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Chapitre 4

Du résultat à la variation
de l’endettement net

Le Chapitre 1 conduisait au tableau des flux de trésorerie qui rassemble l'ensemble des
dépenses et des recettes enregistrées au cours d'une période et détermine le
désendettement net.

Le Chapitre 2 aboutissait au compte de résultat, qui résulte du recensement de


l'ensemble des produits et charges d'un exercice.

On pourrait croire que ces deux optiques, radicalement différentes, n'ont aucune
relation. Mais le bon sens nous dit que quelqu'un de riche aura, tôt ou tard, de la
trésorerie, et que quelqu'un de pauvre connaîtra des problèmes de trésorerie, sauf à
faire fortune entre-temps…

Bien que la complexité des mécanismes d'une entreprise implique des décalages
entre bénéfice et trésorerie, il y a cependant, tôt ou tard, convergence. L'objet de ce
chapitre est de réconcilier l'optique « trésorerie » et l'optique « résultat ».

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SECTION 1 : ANALYSE DES RESULTATS DANS UNE OPTIQUE
DE FLUX DE TRESORERIE

Nous verrons que, dans la pratique, les flux sont reconstitués à partir des variations de
comptes du bilan.

1. LES PRODUITS D'EXPLOITATION

Les recettes d'exploitation devraient être égales aux ventes de l’exercice mais elles en
diffèrent car les clients paient avec certains délais, ou par avance. Les recettes
d'exploitation ne sont donc égales aux ventes de l’exercice que si celles-ci ont été payées
comptant ; à défaut, elles viendront accroître l'encours clients.

Augmentation de

l'encours clients

Recettes
= Ventes de l'exercice ou
d'exploitation

Diminution de
+
l'encours clients

2. LA VARIATION DES STOCKS DE PRODUITS FINIS ET DES


ENCOURS DE PRODUCTION

Comme nous l’avons vu dans la présentation du compte de résultat par nature, le


décalage entre la production et la vente est régularisé par la mécanique de la
production stockée pour les produits finis ou des variations de stocks pour les encours
de production. Mais il ne s'agit là que d'une simple écriture comptable pour déduire
des charges d'exploitation les charges qui ne correspondent pas aux produits vendus ;
cette variation n'a aucune incidence en trésorerie ; les comptables parlent à ce niveau
d'écriture d'inventaire. Ces variations de stocks doivent donc être annulées en
trésorerie.

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3. LES CHARGES D'EXPLOITATION

Tout comme les produits d'exploitation diffèrent des recettes d'exploitation, les
charges d'exploitation diffèrent des dépenses d'exploitation. Les dépenses ne sont pas
égales aux charges d'exploitation de l'exercice compte tenu :
 du décalage lié aux conditions de règlement obtenues par l'entreprise (crédit
accordé par ses fournisseurs…) ;
 du fait qu'une partie des achats n'est pas consommée au cours de l'exercice. Ce
décalage différenciant les achats des consommations est régularisé par
l'inscription en compte de stocks des matières premières non encore
consommées.

Les décalages ainsi enregistrés se traduisent alors :


 pour le premier, par des variations de dettes d'exploitation ;
 pour le second, par le décalage entre la consommation de matières premières et
les achats, enregistré au niveau des stocks de matières et de marchandises.

Augmentation du stock de
+
matières et de marchandises
ou
Diminution du stock de matières

et de marchandises
Charges
Dépenses
= d’exploitation
d'exploitation
consommées
Diminution des dettes
+
fournisseurs
ou
Augmentation des dettes

fournisseurs

Entre recettes et produits d'exploitation d'une part, dépenses et charges


d'exploitation d'autre part, il n'y a que des décalages dans le temps
provenant des délais de paiements (paiements différés) et des variations
de stocks (charges différées)

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La somme des décalages entre les produits et les charges d’exploitation d’une part
et les recettes et les dépenses d’exploitation d’autre part peut donc se résumer comme
suit :

COMPTE DE
DIFFÉRENCE TABLEAU DE FLUX
RÉSULTAT

Production vendue – Variation de = Recettes d’exploitation


(chiffre d’affaires) l’encours clients
(paiements
différés)
+ Production stockée – Production stockée = 0
(charges différées)
– Charges + Variation de
d’exploitation l’encours
consommées fournisseurs
(paiements
différés)
– Variation des = Dépenses d’exploitation
stocks de matières
et de marchandises
(charges différées)
= = =
Excédent brut – Variation du besoin = Excédent de trésorerie
d’exploitation en fonds d’exploitation
de roulement
d’exploitation

On reconnaît dans la colonne centrale du tableau ci-dessus les éléments de la


variation entre deux bilans du besoin en fonds de roulement tel que nous l’avons défini
au Chapitre 3.

La variation du besoin en fonds de roulement d'exploitation explique la


différence entre l'excédent brut d'exploitation et l'excédent de trésorerie
d'exploitation.

Positive, c'est un besoin de financement et l'on parle d'augmentation du besoin en


fonds de roulement. Négative, c'est une ressource de financement et l'on parle de
diminution du besoin en fonds de roulement.

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La variation du besoin en fonds de roulement n'est qu'un simple décalage entre le
solde des flux de trésorerie liés à l'exploitation (excédent de trésorerie d'exploitation)
et la génération de richesse liée à l'exploitation (excédent brut d'exploitation). Mais
attention, qui dit « décalage » ne signifie pas, comme nous le verrons ultérieurement,
faible montant, faible importance, courte durée, et coût nul, en d'autres termes quelque
chose de négligeable…

L’analyse de la variation du besoin en fonds de roulement est sans doute


l'un des points essentiels de l'analyse financière.

4. L'INVESTISSEMENT

Le processus d'investissement de l'entreprise se traduit à la fois par des flux de


trésorerie négatifs ne reflétant aucun appauvrissement de l'entreprise et par la
constatation comptable au compte de résultat de la dépréciation des biens acquis, sous
forme de dotations aux amortissements, qui ne traduisent aucune sortie de trésorerie.

5. LE FINANCEMENT

Tout comme le cycle d’investissement, le cycle des ressources financières est par
essence un cycle propre à la trésorerie. Les ressources financières (nouveaux emprunts,
augmentations de capital) n’apparaissent pas au compte de résultat où seule apparaît
la rémunération d’une partie de ces ressources : les intérêts des emprunts.

Les flux de trésorerie rémunérant les ressources financières correspondent soit à


des charges (les intérêts), soit à la distribution de la richesse créée par l'entreprise à ses
pourvoyeurs de capitaux propres (les dividendes).

En supposant, par souci de simplification, l'absence de décalage entre la


constatation de la charge et son paiement effectif, il convient donc de distinguer :
 la rémunération des ressources d'emprunt (frais financiers) qui influe sur la
situation de trésorerie et sur le résultat ;
 la rémunération des apporteurs de capitaux propres (dividendes) qui influe sur
la situation de trésorerie et sur le résultat mis en réserve mais non sur le résultat
net ;
 les remboursements d'emprunts et l’encaissement des ressources financières
externes (augmentations de capital ou emprunts) qui influent sur la trésorerie,
mais n'ont aucune incidence sur le résultat.

Enfin, l’impôt sur les sociétés est à la fois une charge qui apparaît au compte de
résultat et un flux de trésorerie rémunérant l’État qui, s’il n’apporte pas de fonds à

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l’entreprise, met à sa disposition un ensemble de services gratuits et de droits :
infrastructure, sécurité, formation…

Nous pouvons terminer notre tableau et passer du résultat au désendettement net :

DU COMPTE DE RESULTAT… AU TABLEAU DE FLUX

COMPTE DE
DIFFÉRENCE TABLEAU DE FLUX
RÉSULTAT

Excédent brut – Variation du = Excédent de trésorerie


d'exploitation besoin en fonds d'exploitation
de roulement
d’exploitation
– Investissements = – Investissements
– Dotations aux + Dotations aux
amortissements amortissements = 0
= Résultat = Flux de trésorerie disponible
d’exploitation avant impôt
– Charges = – Charges financières nettes
financières des produits financiers
nettes
des produits
financiers
+ Augmentations = + Augmentations de capital
de capital
– Impôt sur les = – Impôt sur les sociétés
sociétés
– Dividendes = – Dividendes versés
versés

= Résultat net + Total de la = Désendettement net


colonne

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SECTION 2 : LE TABLEAU DES FLUX DE TRÉSORERIE

Ce même tableau nous permet de faire l'exercice inverse auquel nous nous sommes
livrés ou plus exactement d'expliquer la variation de l’endettement net à partir du
résultat net. Pour ce faire, il suffit d'ajouter au résultat net l'ensemble des mouvements
de la colonne centrale :

Résultat net
+ Dotations aux amortissements1
– Variation du besoin en fonds de roulement d’exploitation
– Investissements nets des cessions d’actifs
+ Augmentations de capital
– Dividendes versés
= Désendettement net

Si l’on essaie de classer les différentes rubriques permettant de passer du résultat au


désendettement net, il nous paraît utile de présenter le raisonnement suivant.

Le résultat devrait, normalement, apparaître en « caisse ». Toutefois, s'y ajoutent


certaines charges calculées (dotations aux amortissements, dépréciations et certaines
dotations aux provisions) qui sont venues en déduction pour sa détermination (mais
qui n'ont aucune incidence en trésorerie), pour constituer ce que l'on appelle la
capacité d'autofinancement.

Puis, celle-ci n'apparaîtra effectivement en « caisse » que compte tenu des décalages
liés au cycle d'exploitation et que reflète la variation du besoin en fonds de roulement
d’exploitation.

Enfin, les fonctions investissement et financement génèrent des emplois et des


ressources de trésorerie correspondant à des flux sans conséquence immédiate sur le
résultat.

Au total, le tableau de flux de trésorerie comporte trois blocs correspondant aux trois
fonctions :

1Y compris les dotations aux provisions pour restructuration et les dépréciations d’actifs immobilisés et, dans le cas
particulier des comptes consolidés (voir Chapitre 6), des dotations aux amortissements des écarts d’acquisition
(normes françaises) et les dépréciations des écarts d’acquisition (normes IFRS).

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 flux de trésorerie provenant de l’exploitation ;
 flux de trésorerie d’investissement ;
 flux de trésorerie de financement.

1. DU RESULTAT NET A LA CAPACITE D'AUTOFINANCEMENT (CAF)

Comme nous venons de le voir, la dotation aux amortissements et la variation des


dépréciations d’actifs immobilisés et des dotations aux provisions 2 ne sont que des
charges calculées et n'ont aucune conséquence en trésorerie. Dans une optique de
trésorerie, elles ne sont pas d'une nature différente de celle du résultat. Aussi viennent-
elles s'ajouter naturellement au résultat pour constituer l'ensemble des ressources
internes générées par l'entreprise.

Ces deux éléments constituent la capacité d'autofinancement de l'entreprise, que le


comptable affecte « en résultat » ou « en amortissements ou provisions » selon des
règles sociales et fiscales.

Une précision supplémentaire sur les opérations non récurrentes du compte de


résultat 3 : il a été décidé que la capacité d'autofinancement serait calculée après
produits et charges non récurrents, mais hors plus-values (ou moins-values) sur
cessions d'actifs qui doivent être neutralisées puisque faisant partie du résultat net.

La CAF peut être calculée, soit à partir du résultat net :

Résultat net
+ Dotations aux amortissements4
+ Dépréciations d’actifs immobilisés
+ Variation des provisions à caractère de réserve
+/– Moins-values (plus-values) sur cession d’actifs5
= Capacité d’autofinancement

… on parle alors de méthode additive ;

2 Pour plus de détails sur les provisions, voir ci-après.


3 Pour plus de détails sur les opérations non récurrentes, voir ci-après.
4 Y compris, dans le cas particulier des comptes consolidés (voir Chapitre 5), les dotations aux amortissements des

écarts d’acquisition (normes françaises) et les dépréciations des écarts d’acquisition (normes IFRS).
5 Afin donc de ne pas les prendre en compte dans le calcul de la CAF.

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soit à partir de l’excédent brut d’exploitation par une méthode dite « soustractive » :

Excédent brut d’exploitation6


Résultat financier (hors dotation aux dépréciations financières nettes
+
des reprises
+ Résultat non récurrent ayant un impact en trésorerie7
– Impôt sur les sociétés
= Capacité d’autofinancement

2. DE LA CAPACITE D'AUTOFINANCEMENT AUX FLUX DE


TRESORERIE PROVENANT DE L'EXPLOITATION

Pour passer de la capacité d'autofinancement au flux de trésorerie généré par


l'exploitation (ou plus simplement flux de trésorerie d’exploitation), il faut retrancher
les décalages de trésorerie liés au cycle d'exploitation.

On a donc :
Flux de trésorerie provenant de l’exploitation = Capacité
d’autofinancement - Variation du BFR d’exploitation.

6 Sous déduction de la participation des salariés si elle n’a pas déjà été incluse dans les frais du personnel.
7 Hors plus et moins-values de cession.

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3. LES AUTRES MOUVEMENTS DE TRESORERIE

Nous venons d'isoler les mouvements de trésorerie liés à l'activité ; nous pouvons donc
maintenant classer les autres mouvements entre ceux qui sont liés à la politique
d'investissement et ceux qui sont liés au financement de l'entreprise.

La fonction investissement regroupe :


 les investissements en immobilisations corporelles et incorporelles
(investissements industriels) ;
 les cessions d'actifs corporels et incorporels : il s’agit du prix de vente des
immobilisations et non des plus et moins-values (qui ne sont pas des flux de
trésorerie) ;
 les investissements en immobilisations financières.

Le cas échéant, on pourra également intégrer l'incidence des décalages de trésorerie


sur cette fonction et notamment le besoin en fonds de roulement hors exploitation (s’il
s’agit de dettes envers des fournisseurs d’immobilisations).

Le flux de trésorerie disponible après frais financiers 8 est défini comme la


différence entre les flux de trésorerie provenant de l’exploitation et les flux
d’investissement.

La fonction de financement regroupe quant à elle :


 d’une part, les augmentations de capital en numéraire et les dividendes versés
cet exercice (au titre des résultats de l'exercice précédent) ;
 d’autre part, la variation de l’endettement net qui résulte des remboursements
des dettes (court, moyen et long termes), des nouveaux emprunts, de la
variation des placements financiers et de la variation du disponible.

Nous retrouvons ainsi le tableau de flux du Chapitre 1 mais selon la méthode


indirecte qui part du résultat net et qui permet de classer les flux par fonction
(exploitation, investissement, financement) :

8 On verra au Chapitre 21 que, dans une optique d’évaluation, il est retenu avant frais financiers.

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TABLEAU DE FLUX (EN M€)

OPÉRATIONS D'EXPLOITATION

Résultat net
 Dotations aux amortissements et dépréciations sur actifs immobilisés
 Autres éléments sans incidence sur la trésorerie
 Capacité d'autofinancement
 Variation du besoin en fonds de roulement
 FLUX DE TRESORERIE D'EXPLOITATION (A)

OPÉRATIONS D'INVESTISSEMENT

Investissements en immobilisations corporelles et incorporelles


 Cessions d'immobilisations corporelles et incorporelles
/ Acquisitions (cessions) d'immobilisations financières
/ Acquisitions (cessions) d'autres actifs non courants
 FLUX D’INVESTISSEMENT (B)
 FLUX DE TRESORERIE DISPONIBLE APRES FRAIS FINANCIERS (A – B)

OPÉRATIONS DE FINANCEMENT

Augmentations de capital (C)


Dividendes versés (D)
A – B + C – D = DESENDETTEMENT NET

Le désendettement net se décompose de la façon suivante :

Remboursement de dettes financières à moyen et long termes


 Nouveaux emprunts à moyen et long termes
 Variation des valeurs mobilières de placement (placements financiers à court
terme)
 Variation du disponible
 DÉSENDETTEMENT NET

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