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Réf.

: BN3740 V2

Bétons de radioprotection
Date de publication :
10 septembre 2021

Cet article est issu de : Énergies | Génie nucléaire

par Pascal BOUNIOL

Mots-clés Résumé Avec des conditions de service très particulières, les bétons de radioprotection
formulation de béton | connaissent une utilisation spécifique, sans comparaison avec celle des bétons de génie
interaction
rayonnement-matière | civil. Leur conception et leur dimensionnement reposent à la fois sur la connaissance des
mécanismes de vieillissement | constituants de base, spéciaux ou non, et sur les différents aspects de l’interaction
granulats
rayonnement-matière. L’article présente successivement les éléments nécessaires à la
prescription des bétons de radioprotection, leur typologie et leurs propriétés d’atténuation.
Il traite du comportement sous irradiation et en température. Il aborde également les
mécanismes de vieillissement et autres effets impliquant la sûreté, en particulier dans le
domaine des réacteurs.

Keywords Abstract With very specific service conditions, concretes for radiation shielding have a
concrete formulation | particular use, not comparable with that of civil engineering concretes. Their design and
radiation-matter interaction |
ageing mechanisms | their dimensioning are based on knowledge of both the basic constituents, special or not,
aggregates and the different aspects of radiation-matter interaction. The article presents successively
the elements necessary for the prescription of radiation shielding concretes, their typology
and their attenuation properties. It deals with the behaviour under irradiation and
temperature and addresses aging mechanisms and other effects involving safety,
particularly in the field of reactors.

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Bétons de radioprotection

par Pascal BOUNIOL


Ingénieur de recherche
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA Paris-Saclay),
Gif-sur-Yvette, France

1. Définition et champ d’application des bétons


de radioprotection .......................................................................... BN 3 740v2 – 2
2. Évolution des concepts et des technologies ............................. — 3
2.1 Durabilité des ouvrages ..................................................................... — 3
2.2 Techniques de formulation ................................................................ — 4
2.3 Nouveaux adjuvants .......................................................................... — 4
2.4 Évolution du marché .......................................................................... — 4
3. Conception des ouvrages de radioprotection ........................... — 4
3.1 Éléments pour la définition d’une protection en béton .................... — 4
3.2 Caractéristiques du rayonnement ...................................................... — 4
3.3 Contraintes thermiques...................................................................... — 6
3.4 Atténuation et dimensionnement ...................................................... — 6
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3.5 Critères mécaniques ........................................................................... — 7


3.6 Durée de vie ....................................................................................... — 7
3.7 Solutions mixtes ................................................................................ — 8
4. Formulation des bétons de radioprotection .............................. — 8
4.1 Principes de base ............................................................................... — 8
4.2 Granulats ............................................................................................ — 9
4.3 Liants hydrauliques ............................................................................ — 12
4.4 Additifs pulvérulents .......................................................................... — 14
4.5 Rapport eau/ciment ............................................................................ — 14
4.6 Adjuvants ............................................................................................ — 15
4.7 Compositions types de bétons de radioprotection ........................... — 15
4.8 Mise en place particulière des bétons de radioprotection ............... — 16
5. Propriétés des bétons de radioprotection ................................. — 16
5.1 Propriétés d’atténuation ..................................................................... — 16
5.2 Propriétés thermomécaniques ........................................................... — 26
6. Phénomènes induits par l’irradiation et la température......... — 29
6.1 Activation du béton ............................................................................ — 29
6.2 Radiolyse du béton ............................................................................ — 30
6.3 Transformations minéralogiques ....................................................... — 31
6.4 Séchage, retrait, fluage ...................................................................... — 33
6.5 Corrosion des armatures ................................................................... — 34
6.6 Prévision de l’endommagement des bétons ..................................... — 34
7. Conclusion........................................................................................ — 35
8. Glossaire ........................................................................................... — 35
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. BN 3 740v2

L ’emploi de béton, ordinaire ou spécial, demeure une solution généralement


retenue lorsqu’il s’agit de mettre en place une protection contre les rayon-
nements sur une grande envergure, avec ou sans rôle de structure. De fait, les
applications des bétons de radioprotection dépassent largement le cadre des
réacteurs nucléaires puisque ces matériaux sont utilisés dans des installations
aussi variées que les usines de retraitement, les sites d’entreposage, les accélé-
rateurs de particules, les centres hospitaliers (imagerie et thérapie à base d’irra-
diation), les centres d’ionisation alimentaire, etc.

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Parmi les applications nucléaires du béton, la protection contre les rayonne-


ments est l’une des plus importantes, après l’édification de structures (enceinte
de réacteurs et autres installations nucléaires de base) et devant le confinement
de la radioactivité (matériau de remplissage ou de conteneurisation pour les
déchets dans les centres de stockage).
L’intérêt du béton vis-à-vis de la radioprotection résulte d’un ensemble origi-
nal de propriétés que ne présente aucun autre matériau. Son caractère compo-
site autorise de très grandes variations de composition en fonction des perfor-
mances exigées. Les constituants de base sont, sauf exception, facilement
disponibles et de coût modéré. Enfin, il existe généralement un bon compromis
entre les propriétés mécaniques et les propriétés d’atténuation.
À partir des années 1980, diverses avancées conceptuelles et technologiques
ont été réalisées dans le domaine des bétons de génie civil. Elles s’avèrent, en
grande partie, transposables aux bétons de radioprotection. Il s’agit :
– de l’émergence de la notion de durabilité qui s’intéresse au maintien des per-
formances dans la durée, dans l’intention de prolonger la vie de certains ouvrages ;
– des nouvelles méthodes de formulation, basées sur l’optimisation du sque-
lette granulaire et sur la technologie des adjuvants, permettant la mise en
œuvre de bétons de plus en plus compacts et durables.
À partir des années 2010, dans la perspective d’allonger la période d’exploitation
des centrales nucléaires, de gros efforts sont menés pour comprendre les mécanis-
mes de vieillissement sous irradiation neutronique au-delà de 40 ans et d’en retirer
un retour d’expérience utile à la conception des futurs bétons de réacteurs.
En intégrant cette actualité, l’article présente les bases nécessaires à la pres-
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cription des bétons de radioprotection, ainsi que les aspects typologiques et


technologiques qui leur sont associés. Il consacre une large place à leurs pro-
priétés intrinsèques et aborde le comportement dans les conditions spécifiques
de l’irradiation et de la température. Concernant la fabrication du béton et l’exé-
cution des ouvrages, on se reportera en particulier à la rubrique Béton hydrau-
lique du traité « Construction ».

particules chargées, parfois recherchée (accélérateurs), elle revient


1. Définition et champ à résoudre un problème de protection contre les rayonnements X
ou les neutrons émis secondairement, l’arrêt des particules initiales
d’application des bétons s’effectuant sur une très courte distance.
de radioprotection Les bétons de radioprotection ne diffèrent pas fondamentalement
des bétons ordinaires, en particulier par leur architecture interne, la
nature et le dosage des ciments utilisés. Ils peuvent en outre
Dans l’industrie nucléaire, les bétons de radioprotection dési- accueillir un réseau d’armatures en acier (béton armé) de façon à
gnent un ensemble de matériaux variés permettant l’arrêt ou l’atté- améliorer la résistance aux sollicitations mécaniques et la rigidité
nuation de différents types de rayonnements en vue d’assurer une des ouvrages. Dans ces conditions, l’emploi d’un béton spécial au
protection biologique ou d’éviter la criticité. Ces matériaux, directe- lieu d’un béton ordinaire semble essentiellement motivé par la
ment dérivés des bétons ordinaires, se caractérisent par la pré- nécessité de réduire l’épaisseur des ouvrages pour un taux de pro-
sence d’un ou plusieurs ingrédients spécifiques selon la protection tection comparable. Le surcoût consenti peut en outre résulter de
souhaitée. Les produits utilisés viennent en substitution ou en addi- l’avantage procuré par un constituant spécial vis-à-vis d’une pro-
tion aux ingrédients classiques et concernent, le plus souvent, le priété secondaire importante (comportement en température le
constituant majoritaire du béton, c’est-à-dire le granulat. plus souvent). À travers les différents exemples d’utilisations rappe-
lés au tableau 1, on constate que, en l’absence de contraintes tech-
Deux grandes familles de bétons se rencontrent, correspondant niques, le béton ordinaire constitue toujours une solution de réfé-
aux deux fonctions primaires recherchées : rence pour une majorité de configurations.
– les bétons lourds, utilisés pour la protection contre les rayonne-
ments photoniques de type X et g, nécessitant une densité élevée ; À retenir
– les bétons neutrophages, utilisés pour la protection contre les
neutrons et le risque de criticité, nécessitant une forte proportion – Les bétons lourds et neutrophages assurent une radiopro-
d’éléments légers. tection spécifique respectivement vis-à-vis des rayonnements
photoniques et neutroniques.
Dans le cas de rayonnements mixtes gammas + neutrons (réac-
– Les bétons ordinaires sont aussi utilisés pour la radioprotec-
teurs), on utilise des bétons hybrides comportant simultanément
tion dans des contextes plus généralistes ou moins contraints.
des éléments lourds et légers. Quant à la protection contre les

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Tableau 1 – Principales utilisations des bétons spéciaux et ordinaires pour la protection contre
les rayonnements

Ouvrage Destination Matériau Fonction

Écrans démontables, blocs


Radioprotection délimitée ou provisoire Béton lourd Atténuation g, X
et briques préfabriqués

Alvéoles Entreposage produits fissiles Béton neutrophage Anticriticité

Cellules et chaı̂nes blindées Manipulation de sources, de combustibles Béton lourd Atténuation g, X

Béton lourd
Enceintes et casemates
Entreposage d’effluents ou de déchets radioactifs Structure + atténuation g, X
blindées
Béton ordinaire

Béton ordinaire + feuillard


Installation de radiodiagnostic Structure + atténuation X
Enceintes et casemates non de plomb
blindées
Installation de radiostérilisation Béton lourd, béton ordinaire Structure + atténuation g

Béton ordinaire
Puits de cuve Réacteur à fission (REP, RNR) Structure + atténuation n, g
Béton lourd neutrophage

Béton ordinaire (ouvrage Atténuation X


Accélérateur de particules : e- < 100 MeV
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souterrain) (bremsstrahlung)
Parements, tunnel
Béton lourd (ouvrage en
Accélérateur pour e- > 20 MeV ou ions Atténuation n
surface)

Machine de fusion magnétique (tokamak) Structure + atténuation n, g


Hall machine Béton neutrophage
Sphère d’expérience pour fusion inertielle (laser
Atténuation n
mégajoule)

2. Évolution des concepts contribue à prendre en compte la durabilité dans la conception des
nouveaux ouvrages en bétons spéciaux :
et des technologies – l’exigence d’un niveau de qualité plus élevé ;
– le souhait d’augmenter la durée de vie de certaines installations
au-delà de 40 ans (réacteurs électrogènes), voire au-delà du siècle
(sites d’entreposage) : de ce point de vue, la prise en compte de
l’évolution des granulats associée à de fortes fluences neutroni-
2.1 Durabilité des ouvrages ques constitue un axe d’investigation majeur pour prévenir les
désordres apparaissant à long terme ;
Lors de l’élaboration des premiers bétons de radioprotection, dès – les possibilités techniques offertes par les nouveaux produits
le début des activités nucléaires, les efforts des ingénieurs se sont de l’industrie cimentière (liants et superplastifiants), par les condi-
portés successivement sur : tions modernes de fabrication et de mise en œuvre, ainsi que par
– l’identification de substances efficaces vis-à-vis de l’arrêt des l’aboutissement des méthodes d’optimisation granulaire.
rayonnements (optimisation coût-efficacité) ;
Le concepteur d’ouvrages en béton de radioprotection peut, en
– la formulation de nouveaux bétons incorporant les substances outre, s’appuyer sur un référentiel de connaissances plus complet,
sélectionnées (faisabilité) ; en particulier concernant le comportement du béton en tempéra-
– la caractérisation de ces nouveaux matériaux en termes de perfor- ture (le comportement sous irradiation demeure en comparaison
mances intrinsèques (propriétés thermomécaniques pour l’essentiel). moins bien connu). Ces connaissances, en ayant des conséquences
sur le choix des constituants ou la protection du béton, permettent
La notion de durabilité était à l’époque (1945-1965) d’autant moins non seulement d’atteindre les performances instantanées visées,
présente dans cette démarche qu’elle n’était pas encore apparue mais contribuent aussi à les maintenir le plus longtemps possible.
dans le domaine du génie civil et que les ouvrages réalisés, à carac- La validation des choix retenus auprès des autorités de sûreté
tère expérimental pour bon nombre d’entre eux, n’avaient pas voca- (IPSN, ASN) bénéficie par ailleurs de nombreux progrès dans la
tion à durer au-delà de quelques décennies. Bien que très répandu modélisation des structures au moyen de codes de calcul par élé-
dans les années 1980, le thème de la durabilité n’a pas vraiment eu ments finis (CASTEM). Aux couplages phénoménologiques tradi-
d’impact sur le domaine des bétons spéciaux et l’on peut considérer tionnels de type thermo-hydro-mécanique, il est possible d’ajouter
que la plupart des constructions en béton de radioprotection ont été désormais les caractéristiques comportementales propres aux
réalisées, jusqu’à la fin des années 1990, selon les règles de l’art conditions d’exploitation sous irradiation (fluage, expansion volu-
d’origine. Depuis 1996 environ, la conjonction de trois facteurs mique des granulats, etc.).

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2.2 Techniques de formulation L’évolution actuelle des bétons spéciaux est marquée en consé-
quence par l’abandon de produits apparaissant trop coûteux (corin-
De nombreuses méthodes empiriques ont été proposées pour don) ou présentant des propriétés insuffisantes (barytine, serpen-
aboutir aux compositions de béton les plus compactes possibles à tine). Le choix des matériaux candidats se restreignant, la variété
partir des propriétés granulaires des constituants (Faury, Dreux- des bétons spéciaux a logiquement diminué au profit de bétons
Gorisse) ou à partir d’essais de maniabilité (Baron-Lesage). Appli- de plus en plus lourds pour la protection gamma ou de plus en
quées aux bétons spéciaux, elles donnent des résultats satisfai- plus neutrophages. Le fait que les bétons à l’hématite aient désor-
sants à condition de procéder à un grand nombre d’expériences et mais supplanté les bétons barytés illustre cette tendance pour la
de vérifications. protection gamma de série courante.
La prévision de la compacité des mélanges granulaires par le
modèle de suspension solide, développé au Laboratoire central
À retenir
des ponts et chaussées (LCPC) dès le début des années 1990 [1],
permet d’atteindre beaucoup plus rapidement la composition opti- – L’utilisation des bétons de radioprotection est très variée
male d’un béton en s’appuyant sur les notions d’encombrement de selon la destination des ouvrages et les fonctions exigées.
grains solides et de viscosité relative. Connaissant la nature des – Les bétons de radioprotection bénéficient des mêmes
constituants de base d’un béton de radioprotection, il est désor- avancées que celles des bétons de génie civil.
mais possible de prédire avec un minimum d’essais si le matériau – Le prolongement de la durée d’exploitation implique de
atteint la densité requise. considérer une durabilité spécifique sous irradiation.

2.3 Nouveaux adjuvants


La découverte de nouvelles molécules organiques, permettant la
défloculation des fines particules (ciment, fillers, ultrafines), consti-
3. Conception des ouvrages
tue une véritable révolution tant dans le domaine de la formulation de radioprotection
que dans celui de la durabilité. Au fil des ans, les adjuvants à base
de polymères solubles autorisent en effet la réalisation de bétons
de plus en plus compacts, tout en leur conservant une excellente
maniabilité. Intéressant dans la technologie des bétons lourds, ce 3.1 Éléments pour la définition d’une
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gain de compacité est associé à une importante réduction d’eau protection en béton
ce qui entraı̂ne l’augmentation des résistances mécaniques et une
meilleure résistance aux agressions chimiques. La formulation d’un béton de radioprotection doit s’inscrire dès
Après les produits des premières générations (lignosulfonate le départ dans une démarche analogue à celle proposée par la réfé-
puis naphtalène sulfonate et mélamine sulfonate) aux effets secon- rence [2] et résumée dans le tableau 2. Celle-ci prend en compte
daires parfois indésirables (entraı̂nement d’air, ségrégation), les l’expression du besoin et cherche à identifier, le plus précisément
derniers adjuvants de la famille des polycarboxylates se révèlent possible, les conditions de service, y compris celles connexes,
particulièrement performants, y compris vis-à-vis des liants alumi- voire étrangères à l’irradiation. Au cours de cette étude prélimi-
neux. Le champ des possibilités s’avère donc très ouvert pour le naire, plusieurs compositions de béton peuvent être envisagées et
formulateur. comparées avant de retenir la solution définitive.
Parmi les différents éléments conduisant à l’identification du
béton de radioprotection le plus approprié, le zonage des différen-
2.4 Évolution du marché tes parties de l’ouvrage, les caractéristiques du rayonnement et les
principales contraintes d’exploitation suffisent généralement à res-
Si les évolutions précédentes s’avèrent déterminantes dans
treindre les choix en ce qui concerne la nature de matériau et le
l’amélioration des bétons de radioprotection, l’évolution du marché
dimensionnement. Le volume 3 de l’Engineering Compendium on
n’en influence pas moins le développement et se traduit par plu-
Radiation Shielding [3], référence ancienne mais toujours intéres-
sieurs tendances lourdes.
sante, donne sur le sujet un bon aperçu de la spécificité des instal-
& Contrôle des coûts lations nucléaires dans toute leur diversité.

Les granulats pour bétons spéciaux sont significativement plus Conformément à la réglementation (décrets n 2018-437 et
chers que les granulats ordinaires ce qui peut avoir un impact sen- n 2018-438 du 4 juin 2018 relatifs à la protection des travailleurs
sible sur l’investissement consenti pour une installation. Dans bon contre les risques dus aux rayonnements ionisants, complétés par
nombre de cas, on constate que lorsque l’avantage procuré par un l’arrêté du 28 janvier 2020), le tableau 3 rappelle les valeurs seuils
béton spécial n’est pas décisif, la solution du béton ordinaire est rete- d’équivalent de dose définissant les zones de travail par rapport
nue, quitte à augmenter l’épaisseur de l’ouvrage. De fait, la réalisa- auxquelles les limites d’exposition du personnel doivent être res-
tion de bétons lourds de masse volumique inférieure à 3 500 kg/m3 pectées (dose efficace pour l’organisme entier).
apparaı̂t de plus en plus improbable, le contraste de densité avec le
béton ordinaire étant jugé insuffisant.
3.2 Caractéristiques du rayonnement
& Disponibilité des granulats
Les types de rayonnement dont on envisage de se protéger
Pour divers minerais, il devient difficile de se procurer certaines
appartiennent pour l’essentiel à deux catégories globalement asso-
classes granulométriques. Dans le cas typique de la barytine, avec
ciées à deux secteurs d’applications industrielles :
laquelle des volumes considérables de bétons de radioprotection
ont été réalisés par le passé, les gros calibres font maintenant – rayonnements gamma ou X : domaine médical et industrie ali-
défaut. Dans la mesure où la masse volumique d’un béton est essen- mentaire (gamma pour la radiothérapie et la radiostérilisation, X
tiellement conférée par les granulats les plus gros (en proportion), il pour le radiodiagnostic) ;
n’est donc plus possible d’atteindre une valeur de 3 500 kg/m3 avec – rayonnements neutroniques et mixtes n, g , X : cycle du com-
de la barytine sans gros éléments et présentant de surcroı̂t une den- bustible nucléaire (production d’électricité, retraitement) et recher-
sité commerciale rarement supérieure à 4,3. che en physique des particules.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Tableau 2 – Définition d’un ouvrage de radioprotection


Classification de la zone de travail

Fréquence d’intervention
Examen du problème
Choix des objectifs
Débit de dose maximal autorisé

Options de sûreté (tenue au feu, à la pression, à la corrosion, au séisme)

Identification du milieu source (géométrie, dimension, conditionnement, état physique, nature


chimique)
Identification de la source de
rayonnement
Caractérisation de la source (nature des rayonnements, spectre d’énergie, source primaire, source
induite, collimation)

Contraintes thermiques

Durée d’exploitation

Pouvoir d’atténuation

Contraintes géométriques, encombrement

Recherche des contraintes Critères mécaniques


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Critères chimiques

Décontamination

Stabilité sous rayonnement

Coût

Recensement des matériaux


Efficacité relative des granulats et des additifs
possibles

Calculs des épaisseurs de protection selon le facteur d’atténuation visé et les caractéristiques du
Calculs de dimensionnement
matériau

Choix de la solution Compromis de type « ALARA » (As Low As Reasonably Achievable)

Vérification expérimentale Mesures locales ou globales des débits de dose sur maquette à échelle réelle ou réduite

Dans tous les cas, il convient de discerner l’irradiation en prove-


Tableau 3 – Zones de travail et seuils inférieurs nance des sources primaires, à l’origine directe du rayonnement (géné-
d’exposition associés (radioprotection des personnes) rateurs X, irradiateurs g, cœur de réacteur nucléaire, combustible irra-
dié), et l’irradiation gamma induite à la surface et dans l’épaisseur des
matériaux de radioprotection. Les rayonnements secondaires sont
Équivalent de alors produits soit par diffusion et réflexion du rayonnement direct,
Débit de dose*
Zones Observations dose intégrée
[Gy/s] soit par capture ou activation neutronique.
organisme entier
Dans le domaine de la recherche (accélérateurs), des rayonne-
Zone -10 ments plus exotiques sont utilisés, caractérisés par des particules
Zone bleue < 1,25 mSv/mois 4,75 x 10
surveillée chargées (électrons, positrons, protons, ions lourds). Lorsque leur
énergie est inférieure à 300 keV, ces rayonnements primaires ne
Zone verte < 4 mSv/mois 1,52 x 10-9 posent pas de problème de protection particulier car ils sont absor-
bés par des épaisseurs centimétriques de béton. Au-delà de 300 keV,
Zone jaune < 2 mSv/heure 5,56 x 10-7 il n’en est pas de même. Pour des électrons < 100 MeV, un rayonne-
Zones ment X de freinage est produit dans l’épaisseur de la protection et
Zone orange contrôlées < 100 mSv/heure < 2,78 x 10-5 dans l’axe du rayonnement incident. Ce rayonnement (bremsstrah-
lung) est d’autant plus pénétrant que son énergie peut atteindre au
Zone rouge ≥ 100 mSv/heure ≥ 2,78 x 10-5 maximum celle du rayonnement primaire et son intensité est
d’autant plus grande que le numéro atomique moyen du béton de
* Déduit du débit d’équivalent de dose pour un facteur de qualité Q = 1. radioprotection est élevé. Pour des électrons > 20 MeV ou des ions
(1H+, 2H+, 3He2+, etc.), des neutrons sont aussi produits (spallation).

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Selon les configurations rencontrées, les stratégies mises en que divers paramètres dépendant directement de la composition
œuvre sont les suivantes : chimique élémentaire du matériau de radioprotection.
– source gamma et X : introduction d’éléments lourds (typique- Pour une source ponctuelle gamma, isotrope et polycinétique
ment le baryum et dans une moindre mesure le fer) ou bien aug- (figure 1), le débit de dose (en Gy/s) dans l’air, en arrière de la pro-
mentation de l’épaisseur de béton ordinaire ; tection, à une distance d de la source, est donné par l’expression :
– source neutron + gamma : introduction d’éléments légers (H)
S ⎡⎛ μen ⎞ ⎤
et absorbants (typiquement le bore) avec addition d’éléments D′ = η ∑ ⎢⎜ i
⎟ pi Ei B ( μi x ) exp ( − μi x )⎥
lourds, ou bien introduction d’éléments légers avec augmentation 4 πd i ⎢⎣⎝ ρ ⎠ air
2
⎥⎦
de l’épaisseur ;
– source de particules chargées : augmentation de l’épaisseur de
avec h facteur de conversion (= 1,60218 x 10-10 J.
béton ordinaire ou succession béton ordinaire (arrêt des particules MeV-1.g.kg-1),
et des neutrons) + béton lourd (atténuation du rayonnement X de
freinage). S activité de la source (en Bq),
d distance source-point dose (en cm),
Dans le cas d’une irradiation neutronique de haute énergie (neu-
trons de 14,1 MeV des réactions de fusion nucléaire D + T), il convient pi nombre de photons g d’énergie Ei par désinté-
de limiter dans le béton toutes les impuretés susceptibles de s’acti- gration,
ver, en particulier celles associées au fer des armatures. Outre les Ei énergie des photons (en MeV),
spécifications sur la composition des aciers, on doit également recu-
ler la première nappe de ferraillage au-delà de 10 cm depuis la sur- B(mix) facteur d’accumulation de dose pour l’énergie Ei,
face du béton de façon à ce que les captures soient effectuées préfé- mi coefficient d’atténuation linéique pour l’énergie
rentiellement par l’élément absorbant du matériau (le bore). Ei (en cm-1),
x épaisseur de la protection (en cm),
3.3 Contraintes thermiques ( μen / ρ)air coefficient d’absorption massique d’énergie de
l’air pour l’énergie Ei (en cm2.g-1).
i

L’irradiation associée aux sources intenses de rayonnement


s’accompagne généralement d’une élévation de la température, Outre l’épaisseur x, les deux grandeurs caractérisant l’écran, mi et
non seulement au niveau de l’air ambiant, mais aussi au sein du B(mix), varient avec l’énergie et dépendent de la composition élé-
béton de radioprotection du fait de la dégradation du rayonnement mentaire du matériau :
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sous forme de chaleur lors de l’atténuation. Deux problèmes peu-  mi résume à lui seul l’ensemble des interactions rayonnement-
vent être rencontrés vis-à-vis du matériau de radioprotection, indé- matière (essentiellement, l’absorption photoélectrique, la dif-
pendamment de ceux relatifs au fonctionnement de l’installation : fusion Compton et la création de paires e+, e-) et traduit de
– atteinte d’une température inadmissible pour le béton ; façon globale la diminution du nombre de photons ;
– atteinte d’un gradient de température inadmissible pour la  B(mix), de nature semi-empirique, traduit le renforcement de la
structure. dose imputable aux photons diffusés dans l’épaisseur de la pro-
tection. Il dépend non seulement de l’énergie des photons inci-
Dans le premier cas, les différences de coefficients de dilatation dents et du numéro atomique équivalent (Zeq) du matériau tra-
thermique entre constituants du béton (pâte de ciment, granulats) versé, mais aussi du nombre de libres parcours moyens (mx)
sont responsables d’une microfissuration généralisée ; dans le dans le matériau, et de la géométrie de la source (ponctuelle,
second, les dilatations différentielles dans l’épaisseur de la protec- étendue). Dans les calculs simplifiés, on utilise des expressions
tion sont à l’origine de fissurations localisées. Selon les conditions exponentielles ou polynomiales dont les paramètres, fonctions
de service prévues, diverses solutions techniques peuvent être de E et Zeq, peuvent être accessibles à partir de différents
envisagées dès la conception pour limiter toute dégradation : ouvrages [3] [4] :
– diminution des coefficients de dilatation : choix de granulats
plus inertes (hématite, corindon, B4C) ;
– augmentation de la conductivité thermique : choix de granulats x
plus conducteurs (hématite, corindon, riblons d’acier) ; φ0 : flux direct
– diminution du caractère thermohydrosensible de la pâte de φ1, φ2, φ3 : flux diffusés
ciment : traitement thermique préalable, choix d’un liant réfractaire
(ciment d’aluminates de calcium) ; φ3
– diminution du gradient thermique : protection thermique du
béton par calorifugeage intérieur, voire extérieur.
φ2

3.4 Atténuation et dimensionnement φ1

L’atténuation d’un rayonnement présente deux composantes :


φ0
– l’atténuation géométrique liée à la distance de la source, si celle- Source Point dose
ci n’est pas collimatée, et à l’épaisseur de l’écran de protection ; S P
– l’atténuation du matériau liée aux interactions rayonnement- d
matière spécifiques des éléments constitutifs.
En pratique, la nature des granulats étant généralement détermi-
née au préalable, la conception d’un ouvrage de radioprotection
consiste le plus souvent à calculer une épaisseur de protection en
fonction de la composition du béton plutôt que l’inverse. Dans les
configurations les plus simples, et pour un facteur d’atténuation
requis, l’ordre de grandeur de cette épaisseur peut être estimé à
l’aide de relations analytiques. Celles-ci mettent en évidence les Figure 1 – Atténuation du rayonnement d’une source ponctuelle
variables caractéristiques du problème (distance, énergie) ainsi isotrope par un écran d’épaisseur x

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

B (E , μx ) = A exp ( − αμx ) + (1 − A ) exp ( − βμx ) (Taylor ) traitant le transport du rayonnement, la détermination des flux et
des débits de dose, le code Tripoli (CEA) [6] est un des plus perfor-
B (E , μx ) = 1 + a ( μx ) + b ( μx ) + c ( μx )
2 3
mants (MCNP est son homologue aux États-Unis). Utilisé indiffé-
remment pour les neutrons et les photons gamma, il résout l’équa-
Les facteurs d’accumulation s’interpolant aisément en fonction tion de Boltzmann (description rigoureuse de la propagation des
de Z, il est utile de connaı̂tre le numéro atomique équivalent du particules neutres) en géométrie 3D par la méthode de Monte-
matériau composite que constitue le béton. Sa valeur est calculée Carlo. Plus récemment, il inclut également le comportement des
à partir de la composition chimique élémentaire à l’aide de la rela- électrons et positrons d’énergies comprises entre 1 keV et 100 MeV.
tion suivante [5] : 1
Pratiquement, on constate que l’application des seules règles de
⎛ pi n ⎞ n −1 radioprotection pour les sources de rayonnement les plus intenses

⎜ Ai
Zi
⎟ conduit rarement à des épaisseurs de béton supérieures à 2,50 m.
Z eq = ⎜ i ⎟ Au-delà de cette valeur, il est économiquement préférable d’enterrer
⎜ pi ⎟
⎜⎝ ∑ A i ⎟⎠
Z les installations, les terrains encaissants assurant la radioprotection.
i i

avec n = 4,35 pour E < 0,5 MeV,


3.5 Critères mécaniques
n = 2,95 pour 0,5 < E < 1,022 MeV, Diverses sollicitations sont prises en compte dans le dimensionne-
ment des ouvrages de radioprotection. Il s’agit des charges méca-
n=2 pour E > 1,022 MeV,
nique et thermique affectant normalement la structure en condition
Zi numéro atomique de l’élément i, de service et des contraintes de cisaillement liées à un séisme éven-
Ai masse atomique de l’élément i, tuel. Vis-à-vis de ces contraintes, même modérées, la réglementation
en vigueur (règles BAEL 91 révisées 99 [7]) rend obligatoire la pré-
pi proportion massique de l’élément i. sence d’armatures en acier dans le béton dans la mesure où la résis-
tance en traction de ce dernier est considérée comme négligeable.
Dans le cas du béton ordinaire, Zeq est très voisin de 13 Le rôle du réseau de ferraillage consiste à reprendre les efforts en
(aluminium). traction ou cisaillants, à mieux répartir les fissures dans le béton
À l’instar des photons, l’atténuation des neutrons résulte de phé- ainsi qu’à augmenter la rigidité de la structure.
nomènes d’absorption et de diffusion, mais avec des modalités très Pour le dimensionnement d’une structure en béton armé, deux
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différentes ce qui complique sensiblement le problème. Il convient états limites sont pris en considération dans les règles BAEL :
de distinguer très schématiquement :
– l’état limite de service (ELS), garantissant une fissuration non
– les neutrons rapides (vitesse > 13 200 km/s correspondant à préjudiciable vis-à-vis de la corrosion des aciers en conditions de
une énergie > 0,91 MeV), ralentis par les diffusions élastiques sur service (poids propre, cycles thermiques naturels, etc.) pour un
les atomes d’hydrogène et inélastiques sur les noyaux lourds ; environnement agressif ou non (ouverture de fissure respective-
– les neutrons thermiques (vitesse < 2,2 km/s correspondant à ment limitée à 0,1 et 0,3 mm) ;
une énergie < 0,025 eV), absorbés par réaction nucléaire sur les – l’état limite ultime (ELU), garantissant la stabilité mécanique,
noyaux légers (A < 25) ou par capture radiative sur les noyaux sans notion de durabilité, pour des sollicitations exceptionnelles
lourds, et ralentis par diffusion élastique sur ces derniers. telles que séisme ou incendie de caractéristiques prédéfinies. En
Au sein d’un matériau hydrogéné tel que le béton, l’hypothèse appliquant un coefficient de sécurité approprié, on vérifie en parti-
d’une atténuation en ligne droite est applicable aux neutrons rapi- culier que les déformations subies par le béton et par l’acier
des pour lesquels l’atténuation du flux est pratiquement exponen- demeurent respectivement inférieures à 3 500 mm/m en compres-
tielle. Dans ce cadre, le concept de section efficace macroscopique sion et à 10 000 mm/m en traction.
de déplacement (SR (E) en cm-1) permet d’estimer le flux (en
Dans le cas du béton ordinaire constituant le puits de cuve d’un
n.cm-2.s-1) pour une source isotrope de neutrons monocinétiques
réacteur électrogène P4 (radioprotection et supportage du réacteur),
d’énergie E :
le chargement thermique (60  C, 75  C localement) et le risque sis-
S mique aboutissent par exemple à augmenter simultanément :
φ= ⎡1 + ΣtH (E ) x ⎤⎦ exp ⎡⎣ − ΣR (E ) x ⎤⎦
4 πd 2 ⎣ – la densité de ferraillage (300 kg de ferraille/m3 de béton) ;
– l’épaisseur du voile de béton (2 à 2,40 m).
Dans cette expression, S tH(E), section macroscopique totale de
l’hydrogène (en cm-1), figure dans un terme pré-exponentiel tenant La radioprotection n’apparaı̂t plus dans ce cas comme le critère
lieu de facteur d’accumulation. dimensionnant.
Pour les neutrons thermiques, le flux (en n.cm-2.s-1) prend une
forme différente : 3.6 Durée de vie
S Σa
φ= exp − x Constitués d’un squelette granulaire enrobé d’une pâte cimen-
4 πd 2 D taire poreuse, les bétons répondent pleinement à la définition
d’un matériau composite. Au sein de ce dernier, les phases solides
avec Sa section efficace macroscopique d’absorption présentent des propriétés physiques différentes (conductivité ther-
ou de capture (cm-1), mique, coefficients de dilatation, etc.) et les rayonnements indui-
D coefficient de diffusion des neutrons thermi- sent nécessairement des effets différentiels (contraintes thermomé-
ques (cm). caniques), à l’origine du vieillissement. Ce dernier dépend donc
étroitement des conditions de services appliquées et de leur
Les calculs sont en réalité très complexes car le ralentissement durée, en particulier si l’on souhaite étendre les durées d’exploita-
des neutrons rapides induit la génération de neutrons lents au tion au-delà de 40 ans. Le cas spécifique des bétons de puits de
comportement distinct. En présence de sources neutroniques, les cuve de réacteur soumis à une irradiation neutronique sur des
méthodes manuelles de calcul s’avèrent en fait peu probantes et décennies est remarquable de ce point de vue, avec le gonflement
le recours aux codes de calcul est recommandé dès l’étape du pré- de certains granulats lorsque les fluences deviennent élevées (cf.
dimensionnement. L’article [B 3 075] permet d’acquérir sur ce sujet § 6.3.1.2). La prise en compte de longues durées d’exploitation
les notions essentielles. Parmi les nombreux codes de calcul implique dans cette circonstance un choix rigoureux des

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

constituants dès l’étape de la formulation. À côté de l’effet direct densité de ferraillage, de la masse volumique et des caractéristiques
de l’irradiation sur les granulats, il est à noter que le cyclage ther- thermomécaniques du béton. Si cette étape ne va pas jusqu’à impo-
mique (par exemple associé aux périodes d’arrêt et de reprise ser un type de granulat ou de ciment, elle laisse le formulateur libre
d’exploitation) est toujours à l’origine d’une fatigue contribuant de choisir les ingrédients les plus appropriés et, en tout cas, d’en
elle-même au vieillissement. optimiser le mélange.
En raison du rôle principal du granulat et de sa proportion majo-
3.7 Solutions mixtes ritaire au sein du béton (environ 70 % du volume de ce dernier),
l’étape de la formulation commence de fait par l’optimisation du
Dans la mesure où le coût des matériaux de radioprotection squelette granulaire. Celle-ci concerne :
comportant des granulats spéciaux est nettement plus élevé que – la nature des granulats, choisie sur la base des critères radiolo-
celui des matériaux ordinaires, il n’est pas avantageux de cons- gique, mécanique et thermique. Ce choix est fondamental pour
truire l’intégralité d’une installation en matériau de la première atteindre les propriétés ciblées mais également pour prévenir cer-
catégorie si les exigences de radioprotection sont limitées à certai- tains comportements indésirables par ailleurs (§ 6.3.1.2) ;
nes parties de l’ouvrage. Dans ce cas, il paraı̂t légitime de décou- – la taille maximale des granulats, conditionnée par la densité de
pler les fonctions dévolues au génie civil et à la radioprotection en ferraillage et la compacité du béton ;
adoptant une solution mixte. L’European Synchrotron Radiation – la répartition granulométrique, calculée d’après la taille maxi-
Facility (ESRF) de Grenoble en fournit un exemple (figure 2) avec male et les tailles inférieures effectivement disponibles.
un plaquage d’éléments en béton de radioprotection à l’hématite
sur une partie de la hauteur d’une structure en béton ordinaire La pâte de ciment, comblant les vides intergranulaires, est
dont la circonférence avoisine 850 mètres. ensuite l’objet d’une optimisation couplée avec le granulat :
L’avantage de ce dispositif provient par ailleurs de la préfabrica- – la nature du ciment est choisie sur la base de critères environne-
tion et de la standardisation des éléments de radioprotection dont mentaux (température, caractère chimiquement agressif du milieu),
le niveau de qualité peut s’avérer très supérieur à celui de maté- neutronique (eau fixée) et mécanique (classe de résistance) ;
riaux coulés en place. – le dosage du ciment est conditionné par le diamètre maximal et
la répartition granulométrique du granulat, et, pour partie, par la
classe de résistance du béton ;
À retenir – le dosage en eau détermine alors, à travers la valeur du rapport
massique eau/ciment (e/c), la classe de résistance et, pour partie, la
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– La définition d’un ouvrage de radioprotection résulte d’une


analyse multifactorielle : nature du rayonnement et objectif consistance du béton ;
d’atténuation, critères thermomécaniques, dimensions et – dosage en adjuvant intervient enfin pour régler la consistance
accès impartis, durabilité. du béton frais et sa maniabilité.
– La maı̂trise des coûts peut conduire à découpler la fonction
de radioprotection de la fonction structurelle. Dans la pratique, la démarche consistant à fixer le dosage en
ciment pour 1 m3, Mc, et le rapport massique e/c, connaissant les
masses volumiques du ciment rc et du granulat rg, permet d’esti-
mer la masse volumique maximale rbéton (en kg.m-3) atteinte par
4. Formulation des bétons le béton pour un granulat donné :

de radioprotection ⎡ e ⎛ ρg ⎞ ρg ⎤
ρbéton = ρg + Mc ⎢1 − ⎜ 3 − 1⎟ − ⎥
⎢⎣ c ⎝ 10 ⎠ ρc ⎥⎦

4.1 Principes de base Ce genre de calcul préliminaire peut être effectué avant même
d’avoir défini complètement la composition du béton, de façon à
L’étape de la conception (cf. § 3) aboutit à définir un cahier des tester différentes hypothèses de formulation. La figure 3, établie à
charges assez précis du point de vue du dimensionnement, de la l’aide de la relation précédente, indique par ailleurs le domaine

Figure 2 – Détail de l’assemblage d’éléments en béton de radioprotection à l’hématite utilisés à l’ESRF de Grenoble et vue générale de l’ouvrage
lors de sa construction

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

conductivité thermique élevée. Les fortes épaisseurs conduisent à


choisir des liants à faible chaleur d’hydratation dont la finesse
évite par ailleurs au béton un séchage trop important. Au-delà de
10 000 90  C, le ciment d’aluminates de calcium (CAC) peut être retenu
en raison de la stabilité thermique et hydrique de ses phases
e/c = 0,3
Utilisation de la grenaille

9 000 hydratées.
e/c = 0,4
Masse volumique du béton [kg.m–3]

Utilisation des riblons

e/c = 0,5 & Atténuation n + g , X à température élevée


8 000
L’existence des neutrons est généralement associée à celle de la
7 000 chaleur de sorte que l’emploi de ciment d’aluminates de calcium
est fréquent dans cette configuration. L’atténuation des neutrons
6 000 rapides et des photons est obtenue à l’aide des granulats lourds
déjà retenus dans le cas précédent à l’exclusion de ceux compor-
5 000

Plomb
tant des éléments activables (tungstène proscrit). L’atténuation des
neutrons lents et thermiques est au contraire obtenue par l’intro-
4 000 duction significative d’éléments absorbants (bore) et de corps
Acier

hydrogénés (eau), respectivement absents et en quantité insuffi-


3 000
sante au sein du béton ordinaire. Le nombre élevé de spécifications
Hématite
Silico-calcaire

Barytine

sur les constituants rend cette configuration particulièrement diffi-


2 000
Limonite

cile à optimiser.
1 000

0
4.2 Granulats
0 2 4 6 8 10 12
Les caractéristiques des principaux produits minéraux et métalli-
Densité du granulat ques entrant dans la composition des bétons de radioprotection
sont présentées au tableau 4. Elles sont issues de diverses compi-
lations dont celles du traité Constantes physico-chimiques de la
Figure 3 – Masse volumique maximale atteinte par les bétons de présente collection et celles de [9]. D’origine naturelle ou artificielle,
radioprotection en fonction de la nature du granulat pour trois la taille maximale des granulats résultant des différents procédés
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rapports eau/ciment (CEM I)


de tri ou de fabrication excède rarement 25 mm, ce qui convient
parfaitement pour la réalisation de bétons au dosage standard en
d’utilisation de divers granulats dans le cas d’un dosage standard ciment de 350 kg/m3. Les calibres les plus gros, difficiles à obtenir,
du ciment à 350 kg/m3 et pour trois valeurs du rapport e/c. peuvent parfois faire défaut pour certains minéraux (barytine).
La définition complète de la composition du béton bénéficie du
logiciel d’aide à la formulation BETONLAB-PRO mis au point à 4.2.1 Granulats lourds (protection g )
l’IFSTTAR. Basé sur la simulation, il permet de trouver une compo- & Barytine
sition optimale en fonction de critères aussi variés que le coût au
mètre cube, la consistance du béton frais (affaissement au cône Minerai de baryum (Ba > 53 % en masse) plus particulièrement
d’Abrams) et sa teneur en air occlus, la porosité du béton durci indiqué pour la réalisation de bétons lourds en forte épaisseur
ainsi que sa résistance en compression et son module élastique à sans sollicitations thermiques ou mécaniques, la barytine naturelle
28 jours. L’optimisation intègre les calculs de compacité granulaire est en effet tendre, fragile et présente une importante dilatation
et de viscosité relative (cf. § 4.2.3). L’intérêt d’un tel logiciel est de thermique. Sa tendance à l’attrition conduit à la production de
conduire rapidement à une plage de compositions en évitant la fines (lors du malaxage) diminuant d’autant plus l’adhérence pâte-
réalisation fastidieuse d’un grand nombre d’essais de vérification granulat que certaines impuretés peuvent y être associées : argile,
(ex-démarche de Baron-Lesage). Il rend aussi obsolètes les métho- silice réactive (calcédoine).
des graphiques et semi-empiriques usuelles de Faury ou Dreux- & Corindon
Gorisse [8].
Oxyde réfractaire d’aluminium spécialement indiqué pour les
Les paramètres d’entrée étant étroitement associés au choix ini- applications de radioprotection à haute température (association
tial du couple granulat-ciment, ce dernier constitue en consé- obligatoire avec un ciment d’aluminates de calcium) du fait d’excel-
quence une étape fondamentale dans la stratégie de formulation lentes propriétés thermomécaniques, le produit naturel se présente
et nécessite une certaine anticipation vis-à-vis du comportement généralement sous la forme d’un sable brun, relativement rare et
attendu. Selon la destination de l’ouvrage, la nature des rayonne- coûteux. Pour les gros calibres, on utilise de l’alumine tabulaire
ments et le niveau de température rencontrés conduisent à prendre artificielle, assez coûteuse elle aussi.
trois cas de figure en considération.
& Ilménite
& Atténuation g , X à température ambiante
Oxyde mixte de fer et de titane (Fe > 33 % en masse), surtout uti-
L’augmentation de la densité est le seul but poursuivi, principale- lisé en fine granulométrie dans les bétons lourds, les applications
ment par l’introduction d’éléments lourds, insuffisamment repré- sont identiques à celles de l’hématite et de la magnétite, mais
sentés dans le béton ordinaire. Le choix du liant est plus indifférent. avec des performances moindres, voire des limitations (minerai
Les qualités les plus ordinaires sont les moins coûteuses, cepen- cassant).
dant, selon l’épaisseur requise, les liants à faible chaleur d’hydrata-
tion doivent être retenus de façon à limiter l’échauffement. & Hématite
Minerai de fer (Fe > 63 % en masse), le plus intéressant, l’héma-
& Atténuation g , X à température élevée (T > 50  C)
tite présente d’excellentes caractéristiques thermomécaniques, en
Parmi les granulats aptes à augmenter la densité du béton, une particulier une conductivité thermique et une ténacité deux fois
sélection sévère doit être effectuée pour minimiser toutes les supérieures à celles de la magnétite. Son emploi dans les bétons
contraintes d’origine thermique. La stabilité minéralogique du gra- lourds est donc particulièrement recommandé si la température
nulat en température est nécessaire mais non suffisante ; il faut de de service est élevée. Il contribue même à diminuer significative-
plus combiner un faible coefficient de dilatation thermique et une ment l’échauffement et les gradients thermiques transitoires lors

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 4 – Principaux produits minéraux et métalliques entrant dans la composition des bétons
de radioprotection (propriétés à 25  C)

Capacité Dilatation Module


Masse Conductivité
thermique thermique d’élasticité en Coût global
Désignation Composition volumique Dureté Mohs thermique
massique linéique compression [€/t]
[kg/m3] [W.m-1.K-1]
[J.kg-1.K-1] [en 10-6.K-1] [GPa]

Barytine BaSO4 4 100 à 4 500 3 à 3,5 1,31 438 25,5 61,0 200

Corindon aAl2O3 3 900 à 4 100 9 36,16 775 8,3 398,7 945

Ilménite FeTiO3 4 700 à 4 800 5 à 6 2,38 656 10,1 350

Hématite aFe2O3 4 900 à 5 260 5,5 à 6,5 11,28 651 8,0 209 250

Magnétite Fe3O4 4 900 à 5 180 5,5 à 6,5 5,10 636 8,4 104 230

FeO(OH) .
Limonite 3 600 à 3 800 5 à 5,5 2,91 2 412 86 200
nH2O

Acier E24 Fe – 0,12 % C 7 500 à 7 800 5,5 53,9 470 12,1 210 900

10 900 à
Plomb Pb 1,5 31 à 34 127 29,3 42,5 2 700
11 300

[CaB3O4(OH)3 .
Colémanite 2 410 à 2 423 4 à 4,5 0,526 1 577 45 55 650
H2O]2
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Carbure de
B 4C 2 500 à 2 520 9,3 30 878 5,5 472 11 000
bore

Serpentine Mg3Si2O5(OH)4 2 550 à 2 650 3 à 4 2,61 1 267 27 50

Calcaire CaCO3 2 350 à 2 580 3 2,3 837 6 62 25

Silex, chert SiO2 2 650 7 3 739 11,8 77 23

de la prise du béton. L’hématite offre un très bon compromis entre instrumentations à proximité). Le gisement de Kiruna (Suède) four-
propriétés d’atténuation, coût et disponibilité dans diverses tailles ; nit un minerai à plus de 90 % pour différents calibres.
elle est de plus chimiquement inerte au sein du béton et sous irra-
diation. Selon l’origine, il convient de sélectionner les minerais les & Limonite
plus riches en évitant les variétés poreuses ou écailleuses. Le gise- Terme générique désignant des oxydes de fer (Fe3+ > 45 % en
ment de Sishen (Afrique du Sud) produit une hématite massive masse) hydratés, souvent en mélange, ce minerai n’est pas à pro-
d’excellente qualité. Une particularité de l’hématite est de produire prement parler un granulat lourd et s’avère peu intéressant pour la
une poussière rouge très fine et très collante par frottement sur confection de bétons denses. Son eau de constitution présente en
elle-même. Les granulats inférieurs à 1 mm doivent en être débar- revanche un intérêt dans le cadre d’une protection combinée n, g
rassés par lavage de façon à ne pas surestimer leur proportion (H < 0,6 % en masse), en particulier à température élevée (perte de
massique réelle dans le béton. En revanche, il est préférable de l’eau au-delà de 200  C). La limonite est très poussiéreuse et sou-
conserver la poussière (taille des particules ≥ 2 μm ) sur les calibres vent associée à des impuretés siliceuses et argileuses. Ces impure-
supérieurs car cette dernière contribue à augmenter la ductilité du tés peuvent être à l’origine de cratères (pop out) observés sur la
béton au voisinage de la limite de rupture, propriété remarquable. surface interne de certains bunkers de radioprotection. Elles sont
en tout état de cause responsables de retraits importants pour le
& Magnétite
béton et doivent être éliminées. Plutôt poreuse, la limonite doit
Très proche de l’hématite par sa teneur en fer (Fe > 65 % en être préférentiellement employée sous forme de sable. La goethite
masse), les applications sont similaires à température ambiante et est un oxyde hydraté très proche et plus pur.
les performances voisines, quoique inférieures. L’utilisation à tem-
pérature élevée est déconseillée en raison du risque d’oxydation en & Acier
hématite avec augmentation volumique de 2,27 % : Utilisés sous forme de riblons ou de grenaille pour la confection
de bétons superlourds (jusqu’à 6 000 kg/m3 environ), disponibles
2 Fe3O4 + 1/ 2 O2 → 3 Fe2O3 en toute taille, ces granulats artificiels sont deux à quatre fois plus
onéreux que les granulats naturels. Ils procurent toutefois un avan-
Les bétons de magnétite sont plus faciles à mettre en œuvre en tage décisif en termes de réduction d’épaisseur du béton et de pro-
raison du faciès arrondi des granulats, mais le caractère magné- priétés thermomécaniques. Les riblons sont essentiellement consti-
tique de ces derniers peut être incompatible avec l’introduction de tués de débouchures de tôles métalliques ou de déchets
riblons d’acier pour la confection de bétons superlourds. Le d’estampage de l’industrie de transformation. Pour les grenailles,
magnétisme du béton obtenu peut être lui-même incompatible la fonte peut éventuellement remplacer l’acier pour un coût de moi-
avec certaines utilisations (accélérateurs de particules, tié, à condition de ne pas descendre en dessous de 94 % en fer. En

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

cas de mélange avec un granulat de densité inférieure, la granulo- schisteuses détériorant la liaison mécanique avec la matrice
métrie et la mise en œuvre doivent être spécialement étudiées de cimentaire.
façon à éviter la ségrégation. Le métal doit être aussi propre que
possible, sans trace d’hydrocarbures (rouille autorisée). 4.2.3 Granulats ordinaires
& Plomb & Calcaires
Excellent pour ses propriétés d’atténuation gamma (Z = 82), le Roches sédimentaires essentiellement composées de carbonate
plomb incorporé sous forme de grenaille de diverses granulomé- de calcium (calcite), leur variété est très grande mais les matériaux
tries est assez onéreux. Ses caractéristiques thermomécaniques les plus aptes pour obtenir des bétons de qualité sont caractérisés
médiocres (métal mou à forte dilatation thermique) et les difficultés par un grain fin et une faible porosité (calcaires micritiques) avec
de sa mise en œuvre (forte ségrégation) le relèguent à la fabrication une teneur en CaCO3 supérieure à 99 %. Les granulats concassés
de mortiers très denses au sein de protections de faibles dimen- sont disponibles dans une large gamme de taille (0,1-63 mm) et
sions, ou bien à celle d’éléments préfabriqués. L’alliage à 4 % montrent une meilleure adhérence avec la matrice cimentaire par
d’antimoine est préférable pour sa résistance mécanique supé- rapport aux granulats roulés. En l’absence d’impuretés minéralogi-
rieure. L’utilisation de protections à base de plomb pour un rayon- ques, les calcaires sont stables au moins jusqu’à 500  C. Malgré
nement à composante b est absolument à éviter (risque d’irradia- une faible conductivité thermique, le faible coefficient de dilatation
tion grave dû au rayonnement X de freinage). thermique est intéressant pour des conditions de service en des-
Le plomb est un très mauvais matériau de protection contre les sous de 100  C.
neutrons. En revanche, la contribution du fer au ralentissement des & Siliceux
neutrons rapides d’énergie supérieure à 0,85 MeV est notable grâce
à sa section efficace de diffusion inélastique (20 barn). Généralement d’origine sédimentaire (silex, grès siliceux) il peu-
vent être aussi d’origine métamorphique (quartzite) et sont essen-
4.2.2 Granulats légers (protection n) tiellement composés de silice sous forme de quartz. Le choix des
granulats siliceux mérite plus d’attention que celui de des granulats
& Colémanite calcaires : la présence de silice hydratée en surface (opale) peut
Borate naturel de calcium parmi les moins solubles, associant être responsable d’une réaction alcali-granulat (RAG) à l’origine de
éléments neutrophage (10B > 2,9 % en masse) et ralentisseur désordres à l’interface avec la matrice cimentaire ; sous irradiation
(H > 1,8 % en masse), il est utilisable jusqu’à 240  C environ grâce neutronique, le quartz, mais également d’autres minéraux silicatés,
à son eau de constitution. La capture des neutrons thermiques et présentent à long terme une amorphisation se traduisant par un
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intermédiaires résulte de la réaction nucléaire : gonflement (cf. § 6.3.1.2).


10 B + n → 7 Li (1,014 MeV) + 4 He(1,777 MeV) dans 6 % des cas 4.2.4 Optimisation du squelette granulaire
10 B + n → 7 Li (0,838 MeV) + 4 He(1,472 MeV) + γ (0,478 MeV) dans 94 %
Les granulats pour bétons, qu’ils soient non métalliques ou
des cas métalliques, sont généralement subdivisés et commercialisés en
Celle-ci induit une activité alpha instantanée sans conséquence trois catégories de taille :
radiologique, ce qui n’est pas le cas pour l’émission gamma. Du – sables et grenailles : 0 < d < 5 mm ;
fait de sa légère solubilité, ce minerai doit être utilisé sous forme – petits gravillons et riblons : 5 < d < 12,5 mm ;
de sable et de gravier mais non en poudre car cette dernière peut – gros gravillons et riblons : 12,5 < d < 25 mm.
fortement inhiber le durcissement du béton, surtout en présence de
ciment à base Portland. Les substituts artificiels tel que le borate de L’optimisation de leur mélange en vue d’atteindre la compacité
calcium dihydraté sont à éviter car ils diminuent trop sévèrement maximale s’appuie sur un modèle utilisé par le logiciel BETON-
les résistances mécaniques. L’utilisation de la colémanite à tempé- LAB-PRO dont les bases sont explicitées dans [8]. Dans le principe,
rature élevée n’est pas recommandée compte tenu de son coeffi- le squelette granulaire du béton est assimilé à une suspension
cient de dilatation thermique très élevé [10]. solide dont la compacité réelle (mesurable expérimentalement)
varie avec la viscosité. Le mélange aboutissant à un empilement
& Carbure de bore aléatoire des grains, la viscosité est très élevée lorsque ces derniers
Il s’agit d’un produit réfractaire artificiel de composition très voi- sont serrés au maximum, mais reste toujours finie, contrairement à
sine de B4C et très riche en isotope neutrophage (10B = 14,4 % en ce que l’on obtiendrait dans le cas d’un empilement ordonné.
masse). Le matériau est disponible en granulés (D ≤ 5 mm) ou en Admettant pour ce dernier une compacité maximale virtuelle (inac-
poudre. Cette dernière forme assure une capture efficace des neu- cessible à l’expérience), on définit alors pour un niveau de serrage
trons thermiques du fait de sa répartition homogène dans le maté- donné une viscosité relative de référence telle que :
riau cimentaire et de sa section efficace élevée (763 barn). Si le coût
est plus important que celui de la colémanite, les avantages sont ⎡ ⎛ ⎞⎤
globalement très supérieurs, même en absence d’hydrogène ralen- ⎢ n ⎜ 2,5 y ⎟ ⎥
tisseur : très grande dureté (pas de diminution des résistances ηr* = exp ⎢ ∑ ⎜ i
⎟⎥
⎢i =1⎜ 1 − 1 ⎟ ⎥
mécaniques du béton), très grande inertie chimique (pas de passage ⎢ ⎜⎝ g g * ⎟⎠ ⎥
de bore en solution et d’inhibition du durcissement du béton), faible ⎣ i ⎦

coefficient de dilatation thermique et excellente conductivité ther-


mique (bon comportement du béton en température). avec n nombre de classes granulométriques de taille di,
yi proportion volumique de la classe i (par rapport
& Serpentine
au volume solide total),
Roche massive silico-magnésienne intéressante pour son eau de
gi* compacité virtuelle du mélange à classe i domi-
constitution stable jusqu’à 500  C environ (H > 0,6 % en masse), ce
nante,
matériau est préférentiellement utilisé sous forme de sable afin de
mieux répartir les contraintes liées à sa forte dilatation thermique g compacité réelle du mélange pour un serrage
jusqu’à 150  C. Au-delà de cette température existe un domaine de référence.
de contraction suivi à nouveau par un domaine de faible dilatation
(a = 5 x 10-6.K-1 entre 260 et 370  C) où l’emploi du granulat est La viscosité relative d’un empilement aléatoire de sphères dures
pleinement justifié. Il convient d’éviter les variétés fibreuses ou isodiamétrales, serré au maximum, donne ainsi :

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

⎛ ⎞ Tableau 5 – Liants conseillés pour les bétons de radio-


⎜ 2,5 ⎟
ηr* = exp ⎜ ⎟ ≈ 132 063 protection
⎜ 1 3 2⎟
⎜⎝ − ⎟
0,64 π ⎠ Résistance
Épaisseur Tservice Protection Ciments NF
mécanique
La compacité virtuelle du mélange est calculée pour sa part à
l’aide de la fonction suivante (cas de granulats de même nature) Ordinaire g CEM II/A 42,5
g* = inf gi* avec : ( ) g CEM I 52,5
< 80  C
1 Haute
gi* = performance CAC + granulat
i −1 ⎡ ⎛ ⎛ 1 ⎞ d ⎞ n ⎛y dj ⎞ ⎤ n, g
∑ ⎢⎢y i ⎜1+ ⎜⎝ β − 1⎟⎠ d i ⎟ + ∑ ⎜ βj ⎟⎥
di ⎠ ⎥
< 0,50 m conducteur
j =1 ⎣ ⎝ j j⎠ j =i ⎝ j ⎦ g CEM I 52,5
Haute
où bj est compacité propre virtuelle de la classe de taille dj. > 80  C
performance CAC + granulat
n, g
d dj conducteur
Dans cette relation, les termes i et expriment respective-
dj di
g CEM V/A 32,5
ment le desserrement des grains j au voisinage des grains i (effet
de paroi) et le desserrement des grains i par les grains j (effet > 0,50 m 8T Ordinaire CEM I 42,5 +
d’interférence), lorsque la classe i est dominante. Ce modèle a été n, g granulat
validé pour des granulats ordinaires de tailles et de formes diverses conducteur
avec des écarts généralement inférieurs à 1 % par rapport aux
résultats expérimentaux [1]. Son application aux granulats spé-
ciaux ne pose aucune difficulté sauf dans le cas où coexistent – pour les épaisseurs réduites à moins de 0,50 m, le niveau de
deux constituants de densités très différentes (béton de colémanite compacité nécessaire pour une protection efficace conduit implici-
avec riblons d’acier par exemple). tement à la notion de haute performance, de même que des tempé-
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Dans le cas traditionnel du mélange de trois catégories granulo- ratures supérieures à 80  C en condition de service. Le choix de
métriques de même nature, le calcul de la compacité optimale pour liants développant des résistances plus élevées est alors requis
une consistance donnée est d’autant plus précis qu’il s’appuie sur : dans la mesure où leur exothermicité plus importante reste compa-
tible avec l’évacuation de la chaleur.
– une analyse granulométrique détaillée ;
– une détermination soigneuse de la compacité propre d’au Le critère relatif au type de rayonnement intervient de façon très
moins trois classes dans chaque catégorie. différente. Pour la protection contre les neutrons, il se traduit par la
recherche simultanée de la plus grande quantité d’eau fixée et par
la composition contenant le moins d’impuretés. Dans cette configu-
4.3 Liants hydrauliques ration, les liants composés sont à éviter, au profit de ceux compor-
tant la proportion maximale de constituant réactif tels le CEM I
4.3.1 Critères de sélection (clinker > 95 %) ou le ciment d’aluminates de calcium. En termes
de capacité à fixer l’eau, ce dernier apparaı̂t en outre plus intéres-
Les liants mis en œuvre dans les bétons de radioprotection sont sant puisque le rapport théorique eau/ciment assurant l’hydratation
dans le cas général des ciments courants à base de clinker Port- complète est de 0,345 contre 0,225 ± 0,025 pour le ciment Portland.
land, le ciment d’aluminates de calcium (CAC) étant plus particuliè- La prescription de tels ciments, dont la chaleur d’hydratation est
rement réservé à la protection contre les neutrons. On en trouvera assez élevée, exige d’associer un granulat conducteur en plus du
une description dans le guide [11]. granulat neutrophage.
Vis-à-vis d’un ouvrage donné, quatre critères sont à retenir pour
sélectionner la variété de ciment la plus appropriée (tableau 5) : 4.3.2 Ciments courants
– l’épaisseur de l’ouvrage ;
– la température de service ; La norme NF EN 197-1 portant sur la composition et la classifica-
– le niveau de résistance mécanique ; tion des ciments courants rend leur prescription plus précise en
– le type de rayonnement. fonction de l’objectif à atteindre (tableau 6). Cinq types principaux
sont définis selon leur teneur en clinker et autres constituants
Le premier critère apparaı̂t prépondérant car il se réfère aux majeurs :
conditions thermiques auxquelles le béton peut être initialement
– ciment Portland (CEM I) : au moins 95 % de clinker ;
exposé, dès la période de prise, à un moment critique de sa struc-
turation. Au très jeune âge, les réactions d’hydratation du ciment – ciment Portland composé (CEM II) : au moins 65 % de clinker ;
sont en effet responsables d’un échauffement d’autant plus impor- – ciment au laitier (CEM III) : 36 à 95 % de laitier de haut fourneau
tant que le liant est riche en composés réactifs et que le volume de et 5 à 64 % de clinker ;
matériau mis en place est élevé. Sans précautions particulières, les – ciment pouzzolanique (CEM IV), très peu utilisé ;
conséquences se traduisent par des variations dimensionnelles et – ciment pouzzolanique au laitier (CEM V) : 20 à 64 % de clinker,
une déperdition d’eau excessives, à l’origine de contraintes diffé- 18 à 49 % de laitier de haut fourneau et 18 à 49 % de cendres volan-
rentielles et de fissurations. La durabilité de l’ouvrage s’en trouve tes siliceuses.
alors hypothéquée, ce dernier pouvant même être immédiatement
dégradé : Chaque type comporte plusieurs variétés permettant de préciser :
– pour les voiles de béton excédant l’épaisseur critique de – la classe de résistance : 32,5 ; 42,5 ; 52,5 (MPa) ;
0,50 m, l’utilisation de liants à faible chaleur d’hydratation et faible – le développement rapide de la résistance « R » ;
résistance s’impose donc d’autant plus naturellement que le maté- – la compatibilité à l’eau de mer « PM » ;
riau devient peu sollicité mécaniquement ; – la compatibilité avec les eaux sulfatées « ES ».

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Tableau 6 – Composition (% en masse) et caractéristiques moyennes de liants utilisables


pour les bétons de radioprotection

CEM I 52,5 PM ES CEM II/A 42,5 PM ES CEM V/A 32,5 PM ES


Constituants ou caractéristiques CAC PM ES Dunkerque
Le Teil Brest Gaurain

SiO2 22,80 26,17 30,50 4,43

Al2O3 2,69 7,90 12,25 38,41

Fe2O3 1,85 4,71 2,45 11,82

FeO 0 0 3,94

CaO 67,30 55,63 42,55 37,92

MgO 0,85 1,06 3,65 0,59

K2O 0,24 0,47 0,80 0,15

Na2O 0,14 0,16 0,25 0,10

SO3 2,24 2,23 3,00 0,15

S- 0,01 0,01 0,24 0,02

CO2 1,24 0,66 1,20 (C)


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TiO2 0,07 0,12 0,70 2,46

P2O5 0 0 0,40 0,2

MnO 0,007 0,04 0,10 0,045

Cr2O3 0,007 0,0074 0,1



Perte au feu à 1 000 C (% en masse) 1,80 1,00 2,35 0,4

Clinker (% en masse) 95,2 80,8 51,5 100


3
Masse volumique [kg/m ] 3 160 3 030 2 830 3 250

Surface spécifique (méthode Blaine)


3 450 3 224 3 620 3 150
(cm2/g)

Passant à 96 mm (% en masse) 99,2 96,6 100 92

Passant à 32 mm (% en masse) 77,0 67,9 81,3 50

Chaleur d’hydratation à 24 h [kJ/kg] 263 183 187 473

Retrait à 28 j [mm/m] 550 610 590 700*

Résistance à la compression 28 j [MPa] 62,7 51,2 49 85* ; 44**



* rapport e/c = 0,4 sans conversion minéralogique (T = 20 C) : (C) carbone seul.
** rapport e/c = 0,4 avec conversion minéralogique (T jusqu’à 85  C)

Globalement, la résistance normale (à 28 jours) augmente avec la retrait important (> 1 000 mm/m) représente un risque de fissura-
teneur en clinker (constituant le plus réactif du ciment), tandis que tion, indépendamment d’une teneur en chlorure indésirable.
la résistance au jeune âge (à 2 jours) augmente avec la teneur en Dans les bétons de radioprotection, le dosage en ciment c résulte
aluminate tricalcique (constituant le plus réactif du clinker) et la le plus souvent de l’optimisation entre compacité et maniabilité.
finesse de mouture. La compatibilité « eau de mer » et « sulfate » Pour cela, il doit respecter une fourchette qui est fonction de la
est par contre obtenue pour les teneurs en aluminate tricalcique les taille 3du plus gros granulat D. Dans la pratique, on retiendra (c en
plus faibles. L’aluminate tricalcique étant à l’origine d’une forte exo- kg/m avec D en mm) :
thermicité et d’un retrait endogène élevé [12], on recherchera d’une
façon générale des liants en comportant très peu, c’est-à-dire sans
la caractéristique « R », mais au contraire avec le label « PM-ES », y 680 ± 90
compris pour la réalisation de bétons d’épaisseur inférieure à c=
5 D
0,50 m. Parmi ces liants, on évitera pourtant les CEM III dont le

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Pour autant, le dosage doit permettre d’atteindre la résistance Les particularités de la mise en œuvre, l’inefficacité des adju-
cible souhaitée, estimée avec la relation de Bolomey : vants superplastifiants d’anciennes générations et un coût relative-
ment élevé (1 k€/t) ont certainement contribué à limiter l’emploi du
⎛ c ⎞ ciment d’aluminates de calcium par le passé. Même si les applica-
fc = kbfmc ⎜ − 0,5⎟
⎝ e +V ⎠ tions demeurent très spécifiques, il est désormais envisageable de
réaliser des bétons spéciaux peu calorifiques grâce à la combinai-
avec f c résistance du béton (en MPa), son des trois mesures suivantes :
kb coefficient relatif au squelette granulaire (de – compacité maximale du squelette granulaire (modèle LCPC) ;
0,5 à 0,6), – nature conductrice du granulat (acier, hématite) ;
– superplastifiant efficace (cf. § 4.6).
f mc résistance normale (NF EN 196-1) du ciment
(en MPa),
3
c dosage en ciment (en kg/m ), 4.4 Additifs pulvérulents
3
e quantité d’eau totale (en L/m ),
3
Au sein des bétons spéciaux, les additifs pulvérulents concernent
V volume d’air occlus (en L/m ). essentiellement la capture des neutrons thermiques au moyen de
corps absorbants. Ces derniers présentent en conséquence une sec-
On admet V = 0,1e pour un béton plastique. tion efficace très élevée (afin d’éviter aux constituants normaux du
Une relation plus précise [8] permet, quant à elle, de calculer la béton l’absorption des neutrons et la production associée de pho-
résistance en compression de la matrice du béton (f cm en MPa) tons g de capture) et doivent être le plus uniformément répartis. Le
compte tenu du rapport eau/ciment (e/c) et de son environnement cadmium étant écarté en raison de l’émission de photons g de cap-
granulaire : ture de 7,5 MeV, les produits utilisés se limitent pratiquement au car-
bure de bore et à deux oxydes de terres rares (tableau 7). Onéreux,
2,85
⎡ ⎤ −0,13
ils relèvent généralement d’applications spécifiques nécessitant une
⎢ 1 ⎥ ⎡ ⎛ g* ⎞⎤ protection de très haut niveau. La granulométrie doit rester infé-
fcm = 13,4 fmc ⎢ ⎢D ⎜ 3 − 1⎟ ⎥
⎢1 + 11 ρc e ⎥⎥ ⎢⎣ ⎝ g ⎠ ⎥⎦
rieure à 100 mm.
,
⎢⎣ 103 c ⎥⎦
4.5 Rapport eau/ciment
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avec rc masse volumique du ciment en kg/m3.


Les formules de bétons antérieures à l’apparition des superplas-
4.3.3 Ciment d’aluminates de calcium (CAC) tifiants réducteurs d’eau se caractérisent par des rapports massi-
Anciennement dénommé ciment alumineux, ce liant normalisé ques eau/ciment (e/c) souvent élevés, parfois excessifs (e/c > 0,6).
(NF EN 14647), obtenu par fusion de calcaire et de bauxite, est très Le comportement mécanique de tels matériaux s’avère médiocre,
différent des ciments Portland par sa composition (tableau 6) et indépendamment du fait que la majeure partie de l’eau ne s’y
son comportement. Comportant au moins 36 % en masse d’alu- trouve pas fixée de façon durable. Les pâtes de ciment correspon-
mine, son hydratation permet d’obtenir rapidement à une tempéra- dantes présentent en effet une forte sensibilité au séchage et au
ture au-delà de 50  C, sinon plus lentement, des minéraux stables retrait hydraulique, ce qui peut modifier certaines caractéristiques
où l’eau est fixée exclusivement sous forme d’ions OH- de importantes du béton (conductivité thermique, sections efficaces
constitution : macroscopiques d’absorption et de diffusion des neutrons).
Les formules actuellement mises en œuvre présentent des rap-
− hydrogrenats : Ca3 ⎡⎣ Al (OH)6 ⎤⎦ ports e/c typiquement inférieurs à 0,5, voire inférieurs à 0,4. Ces
2
valeurs restent à la fois compatibles avec l’hypothèse d’une hydra-
Ca3 ⎡ Al1− x Fex (OH)6 − 2y ⎤ (SiO4 )y tation complète du ciment à long terme et avec la notion de
⎣ ⎦2
« béton plein », c’est-à-dire comportant un léger excès de pâte de
– gibbsite : Al2(OH)6. ciment par rapport au squelette granulaire et un léger excès d’eau
Cette association présente en outre l’avantage de résister à l’action par rapport au ciment. Dans ces conditions, la résistance en com-
de milieux agressifs (chlorure, sulfate) jusqu’à des pH aussi bas que pression du béton est proportionnelle au carré de la compacité de
4, différence fondamentale avec les ciments Portland qui libèrent de la pâte pour un squelette granulaire, un âge et un type de conserva-
l’hydroxyde de calcium soluble en dessous de pH 12,45 [13]. tion donnés (loi de Féret). Pour un rapport e/c compris entre le rap-
port critique d’hydratation du ciment (proportion d’eau strictement
Dans le cas du ciment d’aluminates de calcium, la résistance nor-
nécessaire à l’hydratation des constituants anhydres) et le rapport
malisée à 28 jours ne doit pas être considérée comme acquise en
critique de ségrégation, on en déduit qu’une modification de ce
raison de la formation d’hydrates transitoires, mécaniquement très
rapport induit une variation relative de résistance telle que :
résistants, qui se transforment ensuite en hydrogrenats et gibbsite
stables. Cette conversion minéralogique s’accompagnant d’une
création de porosité, la résistance de la pâte de ciment diminue
Tableau 7 – Corps absorbants les neutrons thermiques
alors d’autant plus sensiblement que le rapport e/c est élevé. Dans
la démarche de conception, il est donc d’usage de prendre en
compte la résistance minimale après conversion. Masse Section efficace Élément
Coût
Composé volumique élémentaire absorbant
Afin de limiter la chute de performance à la fois en amplitude et [€/kg]
[kg/m3] [barns*] [% en masse]
en niveau, deux règles doivent être strictement observées :
– dosage en ciment supérieur ou égal à 400 kg/m3 de béton ; B4C 2 520 763 78,25 20
– rapport e/c inférieur ou égal à 0,4.
Sm2O3 8 347 5 610 86,23 15
De plus, la formation directe des hydrates stables à température
élevée n’est jamais souhaitable car elle s’accompagne d’une contrac- Gd2O3 7 407 48 766 86,76 37
tion de la pâte très importante (DV/V ≈ 22 %) avec fissuration.
Cet aspect nécessite donc d’évacuer la chaleur efficacement pendant * 1 barn = 10
-24
cm2
la prise.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

2 la masse de ciment. La fluidification est très nette et s’accompagne


⎛ −3 ⎛e⎞ ⎞ moins des effets secondaires constatés avec les générations anté-
ΔR ⎜ 1 + 10 ρc ⎜⎝ c ⎟⎠ ⎟ rieures (entraı̂nement d’air, ségrégation, ressuage…). L’avancée tech-
= 1− ⎜ 1⎟
nologique est d’autant plus appréciable qu’elle permet maintenant :
R ⎜ 1 + 10−3 ρ ⎛ e ⎞ ⎟
⎜ ⎟
⎝⎜ ⎝ c ⎠ 2 ⎠⎟
c – la réduction d’eau et l’augmentation de fluidité simultanément ;
– la fluidification des liants alumineux.
avec rc masse volumique du ciment en kg/m3. Au moment de leur coulée, les bétons avec adjuvant présentent
Le fait de modifier le rapport e/c de 0,35 à 0,5 entraı̂ne ainsi une pour la plupart un caractère thixotrope accentué : au repos, les
diminution de résistance d’un tiers, toutes choses égales par ailleurs. bétons semblent figés tandis que quelques chocs ou vibrations
entraı̂nent leur « liquéfaction ». Afin de ne pas provoquer de ségré-
gation, il convient pour cette raison d’éviter la vibration prolongée
4.6 Adjuvants et la coulée avec chute en hauteur, spécialement dans le cas des
bétons lourds.
Dans le domaine des bétons spéciaux, les adjuvants utilisés sont
La large gamme de produits proposés permet actuellement
essentiellement des superplastifiants (ou fluidifiants) et éventuelle-
d’ajuster les propriétés secondaires comme la cohésion du béton
ment des retardateurs. Les premiers sont censés augmenter la
frais ou son maintien d’ouvrabilité ou de travailler avec des granu-
maniabilité du matériau frais (malaxage, transport, mise en place).
lats plus difficiles (typiquement concassés). L’utilisation des adju-
Les seconds complètent l’action des premiers en prolongeant la
vants fait l’objet de la norme spécifique NF EN 934-2+A1.
durée pratique d’utilisation. Les compacités et masses volumiques
des bétons de protection gamma actuels, par définition élevées, ne
permettent que très rarement une mise en œuvre sans superplasti- 4.7 Compositions types de bétons
fiant. Les bétons formulés avant l’apparition de ces produits com-
portent de fait des teneurs en eau plus élevées, ce qui peut apparaı̂- de radioprotection
tre comme un contresens.
Le champ de composition des bétons de radioprotection est
Les superplastifiants sont des polymères organiques à caractère potentiellement très étendu et l’on peut estimer à plusieurs centai-
polaire. Leurs chaı̂nes moléculaires, en recouvrant la surface des nes le nombre de variétés existantes de par le monde (protection
grains de ciment, présentent vers l’extérieur des charges négatives gamma essentiellement). Il n’est pas question d’en dresser ici
à l’origine de répulsions interparticulaires. À l’échelle microstructu- l’inventaire d’autant que nombre de ces matériaux apparaissent
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rale, ceci se traduit par une défloculation des particules et une répar- aujourd’hui dépassés, trop spécifiques, voire non reproductibles.
tition homogène au sein de la pâte qui en conserve le bénéfice après On en trouvera de nombreux exemples dans [15]. Il convient de
durcissement (augmentation des résistances, diminution de la per- remarquer qu’au sein de cet ensemble, les formules comportant
méabilité, diminution du retrait). À l’échelle du béton, suspension des granulats à base de fer occupent une position prépondérante.
solide assimilable à un corps de Bingham, l’action des superplasti-
Actuellement, deux facteurs contribuent à restreindre la gamme
fiants consiste surtout à abaisser le seuil de cisaillement t 0, la visco-
des matériaux de radioprotection :
sité plastique m étant pour sa part moins affectée. L’affaissement du
béton frais mesuré au cône d’Abrams (slump) est étroitement corrélé – les nouvelles techniques de formulation : en permettant de
à ce seuil de cisaillement lorsque m < 300 Pa.s et permet de comparer converger vers les compositions optimales, elles réduisent de fait
l’efficacité des différents produits [14]. Dans cette gamme de consis- la variabilité des bétons produits ;
tance, on vérifie par ailleurs que mbéton est proportionnel à mpâte. – la standardisation des procédés : elle tend à s’appuyer sur des
compositions de référence bénéficiant d’un bon niveau de caractérisa-
Plusieurs générations de polymères ont successivement été
tion, évitant ainsi la qualification coûteuse de matériaux « sur mesure ».
mises au point :
– les lignosulfonates, maintenant abandonnés ; 4.7.1 Mortiers spéciaux
– les naphtalènesulfonates, plus efficaces et encore utilisés ;
– les mélaminesulfonates, d’efficacité comparable. Les mortiers et microbétons désignent des matériaux dont la
Ces produits cèdent le pas vers le milieu des années 1990 à de taille maximale du granulat est inférieure à 10 mm. Ils trouvent
nouvelles molécules très performantes (tableau 8), caractérisées leur application dans les joints des massifs de béton de radiopro-
par la présence de longues chaı̂nes aliphatiques : tection et plus généralement dans le remplissage de tout vide de
dimensions limitées ou d’accès difficile. Censés assurer au mini-
– les polycarboxylates ; mum les mêmes propriétés que celles des bétons encaissants, ils
– les polyglycols. leur empruntent souvent les mêmes constituants (tableau 9).
Généralement utilisés en solution aqueuse comportant 40 % en La mise en place s’effectue de façon conventionnelle ou par
masse de principe actif, ces nouveaux superplastifiants sont incorpo- injection de mortier fin dans un squelette granulaire introduit en
rés au moment du malaxage à raison de 0,5 à quelques pourcents de premier. Cette dernière méthode (prepacked concrete), utilisée
pour la protection biologique des caissons de la dalle de Superphé-
nix, présente deux avantages :
Tableau 8 – Superplastifiants pour bétons
– éviter la ségrégation des granulats lourds de gros calibre ;
– empêcher le blocage du matériau complet en cours d’injection.
Marque Ciments Coût
Famille Efficacité
(exemples) compatibles [€/kg] Selon leur température de service, certains joints exigent une
grande stabilité dimensionnelle, voire un caractère réfractaire. Ces
Naphtalène Pozzolith‚ propriétés sont obtenues par association de sable de corindon avec
Portland ++ 6,50
sulfonate 400 N du ciment d’aluminates de calcium.

Polyéthylène Castament‚ Portland +++ 4.7.2 Bétons de radioprotection


17
glycol FS 10 + alumineux ++
La sélection de compositions présentées aux tableaux 10 et 11
MasterGlenium Portland +++ comporte à la fois des exemples anciens, typiques ou remarqua-
Polycarboxylate ‚ 27 8 bles, et une référence plus moderne tel que le béton d’hématite
+ alumineux +++
qui tend à se généraliser pour la protection gamma. La liste, non

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

du bore à ce dernier (béton de colémanite). Dans la mesure où l’on


Tableau 9 – Mortiers spéciaux pour protection gamma dispose d’épaisseurs suffisantes et à condition que les neutrons ne
et neutronique dépassent pas quelques mégaélectronvolts en énergie, le béton
standard peut même convenir. Si ce n’est pas le cas, la protection
contre les neutrons doit envisager simultanément celle contre les
Mortier de Mortier Mortier
Constituants ou Mortier de photons gammas de capture en ajoutant un élément lourd tel que
barytine de d’hématite
caractéristiques colémanite le fer, par ailleurs intéressant pour le ralentissement des neutrons
+ plomb corindon + acier
rapides (béton de limonite). Lorsque les neutrons sont associés à
une composante gamma importante, il convient alors d’augmenter
Ciment [kg/m3] CAC 450 CAC 450 CEM I 490 CAC 450
la densité avec du fer métallique (béton de limonite + grenaille,
3 béton de riblons + colémanite). Les transferts de chaleur s’en trou-
Eau [kg/m ] 225 180 257 290
vent en outre favorisés, ce qui est bénéfique pour les structures en
béton. Différentes combinaisons peuvent être retenues, souvent
Grenaille (1)
6 190 (6,5/9) 580 (0/0,3) en fonction d’un compromis coût-efficacité (mélange cal-
[kg/m3]
caire + limonite dans les bétons constituant le fond des piscines
de rechargement des REP français). Il ne peut y avoir en revanche
2 750 1 400
Sable (1) [kg/m3] 335 (0/0,5) 2 570 (0/3) aucun compromis sur les quantités d’eau et la forme sous laquelle
(0/3) (0,3/3) est introduite cette dernière. En particulier, lorsque l’on désire éle-
ver la teneur en hydrogène du matériau, augmenter la quantité
Rapport e/c 0,5 0,4 0,524 0,644 d’eau de gâchage aux dépens de l’eau (plus chère) apportée par
les granulats hydratés est une erreur grave si le béton doit connaı̂-
Masse tre une éventuelle période de séchage. On remarquera que le rap-
volumique 7 200 3 200 3 750 2 140 port e/c très élevé du béton de colémanite en fait un matériau de
[kg/m3] remplissage, exclusivement.
Joints
Dalle Écran de
Application
Superphénix
réfractai- Joints
criticité 4.8 Mise en place particulière des bétons
res de radioprotection
CAC ciment d’aluminates de calcium L’efficacité des superplastifiants permet d’adapter aux bétons
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CEM I ciment Portland lourds les techniques déjà éprouvées sur les bétons ordinaires.
(1) Tailles de granulats (en mm) indiquées entre parenthèses sous les La mise en place d’un béton lourd par coulée gravitaire au sein
quantités utilisées. d’un espace complexe occupé par un réseau dense d’armatures
(> 200 kg/m3) et l’obtention d’un serrage correct à l’aiguille vibrante
pouvant s’avérer difficiles (accès, ségrégation, défauts de remplis-
limitative, propose par ailleurs un béton standard, base de com- sage), la réalisation d’un béton autoplaçant est une solution à rete-
paraison indispensable pour toutes caractéristiques confondues nir comme le montre le retour d’expérience relatif à la mise en place
et lui-même matériau de radioprotection. Il s’avère difficile de des voiles et planchers de la piscine du réacteur Jules Horowitz
considérer chacune de ces compositions comme un véritable (CEA/Cadarache, figure 4)). Le béton utilisé contient principalement
standard. En effet, chaque ouvrage ayant sa spécificité propre, la de la magnétite 0/6,3 mm (2700 kg/m3), un CEM I 52,5 (365 kg/m3),
variété des contraintes de mise en œuvre et la diversité des pro- un apport de filler calcaire avec un rapport massique eau/fines de
venances pour les liants et les granulats font en sorte que les 0,44. L’adjuvantation combine superplastifiant et agent de cohésion
bétons mis en place sont toujours différents, même lorsque leur (anti-ressuage), conférant au matériau frais un comportement rhéo-
composition est identique. logique « autoplaçant ». Les propriétés obtenues pour le matériau
Par ailleurs, d’importants écarts de comportement sont observés satisfont aux exigences (masse volumique ≥ 3 500 kg/m3, résis-
en fonction de l’époque de fabrication. Affectant surtout les perfor- tance mécanique en compression > 50 MPa à 28 jours).
mances mécaniques, ils trouvent leur origine dans l’efficacité des
techniques de serrage et des adjuvants disponibles au moment de À retenir
la mise en œuvre. La résistance des bétons anciens apparaı̂t ainsi
très inférieure à celle prévue pour les bétons modernes de même – L’hématite est un des granulats lourds parmi les plus inté-
composition (valeurs calculées en italique dans le tableau 10). ressants (coût, propriétés) pour la protection gamma.
– Le carbure de bore (B4C) est intéressant pour la protection
Le coût des bétons spéciaux étant globalement proportionnel au
neutronique et ses propriétés thermomécaniques exception-
coût des granulats, il existe une grande disparité de prix au mètre
nelles.
cube, indépendamment du transport et de la mise en œuvre.
– En cohérence avec la formulation du matériau, le dosage
Exemple de l’adjuvant doit être réglé précisément.
On retiendra des prix de revient de l’ordre de 200 et 2 200 €/m3,
respectivement pour le béton standard et le béton à l’hématite 1.

& Protection g 5. Propriétés des bétons


Par leur gradation en densité, les compositions présentées cou- de radioprotection
vrent l’essentiel des besoins vis-à-vis des flux les moins intenses
(béton standard), aux plus intenses (béton de riblons). Le critère
thermique permet ensuite de choisir entre matériaux fonctionnant
en dessous de 100  C (bétons avec magnétite ou barytine) ou au- 5.1 Propriétés d’atténuation
dessus (béton avec hématite ou acier). L’atténuation des rayonnements par le béton est la conséquence
& Protection n, g de leur interaction avec les atomes constitutifs. Pour une épaisseur
donnée du matériau, l’ampleur de cette atténuation dépend donc
La protection contre les neutrons repose sur l’utilisation de étroitement de la composition chimique du milieu traversé, avec
matériaux riches en hydrogène (béton de serpentine) ou associant une sensibilité d’autant plus grande qu’il y a coexistence entre

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Tableau 10 – Bétons de protection g ; compositions types et caractéristiques principales


Béton Béton de
Constituants ou Béton Béton Béton Béton de Béton Béton
d’hématite + barytine +
caractéristiques de riblons d’hématite 1 d’hématite 2 magnétite de barytine standard
grenaille riblons

Ciment [kg/m3] CEM I 350 CEM I 350 CAC 400 CEM I 350 CEM II 350 CEM II 350 CEM I 350 CEM I 350

Eau [kg/m3] 100 150 140 140 175 128 110 150

Superplastifiant
1,75 5,25 4,25 1,75 5,25 1,75 1,75 1,75
[kg/m3]

Grenaille (1) [kg/m3] 2 250 (0,15/4) 1 860 (0,3/4)

Riblons 1 (1) [kg/m3] 880 (6/15) 1 000 (6/15)

Riblons 2 (1) [kg/m3] 2 720 (15/30) 1 800 (15/30)

Sable 1 (1) [kg/m3] 990 (0/1) 990 (0/1) 200 (0/1) 1 280 (0/7) 580 (0/3) 750 (0/4)

Sable 2 (1) [kg/m3] 920 (0/6) 920 (0/6) 1 100 (0/5) 1 100 (3/7) 420 (4/12)

Gravillons (1)
1 680 (6/20) 1 680 (6/20) 2 450 (5/25) 1 800 (5/20) 1 800 (7/30) 780 (8/20)
[kg/m3]
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Rapport e/c 0,286 0,429 0,35 0,4 0,5 0,366 0,314 0,429

Masse volumique
6 300 4 044 4 076 4 720 3 500 3 550 4 920 2 381
[kg/m3]

Conductivité à 25  C : 6,15
15,25 6,23 11,7 3,37 1,36 11,14 2,26
thermique [W/(m.K)] à 80  C : 5,65

Coefficient de
dilatation linéique 11,6 x 10-6 8 x 10-6 8,5 x 10-6 9,5 x 10-6 8,9.10-6 19,9 x 10-6 16,3 x 10-6 10 x 10-6
[K-1]

Retrait 28 jours
190 270 140 130 300 225 120 175
[mm/m]

Résistance à la
exp : 76,0 exp : 50,2 exp : 35
compression 28 j 80 76 44 36 63
calc : 148 calc : 95 calc : 99
[MPa]

Résistance à la exp : 6,4 exp : 4,7 exp : 2,7


5,2 5 3,6 3,3 4,4
traction 28 j [MPa] calc : 7,1 calc : 5,5 calc : 5,7

Module d’élasticité exp : 61,5 exp : 40,3 exp : 19 exp : 38


82 81 42 44
statique 28 j [GPa] calc : 118 calc : 93,5 calc : 41,6 calc : 83

Bouchon Dalle al-


Protection X
Protection puits de Cellules blin- Blocs amovi- véole de
Exemple Synchrotron de freinage Cellules blin-
réacteur de stockage de dées bles accéléra- stockage de
d’application Grenoble (accéléra- dées Saclay
recherche déchets Marcoule teur Saclay produits de
teurs)
vitrifiés fission

CAC : ciment d’aluminates de calcium


CEM I : ciment Portland
Les valeurs notées en italique correspondent à des valeurs calculées.
(1) Tailles de granulats (en mm) indiquées entre parenthèses sous les quantités utilisées.

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 11 – Bétons de protection n, g ; compositions types et caractéristiques principales


Béton de Béton de colémanite Béton de limonite
Constituants ou caractéristiques Béton de colémanite Béton de limonite
serpentine + riblons + grenaille

Ciment [kg/m3] CAC 400 CAC 415 CAC 400 CEM II 350 CEM I 350
3
Eau [kg/m ] 180 332 148 175 140

Superplastifiant [kg/m3] 0 0 0 1,75 1,75


3
Grenaille (1) [kg/m ] 1 450 (0,3/4) 1 250 1 250 (0,02/2)

Riblons (1) [kg/m3] 3 000 (6/20)


3
Sable 1 (1) [kg/m ] 500 (0,2/2) 1 290 (0/5) 400 (0/5) 984 (0/7) 800 2/7

Sable 2 (1) [kg/m3] 535 (2/5)

Gravillons (1) [kg/m3] 865 (5/12) 1 560 (7/25) 1 190 (7/25)

Rapport e/c 0,45 0,800 0,370 0,5 0,4

Masse volumique [kg/m3] 2 430 1 880 5 350 3 000 3 620

Conductivité thermique
2,2 à 20  C : 0,78 (0,88) à 40  C : 3,5 2,4 n.d.
[W/(m.K)]
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Coefficient de dilatation linéique


23 x 10-6 12,4 x 10-6 12 x 10-6 10 x 10-6 n.d.
[K-1]

Retrait 28 jours [mm/m] 180 330 170 630 528

Résistance à la compression 28 j
54 19,0 115 40 60
[MPa]

Résistance à la traction 28 j [MPa] 5,5 3,2 6,0 3,3 3,6

Module d’élasticité statique 28 j


38 32,0 61,0 40,3 48,1
[GPa]

Réacteur E. Fermi, Ateliers Puits de cuve Protection locale


Exemple d’application Réacteur Orphée
États-Unis « combustible » réacteur réacteur

CAC : ciment d’aluminates de calcium


CEM I : ciment Portland
CEM II : ciment Portland composé
n.d. : non déterminé
Les valeurs notées en italiques correspondent à des valeurs calculées.
(1) Tailles de granulats (en mm) indiquées entre parenthèses sous les quantités utilisées.

éléments « légers », « intermédiaires » et « lourds ». Dans la sa masse volumique. La méthode est illustrée par le tableau 12
mesure où la teneur des granulats naturels en éléments spécifiques avec les exemples du béton standard et du béton lourd à l’héma-
de l’atténuation peut varier dans d’énormes proportions, la valeur tite 1. À partir des coefficients massiques d’atténuation des élé-
des coefficients relatifs aux différents types de béton n’est donnée ments m/r, disponibles pour diverses énergies, le coefficient mas-
qu’à titre indicatif. sique d’atténuation du béton est obtenu dans un premier temps.
Compte tenu des enjeux de la radioprotection, les calculs d’atté- Le produit de ce coefficient massique d’atténuation par la masse
nuation doivent toujours être exécutés à partir des caractéristiques volumique du béton donne en définitive le coefficient d’atténua-
réelles des bétons. tion linéique (en cm-1) :

5.1.1 Atténuation des photons ⎡ ⎛ μ⎞ ⎤


μ (E ) = ∑ ⎢fi ⎜ ⎟ (E )⎥ ρbéton
i ⎢
⎣ ⎝ ρ ⎠ i ⎥⎦
5.1.1.1 Coefficients d’atténuation
L’atténuation traduit la diminution du nombre de photons avec f i fraction massique de l’élément i dans le béton,
d’énergie E après traversée d’un milieu absorbant. Pour une éner- ⎛ μ⎞
gie donnée, le coefficient d’atténuation linéique du béton peut ⎜⎝ ρ ⎟⎠ (E ) coefficient d’atténuation massique de l’élément
être calculé, connaissant sa composition chimique élémentaire et i i pour les photons d’énergie E (en cm2/g).

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Zone CEDE Piscine RER

Piscine intermédiaire
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Local circuits
piscines et cœur

Emplacement du bouchon de
fond de piscine Crypte Zone des traversées piscines réacteur (UR-2S10)

Figure 4 – Coupe du bâtiment réacteur Jules Horowitz passant par la piscine réacteur et la piscine intermédiaire et montrant l’intrados du béton
lourd (en vert)

Pour les bétons ordinaires seulement, il est intéressant de savoir Les coefficients massiques d’absorption d’énergie du béton standard
que les coefficients massiques m/r à une énergie donnée varient et du béton lourd à l’hématite figurent dans le tableau 15 avec ceux
très peu avec les compositions, en dépit d’une disparité notable de l’air et de l’eau, très utiles dans les calculs de radioprotection.
de ces dernières. Les écarts notés sont inférieurs à 1,5 % jusqu’à
5 MeV et inférieurs à 6 % au-delà [15]. Dans ces conditions, la
5.1.1.3 Facteur d’accumulation de débit de dose
masse volumique apparaı̂t principalement influencer la valeur du
coefficient d’atténuation m (les écarts notés sur ce dernier vont jus- Pour un détecteur « d » placé à l’arrière d’un écran, ils sont défi-
qu’à 15 % environ). nis par le rapport de la réponse au flux total (flux direct + flux dif-
Les coefficients d’atténuation massiques et linéiques du béton fusé) à la réponse au flux direct, ce dernier étant égal à :
standard et du béton d’hématite 1 ont été calculés pour différentes ϕdir = ϕ0 exp ( − μx )
énergies (tableaux 13 et 14). La comparaison de leur évolution en
fonction de E (figure 5) montre que, au voisinage de 1 MeV, l’écart
avec j0 flux incident.
est le plus faible (47 %), conséquence de la prédominance de la dif-
fusion Compton par rapport aux interactions rayonnement-matière Employés en radioprotection, ils permettent de calculer un débit de
de type « absorption ». Les coefficients d’atténuation de divers dose (ou une dose) dans l’air derrière un écran de béton. Le facteur
bétons spéciaux peuvent être trouvés dans [2] [3] [15]. d’accumulation de débit de dose pour une source ponctuelle isotrope
est le plus souvent utilisé. Sa valeur pour différents parcours moyens
5.1.1.2 Coefficient massique d’absorption d’énergie mx a été calculée pour le béton standard et le béton à l’hématite 1
Ce type de coefficient intervient dans l’évaluation de la dose (tableaux 13 et 14). L’évolution de Bdébit de dose en fonction de l’épais-
déposée dans le matériau de radioprotection. Il se calcule pour les seur d’atténuation présente une allure voisine pour les deux bétons
différentes énergies à partir des coefficients des éléments constitu- dans une gamme d’énergie de 0,5 à 5 MeV (figures 6 et 7). Il en serait
tifs du béton [16] et s’exprime en centimètres carrés par gramme : différemment avec un béton extra lourd au plomb pour lequel Bdébit de
dose augmente avec l’énergie des photons.
⎛ μen ⎞ ⎡ ⎛μ ⎞ ⎤
⎜⎝ ρ ⎟⎠ (E ) = ∑ ⎢fi ⎜ en ⎟ (E )⎥ L’efficacité de l’atténuation pour un béton donné à une énergie
béton i ⎢
⎣ ⎝ ρ ⎠ i ⎥⎦ donnée est évaluée en définitive par la valeur du facteur d’atténua-
tion vis-à-vis d’un faisceau non collimaté :

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 12 – Composition chimique de deux bétons et détermination des coefficients massiques


et linéiques d’atténuation pour des photons de 1 MeV

Béton standard Béton d’hématite 1


m/r des éléments
Élément 2
[cm /g] m/r partiel m/r partiel
Fraction massique f i 2 Fraction massique f i 2
[cm /g] [cm /g]
-1 --3 -4 -3 -4
H 1,263 x 10 7,015 x 10 8,860 x 10 4,296 x 10 5,425 x 10
-2
C 6,361 x 10 4,520 x 10-2 2,875 x 10-3 2,893 x 10-4 1,840 x 10-5

O 6,372 x 10-2 5,085 x 10-1 3,240 x 10-2 3,282 x 10-1 2,091 x 10–2

Na 6,100 x 10–2 3,843 x 10–4 2,344 x 10–5 8,879 x 10–5 5,416 x 10–6

Mg 6,296 x 10–2 1,979 x 10–3 1,246 x 10–4 4,382 x 10–4 2,759 x 10–5

Al 6,146 x 10–2 3,632 x 10–3 2,233 x 10–4 1,217 x 10–3 7,480 x 10–5

Si 6,361 x 10–2 2,068 x 10–1 1,315 x 10–2 9,107 x 10–3 5,793 x 10–4

P 6,182 x 10–2 2,083 x 10–4 1,287 x 10–5

S 6,376 x 10–2 1,391 x 10–3 8,868 x 10–5 7,755 x 10–4 4,944 x 10–5

K 6,216 x 10–2 8,787 x 10–4 5,462 x 10–5 1,703 x 10–4 1,059 x 10–5
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Ca 6,388 x 10–2 2,165 x 10–1 1,383 x 10–2 16 16


–2 –4 –6 –5
Ti 5,891 x 10 1,553 x 10 9,146 x 10 3,587 x 10 2,113 x 10–6

Cr 5,930 x 10–2 6,839 x 10–6 4,055 x 10–7 4,094 x 10–6 2,428 x 10–7

Mn 5,852 x 10–2 1,925 x 10–4 1,127 x 10–5 4,634 x 10–6 2,712 x 10–7

Fe 5,995 x 10–2 7,188 x 10–3 4,309 x 10–4 6,142 x 10–1 3,682 x 10–2

Sf i 1 1

m/r 6,412 x 10–2 6,167 x 10–2

r [g/cm3] 2,381 4,044

m [cm ] –1
1,527 x 10–1 2,494 x 10–1

φ barytine ne peuvent en revanche leur être comparés car leur numéro


= B ( μx ) exp ( − μx ) atomique équivalent est significativement plus élevé, indépendam-
φ0 ment de la masse volumique (Zéq ª 27). Dans un autre ordre d’idée,
il convient de rappeler que le béton de colémanite, exclusivement
L’évolution de φ / φ0 en fonction de l’épaisseur et pour différentes neutrophage, ne présente aucun intérêt pour la protection gamma.
énergies est présentée aux figures 8 et 9, respectivement pour le
béton standard et le béton d’hématite 1. L’échelle d’atténuation tra- 5.1.1.4 Facteur d’accumulation d’absorption d’énergie
ditionnellement retenue (huit ordres de grandeur) couvre la majo- Ils concernent le dépôt d’énergie au sein du matériau lui-même
rité des problèmes de radioprotection gamma. L’hypothèse d’un et peuvent être utilisés, par exemple, pour calculer l’échauffement
débit de dose maximal de 104 Gy/h devant être ramené au niveau dans l’épaisseur des protections irradiées (cf. § 5.2.3).
de 0,1 mGy/h après atténuation (valeur usuelle en zone jaune) en
Si l’on définit respectivement les débits de dose induits par le
donne par exemple la justification. Comme on peut le constater,
flux direct et par le flux total à la profondeur x de l’écran par :
une épaisseur de béton standard d’au moins 150 cm est requise
pour réduire d’un facteur 108 l’intensité d’une irradiation gamma
⎛μ ⎞
produite par des photons de 1 MeV. En comparaison, une épaisseur D0′ ( x , E0 ) = φ0 exp ( − μx ) E0 ⎜ en ⎟ (E0 )
de béton à l’hématite de 92 cm est nécessaire pour obtenir le ⎝ ρ ⎠ écran
même effet. La réduction d’épaisseur associée à l’emploi du béton
lourd est donc voisine de 39 %, ce qui n’est pas négligeable. et
À masse volumique égale, les bétons de radioprotection à base de x


⎛μ ⎞
magnétite ou d’ilménite présentent des propriétés d’atténuation très D ′ (x , E0 ) = φ ( x , E ) E ⎜ en ⎟ (E ) dE
proches de celles du béton d’hématite en raison d’un numéro ato- 0 ⎝ ρ ⎠ écran
mique équivalent assez voisin (Zéq ª 18). Les bétons à base de

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Tableau 13 – Propriétés d’atténuation gamma du béton standard (r = 2 381 kg/m3)


Coefficient B(mx) : facteur d’accumulation de débit de dose (exposure Buildup)
Coefficient
Énergie E d’atténuation mas-
d’atténuation linéique m
[MeV] sique m/r
[cm-1] mx = 1 mx = 2 mx = 5 mx = 10 mx = 20 mx = 30 mx = 40
[cm2/g]

0,02 15,35 6,447 1,048 1,068 1,107 1,135 1,174 1,194 1,204

0,05 1,313 0,5516 1,632 2,013 2,748 3,636 4,958 5,997 6,742

0,1 0,4560 0,1915 2,620 4,188 9,392 20,29 50,33 89,95 136,8

0,2 0,3024 0,1270 2,657 4,824 14,55 43,89 169,9 415,0 813,8

0,5 0,2076 0,0872 2,247 3,965 11,82 34,99 124,5 276,5 494,2

1 0,1512 0,0635 1,968 3,214 8,216 20,34 55,99 103,5 160,5

2 0,1065 0,0447 1,770 2,647 5,662 11,68 26,08 42,58 60,38

5 0,0706 0,0297 1,530 2,030 3,560 6,295 12,23 18,58 26,26

10 0,0587 0,0246 1,350 1,638 2,510 4,136 7,843 12,09 17,00

15 0,0561 0,0236 1,260 1,450 2,068 3,256 6,234 9,949 14,69


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Tableau 14 – Propriétés d’atténuation gamma du béton d’hématite (r = 4 044 kg/m3)


Coefficient B(mx) : facteur d’accumulation de débit de dose (exposure Buildup)
Coefficient
Énergie E d’atténuation mas-
d’atténuation linéique m
[MeV] sique m/r
[cm-1] mx = 1 mx = 2 mx = 5 mx = 10 mx = 20 mx = 30 mx = 40
[cm2/g]

0,02 86,81 21,47 1,014 1,014 1,029 1,033 1,043 1,043 1,053

0,05 6,459 1,597 1,155 1,215 1,318 1,421 1,539 1,612 1,653

0,1 1,265 0,3128 1,550 1,884 2,646 3,621 5,084 6,253 7,142

0,2 0,5499 0,1360 2,001 2,941 6,049 12,29 27,84 46,57 67,59

0,5 0,3380 0,0836 2,046 3,284 8,413 21,81 66,50 133,9 224,6

1 0,2438 0,0603 1,876 2,923 7,028 16,72 44,25 80,37 123,5

2 0,1734 0,0429 1,723 2,524 5,315 11,01 24,94 41,29 59,45

5 0,1250 0,0309 1,514 1,987 3,539 6,649 14,48 23,98 35,04

10 0,1158 0,0286 1,334 1,599 2,504 4,562 11,06 21,42 36,95

15 0,1179 0,0292 1,244 1,419 2,044 3,646 10,13 24,45 53,70

le facteur d’accumulation d’absorption d’énergie (energy deposi- Le terme D′(x, E0) ne peut être calculé qu’au moyen d’un code de
tion buildup) est alors égal à [B 3 075] : type « Monte-Carlo ».
Pour une énergie donnée, Ba(mx) présente une évolution similaire
D ′ (x , E0 )
Ba ( μx , E0 ) = à celle de B(mx), mais avec des valeurs légèrement plus élevées, et
D0′ ( x , E0 ) peut être mis sous la forme :

Ba ( μx ) = 1 + a μx + b ( μx ) + c ( μx ) + …
2 3
avec φ0 flux incident normal à l’écran (en cm-2.s-1),
E0 énergie du rayonnement incident (en MeV), 5.1.2 Atténuation des neutrons
E énergie des rayonnements diffusés et induits Par rapport aux photons, les neutrons présentent des inter-
(en MeV). actions éminemment variables avec la matière, selon leur énergie

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1 000 1 000

5
5
2 0,5 MeV
100

5 2

2 100

Facteur d’accumulation B
10
1 MeV
μ [cm–1]

5
5
2
1 2 MeV
Hématite 2
5
10
2 Standard 5 MeV
0,1
5
5

2
2
0,01
0,01 2 5 0,1 2 5 1 2 5 10 1
Énergie des photons [MeV] 0 50 100 150 200 250
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Épaisseur x [cm]

Figure 5 – Évolution comparée du coefficient d’atténuation linéique


du béton standard et du béton à l’hématite 1 Figure 6 – Facteur d’accumulation de débit de dose dans le béton
standard pour une source ponctuelle isotrope

Tableau 15 – Coefficients massiques d’absorption


d’énergie pour le béton standard, le béton d’hématite 1
1 000
et deux milieux de référence dosimétrique

Énergie ⎛ μen ⎞ ⎛ μen ⎞ ⎛ μen ⎞ ⎛ μen ⎞ 5 0,5 MeV


photons ⎜⎝ ρ ⎟⎠ ⎜⎝ ρ ⎟⎠ ⎜⎝ ρ ⎟⎠ ⎜⎝ ρ ⎟⎠
bs bh eau air
[MeV]
[cm2/g] [cm2/g)] [cm2/g] [cm2/g]
2
1 -1 1 MeV
0,02 4,012 1,464 x 10 5,503 x 10 5,389 x 10-1 100
Facteur d’accumulation B

0,05 2,576 x 10-1 1,056 4,223 x 10-2 4,098 x 10-2


5 2 MeV
0,1 4,806 x 10-2 1,466 x 10-1 2,546 x 10-2 2,325 x 10-2

0,2 2,968 x 10-2 4,050 x 10-2 2,967 x 10-2 2,672 x 10-2 2


5 MeV

0,5 3,001 x 10-2 2,950 x 10-2 3,299 x 10-2 2,966 x 10-2 10

1 2,805 x 10-2 2,688 x 10-2 3,103 x 10-2 2,789 x 10-2


5
2 2,364 x 10-2 2,267 x 10-2 2,608 x 10-2 2,345 x 10-2
2
5 1,846 x 10-2 1,914 x 10-2 1,915 x 10-2 1,740 x 10-2
1
10 1,663 x 10-2 1,895 x 10-2 1,566 x 10-2 1,450 x 10-2
0 50 100 150 200 250
-2 -2 -2 -2 Épaisseur x [cm]
15 1,624 x 10 1,937 x 10 1,441 x 10 1,353 x 10

indice bs : béton standard


Figure 7 – Facteur d’accumulation de débit de dose dans le béton
indice bh : béton hématite lourd à l’hématite 1 pour une source ponctuelle isotrope

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et la nature du milieu de propagation. En particulier pour l’absorp-


tion, l’existence de singularités (résonances) dans les sections effi-
1
caces ou le fait que ces dernières ne suivent pas systématiquement
une loi en 1/ E limitent l’utilisation de sections efficaces macro-
scopiques d’absorption pouvant être moyennées selon l’énergie
10–1
du rayonnement ou la composition du béton. Pour les neutrons
rapides, on observe globalement une atténuation exponentielle
mais la dégradation du flux en énergie rend tout aussi difficile l’uti-
10–2 lisation de coefficients analogues à ceux caractérisant le transport
Facteur d’atténuation B exp (–µx)

des photons. Dans ces conditions, l’efficacité de différents bétons


vis-à-vis de l’atténuation des neutrons ne peut être évaluée que
10–3 sur la base de paramètres spécifiques à ces particules, respective-
ment dans le domaine thermique ou rapide. Pour une source de
neutrons polycinétiques, seul un calcul complet à l’aide de codes
10–4 Monte-Carlo (Tripoli-4 [6] ou MCNP [17]) ou déterministes (ORNL
10 DOORS-3.2a [18]) peut donner une représentation réaliste de leur
M
eV propagation. À titre d’exemple, le calcul des flux correspondant à
–5
10 différentes catégories de neutrons dans un béton standard de
puits de cuve (REP « 3-loop » Westinghouse 900 MW au plan
5
médian) permet de constater des variations entre deux et trois
M
eV

10–6 ordres de grandeur pour une épaisseur métrique avec un effet


« build-up » pour les neutrons lents dans les dix premiers centimè-
2M
1M

tres [19] (figure 10).


0,5
0,2 M

eV
eV

10–7
MeV
eV

5.1.2.1 Section efficace macroscopique d’absorption

10–8 Elle concerne typiquement les neutrons thermiques et intervient


0 50 100 150 200 250
simultanément sur leur propagation et l’émission de rayonnements
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de capture (gamma surtout). À l’énergie E = 0,0253 eV, très en deçà


Épaisseur [cm] du domaine des résonances, la section efficace macroscopique Sa
(en cm-1) du béton peut être calculée à partir des sections efficaces
microscopiques s ai des éléments constitutifs, disponibles dans les
Figure 8 – Facteurs d’atténuation du béton standard en fonction tables ENDF diffusées par l’Agence internationale de l’énergie ato-
de l’épaisseur
mique (IAEA) :
⎡ ᏺ⎤
Σa = ρbéton ∑ ⎢fi σai ⎥
1 i ⎢
⎣ A i ⎥

avec ᏺ = 6,0221367 × 1023 nombre d’Avogadro,


10–1 Ai masse atomique de l’élément i.

10–2
1011
Facteur d’atténuation B exp (–µx)

10–3
1010 Total neutrons
Flux neutronique [n/cm2s]

10–4
109
Lents
10–5
8
E < 0,41 MeV
10

10–6

107
0,2 MeV

0,5 M

10

–7
1 Me

10 Rapides E > 1 MeV


2M

5M

M
eV
eV

eV
eV
V

6
10
10–8
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
0 50 100 150 200 250
Épaisseur de béton [cm]
Épaisseur [cm]

Figure 10 – Flux neutroniques dans l’épaisseur du béton de puits


Figure 9 – Facteurs d’atténuation du béton lourd à l’hématite 1 en de cuve d’un REP 900 MW pour différents domaines d’énergie
fonction de l’épaisseur (d’après [19])

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Pour le béton standard, le calcul de Sa est détaillé au tableau 16, rapide quitte son groupe d’énergie initial ou sa direction de propa-
les valeurs caractérisant les autres bétons étant indiquées au gation initiale suite à un choc élastique sur l’hydrogène, un choc
tableau 17. inélastique sur un noyau lourd ou une absorption. Assimilé à un
coefficient linéaire d’absorption (au sens large), SR trouve surtout
5.1.2.2 Coefficient de diffusion et longueur de diffusion un intérêt pratique dans l’évaluation sommaire de l’atténuation de
différents bétons. Par analogie au coefficient d’atténuation m, SR est
L’atténuation des neutrons thermiques est décrite par la théorie
calculé à partir des coefficients massiques SR /r des différents élé-
de la diffusion. Dans ce cadre, le coefficient d’atténuation du béton
ments constitutifs du béton, excepté l’hydrogène pour lequel SR
est l’inverse de la longueur de diffusion L (en cm), celle-ci étant
(en cm-1) est remplacé par St (section efficace totale) :
définie par :
D ⎛ ⎛Σ ⎞
L= ⎡ ⎛ Σ ⎞ ⎤⎞
Σa ΣR = ρbéton ⎜ fH ⎜ t ⎟ + ∑ ⎢fi ⎜ R ⎟ ⎥⎟
⎝ ⎝ ρ ⎠ H ⎣ ⎝ ρ ⎠ i ⎥⎦⎠
i ⎢
avec D coefficient de diffusion du béton (cm), calculé d’après sa
composition isotopique (code de calcul APOLLO).
En toute rigueur, les sections efficaces dépendent de l’énergie, en
Les valeurs de D et L-1 pour différents bétons sont indiquées au particulier celle de l’hydrogène décrite à 2 % près entre 1,5 et
tableau 17. 20 MeV par la relation empirique (en cm-2/g) suivante [B 3 010] :

5.1.2.3 Section efficace macroscopique de déplacement ⎛ Σt ⎞ 6,555


Cette section efficace SR (effective neutron-removal cross-sec- ⎜⎝ ρ ⎟⎠ (E ) = E + 1,66
tion) traduit la probabilité par centimètre parcouru qu’un neutron H

Tableau 16 – Détermination des sections efficaces macroscopiques d’absorption (neutrons


thermiques) et de déplacement (neutrons de 9 MeV) du béton standard (r = 2,381 g/cm3)
Sa /r élément Sa /r partiel SR /r élément S R /r partiel
Élément Fraction massique f i
[cm2/g] [cm2/g] [cm2/g] [cm2/g]
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H 7,015 x 10-3 1,9836 1,392 x 10-2 0,6149 4,314 x 10-3

B 4,256 x 102 0,0575


-2 -3 -5
C 4,520 x 10 1,685 x 10 7,614 x 10 0,0502 2,269 x 10-3

O 5,085 x 10-1 1,054 x 10-4 5,360 x 10-5 0,0405 2,060 x 10-2

Na 3,843 x 10-4 1,383 x 10-1 5,316 x 10-5 0,0322 1,238 x 10-5

Mg 1,979 x 10-3 1,561 x 10-2 3,089 x 10-5 0,0307 6,075 x 10-5

Al 3,632 x 10-3 4,753 x 10-2 1,727 x 10-4 0,0293 1,064 x 10-4

Si 2,068 x 10-1 3,681 x 10-2 7,611 x 10-3 0,0281 5,811 x 10-3

P 2,083 x 10-4 3,830 x 10-2 7,977 x 10-6 0,0271 5,644 x 10-6

S 1,391 x 10-3 9,954 x 10-2 1,384 x 10-4 0,0261 3,630 x 10-5

K 8,787 x 10-4 3,320 x 10-1 2,918 x 10-4 0,0237 2,083 x 10-5

Ca 2,165 x 10-1 6,499 x 10-2 1,407 x 10-2 0,0230 4,978 x 10-3

Ti 1,553 x 10-4 7,688 x 10-1 1,194 x 10-4 0,0218 3,385 x 10-6

Cr 6,839 x 10-6 3,532 x 10-1 2,416 x 10-6 0,0208 1,422 x 10-7

Mn 1,925 x 10-4 1,4579 2,807 x 10-4 0,0203 3,908 x 10-6

Fe 7,188 x 10-3 2,761 x 10-1 1,984 x 10-3 0,0198 1,423 x 10-4

Sf i 1

Sa /r ou SR /r 3,881 x 10-2 3,836 x 10-2

Sa ou SR
9,239 x 10-2 9,133 x 10-2
[cm-1]

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Par commodité, SR est souvent calculé pour une énergie de 9 MeV, Sur la base des caractéristiques précédentes, le tableau 17 per-
la valeur de SR évoluant assez peu pour un béton donné entre 2 et met de comparer différents bétons quant à leur efficacité vis-à-vis
12 MeV. À cette énergie, SR est approximativement égale à 2/3 de la des neutrons thermiques ou rapides considérés isolément. En
section efficace totale du béton. Le tableau 16 présente le détail du matière de protection, cette comparaison n’est pas très réaliste car
calcul de SR pour le béton standard d’après les données de [20]. elle ne tient pas compte des photons gamma de capture, la dose
Pour les bétons ordinaires de teneurs en eau voisines, le coefficient due à ces derniers pouvant être jusqu’à 104 fois supérieure à celle
massique SR /r varie assez peu. Pour les bétons ordinaires de com- des neutrons incidents d’énergie E ≤ 1 MeV (le phénomène s’inten-
position quelconque, le coefficient linéaire SR dépend en revanche sifie avec l’épaisseur). La comparaison illustrée par les figures 11
de la masse volumique et de la teneur en eau ; une relation issue et 12 repose en revanche sur la réponse globale n + g, calculée en
de données expérimentales [21] en donne une estimation à 10 % termes d’équivalent de dose relatif pour deux configurations
près, à condition de respecter une fraction massique d’eau
représentatives :
feau > 0,02 (SR en cm-1) :
– spectre de fission (neutrons lents à rapides) ;
ΣR = 0,0383 + 0,0159 ρbéton + 0,18 feau
– spectre de fusion D + T (neutrons rapides ª 14 MeV).

Tableau 17 – Composition élémentaire (fractions massiques) et caractéristiques neutroniques


de différents bétons

Mortier de Béton de riblon à la


Élément Béton standard Béton de serpentine Béton de limonite
colémanite colémanite

H 7,015 x 10-3 2,084 x 10-2 3,246 x 10-2 1,609 x 10-2 5,049 x 10-3

B 8,798 x 10-2 9,965 x 10-3

C 4,520 x 10-2 3,946 x 10-3 2,050 x 10-4 1,436 x 10-3


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O 5,085 x 10-1 5,132 x 10-1 6,072 x 10-1 4,283 x 10-1 9,825 x 10-2

Na 3,843 x 10-4 1,188 x 10-4 1,549 x 10-4 1,351 x 10-4 5,457 x 10-5

Mg 1,979 x 10-3 1,683 x 10-1 6,660 x 10-3 2,252 x 10-3 9,320 x 10-4

Al 3,632 x 10-3 3,563 x 10-2 4,486 x 10-2 3,598 x 10-2 1,523 x 10-2

Si 2,068 x 10-1 1,350 x 10-1 1,564 x 10-2 7,065 x 10-2 2,805 x 10-3

P 2,083 x 10-4 7,082 x 10-4 1,822 x 10-4 1,839 x 10-3 6,421 x 10-5

S 1,391 x 10-3 1,282 x 10-4 5,602 x 10-4 1,028 x 10-3 1,034 x 10-4

K 8,787 x 10-4 2,553 x 10-3 2,599 x 10-4 4,440 x 10-4 9,160 x 10-5

Ca 2,165 x 10-1 4,367 x 10-2 1,711 x 10-1 4,765 x 10-2 3,291 x 10-2

Ti 1,553 x 10-4 2,591 x 10-3 3,078 x 10-3 8,185 x 10-5 1,085 x 10-3

Cr 6,839 x 10-6 6,337 x 10-4 1,428 x 10-4 5,033 x 10-5

Mn 1,925 x 10-4 5,898 x 10-4 7,275 x 10-5 1,471 x 10-3 2,564 x 10-5

Fe 7,188 x 10-3 7,606 x 10-2 2,566 x 10-2 3,939 x 10-1 8,320 x 10-1

Neutrons thermiques (0,0253 eV)

Sa [cm-1] 9,239 x 10-2 1,907 x 10-1 70,56 4,521 x 10-1 24,04

D [cm] 0,782 0,386 0,037 0,360 0,103

L-1 [cm-1] 3,436 x 10-1 7,032 x 10-1 43,77 1,121 15,28

Neutrons rapides (9 MeV)

SR [(cm-1] 9,133 x 10-2 1,125 x 10-1 1,059 x 10-1 1,181 x 10-1 1,369 x 10-1

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les calculs effectués avec le code MCNP v. 4B [18] considèrent


1 un écran de béton semi-infini avec une source n ponctuelle iso-
trope et un point dose situés au contact du matériau. Le facteur
d’atténuation est défini par :
10–1 Hn + H γ
T =
Hn0
–2
10
avec Hn0 équivalent de dose neutron sans écran (en Sv),
Hn équivalent de dose neutron derrière écran (en
Sv),
Facteur d’atténuation T

10–3 Bé
to Hg équivalent de dose gamma derrière écran (en
n
sta Sv).
Bé nd
10–4 to ar
Bé n d
de Les équivalents de dose ambiants sont estimés sous 10 mm de
to lim
n
de on tissus, conformément à la CIPR 74 [22].

se ite
Le spectre de fission retenu est celui du 244Cm, radioélément
t on

10–5 rp
en
tin contribuant majoritairement à l’équivalent de dose neutrons dans
de

e
un combustible mixte UO2 - PuO2 (MOX) irradié puis refroidi plus
rib


lo

–6 de trois ans. La répartition en énergie est décrite avec une précision


to

10
ns

suffisante jusqu’à 18 MeV par la formule de Cranberg :


de
+c

co
olé

2 A3 / 2
( )

10–7 ϕ (E ) = exp ( − AE ) sh BE ⎡⎣ ∑ ϕ (E ) = 1⎤⎦


m
ma

B
an

πB exp
nit

ite

4A
e

10–8 244
avec A = 1,10375 et B = 3,848 pour Cm.
0 25 50 75 100 125 150
Le spectre de fusion D + T utilisé, gaussien et centré sur
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Épaisseur de protection [cm]


14,1 MeV, est disponible dans la bibliothèque du code MCNP.
Vis-à-vis des neutrons de fission, le niveau de protection n, g pro-
Figure 11 – Facteurs d’atténuation en termes d’équivalent de dose curé par les bétons est nettement corrélé à l’action spécifique des
n + g de différents bétons en fonction de l’épaisseur (spectre de
ingrédients, avec par ordre croissant d’efficacité (et de coût) :
fission 244Cm)
– limonite ou serpentine : apport de H (modération n) ;
– colémanite : apport de H et B (absorption nthermique) ;
– riblons + colémanite : apport de H, B et Fe (atténuation g).
1
Dans cette configuration, il convient de souligner qu’un béton à
l’hématite serait à peine plus performant qu’un béton standard, ce
10–1 dernier requérant environ une épaisseur double de celle du béton
Bé de riblons boré. À l’exception du mortier de colémanite, le change-
to ment de pente observé pour les différents bétons correspond glo-
n
–2
de balement aux domaines successifs de capture neutronique et
10 rib
lo d’atténuation du rayonnement g induit.
ns Bé
to Vis-à-vis des neutrons rapides de fusion, la réponse des bétons
+ ns
co tan
Facteur d’atténuation T

10 –3 lé Bé
da
est beaucoup moins différenciée (le rapport d’épaisseurs entre
m to rd
an n béton standard et béton de riblons boré n’est plus que de 1,6).
de
ite se Les compositions intermédiaires peuvent même présenter des
rp comportements assez proches (limonite et colémanite) ce qui sou-
en
10–4 tin ligne l’intérêt potentiel de divers bétons combinant le fer et le
e
bore (hématite + carbure de bore par exemple). Si le béton de
riblons boré demeure de fait le matériau le plus performant,
10–5 l’obtention d’une protection comparable à celle prévue pour un
Béton de colémanite spectre de fission nécessite cependant une augmentation d’épais-
Béton de limonite seur d’environ 70 %. Dans ce cas, l’optimisation consistant à
10–6 découpler les fonctions de ralentissement, de capture puis d’atté-
nuation gamma au sein d’une succession de bétons spécifiques
est une solution à envisager.
10–7

5.2 Propriétés thermomécaniques


10–8
0 25 50 75 100 125
5.2.1 Résistance mécanique, élasticité
150
Épaisseur de protection [cm] 5.2.1.1 Résistance en compression
Les résistances spécifiées pour les voiles de protection d’épais-
Figure 12 – Facteurs d’atténuation en termes d’équivalent de dose seur métrique sont généralement assez faibles. Ainsi, les calculs
n + g de différents bétons en fonction de l’épaisseur (spectre de mécaniques sont classiquement exécutés sur la base d’un B25, le
fusion D + T) béton réellement mis en place étant un B35. Cependant, du fait de

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

l’emploi de superplastifiants réducteurs d’eau, ces qualités ordinai- – l varie sensiblement avec le degré de saturation en eau du
res peuvent se trouver facilement dépassées puisque l’on peut béton, autrement dit avec l’état de référence de ce dernier (âge et
obtenir des bétons de radioprotection de haute performance mode de conservation).
(BHP) dont la résistance en compression est supérieure à 60 MPa
à 28 jours. Même si cette caractéristique n’est pas nécessairement Si l’on considère le béton comme une suspension solide dans
recherchée, il est frappant de constater que certains granulats spé- l’eau, on constate que l et la variabilité de l augmentent avec la
ciaux contribuent aussi à l’atteindre. L’acier, l’hématite, le corindon, concentration et le nombre des constituants solides :
matériaux de grande dureté, peuvent transformer ainsi un béton – eau seule l = 0,6 W.m-1.K-1 (25  C) ;
ordinaire en BHP. Des températures de service jusqu’au voisinage – pâte de ciment saturée l = 1,1 à 1,6 W.m-1.K-1 ;
de 100  C peuvent par ailleurs contribuer à augmenter la résistance – béton ordinaire l = 1,4 à 3,6 W.m-1.K-1.
initiale, le gain dû à l’activation des réactions d’hydratation étant
supérieur à la perte due au séchage. Au-delà de 150  C, une dimi- Pour le béton ordinaire, nécessairement non saturé au sein d’un
nution est le plus souvent constatée avec une amplitude très écran de protection, l demeure assez faible ce qui constitue un
variable selon le type de granulat et le confinement du béton. inconvénient vis-à-vis d’une irradiation intense avec l’apparition
La résistance en traction est beaucoup plus sensible aux effets de de gradients thermiques et de fissurations. À l’état sec (après
la température et de l’irradiation car elle intègre complètement la chauffage à 150  C par exemple), l peut même être inférieur à
qualité de la liaison granulat-matrice cimentaire. 1 W.m-1.K-1.
L’augmentation la plus significative de la conductivité thermique
5.2.1.2 Élasticité du béton est obtenue par l’emploi de granulats fortement conduc-
teurs (acier, corindon, hématite) au sein de squelettes granulaires
Pour un béton sollicité à moins de 60 % de sa résistance, les
les plus compacts possibles. De ce point de vue, le calcul de lbéton
déformations instantanées sont réversibles. Ce comportement élas-
peut être approché à l’aide du modèle trisphère, à l’instar du
tique est une caractéristique intrinsèque du matériau, très impor-
module d’élasticité. On montre alors que la conductivité d’un
tante pour le comportement des structures.
béton spécial peut difficilement excéder 15 W.m-1.K-1.
Le module d’élasticité du béton peut être calculé selon le modèle
trisphère [12], connaissant les modules de la pâte de ciment Ep et 5.2.2.2 Capacité thermique massique
du granulat Eg :
Dans les conditions standard (25  C, 101 325 Pa), la valeur de ce
⎛ Eg2 − E p2 ⎞ paramètre (en J.kg-1.K-1) est calculable à partir des capacités des
Ebéton = E p ⎜ 1 + 2g ⎟
( ) ( )
oxydes simples constitutifs du béton (H2O, CaO, SiO2, Fe2O3, etc.) :
⎜⎝ g * − g Eg2 + 2 (2 − g *) EgE p + g * + g E p2 ⎟⎠
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C p = Σfi C pi
avec g* concentration granulaire virtuelle maximale,
g
concentration réelle du granulat, avec f i fraction massique du constituant i de capacité Cpi.
0,22
⎛d ⎞
g * = 1 − 0,39 ⎜ ⎟ pour les granulats roulés, Exemple
⎝D⎠
0,19 On peut retenir les valeurs suivantes pour trois compositions
⎛ ⎞
d
g * = 1 − 0,45 ⎜ ⎟ pour les granulats concassés. issues des tableaux 10 et 11 :
⎝D⎠ – béton standard Cp = 975 J.kg-1.K-1 ;
À un âge donné, la pâte de ciment présente pour sa part un – béton de colémanite Cp = 880 J.kg-1.K-1 ;
module d’élasticité et une résistance en compression directement – béton d’hématite 1 Cp = 794 J.kg-1.K-1.
proportionnels [12] : KRcj
E pj = k p 2,4 La présence de métal (granulat, armature), contribue à diminuer
⎛ ρc e ⎞ ces valeurs tandis que la teneur en eau tend à les augmenter très
⎜⎝ 1 + 10 c ⎟⎠ significativement, conséquence de la forte capacité thermique mas-
3
sique de H2O (4 184 J.kg-1.K-1). Lorsque la température augmente,
avec kp = 220 et K = 8 constantes expérimentales, l’évolution de la capacité thermique massique du béton est essen-
Rcj résistance normalisée du ciment à l’échéance j tiellement gouvernée par l’eau. Cp croı̂t d’abord avec le développe-
(NF EN 196-1). ment de la phase vapeur (facteur 2 à 3 au voisinage de 90  C), puis
diminue lorsque l’eau a été éliminée par séchage.
Cette relation conduit à calculer pour la matrice du béton standard,
ou celle très voisine du béton d’hématite 1, un module de 14,1 GPa à 5.2.2.3 Coefficient de dilatation thermique
28 jours. L’application du modèle trisphère permet de juger de Souvent négligé pour des conditions de service à température
l’influence considérable du module du granulat et de la compacité ambiante, ce paramètre devient d’autant plus prépondérant que le
sur le module du béton, résultat retrouvé expérimentalement. béton subit un échauffement DT important, en particulier au-delà de
la température de 150  C.
5.2.2 Conductivité thermique, capacité thermique Il existe une très forte corrélation entre le coefficient de dilatation
massique, dilatation thermique thermique du granulat et celui du béton (a suit la loi des mélan-
ges). On peut donc considérer que les granulats présentant les
5.2.2.1 Conductivité thermique coefficients a les plus élevés conduisent aux bétons les plus expan-
Ce paramètre (l) permet de décrire le transfert de chaleur dans le sifs, ce qui est susceptible d’entraı̂ner la ruine des matériaux sous
matériau en régime stationnaire, ou bien en régime transitoire par certaines conditions.
le biais de la diffusivité thermique l/rCp. Pour un composite tel que
le béton, la conductivité thermique est une propriété parmi les plus Exemple
délicates à déterminer expérimentalement ou par calcul, d’où une Pour des bétons barytés, après un traitement de 6 mois à 250  C,
forte disparité des données disponibles. Trois raisons en sont le granulat et sa matrice sont complètement fracturés [3].
l’origine :
– l ne suit pas la loi des mélanges ; D’une façon générale, les bétons comportant des granulats de
– l’évolution de l n’est pas linéaire avec la température (en parti- coefficients inférieurs à celui de la pâte de ciment (a ª 10-5.K-1)
culier pour l’eau qui présente un maximum à 130  C) ; maintiennent un niveau de résistance mécanique satisfaisant

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

jusqu’à 250  C (hématite, corindon, magnétite, calcaire pur). En Ba(mx) facteur d’accumulation d’absorption d’énergie,
revanche, les granulats siliceux et la colémanite doivent être évités Ei énergie des photons i (en MeV),
en raison de leur dilatation supérieure à celle de la pâte.
C = 1,60218 x 10-13 J/MeV.
Pour les bétons à base Portland, 150  C constitue un seuil ther- La relation est voisine pour les neutrons [13] (H(x) en W/cm3) :
mique à partir duquel la matrice de ciment se rétracte tandis que
les granulats poursuivent leur expansion. Ces variations volumi-
ques contraires sont heureusement partiellement compensées par
(
H ( x ) = C ∑ EB Σt (Ei ) φ x i E j )
i
le fluage de la matrice lors de la montée en température. Par
contre, au refroidissement, le retrait des granulats n’est plus avec EB ª 8 MeV énergie de liaison libérée par capture,
accompagné par la matrice et il y a une désolidarisation à l’inter- St(Ei) section efficace macroscopique de capture
face d’autant plus prononcée que agranulat est élevé. pour l’énergie Ei (en cm-1).

5.2.3 Distribution de température En régime stationnaire, la distribution de température dans un


dans les protections écran plan de protection, exposé à un faisceau parallèle (non colli-
maté) et normalement incident de photons y d’énergie E peut être
Dans plusieurs configurations (réacteur, entreposage à sec de estimée à partir de l’équation :
combustibles irradiés ou de déchets radioactifs de type C), les
structures en béton reçoivent de la chaleur par convection et rayon- d2T
nement thermique. Il convient d’y ajouter la chaleur résultant de λ = − C E μen φ0 Ba ( μx ) exp ( − μx )
dx 2
l’absorption des radiations nucléaires (photons g et neutrons), phé-
nomène fortement dépendant de la profondeur x puisque l’essen- avec l conductivité thermique du béton (en W.cm-1.K-1).
tiel de la dose est déposé dans les premières dizaines de centimè-
tres. Dans ce processus, l’accumulation de dose dans le béton a Lorsque l’épaisseur h de béton est suffisamment grande devant
une part d’autant moins négligeable que ce dernier présente un le libre parcours moyen 1/m, la résolution de l’équation précédente
faible coefficient d’atténuation (figure 13). fournit la solution approchée (souvent décrite sans buildup, c’est-à-
dire sans le terme Ba [15] [23]) :
La quantité de chaleur générée in situ par le rayonnement
gamma (en W/cm3) est donnée par : x C E μen φ0 ⎡⎛ x ⎞ ⎤
T ( X ) ≈ T1 + (T2 − T1) + ⎢⎜⎝ 1 − h ⎟⎠ f (0) − exp ( − μx )f ( x )⎥
h λμ2 ⎣ ⎦
H ( x ) = C ∑ Ei μen (Ei ) φ0 (Ei ) Ba ( μx ) exp ⎡⎣ − μ (Ei ) x ⎤⎦
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où T1 et T2 sont respectivement les températures (en  C) imposées


i

en peaux interne et externe de la protection et où :


avec men(Ei) et m(Ei) coefficients d’absorption d’énergie et d’atténua-
tion pour l’énergie Ei (cm-1), n ⎡
n d n −1 Ba ( μx ) ⎤
f ( x ) = ∑ ⎢ n −1 ⎥
φ0 (Ei ) flux de photons incidents d’énergie Ei, sans 1 ⎣μ dx n −1 ⎦
atténuation (cm-2.s-1),
La figure 14 montre que la contribution du rayonnement g à
0,5
l’élévation de température est d’autant plus importante que l’épais-
seur de l’écran est forte et que la conductivité thermique du béton
est faible. Dans le cas d’un béton conducteur avec hématite, on
0,45 peut considérer que le gradient thermique résultant est quasi
linéaire.
Béton standard
0,4 5.2.4 Contraintes d’origine thermique
Les écarts de températures au sein des structures en béton non
0,35 armées sont à l’origine de contraintes mécaniques très importan-
tes. Compte tenu de la distribution des températures dans l’épais-
Débit de dose [Gy/s]

0,3 seur de protection, une contrainte totale (en MPa) peut être calcu-
lée [23] sur la base d’un gradient thermique linéaire auquel se
superpose la contribution de l’irradiation :
0,25
αEc ⎡T1 − T2 ⎛ h ⎞ CE μen φ0 ⎤
σ (x ) = ⎢
1− ν ⎣ h ⎝
⎜ x − ⎟⎠ −
2 λμ2
(A + Bx − exp (− μx )f (x ))⎥
0,2 ⎦

avec
0,15
4 6 6 12
A= g (0) − 2 2 h (0) ; B = − g (0) + 2 3 h (0)
μh μ h μh2 μ h
0,1
et
0,05 n ⎡
n (n + 1) d n −1 Ba ( μx ) ⎤
g (x ) = ∑ ⎢ n −1 ⎥
Béton d’hématite
1 ⎣ 2!μ dx n −1 ⎦
0 n ⎡
n (n + 1) (n + 2) d n −1 Ba ( μx ) ⎤
0 10 20 30 40 50 h (x ) = ∑ ⎢ ⎥
Profondeur de béton [cm] 1 ⎣ 3! μn −1 dx n −1 ⎦

Figure 13 – Débit de dose dans le béton en fonction de la profondeur où a coefficient de dilatation thermique linéique
-
pour un débit de dose extérieur (dans l’air) de 10 1 Gy/s (flux parallèle (en K-1),
de photons g de 1 MeV, normalement incidents) Ec module d’élasticité statique (en MPa),

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10
60
55 Béton standard
8
50
Température [ºC]

45 Traction

40 6
35
30 4
25

Contrainte [MPa]
20
2
0 25 50 75 100 125 150
Épaisseur de protection [cm] Béton standard
0

60
55 Béton d’hématite –2
50
Température [ºC]

45 –4
40 Compression
35
–6
30 Béton d’hématite
25
–8
20
0 25 50 75 100 125 150 0 25 50 75 100 125 150
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Épaisseur de protection [cm] Profondeur de béton [cm]

Figure 15 – Distribution des contraintes dans un écran en béton


Figure 14 – Profils de température obtenus en régime stationnaire standard et un écran en béton d’hématite de 150 cm d’épaisseur
dans des protections en béton standard et béton d’hématite de soumis à un flux parallèle de 2,24 x 1010 g /cm2 (E = 1 MeV) avec
différentes épaisseurs sous un flux parallèle normalement incident Tinterne = 45  C et Texterne = 20  C
de 2,24 x 1010 g /cm2 (E = 1 MeV) avec Tinterne = 45  C et Texterne = 20  C

n coefficient de Poisson, À retenir


h épaisseur de la protection en béton (en cm). – Les coefficients d’atténuation théoriques pour les photons
ou les neutrons sont calculables à partir de la composition élé-
L’identification de A et B est obtenue en considérant que lorsque mentaire des matériaux.
T1 = T2 : – Dans tous les cas, l’agrément d’un matériau de radiopro-
tection ou de criticité nécessite une détermination expérimen-
– la contrainte s(x) est de la même forme que T(x) ;
tale des coefficients d’atténuation réels.
– la pièce de béton est isolée ⎛ ∫ σ ( x ) dx = 0⎞ ;
h – Pour les neutrons à large spectre d’énergie, la complémen-
⎝ 0 ⎠ tarité du fer et du bore permet d’atteindre une protection effi-
cace.
– la somme des moments est nulle ⎛ ∫ x σ ( x ) dx = 0⎞ .
h
⎝ 0 ⎠

Dans cette approche purement thermoélastique, la sollicitation


mécanique apparaı̂t d’autant plus forte que le module d’élasticité 6. Phénomènes induits
et le coefficient de dilatation thermique du béton sont élevés, indé-
pendamment du pouvoir d’atténuation et de la conductivité ther- par l’irradiation
mique. L’influence de ces quatre propriétés sur le niveau de
contrainte peut être illustrée en comparant le béton standard et le et la température
béton d’hématite 1 dans une configuration identique. Au sein d’un
voile de 150 cm d’épaisseur soumis à un flux parallèle de photons
de 1 MeV (j 0 = 2,24 x 1010 g.cm-2.s-1 générant un débit de dose
dans l’air de 0,1 Gy/s), la distribution des contraintes apparaı̂t ainsi 6.1 Activation du béton
très différente compte tenu des températures de 45 et 20  C respec-
tivement imposées en peaux interne et externe (figure 15). Le L’irradiation du béton par des neutrons produit des rayonnements
béton standard subit des contraintes de traction sur ses deux gamma secondaires du fait de réactions nucléaires sur les atomes
faces tandis que le béton d’hématite n’est en traction que sur le constitutifs. L’émission de photons g peut intervenir en concomi-
côté externe (mais plus fortement du fait de son module élastique tance avec l’absorption des neutrons (capture radiative « n, g »), ou
élevé). En situation réelle, le niveau de traction en peau externe bien en différé, par désactivation des nouveaux noyaux formés si ces
serait en fait voisin pour les deux bétons, l’atténuation procurée derniers sont instables. Selon la nature des noyaux, les décroissan-
par le second nécessitant une épaisseur plus faible. Dans tous les ces radioactives présentent des périodes courtes (s, min, h), pouvant
cas, l’apparition de fissures, normalement attendues, exige la pré- gêner l’exploitation, ou longues ( ≥ mois) conduisant à interdire
sence d’armatures de façon à en limiter l’ouverture. l’accès des installations à long terme.

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Dans le cas des réacteurs électrogènes à fission, l’essentiel du Dans le cas des accélérateurs, ce sont les granulats spéciaux eux-
rayonnement gamma ambiant provient de la capture des neutrons mêmes qui s’activent, en particulier les riblons d’acier (59Co) et la
dans les voiles de béton et autres éléments de structure. Les princi- barytine (132Ba).
paux isotopes susceptibles de s’activer sont rappelés au tableau 18. Afin de minimiser l’activation dans le béton et ses conséquences
À court terme (< 24 h), la contribution à la dose induite est essentiel- radiologiques, trois types de mesures sont en général mises en
lement due à 27Al et 48Ca. En revanche, les impuretés associées au œuvre :
ferraillage ou aux granulats ferrifères sont responsables de l’irradia-
tion résiduelle à long terme : 59Co (surtout), 58Fe, 58Ni et 50Cr. – spécification des matériaux : teneur en cobalt inférieure à
600 p.p.m. ;
Présents en trace dans la plupart des bétons, les deux isotopes – absence d’armature à moins de 20 cm de la peau exposée du
naturels de l’europium induisent de même une activité résiduelle béton (sous réserve d’un chargement mécanique sans composante
de l’ordre de 1 Bq/g dans les dix premiers centimètres de protec- de traction) ;
tion dont il convient de tenir compte lors du démantèlement. – introduction d’éléments neutrophages (bore, terres rares) dont
Dans le cas d’une machine de fusion D + T, des neutrons de l’effet de capture des neutrons thermiques surpasse celui des
14,1 MeV sont émis et l’activation s’avère jusqu’à quatre fois plus impuretés.
efficace par rapport à celle des neutrons de fission (2 MeV en
moyenne). La réaction « n, p » sur 16O (réaction à seuil de 11 MeV)
induit par ailleurs une dose importante (mais à très court terme) du 6.2 Radiolyse du béton
fait de l’abondance de cet isotope et de la grande dureté des pho-
tons g émis. Au sein du liquide poral résiduel, l’eau du béton subit le phéno-
mène de radiolyse, conséquence physico-chimique des ionisations
et excitations électroniques sur la molécule H2O sous irradiation
Tableau 18 – Principaux isotopes du béton concernés gamma ou neutronique. Facilement décelable par l’apparition
d’hydrogène moléculaire, la décomposition de l’eau constitue pour-
par l’activation neutronique (neutrons thermiques tant une forme minoritaire de la dégradation de l’énergie rayonnée,
2 200 m/s) la plus grande partie de cette dernière étant transformée sous
forme de chaleur.
Proportion En raison du risque « hydrogène » (atteinte de propriétés explo-
Section
Réaction Période Énergies isotopique sives au-delà de 4 %, en volume, de H2 dans l’air), la radiolyse pose
efficace g [MeV]
d’activation fils père plus un problème de sûreté vis-à-vis des installations qu’un réel
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[barn]
[%] problème de durabilité pour le béton de radioprotection. La poro-
sité connectée et partiellement saturée du matériau laisse effective-
1
H (n, g) 2H 0,3326 stable 2,2 99,985 ment la possibilité au gaz de radiolyse de s’échapper, une partie de
H2 étant recombinée in situ. Au sein de locaux confinés, il convient
16
O (n, p) 116N 0,00028 7,13 s 6,14 ; 7,11 99,762 donc d’estimer correctement les quantités de H2 produites afin de
prévoir une ventilation ou une extraction suffisantes. Cette estima-
23
Na (n, g) 24
Na 0,53 14,960 h 1,37 ; 2,75 100 tion passe par une simulation complète de la radiolyse et du trans-
port gazeux qui lui est couplé au sein du matériau et nécessite une
26
Mg (n, g) 27
Mg 0,0382 9,462 min 0,84 ; 1,01 11,01 connaissance détaillée des débits de dose par type de rayonnement
et des caractéristiques du réseau poreux (volume poreux, taux de
27
Al (n, g) 28
Al 0,231 2,244 min 1,78 100 saturation liquide, coefficient de diffusion gazeuse, perméabilité).
La base du calcul de radiolyse repose sur la notion de rendement
30
Si (n, g) 31
Si 0,107 2,62 h 1,26 3,10 primaire, nombre de moles formées par unité d’énergie absorbée
dans l’eau pour toutes les espèces primaires issues de la décompo-
41
K (n, g) 42
K 1,46 12,359 h 1,52 6,7302 sition de l’eau au terme de 10-6 s. À titre indicatif, des valeurs de
rendements primaires « gamma » et « neutron rapide » sont don-
48
Ca (n, g) 49
Ca 1,09 8,72 min 3,08 0,187 nées à 25  C dans le tableau 19. Ces valeurs sont susceptibles de
varier avec la température, le pH et le transfert d’énergie linéique
50
Cr (n, g) 51
Cr 15,9 27,703 j 0,32 4,345 (TEL) du rayonnement [24]. Elles montrent que l’irradiation neutro-
nique, non seulement, favorise la production de H2, mais diminue
55
Mn (n, g) 56
Mn 13,3 2,5785 h 0,85 ; 1,81 100 aussi celle du radical oxydant OH• responsable de sa destruction.
Il est important de noter que quelle que soit la nature du rayonne-
54 54 ment, les valeurs de rendements primaires relatifs à la décomposi-
Fe (n, p) Mn 2,56 312,2 j 0,83 5,8
tion de l’eau doivent vérifier la relation fondamentale :
58
Fe (n, g) 59
Fe 1,28 44,51 j 1,10 ; 1,29 0,28 3 GHO2 + 2 GH2O2 + GOH = 2 GH2 + Ge− + GH = G−H2O
aq
59
Co (n, g ) 60
Co 37,18 5,271 a 1,33 ; 1,17 100
Pour un béton dont la fraction massique en eau libre résiduelle est
58
Ni (n, p) 58
Co 4,6 70,78 j 0,81 68,077 f eau, avec une masse volumique rbéton, un taux maximal de produc-
tion de H2 (en mol.s-1.m-3) peut être estimé :
133
Cs (n, g) 134
Cs 29,0 2,066 a 0,60 ; 0,80 100
Q (H2 ) = G (H2 )Deau
′ feau ρbéton
132
Ba (n, g ) 133
Ba 6,5 10,5 a 0,36 ; 0,30 0,101
Avec un béton de ciment Portland comportant une masse d’eau de
151
Eu (n, g) 152
Eu 9 283 13,53 a 1,41 ; 1,11 47,81 gâchage et une masse de ciment au mètre cube respectivement
égales à Me et Mc, la quantité d’eau libre (en kg/m3) généralement
153
Eu (n, g) 154
Eu 323 8,59 a 1,27 ; 1,00 52,19 retenue est la suivante :

feau ρbéton = Me − 0,225 Mc


en gras : activation principalement due aux granulats spéciaux

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Tableau 19 – Rendements primaires (10-8 mole/J) utilisés pour simuler la radiolyse de l’eau porale

Rayonnement H2 e− aq H• H 2O H3O+ OH• H2O2 HO2•

n 7,977 10,225 5,159 - 51,8 10,225 11,873 9,262 3,108

g 4,362 28,542 5,698 - 100,04 28,542 30,220 6,371 0

Prenant pour exemple un rayonnement gamma monoénergé-


tique, Deau′ est le débit de dose moyen délivré à l’eau du béton
(en Gy/s) compte tenu de l’atténuation sur une épaisseur x et du 2,00

Résistance relative en compression (f cirr/f cref)


débit de dose D0′ air mesuré dans l’air à la surface de la protection.
Il est égal à : 1,75

1,50
⎛ μen ⎞
⎜⎝ ρ ⎟⎠ x


1,25
eau 1
′ = D0′ air
Deau Ba ( μx ) exp ( − μx ) dx
⎛ μen ⎞ x 0 1,00
⎜⎝ ρ ⎟⎠
air
0,75
avec (men/r)eau, (men/r)air coefficients massiques d’absorption d’énergie, res-
pectivement dans l’eau et l’air (en cm2/g), 0,50

Ba(mx) facteur d’accumulation d’absorption d’énergie 0,25


dans le béton,
0,00
m coefficient d’atténuation linéique du béton (en
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cm-1). 1018 1018 1020


Fluence neutronique [n/cm2]
Avec un rayonnement gamma d’énergie E = 1 MeV générant un
débit de dose dans l’air de 0,1 Gy/s, la production totale de H2 par Figure 16 – Résistance relative en compression de différents bétons
un voile de béton standard de 150 cm d’épaisseur est estimée à en fonction de la fluence neutronique (d’après [19])
3 x 10-8 mol.s-1.m-3. À supposer que le dégazage s’effectue sans
résistance au transport gazeux et par une seule face, la production L’apparition de ce composé instable est toutefois peu probable
journalière est de l’ordre de 87 mL/m2. Ce taux enveloppe est en au sein d’un béton dont la température de service se situe au-des-
réalité très surestimé car il néglige l’importante fraction de H2 sus de 50  C.
recombiné par la radiolyse avant expulsion du béton. Il demeure
suffisamment limité pour ne pas induire de désordre dans la
matrice cimentaire (mise en pression du réseau poreux par exem- 6.3 Transformations minéralogiques
ple), mais souligne la nécessité de ventiler.
6.3.1 Transformations liées à l’irradiation
L’origine de la recombinaison de H2 in situ est due à l’existence
d’une chaı̂ne réactionnelle mettant en jeu les principaux radicaux La compilation des effets d’irradiation sur les propriétés des
produits par la radiolyse en milieu basique (pH ≥ 13) [32] : bétons met en évidence une diminution des performances mécani-
ques (résistances en compression et en traction, élasticité) au-delà
d’une fluence de 2 x 1019 n/cm2 pour les neutrons rapides [19]
Oi + H2 → OH− + Hi k1 = 1,3.108 dm3 .mol−1.s−1 (cste cinétique à 25 °C). (figure 16) et 108 Gy pour les photons gamma [28]. En deçà de ces
OH− + Hi → eaq k 2 = 2,4.107 dm3 .mol−1.s−1. valeurs correspondant à une exploitation sur plusieurs décennies,
les bétons présentent dans l’ensemble une bonne tenue aux rayon-
eaq + HO2 − → Oi + OH− + H2O k 3 = 3,5.109 dm3 .mol−1.s−1. nements. La diminution des performances peut s’interpréter
comme résultant du franchissement d’un seuil de percolation phy-
Certains solutés présents dans la solution porale sont suscepti- sique lorsque la concentration des défauts accumulés devient
bles de perturber le fonctionnement de cette chaı̂ne avec des effets importante. Il s’agit toutefois d’une tendance, la composition des
divers, en particulier sous irradiation gamma (produisant le plus de matériaux et leurs conditions d’exploitation étant très variées.
radicaux). Ainsi la présence de superplastifiant, surtout à base aro- Sauf exception, il n’y a pas d’évolution minéralogique due à
matique (naphtalène sulfonate) diminue sensiblement la produc- l’irradiation seule dans les bétons constitués de ciments Portland
tion de H2. D’autres solutés, d’origine minérale, la favorisent ou alumineux. Les nombreuses études menées dans la perspective
comme O2, Fe3+ [25]. Dans le cas de l’utilisation de ciments com- d’augmenter la durée de vie des centrales nucléaires de 40 à 60 ans
portant du laitier (CEM III surtout), l’ion sulfhydrile (SH-) libéré en (France), voire à 80 ans (États-Unis), montrent que le vieillissement
solution confère un caractère très réducteur conduisant à moyen sous irradiation est plutôt associé au gonflement progressif plus ou
terme à une régulation efficace de la production de H2 [26]. moins prononcé de certains granulats [29].
La coexistence de portlandite et de peroxyde radiolytique
(HO2− )
au sein de la solution porale peut donner lieu, selon les 6.3.1.1 Matrice cimentaire
conditions, à la précipitation hétérogène de peroxyde de calcium Dans le cas particulier des liants riches en laitier (type CEM III/C)
octahydrate très peu soluble à température ambiante [27] : et en présence d’air, les produits oxygénés de la radiolyse contri-
buent à oxyder le sulfure et les polysulfures du laitier Sn2− en sul-
Ca (OH)2 + H2O2 + 6 H2O → CaO2 .8 H2O fate, ce qui peut entraı̂ner la formation d’ettringite secondaire gon-
flante. Observée consécutivement à l’irradiation g intense

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

(8,7 x 107 Gy à raison de 2,78 Gy/s) d’une pâte composée de 75 % La portlandite est le second hydrate principal des pâtes de
de laitier et 25 % de clinker (e/c = 0,36), cette évolution minéralo- ciment Portland. Elle ne présente pas de modification significative
gique est la seule identifiée [30]. Il convient de souligner que, du sous irradiation, la croissance de peroxyde radiolytique résultant
fait du débit de dose très élevé, une augmentation notable de tem- d’un effet chimique indirect et non systématique.
pérature est associée à ce phénomène (T = 50  C).
6.3.1.2 Granulats
Les liants de type CEM III sont en conséquence à éviter pour Les granulats siliceux irradiés par des neutrons rapides sont
les bétons de radioprotection sous flux élevés. affectés par un gonflement progressif. Pour le quartz et tous les
granulats qui en contiennent (quartzite, granite, etc.), on constate
que les fluences nécessaires pour obtenir un gonflement significatif
Le silicate de calcium hydraté (C-S-H) est le principal hydrate des sont les mêmes que celles provoquant l’endommagement des
pâtes de ciment Portland. Il ne subit pas d’évolution chimique sous bétons (1019 à 1020 n/cm2). L’augmentation importante de volume
irradiation [31], en particulier le rapport Ca/Si reste inchangé, mais (au maximum DV/V = 17 %) est directement liée à l’amorphisation
semble affecté par une nouvelle répartition de sa porosité, cons- du réseau cristallin [33]. Les roches et minéraux silicatés (par exem-
tante au demeurant. Cette réorganisation évoque d’autant plus ple la serpentine [34]) ont un comportement généralement analo-
une variété de fluage que l’hydrate incriminé est quasi amorphe, gue [35], l’amplitude du phénomène dépendant du degré
donc enclin à ce comportement. L’évolution de la distribution des d’accommodation autorisé par la structure cristalline de départ.
tailles de pores au sein d’une pâte de ciment Portland sous irradia- Concernant les roches carbonatées, seconde source de granulats
tion gamma (figure 17) semble associée à ce phénomène. Les pour les bétons ordinaires, les calcaires (très majoritaires) et dolo-
conséquences macroscopiques paraissent cependant limitées car mies se caractérisent par des édifices cristallins où la liaison cation-
d’amplitude très inférieure à celle des autres types de fluage, en CO3 est de nature ionique, contrairement aux granulats siliceux où
particulier celui lié au départ de l’eau (cf. § 6.4.3). La relative plasti- la liaison Si-O est de nature covalente. Il en résulte une nette diffé-
cité du C-S-H cimentaire lorsqu’il reçoit de l’énergie permet rence de comportement sous irradiation, avec relaxation et répara-
d’absorber une partie des contraintes transmises par les granulats tion conduisant à une absence de gonflement significatif [36]
dont le comportement sous rayonnement est spécifique. même jusqu’à 1020 n/cm2 (E < 0,1 MeV).
L’expansion volumique induite par l’irradiation (RIVE : Radiation
Induced Volumetric Expansion) est déterminée expérimentalement
16 pour de nombreux minéraux [37] et apparaı̂t comme une donnée
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essentielle dans les modèles d’endommagement sous irradiation


14 neutronique. Pour le quartz, comme pour bon nombre de miné-
Volume Hg injecté [mm3/g]

Non irradié Irradié raux, elle peut être décrite par une fonction empirique, d’allure
12 sigmoı̈de :
10 ⎛ ⎛ ⎛ ⎞ ⎞⎞
d

ε ( Φ ) = εmax
* ⎜ 1 − exp ⎜ − ⎜ Φ ⎟ ⎟ ⎟
8 ⎜ ⎜ ⎝ Φ1/ 2 (T ) ⎠ ⎟ ⎟
⎝ ⎝ ⎠⎠
6
avec εmax
* expansion volumique maximale (%),
4
Φ et Φ1/ 2 (T ) fluence des neutrons rapides nominale et fluence
2 correspondant à la moitié de l’expansion maxi-
male observée à la température T,
0
1000 100 10 1 0,1 0,01 0,001 d exposant compris entre 2 et 5.
Diamètre de pore [μm]
Pour les matériaux de type carbonate, la forme sigmoı̈de n’est
pas observée et est remplacée par une fonction à seuil et plateau
Figure 17 – Répartition des tailles de pores (porosimétrie au mercure) (figure 18). Dans le cas d’une exposition simultanée gamma-neu-
dans une pâte de ciment Portland de rapport massique eau/ciment tron, l’effet de la composante gamma demeure négligeable sur le
0,4 avant et après irradiation gamma pour une dose intégrée de 1,2 MGy critère de la RIVE. Des modifications sont toutefois possibles au-
(d’après [32]) delà de 109 Gy [28] dans le cas d’une irradiation gamma seule.

ε*max ε*max
RIVE

RIVE

Fluence Fluence

Figure 18 – Deux modèles empiriques de RIVE pour le quartz (à gauche) et la calcite (à droite) (d’après [37])

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

Tableau 20 – Seuils physico-chimiques affectant Tableau 21 – Recommandations générales relatives


la matrice des bétons en fonction de la température aux conditions de service des bétons

Température Seuil physico-chimique 4 x 1010 MeV.cm-2.s-1


Flux énergétique maximal
(soit 6,4 mW.cm-2)
Ciment Portland
Taux maximal d’échauffement
1 mW.cm-3
0 à 105  C Départ de l’eau libre interne

Déshydratation des hydrates de DT maximal lié à l’échauffement


105 à 600  C 6 C
type C-S-H interne

400 à 600  C Déshydratation de Ca(OH)2 Gradient de température maximal 1  C.cm-1

Ciment alumineux

6.4 Séchage, retrait, fluage
0 à 105 C Départ de l’eau libre

275  C Déshydratation de Al2(OH)6 6.4.1 Séchage


L’eau de la matrice cimentaire est susceptible d’être évacuée lors-
300 à 500  C Déshydratation des hydrogrenats
qu’apparaı̂t un gradient d’humidité relative (HR) avec le milieu
extérieur, indépendamment de la température. La tension de
> 500  C Apparition de liaisons céramiques
vapeur des hydrates de ciment Portland correspondant à une HR
de 75 % environ à pression et température standard, le béton
Le cas du carbure de bore (B4C) est particulier. L’amorphisation sèche d’autant plus rapidement que HR est inférieure à cette valeur.
n’est pas observée mais la capture neutronique s’accompagnant Au-delà, la porosité capillaire du matériau absorbe de l’eau, jusqu’à
de la création d’un noyau d’hélium, voire deux pour les neutrons saturation si HR ≥ 100 % [39].
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rapides, il existe un gonflement par formation de bulles lenticulai- Étant gouvernée par la diffusion de la vapeur d’eau dans la poro-
res d’hélium avec microfracturation [38]. L’accumulation de gaz est sité, la cinétique de séchage augmente avec la température T et le
linéaire avec la dose et conduit à un endommagement progressif et
rapport e/c du béton ; elle suit globalement une loi du type [12] :
significatif pour des fluences de l’ordre de 1019 n/cm2 avec des neu-
trons thermiques et bien au-delà avec des neutrons rapides.
t − ts
H2O = H2O∞
6.3.2 Transformations liées à la température ah02 + t − t s
Les effets de la température l’emportent largement sur ceux de
l’irradiation et c’est au niveau de la pâte, élément faible du béton, avec H2O• quantité d’eau maximale évacuée à terme,
que se situent les principaux dommages à court terme. Le couple h0 épaisseur moyenne du voile de béton,
pâte cimentaire-granulat peut aussi être impliqué dans le cas de
propriétés divergentes avec la température (coefficients de dilata- a coefficient dépendant du béton (e/c) et de T,
tion thermique). On considère en général que les bétons ordinaires
supportent, en condition de service, des températures allant jus- t et ts âge total du béton et âge en début de séchage.
qu’à 90  C s’ils sont bien protégés (confinement hydrique et calori-
fugeage). Au-delà, le comportement devient complexe et difficile à Cette relation rend compte du fait que la fraction d’eau éliminée
prévoir en raison de nombreux couplages matériau-structure. à une échéance donnée est d’autant plus importante que le séchage
débute au jeune âge et que l’épaisseur du béton est faible.
Différents seuils physico-chimiques peuvent être franchis selon la
température atteinte (tableau 20) et le confinement du béton. Généralement utilisés en forte épaisseur, les bétons de radiopro-
Il convient de souligner que, après chauffage accidentel au-delà tection mettent théoriquement un temps très long pour sécher. Ils
de 400  C, le refroidissement d’un béton à base « Portland » en pré- connaissent cependant deux conditions de service fréquentes et
sence de vapeur d’eau peut s’accompagner d’une destruction de la aggravantes : la chaleur et la ventilation (puits de cuve de réacteur,
matrice par croissance, très expansive, de Ca(OH)2. chaı̂ne blindée, casemate d’entreposage). En zone nucléaire,
l’extraction de l’air effectuée pour maintenir les locaux en dépres-
Macroscopiquement, l’action combinée de l’irradiation et de la sion contribue ainsi à faire sécher le béton assez rapidement, mais
température aboutit toujours à une perte de ductilité du béton a superficiellement, en l’absence de revêtement étanche (peau métal-
minima. Afin de prévenir toute évolution plus conséquente, les
lique, peinture époxy).
recommandations générales figurant dans [3] devraient être prises
en compte dès l’étape de conception des ouvrages en béton Des conséquences majeures sont associées au départ de l’eau :
(tableau 21). – le retrait de dessiccation et le fluage de dessiccation, phénomè-
Sauf cas particulier (ciment et granulats spécialement étudiés), nes à l’origine de fissurations et de déformations différées ;
on retiendra par ailleurs des températures de service maximales – la diminution de la teneur en hydrogène, affectant d’autant plus
de l’ordre de : sévèrement l’atténuation des neutrons que les bétons sont dépour-
 90  C (protection neutron) ; vus de bore et pauvres en eau de constitution (l’impact sur l’atté-
 150  C (protection gamma). nuation gamma est par contre assez faible).

Pour la plupart des bétons, les cyclages thermiques constituent Pour les conditions de service les plus sévères, les bétons de
enfin un facteur d’endommagement très important. Ils doivent radioprotection à base de ciment d’aluminates de calcium, pré-
être limités à la fois en nombre et en amplitude, voire même évités chauffés, apportent vis-à-vis de ces problèmes les meilleures
(béton de serpentine). garanties de stabilité.

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BÉTONS DE RADIOPROTECTION ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

6.4.2 Retrait de dessiccation – d’empêcher le séchage du béton au moyen de revêtements


agréés sous rayonnement ;
Les retraits thermiques et endogènes, respectivement associés – de promouvoir l’utilisation de bétons de ciment d’aluminates
au refroidissement après prise et au degré d’hydratation (contrac- de calcium, peu sujets au séchage et aux déformations différées
tion Le Châtelier), ne sont pas abordés ici. On en trouvera une après préchauffage.
description dans [C 2 235]. Ces phénomènes ne sont pas à négliger
pour autant avec des voiles de béton de forte épaisseur, car la fis-
suration induite au jeune âge peut s’y avérer problématique. Il 6.5 Corrosion des armatures
convient de rappeler sur ce point que les reprises de bétonnage
doivent être absolument évitées, étant à l’origine de fissures traver- Une accélération de la corrosion des aciers au carbone (de type
santes verticales. généralisée) se produit sous irradiation gamma lorsque le débit de
Le retrait de dessiccation (ou hydraulique) suit pour sa part une dose est supérieur à 10 Gy/h en solution neutre, eau de mer
loi cinétique analogue à celle du séchage auquel il est générique- (milieux non passivants), eau granitique (pH 9,4) [41]. Dans le
ment lié [12] : béton, la corrosion sous irradiation n’a été mise en évidence qu’en
présence d’additifs spécifiques de la mise en œuvre (CaCl2) ou de la
capture neutronique (CdSO4) introduits à hauteur de 2 % du dosage
t − ts
r = r∞ en ciment [3].
0,035 h02 + t − t s
Bien qu’aucun signe macroscopique de corrosion liée à l’irradia-
tion n’ait été relevé dans les bétons armés de différentes installa-
avec r• retrait maximal observé à terme. tions nucléaires, plusieurs mécanismes potentiels sont pourtant
À l’aide de cette relation établie pour un béton ordinaire, où t est envisageables, en y associant le rôle essentiel de l’élévation de
exprimé en jours et h en millimètres, on constate qu’il existe un température et du pH (> 13) :
effet d’échelle important pour les voiles de béton de forte épais- – attaque par les produits oxydants de la radiolyse (radicaux
seur. Ainsi au bout de 100 ans, un voile de 1,50 m séchant par ses OHi et Oi− ) ;
deux faces présente un retrait dont l’amplitude n’est que de 56 % – atteinte du domaine de corrosion basique du fer par diminution
du retrait final. du potentiel de l’acier sous irradiation (production d’ions

Le retrait n’étant pas uniforme au sein du béton, il apparaı̂t rapi- FeII (OH)3 ) ;
dement un gradient de contraintes tel que le cœur du voile se – effet direct du rayonnement sur la couche passive d’oxyde
trouve en compression tandis que les peaux interne et externe (création de défauts et fragilisation) ;
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sont en traction. Ces dernières présentent donc normalement une – effet de pile par existence de gradients de débit de dose et de
fissuration superficielle à partir de déformations relatives de température au sein des voiles de béton (figure 13).
-6
l’ordre de 150 x 10 (0,15 mm/m). Dans ce dernier cas, spécifique aux voiles de béton de forte
La proportionnalité entre perte de masse et retrait n’est pas la épaisseur, on suppose que la composition du liquide interstitiel
même lorsqu’il reste de l’eau dans les capillaires et lorsque ces der- (électrolyte) est modifiée par l’irradiation et la température. Sa
niers sont vides (l’eau des hydrates commence alors à être sollici- variation avec la profondeur induit une corrosion galvanique si le
tée). De ce fait, les prévisions à long terme doivent s’appuyer sur réseau d’armature (électrode) est intégralement liaisonné.
de nouveaux paramètres rendant compte d’une cinétique plus lente. L’absence de revêtement constituerait alors un facteur aggravant,
le séchage favorisant la modification de l’électrolyte et d’une façon
6.4.3 Fluage de dessiccation générale l’accès de l’oxygène.
Une cinétique lente, la capacité de la pâte de ciment à absorber
Le fluage traduit l’aptitude du béton à se déformer de façon irré-
une partie du gonflement et le fait que les aciers ne soient pas
versible sous contrainte et associe deux composantes : le fluage
directement observables pourraient expliquer la non-détection du
propre et le fluage de dessiccation [40]. Trois configurations per-
phénomène pendant plusieurs décennies. Pour autant, ce point
mettent de mieux comprendre le lien entre l’existence du fluage et
doit être examiné attentivement dans la mesure où la durabilité
l’humidité interne du béton :
des ouvrages à long terme dépend étroitement du comportement
– un béton préséché ne flue pas ; des armatures (voir à ce sujet [COR 407]).
– un béton isolé (confinement hydrique) a son fluage propre ;
En ce qui concerne la corrosion classique (séquence « séchage –
– un béton en cours de séchage présente un fluage très supérieur
carbonatation – abaissement du pH – dépassivation »), le lecteur se
au précédent (fluage propre + fluage de dessiccation).
reportera à l’ouvrage de synthèse [42].
Un parallèle existe donc entre retrait endogène et fluage propre,
d’une part, et retrait de dessiccation et fluage de dessiccation,
d’autre part. Plus précisément, le fluage de dessiccation représente 6.6 Prévision de l’endommagement
un surplus de déformation équivalent au retrait de dessiccation. Le des bétons
fait que la fissuration de peau n’apparaisse plus dans une pièce de
béton comprimée en cours de séchage vient conforter cette Le comportement macroscopique des bétons soumis à une irra-
hypothèse. diation mixte de longue durée est très complexe car il implique des
processus multi-échelles et multiphasiques. Les modèles existants
Dans la mesure où les chargements mécanique et thermique s’appuient sur une description classique de type thermo-hydro-
favorisent les deux types de fluage, tant en intensité qu’en ciné- mécanique en intégrant les phénoménologies propres à l’irradia-
tique de développement, les bétons de radioprotection peuvent tion : gradients de dose et de température, fluage spécifique, gon-
apparaı̂tre plutôt pénalisés puisque : flement des granulats et modification couplée des paramètres
– les masses mises en jeu sont très importantes ; d’élasticité et de conductivité thermique. La difficulté est d’autant
– la densité élevée des bétons lourds concentre l’effet du poids ; plus grande que l’apparition de microfissures puis à terme de frac-
– l’élévation de température est fréquente. tures s’accompagne d’une modification des transferts hydriques à
l’origine d’un retrait de la pâte et d’un fluage supplémentaire. Les
Vis-à-vis du problème de fluage de dessiccation, il convient dès modèles nécessitent l’acquisition de très nombreuses données
la conception des ouvrages : expérimentales [43], difficiles à obtenir à partir des matériaux réels
– d’éviter les dalles en béton de grande envergure, quelle que dont l’historique est partiellement ou mal connu. Au-delà du nom-
soit la densité d’armature ; bre de données élémentaires entrant dans la description du

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BÉTONS DE RADIOPROTECTION

comportement, les techniques d’homogénéisation utilisées (essen- Clinker


tiellement de type Mori-Tanaka) et les couplages partiels (fluage- Produit de la cuisson vers 1 450  C d’un mélange de 80 % de cal-
endommagement, transport de rayonnement-transfert thermique) caire et 20 % d’argile, à la base de la composition des ciments Port-
permettent de rendre compte des tendances principales. land après broyage.
Criticité
À retenir
Condition pour laquelle le nombre de neutrons émis par fission est
– L’activation du béton concerne majoritairement les aciers égal au nombre de neutrons disparaissant par fuite ou absorption.
d’armature (60Co).
Débit de dose
– L’émission de H2 gazeux est la principale manifestation de
la radiolyse. Énergie déposée par unités de masse et de temps (J.kg-1.s-1
– L’amorphisation des granulats siliceux altère les propriétés = Gy.s-1).
mécaniques au-delà de 2 x 1019 neutrons/cm2. Débit de fluence
– Séchage, retrait et fluage sont essentiellement dus à la cha-
leur associée à l’irradiation. Nombre de particules (neutrons) traversant une unité de surface
– Selon les conditions physico-chimiques, l’irradiation peut par unité de temps [(n.m-2.s-1)].
être un facteur aggravant de la corrosion des armatures. Extrados
Face externe d’un voile de béton.
Ferraillage
7. Conclusion Réseau d’armatures en acier d’un béton armé.
Fluence
Par son caractère pluridisciplinaire (physique des rayonnements, Nombre de particules (neutrons) ayant traversé une unité de sur-
science des matériaux) et la spécificité des conditions de service, le face (n.m-2).
domaine des bétons de radioprotection apparaı̂t plus complexe à Intrados
maı̂triser que celui des bétons ordinaires pour le génie civil. Plus Face interne d’un voile de béton.
que pour tout autre matériau, l’anticipation et la réflexion en
amont constituent la clef de voûte du dimensionnement, de la Neutrophage
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mise en œuvre et de l’atteinte des performances instantanées Propriété de capture des neutrons par une substance.
(mécaniques, radioprotection) ou différées (durabilité). La diversité
des constituants et l’efficacité des adjuvants permettent de couvrir Passivation
la plupart des utilisations. Compte tenu des enjeux très importants Inhibition de la corrosion de l’acier à pH élevé (milieu
liés à la fonction des différents bétons de radioprotection, la valida- cimentaire).
tion des choix retenus auprès des autorités de sûreté requiert géné- Radiolyse
ralement l’utilisation de codes de calcul dédiés, et probablement à
l’avenir le développement de nouveaux modèles opérationnels Décomposition sous rayonnement.
combinant le transport des rayonnements et la thermohydro- Spallation
mécanique. En raison du caractère profondément composite des
matériaux, ces modèles devront s’appuyer sur l’acquisition de nou- Réaction nucléaire due à l’impact d’une particule incidente et
velles données expérimentales (propriétés des granulats et des conduisant à de nouvelles particules plus légères.
matrices cimentaires, corrosion des armatures) et sur un niveau Superplastifiant
d’intégration plus élevé des mécanismes élémentaires déjà identi- Adjuvant pour béton (polymère soluble) permettant de réduire
fiés (couplages, méthodes d’homogénéisation). l’eau de gâchage et d’augmenter la fluidité du matériau frais.

8. Glossaire Sigles

ASN Autorité de sûreté nucléaire


Activation (nucléaire)
Institut français des sciences et technologies des
Transformation d’un isotope stable en un isotope radioactif suite IFSTTAR
transports, de l’aménagement et de réseaux
à l’interaction d’un rayonnement.
Activation (chimique) IRSN Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
Attaque d’un composant siliceux peu réactif par une base forte REP Réacteur à eau pressurisée
(action des alcalins du ciment sur le laitier).
Bremsstrahlung RIVE Radiation Induced Volumetric Expansion
Rayonnement de freinage électromagnétique à large spectre
induit par la décélération de particules chargées dans la matière. RNR Réacteur à neutrons rapides

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P
O
U
Bétons de radioprotection R

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Ingénieur de recherche
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Gif-sur-Yvette, France

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2008
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Granulats pour bétons.
Méthodes d’essais des ciments – Par-
NF EN 14647 2006 Ciment d’aluminates de calcium –
Composition, spécifications et critères

L NF EN 197-1 2012
tie 1 : Détermination des résistances.
Ciment Partie 1 : Composition, spécifi- NF EN 934-2+A1 2012
de conformité.
Adjuvants pour bétons, mortier et
coulis – Partie 2 : adjuvants pour
cations et critères de conformité des
U ciments courants. béton – Définitions, exigences, confor-
mité, marquage et étiquetage.

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