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SOMMAIRE
Avant-propos......................................................................................................................... 5
Historique de ROSELT et raisons du choix de l’observatoire .......................................... 6
Cadre général d’orientation des activités sur l’observatoire: .......................................... 8
1- Objectifs ............................................................................................................................ 8
2- Orientation générale des travaux .................................................................................... 8
3
Liste des tableaux ............................................................................................................. 102
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................ 105
ANNEXE ............................................................................................................................. 107
4
AVANT-PROPOS
5
Ne font pas partie des sites protégés les superficies mises en défens occasionnellement
comme certains périmètres de pâturage mis en défens pour augmenter leur potentiel de
rendement.
La région du parc national de Bou Hedma est connue depuis la plus haute antiquité. Boudy
(1950) dans son ouvrage intitulé Economie Forestière Nord Africaine signale qu'à l'époque
romaine, tout le sud de la Régence entre Gafsa et Gabès devait être couvert d'Acacia et
présenter un aspect analogue à celui du Soudan et de certaines parties de l'Afrique australe.
Le Bled Segui et le Bled Talah étaient alors les derniers refuges des éléphants.
Péllissier, consul à Sousse, a parcouru cette région en 1853 et signalait alors qu'il y avait
encore de l'eau dans l'Oued Cherchera et la sebkha En Noual qui est à sec depuis lors. La
destruction des boisements fut amplifiée par l'armée d'occupation française. Pour sauver les
restes de la forêt Lavauden proposa, en 1936, la création d'un parc national à Bou Hedma
mais il ne fut jamais délimité et le gouvernement y installa des populations tripolitaines
fuyant l'occupation italienne.
Pour les premiers botanistes, la principale espèce de la strate arborescente qui caractérisait
la forêt du Bled Talah fut identifiée comme étant Acacia gummifera. Par la suite, les
botanistes se sont mis d'accord sur la nomenclature de l'espèce qui constitue la forêt de
Bled Talah à savoir Acacia tortilis subsp. raddiana var. raddiana (Acacia raddiana dans la
suite da texte).
Lors d’une visite faite en 1955, il ne restait que quelques gros arbres près du poste de
Cherchera. En 1957 - 58 le directeur des Forêts prenait des mesures énergétiques et mettait
700 ha en défens, délimités par des plantations d'Eucalyptus, de Prosopis et de Parkinsonia.
Puis au cours des années soixante furent entrepris des travaux de lutte contre l'érosion,
avec plantation d'Acacia élevés dans la pépinière de Bou Hedma. Les résultats furent
décevants, car la plupart des plants avaient des problèmes racinaires (Jeder et al, 2000).
Officiellement le Parc a été créé le 18 décembre 1980 par le décret n°80-1606 sur le titre
foncier 36 S2 Sfax. Il a une superficie de 16 448 ha répartis entre les gouvernorats de Sidi
Bouzid et de Gafsa. La gestion administrative du Parc est confiée, pour chaque territoire
correspondant, aux arrondissements des forêts des CRDA de Sidi Bouzid et de Gafsa sous
la tutelle de la Direction Générale des Forêts.
En 1983, la Coopération Technique Allemande, (Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit, GTZ) à travers le projet « Promotion de la protection des ressources
naturelles et de l’exploitation de la faune sauvage dans les régions arides » accompagne le
Parc jusqu’à sa configuration actuelle et la mise en application du zonage, la réalisation des
grands travaux de CES, la rénovation du Borj, la création de l’écomusée et la réintroduction
de plusieurs espèces sauvages animales.
En raison de son intérêt écologique et de la grande richesse qu’il recèle au niveau de la
diversité biologique, ce site a été proposé dès 1995 à l’OSS pour constituer un observatoire
de surveillance écologique à long terme
ROSELT est un réseau constitué d’un ensemble d’observatoires, collectant et exploitant des
données de terrain et de la télédétection en matière d’environnement et de gestion des
ressources naturelles.
La création du réseau ROSELT a été actée à Rabat en avril 1994 par les pays
africains concernés, au cours d’un atelier organisé par l’OSS, auxquels participaient
également l’UNESCO, la FAO, le CILSS, l’Allemagne, l’Italie et la France.
6
Le programme de ROSELT a été élaboré en réponse à la demande des pays de la zone de
l’OSS, dans le cadre d’une demande ascendante croisée, avec l’appui scientifique d’experts
compétents du Nord et de Sud. Ce programme ROSELT a été conçu pour apporter des
réponses concrètes à des préoccupations nationales et sous-régionales. A travers ses
produits, il vise à une meilleure connaissance des ressources naturelles disponibles, à une
amélioration de la compréhension des mécanismes de fonctionnement des écosystèmes et
agrosystèmes, à un suivi de la dynamique de la désertification (dégradation des terres et
perte des potentialités biologiques). L’objectif central est de fournir un outil d’aide aux prises
de décision afin de contribuer à asseoir, dans la zone circum-saharienne, les bases d’un
développement économique et social durable. Ces objectifs ont conditionné le choix des
observatoires et leur intégration dans le réseau.
Pour constituer le réseau, les observatoires labellisés par l’OSS ont été choisis en prenant
en compte :
- Les différentes zones bioclimatiques caractérisant les terres arides ;
- Les écosystèmes particuliers majeurs (steppes, savanes systèmes cultivés
associés…) ;
- Les divers usages des ressources naturelles dans chacune des trois sous-régions ;
- La qualité des acquis scientifique et technique.
Les pays ont proposé des territoires candidats potentiels (TCP), en fournissant les données
nécessaires et en définissant leurs priorités. Une démarche rigoureuse de labialisation a été
conduite dans un dialogue avec les pays partenaires (Réunion de Rabat, avril 1994). Elle a
abouti à la sélection d’un premier ensemble d’observatoires labialisés ROSELT par l’OSS et
répondant aux conditions préalablement définies. Actuellement, 25 observatoires et grappes
d’observatoires de base labellisés.
La sélection des observatoires pilotes de la phase de démarrage a été effectuée à partir des
critères mentionnés ci-dessus sur la base des résultats des travaux de labellisation,
d’expertises des observatoires menées en 1995, et des recommandations du " Rapport de
consultation du projet ROSELT. Douze observatoires pilotes ont été sélectionnés, parmi
lesquels trois observatoires en Tunisie : Haddej-Bou Hedma, Menzel Habib et oued
Graguer.
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Cadre général d’orientation des activités sur l’observatoire:
1- Objectifs
L’objectif général du programme est de placer les analyses de la biodiversité de
l’observatoire dans le contexte plus large du développement local durable. Cet objectif peut
être atteint, notamment par l’étude de l’évolution du milieu naturel en fonction de l’impact des
activités humaines. Les objectifs secondaires prévus par cette étude sont :
• Evaluer l’impact des actions anthropiques sur le milieu naturel de la forêt à base
d’Acacia raddiana : impact sur la diversité floristique et faunistique, sur l’utilisation des
ressources hydriques et édaphiques, etc;
• Comprendre les mécanismes de la dégradation et les processus de renouvellement
de ce peuplement naturel : niveau de résilience et vitesse de cicatrisation des systèmes de
production en relation avec celle des ressources naturelles (raréfaction ou abondance);
• Souligner les conséquences d’une utilisation anarchique ou raisonnée des
ressources naturelles de la zone par la population;
• Définir des indicateurs de dégradation du système écologique de la forêt à Acacia
raddiana;
• Mettre à la disposition des utilisateurs des informations fiables et précises sur l’état
de l’environnement naturel de cette forêt unique dans le bioclimat aride inférieur de la
Tunisie.
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CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE
DE L’OBSERVATOIRE
I- SITUATION GEOGRAPHIQUE
L’observatoire pilote de Haddej-Bou Hedma est situé dans une zone appelée Bled Talah
(zone d’Acacia raddiana) qui fait partie de la région naturelle des Basses Plaines
Méridionales, selon Le Houerou (1959). Elle appartient à la Tunisie pré saharienne.
Cette zone, située entre 34° et 34° 30’ Latitude Nord et 8° 40’ et 9° 40’ Longitude Est (Figure
1) est à cheval entre les Gouvernorats de Sidi Bouzid (Délégation de Mazzouna) et de Gafsa
(Délégation de Belkhir).
Le Bled Talah est localisé dans une vallée entre deux chaînes montagneuses au nord la
chaîne d’Orbata-Bou Hedma et au sud celle de Belkhir-Chamsi. Géomorphologiquement,
ces deux chaînes, relativement peu élevées (point culminant : 840 m ), se présentent sous la
forme de deux anticlinaux évidés dont les deux flancs sont du crétacé moyen ( marne et
calcaire ) et une vallée ( un synclinal ) dont l’âge remonte du jurassique au quaternaire.
Selon Floret & Pontanier, (1982), les caractères dominants des sols de la Tunisie centrale et
méridionale se résument à l’extension des croûtes et encroûtements quaternaires calcaires
et gypseux. Ces formations fossilisent les glacis d’érosion, permettent l’extension des sols
salins, principalement des solontchaks, et l’évolution des sédiments récents vers un sol brun
subdésertique à horizon profond de nodules calcaires ou calcaro-gypseux.
Les principales caractéristiques édaphiques de ces sols sont :
- une teneur faible en matière organique ;
- une teneur élevée en calcaire ou en gypse ;
- une texture fine à grossière.
Le processus de formation des sols et son évolution sont la conséquence de
l’interaction de plusieurs facteurs pédogéniques, à savoir le climat, la pédologie, la
géomorphologie et la végétation. Ces facteurs ont influencé les caractéristiques physiques et
chimiques des sols de la zone. Ainsi au pied des reliefs, jbels et sur les glacis, les sols sont
caillouteux et la couche arable est totalement inexistante. La vallée est constituée d’un sol
profond peu évolué de texture sableuse moyenne à grossière, pauvre en matière organique.
Le sable grossier, le gravier, les cailloux et le quartz forment les matériaux de surface. Les
principaux types de sols présents dépendent de la séquence topographique.
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Figure 1 : Situation géographique de l’observatoire de Haddej-Bou Hedma
10
colluviales pierreuses-caillouteuse. Le sol à des caractéristiques hydriques défavorables du
fait de l'écoulement des eaux et de la faible couche meuble.
Hauts glacis intermédiaires
Il s'agit de la bande supérieure des glacis formant une zone transitoire entre les montagnes
et la plaine. La pente est de 4 à10%. Le lithosol superficiel est parfois avec des pierres, des
cailloux et de bloc de pierre à la surface. La croûte calcarogypeuse est commune et la
couche meuble est à texture limoneuse. Les conditions hydriques sont favorables
uniquement dans quelques faibles dépressions et sols profonds. La régénération se limite à
des petites dépressions et éventuellement à d'anciennes terrasses. Sur ces glacis il y a
développement de la nappe alfatière et des formations d'armoise blanche.
Bas glacis intermédiaires
La bande inférieure des glacis est à pente de 2-4%. Son sol profond est souvent pierreux, sa
texture est limoneuse. Ce sol de bonne capacité de rétention d'eau présente des conditions
favorables dans les dépressions plates.
Les possibilités de régénération naturelle d'une steppe d'armoise avec strate arborescente
d’Acacia raddiana sont bonnes.
Oueds et ravins
Ils se caractérisent par des cours d'eau importants provenant de la zone montagneuse,
découpent la zone intermédiaire et apparaissent à la surface dans la zone des glacis
inférieurs ou de la plaine (cônes de déjection). L’activité érosive est différente selon la
couverture végétale du bassin versant et du lit.
Bords de la plaine
Il s'agit d'un sol alluvial lourd et profond, d'une pente de 0 à 2% qui reçoit les ruissellements
des glacis intermédiaires et parfois des ravins. La texture limono - argileuse est souvent très
compactée ce qui entraîne des mauvais drainages. Ce sont des superficies d'anciens
labours et de céréaliculture.
Les conditions sont favorables pour le développement d'une steppe d'armoise avec pieds
dispersés d’Acacia.
Plaine à limons profonds
Son sol est plat, sa pente est < à 1%, semblable à l'unité précédente, mais sans appoint
d'eau de ruissellement. Sa texture limono -argileuse est compactée et mal drainée.
Plateaux à croûte gypseuse
Il s’agit du stade final de dégradation d'une steppe à Rhanterium suaveolens entraînant la
déflation complète de la couche supérieure d'un sierozen sableux dû aux labours. Le sol est
à teneur élevée en particules fines. La texture limono-sableuse est à nodule calcaire. Une
croûte calcaro-gypseuse affleure par endroits et il y a même dépôt de sable en couche ou en
dunes mouvantes.
Plaines et sables profonds
C’est le reliquat d'une steppe à Rhanterium suaveolens, à sol sableux est profond. La
texture est moyenne à grossière. Il y a tendance à former une pellicule de battance
superficielle causant des mouvements de sables occasionnels produisant des dépôts de
sable et des micro-dépressions (micro-sebka).
11
III- LES RESSOURCES HYDRIQUES :
La Tunisie aride, également désignée par Tunisie centrale et méridionale, s’étale sur plus
des deux tiers du territoire national. Elle se caractérise par un contraste édapho-climatique,
largement nuancé par la diversité des écosystèmes observés. Il en résulte une influence
considérable au niveau de la diversité biologique.
Le climat de la Tunisie centrale et méridionale (tableau 1) et notamment celui de la dite
zone se caractérise par :
- une extrême irrégularité spatio-temporelle des précipitations ;
- des pluies peu abondantes (350 mm par an au maximum) durant la période froide ;
- un nombre restreint de jours de pluies (15 à 40 jours par an) ;
- une température moyenne annuelle élevée (18 à 21°C) avec des maxima absolus de
47 à 55°C ;
- des vents violents soufflant durant 50 à 80 jours par an et des vents secs en
provenance du Sahara (sirocco) soufflant entre 25 à 75 jours par an.
un bilan hydrique toujours déficitaire.
12
Tableau 1 : Caractéristiques climatiques des quatre stations météorologiques de la
Tunisie centrale et méridionale
Située dans l’aire iso climatique, méditerranéenne, Bled Talah appartient à l’aire d’extension
des bioclimats méditerranéens arides supérieurs à variante fraîche sur les hauteurs de la
chaîne montagneuse de Orbata- Beida- Bou Hedma et arides inférieurs à variante tempérée
à fraîche sur les glacis et dans la plaine.
La zone appartient à la région naturelle des basses plaines méridionales qui fait partie de la
Tunisie pré saharienne.
La zone de Bled Talah se caractérise par une forte amplitude thermique provocant un déficit
hydrique important et une évapotranspiration potentielle d’environ douze fois les
précipitations moyennes annuelles (Akrimi et al., 1996). Les principales caractéristiques
climatiques de cette zone durant la période 1934 - 1985 (station météorologique de Bou
Hedma) sont les suivantes:
• Pluviométrie moyenne annuelle: 150 mm,
• Température moyenne: 17.2°C,
• Moyenne des températures maximales du mois le plus chaud (M ): 38°C,
• Moyenne des températures minimales du mois le plus froid (m): 3.9°C,
• Amplitude thermique (M-m): 34.1°C
• Evapotranspiration potentielle: 2523 mm,
• Indice de continentalité: 32.4
• Quotient pluviothermique d’Emberger (Q2): 23.2
• Durée de la période sèche: 9 à 11 mois/an
Pluviométrie
Les précipitations constituent le principal apport hydrique de la région. Les données relatives
aux précipitations enregistrées à Haddej sont consignées dans les tableaux 8 à 15. D’après
la répartition saisonnière des pluies de la station de Gafsa, entre 1900 et 1962 (Tableau 2),
le printemps est la saison la plus pluvieuse, suivi de près par l’automne et l’hiver, alors que
pendant l’été on n’enregistre qu’une quantité minime ne dépassant pas les 14 mm.
13
Tableau 2 : Répartition saisonnière des pluies de la station de Gafsa 1900-1962
Saisons Automne Hiver Printemps Eté Par an
Hauteur des 49,4 43,2 50,6 13,5 156,7
pluies
Pourcentage 31, 5% 27,6% 32,3% 8,6% 100%
Source : INM, 1987
Température
Les zones arides et désertiques constituent la partie du globe où l’on enregistre les
records des mesures thermiques durant la saison de l’été. Cette forme d’énergie intervient
pratiquement, dans un grand nombre de processus physiques et biologiques de tous les
êtres vivants de l’écosystème. Août est le mois le plus chaud de l’année avec un maximum
absolu qui peut dépasser 45°c tandis que janvier est le mois le plus froid avec des
températures qui peuvent descendre au-dessous de 0°c.
Vent
Les principaux vents qui affectent la zone sont :
- Les vents froids qui soufflent, surtout en hiver, des secteurs Ouest, Nord-ouest et
Nord. Ces vents sont actifs et parfois porteurs de sable. Janvier, février, mars et avril
constituent les mois les plus ventés. En plus de leurs actions érosives, ces vents entraînent
un refroidissement brutal de l’air. Ces effets sont néfastes au printemps en particulier sur les
espèces fruitières dont les fleurs et les jeunes fruits sont très sensibles à l’action de ces
vents.
- Les vents chauds et secs, bien que relativement peu fréquents, exercent des
effets importants dans la mesure ou ils accentuent le phénomène de dessèchement.
Appelé "sirocco", ce type de vent d’été d’origine saharienne se manifeste par une chute
brutale de la tension de vapeur d’eau et par l’élévation de la température.
Toutefois la zone du Bled Talah se trouve plus ou moins protégée par l’effet de deux
chaînes montagneuses (Orbata-Bou Hedma et Chamsi Belkhir), par rapport aux régions
avoisinantes.
14
V- RESSOURCES VEGETALES SPONTANEES
La végétation naturelle de la Tunisie aride est marquée par l’exploitation à outrance qui en
est faite depuis plusieurs décennies. La mise en valeur agricole ainsi que la pratique de
l’élevage de type extensif, résultent d’un processus de sédentarisation et de croissance
démographique qui a marqué la région durant la seconde moitié du XXème siècle. Sous
cette forte pression humaine, les écosystèmes naturels ont subi de profondes
transformations au niveau floristique. La dynamique régressive des formations végétales a
favorisé l’expansion de certaines espèces au dépens d’autres (Le Floc’h et al, 1985).
La végétation spontanée du Bled Talah est actuellement dégradée. Elle est
essentiellement steppique à base de chaméphytes et de reliques dégradées de steppes
graminéennes. Des térophytes et des hémicryptophytes se développent sur les friches post-
culturales au cours des années pluvieuses. Quelques vestiges d’une formation arbustive
dégradée à base de nanophanérophytes occupent les bas fonds, les terrasses des cours
d’eau (Ziziphus lotus, Calicotome villosa, Retama raetam, Nerium oleander …), les glacis
pierreux (Acacia raddiana) et les Jebels (Rhus tripartita, Stipa tenacissema...). L’espèce
physiologiquement dominante dans la zone est Acacia raddiana.
Le Houérou (1959 et 1969), distinguait les groupements végétaux suivants dans la zone du
Bled Talah :
- Groupements de dégradation forestière de la série à Juniperus phoenicea subssp.
phoenicea ( Genévrier de Phénicie), localisés en altitude des Jebels
- Association à Hedysarum carnosum et Peganum harmala située sur les dépressions
sèches, mais inondables lors des hivers humides où de nombreux oueds déversent eaux et
alluvions. Cette association qui couvrait presque toute la vallée est actuellement anthropisée
(céréales, arboricultures, légumes).
-Variante à Artemisia campestris de l’association à Haloxylon schmitianum et
Thymelaea microphylla , cette variante est actuellement utilisée pour les cultures vivrières.
-Association à Artemisia herba-alba et Haloxylon scoparium peu représentée qui est
localisée sur les glacis calcaires.
15
CHAPITRE II : SURVEILLANCE DE L’OCCUPATION DES SOLS
I- PROBLEMATIQUE
Les études relatives au suivi des changements de l’occupation des sols en milieu aride
sont limitées par des contraintes économiques et méthodologiques. Les méthodes
classiques basées sur les couvertures photographiques aériennes et les observations des
terrains sont lentes et laborieuses, spécialement dans les zones d’accès difficile.
A partir des années trente, la Tunisie connaît une croissance très importante de sa
population. Ainsi, l’occupation des sols a subi d’importantes transformations aboutissant à
une dégradation des écosystèmes. L’observatoire Haddej-Bou Hedma constitue un exemple
représentatif de la Tunisie aride où l’équilibre naturel a été rompu suite à une forte pression
anthropique marquée par :
- La mise en culture : La sédentarisation des populations nomades et
l’intensification des systèmes de production ont contribué au développement de
l’arboriculture en jessours (petits barrages traditionnels) et de la céréaliculture sur les terres
de parcours.
- L’arrachage des espèces ligneuses : En zone rurale, le bois représente la source
principale de l’énergie consommée alors que le butane ne représente que 10% de la
consommation énergétique. Des études réalisées en Tunisie méridionale ont permis
d’estimer les besoins énergétiques individuels à 1.5 kg de bois par jour.
- Le surpâturage : La concentration du cheptel dans des espaces de plus en plus
limités et la permanence d’une charge animale excessive et incontrôlée dans des conditions
écologiques difficiles constituent une menace pour les écosystèmes steppiques.
Ainsi, observée depuis l’espace, l’occupation du sol en milieu aride à l’exception des
zones bâties et des cultures irriguées, est caractérisée par une végétation éparse formant un
couvert discontinu souvent difficile à distinguer par rapport au sol nu.
L’objectif général de la cartographie de la dynamique des paysages vise à situer et à
mesurer l'ampleur et l'intensité de l'action humaine sur le milieu écologique. En zone aride,
elle met en évidence les transformations récentes, qui sont liées à l'accroissement de la
pression démographique à travers :
* la surveillance et la caractérisation de l’occupation du sol au temps zéro puis
périodiquement ;
* l’évaluation de l’étendue des changements des unités de l’occupation des sols de
1990 à 2000, en particulier, les changements en terme de surface des différentes unités
détectables par les images satellitales ;
* la mise à la disposition des organismes de planification, un document
cartographique (cartes d’occupation du sol) pour appuyer des programmes de
développement ou de recherche ;
* le suivi à long terme de l’occupation du sol pour pouvoir dégager des indicateurs de
désertification.
16
II- MATERIEL ET METHODES
Pour extraire les informations recherchées sur les photographies aériennes et les restituer
sous forme cartographique, plusieurs traitements ont été effectués.
- Photo-interprétation ;
- Assemblage des photographies aériennes (mosaïque);
- Numérisation et géoréférencement ;
- Digitalisation (vectorisation).
Pour le géo-référencement les points d’amers sont saisis en faisant correspondre les pixels
des fichiers ‘’calques d’interprétations’’ aux pixels de la carte topographique déjà
géoréférencée. Le système de projection (Universelle Transverse Mercator : U T M) et
l’Ellipsoïde de Clarke 1880 et le datum Carthage retenus pour les cartes topographiques
sont appliqués.
2.2- Image Spot XS pour l’année 2000
L’établissement de la carte d’occupation du sol (2000) est basé sur le traitement d’un extrait
numérique de deux images Spot 3 mosaïquées et orthorectifiées et ayant les
caractéristiques suivantes (tableau 4) :
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Tableau 4 : Caractéristiques de l’imagerie satellitale utilisée
Image Extrait de deux images Spot XS
Scènes KJ 64.281 KJ 65.281
Résolution 20 m
Dates de prise de vue 16 /4/ 2000 et 11 /3/ 2000
Coordonné du coin haut gauche en UTM X : 511833.000, y : 3830208.000
Nombre de lignes 3893
Nombre de colonnes 6543
18
* Degré d’artificialisation : Le niveau d’intervention de l’homme dans l’exploitation
des divers systèmes écologiques.
19
La description de l’occupation du sol a été effectuée par des prospections de terrain.
La carte de 1990 est tirée à partir des photographies aériennes qui reflètent la réalité du
terrain au moment de prises des vues.
Le tableau 5 montre que la zone d’étude est constituée de dix types d’unités d’occupation :
* Unité de ligneux hauts plantés dominée surtout par l’olivier et l’amandier et localisée
en glacis et dans les talwegs dans des jessours. La superficie de l’unité est de l’ordre de
16460 ha soit ( 30.75% de la zone) ;
* Unité de labour et friche : En années pluvieuses elle est généralement réservée à la
céréaliculture et occupe la plus grande partie de la plaine. L’unité couvre une superficie de
l’ordre de 5949 ha (11.11% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon schmittianum connue sous le nom de
Parc de Haddej. Elle est située en plaine sur un substrat sableux. C’est une zone de
protection intégrale où les premiers travaux de protection ont commencé durant l’année
1988. L’unité a une superficie de 1351 ha soit 2.57% de la zone.
* Unité de ligneux hauts spontanés dominée par Acacia raddiana située autour de
Bordj Bou Hedma, considéré depuis 1853 comme vestige unique d’Acacia raddiana. Elle a
une superficie de l’ordre de 5000 ha soit 9.34% de la zone.
* Unité de ligneux bas dominée par Artemisia herba-alba localisée en piémont, les
espèces rencontrées sont sur pâturées, sa proximité des habitations la maintient sous
pression animale continue. Elle couvre une superficie de1399 ha (2.61% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Gymnocarpos decander située en altitude sur un
substrat gypseux, sa superficie est de l’ordre de 1460 ha (2.72% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon schmittianum située en plaine sur un
substrat sableux. Les signes d’érosion du sol sont très nets (déchaussement des espèces
ligneuses). La superficie de l’unité est de l’ordre de 523 ha (0.97% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominés par Haloxylon scoparium localisée en piémont sur
reg caillouteux. La végétation est très dégradée. Sa superficie est de l’ordre de 6347 ha
(11.86% de la zone).
* Unité d’herbacées pérennes dominée par Stipa tenacissima surtout localisée en
altitude et dans laquelle la végétation est peu soumise au pâturage. L’unité couvre une
superficie de l’ordre de 14013 ha (soit 26.18% de la zone).
* Unité de ligneux hauts spontanés à base de Retama raetam localisée le long des
oueds. Sa superficie est de l’ordre de 1020 (1.90%de la zone).
3.2. Carte d’occupation du sol année 2000
L’élaboration de la carte a donné lieu à la création de trois principaux thèmes d’unités
d’occupation :
* Création d’un thème d’unités ponctuelles qui représentent des emplacements.
* Création d’un thème d’unités linéaires qui illustre les pistes et les routes.
* Création d’un thème d’unités polygonales. Les unités polygonales représentent des
zones homogènes ou relativement homogènes, telles que des zones aménageables, des
types d’occupation ou des zones boisées.
Suite à ces opérations de digitalisation sur le fond de l’image Spot XS et des sorties
de prospections de terrain, on a pu établir la carte d’occupation du sol de 2000 (figure 3 )
munie d’une légende comprenant 16 unités d’occupation (tableau 6). Les prospections du
terrain nous ont permis d’effectuer une description des unités rencontrées selon, la structure
de la végétation, l’espèce dominante, le recouvrement moyen et le degré d’artificialisation.
20
* Unité de ligneux hauts plantés (oliviers amandiers ) caractérisée par l’abondance
d’espèces fruitières introduites par l’homme à base d’oliviers et d’amandiers, elle est
localisée surtout dans des jessours que ce soit en piémont ou en plaine. Entre les
plantations on rencontre des plages de parcours très dégradés à base d’Haloxylon
scoparium, qui servent également comme des impluviums pour collecter l’eau de
ruissellement. La superficie de l’unité est de l’ordre de 18444 ha (33.95% de la zone).
* Unité de labour et friche. Nous désignons par labour et friche les superficies
généralement réservées à la céréaliculture. Cette spéculation reste la principale culture
annuelle dans la région. L’unité couvre une superficie de 5246 ha (9.71% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon scoparium. L’unité est connue sous le
nom de zone II. Elle est localisée au piémont de la chaîne de jbel Noughis sur un reg
caillouteux, elle est constituée surtout d’une strate basse à base d’ Haloxylon scoparium et
Artemisia herba-alba. Quelques spécimens d’Acacia raddiana sont également présents
dans les talwegs. La gestion est assurée par les forestiers du parc de Bou Hedma relevant
de l’arrondissement forestier de Sidi Bouzid. L’unité a été mise en défens à partir de 1998.
Le recouvrement moyen a été estimé de 10 à 25%. La superficie totale de cette unité est de
l’ordre de 1757 ha (3.25% de la zone).
* Unité de ligneux hauts spontanés dominée par Acacia raddiana : L’unité est connue
sous le nom de Bordj Bou Hedma ou Zone I. Elle accueille les principales activités du parc
et héberge la plupart des installations et infrastructures. La partie située en plaine et piémont
a été clôturée en 1985, afin d’empêcher les ongulés réintroduits de quitter le parc.
21
Tableau 6 : Superficie (ha) et fréquence (%) des différentes unités d’occupation du
sol (année 2000)
22
L’unité est constituée de deux strates ligneuses, à savoir une strate haute à base d’Acacia
raddiana et de Retama raetam, et une autre strate basse à base d’Artemisia herba-alba et
Haloxylon schmittianum. En plus de ces deux strates, la surface du sol est couverte d'un
tapis d’annuelles. Le recouvrement moyen de l’unité a été estimé à plus de 40%. La
superficie totale de l’unité est de 5000 ha (9.26% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon schmittianum : L’unité est connue sous
le nom du Parc de Haddej, (Zone III). Elle est située en plaine sur un substrat sableux
favorable à la régénération. Elle est constituée de deux strates ligneuses, une basse à
base de Haloxylon schmittianum et de Rhanterium suaveolens, une autre haute à base
d’Acacia raddiana et Ziziphus lotus. La gestion de l’unité est sous la responsabilité de
l’arrondissement forestier de Gafsa. Elle a été clôturée en 1989. Le recouvrement de l’unité
a été estimé à plus de 40%, sa superficie est de l’ordre de 1510 ha (2.79% de la zone).
* Unité de ligneux hauts dominée par Acacia raddiana : Située sur un substrat
sableux là où l’Oued de Haddej commence à s’étendre sur la plaine, sa superficie est de
l’ordre de 230 ha (0.42% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Astragalus armatus : L’unité est située au sud
du parc de Haddej sur un substrat sablo-limoneux. La disparition de la végétation pérenne
consommable est presque totale. Les végétaux non palatables tendent à envahir le terrain,
le recouvrement a été estimé entre 10 et 25%.
* Unité de ligneux bas dominée par Artemisia herba-alba : L’unité est située sur un
substrat caillouteux. Les espèces annuelles sont encore abondantes. La présence d’Acacia
raddiana est négligeable, son recouvrement a été estimé entre 10 et 25%.
* Unité de ligneux bas dominée par Atractylis serratuloides située en altitude et au
piémont sur un substrat caillouteux. Elle est très dégradée, la présence des annuelles est
très rare, le recouvrement a été estimé entre 5 et 10%. La superficie est de l’ordre de 1171
ha (2.16% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Gymnocarpos decander située sur un substrat
gypseux. La présence d’annuelles est très négligeable, le recouvrement a été estimé entre 5
et 10% ; sa superficie est de l’ordre de 1252 ha (2.31% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon schmittianum située toujours en plaine,
elle est constituée de deux unités : l’une très dégradée, l’autre moins. Elles ont une
superficie de l’ordre de 1315 ha (2.42% de la zone).
* Unité de ligneux bas dominée par Haloxylon scoparium situé en glacis sur reg
caillouteux : la présence des annuelles est faible, le recouvrement a été estimé entre 5 et
10%. La superficie est de l’ordre de 4776 ha (8.84% de la zone).
* Unité d’herbacées pérennes dominée par Stipa tenacissima, localisée surtout en
altitude, marquée par la présence importante d’autres espèces pérennes comme Lygium
spartum, Artemisia herba-alba, Atractylis serratuloides, Gymnocarpos decander. Le
recouvrement a été estimé entre 20 et 40% et la superficie est de l’ordre de 12251 ha
(22.69% de la zone).
* Unité de ligneux hauts spontanés dominée par Retama raetam qui est localisée le
long des oueds et qui est caractérisée par la présence d’autres ligneux hauts comme Nerium
oléander, Acacia raddiana, Ziziphus lotus. Le recouvrement a été estimé entre 5 et 10%.
23
Pour illustrer la dynamique de la zone d’étude, les statistiques de la classification obtenues
par les photographies aériennes de 1990 et de l’image Spot XS de mars 2000 seront
comparées en terme de surfaces. La superficie de l’observatoire approche les 54000 ha. Les
superficies de chaque classe sont présentées dans le tableau 7.
24
Tableau 7 : Superficie des principales unités d’occupation du sol
Années 1990 2000
Classes Superficie Fréquence Superficie Fréquence
en ha en % en ha en %
Ligneux hauts plantés 16460 30.75 18444 33.54
Ligneux hauts spontanés 6020 11.24 6051 11
Ligneux bas 11080 20.72 12988 23.62
Herbacées pérennes 14013 26.18 12251 22.28
Labour et friche 5949 11.11 5246 9.56
Total 53521 100 53980 100
Ce tableau de synthèse montre que la zone est occupée par cinq strates . Il y a d’abord
deux strates ligneuses hautes, la première plantée d’oliviers et d’amandiers, et la seconde
spontanée à base d’Acacia raddiana et Retama raetam. Une troisième strate constituée de
ligneux bas regroupe plusieurs espèces comme Haloxylon schmittianum, Rhanterium
suaveolens, Artemisia herba-alba, Atractylis serratuloides, Haloxylon scoparium,
Gymnocarpos decander et Atractylis serratuloides. Une quatrième strate est constituée
d’herbacées pérennes dominées par Stipa tenacissima ; enfin la cinquième strate
d’herbacés annuelles et réservée généralement à la céréaliculture (labour et friche) en
année pluvieuse.
Pour illustrer la dynamique des différentes unités d’occupation du sol à Haddej-Bou Hedma,
nous avons reproduit les données recueillies sur un histogramme (figure 2) représentant
l’évolution des différentes unités en 1990 et en 2000.
40
35 1990
30
2000
25
20
Fr
15
é
10
0
Ligneux hauts Ligneux hauts Ligneux bas Herbacées Labour et friche
plantés spontanés pérennes 0ccupation
25
Evolution des superficies des ligneuses hautes plantées
L’arboriculture jouit d’une place importante dans l’activité économique agricole de la zone.
Cette importance se traduit par la superficie réservée à cette spéculation. Les surfaces de
plantations arboricoles sont passées de 16460 ha en 1990 à 18444 ha en 2000, soit une
augmentation moyenne annuelle de 198 ha. L’olivier et l’amandier sont les deux espèces
arboricoles les plus cultivées. Cet accroissement en superficie des plantations arboricoles
se fait surtout au détriment des surfaces de labour et de friche réservées à la céréaliculture
en plaine.
26
Tableau 8 : Précipitation moyenne annuelle de la station météorologique de Gafsa
Année Pluie en mm Superficie réservée à la céréaliculture en (ha)
1987 107.2 5130
1990 498 5940
1998 111.5 6338
2000 - 5246
Durant les séquences d’années sèches (les plus fréquentes et les plus longues), ces
surfaces sont dénudées et sont soumises à l’érosion hydrique et éolienne. Cette
céréaliculture épisodique et aléatoire entraîne l’accélération du processus de désertification
dans différents sites et accroît la pression animale sur les pâturages médiocres.
27
12,59%
thérophytes
chaméphytes
34,64%
géophytes
18,89% phanérophytes
33,88%
28
IV- CONCLUSION
29
CHAPITRE III : SURVEILLANCE DES PARAMETRES PHYSIQUES
Les données météorologiques, disponibles, sont traitées pour calculer les caractéristiques
climatiques journalières et mensuelles et annuelles de la zone d'étude (moyenne
arithmétique, minima et maxima absolus). Les tableaux 9 à 16 donnent les caractéristiques
mensuelles de 1994 à 2001 observées dans le parc. Il existe des périodes plus ou moins
longues de manque de données météorologiques dues aux transferts non réguliers des
données et parfois à un problème d'alimentation de la centrale d'acquisition.
30
Tableau 9 : Caractéristiques climatiques de Bled Talah au cours de l’année 1994
Mois Tmin Tmax Tmoy HRmin HRmax HRmoy RG Vv Pluie
°C °C °C % % % W/m2 m/s mm
ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Janvier
31
Tableau 11 : Caractéristiques climatiques de Bled Talah au cours de l’année 1996.
Mois Tmin Tmax Tmoy HRmin HRmax HRmoy RG Vv Pluie
°C °C °C % % % W/m2 m/s mm
10,9 18,3 12,9 50,8 89,0 71,5 2871 1,6 9
Janvier
32
Tableau 12 : Caractéristiques climatiques de Bled Talah au cours de l’année 1997.
Mois Tmin Tmax Tmoy HRmin HRmax HRmoy RG Vv Pluie
°C °C °C % % % W/m2 m/s mm
Janvier 10,1 15,0 12,6 45,4 92,4 72,8 2726 2,0 7
Février 11,0 18,1 14,1 34,5 87,2 59,4 4444 1,9 9
Mars 11,0 21,2 15,7 38,0 71,2 52,7 4914 2,3 17
Avril 12,1 22,0 17,3 29,0 94,4 59,8 5533 2,8 43
Mai 18,0 29,3 22,0 17,1 66,5 50,4 7193 2,9 2
Juin 26,8 26,8 26,8 52,1 52,1 52,1 377 4,3 0
Juillet 25,7 34,0 29,5 33,0 67,6 52,1 7637 2,7 1
Août 25,6 34,8 29,3 33,1 75,1 54,6 6618 2,3 3
Septembre ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Octobre ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Novembre ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Décembre ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Total 82
Février ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Mars ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Avril ND ND ND ND ND ND ND ND ND
Mai 21,5 27,0 23,3 49,0 69,9 60,4 7368 2,8 1
Juin 22,9 35,7 27,8 20,2 65,7 44,5 7652 2,3 9
Juillet 26,3 36,0 29,8 18,3 66,7 48,1 8098 2,1 0
Août 26,5 33,4 29,6 39,6 68,5 54,9 6895 2,2 0
Septembre 22,3 32,7 27,2 42,3 98,0 64,7 5570 2,2 39
Octobre 16,7 27,1 21,3 45,0 89,0 66,0 4339 1,8 24
Novem bre 9,6 22,1 15,3 25,5 81,9 58,6 3475 1,5 1
Décembre 7,5 14,7 11,5 42,6 75,5 61,3 3202 1,9 0
Total 74
33
Tableau 14 : Caractéristiques climatiques de Bled Talah au cours de l’année 1999
Mois Tmin Tmax Tmoy HRmin HRmax HRmoy RG Vv Pluie
°C °C °C % % % W/m2 m/s Mm
5,5 15,0 11,9 39,7 99,1 73,5 2717 1,9 72
Janvier
34
Tableau 16 : Caractéristiques climatiques de Bled Talah au cours de l’année 2001.
Tmin Tmax Tmoy HRmin Hrmax HRmoy RG Vv Pluie
°C °C °C % % % W/m2 m/s Mm
Janvier ND ND ND ND ND ND ND ND 0
Février ND ND ND ND ND ND ND ND 0
Mars ND ND ND ND ND ND ND ND 0
Avril ND ND ND ND ND ND ND ND 0
Mai ND ND ND ND ND ND ND ND 28
Juin ND ND ND ND ND ND ND ND 0
Juillet 26,2 34,7 30,5 35,9 69,1 52,6 7822 1,4 0
Août 27,1 38,1 29,3 23,2 73,3 58,3 7440 1,2 0
Septembre 23,7 32,8 26,4 45,5 86,6 71,9 5794 1,4 22
Octobre 19,7 30,7 24,4 25,1 90,0 71,8 4905 0,8 0
Novembre 12,0 21,3 17,2 45,6 91,5 68,0 3592 1,2 10
Décembre 7,8 16,1 12,2 52,6 98,7 70,3 2967 1,3 26
Total 86
35
Tableau 17 : Indices moyens de fertilité du sol pour l'année 2001
(profondeur: 0 - 60 cm).
Avril Septembre
MO NTK C/N MO NTK C/N
% G/kg % g/kg
T2 0,54 0,28 1,12 0,78 0,50 0,91
T3 0,57 0,20 1,53 0,50. 0,16 1,85
T4 0,57 0,29 1,16 0,39 0,23 0,98
T5 0,37 0,16 1,34 0,62 0,20 1,87
T9 0,30 0,15 1,19 0,63 0,35 1,05
ZP 0,34 0,20 0,95 0,79 0,18 2,553
ZN 0,45 0,29 0,88 0,36 0,40 0,51
LEGENDE
NTK: azote total Kjeldhal
C/N: Rapport carbone azote
MO : Matière Organique (%)
T2: Transect 2 à Artemisia campestris
T3: Transect 3 à Hamada scoparia
T4: Transect 4 à Cynodon dactylon et Ziziphus lotus
T5: Transect 5 à Cenchrus ciliaris
T9: Transect 9 à Helianthemum lippii var. intricatum et Helianthemum kahiricum
ZP: parcelle expérimentale pour mesurer le ruissellement dans le parc
ZN: parcelle expérimentale pour mesure du ruissellement à l'extérieur du parc
36
Température moyenne (°C)
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
94 95 96 97 98 99 00 01
100 94
Humidité relative (%)
95
80
96
60 97
40 98
99
20 00
0 01
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
37
Vitesse moyenne du vent
5,0
4,0
3,0
(m/s) 2,0
1,0
0,0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
94 95 96 97 98 99 00 01
Les pluies et l'évaporation: Le suivi de la pluviométrie journalière a été ainsi assuré par un
pluviomètre et un pluviographe à auget basculair. La double mesure des précipitations a
pour but de vérifier les enregistrements automatiques des pluies et garantir une observation
en cas de défaillance des enregistrements automatiques ou de difficulté de transfert des
données. La figure 7 illustre les précipitations mensuelles observées au cours de ces
dernières années dans le parc de Haddej
100
90
80
70
Pluie (mm)
60
50
40
30
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
94 95 96 97 98 99 00 01
1.2.1- Méthodologie
La méthodologie retenue, pour le suivi de la fertilité du sol, repose sur le prélèvement
d'échantillons de sol à des endroits donnés et à différentes périodes de l'année. L'objectif de
38
ce suivi est de caractériser la variation saisonnière de la fertilité du sol en se basant sur des
indicateurs de fertilité faciles à déterminer et susceptibles à renseigner sur la dynamique de
la matière organique du sol et de la teneur en azote total (NTK). Sept endroits ont été choisis
pour caractériser l’évolution de la fertilité du sol dont cinq se trouvent à l’intérieur du parc et
correspondent aux transects T2, T3, T4, T5, et T9 utilisés pour le suivi des ressources
naturelles. Le sixième endroit, appelé ZP, correspond à la parcelle expérimentale de mesure
de ruissellement à l’intérieur du parc (ZP) alors que le septième endroit, appelé ZN, est
localisé à l'extérieur du parc et correspond à la parcelle expérimentale de mesure de
ruissellement aménagée chez un agriculteur.
L'échantillonnage du sol se fait par le prélèvement de carottes de sol successivement
tous les 20 cm jusqu'à une profondeur de 60 cm.
1.2.2 Analyses effectuées
Deux répétitions par site sont effectuées lors de chaque campagne
d'échantillonnage de la fertilité. Les échantillons de sol sont analysés pour déterminer les
paramètres suivants:
- la teneur en azote total Kjeldahl (NTK), par minéralisation de l'azote organique suivi
par une distillation (méthode Kjeldahl);
- la teneur en azote ammoniacal (N-NH4);
- le taux de la matière organique (MO) déterminée par le dosage du carbone
organique (C) en utilisant la méthode de Walkley et Black;
- le pH (à l'eau); et
- la conductivité électrique (CE, méthode extrait 1/2,5) du sol ont été aussi
déterminés.
1.2.3 Résultats et interprétations :
La surveillance de la fertilité du sol a débuté en 1998. Les analyses des échantillons de sol
prélevés en novembre 1998 ont été réalisées après une longue période de stockage et les
résultats obtenus ne sont pas satisfaisants. Une deuxième campagne d’échantillonnage a
été effectuée en janvier 1999. En outre, trois autres opérations d'échantillonnage ont été
effectuées au cours de l’année 1999, et à différentes périodes de l'année (avril, septembre et
décembre). Ces périodes qui correspondent à des stades différents du développement du
couvert végétal, ont été retenues pour le suivi de la fertilité du sol. Les résultats obtenus sont
présentés dans le tableau 17. Il est évident qu'une seule année de suivi ne permet pas de
déceler les variations temporelles des indices de la fertilité du sol, mais permet au moins
d'avancer quelques hypothèses utiles pour la suite du travail.
Ainsi, il apparaît que, pour l'ensemble des endroits échantillonnés, l'hiver a été marqué par
une teneur en matière organique (MO) inférieure à 1% et une teneur en azote total (NTK)
variant entre 0,1 g/kg et 0,32 g/kg. En avril (printemps), une augmentation de la matière
organique des profils échantillonnés a été observée alors que pour l'NTK il n'y a pas eu de
variations significatives par rapport aux teneurs obtenus pour la campagne précédente. Au
cours du mois de septembre, une faible réduction de la matière organique a été enregistrée
alors qu’une légère augmentation de l'NTK a pu être notée suite à la minéralisation de la
matière organique du sol. L'échantillonnage réalisé en fin d'année (décembre) a indiqué un
taux de MO inférieur à 1% et une teneur moyenne en NTK variant de 0,2 g/kg à 0,33 g/kg .
Ainsi, il apparaît que la variation temporelle des indices de la fertilité suivie est faible, seule
la MO montre l’existence d’un cycle saisonnier. Ce cycle se répercute sur le rapport C/N
facteur déterminant de l’activité microbiologique du sol. Ces constats seront vérifiés lors des
prochaines campagnes.
Par ailleurs, l'échantillonnage réalisé en mois de décembre indique que les sols ont un pH
basique (pH entre 7,9 et 8,5) et que ces sols ont une faible salinité (CE inférieure à 0,91
µs/cm). Pour le suivi de l'azote minéral (N-NH4 et N-NO3), les analyses effectuées sur les
39
échantillons de sol de la campagne de 1999 ont révélé de faibles concentrations (valeurs
obtenues dans le même ordre de grandeur que le seuil de détection de la méthode d'analyse
utilisée). Pour améliorer le suivi de l'azote minéral du sol, les analyses seront effectuées sur
des échantillons du sol prélevés quelques jours après la date de pluie (conditions hydriques
favorables à la minéralisation de l'azote organique du sol).
Au cours de ces trois dernières années, neuf campagnes d'échantillonnage de la fertilité ont
été réalisées à différentes périodes de l'année (tableaux 18 et 19). L’échantillonnage du
mois de novembre 2000 a été effectué quelques jours après l’averse la plus importante de
l’année (15 mm) avec comme objectif de détecter les formes minérales de l’azote du sol. Les
figures 8 et 9 illustrent l’évolution saisonnière de la teneur moyenne en matière organique
(MO) et en NTK dans les profils échantillonnés durant 1999 et 2001.
2,0
Matière Organique (%)
1,5
1,0
0,5
0,0
Jan99
Avr99
Sep99
Avr00
Sep00
Nov00
Avr01
Sep01
Dec99
Date
T2 T3 T4 T5 T9 ZP ZN
40
Janvier 99 Avril 99 Septembre 99 Décembre 99
T2 0,52 0,27 1,11 1.62 0.25 3.76 1.49 0.39 2.22 0.77 0.31 1.44 8,0 0,88
T3 0,61 0,21 1,68 1.42 0.23 3.58 1.62 0.19 4.84 0.31 0.20 0.93 8,4 0,47
T4 0,66 0,32 1,20 1.17 0.107 6.34 0.82 0.29 1.64 0.62 0.33 1.08 8,0 0,80
T5 0,42 0,10 2,44 1.20 0.08 8.70 1.13 0.16 4.09 0.33 0.26 0.74 8,3 0,93
T9 0,88 0,11 4,64 0.91 0.08 7.04 1.31 0.32 2.37 0.23 0.23 0.58 7,9 0,63
ZP 0,49 0,30 0,95 1.10 0.13 4.91 1.54 0.15 5.96 0.27 0.20 0.78 8,0 0,95
ZN 0,89 0,28 1,84 1,04 0,11 5,48 1.12 0.31 2.09 0.39 0.29 0.78 8,5 0,91
41
42
LEGENDE
0,8
NTK (g /Kg)
0,4
0,0
Jan99
Avr99
Sep99
Avr00
Sep00
Nov00
Avr01
Sep01
Dec99
Date
T2 T3 T4 T5 T9 ZP ZN
Il en ressort qu’au cours de l’année précédente, les taux ont connu des fluctuations
remarquables. En effet, on constate qu’au niveau de tous les transects et les deux parcelles
de mesure de ruissellement, les taux moyens de la MO dans le profil 0 à 60 cm ont été
inférieurs à 1% en hiver puis il y a eu une importante augmentation des taux moyens de la
matière organique en avril.
L’augmentation des taux moyens de la matière organique varie d’un transect à l’autre. La
teneur maximale a été observée au niveau du transect T2 (transect à Artemisia campestris)
alors que les taux les plus faibles ont été mesurés au niveau du transect T9 (transect à
Helianthemum lippii var. intricatum et Helianthemum kahiricum et au niveau de la parcelle
ZN. Cinq mois plus tard (septembre), l’échantillonnage de la fertilité a révélé que les taux de
la MO n’ont pas trop changé alors qu’à partir du mois de décembre, les taux moyens de la
MO ont connu une réduction importante. Durant cette période de l’année, sur la plupart des
transects les taux mesurés étaient inférieurs à 0,5%. Le premier échantillonnage de l’année
2000, effectué en mois d’avril, a révélé qu’il y a eu de nouveau augmentation, faible, de la
teneur moyenne de la MO par rapport aux taux observés en mois de décembre 2000; le taux
maximal a été enregistré au niveau du transect T2 (1%). Les deux dernières campagnes
d’échantillonnages de l’année 2000 ne montrent pas de changement remarquable des taux
de la MO du sol.
44
Le suivi, en parallèle, de l’NTK du sol met en évidence des fluctuations saisonnières plus ou
moins importantes au cours de l’année 1999 avec un patron de variation temporelle
semblable aux fluctuations observées pour la MO. Les valeurs observées culminent en
automne, le transect T2 a présenté les concentrations les plus élevées en NTK de l’année
(0,4 g N/Kg). Les campagnes d’échantillonnage effectuées en 2000 indiquent que les
teneurs moyens en NTK dans les profils prospectés ont connu une réduction et qu'elles
oscillent entre 0,1 et 0,3 g N/kg. Une exception est notée au niveau du transect T2 où l’on
observe une augmentation de la NTK moyenne à la fin de l’année. Ainsi, les fluctuations
saisonnières observées de la MO et l’NTK durant ces deux années de suivi de la fertilité
mettent en évidence le rôle des précipitations sur la dynamique des matières organiques du
sol. Lors d’une année de pluviométrie moyenne (171 mm), on a pu déceler une amélioration
saisonnière de la fertilité. Cette amélioration est indiquée en particulier par la MO. Il est
évident que l’amélioration de la fertilité du sol est le produit de l’interaction qui peut avoir
lieu, durant les courtes durées de l’année où l’humidité et la température du sol sont
favorables, entre les micro-organismes du sol, les débris de végétaux morts et le stock de
matière organique disponible dans le sol.
Toutefois, il faut remarquer qu’en général la teneur en NTK dans les sols est stable et que la
minéralisation de l’azote organique peut avoir lieu lorsque l’humidité du sol devient favorable
même durant une courte période. En effet, pour les échantillons de sol prélevés en
novembre 2000, deux semaines après une averse de 15 mm, il a été possible de détecter la
présence d’azote ammoniacal (figure 10) forme qu’on n’a pas pu mesurer sur les
échantillons de l’année précédente lorsque l’échantillonnage n’a pas été planifié en fonction
des précipitations. Ainsi, la surveillance de la fertilité dans ce contexte climatique peut être
appréhendée différemment en fonction de l’importance de la pluviométrie saisonnière.
10 0,6
9 N-NH4 NTK
8
7
0,4
N-NH4 (mg N/kg)
6 NTK (g N/kg)
4
0,2
3
0 0
T2 T3 T4 T5 T9 ZP ZN
Transect
2.2- Résultats :
En 1999, L'évaporation potentielle mensuelle ainsi qu'un résumé des caractéristiques
pluviométriques enregistrées entre 1999 et 2001 sont présentés aux tableaux 20 à 25.
L'année 1999 a été une année moyenne sur le plan pluviométrie avec un total enregistré de
189 mm par rapport à une moyenne annuelle de 180 mm. La variabilité inter-mensuelle est
très forte. Le mois de janvier a été le mois le plus pluvieux de l'année avec 72 mm, suivi par
le mois de novembre avec 35 mm. Ce deux mois totalisent 57 % des pluies enregistrées. Le
nombre de jours de pluie (> 1 mm) est faible et s'élève à 28 jours.
Le ruissellement annuel sur les parcelles expérimentales ZP et ZN est faible et les lames de
ruissellement annuelles ne montrent pas de différences significatives entre les deux
parcelles. Le transport solide mesuré dans les eaux de ruissellement recueillies est réduit.
La quantité totale de sol exportée au niveau des parcelles ZP et ZN est estimée
respectivement à 3,0 et à 4,1 kg (soit respectivement 0,187 et 0,256 T/ha/an). Il faut préciser
que la parcelle ZN n'a pas été labourée depuis 1999 et qu'elle a été exploitée comme
parcours ce qui explique la faible perte en sol
46
1200
Evaporation (mm)
1000
800 1999
600 2000
400 2001
200
0
Eté
ne
tom ver
Au Hi ps
tem
im
Pr
Ainsi, par comparaison avec l’année 1999, l’évaporation annuelle du bac a connu une
augmentation élevée au cours de ces deux dernières années atteignant 30 % pendant
l’année 2000. A titre indicatif, l'augmentation de l'évaporation observée en 2000 est de 630
mm et représente plus que la somme de l’évaporation automnale et hivernale de l’année
1999. Les répartitions saisonnières de l’évaporation observée en 1999 et en 2000 sont
comparables. En d’autres termes, l’augmentation de l’évaporation en 2000 et en 2001 est
répartie sur toute l’année et n’a pas été le produit d’événements exceptionnels ayant touché
une saison en particulier (sirocco durant quelques jours consécutifs). Ceci peut être attribué
à la sécheresse particulière qui a marqué cette période.
Etant donné que les précipitations ont été très limitées, il n'a été observé de ruissellement
que lors de deux épisodes pluvieux en 2000 et trois épisodes en 2001. Les lames
mensuelles ruisselées et le total annuel sont données dans les tableaux 17 et 18. En 2000,
l’averse enregistrée en septembre a donné une lame de ruissellement inférieure à 1 mm au
niveau de deux parcelles de collecte des eaux de ruissellement. L’unique averse qui a
occasionné un ruissellement significatif en 2000 a été enregistrée en octobre (15 mm). Elle
a donné une lame de ruissellement de 7 mm au niveau de la parcelle se trouvant dans le
parc (ZP) et de 1,2 mm au niveau de la parcelle témoin (ZN). Par ailleurs, les bilans
hydriques mensuels indiquent un déficit en eau prononcé durant les deux dernières années
(tableau 15 et 16), ce déficit mensuel atteint son maximum en mois d'Août 2000 avec 417
mm et un minimum de 68 mm en décembre 2001.
47
Bilan ZP - -58 -112 -137 -261 -294 -322 -351 -159,2 -153 -76 -43 -1915,7
(mm)
Bilan - -58 -112 -137 -261 -294 -322 -351 -160 -153 -75,9 -43 -1917,5
ZN(mm)
Bilan ZP (mm) -101 -136 -163 -201 -256 -340 -417 -339 -332,2 -170 -119 -120 -2694,2
Bilan ZN(mm) -101 -136 -163 -201 -256 -340 -417 -339 -332,2 - -119 -120 -2688,4
164,2
50
Bilan ZP (mm) -135 -181 -181 -186 - -330 -260 -236 -105,5 -178 -90 -68,1 -2140,1
189,5
Bilan ZN(mm) -135 -181 -181 -186 - -330 -260 -236 -112,0 -178 -90 -68 -2148,6
191,6
52
I – INTRODUCTION
En Tunisie, les mises en défens réalisées à diverses fins (parcs nationaux, amélioration
pastorale, fixation des dunes, …) ont présenté des résultats plus ou moins encourageants
en fonction des conditions de leur mise en application (conditions édapho-climatiques du
site, état de dégradation atteint, …). La régénération des systèmes écologiques est, en effet,
fonction de plusieurs facteurs dont le seuil de dégradation et le type de sol (Floret, 1981,
Telahigue, 1981 et Telahigue et al., 1987). C’est ainsi que, les steppes des zones sableuses
n’ayant pas atteint un seuil de dégradation irréversible, se caractérisent par une capacité de
résilience beaucoup plus rapide que celle des steppes des zones limoneuses ou gypseuses.
Par ailleurs, les diverses espèces végétales ne répondent pas toutes de la même manière à
la protection, certaines étant plus favorisées que d’autres par cette technique. La
connaissance du comportement des végétaux vis-à-vis de la protection nécessite des
expérimentations afin de comparer le comportement des espèces mises en défens et celles
soumises à la perturbation (pâturage, déboisement).
L’objectif principal de cette action de recherche est d’évaluer l’effet d’une mise en
défens sur la dynamique du couvert végétal au niveau de la forêt de «gommiers» du Bled
Talah en vue de dégager des indicateurs de dégradation des systèmes écologiques.
60
50
Taux de recouvrement (%)
40
30
20
10
0
ne
ne
0
1
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
T1
T1
en
en
oy
oy
Transects
M
60
50
Taux de recouvrement
40
30
20
10
ne
ne
0
1
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
T1
T1
en
en
oy
oy
Transects
M
Zone protégée Zone témoin
Figure 13 : Taux de recouvrement enregistrés au niveau des différents groupements
(automne 2000).
L’année 2000 a été très sèche et les taux de recouvrement moyens enregistrés au niveau
du parc et au niveau de la zone non protégée sont restés très proches.
La figure 16 représentant le recouvrement global ainsi que celui enregistré au niveau des
différents transects, en automne 2001, montre que le taux de recouvrement de la végétation
varie de 21.9% (T3) à 83.8% (T5), autour d’une moyenne globale de 41.5% à l’intérieur du
parc. A l’extérieur du parc et au cours de la même saison, ce taux varie de 13% (transect
Z1) à 54.5% (Z2) avec une moyenne de 37.4%. Bien qu’il ait connu une augmentation
sensiblement importante aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc par rapport aux
autres saisons, le taux de recouvrement restant toujours plus important à l’intérieur qu’à
l’extérieur du parc.
90
80
70
60
50 intérieur
extérieur
40
30
20
10
0
T1/Z1 T2/Z2 T3/Z3 T5/Z5 T8/Z8 T9/Z9 T4 T6 T7 Moy.
90
80
70
60
50 intérieur
extérieur
40
30
20
10
0
T1/Z1 T2/Z2 T3/Z3 T5/Z5 T8/Z8 T9/Z9 T4 T6 T7 M oy.
par le voile éolien (39.39%). L’absence de ce voile à l’intérieur du parc reflète une bonne
fixation du sol par la végétation. Cependant, l’importance de ce taux dans la zone sujette à
la perturbation, peut être attribuée à la régression du couvert végétal et par voie de
conséquence à la mise en mouvement du sable (Floret et Pontanier, 1982).
La pellicule de battance est aussi très abondante dans la zone protégée (50.45%)
contrairement à la zone perturbée où le taux n’a pas dépassé la moitié (20.41%).
La litière est également plus abondante à l’intérieur du parc. Le piégeage des parties
mortes (sous l’effet des sécheresses erratiques) permettra l’amélioration de la structure du
sol.
En automne 2000, la proportion de sol dénudé à l’intérieur du parc est comparable à
celle mesurée au cours de la saison printanière (60.22%) alors qu’elle a légèrement
augmenté à l’extérieur du parc (74.84%). Comme les relevés ont été effectués deux
semaines après une précipitation de 15 mm, et puisque la surface du sol montrait encore
une certaine humidité, il a été souvent difficile de distinguer entre les différents composants
que sont en particulier la terre nue, la pellicule de battance et le voile éolien.
L’état de la surface du sol déterminé au cours du printemps 2001 montre en effet que le
recouvrement du sol nu est beaucoup plus important à l’extérieur qu’à l’intérieur du parc
(tableau 28 et 29). En automne et au cours de la même année cette surface est devenue
assez comparable entre les deux milieux (tableau 28). Les composantes de la surface
dénudée au cours de cette dernière saison illustrent une contribution assez importante de la
litière aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc. Ceci peut être attribué à la grande
mortalité des plantes suite à une année très sèche. Cette mortalité se répercute très
visiblement sur la dénudation du sol qui, plus ou moins importante, reflète par conséquent
une régression du couvert végétal au manque des pluies à l’intérieur du parc et de la
combinaison de ce déficit hydrique avec le pâturage à l’extérieur du parc.
Signalons aussi que le recouvrement de la pellicule de battance est plus important à
l’intérieur qu’à l’extérieur du parc. Ces mêmes résultats ont été obtenus au cours de la
première année d’observation et indique que le prolongement de la mise en défens
(l’absence de piétinement) favorise le développement de cet obstacle physique qui réduit
l’infiltration et la germination des semences des végétaux.
En ce qui concerne l’année biologique 2001-2002, les résultats relatifs à l’état de la surface
du sol, déterminés à l’intérieur et à l’extérieur du parc au cours de l’automne sont rapportés
sur la figure 18.
Cette figure montre que la surface du sol dénudée à l’intérieur du parc, varie en automne de
16.17 à 78.08% en fonction du groupement. Cette dénudation est à son maximum pour le
groupement à Helianthemum kahiricum et Helianthemum sessiliflorum (32.77% de la
surface du sol de ce groupement). La contribution de la surface couverte par la pellicule de
battance représente 3.78% de la surface dénudée au niveau de la zone protégée. A
l’extérieur du parc, elle varie de 0 à 4.92% (avec une moyenne de 1.43% dans toute la zone
non protégée).
Le Houérou (1995) considère qu’avec une texture plus ou moins fine, la pellicule constitue
un obstacle physique réduisant d’une part l’infiltration en faveur de ruissellement et
s’opposant d’autre part à la pénétration des graines et la germination des plantules. La
présence de la pellicule de battance va donc empêcher la réinstallation du couvert végétal et
ralentir la vitesse de la remontée biologique. Floret et Pontanier (1982) remarquent que la
faible abondance des annuelles dans les zones protégées est le résultat de la présence de
ce pellicule. Elle indique donc, l’effet négatif de la protection à long terme.
La litière couvre une bonne partie de la surface du sol de la zone mise en défens (23.26%).
Cependant le taux de la litière reste variable d’une groupement à l’autre. Le valeur maximale
(39.17%) est obtenue au niveau du groupement à Hammada schmittiana et Astragalus
58
armatus. Le taux élevé de couvert de la litière à l’intérieur du parc, s’explique par la forte
mortalité des plantes suite à la précarité de climat et le piégeage des parties mortes des
plantes. La protection donne donc lieu à la formation d’une bonne partie de la matière
organique à partir de la litière. Il reste bien entendu les problèmes liés à sa dégradation et à
son incorporation au sol en l’absence de piétinement.
Dans le milieu non protégé, le taux de couvert de la litière est également élevé. Il varie de
9.36% à 42.17%. Le valeur la plus élevée est obtenue au niveau du groupement à Artemisia
campestris alors que dans le parc c’est ce même groupement qui présentait les valeurs les
plus faibles aussi bien pour le taux de couvert de la litière que pour le recouvrement global
de la végétation. En moyenne, l’écart entre les taux de couvert de la litière dans les deux
milieux (intérieur et extérieur) est faible. En absence de piégeage et étant donné la forte
consommation des annuelles, la litière du milieu pâturé peut être transportée par les vents
de l’été.
A l’extérieur du parc, au niveau du groupement à Hammada schmittiana, ce n’est plus la
litière qui domine comme c’est le cas au niveau de ce groupement dans le parc mais c’est le
couvert du voile éolien qui domine (36.27%), indiquant la mise en mouvement du sable suite
à la forte régression du couvert végétal.
La mise en défens permet donc l’établissement d’un couvert végétal élevé permettant une
plus grande fixation de la surface du sol, ce qui se traduit par l’absence du voile éolien.
Intérieur Extérieur
6%
4% 1%
4% 0% Terre nue
4%
23% Litière
22%
Cailloux
P, battance
69% 67%
Voile éolien
Chaméph
39% Hémicry
33%
Thérop
Nanophan
Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone protégée, les nanophanérophytes sont
faiblement représentés (3% dans la zone protégée contre 2% dans la zone perturbée).
L’effet de la mise en défens sur ce type biologique est donc très faible. Lycium shawii est la
seule nanophanérophyte rencontrée sur les lignes de visée.
4.5- Composition floristique
Les résultats relatifs à la composition floristique sur la base des contributions spécifiques de
présence, mesurée par la méthode des points-quadrats, à quatre saisons (printemps et
automne 2000 et 2001), à l’intérieur et à l’extérieur de la zone protégée, sont rapportés aux
tableaux 29 à 33 inclus.
4.5.1 Printemps et automne de l’année 2000
A l’intérieur, Plantago albicans et Stipa retorta ont fait leur présence au cours du printemps
sur plus de 5 transects. Les espèces rencontrées sur 3 à 5 transects sont en majorité des
pérennes de bonne valeur pastorale telles que Helianthemum kahiricum, Cenchrus ciliaris,
Stipagrostis ciliata, Gymnocarpos decander. Alors que la plupart des espèces annuelles ont
été rencontrées uniquement sur deux transects. Les espèces rares (ne se trouvant pas
partout dans le parc), rencontrées au niveau d’un seul transect, sont en nombre de 14 dont
8 sont des pérennes telles que Rhanterium suaveolens, Argyrolobium uniflorum, Salsola
vermiculata et Teucrium polium, et 6 espèces annuelles dont l’abondance est strictement
liée à la quantité et la répartition des pluies déjà survenues.
Dans la zone non protégée, les espèces les plus fréquentes pendant le printemps sont
principalement Hammada schmittiana, suivie de Cynodon dactylon, Hammada scoparia et
Argyrolobium uniflorum du côté des pérennes et Stipa retorta pour les annuelles.
A l’intérieur du parc, les recouvrements les plus importants (sur les lignes où les espèces
sont présentes), ont été enregistrés pour Cynodon dactylon (de 6.44 à 66.5%) et
Pituranthos tortuosus (de 1.45 à 63.37%). Il semble que ces deux espèces ont, dans le parc,
largement envahi les anciennes friches. Au contraire, les espèces présentant un intérêt
pastoral comme Rhanterium suaveolens (50%), Cenchrus ciliaris (3.5 à 23.7%) et
Helianthemum kahiricum (1.75 à 38.29%), sont celles qui ont le plus profité de la mise en
défens.
A l’extérieur du parc, Cynodon dactylon et Hammada schmittiana sont les espèces
pérennes qui ont les plus fortes contributions spécifiques au recouvrement. Ensuite,
viennent Plantago albicans et Argyrolobium uniflorum. L’abondance relative de ces deux
taxons, d’intérêt pastoral élevé, dans la zone pâturée peut être attribuée pour la première
espèce à son pouvoir de multiplication par voie végétative. La capacité du drageonnement
chez cette espèce ainsi que sa résistance à la sécheresse (Henchi et al., 1986) pourraient
en effet, être à l’origine de cette abondance. Argyrolobium uniflorum préfère les charges
animales modestes et tend à disparaître suite à une mise en défens prolongée (Ouled
Belgacem, 1999).
Dans le tableau 29, on relève que certaines espèces, de bonne valeur pastorale, comme
Helianthemum kahiricum, Helianthemum sessiliflorum, Gymnocarpos decander et certaines
espèces graminéennes sont absentes à l’extérieur de la zone protégée suite certainement à
un surpâturage accentué.
Le tableau 30, représentant la contribution des espèces au couvert végétal en automne,
montre qu’à l’intérieur de la zone protégée, la contribution de certaines pérennes connaît
une diminution au profit de nouvelles espèces ou suite au développement de certaines
espèces déjà existantes. La diminution de la contribution spécifique de certaines espèces ne
signifie pas nécessairement la diminution de leur recouvrement. Elle peut tout simplement
signifier l’augmentation du taux de participation de certaines autres.
Dans la zone protégée, les espèces les plus répandues et présentes sur au moins 4
transects sont Pituranthos tortuosus (Deverra tortuosa) et Helianthemum kahiricum parmi
63
les pérennes et Stipa retorta et Asphodelus tenuifolius parmi les annuelles. Les principales
espèces rencontrées sur 3 transects sont Helianthemum sessiliflorum, Hammada
schmittiana et Hammada scoparia. Par contre Argyrolobium uniflorum, Plantago albicans et
Rhanterium suaveolens ont été parmi les espèces les moins fréquemment enregistrées sur
les lignes de visée des différents transects.
Au niveau de la zone non protégée, la contribution spécifique de présence de la plupart des
espèces, a montré une légère diminution au profit de Hammada schmittiana et Hammada
scoparia.
En se basant sur ces résultats, on constate à la fois, une diversité floristique plus importante
à l’intérieur de la zone protégée, mais aussi d’un développement plus important des
individus qui y sont présents.
64
Espèces T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 Z6 Z8
Acacia raddiana ×
Anacyclus
cyrtolepidioides × × × ×
Argyrolobium uniflorum × × × ×
Artemisia campestris × × × ×
Asphodelus tenuifolius × × × × × × ×
Asteriscus pygmaeus × × × × ×
Astragalus armatus × × × × × × × ×
Astragalus caprinus ×
Astragalus cruciatus × ×
Atractylis flava × × × ×
Atractylis serratuloides × × × × × ×
Atriplex halimus ×
Calicotome villosa ×
Cenchrus ciliaris × × × × × × ×
Centaurea furfuracea × ×
Cynodon dactylon × × × × × ×
Diplotaxis simplex × × × × ×
Echiochilon fruticosum × × × × × × × × × ×
Echium pycnanthum ×
Euphorbia retusa ×
Emex spinosus × × × × × ×
Enarthrocarpus
clavatus × ×
Erodium glaucophyllum × × × ×
Fagonia glutinosa × × × × ×
Filago germanica × ×
Gymnocarpos
decander × × × ×
Hammada schmittiana × × × × × × × × ×
Hammada scoparia × × × × × × ×
Helianthemum
intricatum ×
Helianthemum × × × × × ×
68
kahiricum
Helianthemum
sessiliflorum × × × × × × ×
Launaea glomerata ×
Launaea resedifolia × × ×
Linaria aegyptiaca × ×
Lotus creticus × ×
Lycium shawii × × × × × × × × × ×
Malva aegyptiaca × × ×
Marrubium deserti × × × ×
Matthiola longipetala ×
Medicago minima × × ×
Peganum harmala × × × ×
Pituranthos tortuosus × × × × × × × × × × ×
Plantago albicans × × × × × × × ×
Plantago ovata × ×
Polygonum
equisetiforme ×
Rhanterium
suaveolens × × × ×
Retama raetam × ×
Salsola vermiculata × × × × × ×
Salvia aegyptiaca × × ×
Salvia verbenaca × × ×
Scorzonera undulata × × ×
Stipa retorta × × × × × × × × ×
Stipagrostis ciliata × × × × ×
Stipagrostis plumosa × × × × ×
Volutaria lippii × ×
Ziziphs lotus × × × × × × × × × ×
Teucrium polium × × × × × ×
Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, les nanophanérophytes sont faiblement représentés
(3% dans la zone protégée contre 2% dans la zone perturbée). L’effet de la mise en défens
sur ce type biologique est donc très faible. Lycium shawii est la seule nanophanérophyte
rencontrée sur les lignes de visée.
69
Intérieur Extérieur
2% 3%
21%
Chaméph 25%
38% 39%
Hémicry
Thérop
Nanophan
39% 33%
modestes et tend à disparaître suite à une mise en défens prolongée (Ouled Belgacem,
1999).
Au tableau 32, on relève que certaines espèces, de bonne valeur pastorale, comme
Helianthemum kahiricum, H. sessiliflorum, Gymnocarpos decander et certaines espèces
graminéennes sont absentes à l’extérieur du parc suite certainement à un surpâturage
accentué.
Le tableau 32, représentant la contribution des espères au couvert végétal en automne,
montre qu’à l’intérieur du parc, la contribution de certaines espèces pérennes connaît une
diminution au profit de nouvelles espèces ou suite au développement de certaines espèces
déjà existantes. La diminution de la contribution spécifique de certaines espèces ne signifie
pas nécessairement la diminution de leur recouvrement. Elle peut tout simplement signifier
l’augmentation du taux de participation d’autres espèces.
Les espèces les plus répandues et présentes sur au moins 4 transects sont Pituranthos
tortuosus (Deverra tortuosa) et Helianthemum kahiricum parmi les pérennes et Stipa retorta
et Asphodelus tenuifolius parmi les annuelles. Les principales espèces rencontrées sur 3
transects sont Helianthemum sessiliflorum, Hammada schmittiana et Hammada scoparia.
Par contre Argyrolobium uniflorum, Plantago albicans et Rhanterium suaveolens ont été
parmi les espèces les moins fréquemment enregistrées sur les lignes de visée des différents
transects.
A l’extérieur du parc, la contribution spécifique de présence de la plupart des espèces, a
montré une légère diminution au profit de Hammada schmittiana et Hammada scoparia.
En se basant sur ces résultats, on constate que le nombre d’espèces présentes sur les
transects permanents et leurs recouvrements sont plus importants à l’intérieur qu’à
l’extérieur du parc. Ceci témoigne, à la fois, une diversité floristique plus importante à
l’intérieur du parc, mais aussi d’un développement plus important des individus y sont
présents.
4.7.2..Printemps 2001
Au cours de l’année 2001 la contribution des espèces végétales au couvert a connu une
nette augmentation au cours de la saison automnale par rapport à la saison printanière et ce
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc (tableaux 35 et 36).
Au niveau des groupements on constate que la plupart des espèces pérennes constituant le
cortège floristique du parc ont maintenu leur contribution telle qu’elle a été déterminée au
cours de la première année d’observation (2000). Les espèces faiblement abondantes sont
en majorité des annuelles qui n’arrivent pas à se développer face à la compétition
interspécifique et de l’extension de la croûte de battance qui empêche leur germination.
Les tableaux 32 et 33 illustrent le fait qu’à l’extérieur du parc la contribution des espèces
annuelles est proportionnellement plus élevée que celle des pérennes. L’extension des
thérophytes, déjà observée est due à la dégradation du couvert végétal sous l’effet du
pâturage et à la présence du voile éolien favorable à l’infiltration de l’eau de pluie.
71
Scorzonera undulata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Teucrium polium 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Acacia raddiana
0 0 0 0 0 0 1,9 30,8 0 0 0
Hammada schmittiana 0 100 56,1 97,5 9,1 28,1 61,8 0 0 78,9 94,2
Total 100 100 99,5 100 100 99,5 100 99,8 100 98,7 99,6
- Les contributions spécifiques moyennes les plus faibles sont celles d’Atriplex halimus,
Argyrolobium uniflorum, Peganum harmala, Plantago albicans, etc. ; elles varient de 0.08%
à 0.78%.
A l’extérieur du parc, les contributions spécifiques moyennes les plus importantes sont celles
de Cynodon dactylon (14.38%), Hammada schmittiana (12.98%), et Plantago albicans
(7.85%).
La contribution de Hammada schmittiana peut atteindre 48.55% dans le groupement à
qu’elle donne son nom (T8) et 26.44% dans celui à Hammada scoparia, mais elle est faible
voire nulle dans les autres. Pour Plantago albicans, sa forte contribution se limite au
groupement à Artemisia campestris.
Stipagrostis plumosa (1.11%) Fagonia glutinosa etc, sont moins répandues. Avec des CSP
moyennes de 0.07% et de 0.68% Diplotaxis harra et Argyrolobium uniflorum sont les plus
rares.
La contribution des pérennes au couvert végétal du parc est très supérieure à ce qu’elle est
à l’extérieur (73.77% contre 61.46%).
A l’intérieur du parc, la contribution des pérennes varie d’un groupement végétal à l’autre de
23.7% à 92.83%.
Le valeur minimale (23.7%) est enregistrée au niveau du groupement à Artemisia
campestris, ce qui confirme son effet inhibiteur sur la germination des autres espèces. La
valeur maximale est obtenue au niveau du groupement à Hammada schmittiana et il résulte
essentiellement de l’importance de Pituranthos tortuosus et Hammada schmittiana.
A l’extérieur du parc la contribution des pérennes au couvert végétal varie de 34.32% à
79.59%. Elle prend sa plus faible valeur au niveau du groupement à Cenchrus ciliaris qui
semble le plus dégradé. Les espèces a forte contribution sont Cynodon dactylon (14.85%),
Hammada schmittiana (12.98%) et Plantago albicans (7.85%).
La comparaison des groupements qui se trouvent hors du parc nous a permis de les classer
dans un ordre décroissant en terme de contribution des pérennes comme suit :
- groupement à Helianthemum sessiliflorum, Helianthemum kahiricum (61.79%).
- groupement à Cenchrus ciliaris (21.07%) ;
- groupement à Hammada scoparia (21.07%) ;
- groupement à Hammada schmittiana (14.26%).
76
4.6- Densité
La densité des espèces, au cours des deux saisons sont consignées respectivement dans
les tableaux 37 à 40. Au niveau de ces tableaux, les plantes ont été subdivisées suivant
qu’elles sont des pérennes ou des annuelles. Ces tableaux illustrent la grande différence qui
existe, au niveau de l’abondance, entre l’intérieur et l’extérieur du parc.
4.6.1. Printemps et automne de l’année 2000
Signalons d’abord que les relevés de la densité au niveau du transect T11 (à l’extérieur du
parc) n’ont pas pu être effectués, ce qui limite le nombre d’espèces inventoriées au niveau
de la zone perturbée.
78
Les données du tableau 40 confirme, bien, l’effet bénéfique de la mise en défens dans la
mesure où un ensemble d’espèces pérennes de haute valeur pastorale (telles que
Helianthemum kahiricum, H. sessiliflorum, Plantago albicans et Cenchrus ciliaris) ont
nettement augmené leur présence.
Le nombre total d’espèces inventoriées à l’intérieur du parc, dans les placettes de mesure
de densité, est de 30, à proportion égale entre pérennes et annuelles. Ce nombre est de loin
supérieur à celui enregistré à l’extérieur du parc (seulement 4 taxons). Les espèces
annuelles sont également très peu abondantes au niveau de la zone perturbée
probablement à cause de la faiblesse du stock des semences dans le sol.
En automne, le nombre d’espèces inventoriées à l’intérieur et à l’extérieur du parc est
respectivement d’environ 26 (dont 10 sont des pérennes) et 10 (7 pérennes et 3 annuelles),
soit une différence de 16 espèces. Cette différence entre le nombre d’espèces présentes
dans l’un et l’autre des deux zones atteste, une fois de plus de l’effet bénéfique de la
protection. La plupart des espèces qui ne se trouvent qu’à l’intérieur du parc, sont des
espèces de haute valeur pastorale. Il s’agit en particulier des graminées pérennes qui sont
parmi les premières espèces appétées qui disparaissent suite à une pression animale
élevée.
L’abondance des espèces annuelles est fortement tributaire du régime pluviométrique. Leur
faible densité à l’extérieur du parc, peut être expliquée par leur pâturage.
79
Espèces pérennes
Argyrolobium uniflorum 0 0 0 1 1 0 0 8 0 0.111 0 - 0
Astragalus armatus 0 0 0 0 1 0.5 0.5 0 0 0.222 0 - 0
Atractylis flava 0 0 0 0 0.5 0 0 2 0 0.277 0 - 0
Cenchrus ciliaris 0.5 0 0 0 2.5 0 0 0 0 0.333 0 - 0
Cynodon dactylon 0 0 1. 85 0 0 0 0 0 9.611 0 - 0
5
Echiochilon fruticosum 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0.111 0 - 0
Erodium glaucophyllum 0 9.5 0 1 0 0 0 1 0 1.273 0 - 0
Fagonia glutinosa 0 0 0 0 1.5 1.5 0 3.5 0 0.722 1 - 1
Gymnocarpos decander 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0.111 0 - 0
Hammada schmittiana 0 0 1 0 0 4 0 0 0.555 4 - 4
Hammada scoparia 0 0 1. 0 0 0.5 0 0 0 0.222 0 - 0
5
Helianthemum kahiricum 0 0 0 0 0 7 1.5 0 3 1.277 0 - 0
Helianthemum 0 0 0 0 2.5 3 0 0 1.5 0.777 2 - 2
sessiliflorum
Pituranthos tortuosus 0 0 0 0.5 0 0 0 0 0 0.055 0 - 0
Plantago albicans 1.5 0 0 0 0 0 0 7.5 0 2.5 0 - 0
Salvia aegyptiaca 0 0 0 0 6.5 0 0 0 0 0.722 0 - 0
Stipagrostis ciliata 0 0 0 0 1 0.5 0.5 0 0 0.166 0 - 0
Espèces annuelles
Asphodelus tenuifolius 12.5 31.5 2 0 3.5 0 0 0 0 5.5 0 - 0
Asteriscus pygmaeus 0 0 1. 0 0 15 0 0 0 1.833 0 - 0
5
Astragalus cruciatus 0 0.5 0 0 0 0 0 0 0 0.055 0 - 0
Diplotaxis simplex 0 4 0 4 0 0 0 0 0 0.888 0 - 0
Ifloga spicata 0 5 0 0 3.5 0 0 0 0 0.944 0 - 0
Launaea glomerata 0 15 0 0 0 0 0 0 0 1.66 0 - 0
Launaea resedifolia 13.5 19 0. 29 0 0 0.5 0 0 6.888 0 - 0
5
Malva aegyptiaca 0 0 0 0.5 0 0 0 0 0 0.055 0 - 0
Medicago minima 0 0 4. 30 0 0 0 0 0 3.833 0 - 0
5
Plantago ovata 0 100 2. 0 0 0 0 0 0 11.38 0 -- 0
5 8
80
Espèces pérennes
Argyrolobium 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1.5 0 0.75
uniflorum
Astragalus armatus 0 0 0 0 1 0.5 0.5 0 0 0.222 1 0 0.5
Rhanterium 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0.111 0 0 0
suaveolens
Stipagrostis ciliata 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Espèces annuelles
Asphodelus 7 2 1 14 2.5 0 0 3 0 3.277 0 0 0
tenuifolius
Asteriscus pygmaeus 0 0 1.5 0 0 5 0 0 2.5 1 0 0 0
Enarthrocarpus 4 3 0 6 0 0 0 0 0 1.444 0 0 0
clavatus
Plantules non identf 0 0 0 38 8 3 0 5.5 1.5 6.555 2 2 2
83
Espèces pérennes
Hammada 0 0 0
schmitiana 0 0 1 0 0 0 2 0 0 0,33
Hammada scoparia 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0,11 0 0 0
Helianthemum 0 0 0
kahiricum 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0,11
H. sessiliflorum 0 0 0 0 2 0 0 0 9 1,22 0 0 0
La faible fréquence des espèces peut être aussi attribuée, en plus de la sécheresse
qualifiant cette saison, à notre dispositif expérimental car la surface de placette n’était alors
que d’1 m². Pour cette raison on a élargit notre dispositif à partir de l’automne 2001 comme
suit :
- placette de mesure des espèces pérennes est de 20 m2 par ligne de visée (soit 80 m² par
transect) ;
- placette de mesure des espèces annuelles est d’1 m² par ligne de visé (soit 4 m² par
transect).
4.6.3. Automne de l’année 2001
Les tableaux 39 et 40, montrent que contrairement à ce qu’on s’attend , la densité des
pérennes a été légèrement plus élevée à l’extérieur (5.75 pieds/m²) qu’à l’intérieur du parc
(5.17 pieds/m²) c’est probablement en raison de l’abondance à l’extérieur du parc, des
jeunes plantules de certaines herbacées pérennes à forte dynamique telle que Plantago
albicans, et d’autre moyennement ou faiblement palatables telles que Lotus creticus et
Artemisia campestris. En effet, Artemisia campestris représente à elle seule presque la
moitié de la densité totale à l’extérieur du parc.
L’effet de la protection (comparaison dans et hors parc) le plus important a été mesuré pour
le groupement à Hammada schmittiana et Astragalus armatus. L’amélioration engendrée par
la mise en défens au niveau de la densité totale est de l’ordre de 52.85%. Cette amélioration
n’est que de 14.59% et de 17.89% respectivement pour les groupements à Cenchrus ciliaris
et à Hammada scopaqria, alors qu’elle ne dépasse pas 7.69% pour celui à Rhanterium
suaveolens.
Les tableaux 37 à 40 présentés illustrent la variation des densités moyennes des espèces
pérennes rencontrées dans la zone d’étude.
84
* Espèces favorisées par la mise en défens : ce sont celles qui ont une densité moyenne
plus élevée à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette densité varie de 0.01 à 2.18 touffes/m² dans
le parc. Il s’agit de Cynodon dactylon (2.187%), Salvia aegyptiaca (0.545 pied /m²), Plantago
albicans (0.404 pied /m), Fagonia glutinosa (0.386 pied /m²), Helianthemum sessiliflorum
(0.184 pied /m), Helianthemum kahiricum (0.153 pied /m²), Pituranthos tortuosus (0.137 pied
/m²), Hammada scoparia (0.085 pied/m²), Salvia verbenaca (0.075 pied /m²), Stipagrostis
plumosa (0.074 pied /m²), Astragalus armatus (0.06 pied /m²), Atriplex halimus (0.054 pied
/m²), Gymnocarpos decander (0.05 pied /m²), et Atractylis serratuloides (0.01 pied/m²).
A l’extérieur la densité moyenne de ces espèces varie de 0 à 1.033 pieds /m. Les espèces
se répartissant dans cet intervalle sont : Cynodon dactylon (1.033 pieds /m²), Salvia
aegyptiaca (0.025 pied /m²), Plantago albicans (0.335 pied /m²), Fagonia glutinosa (0.05
pied/m²), Helianthemum sessiliflorum (0.031 pied /m²), Helianthemum kahiricum (0.093 pied
/m²), Pituranthos tortuosus (0.051 pied/m²), Hammada scoparia (0.047 pied/m²), Salvia
verbenaca (0.005 pied/m²), Stipagrostis plumosa (0.029 pied/m²), Astragalus armatus
(0.028 pied/m²), et Atractylis serratuloides (0.002 pied/m²). Atriplex halimus et
Gymnocarpos decander sont totalement absentes dans ce milieu.
Malgré son importance à l’intérieur, la densité de Plantago albicans reste cependant assez
importante dans la zone pâturée. Plantago albicans se caractérise par sa faible production,
mais aussi par son grande capacité reproductive (Neffati, 1984), son aptitude à la
multiplication végétative (CCE, 1993) et sa résistance à la sécheresse (Henchi et al., 1986).
L’ensemble de ces caractères peuvent nous expliquer la forte densité de l’espèce dans la
zone perturbée. Toutefois l’écart entre les densités des deux milieux reste lié à l’intérêt
pastoral de l’espèce. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc, Plantago albicans se
trouve avec un pic de densité (0.40 et 0.33 pieds/m² respectivement) au niveau du
groupement à Rhanterium suaveolens.
Malgré sa grande capacité reproductive (Neffati et Akrimi, 1991), Helianthemum
sessiliflorum est faiblement répandue dans la zone pâturée (0.03 pied/m²). Hautement
palatable (Waechter, 1982), l’espèce est surtout consommée en période correspondant au
stade de floraison-fructification d’où la difficulté d’achever son cycle de vie et de disséminer
les graines pour se reproduire.
Helianthemum kahiricum ne présente pas d’après Chaieb (1991) un grand intérêt pastoral,
mais sa densité a bien bénéficié de la protection ceci est probablement imputable aux
exigences édaphiques de l’espèce.
L’importante densité de Hammada scoparia à l’extérieur du parc résulte de la faible
palatabilité de l’espèce. Cependant la forte densité de Cynodon dactylon (2.187 pied/m²) et
à moindre degré celle de Pituranthos tortuosus (0.137pied/m²) peuvent s’expliquer par le fait
que ces deux espèces ont envahis les anciennes friches post-culturales existant dans le
parc. Elles sont très répandues aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc ; il est possible
de les rencontrer dans tous les groupements avec des densités toujours élevées.
Atriplex halimus et Gymnocarpos decander se considèrent parmi les espèces les plus
raréfiées dans la zone perturbée et même dans celle protégée. Leur répartition reste limitée
au niveau des groupements à Rhanterium suaveolens et à Cynodon dactylon et
Pituranthos tortuosus pour la première et au niveau du groupement à Helianthemum
kahiricum et Gymnocarpos decander pour la seconde.
* Espèces défavorisées par la mise en défens : ce sont les espèces dont la densité a
diminué sous l’effet de la protection. On cite en particulier Artemisia campestris (2.265
pieds/m²), Lotus creticus (0.46 pied/m²), Hammada schmittiana (0.147 pied/m²), Stipagrostis
ciliata (0.09 pied /m²) Peganum harmala (0.078 pied/m²), Argyrolobium uniflorum (0.077
pied/m²), Diplotaxis harra (0.053 pied /m²) et Salsola vermiculata (0.012 pied/m²).
Le faible écart (0.021 pied/m² en faveur de celui à l’extérieur) entre la densité
d’Argyrolobium uniflorum dans et hors parc atteste de l’effet similaire d’une protection de
85
longue durée et un pâturage continu. Il s’agit en effet d’une espèce très appétée (Waechter,
1982), beaucoup d’études (Ould Sidi Mohamed , 1998; Chaieb, 1989) ont montré que cette
espèce ne supporte que mal une mise en défens prolongée et préfère un pâturage léger.
Etant une espèce intratophile indicatrice de dégradation, Peganum harmala est plus
répandue à l’extérieur (0.078 pied /m²) alors qu’elle ne dépasse pas 0.006 pied /m² à
l’intérieur du parc où elle se rencontre uniquement dans le groupement à Artemisia
campestris.
La densité d’Artemisia campestris, qui occupe les anciennes friches post-culturales, est
relativement faible à l’intérieur du parc suite à la mise en défens, indiquant ainsi un état de
régénération de l’écosystème initialement existant. Etant donné que cette espèce des
friches post-culturales ne présente aucun intérêt pastoral, elle est délaissée par les animaux
d’où son importance à l’extérieur du parc. Dans ce milieu Artemisia campestris n’est
rencontrée qu’au niveau du groupement caractéristique de l’espèce, avec une densité
extrêmement élevée (13.58 pieds/m²). Le puissant système racinaire d’Artemisia campestris
lui a permis de bien exploiter les ressources hydriques et inhiber le développement des
autres espèces. Cynodon dactylon (2.08 pieds/m²) est la deuxième espèce de ce
groupement. Cette association constitue d’après Nabli (1989), un stade de transition entre
les groupements des terres cultivées et ceux des steppes sur sable.
De même pour Diplotaxis harra, sa forte densité est imputée à sa faible palatabilité.
La faible capacité de germination des semences de Lotus creticus (Neffati et Akrimi, 1991)
peut être à l’origine de sa faible densité (0.048 pied/m²) et de sa faible répartition à l’intérieur
du parc (il ne se trouve que dans les deux groupements à Cenchrus ciliaris et à Cynodon
dactylon et Pituranthos tortuosus). L’espèce est en effet plus répandue (0.46 pied/m²) à
l’extérieur du parc.
Bien qu’elles soient de bonne valeur pastorale Cenchrus ciliaris, Echiochilon fruticosum et
Stipagrostis ciliata sont plus denses à l’extérieur du parc qu’à l’intérieur. Mais elles se
présentent dans la majorité des cas comme des individus très pâturés avec un nombre très
réduit de tiges le plus souvent défeuillées.
* Espèces indifférentes à la mise en défens. La densité de ces espèces dans les deux
milieux est sensiblement comparable (différence de 0.003 à 0.006 pied/m²). Ce sont
généralement des espèce à faible densité. Il s’agit de Lycium shawii, Marrubium deserti et
Polygonum equisetiforme.
Les résultats de suivi de la végétation dans la zone 1 (Borj Bou Hedma) et la zone 3 ainsi
que les relevés du printemps 2002 seront présentés dans le prochain rapport.
86
De par son climat et sa situation géographique, la Tunisie possède une faune riche d’origine
variée. On y a recensé soixante quinze espèces de mammifères, environ quatre cents
espèces d’oiseaux, un grand nombre de reptiles et de batraciens et un nombre très
important d'invertébrés.
La conservation de cette ressource naturelle est un objectif constant de la Tunisie parce
qu’elle constitue un des principaux facteurs de maintien de l’équilibre écologique à côte de
son intérêt économique considérable.
En plus des mesures législatives, la protection de la faune a fait l’objet de mesures
techniques ayant pour objet la sauvegarde des espèces rares ou en voie de disparition.
Parmi ces techniques, la création de réserves et parcs nationaux et l'instauration des aires
protégées sur l’ensemble du pays et la réintroduction de certaines espèces animales
disparues.
Nombres d'espèces
Gastropodes
7% 0%
13%
Arachnides
15% 0%
Crustacées
Insectes
9% Poissons
1% Amphibiens
0% Reptiles
55% Oiseaux
Mammifères
’
2.2- Dynamique de la population de l antilope Addax
Les habitats caractéristiques de l’antilope Addax sont les ergs, plateaux et regs des régions
désertiques et pré-désertiques du Sahara africain. Typiquement saharien, l’Addax peut vivre
sans abreuvage et peut détecter la survenue des précipitations et donc la présence de
nouveaux pâturages jusqu’à 400 km. Soumise à une forte pression de chasse, l’espèce
s’est éteinte autour de 1932 en Tunisie.
Décidé en 1983, le programme de réintroduction a commencé par l’importation à Bou
Hedma de 14 Addax (4 mâles et 10 femelles), installés en enclos dans la Zone de Protection
Intégrale 1. L’opération a réussi, avec une bonne reproduction qui a permis à l’élevage
d’atteindre un effectif de 44 animaux en février 2000, actuellement répartis sur les zones ZP1
et ZP3 (3 couples ont été transférés en 1993 de la ZPI 1 à la ZPI 3, afin de réduire la
concurrence et les affrontements avec les Oryx).
91
I- INTRODUCTION
La Tunisie a connu un fort essor démographique dans les années 1930 (ANPE, 1996 ) ; le
croît démographique s’est prolongé sur un demi-siècle environ et s’est accéléré à partir des
années 1950 jusqu'à la fin des années 1970 (tableau 43).
Dans les années 1980 et avec l’amorce de la transition démographique, on a assisté à une
décélération du rythme de la croissance démographique, liée à un fléchissement significatif
de l’indice synthétique de fécondité (ISF = nombre d’enfants que mettra une femme durant
toute sa vie féconde). de 7.15 en 1966 à 3.48 en 1989 ( INS, 1994 ).
Cette baisse est à mettre à l’actif des efforts fournis en matière de promotion du statut de la
femme, comme le recul de l’âge du mariage qui est passé de 16 ans et demi en 1970 à 24
ans en 1984 ( INS, 1984 ), la scolarisation ainsi que la grande participation des femmes à
l’activité économique. Plusieurs facteurs tels que le vieillissement de la population et sa
sédentarisation, liée au recul du pastoralisme, conduisent à des changements sociaux et
économiques. Actuellement les sociétés de la steppe se partagent un espace qui se
concentre autour des points de sédentarisation, ce qui entraîne une transformation profonde
du paysage caractérisée par une implantation agricole et l’apparition de nouvelles
ressources hydrauliques. De façon corollaire cette société s’ouvre aux marchés extérieurs.
L’observatoire de Haddej Bou Hedma englobe six Imadats dont le peuplement varie entre
2000 et 3000 habitants ; il s’agit de Talah est, Talah Ouest, Jbilt El-Ouast dans le
gouvernorat de Gafsa et Bou Hedma, Essoud et El Khoubna dans le gouvernorat de Sidi
Bouzid (figure 22). L’observatoire compte en tout 14676 habitants, dont 8100 habitants dans
la délégation de Belkhir et 6576 habitants dans la délégation de Mazzouna. Ces délégations
se décomposent en imadats.
et Menzel Habib, ces familles se déplaçaient avec leurs troupeaux, à la recherche d’eau et
de pâturages pour le bétail. Ces groupes humains se sont efforcés de garder leur entière
autonomie sur le territoire qu’ils se sont appropriés.
A l’époque de la colonisation française, ces groupes ont été appelés à se sédentariser. Ainsi
des espaces ont été délimités et attribués plus formellement, ce qui a transformé
l’organisation territoriale. Simultanément est apparue une forme de semi-nomadisme
établissant diverses relations entre steppes et oasis.
A partir de l’indépendance (1956), le gouvernement tunisien a renforcé la sédentarisation
tout en adoptant diverses mesures d’accompagnement, telles que la privatisation des terres
collectives, la libération de l’économie, les projets et programmes de développement rural.
Les données de l’enquête ( INS, 1994 in ANPE, 1996) dénotent un taux de dispersion élevé
concernant 82% des ménages qui vivent d’ailleurs en milieu rural. L’observatoire totalise
2394 ménages, dont la taille moyenne de 7 personnes est supérieure à celle enregistrée au
niveau du gouvernorat du Gafsa et de Sidi Bouzid (5,8 et 6 personnes).
L’enquête réalisée en 20001 fait apparaître que près de 62% des personnes sont
analphabètes, 14% ont atteint le niveau du Kotteb “ Ecole Coranique ”. Si 16% de la
population a pu poursuivre des études primaires, seule 8% d’entre elle a atteint le niveau
secondaire.
1
Pour mieux comprendre la dynamique sociale des populations à Bled Talah, leurs systèmes d’usage
et d’exploitation des ressources naturelles, une approche de terrain interdisciplinaire a été développée
en 1998 sur une zone géographique déterminée en concertation entre les différentes équipes de
spécialistes. Des enquêtes ont été conduites auprès des populations locales (agriculteurs, éleveurs,
responsables locaux ) et une investigation spécifique a été mené auprès de 75 ménages aux fins
d’aboutir à « un diagnostic socio-agro-économique » permettant de caractériser leurs modes
d’exploitation du milieu.
95
3.1- Habitats
La structure sociale est essentiellement fondée sur les liens de parenté et le partage d’un
patrimoine foncier : les maisons agglomérées correspondent à autant de groupes familiaux
qui sont chacun constitués d’un ensemble de ménages. La population du Bled Talah se
trouve ainsi répartie entre plus de trente groupes de maisons agglomérées (douars),
chacune d’entre elles comptant plus de dix ménages.
La sédentarisation à Bled Talah est très ancienne comme en témoigne la cité archéologique
de Gsar Graouch qui date de l’époque romaine. Actuellement les maisons sont très
dispersées. La typologie du logement est évolutive, la maison rurale (houch) varie entre la
pièce unique où vit toute la famille et des maisons plus grandes en forme de L ou U
composées de plusieurs pièces abritant les nouveaux ménages.
On peut trouver trois types de constructions :
- Le houch à une seule pièce. Généralement de superficie 24 m2 (3 m x 8 m) de superficie.
Ce type de logement s’organise autour d’une cour (parfois non clôturé) Il est dépourvu de
tout équipement (cuisine, salle d’eau). La vie du ménage se déroule dans la pièce unique qui
abrite toutes les fonctions du logement.
- Le houch simple en forme de L . Comporte plus de pièces (2 au moins) et la cour est
clôturée. La finition de ce type de maison est plus élaborée.
- Le houch en forme de U. Correspond à la phase finale de l’évolution du logement rural. Il
est souvent équipé d’un coin de cuisine à part et sa surface est variable selon les familles.
Le taux d’isolement des habitats est très important (82%). En effet, la région du Bled Talah,
ne compte que deux agglomérations (Haouel El Oued et El Bouaa )
3.2- Infrastructures
L’infrastructure de base ne cesse de s’améliorer dans le souci d’assurer un minimum de bien
être pour cette population rurale. Bled Talah est relié au siège de la délégation de Bel Khir
par une route (12 km). La route goudronnée reliant Haouel El Oued et Borj Bou Hedma est
encore incomplète. Elle atteint douar Haddej. L’intérieur du secteur communique par un
réseau entretenu de pistes agricoles bien carrossables. Le transport , assuré par des privés,
s’effectue par des moyens trés modestes, le plus répandu étant la charrette que ce soit pour
circuler entre les Douars ou à l’intérieur de la région. Le niveau d’accés au réseau
d’alimentation en eau potable est faible et le seul moyen de s’approvisionner reste le recours
aux forages et aux robinets publics et aux sources naturelles.
L’électrification qui est en cours ne concerne pour l’instant qu’une minorité de logements,
22% des habitants selon le recensement de 1994. La zone est raccordée au réseau
téléphonique public. Des cabines téléphoniques publiques sont aussi installées dans le
village de Haouel El Oued et El Bouaa.
Le souk de Haouel El Oued a favorisé l’expansion d’un certain dynamisme. En effet le
surplus de production est vendu le jour du souk, ce qui évite aux paysans de se déplacer
pour la vente de leurs produits où même pour s’approvisionner. D’une manière générale le
souk contribue au désenclavement de la région et répond aux besoins vitaux des ruraux.
Plus qu’un marché au sens strict du mot, le souk est également une assemblée sociale et
97
4.1- L’agriculture :
L’agriculture extensive est la principale activité économique et la première source de revenus
de la zone de Bled Talah. Grâce aux aménagements traditionnels (tabias, jessours) les
eaux de pluies sont récupérées et exploitées pour les plantations arboricoles et pour des
cultures vivrières annuelles très diversifiées en années pluvieuses.
L’interdiction de prélèvement des ressources pastorales accélère le processus
d’intensification des productions agricoles dans la zone. Le système agraire passe d’un
système basé sur l’agriculture pluviale et l’élevage vers un système plus intensif où
l’agriculture irriguée occupe une place de choix. Cependant les conditions de sécheresse qui
ont frappé la région depuis 1997 ont beaucoup affecté le secteur de l’agriculture.
4.1.1. L’arboriculture
L’arboriculture jouit d’une place importante dans l’activité économique agricole de la zone et
occupe une superficie de 12 000 ha environ dans les jessours et 6 445 ha en plaine.
Cependant, son rendement est faible en raison de sa conduite extensive caractérisée par
une absence complète d’apport de fertilisation chimique et organique, une taille non
pratiquée ou peu soignée, des cultures annuelles en intercalaire), et de conditions
climatiques peu favorables. L’arboriculture a effectivement énormément souffert de la
sécheresse.
On note que l’olivier et l’amandier sont les espèces les plus plantées, suivies de loin par le
figuier et le pistachier. L’olivier trouve effectivement dans la zone des conditions climatiques
et pédologiques favorables, surtout pour les cultures en "Meskat" qui optimise l’utilisation
des eaux de ruissellement. En ce qui concerne l’amandier, aussi bien dans les jessours que
sur la plaine, est le plus touché ; on estime que 40% du patrimoine a été perdu durant ces
dernières compagnes 1999, 2000 et 2001.
4.1.2. La céréaliculture
L’activité céréalière constitue l’essentiel des cultures annuelles pratiquées dans la zone. Les
cultures pratiquées sont par ordre d’importance décroissante: le blé et l’orge. La superficie
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occupée est très variable d’une année à l’autre (2000 ha en 1996 pour 5130 ha en 1997)
selon les quantités de pluies automnales enregistrées. Deux variétés locales précoces sont
particulièrement appréciées, la variété "Ajili" pour le blé (qui occupe 70% de la superficie
réservée à la céréaliculture) et " Ardhaoui" pour l'orge (qui en occupe 30%) car elles
s'adaptent bien aux sols de type "grâas" qui correspondent aux dépressions et terres
sableuses et au climat aride inférieur.
Comme partout dans le sud, la céréaliculture joue un double rôle de culture de subsistance
et de moyen d’affirmation de la propriété foncière. Les rendements de la céréaliculture dans
la zone sont aléatoires et limités par un faible niveau technique délaissant l’assolement et
ignorant le recours aux fertilisants. L’estimation de ces rendements reste délicate et s’évalue
à environ vingt quintaux à l'hectare. Cette production est priotairement destinée à
l’autoconsommation familiale. Les grains sont conservés dans des sacs “ ghrara ”, ou dans
des silos en alfa “ rouniya ”, ou encore dans des trous creusés dans le sol “ matmour ” et
servent de réserves alimentaires en cas de sécheresse. Toutefois le surplus est vendu ou
bien utilisé pour l’engraissement des animaux. La céréaliculture offre également des sous-
produits tels que la paille et le chaume qui sont utilisés pour l'alimentation animale en
période de disette.
4.1.3. Les cultures irriguées
L’introduction des cultures irriguées est relativement récente et la superficie attribuée à ce
type de culture est très variable étant donné qu’elle est conditionnée par la pluviométrie. Leur
exploitation est morcelée en petites parcelles sur lesquelles l’utilisation des engrais
chimiques et des produits de traitement reste très limitée. La production, généralement
faible, est destinée au besoin familial, le peu de surplus est vendu au Souk et apporte une
infime contribution dans l’activité économique locale.
4.1.4. L’élevage
L’élevage constitue une activité importante dans la zone avantagée par de vastes parcours
disponibles. Cette activité présente de façon ancestrale chez une population d’origine
nomade occupe une place primordiale et constitue l’un des piliers de l’économie locale.
Contrairement aux caprins peu nombreux, le cheptel ovin, en grande partie de race
barbarine , constitue l’essentiel des troupeaux de la zone. Le mode de conduite des
troupeaux est généralement extensif, conduit par des bergers familiaux.
Cet d’élevage se trouve souvent associé à d’autres activités agricoles et procure par
conséquent un complément de revenu pour l’agro- éleveur.
Comme les activités agricoles, l’élevage a été très touché par la sécheresse de ces trois
dernières campagnes. Il a ainsi vu ses parcours de plus en plus réduits, du fait de la mise en
défens des ressources et de l’interdiction de pacage. N’arrivant plus à satisfaire les besoins
alimentaires du cheptel, les éleveurs ont dû recourir à la complémentation par l’orge et les
aliments concentrés (son de blé) fournis par les représentants de l’Office des Céréales. Ces
achats constituent une forte dépense pour les ménages. On estime que 20% du cheptel au
moins a été liquidé durant ces dernières années de sécheresse.
4.2- l’artisanat
Marquée par une faible densité de population, cette zone ne connaît pas d’activité
industrielle et développe un artisanat de façon très marginale.Les femmes de la région sont
les héritières d’une longue tradition en matière d’artisanat, notamment dans le tissage (la
confection du margoum, du klim du burnous et du ghrara avec de la laine et du poil) dont la
production reste essentiellement orientée vers l’usage domestique. La vannerie (fabrication
de paniers, zimbil, nattes) est également bien maîtrisée mais elle n’est plus pratiquée depuis
plusieurs années, suite à l’interdiction de prélèvement des feuilles d’alfa (Stipa tenacissima).
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CONCLUSION GENERALE
vision plus globale. La lutte contre la désertification doit s’inscrire dans le cadre d’un
développement intégré où chaque projet doit prendre en compte la nécessité de conserver
un patrimoine naturel et socio-culturel régional commun.
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