la conjonction de trois facteurs mique des granulats, etc.).
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2.2 Techniques de formulation L’évolution actuelle des bétons spéciaux est marquée en consé-
quence par l’abandon de produits apparaissant trop coûteux (corin-
De nombreuses méthodes empiriques ont été proposées pour don) ou présentant des propriétés insuffisantes (barytine, serpen-
aboutir aux compositions de béton les plus compactes possibles à tine). Le choix des matériaux candidats se restreignant, la variété
partir des propriétés granulaires des constituants (Faury, Dreux- des bétons spéciaux a logiquement diminué au profit de bétons
Gorisse) ou à partir d’essais de maniabilité (Baron-Lesage). Appli- de plus en plus lourds pour la protection gamma ou de plus en
quées aux bétons spéciaux, elles donnent des résultats satisfai- plus neutrophages. Le fait que les bétons à l’hématite aient désor-
sants à condition de procéder à un grand nombre d’expériences et mais supplanté les bétons barytés illustre cette tendance pour la
de vérifications. protection gamma de série courante.
La prévision de la compacité des mélanges granulaires par le
modèle de suspension solide, développé au Laboratoire central
À retenir
des ponts et chaussées (LCPC) dès le début des années 1990 [1],
permet d’atteindre beaucoup plus rapidement la composition opti- – L’utilisation des bétons de radioprotection est très variée
male d’un béton en s’appuyant sur les notions d’encombrement de selon la destination des ouvrages et les fonctions exigées.
grains solides et de viscosité relative. Connaissant la nature des – Les bétons de radioprotection bénéficient des mêmes
constituants de base d’un béton de radioprotection, il est désor- avancées que celles des bétons de génie civil.
mais possible de prédire avec un minimum d’essais si le matériau – Le prolongement de la durée d’exploitation implique de
atteint la densité requise. considérer une durabilité spécifique sous irradiation.
gain de compacité est associé à une importante réduction d’eau protection en béton
ce qui entraı̂ne l’augmentation des résistances mécaniques et une
meilleure résistance aux agressions chimiques. La formulation d’un béton de radioprotection doit s’inscrire dès
Après les produits des premières générations (lignosulfonate le départ dans une démarche analogue à celle proposée par la réfé-
puis naphtalène sulfonate et mélamine sulfonate) aux effets secon- rence [2] et résumée dans le tableau 2. Celle-ci prend en compte
daires parfois indésirables (entraı̂nement d’air, ségrégation), les l’expression du besoin et cherche à identifier, le plus précisément
derniers adjuvants de la famille des polycarboxylates se révèlent possible, les conditions de service, y compris celles connexes,
particulièrement performants, y compris vis-à-vis des liants alumi- voire étrangères à l’irradiation. Au cours de cette étude prélimi-
neux. Le champ des possibilités s’avère donc très ouvert pour le naire, plusieurs compositions de béton peuvent être envisagées et
formulateur. comparées avant de retenir la solution définitive.
Parmi les différents éléments conduisant à l’identification du
béton de radioprotection le plus approprié, le zonage des différen-
2.4 Évolution du marché tes parties de l’ouvrage, les caractéristiques du rayonnement et les
principales contraintes d’exploitation suffisent généralement à res-
Si les évolutions précédentes s’avèrent déterminantes dans
treindre les choix en ce qui concerne la nature de matériau et le
l’amélioration des bétons de radioprotection, l’évolution du marché
dimensionnement. Le volume 3 de l’Engineering Compendium on
n’en influence pas moins le développement et se traduit par plu-
Radiation Shielding [3], référence ancienne mais toujours intéres-
sieurs tendances lourdes.
sante, donne sur le sujet un bon aperçu de la spécificité des instal-
& Contrôle des coûts lations nucléaires dans toute leur diversité.
Les granulats pour bétons spéciaux sont significativement plus Conformément à la réglementation (décrets n 2018-437 et
chers que les granulats ordinaires ce qui peut avoir un impact sen- n 2018-438 du 4 juin 2018 relatifs à la protection des travailleurs
sible sur l’investissement consenti pour une installation. Dans bon contre les risques dus aux rayonnements ionisants, complétés par
nombre de cas, on constate que lorsque l’avantage procuré par un l’arrêté du 28 janvier 2020), le tableau 3 rappelle les valeurs seuils
béton spécial n’est pas décisif, la solution du béton ordinaire est rete- d’équivalent de dose définissant les zones de travail par rapport
nue, quitte à augmenter l’épaisseur de l’ouvrage. De fait, la réalisa- auxquelles les limites d’exposition du personnel doivent être res-
tion de bétons lourds de masse volumique inférieure à 3 500 kg/m3 pectées (dose efficace pour l’organisme entier).
apparaı̂t de plus en plus improbable, le contraste de densité avec le
béton ordinaire étant jugé insuffisant.
3.2 Caractéristiques du rayonnement
& Disponibilité des granulats
Les types de rayonnement dont on envisage de se protéger
Pour divers minerais, il devient difficile de se procurer certaines
appartiennent pour l’essentiel à deux catégories globalement asso-
classes granulométriques. Dans le cas typique de la barytine, avec
ciées à deux secteurs d’applications industrielles :
laquelle des volumes considérables de bétons de radioprotection
ont été réalisés par le passé, les gros calibres font maintenant – rayonnements gamma ou X : domaine médical et industrie ali-
défaut. Dans la mesure où la masse volumique d’un béton est essen- mentaire (gamma pour la radiothérapie et la radiostérilisation, X
tiellement conférée par les granulats les plus gros (en proportion), il pour le radiodiagnostic) ;
n’est donc plus possible d’atteindre une valeur de 3 500 kg/m3 avec – rayonnements neutroniques et mixtes n, g , X : cycle du com-
de la barytine sans gros éléments et présentant de surcroı̂t une den- bustible nucléaire (production d’électricité, retraitement) et recher-
sité commerciale rarement supérieure à 4,3. che en physique des particules.
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Fréquence d’intervention
Examen du problème
Choix des objectifs
Débit de dose maximal autorisé
Contraintes thermiques
Durée d’exploitation
Pouvoir d’atténuation
Critères chimiques
Décontamination
Coût
Calculs des épaisseurs de protection selon le facteur d’atténuation visé et les caractéristiques du
Calculs de dimensionnement
matériau
Vérification expérimentale Mesures locales ou globales des débits de dose sur maquette à échelle réelle ou réduite
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Selon les configurations rencontrées, les stratégies mises en que divers paramètres dépendant directement de la composition
œuvre sont les suivantes : chimique élémentaire du matériau de radioprotection.
– source gamma et X : introduction d’éléments lourds (typique- Pour une source ponctuelle gamma, isotrope et polycinétique
ment le baryum et dans une moindre mesure le fer) ou bien aug- (figure 1), le débit de dose (en Gy/s) dans l’air, en arrière de la pro-
mentation de l’épaisseur de béton ordinaire ; tection, à une distance d de la source, est donné par l’expression :
– source neutron + gamma : introduction d’éléments légers (H)
S ⎡⎛ μen ⎞ ⎤
et absorbants (typiquement le bore) avec addition d’éléments D′ = η ∑ ⎢⎜ i
⎟ pi Ei B ( μi x ) exp ( − μi x )⎥
lourds, ou bien introduction d’éléments légers avec augmentation 4 πd i ⎢⎣⎝ ρ ⎠ air
2
⎥⎦
de l’épaisseur ;
– source de particules chargées : augmentation de l’épaisseur de
avec h facteur de conversion (= 1,60218 x 10-10 J.
béton ordinaire ou succession béton ordinaire (arrêt des particules MeV-1.g.kg-1),
et des neutrons) + béton lourd (atténuation du rayonnement X de
freinage). S activité de la source (en Bq),
d distance source-point dose (en cm),
Dans le cas d’une irradiation neutronique de haute énergie (neu-
trons de 14,1 MeV des réactions de fusion nucléaire D + T), il convient pi nombre de photons g d’énergie Ei par désinté-
de limiter dans le béton toutes les impuretés susceptibles de s’acti- gration,
ver, en particulier celles associées au fer des armatures. Outre les Ei énergie des photons (en MeV),
spécifications sur la composition des aciers, on doit également recu-
ler la première nappe de ferraillage au-delà de 10 cm depuis la sur- B(mix) facteur d’accumulation de dose pour l’énergie Ei,
face du béton de façon à ce que les captures soient effectuées préfé- mi coefficient d’atténuation linéique pour l’énergie
rentiellement par l’élément absorbant du matériau (le bore). Ei (en cm-1),
x épaisseur de la protection (en cm),
3.3 Contraintes thermiques ( μen / ρ)air coefficient d’absorption massique d’énergie de
l’air pour l’énergie Ei (en cm2.g-1).
i
sous forme de chaleur lors de l’atténuation. Deux problèmes peu- mi résume à lui seul l’ensemble des interactions rayonnement-
vent être rencontrés vis-à-vis du matériau de radioprotection, indé- matière (essentiellement, l’absorption photoélectrique, la dif-
pendamment de ceux relatifs au fonctionnement de l’installation : fusion Compton et la création de paires e+, e-) et traduit de
– atteinte d’une température inadmissible pour le béton ; façon globale la diminution du nombre de photons ;
– atteinte d’un gradient de température inadmissible pour la B(mix), de nature semi-empirique, traduit le renforcement de la
structure. dose imputable aux photons diffusés dans l’épaisseur de la pro-
tection. Il dépend non seulement de l’énergie des photons inci-
Dans le premier cas, les différences de coefficients de dilatation dents et du numéro atomique équivalent (Zeq) du matériau tra-
thermique entre constituants du béton (pâte de ciment, granulats) versé, mais aussi du nombre de libres parcours moyens (mx)
sont responsables d’une microfissuration généralisée ; dans le dans le matériau, et de la géométrie de la source (ponctuelle,
second, les dilatations différentielles dans l’épaisseur de la protec- étendue). Dans les calculs simplifiés, on utilise des expressions
tion sont à l’origine de fissurations localisées. Selon les conditions exponentielles ou polynomiales dont les paramètres, fonctions
de service prévues, diverses solutions techniques peuvent être de E et Zeq, peuvent être accessibles à partir de différents
envisagées dès la conception pour limiter toute dégradation : ouvrages [3] [4] :
– diminution des coefficients de dilatation : choix de granulats
plus inertes (hématite, corindon, B4C) ;
– augmentation de la conductivité thermique : choix de granulats x
plus conducteurs (hématite, corindon, riblons d’acier) ; φ0 : flux direct
– diminution du caractère thermohydrosensible de la pâte de φ1, φ2, φ3 : flux diffusés
ciment : traitement thermique préalable, choix d’un liant réfractaire
(ciment d’aluminates de calcium) ; φ3
– diminution du gradient thermique : protection thermique du
béton par calorifugeage intérieur, voire extérieur.
φ2
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B (E , μx ) = A exp ( − αμx ) + (1 − A ) exp ( − βμx ) (Taylor ) traitant le transport du rayonnement, la détermination des flux et
des débits de dose, le code Tripoli (CEA) [6] est un des plus perfor-
B (E , μx ) = 1 + a ( μx ) + b ( μx ) + c ( μx )
2 3
mants (MCNP est son homologue aux États-Unis). Utilisé indiffé-
remment pour les neutrons et les photons gamma, il résout l’équa-
Les facteurs d’accumulation s’interpolant aisément en fonction tion de Boltzmann (description rigoureuse de la propagation des
de Z, il est utile de connaı̂tre le numéro atomique équivalent du particules neutres) en géométrie 3D par la méthode de Monte-
matériau composite que constitue le béton. Sa valeur est calculée Carlo. Plus récemment, il inclut également le comportement des
à partir de la composition chimique élémentaire à l’aide de la rela- électrons et positrons d’énergies comprises entre 1 keV et 100 MeV.
tion suivante [5] : 1
Pratiquement, on constate que l’application des seules règles de
⎛ pi n ⎞ n −1 radioprotection pour les sources de rayonnement les plus intenses
∑
⎜ Ai
Zi
⎟ conduit rarement à des épaisseurs de béton supérieures à 2,50 m.
Z eq = ⎜ i ⎟ Au-delà de cette valeur, il est économiquement préférable d’enterrer
⎜ pi ⎟
⎜⎝ ∑ A i ⎟⎠
Z les installations, les terrains encaissants assurant la radioprotection.
i i
différentes ce qui complique sensiblement le problème. Il convient états limites sont pris en considération dans les règles BAEL :
de distinguer très schématiquement :
– l’état limite de service (ELS), garantissant une fissuration non
– les neutrons rapides (vitesse > 13 200 km/s correspondant à préjudiciable vis-à-vis de la corrosion des aciers en conditions de
une énergie > 0,91 MeV), ralentis par les diffusions élastiques sur service (poids propre, cycles thermiques naturels, etc.) pour un
les atomes d’hydrogène et inélastiques sur les noyaux lourds ; environnement agressif ou non (ouverture de fissure respective-
– les neutrons thermiques (vitesse < 2,2 km/s correspondant à ment limitée à 0,1 et 0,3 mm) ;
une énergie < 0,025 eV), absorbés par réaction nucléaire sur les – l’état limite ultime (ELU), garantissant la stabilité mécanique,
noyaux légers (A < 25) ou par capture radiative sur les noyaux sans notion de durabilité, pour des sollicitations exceptionnelles
lourds, et ralentis par diffusion élastique sur ces derniers. telles que séisme ou incendie de caractéristiques prédéfinies. En
Au sein d’un matériau hydrogéné tel que le béton, l’hypothèse appliquant un coefficient de sécurité approprié, on vérifie en parti-
d’une atténuation en ligne droite est applicable aux neutrons rapi- culier que les déformations subies par le béton et par l’acier
des pour lesquels l’atténuation du flux est pratiquement exponen- demeurent respectivement inférieures à 3 500 mm/m en compres-
tielle. Dans ce cadre, le concept de section efficace macroscopique sion et à 10 000 mm/m en traction.
de déplacement (SR (E) en cm-1) permet d’estimer le flux (en
Dans le cas du béton ordinaire constituant le puits de cuve d’un
n.cm-2.s-1) pour une source isotrope de neutrons monocinétiques
réacteur électrogène P4 (radioprotection et supportage du réacteur),
d’énergie E :
le chargement thermique (60 C, 75 C localement) et le risque sis-
S mique aboutissent par exemple à augmenter simultanément :
φ= ⎡1 + ΣtH (E ) x ⎤⎦ exp ⎡⎣ − ΣR (E ) x ⎤⎦
4 πd 2 ⎣ – la densité de ferraillage (300 kg de ferraille/m3 de béton) ;
– l’épaisseur du voile de béton (2 à 2,40 m).
Dans cette expression, S tH(E), section macroscopique totale de
l’hydrogène (en cm-1), figure dans un terme pré-exponentiel tenant La radioprotection n’apparaı̂t plus dans ce cas comme le critère
lieu de facteur d’accumulation. dimensionnant.
Pour les neutrons thermiques, le flux (en n.cm-2.s-1) prend une
forme différente : 3.6 Durée de vie
S Σa
φ= exp − x Constitués d’un squelette granulaire enrobé d’une pâte cimen-
4 πd 2 D taire poreuse, les bétons répondent pleinement à la définition
d’un matériau composite. Au sein de ce dernier, les phases solides
avec Sa section efficace macroscopique d’absorption présentent des propriétés physiques différentes (conductivité ther-
ou de capture (cm-1), mique, coefficients de dilatation, etc.) et les rayonnements indui-
D coefficient de diffusion des neutrons thermi- sent nécessairement des effets différentiels (contraintes thermomé-
ques (cm). caniques), à l’origine du vieillissement. Ce dernier dépend donc
étroitement des conditions de services appliquées et de leur
Les calculs sont en réalité très complexes car le ralentissement durée, en particulier si l’on souhaite étendre les durées d’exploita-
des neutrons rapides induit la génération de neutrons lents au tion au-delà de 40 ans. Le cas spécifique des bétons de puits de
comportement distinct. En présence de sources neutroniques, les cuve de réacteur soumis à une irradiation neutronique sur des
méthodes manuelles de calcul s’avèrent en fait peu probantes et décennies est remarquable de ce point de vue, avec le gonflement
le recours aux codes de calcul est recommandé dès l’étape du pré- de certains granulats lorsque les fluences deviennent élevées (cf.
dimensionnement. L’article [B 3 075] permet d’acquérir sur ce sujet § 6.3.1.2). La prise en compte de longues durées d’exploitation
les notions essentielles. Parmi les nombreux codes de calcul implique dans cette circonstance un choix rigoureux des
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constituants dès l’étape de la formulation. À côté de l’effet direct densité de ferraillage, de la masse volumique et des caractéristiques
de l’irradiation sur les granulats, il est à noter que le cyclage ther- thermomécaniques du béton. Si cette étape ne va pas jusqu’à impo-
mique (par exemple associé aux périodes d’arrêt et de reprise ser un type de granulat ou de ciment, elle laisse le formulateur libre
d’exploitation) est toujours à l’origine d’une fatigue contribuant de choisir les ingrédients les plus appropriés et, en tout cas, d’en
elle-même au vieillissement. optimiser le mélange.
En raison du rôle principal du granulat et de sa proportion majo-
3.7 Solutions mixtes ritaire au sein du béton (environ 70 % du volume de ce dernier),
l’étape de la formulation commence de fait par l’optimisation du
Dans la mesure où le coût des matériaux de radioprotection squelette granulaire. Celle-ci concerne :
comportant des granulats spéciaux est nettement plus élevé que – la nature des granulats, choisie sur la base des critères radiolo-
celui des matériaux ordinaires, il n’est pas avantageux de cons- gique, mécanique et thermique. Ce choix est fondamental pour
truire l’intégralité d’une installation en matériau de la première atteindre les propriétés ciblées mais également pour prévenir cer-
catégorie si les exigences de radioprotection sont limitées à certai- tains comportements indésirables par ailleurs (§ 6.3.1.2) ;
nes parties de l’ouvrage. Dans ce cas, il paraı̂t légitime de décou- – la taille maximale des granulats, conditionnée par la densité de
pler les fonctions dévolues au génie civil et à la radioprotection en ferraillage et la compacité du béton ;
adoptant une solution mixte. L’European Synchrotron Radiation – la répartition granulométrique, calculée d’après la taille maxi-
Facility (ESRF) de Grenoble en fournit un exemple (figure 2) avec male et les tailles inférieures effectivement disponibles.
un plaquage d’éléments en béton de radioprotection à l’hématite
sur une partie de la hauteur d’une structure en béton ordinaire La pâte de ciment, comblant les vides intergranulaires, est
dont la circonférence avoisine 850 mètres. ensuite l’objet d’une optimisation couplée avec le granulat :
L’avantage de ce dispositif provient par ailleurs de la préfabrica- – la nature du ciment est choisie sur la base de critères environne-
tion et de la standardisation des éléments de radioprotection dont mentaux (température, caractère chimiquement agressif du milieu),
le niveau de qualité peut s’avérer très supérieur à celui de maté- neutronique (eau fixée) et mécanique (classe de résistance) ;
riaux coulés en place. – le dosage du ciment est conditionné par le diamètre maximal et
la répartition granulométrique du granulat, et, pour partie, par la
classe de résistance du béton ;
À retenir – le dosage en eau détermine alors, à travers la valeur du rapport
massique eau/ciment (e/c), la classe de résistance et, pour partie, la
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de radioprotection ⎡ e ⎛ ρg ⎞ ρg ⎤
ρbéton = ρg + Mc ⎢1 − ⎜ 3 − 1⎟ − ⎥
⎢⎣ c ⎝ 10 ⎠ ρc ⎥⎦
4.1 Principes de base Ce genre de calcul préliminaire peut être effectué avant même
d’avoir défini complètement la composition du béton, de façon à
L’étape de la conception (cf. § 3) aboutit à définir un cahier des tester différentes hypothèses de formulation. La figure 3, établie à
charges assez précis du point de vue du dimensionnement, de la l’aide de la relation précédente, indique par ailleurs le domaine
Figure 2 – Détail de l’assemblage d’éléments en béton de radioprotection à l’hématite utilisés à l’ESRF de Grenoble et vue générale de l’ouvrage
lors de sa construction
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9 000 hydratées.
e/c = 0,4
Masse volumique du béton [kg.m–3]
Plomb
tant des éléments activables (tungstène proscrit). L’atténuation des
neutrons lents et thermiques est au contraire obtenue par l’intro-
4 000 duction significative d’éléments absorbants (bore) et de corps
Acier
Barytine
cile à optimiser.
1 000
0
4.2 Granulats
0 2 4 6 8 10 12
Les caractéristiques des principaux produits minéraux et métalli-
Densité du granulat ques entrant dans la composition des bétons de radioprotection
sont présentées au tableau 4. Elles sont issues de diverses compi-
lations dont celles du traité Constantes physico-chimiques de la
Figure 3 – Masse volumique maximale atteinte par les bétons de présente collection et celles de [9]. D’origine naturelle ou artificielle,
radioprotection en fonction de la nature du granulat pour trois la taille maximale des granulats résultant des différents procédés
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Tableau 4 – Principaux produits minéraux et métalliques entrant dans la composition des bétons
de radioprotection (propriétés à 25 C)
Barytine BaSO4 4 100 à 4 500 3 à 3,5 1,31 438 25,5 61,0 200
Hématite aFe2O3 4 900 à 5 260 5,5 à 6,5 11,28 651 8,0 209 250
Magnétite Fe3O4 4 900 à 5 180 5,5 à 6,5 5,10 636 8,4 104 230
FeO(OH) .
Limonite 3 600 à 3 800 5 à 5,5 2,91 2 412 86 200
nH2O
Acier E24 Fe – 0,12 % C 7 500 à 7 800 5,5 53,9 470 12,1 210 900
10 900 à
Plomb Pb 1,5 31 à 34 127 29,3 42,5 2 700
11 300
[CaB3O4(OH)3 .
Colémanite 2 410 à 2 423 4 à 4,5 0,526 1 577 45 55 650
H2O]2
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Carbure de
B 4C 2 500 à 2 520 9,3 30 878 5,5 472 11 000
bore
de la prise du béton. L’hématite offre un très bon compromis entre instrumentations à proximité). Le gisement de Kiruna (Suède) four-
propriétés d’atténuation, coût et disponibilité dans diverses tailles ; nit un minerai à plus de 90 % pour différents calibres.
elle est de plus chimiquement inerte au sein du béton et sous irra-
diation. Selon l’origine, il convient de sélectionner les minerais les & Limonite
plus riches en évitant les variétés poreuses ou écailleuses. Le gise- Terme générique désignant des oxydes de fer (Fe3+ > 45 % en
ment de Sishen (Afrique du Sud) produit une hématite massive masse) hydratés, souvent en mélange, ce minerai n’est pas à pro-
d’excellente qualité. Une particularité de l’hématite est de produire prement parler un granulat lourd et s’avère peu intéressant pour la
une poussière rouge très fine et très collante par frottement sur confection de bétons denses. Son eau de constitution présente en
elle-même. Les granulats inférieurs à 1 mm doivent en être débar- revanche un intérêt dans le cadre d’une protection combinée n, g
rassés par lavage de façon à ne pas surestimer leur proportion (H < 0,6 % en masse), en particulier à température élevée (perte de
massique réelle dans le béton. En revanche, il est préférable de l’eau au-delà de 200 C). La limonite est très poussiéreuse et sou-
conserver la poussière (taille des particules ≥ 2 μm ) sur les calibres vent associée à des impuretés siliceuses et argileuses. Ces impure-
supérieurs car cette dernière contribue à augmenter la ductilité du tés peuvent être à l’origine de cratères (pop out) observés sur la
béton au voisinage de la limite de rupture, propriété remarquable. surface interne de certains bunkers de radioprotection. Elles sont
en tout état de cause responsables de retraits importants pour le
& Magnétite
béton et doivent être éliminées. Plutôt poreuse, la limonite doit
Très proche de l’hématite par sa teneur en fer (Fe > 65 % en être préférentiellement employée sous forme de sable. La goethite
masse), les applications sont similaires à température ambiante et est un oxyde hydraté très proche et plus pur.
les performances voisines, quoique inférieures. L’utilisation à tem-
pérature élevée est déconseillée en raison du risque d’oxydation en & Acier
hématite avec augmentation volumique de 2,27 % : Utilisés sous forme de riblons ou de grenaille pour la confection
de bétons superlourds (jusqu’à 6 000 kg/m3 environ), disponibles
2 Fe3O4 + 1/ 2 O2 → 3 Fe2O3 en toute taille, ces granulats artificiels sont deux à quatre fois plus
onéreux que les granulats naturels. Ils procurent toutefois un avan-
Les bétons de magnétite sont plus faciles à mettre en œuvre en tage décisif en termes de réduction d’épaisseur du béton et de pro-
raison du faciès arrondi des granulats, mais le caractère magné- priétés thermomécaniques. Les riblons sont essentiellement consti-
tique de ces derniers peut être incompatible avec l’introduction de tués de débouchures de tôles métalliques ou de déchets
riblons d’acier pour la confection de bétons superlourds. Le d’estampage de l’industrie de transformation. Pour les grenailles,
magnétisme du béton obtenu peut être lui-même incompatible la fonte peut éventuellement remplacer l’acier pour un coût de moi-
avec certaines utilisations (accélérateurs de particules, tié, à condition de ne pas descendre en dessous de 94 % en fer. En
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cas de mélange avec un granulat de densité inférieure, la granulo- schisteuses détériorant la liaison mécanique avec la matrice
métrie et la mise en œuvre doivent être spécialement étudiées de cimentaire.
façon à éviter la ségrégation. Le métal doit être aussi propre que
possible, sans trace d’hydrocarbures (rouille autorisée). 4.2.3 Granulats ordinaires
& Plomb & Calcaires
Excellent pour ses propriétés d’atténuation gamma (Z = 82), le Roches sédimentaires essentiellement composées de carbonate
plomb incorporé sous forme de grenaille de diverses granulomé- de calcium (calcite), leur variété est très grande mais les matériaux
tries est assez onéreux. Ses caractéristiques thermomécaniques les plus aptes pour obtenir des bétons de qualité sont caractérisés
médiocres (métal mou à forte dilatation thermique) et les difficultés par un grain fin et une faible porosité (calcaires micritiques) avec
de sa mise en œuvre (forte ségrégation) le relèguent à la fabrication une teneur en CaCO3 supérieure à 99 %. Les granulats concassés
de mortiers très denses au sein de protections de faibles dimen- sont disponibles dans une large gamme de taille (0,1-63 mm) et
sions, ou bien à celle d’éléments préfabriqués. L’alliage à 4 % montrent une meilleure adhérence avec la matrice cimentaire par
d’antimoine est préférable pour sa résistance mécanique supé- rapport aux granulats roulés. En l’absence d’impuretés minéralogi-
rieure. L’utilisation de protections à base de plomb pour un rayon- ques, les calcaires sont stables au moins jusqu’à 500 C. Malgré
nement à composante b est absolument à éviter (risque d’irradia- une faible conductivité thermique, le faible coefficient de dilatation
tion grave dû au rayonnement X de freinage). thermique est intéressant pour des conditions de service en des-
Le plomb est un très mauvais matériau de protection contre les sous de 100 C.
neutrons. En revanche, la contribution du fer au ralentissement des & Siliceux
neutrons rapides d’énergie supérieure à 0,85 MeV est notable grâce
à sa section efficace de diffusion inélastique (20 barn). Généralement d’origine sédimentaire (silex, grès siliceux) il peu-
vent être aussi d’origine métamorphique (quartzite) et sont essen-
4.2.2 Granulats légers (protection n) tiellement composés de silice sous forme de quartz. Le choix des
granulats siliceux mérite plus d’attention que celui de des granulats
& Colémanite calcaires : la présence de silice hydratée en surface (opale) peut
Borate naturel de calcium parmi les moins solubles, associant être responsable d’une réaction alcali-granulat (RAG) à l’origine de
éléments neutrophage (10B > 2,9 % en masse) et ralentisseur désordres à l’interface avec la matrice cimentaire ; sous irradiation
(H > 1,8 % en masse), il est utilisable jusqu’à 240 C environ grâce neutronique, le quartz, mais également d’autres minéraux silicatés,
à son eau de constitution. La capture des neutrons thermiques et présentent à long terme une amorphisation se traduisant par un
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Dans le cas traditionnel du mélange de trois catégories granulo- ratures supérieures à 80 C en condition de service. Le choix de
métriques de même nature, le calcul de la compacité optimale pour liants développant des résistances plus élevées est alors requis
une consistance donnée est d’autant plus précis qu’il s’appuie sur : dans la mesure où leur exothermicité plus importante reste compa-
tible avec l’évacuation de la chaleur.
– une analyse granulométrique détaillée ;
– une détermination soigneuse de la compacité propre d’au Le critère relatif au type de rayonnement intervient de façon très
moins trois classes dans chaque catégorie. différente. Pour la protection contre les neutrons, il se traduit par la
recherche simultanée de la plus grande quantité d’eau fixée et par
la composition contenant le moins d’impuretés. Dans cette configu-
4.3 Liants hydrauliques ration, les liants composés sont à éviter, au profit de ceux compor-
tant la proportion maximale de constituant réactif tels le CEM I
4.3.1 Critères de sélection (clinker > 95 %) ou le ciment d’aluminates de calcium. En termes
de capacité à fixer l’eau, ce dernier apparaı̂t en outre plus intéres-
Les liants mis en œuvre dans les bétons de radioprotection sont sant puisque le rapport théorique eau/ciment assurant l’hydratation
dans le cas général des ciments courants à base de clinker Port- complète est de 0,345 contre 0,225 ± 0,025 pour le ciment Portland.
land, le ciment d’aluminates de calcium (CAC) étant plus particuliè- La prescription de tels ciments, dont la chaleur d’hydratation est
rement réservé à la protection contre les neutrons. On en trouvera assez élevée, exige d’associer un granulat conducteur en plus du
une description dans le guide [11]. granulat neutrophage.
Vis-à-vis d’un ouvrage donné, quatre critères sont à retenir pour
sélectionner la variété de ciment la plus appropriée (tableau 5) : 4.3.2 Ciments courants
– l’épaisseur de l’ouvrage ;
– la température de service ; La norme NF EN 197-1 portant sur la composition et la classifica-
– le niveau de résistance mécanique ; tion des ciments courants rend leur prescription plus précise en
– le type de rayonnement. fonction de l’objectif à atteindre (tableau 6). Cinq types principaux
sont définis selon leur teneur en clinker et autres constituants
Le premier critère apparaı̂t prépondérant car il se réfère aux majeurs :
conditions thermiques auxquelles le béton peut être initialement
– ciment Portland (CEM I) : au moins 95 % de clinker ;
exposé, dès la période de prise, à un moment critique de sa struc-
turation. Au très jeune âge, les réactions d’hydratation du ciment – ciment Portland composé (CEM II) : au moins 65 % de clinker ;
sont en effet responsables d’un échauffement d’autant plus impor- – ciment au laitier (CEM III) : 36 à 95 % de laitier de haut fourneau
tant que le liant est riche en composés réactifs et que le volume de et 5 à 64 % de clinker ;
matériau mis en place est élevé. Sans précautions particulières, les – ciment pouzzolanique (CEM IV), très peu utilisé ;
conséquences se traduisent par des variations dimensionnelles et – ciment pouzzolanique au laitier (CEM V) : 20 à 64 % de clinker,
une déperdition d’eau excessives, à l’origine de contraintes diffé- 18 à 49 % de laitier de haut fourneau et 18 à 49 % de cendres volan-
rentielles et de fissurations. La durabilité de l’ouvrage s’en trouve tes siliceuses.
alors hypothéquée, ce dernier pouvant même être immédiatement
dégradé : Chaque type comporte plusieurs variétés permettant de préciser :
– pour les voiles de béton excédant l’épaisseur critique de – la classe de résistance : 32,5 ; 42,5 ; 52,5 (MPa) ;
0,50 m, l’utilisation de liants à faible chaleur d’hydratation et faible – le développement rapide de la résistance « R » ;
résistance s’impose donc d’autant plus naturellement que le maté- – la compatibilité à l’eau de mer « PM » ;
riau devient peu sollicité mécaniquement ; – la compatibilité avec les eaux sulfatées « ES ».
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FeO 0 0 3,94
Globalement, la résistance normale (à 28 jours) augmente avec la retrait important (> 1 000 mm/m) représente un risque de fissura-
teneur en clinker (constituant le plus réactif du ciment), tandis que tion, indépendamment d’une teneur en chlorure indésirable.
la résistance au jeune âge (à 2 jours) augmente avec la teneur en Dans les bétons de radioprotection, le dosage en ciment c résulte
aluminate tricalcique (constituant le plus réactif du clinker) et la le plus souvent de l’optimisation entre compacité et maniabilité.
finesse de mouture. La compatibilité « eau de mer » et « sulfate » Pour cela, il doit respecter une fourchette qui est fonction de la
est par contre obtenue pour les teneurs en aluminate tricalcique les taille 3du plus gros granulat D. Dans la pratique, on retiendra (c en
plus faibles. L’aluminate tricalcique étant à l’origine d’une forte exo- kg/m avec D en mm) :
thermicité et d’un retrait endogène élevé [12], on recherchera d’une
façon générale des liants en comportant très peu, c’est-à-dire sans
la caractéristique « R », mais au contraire avec le label « PM-ES », y 680 ± 90
compris pour la réalisation de bétons d’épaisseur inférieure à c=
5 D
0,50 m. Parmi ces liants, on évitera pourtant les CEM III dont le
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Pour autant, le dosage doit permettre d’atteindre la résistance Les particularités de la mise en œuvre, l’inefficacité des adju-
cible souhaitée, estimée avec la relation de Bolomey : vants superplastifiants d’anciennes générations et un coût relative-
ment élevé (1 k€/t) ont certainement contribué à limiter l’emploi du
⎛ c ⎞ ciment d’aluminates de calcium par le passé. Même si les applica-
fc = kbfmc ⎜ − 0,5⎟
⎝ e +V ⎠ tions demeurent très spécifiques, il est désormais envisageable de
réaliser des bétons spéciaux peu calorifiques grâce à la combinai-
avec f c résistance du béton (en MPa), son des trois mesures suivantes :
kb coefficient relatif au squelette granulaire (de – compacité maximale du squelette granulaire (modèle LCPC) ;
0,5 à 0,6), – nature conductrice du granulat (acier, hématite) ;
– superplastifiant efficace (cf. § 4.6).
f mc résistance normale (NF EN 196-1) du ciment
(en MPa),
3
c dosage en ciment (en kg/m ), 4.4 Additifs pulvérulents
3
e quantité d’eau totale (en L/m ),
3
Au sein des bétons spéciaux, les additifs pulvérulents concernent
V volume d’air occlus (en L/m ). essentiellement la capture des neutrons thermiques au moyen de
corps absorbants. Ces derniers présentent en conséquence une sec-
On admet V = 0,1e pour un béton plastique. tion efficace très élevée (afin d’éviter aux constituants normaux du
Une relation plus précise [8] permet, quant à elle, de calculer la béton l’absorption des neutrons et la production associée de pho-
résistance en compression de la matrice du béton (f cm en MPa) tons g de capture) et doivent être le plus uniformément répartis. Le
compte tenu du rapport eau/ciment (e/c) et de son environnement cadmium étant écarté en raison de l’émission de photons g de cap-
granulaire : ture de 7,5 MeV, les produits utilisés se limitent pratiquement au car-
bure de bore et à deux oxydes de terres rares (tableau 7). Onéreux,
2,85
⎡ ⎤ −0,13
ils relèvent généralement d’applications spécifiques nécessitant une
⎢ 1 ⎥ ⎡ ⎛ g* ⎞⎤ protection de très haut niveau. La granulométrie doit rester infé-
fcm = 13,4 fmc ⎢ ⎢D ⎜ 3 − 1⎟ ⎥
⎢1 + 11 ρc e ⎥⎥ ⎢⎣ ⎝ g ⎠ ⎥⎦
rieure à 100 mm.
,
⎢⎣ 103 c ⎥⎦
4.5 Rapport eau/ciment
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rale, ceci se traduit par une défloculation des particules et une répar- aujourd’hui dépassés, trop spécifiques, voire non reproductibles.
tition homogène au sein de la pâte qui en conserve le bénéfice après On en trouvera de nombreux exemples dans [15]. Il convient de
durcissement (augmentation des résistances, diminution de la per- remarquer qu’au sein de cet ensemble, les formules comportant
méabilité, diminution du retrait). À l’échelle du béton, suspension des granulats à base de fer occupent une position prépondérante.
solide assimilable à un corps de Bingham, l’action des superplasti-
Actuellement, deux facteurs contribuent à restreindre la gamme
fiants consiste surtout à abaisser le seuil de cisaillement t 0, la visco-
des matériaux de radioprotection :
sité plastique m étant pour sa part moins affectée. L’affaissement du
béton frais mesuré au cône d’Abrams (slump) est étroitement corrélé – les nouvelles techniques de formulation : en permettant de
à ce seuil de cisaillement lorsque m < 300 Pa.s et permet de comparer converger vers les compositions optimales, elles réduisent de fait
l’efficacité des différents produits [14]. Dans cette gamme de consis- la variabilité des bétons produits ;
tance, on vérifie par ailleurs que mbéton est proportionnel à mpâte. – la standardisation des procédés : elle tend à s’appuyer sur des
compositions de référence bénéficiant d’un bon niveau de caractérisa-
Plusieurs générations de polymères ont successivement été
tion, évitant ainsi la qualification coûteuse de matériaux « sur mesure ».
mises au point :
– les lignosulfonates, maintenant abandonnés ; 4.7.1 Mortiers spéciaux
– les naphtalènesulfonates, plus efficaces et encore utilisés ;
– les mélaminesulfonates, d’efficacité comparable. Les mortiers et microbétons désignent des matériaux dont la
Ces produits cèdent le pas vers le milieu des années 1990 à de taille maximale du granulat est inférieure à 10 mm. Ils trouvent
nouvelles molécules très performantes (tableau 8), caractérisées leur application dans les joints des massifs de béton de radiopro-
par la présence de longues chaı̂nes aliphatiques : tection et plus généralement dans le remplissage de tout vide de
dimensions limitées ou d’accès difficile. Censés assurer au mini-
– les polycarboxylates ; mum les mêmes propriétés que celles des bétons encaissants, ils
– les polyglycols. leur empruntent souvent les mêmes constituants (tableau 9).
Généralement utilisés en solution aqueuse comportant 40 % en La mise en place s’effectue de façon conventionnelle ou par
masse de principe actif, ces nouveaux superplastifiants sont incorpo- injection de mortier fin dans un squelette granulaire introduit en
rés au moment du malaxage à raison de 0,5 à quelques pourcents de premier. Cette dernière méthode (prepacked concrete), utilisée
pour la protection biologique des caissons de la dalle de Superphé-
nix, présente deux avantages :
Tableau 8 – Superplastifiants pour bétons
– éviter la ségrégation des granulats lourds de gros calibre ;
– empêcher le blocage du matériau complet en cours d’injection.
Marque Ciments Coût
Famille Efficacité
(exemples) compatibles [€/kg] Selon leur température de service, certains joints exigent une
grande stabilité dimensionnelle, voire un caractère réfractaire. Ces
Naphtalène Pozzolith‚ propriétés sont obtenues par association de sable de corindon avec
Portland ++ 6,50
sulfonate 400 N du ciment d’aluminates de calcium.
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CEM I ciment Portland lourds les techniques déjà éprouvées sur les bétons ordinaires.
(1) Tailles de granulats (en mm) indiquées entre parenthèses sous les La mise en place d’un béton lourd par coulée gravitaire au sein
quantités utilisées. d’un espace complexe occupé par un réseau dense d’armatures
(> 200 kg/m3) et l’obtention d’un serrage correct à l’aiguille vibrante
pouvant s’avérer difficiles (accès, ségrégation, défauts de remplis-
limitative, propose par ailleurs un béton standard, base de com- sage), la réalisation d’un béton autoplaçant est une solution à rete-
paraison indispensable pour toutes caractéristiques confondues nir comme le montre le retour d’expérience relatif à la mise en place
et lui-même matériau de radioprotection. Il s’avère difficile de des voiles et planchers de la piscine du réacteur Jules Horowitz
considérer chacune de ces compositions comme un véritable (CEA/Cadarache, figure 4)). Le béton utilisé contient principalement
standard. En effet, chaque ouvrage ayant sa spécificité propre, la de la magnétite 0/6,3 mm (2700 kg/m3), un CEM I 52,5 (365 kg/m3),
variété des contraintes de mise en œuvre et la diversité des pro- un apport de filler calcaire avec un rapport massique eau/fines de
venances pour les liants et les granulats font en sorte que les 0,44. L’adjuvantation combine superplastifiant et agent de cohésion
bétons mis en place sont toujours différents, même lorsque leur (anti-ressuage), conférant au matériau frais un comportement rhéo-
composition est identique. logique « autoplaçant ». Les propriétés obtenues pour le matériau
Par ailleurs, d’importants écarts de comportement sont observés satisfont aux exigences (masse volumique ≥ 3 500 kg/m3, résis-
en fonction de l’époque de fabrication. Affectant surtout les perfor- tance mécanique en compression > 50 MPa à 28 jours).
mances mécaniques, ils trouvent leur origine dans l’efficacité des
techniques de serrage et des adjuvants disponibles au moment de À retenir
la mise en œuvre. La résistance des bétons anciens apparaı̂t ainsi
très inférieure à celle prévue pour les bétons modernes de même – L’hématite est un des granulats lourds parmi les plus inté-
composition (valeurs calculées en italique dans le tableau 10). ressants (coût, propriétés) pour la protection gamma.
– Le carbure de bore (B4C) est intéressant pour la protection
Le coût des bétons spéciaux étant globalement proportionnel au
neutronique et ses propriétés thermomécaniques exception-
coût des granulats, il existe une grande disparité de prix au mètre
nelles.
cube, indépendamment du transport et de la mise en œuvre.
– En cohérence avec la formulation du matériau, le dosage
Exemple de l’adjuvant doit être réglé précisément.
On retiendra des prix de revient de l’ordre de 200 et 2 200 €/m3,
respectivement pour le béton standard et le béton à l’hématite 1.
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Ciment [kg/m3] CEM I 350 CEM I 350 CAC 400 CEM I 350 CEM II 350 CEM II 350 CEM I 350 CEM I 350
Eau [kg/m3] 100 150 140 140 175 128 110 150
Superplastifiant
1,75 5,25 4,25 1,75 5,25 1,75 1,75 1,75
[kg/m3]
Sable 1 (1) [kg/m3] 990 (0/1) 990 (0/1) 200 (0/1) 1 280 (0/7) 580 (0/3) 750 (0/4)
Sable 2 (1) [kg/m3] 920 (0/6) 920 (0/6) 1 100 (0/5) 1 100 (3/7) 420 (4/12)
Gravillons (1)
1 680 (6/20) 1 680 (6/20) 2 450 (5/25) 1 800 (5/20) 1 800 (7/30) 780 (8/20)
[kg/m3]
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Rapport e/c 0,286 0,429 0,35 0,4 0,5 0,366 0,314 0,429
Masse volumique
6 300 4 044 4 076 4 720 3 500 3 550 4 920 2 381
[kg/m3]
Conductivité à 25 C : 6,15
15,25 6,23 11,7 3,37 1,36 11,14 2,26
thermique [W/(m.K)] à 80 C : 5,65
Coefficient de
dilatation linéique 11,6 x 10-6 8 x 10-6 8,5 x 10-6 9,5 x 10-6 8,9.10-6 19,9 x 10-6 16,3 x 10-6 10 x 10-6
[K-1]
Retrait 28 jours
190 270 140 130 300 225 120 175
[mm/m]
Résistance à la
exp : 76,0 exp : 50,2 exp : 35
compression 28 j 80 76 44 36 63
calc : 148 calc : 95 calc : 99
[MPa]
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Ciment [kg/m3] CAC 400 CAC 415 CAC 400 CEM II 350 CEM I 350
3
Eau [kg/m ] 180 332 148 175 140
Conductivité thermique
2,2 à 20 C : 0,78 (0,88) à 40 C : 3,5 2,4 n.d.
[W/(m.K)]
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Résistance à la compression 28 j
54 19,0 115 40 60
[MPa]
éléments « légers », « intermédiaires » et « lourds ». Dans la sa masse volumique. La méthode est illustrée par le tableau 12
mesure où la teneur des granulats naturels en éléments spécifiques avec les exemples du béton standard et du béton lourd à l’héma-
de l’atténuation peut varier dans d’énormes proportions, la valeur tite 1. À partir des coefficients massiques d’atténuation des élé-
des coefficients relatifs aux différents types de béton n’est donnée ments m/r, disponibles pour diverses énergies, le coefficient mas-
qu’à titre indicatif. sique d’atténuation du béton est obtenu dans un premier temps.
Compte tenu des enjeux de la radioprotection, les calculs d’atté- Le produit de ce coefficient massique d’atténuation par la masse
nuation doivent toujours être exécutés à partir des caractéristiques volumique du béton donne en définitive le coefficient d’atténua-
réelles des bétons. tion linéique (en cm-1) :
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Piscine intermédiaire
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Local circuits
piscines et cœur
Emplacement du bouchon de
fond de piscine Crypte Zone des traversées piscines réacteur (UR-2S10)
Figure 4 – Coupe du bâtiment réacteur Jules Horowitz passant par la piscine réacteur et la piscine intermédiaire et montrant l’intrados du béton
lourd (en vert)
Pour les bétons ordinaires seulement, il est intéressant de savoir Les coefficients massiques d’absorption d’énergie du béton standard
que les coefficients massiques m/r à une énergie donnée varient et du béton lourd à l’hématite figurent dans le tableau 15 avec ceux
très peu avec les compositions, en dépit d’une disparité notable de l’air et de l’eau, très utiles dans les calculs de radioprotection.
de ces dernières. Les écarts notés sont inférieurs à 1,5 % jusqu’à
5 MeV et inférieurs à 6 % au-delà [15]. Dans ces conditions, la
5.1.1.3 Facteur d’accumulation de débit de dose
masse volumique apparaı̂t principalement influencer la valeur du
coefficient d’atténuation m (les écarts notés sur ce dernier vont jus- Pour un détecteur « d » placé à l’arrière d’un écran, ils sont défi-
qu’à 15 % environ). nis par le rapport de la réponse au flux total (flux direct + flux dif-
Les coefficients d’atténuation massiques et linéiques du béton fusé) à la réponse au flux direct, ce dernier étant égal à :
standard et du béton d’hématite 1 ont été calculés pour différentes ϕdir = ϕ0 exp ( − μx )
énergies (tableaux 13 et 14). La comparaison de leur évolution en
fonction de E (figure 5) montre que, au voisinage de 1 MeV, l’écart
avec j0 flux incident.
est le plus faible (47 %), conséquence de la prédominance de la dif-
fusion Compton par rapport aux interactions rayonnement-matière Employés en radioprotection, ils permettent de calculer un débit de
de type « absorption ». Les coefficients d’atténuation de divers dose (ou une dose) dans l’air derrière un écran de béton. Le facteur
bétons spéciaux peuvent être trouvés dans [2] [3] [15]. d’accumulation de débit de dose pour une source ponctuelle isotrope
est le plus souvent utilisé. Sa valeur pour différents parcours moyens
5.1.1.2 Coefficient massique d’absorption d’énergie mx a été calculée pour le béton standard et le béton à l’hématite 1
Ce type de coefficient intervient dans l’évaluation de la dose (tableaux 13 et 14). L’évolution de Bdébit de dose en fonction de l’épais-
déposée dans le matériau de radioprotection. Il se calcule pour les seur d’atténuation présente une allure voisine pour les deux bétons
différentes énergies à partir des coefficients des éléments constitu- dans une gamme d’énergie de 0,5 à 5 MeV (figures 6 et 7). Il en serait
tifs du béton [16] et s’exprime en centimètres carrés par gramme : différemment avec un béton extra lourd au plomb pour lequel Bdébit de
dose augmente avec l’énergie des photons.
⎛ μen ⎞ ⎡ ⎛μ ⎞ ⎤
⎜⎝ ρ ⎟⎠ (E ) = ∑ ⎢fi ⎜ en ⎟ (E )⎥ L’efficacité de l’atténuation pour un béton donné à une énergie
béton i ⎢
⎣ ⎝ ρ ⎠ i ⎥⎦ donnée est évaluée en définitive par la valeur du facteur d’atténua-
tion vis-à-vis d’un faisceau non collimaté :
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O 6,372 x 10-2 5,085 x 10-1 3,240 x 10-2 3,282 x 10-1 2,091 x 10–2
Na 6,100 x 10–2 3,843 x 10–4 2,344 x 10–5 8,879 x 10–5 5,416 x 10–6
Mg 6,296 x 10–2 1,979 x 10–3 1,246 x 10–4 4,382 x 10–4 2,759 x 10–5
Al 6,146 x 10–2 3,632 x 10–3 2,233 x 10–4 1,217 x 10–3 7,480 x 10–5
Si 6,361 x 10–2 2,068 x 10–1 1,315 x 10–2 9,107 x 10–3 5,793 x 10–4
S 6,376 x 10–2 1,391 x 10–3 8,868 x 10–5 7,755 x 10–4 4,944 x 10–5
K 6,216 x 10–2 8,787 x 10–4 5,462 x 10–5 1,703 x 10–4 1,059 x 10–5
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Cr 5,930 x 10–2 6,839 x 10–6 4,055 x 10–7 4,094 x 10–6 2,428 x 10–7
Mn 5,852 x 10–2 1,925 x 10–4 1,127 x 10–5 4,634 x 10–6 2,712 x 10–7
Fe 5,995 x 10–2 7,188 x 10–3 4,309 x 10–4 6,142 x 10–1 3,682 x 10–2
Sf i 1 1
m [cm ] –1
1,527 x 10–1 2,494 x 10–1
∫
⎛μ ⎞
magnétite ou d’ilménite présentent des propriétés d’atténuation très D ′ (x , E0 ) = φ ( x , E ) E ⎜ en ⎟ (E ) dE
proches de celles du béton d’hématite en raison d’un numéro ato- 0 ⎝ ρ ⎠ écran
mique équivalent assez voisin (Zéq ª 18). Les bétons à base de
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0,02 15,35 6,447 1,048 1,068 1,107 1,135 1,174 1,194 1,204
0,05 1,313 0,5516 1,632 2,013 2,748 3,636 4,958 5,997 6,742
0,1 0,4560 0,1915 2,620 4,188 9,392 20,29 50,33 89,95 136,8
0,2 0,3024 0,1270 2,657 4,824 14,55 43,89 169,9 415,0 813,8
0,5 0,2076 0,0872 2,247 3,965 11,82 34,99 124,5 276,5 494,2
0,02 86,81 21,47 1,014 1,014 1,029 1,033 1,043 1,043 1,053
0,05 6,459 1,597 1,155 1,215 1,318 1,421 1,539 1,612 1,653
0,1 1,265 0,3128 1,550 1,884 2,646 3,621 5,084 6,253 7,142
0,2 0,5499 0,1360 2,001 2,941 6,049 12,29 27,84 46,57 67,59
0,5 0,3380 0,0836 2,046 3,284 8,413 21,81 66,50 133,9 224,6
le facteur d’accumulation d’absorption d’énergie (energy deposi- Le terme D′(x, E0) ne peut être calculé qu’au moyen d’un code de
tion buildup) est alors égal à [B 3 075] : type « Monte-Carlo ».
Pour une énergie donnée, Ba(mx) présente une évolution similaire
D ′ (x , E0 )
Ba ( μx , E0 ) = à celle de B(mx), mais avec des valeurs légèrement plus élevées, et
D0′ ( x , E0 ) peut être mis sous la forme :
Ba ( μx ) = 1 + a μx + b ( μx ) + c ( μx ) + …
2 3
avec φ0 flux incident normal à l’écran (en cm-2.s-1),
E0 énergie du rayonnement incident (en MeV), 5.1.2 Atténuation des neutrons
E énergie des rayonnements diffusés et induits Par rapport aux photons, les neutrons présentent des inter-
(en MeV). actions éminemment variables avec la matière, selon leur énergie
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1 000 1 000
5
5
2 0,5 MeV
100
5 2
2 100
Facteur d’accumulation B
10
1 MeV
μ [cm–1]
5
5
2
1 2 MeV
Hématite 2
5
10
2 Standard 5 MeV
0,1
5
5
2
2
0,01
0,01 2 5 0,1 2 5 1 2 5 10 1
Énergie des photons [MeV] 0 50 100 150 200 250
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Épaisseur x [cm]
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eV
eV
10–7
MeV
eV
10–2
1011
Facteur d’atténuation B exp (–µx)
10–3
1010 Total neutrons
Flux neutronique [n/cm2s]
10–4
109
Lents
10–5
8
E < 0,41 MeV
10
10–6
107
0,2 MeV
0,5 M
10
–7
1 Me
5M
M
eV
eV
eV
eV
V
6
10
10–8
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
0 50 100 150 200 250
Épaisseur de béton [cm]
Épaisseur [cm]
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Pour le béton standard, le calcul de Sa est détaillé au tableau 16, rapide quitte son groupe d’énergie initial ou sa direction de propa-
les valeurs caractérisant les autres bétons étant indiquées au gation initiale suite à un choc élastique sur l’hydrogène, un choc
tableau 17. inélastique sur un noyau lourd ou une absorption. Assimilé à un
coefficient linéaire d’absorption (au sens large), SR trouve surtout
5.1.2.2 Coefficient de diffusion et longueur de diffusion un intérêt pratique dans l’évaluation sommaire de l’atténuation de
différents bétons. Par analogie au coefficient d’atténuation m, SR est
L’atténuation des neutrons thermiques est décrite par la théorie
calculé à partir des coefficients massiques SR /r des différents élé-
de la diffusion. Dans ce cadre, le coefficient d’atténuation du béton
ments constitutifs du béton, excepté l’hydrogène pour lequel SR
est l’inverse de la longueur de diffusion L (en cm), celle-ci étant
(en cm-1) est remplacé par St (section efficace totale) :
définie par :
D ⎛ ⎛Σ ⎞
L= ⎡ ⎛ Σ ⎞ ⎤⎞
Σa ΣR = ρbéton ⎜ fH ⎜ t ⎟ + ∑ ⎢fi ⎜ R ⎟ ⎥⎟
⎝ ⎝ ρ ⎠ H ⎣ ⎝ ρ ⎠ i ⎥⎦⎠
i ⎢
avec D coefficient de diffusion du béton (cm), calculé d’après sa
composition isotopique (code de calcul APOLLO).
En toute rigueur, les sections efficaces dépendent de l’énergie, en
Les valeurs de D et L-1 pour différents bétons sont indiquées au particulier celle de l’hydrogène décrite à 2 % près entre 1,5 et
tableau 17. 20 MeV par la relation empirique (en cm-2/g) suivante [B 3 010] :
Sf i 1
Sa ou SR
9,239 x 10-2 9,133 x 10-2
[cm-1]
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Par commodité, SR est souvent calculé pour une énergie de 9 MeV, Sur la base des caractéristiques précédentes, le tableau 17 per-
la valeur de SR évoluant assez peu pour un béton donné entre 2 et met de comparer différents bétons quant à leur efficacité vis-à-vis
12 MeV. À cette énergie, SR est approximativement égale à 2/3 de la des neutrons thermiques ou rapides considérés isolément. En
section efficace totale du béton. Le tableau 16 présente le détail du matière de protection, cette comparaison n’est pas très réaliste car
calcul de SR pour le béton standard d’après les données de [20]. elle ne tient pas compte des photons gamma de capture, la dose
Pour les bétons ordinaires de teneurs en eau voisines, le coefficient due à ces derniers pouvant être jusqu’à 104 fois supérieure à celle
massique SR /r varie assez peu. Pour les bétons ordinaires de com- des neutrons incidents d’énergie E ≤ 1 MeV (le phénomène s’inten-
position quelconque, le coefficient linéaire SR dépend en revanche sifie avec l’épaisseur). La comparaison illustrée par les figures 11
de la masse volumique et de la teneur en eau ; une relation issue et 12 repose en revanche sur la réponse globale n + g, calculée en
de données expérimentales [21] en donne une estimation à 10 % termes d’équivalent de dose relatif pour deux configurations
près, à condition de respecter une fraction massique d’eau
représentatives :
feau > 0,02 (SR en cm-1) :
– spectre de fission (neutrons lents à rapides) ;
ΣR = 0,0383 + 0,0159 ρbéton + 0,18 feau
– spectre de fusion D + T (neutrons rapides ª 14 MeV).
H 7,015 x 10-3 2,084 x 10-2 3,246 x 10-2 1,609 x 10-2 5,049 x 10-3
O 5,085 x 10-1 5,132 x 10-1 6,072 x 10-1 4,283 x 10-1 9,825 x 10-2
Na 3,843 x 10-4 1,188 x 10-4 1,549 x 10-4 1,351 x 10-4 5,457 x 10-5
Mg 1,979 x 10-3 1,683 x 10-1 6,660 x 10-3 2,252 x 10-3 9,320 x 10-4
Al 3,632 x 10-3 3,563 x 10-2 4,486 x 10-2 3,598 x 10-2 1,523 x 10-2
Si 2,068 x 10-1 1,350 x 10-1 1,564 x 10-2 7,065 x 10-2 2,805 x 10-3
P 2,083 x 10-4 7,082 x 10-4 1,822 x 10-4 1,839 x 10-3 6,421 x 10-5
S 1,391 x 10-3 1,282 x 10-4 5,602 x 10-4 1,028 x 10-3 1,034 x 10-4
K 8,787 x 10-4 2,553 x 10-3 2,599 x 10-4 4,440 x 10-4 9,160 x 10-5
Ca 2,165 x 10-1 4,367 x 10-2 1,711 x 10-1 4,765 x 10-2 3,291 x 10-2
Ti 1,553 x 10-4 2,591 x 10-3 3,078 x 10-3 8,185 x 10-5 1,085 x 10-3
Mn 1,925 x 10-4 5,898 x 10-4 7,275 x 10-5 1,471 x 10-3 2,564 x 10-5
Fe 7,188 x 10-3 7,606 x 10-2 2,566 x 10-2 3,939 x 10-1 8,320 x 10-1
SR [(cm-1] 9,133 x 10-2 1,125 x 10-1 1,059 x 10-1 1,181 x 10-1 1,369 x 10-1
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10–3 Bé
to Hg équivalent de dose gamma derrière écran (en
n
sta Sv).
Bé nd
10–4 to ar
Bé n d
de Les équivalents de dose ambiants sont estimés sous 10 mm de
to lim
n
de on tissus, conformément à la CIPR 74 [22].
Bé
se ite
Le spectre de fission retenu est celui du 244Cm, radioélément
t on
10–5 rp
en
tin contribuant majoritairement à l’équivalent de dose neutrons dans
de
e
un combustible mixte UO2 - PuO2 (MOX) irradié puis refroidi plus
rib
Bé
lo
10
ns
co
olé
2 A3 / 2
( )
lé
B
an
πB exp
nit
ite
4A
e
10–8 244
avec A = 1,10375 et B = 3,848 pour Cm.
0 25 50 75 100 125 150
Le spectre de fusion D + T utilisé, gaussien et centré sur
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10 –3 lé Bé
da
est beaucoup moins différenciée (le rapport d’épaisseurs entre
m to rd
an n béton standard et béton de riblons boré n’est plus que de 1,6).
de
ite se Les compositions intermédiaires peuvent même présenter des
rp comportements assez proches (limonite et colémanite) ce qui sou-
en
10–4 tin ligne l’intérêt potentiel de divers bétons combinant le fer et le
e
bore (hématite + carbure de bore par exemple). Si le béton de
riblons boré demeure de fait le matériau le plus performant,
10–5 l’obtention d’une protection comparable à celle prévue pour un
Béton de colémanite spectre de fission nécessite cependant une augmentation d’épais-
Béton de limonite seur d’environ 70 %. Dans ce cas, l’optimisation consistant à
10–6 découpler les fonctions de ralentissement, de capture puis d’atté-
nuation gamma au sein d’une succession de bétons spécifiques
est une solution à envisager.
10–7
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l’emploi de superplastifiants réducteurs d’eau, ces qualités ordinai- – l varie sensiblement avec le degré de saturation en eau du
res peuvent se trouver facilement dépassées puisque l’on peut béton, autrement dit avec l’état de référence de ce dernier (âge et
obtenir des bétons de radioprotection de haute performance mode de conservation).
(BHP) dont la résistance en compression est supérieure à 60 MPa
à 28 jours. Même si cette caractéristique n’est pas nécessairement Si l’on considère le béton comme une suspension solide dans
recherchée, il est frappant de constater que certains granulats spé- l’eau, on constate que l et la variabilité de l augmentent avec la
ciaux contribuent aussi à l’atteindre. L’acier, l’hématite, le corindon, concentration et le nombre des constituants solides :
matériaux de grande dureté, peuvent transformer ainsi un béton – eau seule l = 0,6 W.m-1.K-1 (25 C) ;
ordinaire en BHP. Des températures de service jusqu’au voisinage – pâte de ciment saturée l = 1,1 à 1,6 W.m-1.K-1 ;
de 100 C peuvent par ailleurs contribuer à augmenter la résistance – béton ordinaire l = 1,4 à 3,6 W.m-1.K-1.
initiale, le gain dû à l’activation des réactions d’hydratation étant
supérieur à la perte due au séchage. Au-delà de 150 C, une dimi- Pour le béton ordinaire, nécessairement non saturé au sein d’un
nution est le plus souvent constatée avec une amplitude très écran de protection, l demeure assez faible ce qui constitue un
variable selon le type de granulat et le confinement du béton. inconvénient vis-à-vis d’une irradiation intense avec l’apparition
La résistance en traction est beaucoup plus sensible aux effets de de gradients thermiques et de fissurations. À l’état sec (après
la température et de l’irradiation car elle intègre complètement la chauffage à 150 C par exemple), l peut même être inférieur à
qualité de la liaison granulat-matrice cimentaire. 1 W.m-1.K-1.
L’augmentation la plus significative de la conductivité thermique
5.2.1.2 Élasticité du béton est obtenue par l’emploi de granulats fortement conduc-
teurs (acier, corindon, hématite) au sein de squelettes granulaires
Pour un béton sollicité à moins de 60 % de sa résistance, les
les plus compacts possibles. De ce point de vue, le calcul de lbéton
déformations instantanées sont réversibles. Ce comportement élas-
peut être approché à l’aide du modèle trisphère, à l’instar du
tique est une caractéristique intrinsèque du matériau, très impor-
module d’élasticité. On montre alors que la conductivité d’un
tante pour le comportement des structures.
béton spécial peut difficilement excéder 15 W.m-1.K-1.
Le module d’élasticité du béton peut être calculé selon le modèle
trisphère [12], connaissant les modules de la pâte de ciment Ep et 5.2.2.2 Capacité thermique massique
du granulat Eg :
Dans les conditions standard (25 C, 101 325 Pa), la valeur de ce
⎛ Eg2 − E p2 ⎞ paramètre (en J.kg-1.K-1) est calculable à partir des capacités des
Ebéton = E p ⎜ 1 + 2g ⎟
( ) ( )
oxydes simples constitutifs du béton (H2O, CaO, SiO2, Fe2O3, etc.) :
⎜⎝ g * − g Eg2 + 2 (2 − g *) EgE p + g * + g E p2 ⎟⎠
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C p = Σfi C pi
avec g* concentration granulaire virtuelle maximale,
g
concentration réelle du granulat, avec f i fraction massique du constituant i de capacité Cpi.
0,22
⎛d ⎞
g * = 1 − 0,39 ⎜ ⎟ pour les granulats roulés, Exemple
⎝D⎠
0,19 On peut retenir les valeurs suivantes pour trois compositions
⎛ ⎞
d
g * = 1 − 0,45 ⎜ ⎟ pour les granulats concassés. issues des tableaux 10 et 11 :
⎝D⎠ – béton standard Cp = 975 J.kg-1.K-1 ;
À un âge donné, la pâte de ciment présente pour sa part un – béton de colémanite Cp = 880 J.kg-1.K-1 ;
module d’élasticité et une résistance en compression directement – béton d’hématite 1 Cp = 794 J.kg-1.K-1.
proportionnels [12] : KRcj
E pj = k p 2,4 La présence de métal (granulat, armature), contribue à diminuer
⎛ ρc e ⎞ ces valeurs tandis que la teneur en eau tend à les augmenter très
⎜⎝ 1 + 10 c ⎟⎠ significativement, conséquence de la forte capacité thermique mas-
3
sique de H2O (4 184 J.kg-1.K-1). Lorsque la température augmente,
avec kp = 220 et K = 8 constantes expérimentales, l’évolution de la capacité thermique massique du béton est essen-
Rcj résistance normalisée du ciment à l’échéance j tiellement gouvernée par l’eau. Cp croı̂t d’abord avec le développe-
(NF EN 196-1). ment de la phase vapeur (facteur 2 à 3 au voisinage de 90 C), puis
diminue lorsque l’eau a été éliminée par séchage.
Cette relation conduit à calculer pour la matrice du béton standard,
ou celle très voisine du béton d’hématite 1, un module de 14,1 GPa à 5.2.2.3 Coefficient de dilatation thermique
28 jours. L’application du modèle trisphère permet de juger de Souvent négligé pour des conditions de service à température
l’influence considérable du module du granulat et de la compacité ambiante, ce paramètre devient d’autant plus prépondérant que le
sur le module du béton, résultat retrouvé expérimentalement. béton subit un échauffement DT important, en particulier au-delà de
la température de 150 C.
5.2.2 Conductivité thermique, capacité thermique Il existe une très forte corrélation entre le coefficient de dilatation
massique, dilatation thermique thermique du granulat et celui du béton (a suit la loi des mélan-
ges). On peut donc considérer que les granulats présentant les
5.2.2.1 Conductivité thermique coefficients a les plus élevés conduisent aux bétons les plus expan-
Ce paramètre (l) permet de décrire le transfert de chaleur dans le sifs, ce qui est susceptible d’entraı̂ner la ruine des matériaux sous
matériau en régime stationnaire, ou bien en régime transitoire par certaines conditions.
le biais de la diffusivité thermique l/rCp. Pour un composite tel que
le béton, la conductivité thermique est une propriété parmi les plus Exemple
délicates à déterminer expérimentalement ou par calcul, d’où une Pour des bétons barytés, après un traitement de 6 mois à 250 C,
forte disparité des données disponibles. Trois raisons en sont le granulat et sa matrice sont complètement fracturés [3].
l’origine :
– l ne suit pas la loi des mélanges ; D’une façon générale, les bétons comportant des granulats de
– l’évolution de l n’est pas linéaire avec la température (en parti- coefficients inférieurs à celui de la pâte de ciment (a ª 10-5.K-1)
culier pour l’eau qui présente un maximum à 130 C) ; maintiennent un niveau de résistance mécanique satisfaisant
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jusqu’à 250 C (hématite, corindon, magnétite, calcaire pur). En Ba(mx) facteur d’accumulation d’absorption d’énergie,
revanche, les granulats siliceux et la colémanite doivent être évités Ei énergie des photons i (en MeV),
en raison de leur dilatation supérieure à celle de la pâte.
C = 1,60218 x 10-13 J/MeV.
Pour les bétons à base Portland, 150 C constitue un seuil ther- La relation est voisine pour les neutrons [13] (H(x) en W/cm3) :
mique à partir duquel la matrice de ciment se rétracte tandis que
les granulats poursuivent leur expansion. Ces variations volumi-
ques contraires sont heureusement partiellement compensées par
(
H ( x ) = C ∑ EB Σt (Ei ) φ x i E j )
i
le fluage de la matrice lors de la montée en température. Par
contre, au refroidissement, le retrait des granulats n’est plus avec EB ª 8 MeV énergie de liaison libérée par capture,
accompagné par la matrice et il y a une désolidarisation à l’inter- St(Ei) section efficace macroscopique de capture
face d’autant plus prononcée que agranulat est élevé. pour l’énergie Ei (en cm-1).
0,3 seur de protection, une contrainte totale (en MPa) peut être calcu-
lée [23] sur la base d’un gradient thermique linéaire auquel se
superpose la contribution de l’irradiation :
0,25
αEc ⎡T1 − T2 ⎛ h ⎞ CE μen φ0 ⎤
σ (x ) = ⎢
1− ν ⎣ h ⎝
⎜ x − ⎟⎠ −
2 λμ2
(A + Bx − exp (− μx )f (x ))⎥
0,2 ⎦
avec
0,15
4 6 6 12
A= g (0) − 2 2 h (0) ; B = − g (0) + 2 3 h (0)
μh μ h μh2 μ h
0,1
et
0,05 n ⎡
n (n + 1) d n −1 Ba ( μx ) ⎤
g (x ) = ∑ ⎢ n −1 ⎥
Béton d’hématite
1 ⎣ 2!μ dx n −1 ⎦
0 n ⎡
n (n + 1) (n + 2) d n −1 Ba ( μx ) ⎤
0 10 20 30 40 50 h (x ) = ∑ ⎢ ⎥
Profondeur de béton [cm] 1 ⎣ 3! μn −1 dx n −1 ⎦
Figure 13 – Débit de dose dans le béton en fonction de la profondeur où a coefficient de dilatation thermique linéique
-
pour un débit de dose extérieur (dans l’air) de 10 1 Gy/s (flux parallèle (en K-1),
de photons g de 1 MeV, normalement incidents) Ec module d’élasticité statique (en MPa),
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10
60
55 Béton standard
8
50
Température [ºC]
45 Traction
40 6
35
30 4
25
Contrainte [MPa]
20
2
0 25 50 75 100 125 150
Épaisseur de protection [cm] Béton standard
0
60
55 Béton d’hématite –2
50
Température [ºC]
45 –4
40 Compression
35
–6
30 Béton d’hématite
25
–8
20
0 25 50 75 100 125 150 0 25 50 75 100 125 150
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Dans le cas des réacteurs électrogènes à fission, l’essentiel du Dans le cas des accélérateurs, ce sont les granulats spéciaux eux-
rayonnement gamma ambiant provient de la capture des neutrons mêmes qui s’activent, en particulier les riblons d’acier (59Co) et la
dans les voiles de béton et autres éléments de structure. Les princi- barytine (132Ba).
paux isotopes susceptibles de s’activer sont rappelés au tableau 18. Afin de minimiser l’activation dans le béton et ses conséquences
À court terme (< 24 h), la contribution à la dose induite est essentiel- radiologiques, trois types de mesures sont en général mises en
lement due à 27Al et 48Ca. En revanche, les impuretés associées au œuvre :
ferraillage ou aux granulats ferrifères sont responsables de l’irradia-
tion résiduelle à long terme : 59Co (surtout), 58Fe, 58Ni et 50Cr. – spécification des matériaux : teneur en cobalt inférieure à
600 p.p.m. ;
Présents en trace dans la plupart des bétons, les deux isotopes – absence d’armature à moins de 20 cm de la peau exposée du
naturels de l’europium induisent de même une activité résiduelle béton (sous réserve d’un chargement mécanique sans composante
de l’ordre de 1 Bq/g dans les dix premiers centimètres de protec- de traction) ;
tion dont il convient de tenir compte lors du démantèlement. – introduction d’éléments neutrophages (bore, terres rares) dont
Dans le cas d’une machine de fusion D + T, des neutrons de l’effet de capture des neutrons thermiques surpasse celui des
14,1 MeV sont émis et l’activation s’avère jusqu’à quatre fois plus impuretés.
efficace par rapport à celle des neutrons de fission (2 MeV en
moyenne). La réaction « n, p » sur 16O (réaction à seuil de 11 MeV)
induit par ailleurs une dose importante (mais à très court terme) du 6.2 Radiolyse du béton
fait de l’abondance de cet isotope et de la grande dureté des pho-
tons g émis. Au sein du liquide poral résiduel, l’eau du béton subit le phéno-
mène de radiolyse, conséquence physico-chimique des ionisations
et excitations électroniques sur la molécule H2O sous irradiation
Tableau 18 – Principaux isotopes du béton concernés gamma ou neutronique. Facilement décelable par l’apparition
d’hydrogène moléculaire, la décomposition de l’eau constitue pour-
par l’activation neutronique (neutrons thermiques tant une forme minoritaire de la dégradation de l’énergie rayonnée,
2 200 m/s) la plus grande partie de cette dernière étant transformée sous
forme de chaleur.
Proportion En raison du risque « hydrogène » (atteinte de propriétés explo-
Section
Réaction Période Énergies isotopique sives au-delà de 4 %, en volume, de H2 dans l’air), la radiolyse pose
efficace g [MeV]
d’activation fils père plus un problème de sûreté vis-à-vis des installations qu’un réel
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[barn]
[%] problème de durabilité pour le béton de radioprotection. La poro-
sité connectée et partiellement saturée du matériau laisse effective-
1
H (n, g) 2H 0,3326 stable 2,2 99,985 ment la possibilité au gaz de radiolyse de s’échapper, une partie de
H2 étant recombinée in situ. Au sein de locaux confinés, il convient
16
O (n, p) 116N 0,00028 7,13 s 6,14 ; 7,11 99,762 donc d’estimer correctement les quantités de H2 produites afin de
prévoir une ventilation ou une extraction suffisantes. Cette estima-
23
Na (n, g) 24
Na 0,53 14,960 h 1,37 ; 2,75 100 tion passe par une simulation complète de la radiolyse et du trans-
port gazeux qui lui est couplé au sein du matériau et nécessite une
26
Mg (n, g) 27
Mg 0,0382 9,462 min 0,84 ; 1,01 11,01 connaissance détaillée des débits de dose par type de rayonnement
et des caractéristiques du réseau poreux (volume poreux, taux de
27
Al (n, g) 28
Al 0,231 2,244 min 1,78 100 saturation liquide, coefficient de diffusion gazeuse, perméabilité).
La base du calcul de radiolyse repose sur la notion de rendement
30
Si (n, g) 31
Si 0,107 2,62 h 1,26 3,10 primaire, nombre de moles formées par unité d’énergie absorbée
dans l’eau pour toutes les espèces primaires issues de la décompo-
41
K (n, g) 42
K 1,46 12,359 h 1,52 6,7302 sition de l’eau au terme de 10-6 s. À titre indicatif, des valeurs de
rendements primaires « gamma » et « neutron rapide » sont don-
48
Ca (n, g) 49
Ca 1,09 8,72 min 3,08 0,187 nées à 25 C dans le tableau 19. Ces valeurs sont susceptibles de
varier avec la température, le pH et le transfert d’énergie linéique
50
Cr (n, g) 51
Cr 15,9 27,703 j 0,32 4,345 (TEL) du rayonnement [24]. Elles montrent que l’irradiation neutro-
nique, non seulement, favorise la production de H2, mais diminue
55
Mn (n, g) 56
Mn 13,3 2,5785 h 0,85 ; 1,81 100 aussi celle du radical oxydant OH• responsable de sa destruction.
Il est important de noter que quelle que soit la nature du rayonne-
54 54 ment, les valeurs de rendements primaires relatifs à la décomposi-
Fe (n, p) Mn 2,56 312,2 j 0,83 5,8
tion de l’eau doivent vérifier la relation fondamentale :
58
Fe (n, g) 59
Fe 1,28 44,51 j 1,10 ; 1,29 0,28 3 GHO2 + 2 GH2O2 + GOH = 2 GH2 + Ge− + GH = G−H2O
aq
59
Co (n, g ) 60
Co 37,18 5,271 a 1,33 ; 1,17 100
Pour un béton dont la fraction massique en eau libre résiduelle est
58
Ni (n, p) 58
Co 4,6 70,78 j 0,81 68,077 f eau, avec une masse volumique rbéton, un taux maximal de produc-
tion de H2 (en mol.s-1.m-3) peut être estimé :
133
Cs (n, g) 134
Cs 29,0 2,066 a 0,60 ; 0,80 100
Q (H2 ) = G (H2 )Deau
′ feau ρbéton
132
Ba (n, g ) 133
Ba 6,5 10,5 a 0,36 ; 0,30 0,101
Avec un béton de ciment Portland comportant une masse d’eau de
151
Eu (n, g) 152
Eu 9 283 13,53 a 1,41 ; 1,11 47,81 gâchage et une masse de ciment au mètre cube respectivement
égales à Me et Mc, la quantité d’eau libre (en kg/m3) généralement
153
Eu (n, g) 154
Eu 323 8,59 a 1,27 ; 1,00 52,19 retenue est la suivante :
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Tableau 19 – Rendements primaires (10-8 mole/J) utilisés pour simuler la radiolyse de l’eau porale
1,50
⎛ μen ⎞
⎜⎝ ρ ⎟⎠ x
∫
1,25
eau 1
′ = D0′ air
Deau Ba ( μx ) exp ( − μx ) dx
⎛ μen ⎞ x 0 1,00
⎜⎝ ρ ⎟⎠
air
0,75
avec (men/r)eau, (men/r)air coefficients massiques d’absorption d’énergie, res-
pectivement dans l’eau et l’air (en cm2/g), 0,50
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(8,7 x 107 Gy à raison de 2,78 Gy/s) d’une pâte composée de 75 % La portlandite est le second hydrate principal des pâtes de
de laitier et 25 % de clinker (e/c = 0,36), cette évolution minéralo- ciment Portland. Elle ne présente pas de modification significative
gique est la seule identifiée [30]. Il convient de souligner que, du sous irradiation, la croissance de peroxyde radiolytique résultant
fait du débit de dose très élevé, une augmentation notable de tem- d’un effet chimique indirect et non systématique.
pérature est associée à ce phénomène (T = 50 C).
6.3.1.2 Granulats
Les liants de type CEM III sont en conséquence à éviter pour Les granulats siliceux irradiés par des neutrons rapides sont
les bétons de radioprotection sous flux élevés. affectés par un gonflement progressif. Pour le quartz et tous les
granulats qui en contiennent (quartzite, granite, etc.), on constate
que les fluences nécessaires pour obtenir un gonflement significatif
Le silicate de calcium hydraté (C-S-H) est le principal hydrate des sont les mêmes que celles provoquant l’endommagement des
pâtes de ciment Portland. Il ne subit pas d’évolution chimique sous bétons (1019 à 1020 n/cm2). L’augmentation importante de volume
irradiation [31], en particulier le rapport Ca/Si reste inchangé, mais (au maximum DV/V = 17 %) est directement liée à l’amorphisation
semble affecté par une nouvelle répartition de sa porosité, cons- du réseau cristallin [33]. Les roches et minéraux silicatés (par exem-
tante au demeurant. Cette réorganisation évoque d’autant plus ple la serpentine [34]) ont un comportement généralement analo-
une variété de fluage que l’hydrate incriminé est quasi amorphe, gue [35], l’amplitude du phénomène dépendant du degré
donc enclin à ce comportement. L’évolution de la distribution des d’accommodation autorisé par la structure cristalline de départ.
tailles de pores au sein d’une pâte de ciment Portland sous irradia- Concernant les roches carbonatées, seconde source de granulats
tion gamma (figure 17) semble associée à ce phénomène. Les pour les bétons ordinaires, les calcaires (très majoritaires) et dolo-
conséquences macroscopiques paraissent cependant limitées car mies se caractérisent par des édifices cristallins où la liaison cation-
d’amplitude très inférieure à celle des autres types de fluage, en CO3 est de nature ionique, contrairement aux granulats siliceux où
particulier celui lié au départ de l’eau (cf. § 6.4.3). La relative plasti- la liaison Si-O est de nature covalente. Il en résulte une nette diffé-
cité du C-S-H cimentaire lorsqu’il reçoit de l’énergie permet rence de comportement sous irradiation, avec relaxation et répara-
d’absorber une partie des contraintes transmises par les granulats tion conduisant à une absence de gonflement significatif [36]
dont le comportement sous rayonnement est spécifique. même jusqu’à 1020 n/cm2 (E < 0,1 MeV).
L’expansion volumique induite par l’irradiation (RIVE : Radiation
Induced Volumetric Expansion) est déterminée expérimentalement
16 pour de nombreux minéraux [37] et apparaı̂t comme une donnée
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Non irradié Irradié raux, elle peut être décrite par une fonction empirique, d’allure
12 sigmoı̈de :
10 ⎛ ⎛ ⎛ ⎞ ⎞⎞
d
ε ( Φ ) = εmax
* ⎜ 1 − exp ⎜ − ⎜ Φ ⎟ ⎟ ⎟
8 ⎜ ⎜ ⎝ Φ1/ 2 (T ) ⎠ ⎟ ⎟
⎝ ⎝ ⎠⎠
6
avec εmax
* expansion volumique maximale (%),
4
Φ et Φ1/ 2 (T ) fluence des neutrons rapides nominale et fluence
2 correspondant à la moitié de l’expansion maxi-
male observée à la température T,
0
1000 100 10 1 0,1 0,01 0,001 d exposant compris entre 2 et 5.
Diamètre de pore [μm]
Pour les matériaux de type carbonate, la forme sigmoı̈de n’est
pas observée et est remplacée par une fonction à seuil et plateau
Figure 17 – Répartition des tailles de pores (porosimétrie au mercure) (figure 18). Dans le cas d’une exposition simultanée gamma-neu-
dans une pâte de ciment Portland de rapport massique eau/ciment tron, l’effet de la composante gamma demeure négligeable sur le
0,4 avant et après irradiation gamma pour une dose intégrée de 1,2 MGy critère de la RIVE. Des modifications sont toutefois possibles au-
(d’après [32]) delà de 109 Gy [28] dans le cas d’une irradiation gamma seule.
ε*max ε*max
RIVE
RIVE
Fluence Fluence
Figure 18 – Deux modèles empiriques de RIVE pour le quartz (à gauche) et la calcite (à droite) (d’après [37])
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Ciment alumineux
6.4 Séchage, retrait, fluage
0 à 105 C Départ de l’eau libre
rapides, il existe un gonflement par formation de bulles lenticulai- Étant gouvernée par la diffusion de la vapeur d’eau dans la poro-
res d’hélium avec microfracturation [38]. L’accumulation de gaz est sité, la cinétique de séchage augmente avec la température T et le
linéaire avec la dose et conduit à un endommagement progressif et
rapport e/c du béton ; elle suit globalement une loi du type [12] :
significatif pour des fluences de l’ordre de 1019 n/cm2 avec des neu-
trons thermiques et bien au-delà avec des neutrons rapides.
t − ts
H2O = H2O∞
6.3.2 Transformations liées à la température ah02 + t − t s
Les effets de la température l’emportent largement sur ceux de
l’irradiation et c’est au niveau de la pâte, élément faible du béton, avec H2O• quantité d’eau maximale évacuée à terme,
que se situent les principaux dommages à court terme. Le couple h0 épaisseur moyenne du voile de béton,
pâte cimentaire-granulat peut aussi être impliqué dans le cas de
propriétés divergentes avec la température (coefficients de dilata- a coefficient dépendant du béton (e/c) et de T,
tion thermique). On considère en général que les bétons ordinaires
supportent, en condition de service, des températures allant jus- t et ts âge total du béton et âge en début de séchage.
qu’à 90 C s’ils sont bien protégés (confinement hydrique et calori-
fugeage). Au-delà, le comportement devient complexe et difficile à Cette relation rend compte du fait que la fraction d’eau éliminée
prévoir en raison de nombreux couplages matériau-structure. à une échéance donnée est d’autant plus importante que le séchage
débute au jeune âge et que l’épaisseur du béton est faible.
Différents seuils physico-chimiques peuvent être franchis selon la
température atteinte (tableau 20) et le confinement du béton. Généralement utilisés en forte épaisseur, les bétons de radiopro-
Il convient de souligner que, après chauffage accidentel au-delà tection mettent théoriquement un temps très long pour sécher. Ils
de 400 C, le refroidissement d’un béton à base « Portland » en pré- connaissent cependant deux conditions de service fréquentes et
sence de vapeur d’eau peut s’accompagner d’une destruction de la aggravantes : la chaleur et la ventilation (puits de cuve de réacteur,
matrice par croissance, très expansive, de Ca(OH)2. chaı̂ne blindée, casemate d’entreposage). En zone nucléaire,
l’extraction de l’air effectuée pour maintenir les locaux en dépres-
Macroscopiquement, l’action combinée de l’irradiation et de la sion contribue ainsi à faire sécher le béton assez rapidement, mais
température aboutit toujours à une perte de ductilité du béton a superficiellement, en l’absence de revêtement étanche (peau métal-
minima. Afin de prévenir toute évolution plus conséquente, les
lique, peinture époxy).
recommandations générales figurant dans [3] devraient être prises
en compte dès l’étape de conception des ouvrages en béton Des conséquences majeures sont associées au départ de l’eau :
(tableau 21). – le retrait de dessiccation et le fluage de dessiccation, phénomè-
Sauf cas particulier (ciment et granulats spécialement étudiés), nes à l’origine de fissurations et de déformations différées ;
on retiendra par ailleurs des températures de service maximales – la diminution de la teneur en hydrogène, affectant d’autant plus
de l’ordre de : sévèrement l’atténuation des neutrons que les bétons sont dépour-
90 C (protection neutron) ; vus de bore et pauvres en eau de constitution (l’impact sur l’atté-
150 C (protection gamma). nuation gamma est par contre assez faible).
Pour la plupart des bétons, les cyclages thermiques constituent Pour les conditions de service les plus sévères, les bétons de
enfin un facteur d’endommagement très important. Ils doivent radioprotection à base de ciment d’aluminates de calcium, pré-
être limités à la fois en nombre et en amplitude, voire même évités chauffés, apportent vis-à-vis de ces problèmes les meilleures
(béton de serpentine). garanties de stabilité.
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sont en traction. Ces dernières présentent donc normalement une – effet de pile par existence de gradients de débit de dose et de
fissuration superficielle à partir de déformations relatives de température au sein des voiles de béton (figure 13).
-6
l’ordre de 150 x 10 (0,15 mm/m). Dans ce dernier cas, spécifique aux voiles de béton de forte
La proportionnalité entre perte de masse et retrait n’est pas la épaisseur, on suppose que la composition du liquide interstitiel
même lorsqu’il reste de l’eau dans les capillaires et lorsque ces der- (électrolyte) est modifiée par l’irradiation et la température. Sa
niers sont vides (l’eau des hydrates commence alors à être sollici- variation avec la profondeur induit une corrosion galvanique si le
tée). De ce fait, les prévisions à long terme doivent s’appuyer sur réseau d’armature (électrode) est intégralement liaisonné.
de nouveaux paramètres rendant compte d’une cinétique plus lente. L’absence de revêtement constituerait alors un facteur aggravant,
le séchage favorisant la modification de l’électrolyte et d’une façon
6.4.3 Fluage de dessiccation générale l’accès de l’oxygène.
Une cinétique lente, la capacité de la pâte de ciment à absorber
Le fluage traduit l’aptitude du béton à se déformer de façon irré-
une partie du gonflement et le fait que les aciers ne soient pas
versible sous contrainte et associe deux composantes : le fluage
directement observables pourraient expliquer la non-détection du
propre et le fluage de dessiccation [40]. Trois configurations per-
phénomène pendant plusieurs décennies. Pour autant, ce point
mettent de mieux comprendre le lien entre l’existence du fluage et
doit être examiné attentivement dans la mesure où la durabilité
l’humidité interne du béton :
des ouvrages à long terme dépend étroitement du comportement
– un béton préséché ne flue pas ; des armatures (voir à ce sujet [COR 407]).
– un béton isolé (confinement hydrique) a son fluage propre ;
En ce qui concerne la corrosion classique (séquence « séchage –
– un béton en cours de séchage présente un fluage très supérieur
carbonatation – abaissement du pH – dépassivation »), le lecteur se
au précédent (fluage propre + fluage de dessiccation).
reportera à l’ouvrage de synthèse [42].
Un parallèle existe donc entre retrait endogène et fluage propre,
d’une part, et retrait de dessiccation et fluage de dessiccation,
d’autre part. Plus précisément, le fluage de dessiccation représente 6.6 Prévision de l’endommagement
un surplus de déformation équivalent au retrait de dessiccation. Le des bétons
fait que la fissuration de peau n’apparaisse plus dans une pièce de
béton comprimée en cours de séchage vient conforter cette Le comportement macroscopique des bétons soumis à une irra-
hypothèse. diation mixte de longue durée est très complexe car il implique des
processus multi-échelles et multiphasiques. Les modèles existants
Dans la mesure où les chargements mécanique et thermique s’appuient sur une description classique de type thermo-hydro-
favorisent les deux types de fluage, tant en intensité qu’en ciné- mécanique en intégrant les phénoménologies propres à l’irradia-
tique de développement, les bétons de radioprotection peuvent tion : gradients de dose et de température, fluage spécifique, gon-
apparaı̂tre plutôt pénalisés puisque : flement des granulats et modification couplée des paramètres
– les masses mises en jeu sont très importantes ; d’élasticité et de conductivité thermique. La difficulté est d’autant
– la densité élevée des bétons lourds concentre l’effet du poids ; plus grande que l’apparition de microfissures puis à terme de frac-
– l’élévation de température est fréquente. tures s’accompagne d’une modification des transferts hydriques à
l’origine d’un retrait de la pâte et d’un fluage supplémentaire. Les
Vis-à-vis du problème de fluage de dessiccation, il convient dès modèles nécessitent l’acquisition de très nombreuses données
la conception des ouvrages : expérimentales [43], difficiles à obtenir à partir des matériaux réels
– d’éviter les dalles en béton de grande envergure, quelle que dont l’historique est partiellement ou mal connu. Au-delà du nom-
soit la densité d’armature ; bre de données élémentaires entrant dans la description du
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mise en œuvre et de l’atteinte des performances instantanées Propriété de capture des neutrons par une substance.
(mécaniques, radioprotection) ou différées (durabilité). La diversité
des constituants et l’efficacité des adjuvants permettent de couvrir Passivation
la plupart des utilisations. Compte tenu des enjeux très importants Inhibition de la corrosion de l’acier à pH élevé (milieu
liés à la fonction des différents bétons de radioprotection, la valida- cimentaire).
tion des choix retenus auprès des autorités de sûreté requiert géné- Radiolyse
ralement l’utilisation de codes de calcul dédiés, et probablement à
l’avenir le développement de nouveaux modèles opérationnels Décomposition sous rayonnement.
combinant le transport des rayonnements et la thermohydro- Spallation
mécanique. En raison du caractère profondément composite des
matériaux, ces modèles devront s’appuyer sur l’acquisition de nou- Réaction nucléaire due à l’impact d’une particule incidente et
velles données expérimentales (propriétés des granulats et des conduisant à de nouvelles particules plus légères.
matrices cimentaires, corrosion des armatures) et sur un niveau Superplastifiant
d’intégration plus élevé des mécanismes élémentaires déjà identi- Adjuvant pour béton (polymère soluble) permettant de réduire
fiés (couplages, méthodes d’homogénéisation). l’eau de gâchage et d’augmenter la fluidité du matériau frais.
8. Glossaire Sigles
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P
O
U
Bétons de radioprotection R
E
par Pascal BOUNIOL
Ingénieur de recherche
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA Paris-Saclay),
N
Gif-sur-Yvette, France
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2008
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Méthodes d’essais des ciments – Par-
NF EN 14647 2006 Ciment d’aluminates de calcium –
Composition, spécifications et critères
L NF EN 197-1 2012
tie 1 : Détermination des résistances.
Ciment Partie 1 : Composition, spécifi- NF EN 934-2+A1 2012
de conformité.
Adjuvants pour bétons, mortier et
coulis – Partie 2 : adjuvants pour
cations et critères de conformité des
U ciments courants. béton – Définitions, exigences, confor-
mité, marquage et étiquetage.
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