Vous êtes sur la page 1sur 52

Inclure par

le sport

Guide de capitalisation n° 7


Ce guide est édité par
le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion,
Haut-commissariat aux compétences.

Contenus élaborés par


le Groupement Itinere Conseil – Geste – Orseu,
à partir des contributions des lauréats ayant témoigné de leur expérience
et avec l’appui du Haut-commissariat aux compétences.

Conception
Vraiment Vraiment
Inclure par
le sport

Octobre 2022
4 Inclure par le sport

Ce guide documente un ensemble de bonnes pratiques, en matière


d’inclusion par (voire vers) le sport. Ces pratiques sont celles d’acteurs
lauréats des appels à projets « Repérer et (re)mobiliser les publics
invisibles », « 100 % Inclusion, la fabrique de la remobilisation »
et « Intégration professionnelle des réfugiés » du Plan d’investissement
dans les compétences.

Les 7 guides de la collection forment un tout, éclairant des


composantes essentielles de parcours visant l’inclusion de personnes
en grande difficulté sur le marché du travail : repérage, remobilisation,
reconnaissance des compétences, mobilisation des entreprises, etc.
Réalisés à partir de l’analyse d’un vivier de plus d'une centaine
de projets ou actions, ces guides témoignent des réalisations les plus
significatives à ce stade et s’efforcent de les organiser en grands
groupes de pratiques. Ils ne prétendent pas établir un relevé exhaustif
2.2
ou définitif de bonnes pratiques sur chaque thème, mais proposent
un cadre analytique susceptible d’aider à en détecter et en enregistrer
d’autres à l’avenir. À vous de vous approprier ces éléments et de les
enrichir !

Structuré en deux parties, chaque guide permet deux types d’usages :

→  Vous souhaitez un aperçu →   Vous préférez entrer dans


des pratiques repérées sur le le sujet à travers des exemples
thème et connaître quelques de mise en œuvre, rendez-vous
enseignements tirés de ces partie 2.
pratiques, rendez-vous partie 1.
5

Préambule
Diverses initiatives et études ont apporté récem- → la place des acteurs spécialisés ensuite : associa-
ment un nouveau coup de projecteur sur la place tions sportives, clubs et fédérations sportives ;
du sport dans les politiques publiques et dyna-
→ la place des entreprises liées au sport pour finir,
miques d’inclusion des publics les plus éloignés
qu’il s’agisse d’entreprises du secteur (équipe-
de l’emploi : feuille de route conjointe des minis-
ments et infrastructures, grands événements
tères du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion et de sportifs, etc.) ou même d’entreprises mécènes.
l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports,
signée en janvier 2022 ; mission « Insertion par le Si le levier de la pratique sportive est très souvent
sport » confiée à 5 personnalités, par les mêmes mobilisé par les projets financés dans le cadre du
ministères ; panorama de l’insertion par le sport, Plan d’investissement dans les compétences, plus
réalisé par l’Observatoire des Métiers du sport, rares sont les projets sachant tirer profit du poten-
tiel que représentent les entreprises liées au sport,
l’Afdas et Pluricité entre juillet 2021 et juin 2022.
à des fins d’accueil des publics (découverte métiers,
Si la mobilisation du sport comme levier possible
immersions, formations en situation de travail),
d’inclusion n’est pas nouvelle, l’attention plus systé-
pour du mentorat et/ou dans une perspective de
matique qu’on lui porte, elle, l’est davantage.
recrutement. La mobilisation des entreprises (quel
Le Plan d’investissement dans les compétences qu’en soit le secteur), souvent le maillon faible des
ne prévoyait pas de programme spécifique en la projets et parcours d’inclusion, est l’objet d’un
matière. Il a cependant constitué une opportunité guide spécifique de cette collection (Guide n° 6 ➤
Construire de nouvelles relations aux entreprises).
importante pour un grand nombre d’acteurs
souhaitant utiliser le sport comme levier d’inclusion. Dans le cas de l’appel à projets « Repérer et (re)
Cela, à travers deux appels à projets en particulier : mobiliser les invisibles », près d’un projet sur cinq
l’appel à projets « Repérer et (re)mobiliser les publics (sur une base de 230 projets financés en phase 1)
invisibles, et en priorité les plus jeunes d’entre eux » ont intégré une composante sportive à leurs
et l’appel à projets « 100% inclusion, la fabrique démarches. L’enjeu est d’« aller vers » un public
de la remobilisation » (cf. pages 40 et suivantes de qui ne se tourne pas ou plus de lui-même vers
ce guide, pour la présentation des caractéristiques le service public de l’emploi (missions locales, Pôle
principales de ces appels à projets). Emploi), en se servant d’une pratique familière et/
ou attractive pour les jeunes, en vue de capter
Précisons d’emblée que l’on désigne a minima trois leur attention et amorcer un échange, sinon déjà
dimensions distinctes (quoiqu’elles peuvent se une relation d’accompagnement. Le sport, à cet
recouper ou être combinées), lorsque l’on évoque égard, est un levier fréquemment utilisé par les
la place et le potentiel du sport dans les dyna- lauréats, quoique de façon plus ou moins intensive
miques et parcours d’inclusion : ou centrale dans leur projet. La pratique artis-
tique ou l’organisation d’un événement culturel
→ la place de la pratique sportive tout d’abord, ou festif constituent d’autres leviers mobilisés
que celle-ci soit encadrée ou non par des acteurs dans les mêmes ou d’autres projets lauréats, dans
spécialisés ; le même objectif.
6 Inclure par le sport

Ces projets innovants issus de l’appel à projets → « La classe préparatoire aux agents de prévention
« Repérage » ne font pas l’objet d’une analyse santé par le sport », porté par Impulsion 75 ; et
détaillée dans ce guide. Le sport y est certes
→ « Inclure par le sport », porté par l’Agence natio-
présent. Des associations sportives ou des clubs
nale pour la performance sociale du sport (ANPSS),
sont parfois associés au projet pour faire découvrir
en consortium avec sept fédérations sportives
et encadrer les pratiques. Mais cette composante
(Fédérations Françaises de Judo, d’Athlétisme,
n’est pas nécessairement structurante et est rare-
de Badminton, de Basketball, de Boxe, de Tennis
ment exclusive d’autres modalités de repérage.
de Table et des Clubs Omnisports).
On se réfèrera au Guide n’° 1 ➤ (Repérer les « invi-
sibles ») pour un panorama exhaustif des grands Des travaux ultérieurs pourront permettre de
ensembles de pratiques mises en œuvre par les documenter et de valoriser les bonnes pratiques
acteurs de terrain. C’est très souvent une combinai- mises en place par ces nouveaux acteurs. Le
son de modes opératoires (repérage de pair-à-pair dernier projet (« Inclure par le sport ») porte une
et/ou en mobilisant des acteurs de grande proxi- promesse particulière : celle d’un possible passage
mité et/ou en organisation des événements spor- à l’échelle, grâce à l’implication de sept fédéra-
tifs et/ou par du porte-à-porte, etc.), plutôt qu’un tions sportives, au terme d’un premier temps
mode exclusif, qui assure le succès des démarches de développement de deux ans, impliquant plus
de repérage sur un territoire. d’une trentaine de clubs.

Le choix a été fait, dans ce guide, de se concentrer Outre les huit projets lauréats du « 100% inclusion »
sur les méthodes, réalisations et premiers résultats analysés ici, un neuvième projet est documenté
de neuf projets, dans lesquels le sport joue un rôle dans ce guide et doit retenir tout particulièrement
structurant. l’attention. Il s’agit du projet « AGIR » porté par
Emmaüs Solidarités (avec l’association Fútbol Más),
Huit projets sont issus de l’appel à projets lauréat de l’appel à projets « Intégration profes-
« 100% inclusion, la fabrique de la remobilisation ». sionnelle des réfugiés », qui mobilise la pratique
Il convient de mentionner que trois autres projets sportive de manière particulièrement efficace,
mettant le sport au cœur de leur proposition pour réduire la barrière de la langue mais égale-
ont été sélectionnés depuis (dans le cadre d’une ment accélérer les apprentissages linguistiques, et
quatrième et dernière vague de sélection), sur cet plus généralement pour accélérer l’intégration et
appel à projets. Ces projets n’étant pas encore recréer des solidarités entre des personnes parfois
déployés au moment où l’enquête a été réalisée, on très isolées.
ne fera que les mentionner ici 1. Il s’agit des projets :
Dans les projets présentés en détail dans ce guide,
→ « Ose le Sprint », porté par Pass’Sport pour l’emploi ; le sport n’est pas périphérique : c’est le fil rouge

1. Pour réaliser ce guide, une analyse documentaire et des entretiens ont été réalisés avec les responsables des projets entre novembre
et décembre 2021. Les projets étaient alors à différents stades de développement : certains, lancés au printemps 2019, avaient plus
de 2 ans d’expérience, d’autres avaient un recul d’un semestre ou d’une année environ.
7

de parcours visant à accompagner autrement de possibles employeurs... Si ces problématiques


des publics en décrochage par rapport à l’em- traversent les six premiers guides de la collection,
ploi et à la formation. En vue de les repérer et l’importance des enjeux et de la mobilisation des
de les « accrocher », bien sûr. Mais également en acteurs du sport justifiaient bien un septième guide
vue de les remobiliser, par la reconnaissance de dédié à cette thématique.
premières compétences, et/ou de travailler des
L’enjeu est probablement, à ce stade, de passer
compétences transverses, valorisables auprès de
l’étape des premiers défricheurs, d’initiatives
futurs employeurs.
nombreuses, mais encore fragiles, souvent en raison
La diversité des pratiques sportives mobilisées de soutiens trop ponctuels, liés à un programme,
par les acteurs (sports collectifs, voile, sports de et qui ne permet pas de se projeter dans le temps
combat, etc.) ouvre un champ assez large pour la long, pour ouvrir celle de l’accompagnement de
reconnaissance de compétences chez des publics, la professionnalisation des acteurs, de la mise en
jeunes en particulier, qui ne peuvent se préva- visibilité et de l’essaimage des bonnes pratiques, de
loir des diplômes ou sésames nécessaires pour la consolidation des modèles économiques.
accéder à l’emploi. Esprit d’équipe, communica-
Cela sera au demeurant utile aussi à la réflexion du
tion, leadership, concentration, réactivité, auto-
secteur de la culture.
discipline, esprit d’analyse, sécurité, respect des
consignes, persévérance, régularité… peuvent être Quoique plus récente ou moins structurée à ce
détectés ou travaillés à partir du sport. stade, on observe, à l’échelle de l’ensemble des
projets financés par le Plan d’investissement dans
Cette diversité des pratiques est par ailleurs essen-
les compétences, une mobilisation comparable
tielle, si l’on veut contribuer à accompagner et
d’acteurs du champ de la culture ou de la création
inclure par le sport des publics eux-mêmes très
artistique, en faveur de l’insertion de publics très
différents. C’est l’un des défis posés aux acteurs
éloignés de l’emploi. De tels projets, et la dyna-
sur le terrain : si le sport peut contribuer à inclure,
mique qu’ils esquissent, gagneront à être considé-
il peut aussi exclure, ou parfois renforcer un senti-
rés de plus près.
ment d’échec. On lira dans ce guide que, pour une
écrasante majorité, ce sont des jeunes (moins de 26 Il semble, dans tous les cas, que ces dynamiques
ans, ou moins de 30 ans) et des hommes qui sont seront d’autant plus efficaces qu’elles sauront
accueillis en parcours. Le projet « Starting blocks » s’appuyer sur les ressources et acteurs du droit
du groupe Archer constitue, à ce titre, une excep- commun, afin d’intervenir en complémentarité, là
tion qu’il est important de regarder de près. Seul où elles ont la plus forte valeur ajoutée. Ce qui signi-
projet à atteindre la parité, il est aussi celui qui fie aussi avoir un bon ancrage territorial, et la capa-
accueille le plus grand taux de « seniors » (seule- cité à investir du temps dans le développement de
ment 38% des personnes ont moins de 30 ans ; près partenariats et le développement de compétences
de 20% ont 50 ans et plus). ad hoc en interne.
Le sport pour repérer, pour remobiliser, pour
révéler des compétences et rencontrer autrement
8

Sommaire

1 L
 e sport pour repérer des publics
« invisibles »

2 L
 e sport pour remobiliser et lever des
freins à l’insertion

3 Le sport pour révéler / développer


des compétences et rencontrer
autrement des employeurs

4 
Le sport et les secteurs d’activité
liés au sport comme débouché
professionnel

Sources et méthode
9

Partie 1 Partie 2
Panorama Bonnes pratiques

. .
12 15

13

14

15 35

37
Partie 1
Panorama
12 Inclure par le sport

Le sport est de longue date utilisé par des acteurs de terrain comme outil de
remobilisation dans des dynamiques d’insertion ou de réinsertion socioprofes-
sionnelle. Si bien des initiatives locales ont pu rester « sous les radars » des travaux
ou études, une attention nouvelle, rappelée en ouverture du préambule, amène
à mieux prendre la mesure de la dynamique d’ensemble dans ce champ.
L’analyse des projets lauréats des appels à projets du Plan d’investissement dans
les compétences amène à distinguer quatre usages principaux du sport dans le
cadre de parcours d’insertion :
→ le sport pour repérer des publics « invisibles », qui ne se tournent pas ou plus
vers le service public de l’emploi (missions locales, Pôle Emploi) ;
→ le sport pour remobiliser des publics en situation de décrochage sur le marché
du travail et lever des freins à l’insertion ;
→ le sport pour révéler et développer des compétences, et pour rencontrer autre-
ment des employeurs ;
→ le sport et les secteurs d’activité liés au sport comme débouché professionnel.
Les neufs projets analysés en détails dans la seconde partie de ce guide combinent
tous plusieurs de ces usages. À des fins didactiques, dans cette première partie,
on présente ces différents usages du sport séparément, en citant chaque fois
l’exemple d’un ou plusieurs projets.

Le sport pour repérer


1 des publics « invisibles »

Le repérage par le biais d’activités sportives permet → Le projet «  Passe décisive  » porté par Sport
d’avoir un point d’accroche original auprès des dans la Ville (AAP 100% inclusion) ➤ p. 18 se
jeunes, qui sont parfois détournés des institutions place dans une démarche d’ « aller-vers » et de
« classiques ». Les structures sportives ont des « faire venir ». L’association porteuse propose
impacts forts en termes de prévention et d’accom- des activités grand public (football, basket-
pagnement. Le sport peut être un moyen efficace ball), qui permettent d’accrocher des jeunes.
d’« aller-vers » ou de « faire venir » les individus qui Le parcours continue de proposer des temps
ont eu des parcours heurtés avec le milieu scolaire, sportifs (par exemple, dans des salles de muscu-
qui n’ont pas poussé les portes d’une structure lation partenaires) mixés avec un accompagne-
dédiée à l’insertion, ou qui ont eu des expériences ment individualisé vers la formation ou l’emploi.
non concluantes avec celles-ci. Moyen d’accroche Les jeunes sont responsabilisés dans l’organisa-
avec des professionnels et des institutions, le sport tion de certains temps sportifs.
permet d’établir un rapport de confiance interper-
sonnelle, propice à l’établissement d’une relation Comme cela est détaillé dans les exemples qui
approfondie, et sur la durée. suivent, le club sportif ou le terrain de sport dans
l’espace public sont des lieux de socialisation que
La pratique sportive est mobilisée à trois niveaux : les porteurs utilisent pour capter les jeunes. Le
sur le temps de repérage, sur la remobilisation sport est un moyen d’attirer les jeunes avant de
avec des activités sportives hebdomadaires obli- proposer des activités plus directement tournées
gatoires, enfin dans certains cas pour « mettre en vers la recherche d’emploi ou le développement
mouvement » les participants à travers leur parti- de son employabilité.
cipation logistique à des compétitions organisées
par l’association.
13

Le sport pour remobiliser


2 et lever des freins à l’insertion

Au-delà de l’étape première du repérage, le sport d’actions d'insertion multiples dans le cadre de
possède différentes vertus pour favoriser la remo- chantiers mis en œuvre. Mais plus globalement,
bilisation des personnes. La pratique se déroule l’olympisme transmet de nombreuses valeurs
en général sur un équipement dédié ou en dépla- – non-discrimination, solidarité, durabilité, d’al-
cement, le plus souvent dans un cadre « hors les liance entre l’éducation et le sport – qui sont au
murs ». Cela permet de décentrer l’accompa- cœur de projets actuels ou à venir d’inclusion par
gnement de lieux identifiés comme « sérieux » le sport.
(le bureau d’un conseiller, par exemple). Les séjours
ou stages sportifs « extérieurs » permettent de Pour remobiliser par le sport, la pratique doit être
casser la dynamique des publics sans emploi ou encadrée par des professionnels qui connaissent
sans formation depuis une longue période. Les la pratique sportive et maîtrisent les enjeux du
porteurs de projet insistent sur les apprentissages coaching, non pas dans une visée de performance
et les effets éducatifs du sport pour la resociali- sportive – qui n’est jamais l’objet – mais d’inclu-
sation, le respect de soi-même et des autres, ou sion sociale et professionnelle. La formation des
encore la santé et l’hygiène de vie. professionnels est indispensable. Une bonne
complémentarité doit être recherchée entre les
→ Le projet « Remise en jeu » porté par l’association compétences des encadrants sportifs (coachs ou
du même nom (AAP 100% inclusion) ➤ p. 20 vise éducateurs sportifs le plus souvent) et celles des
des jeunes décrocheurs, parfois sous main de conseillers en insertion professionnelle, impliqués
justice. La pratique du football est quotidienne, dans la conduite du projet pédagogique et spor-
associée à un accompagnement socioprofes- tif. L’enjeu est d’assurer une continuité entre les
sionnel. Le sport permet de fixer des règles et apprentissages sportifs d’un côté, et leur intégra-
un cadre. Des gains en termes de confiance en tion dans un parcours d’insertion socio-profession-
soi et d’autonomie sont mis en évidence. nelle de l’autre. La formation d’éducateurs sportifs
à des méthodes d’accompagnement en insertion
Dans le cadre d’un parcours individualisé, la est une manière de rendre effective cette conti-
remobilisation par le sport permet de repérer nuité (coachs d’insertion par le sport).
et lever des freins à l’insertion, notamment des
freins personnels (confiance en soi, détermination, → Le projet « Coach d’insertion par le Sport » porté
capacité à faire des choix). Les valeurs du sport par l’Agence pour l’éducation par le sport (AAP
sont mises en avant, ce qui facilite le montage de 100% inclusion) ➤ p. 24 vise la formation de
projets inclusifs, où il n’est pas nécessaire d’être coachs sportifs pouvant intervenir dans diffé-
un bon sportif pour commencer. rents projets d’inclusion par le sport. L’association
porteuse a mis au point un référentiel de compé-
→ Le projet « AGIR » porté par Emmaüs Solidarités tences. Ce support de travail pour les coachs en
(AAP Intégration professionnelle des réfugiés) insertion professionnelle permet de traduire les
➤ p. 22 propose des séances de football à des aptitudes et comportements identifiés lors des
personnes réfugiées, parlant mal le français, pour séances sportives.
qui le parcours d’insertion passe par un appren-
tissage de la langue et des codes sociaux. Les Dans les projets présentés dans ce guide, les
matchs de foot sont l’occasion d’un apprentis- pratiques sportives sont très diverses, de la voile
sage par la pratique des règles. Ils permettent au « parkour » (discipline sportive acrobatique qui
de s’exprimer dans une nouvelle langue. consiste à franchir des obstacles urbains ou natu-
rels), en passant par le football ou la boxe. Le sport
L’encadrement des projets doit veiller à ce souci est mobilisé à des degrés variables, au moins une
d’inclusivité, notamment auprès des femmes, fois par semaine.
des personnes porteuses de handicaps ou de
participants plus âgés. Les Jeux Olympiques et → Dans le cadre du projet « Trajectoires » porté par
Paralympiques de Paris 2024 vont mobiliser de plusieurs associations (AAP 100% inclusion) ➤ p. 26,
nombreuses énergies sur différents territoires. les participants se déplacent au sein de plusieurs
Leur préparation est dès aujourd’hui un vecteur structures ce qui permet de développer leur
14 Inclure par le sport

mobilité. Les multiples terrains de sport sont des sportifs travaillent sur ces apprentissages et des
lieux de découverte de nouvelles compétences relations avec l’entreprise sont organisées par
et de nouveaux horizons possibles. Des coachs un professionnel dédié à cette tâche.

Le sport pour révéler / développer


3 des compétences et rencontrer autrement
des employeurs
Le sport permet d’identifier et de repérer des Le sport est aussi un moyen de rencontre avec des
savoir-faire auprès des publics. C’est l’une des professionnels. Il permet de simplifier la rencontre
vertus de l’éducation par le sport : mettre en valeur entre une personne et un acteur de la sphère
des compétences parfois ignorées des personnes. économique. Il démystifie les rapports qui ne
Ces compétences se révèlent dans et par le sport. sont plus marqués par un caractère trop institu-
Par exemple, des participants vont apprendre à tionnel. Le sport rend possible l’effacement des
naviguer en mer, seuls ou à plusieurs, et ce faisant rôles symboliques des employeurs ou des deman-
vont identifier des soft skills transférables au deurs d’emploi. Lors d’une rencontre sportive, les
monde de l’entreprise : travail en équipe, respect seconds peuvent montrer des talents ou compé-
des consignes, compétences abstraites, etc. tences aux premiers, qui ne s’exprimeraient pas
immédiatement dans le cadre d’un entretien dans
→ Dans le projet « La Mer est à vous » porté par la un bureau. Ce moyen de rencontre peut s’accom-
Fédération Française de Voile (AAP 100% inclu- pagner d’un travail de sensibilisation ou d’accultu-
sion) ➤ p. 28, une fédération sportive met en ration auprès des employeurs pour qu’ils sachent
œuvre une formation à la navigation maritime, repérer autrement les compétences recherchées
qui permet de passer des certificats profession- chez les demandeurs d’emploi. Il s’agit ici de
nels d’« initiateur voile », mais aussi et surtout casser avec la logique des compétences déclarées.
de certifier des compétences transversales sous Les employeurs peuvent porter leur attention sur
la forme d’open badges (reconnaissance numé- d’autres aptitudes ou comportements révélés par
rique de compétences). le sport et valorisables en entreprise. Comme les
Les séances sportives sont ainsi des moments demandeurs d’emploi, les employeurs sont aussi
réflexifs où les coachs amènent les publics à des bénéficiaires de ces projets innovants.
reconnaître comment leur investissement leur fait → Après une phase de repérage et de remobilisa-
acquérir des compétences ciblées et valorisables. tion dans laquelle interviennent une équipe de
Les porteurs de projet peuvent mettre au point des handballeuses professionnelles et leurs coachs,
systèmes de reconnaissance des apprentissages le projet «  Starting Blocks  » porté par Archer
ou acquisitions des publics (open badges, cartes (AAP 100% inclusion) ➤ p. 32 fait se rencontrer
de compétences, brevets). demandeurs d’emploi et employeurs dans un
→ Le projet « Archipel » porté par l’Institut de forma- « match pour l’emploi ». Les représentants
tion régional des industries alimentaires (AAP 100% d’entreprises partenaires du club et de l’asso-
inclusion) ➤ p. 30 fait venir des bénéficiaires de ciation sportive repèrent des candidats possibles
tout âge à l’emploi, via ou non un parcours de dans un cadre alternatif.
formation dans un secteur qui peine à recru-
ter (l’agroalimentaire). L’accompagnement est
réalisé en binôme par des formateurs et des
coachs d’insertion par le sport. Les coachs font
valoir les exigences de l’intégration profession-
nelle au travers de la pratique sportive. Chaque
stagiaire a sa propre « carte de compétences »
qui permet de suivre sa progression et valorise
ses apprentissages.
Panorama 15

Le sport et les secteurs d’activité liés


4 au sport comme débouché professionnel

Il faut enfin tenir compte du secteur économique développement économique sur certains terri-
que représente le sport en France. Il ne s’agit pas toires avec de nombreux effets secondaires sur
ici de mettre l’accent sur la pratique sportive en différentes filières : commerce, hôtellerie, logis-
tant que telle, mais sur les multiples opportunités tique, tourisme, etc.
que représente le sport en tant que filière. Il existe
→ Le projet « 2024 : toutes championnes, tous cham-
de nombreux métiers disponibles et accessibles au
pions » porté par la Maison de l’emploi de Plaine
terme d’un parcours dans le sport (dans l’anima- Commune (AAP 100% inclusion ➤ p. 34, mis en
tion ou l’éducation par le sport), autour du sport œuvre sur le territoire autour du Stade de France,
(la fabrication ou la maintenance d’équipements fait alterner un travail sur le projet professionnel
sportifs) ou des événements sportifs. La Coupe et des séquences sportives. Elles permettent un
du monde de rugby en France en 2023, les Jeux apprentissage sur soi, avec un objectif formation
Olympiques et Paralympiques de 2024 ainsi que et emploi dans des secteurs qui se développent
d’autres manifestations d’envergure assurent un dans la perspective des JO 2024.
Partie 2
Bonnes pratiques
18

PASSE DECISIVE
Sport dans la Ville
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour repérer des publics « invisibles »

• le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

• le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur Résumé du projet


Sport dans la Ville est une association fondée en « Passe Décisive » est un parcours de remobilisation
1998. Elle regroupe plus de 120 salariés permanents et par la pratique sportive et d’accompagnement à la
150 éducateurs sportifs. Présente en Auvergne-Rhône- construction d’un projet professionnel. Le parcours
Alpes, Hauts-de-France, Île-de-France et PACA, elle alterne alterne des temps de suivi individuel et des
rénove des terrains de sports au cœur des QPV afin temps d’ateliers en collectif.
d’y proposer des activités sportives, des programmes
d’orientation, d’accompagnement et de parrainage Le sport est présent sur l’intégralité du parcours du
en gardant comme fil rouge le sport comme vec- jeune : du sourcing à la sortie du dispositif.
teur d’épanouissement et outil d’insertion sociale et Ainsi, le sport est dans un premier temps utilisé
professionnelle. comme un moyen de rencontre avec les jeunes dans
un cadre plus informel favorisant la création d’un lien
Territoires de déploiement : de confiance. Par la suite, les responsables insertion
Le projet a initialement été mis en place sur les deux spécialisés proposent aux jeunes des entretiens indivi-
territoires historiques de Sport dans la Ville : l’Île-de- duels réguliers, des séances sportives hebdomadaires
France et le Grand Lyon. Depuis, le projet s'est égale- et des sas thématiques : santé, numérique, confiance
ment déployé à Marseille, Lille, Roubaix, Chambéry, en soi, élaboration du projet professionnel, visite d’en-
Grenoble et Saint-Etienne. treprise… Cela peut par exemple prendre la forme de
séjours « hors quartier », des exercices de savoir-être
Durée :  3 ans, à partir de septembre 2019 (pour en entreprise par le biais du théâtre, des acti­vités plus
l'Ile-de-France et le Grand Lyon) classiques de techniques de recherche d’emploi, etc.
Les jeunes sont amenés à participer ou faire partie de
Diagnostic de départ l'organisation d’événements sportifs et de tournois
Le projet est né dans la continuité des pratiques d’in- organisés par l'association. Dans le cadre de ces pro-
clusion par le sport de Sport dans la Ville. L’association jets, les jeunes partici­pants s’impliquent par la prise
a souhaité affiner son offre de service à destination de responsabilités (par exemple, organiser un tour-
des jeunes « décrocheurs » et jeunes éloignés de l’em- noi de jeunes ou organiser une rencontre sportive
ploi du fait de divers freins périphériques à l’insertion. avec une entre­prise). L’objectif est l’acquisition de
savoir-faire et savoir-être pour faciliter l’intégration
Publics visés dans l’emploi.
Jeunes entre 16 et 25 ans résidants en QPV et identi- Ces sas s’adaptant aux besoins et possibilités des
fiés comme déscolarisés ou en difficulté d’insertion. jeunes. Leur durée va de 2 jours à 3 mois.
19

  Les points clés à retenir :

• Proposer des animations sportives pour faire • 


S ortir du cadre classique des rencontres
venir les jeunes dans un parcours individualisé entre employeurs et candidats en proposant
d’insertion professionnelle. aux jeunes des perspectives dans des entre-
prises partenaires et des secteurs pourvoyeurs
• Une remobilisation par le sport qui permet de
d’emploi.
connaître le jeune et ses besoins, ce qui permet
de bien l’appréhender pour construire un pro-
jet professionnel adapté.

Ces derniers permettent à la fois d’accompagner


Bénéficiaires à fin 2021
les jeunes à prendre conscience des compétences
382 bénéficiaires, dont 23 % de femmes. développées dans le cadre de la pratique sportive
96 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans, mais aussi de les accompagner à les transférer à la
100 % ont moins de 30 ans. vie professionnelle.
76 % ont au maximum atteint un niveau de forma- Pour le projet, la pratique sportive est un vecteur
tion bac. essentiel de transmission de valeurs essentielles à
68 % des bénéficiaires résident en QPV. l’employabilité (maîtrise, valorisation et dépasse-
ment de soi, respect, connaissance de son corps,
Usages du sport et apports pour les etc.), de remobilisation pour les jeunes éloignés de
bénéficiaires des parcours l’emploi, mais aussi de « création de souvenirs heu-
reux » qui permettent de créer un lien de confiance
Les sports pratiqués dépendent des infrastructures avec le jeune et d’aborder sereinement les questions
dont dispose l’association sportive qui déploie le pro- d’insertion. Les éducateurs sportifs évaluent les com-
jet sur chaque territoire de mise en œuvre. Ce sont portements, attitudes et compétences pendant les
principalement les sports collectif, sports de pleine séances sportives. Différents savoir-être sont obser-
nature, sports de combat et circuit training qui sont vés, tels qu’être ponctuel et assidu, s’intégrer dans un
proposés. Les jeunes bénéficiaires peuvent également groupe, anticiper son organisation, gérer ses émotions
faire de la musculation grâce à un partenariat avec et sa communication, s’adapter à différents interlocu-
l’entreprise Basic Fit.
teurs. Cela se fait dans le cadre de l’accompagnement
La pratique sportive est le fil rouge de l’accompa- par les responsables d’insertion, qui peuvent partici-
gnement. Elle est mobilisée à plusieurs niveaux : sur per aux activités sportives, et les éducateurs sportifs.
le temps de repérage, puis sur la remobilisation avec
Par ailleurs, des tournois sportifs sont organisés où
des activités sportives hebdomadaires obligatoires, participent des salariés ou responsables d’entreprises.
à travers la participation à l’organisation d’événe- L’objectif est de créer des occasions de rencontre
ments sportifs, visant à « mettre en mouve­ment » entre participants et professionnels de différents
les jeunes, et via des rencontres sportives avec des domaines. Ces derniers peuvent élargir leur vivier de
collaborateurs d’entreprises visant à désacraliser le candidats potentiels à travers ces moments sportifs.
monde de l’entreprise, découvrir des métiers et mieux La mobilisation des entreprises lors de ce type de
comprendre les attendus du monde du travail. manifestations permet de sortir du cadre classique
des rencontres entre employeurs et candidats.
Le projet « Passe Décisive » est inséré dans une offre
de service globale de l’association porteuse, dont
des activités sportives hebdomadaires organisées Relations avec les entreprises et les autres
par des coachs sportifs dans les QPV. Ces après-mi- parties prenantes du territoire
di festives et sportives sont utilisées pour organiser
Le projet repose sur des relations avec des entreprises
le repérage de publics potentiels. Ces moments per-
partenaires. L’association porteuse dispose d’un
mettent de faire la connaissance du jeune, de le faire
service dédié aux relations avec les entreprises qui
adhérer aux principes de l’association et de l’aider à
permet leur implication à différentes étapes du
formuler ses besoins dans l’éventualité d’un accom-
projet, sur ces événements sportifs mais aussi via des
pagnement sans forcément l’intégrer directement
rencontres métiers, par exemple. Les collaborateurs
au sein du dispositif.
d’entreprise peuvent être mobilisés dans le cadre
Sport dans la Ville a développé une méthodologie du mécénat de compétences ou du mentorat.
d’insertion par le sport. En complément des séances Les relations avec le tissu associatif local permettent
de sport, des ateliers de réflexivité sont proposés. de repérer des décrocheurs.
20

REMISE EN JEU
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

Porteur pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) ou


la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), avec des
Association Remise en jeu, créée en 2011 à Lorient
troubles du comportement ou conduites addictives, etc.
et implantée depuis 2014 à Quimperlé.

Territoires de déploiement : Résumé du projet


Le projet constitue un essaimage à l’échelle régionale
Douze territoires en Bretagne.
(12 territoires) des sessions précédemment organi-
sées par l’association. Le parcours dure huit mois. Des
Durée :  3 ans, à partir d’octobre 2020 groupes de 15 jeunes sont constitués par site, avec
des entrées-sorties permanentes (en cas de départ
Diagnostic de départ vers un emploi ou une formation). La première phase
dure 4 mois soit 450 heures de formation. Chaque
Depuis 2011 à Lorient puis à Quimperlé, l’association journée est consacrée en moitié à la pratique spor-
Remise en Jeu met en place des sessions de remo- tive. Le football est utilisé comme un moyen de tra-
bilisation par le football pour les jeunes de 16 à vailler et de progresser dans tous les domaines
25 ans avec des difficultés d'insertion ou des pro- physiques et moteurs, sur le plan individuel mais aus-
blématiques éducatives : perte de confiance, pro- si dans sa dimension collective (respect des autres,
blèmes comportementaux, addictions, impulsivité, respect des règles…). L’autre moitié des journées est
oisiveté, etc. Ces éléments rendent complexe la mise consacrée à de la remise à niveau (français, maths,
en place d’un parcours d’insertion professionnelle. histoire, etc.), en groupes de niveaux. La deuxième
L’expérience de l’association montre que ces jeunes phase, de 4 mois également (500 heures de forma-
ont souvent un attrait pour le sport en général et le tion), est axée sur l’élaboration d’un projet profes-
football en particulier. Les sessions organisées depuis sionnel dans le cadre d’un suivi individualisé. L’objectif
10 ans démontrent que la pratique sportive peut être est que les jeunes réalisent des stages en entreprise
un levier de remobilisation et d’intégration. La péda- lors de cette période. Des entreprises partenaires
gogie, déjà expérimentée, a prouvé sa pertinence
peuvent être mobilisées.
pour les jeunes qui s’engagent dans le parcours, par-
fois dans un cadre contraint (jeunes sous main de
justice), leur permettant de se fixer et d’élaborer un
Bénéficiaires à fin 2021
projet professionnel.
304 bénéficiaires, dont 11% de femmes.
98% des bénéficiaires ont moins de 26 ans.
Publics visés
100% ont au maximum atteint un niveau de forma-
Jeunes de 16-25 ans éloignés des dispositifs de droit
tion bac.
commun, en grande difficulté d’insertion profession-
nelle : notamment des jeunes suivis par le Service 8% des bénéficiaires résident en QPV.
21

  Les points clés à retenir :

• Un projet d’éducation par le sport qui aide les • 


U n projet lisible pour les partenaires qui
jeunes à structurer un projet professionnel. orientent.
• Une inculcation de savoir-être par la pratique • Des gains en termes d’autonomie et de confiance
d’un sport collectif. en soi.
• L’intégration dans un cadre collectif, permet-
tant une remise en mouvement en dehors de
son cadre de vie habituel.

Usages du sport et apports pour niveau sont effectuées avec une forte individualisa-
les bénéficiaires des parcours tion ; une aide aux devoirs personnalisée sans note ni
appréciation est proposée. Le temps passé « sur le ter-
Les bénéficiaires pratiquent deux heures de foot- rain » de foot est central : le sport est un levier pour
ball par jour. Le créateur de l’association porteuse travailler la concentration, la ponctualité, la gestion
est un ancien footballeur professionnel. Il a ensei- des émotions, la relation aux autres, aux éducateurs
gné le sport à l’université avant de devenir directeur et aux pairs, le regain de confiance en soi.
d’un centre social. C’est dans ce cadre qu’il a déve-
loppé une approche du sport au service de l’inser- Les gains en autonomie sont réels. Un rapport éta-
tion professionnelle. bli par une psychologue a relevé de nombreux effets
positifs du parcours : ouverture à d’autres systèmes
Le principal objectif du projet est de remobiliser les de référence, évolution de la communication, mise
participants, avec une perspective éducative. Le but en avant de potentiels et de ressources personnelles.
est de permettre aux participants de retrouver un
minimum de confiance en eux et en l’adulte, de régler L’organisation professionnelle exige une solide struc-
les problèmes dits « périphériques » (situation admi- turation. Chaque structure développée intègre
nistrative, couverture sociale, addictions…), d’élabo- 3 éducateurs professionnels (soit 2 équivalents temps
rer un parcours professionnel viable, d’améliorer ou plein), spécialisés sur les aspects sportifs, les activi-
d’accélérer l’accès à l’autonomie. Un des objectifs est tés de remise à niveau et l’élaboration d’un projet
la réadaptation des jeunes à un rythme de vie nor- professionnel. Un coordinateur est présent par groupe
mal. La remobilisation passe par l’acceptation d’un de trois structures, assurant le suivi pédagogique, le
cadre, des horaires, des contraintes, le rapport aux suivi de la formation professionnelle et le développe-
pairs, ainsi que l’acceptation de la frustration. « Le ment des partenariats. Une psychologue a également
football révèle beaucoup de choses sur les jeunes : été recrutée pour évaluer les effets des parcours.
la gestion des émotions, de la frustration… »

Les encadrants inculquent des valeurs essentielles Relations avec les entreprises et les autres
à la vie en collectivité et soulignent les savoir-être parties prenantes du territoire
indispensables à la vie professionnelle. Toute la pre-
mière phase du projet est consacrée à cette logique Le projet repose sur une forte structuration avec les
éducative. « Et c’est au terme de tout ce travail de orienteurs ou acteurs sociaux en amont. Un partena-
remobilisation que nous travaillons à l’insertion pro- riat a été formalisé avec l’Association régionale des
fessionnelle du jeune ». missions locales (ARML) de Bretagne, qui oriente des
jeunes vers Remise en jeu. Un partenariat est établi
Le sport est ainsi utilisé pour faire émerger les qua- avec la PJJ, le SPIP, ainsi que des associations de pré-
lités personnelles des jeunes. Identifier ces qualités vention ou des maraudeurs, qui peuvent orienter vers
personnelles est au centre du projet. Pour cela, jeunes ce dispositif.
et encadrants s’appuient sur un livret de formation
La place des entreprises est plus réduite. Elles
et des fiches d’évaluation. Le sport est vu comme
accueillent des jeunes en stage mais ne participent
facteur de développement de qualités individuelles
pas à la construction des parcours. Le relais est pris
transférables vers l’emploi.
par les structures de droit commun si le jeune n’est
pas en emploi ou formation à la sortie.
La plus-value est celle d’une méthodologie pédago-
gique adaptée aux jeunes en rupture avec le système
scolaire, voire en rupture judiciaire. Ils trouvent une
place dans un cadre collectif bienveillant mais normé,
avec des horaires à respecter. Des cours de remise à
22

AGIR – ACCOMPAGNEMENT GLOBAL


POUR UNE INTÉGRATION RÉUSSIE
Emmaüs Solidarités
Appel à projets
Intégration professionnelle des réfugiés

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

•  le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur Publics visés


Emmaüs Solidarités vient en aide aux personnes sans- Hommes et femmes de tout âge, bénéficiaires de la
abri en proposant des logements d’urgence depuis protection internationale (réfugiés, protection sub-
1954 et ce partout en France. L’association a éga- sidiaire, apatrides) ou demandeurs d’asile de plus de
lement développé des activités et une expertise en 6 mois.
matière d’aide à l’accès à l’emploi ou à la formation.
L’organisation propose des sas de remobilisation à
destination des personnes hébergées au sein des com- Résumé du projet
munautés Emmaüs. Le projet AGIR est mené en parte-
AGIR allie pratique sportive, apprentissage du fran-
nariat avec l’association Fútbol Más. Née en Amérique
çais et accompagnement vers l’emploi ou la forma-
latine, Fútbol Más promeut l’émancipation des jeunes
tion pour des personnes réfugiées. Les orientations
et des communautés à travers le sport, et notam-
sont effectuées par des travailleurs sociaux en centre
ment le football.
d’hébergement (réseau interne Emmaüs ou réseau
externe). Après une évaluation de leur niveau de fran-
çais, les bénéficiaires suivent des cours de Français
Territoires de déploiement : Île-de-France
Langue Etrangère (FLE) de manière hebdomadaire et
obligatoire en petits groupes. Ils participent égale-
Durée :  3 ans, à partir de mai 2019 ment à des ateliers sportifs obligatoires. Un conseil-
ler en insertion professionnelle (CIP) assure un suivi
socio-professionnel individualisé, pour chaque béné-
Diagnostic de départ
ficiaire, au moins deux fois par mois. Des ateliers
Emmaüs Solidarités accueille et héberge des per- collectifs sont également proposés sur des théma-
sonnes bénéficiaires de la protection internationale tiques liées à la recherche d’emploi ou de formation.
(BPI) et des demandeurs d’asile, dont la maîtrise de la
langue française est souvent faible. Le sport est consi-
déré comme un moyen efficace pour faire se rencon- Bénéficiaires à fin 2021
trer des demandeurs d’emplois et des employeurs, en
115 bénéficiaires, dont 20 % de femmes.
réduisant la barrière de la langue. La pratique spor-
33 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans, 63 % moins
tive est intégrée au parcours et doit permettre de
de 30 ans.
lever des freins de type linguistique et de travailler
À l’entrée dans le parcours, 37% des personnes sont
avec les publics accueillis des soft skills.
demandeurs d’asile de plus de 6 mois ; 63% sont béné-
ficiaires d’une protection internationale.
23

  Les points clés à retenir :

• Le sport, un outil efficace de communication • Le terrain de foot, un lieu pour que se ren-
et de mobilisation de partenaires. contrent des personnes réfugiées et des sala-
riés d’entreprise, en réduisant la barrière de
• Le foot pour remobiliser et recréer des solida-
la langue.
rités entre des personnes parfois très isolées.
• Un partenariat innovant entre un acteur histo-
• Une application concrète et une valorisation
rique du champ de la lutte contre la pauvreté
des apprentissages (linguistiques, soft skills)
et un acteur de l’émancipation par le sport né
à travers la pratique sportive.
en Amérique latine.

Il est à noter que 24% des personnes entrées dans le partenaires ou mécènes d'Emmaüs Solidarités. Un
parcours n’ont pas été scolarisées (ni dans leur pays match de football est organisé, qui mixe dans les
d’origine, ni ailleurs). équipes personnes réfugiées et salariés d’entreprise.
Cette rencontre n'a pas nécessairement une visée de
(*) taux calculé sur l’assiette des entrées pour lesquelles le recrutement mais elle permet aux personnes réfu-
niveau de formation atteint est renseigné ; non renseigné : 16%. giées de se constituer un premier réseau professionnel
et d’apprendre à se présenter dans un cadre pro-
fessionnel, bien qu’informel. Les personnes réfugiées
Usages du sport et apports pour les travaillent sur des fiches de profil professionnel en
bénéficiaires des parcours amont de l'événement qui sont ensuite exposées et
distribuées durant le Foot Emploi comme des cartes
Les bénéficiaires du projet ont une pratique hebdo- de visites. La situation permet également de repé-
madaire du sport avec les instructeurs de Fútbol Más. rer les compétences et les aptitudes des personnes
Les activités proposées incluent le football, mais éga- accompagnées autrement que verbalement.
lement des exercices de remise en forme.

Le sport est un moyen de mise en pratique des Relations avec les entreprises et les autres
apprentissages en français et de développement de parties prenantes du territoire
soft skills : le respect des règles, les échanges avec
le coach, l’arbitre, les équipiers ou adversaires, etc., La dimension sportive facilite la construction d’une
sont des situations concrètes où les apprentissages stratégie de communication différente auprès des
sont mis en pratique. Pendant le match, les notions centres d’hébergement et d’autres partenaires. Les
vues durant les cours de français langue étrangère travailleurs sociaux peuvent trouver dans cette pra-
sont mobilisées. Les animateurs sportifs sont attentifs tique un format original de mobilisation. Une com-
aux compétences développées par les bénéficiaires. munication écrite directe envers les publics cibles ne
Les réussites sont valorisées et des comportements suffit pas, ceux-ci ayant un accès réduit à ce type d’in-
peuvent être récompensés par des cartons verts. formations et ne lisant fréquemment pas le français.

La pratique du football, sport universel par excel- Les mécènes et entreprises partenaires participent
lence, remobilise les personnes et crée un collectif et au financement du projet, à l’événement de clôture
des solidarités entre personnes parfois isolées depuis Foot Emploi et sont sollicités dans certaines activités
leur arrivée en France. collectives de découvertes d'entreprises. Elles sont
également sollicitées pour la mise à disposition d'in-
Les parcours se terminent par un événement bapti- frastructures sportives.
sé « Foot Emploi » : une rencontre sportive entre les
personnes en parcours et des salariés d'entreprises
24

COACH D’INSERTION PAR LE SPORT


L’Agence pour l’éducation
par le sport
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour repérer des publics « invisibles »

•  le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

•  le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur Résumé du projet


L’Agence Pour l'Education par le Sport (APELS) a été Le projet propose dans un premier temps de former
créée en 1997. L’APELS développe des projets d’in- 150 coachs d’insertion par le sport au niveau natio-
sertion professionnelle par le sport dans différentes nal, sur 3 ans. Ces coachs sont identifiés parmi des
régions, incluant des actions de repérage et sélection éducateurs sportifs intervenant en QPV puis formés
des jeunes sportifs motivés par les coachs des clubs au métier de « coachs d’insertion par le sport ».
labellisés, des stages de remobilisation et de forma- Le programme de formation vise la montée en com-
tion, et des actions d’intégration vers l’emploi. pétences des éducateurs sportifs sur des thématiques
sociales. Il cherche à renforcer leur capacité à orien-
ter avec discernement vers les bons interlocuteurs et
Territoires de déploiement : à accompagner ces jeunes vers l'emploi.
Projet déployé dans quatre régions et dix territoires :
Dans un deuxième temps, les coachs formés détectent
Hauts-de-France (Roubaix et métropole lilloise),
et accompagnent des promotions de 10 jeunes dans
Île-de-France (Seine Aval, Saint-Quentin-en-Yvelines,
le cadre de parcours d’insertion d’une durée maxi-
Val d’Oise), PACA (Marseille et Avignon), Normandie
male de 6 mois. Cet accompagnement est réalisé sur
(Le Havre, Rouen, Évreux).
un certain nombre de quartiers prioritaires de la ville.
Durant ce parcours, les coachs d’insertion par le sport
accompagnent des jeunes vers l’emploi, au travers
Durée :  3 ans, à partir d’avril 2019
de différentes phases : remobilisation du jeune via la
pratique sportive, définition d’un projet profession-
Diagnostic de départ nel en fonction des aptitudes et aspirations du jeune,
actions de développement des compétences trans-
Fort d’une première expérience d’accompagnement
versales, rencontres avec l’entreprise et les centres de
de publics jeunes avec le projet « Déclics Sportifs
formation en lien avec les opportunités économiques
vers l’emploi », l’APELS souhaite développer des par-
du territoire et des périodes de mise en situation en
cours d’insertion par le sport et professionnaliser les
milieu professionnel, orientation vers les acteurs com-
coachs sportifs qui accompagnent les personnes dans
pétents du territoire.
le cadre de ces parcours, en leur proposant une for-
mation adaptée.
Bénéficiaires à fin 2021
Publics visés 873 bénéficiaires, dont 28% de femmes.
87% des bénéficiaires ont moins de 26 ans, 97 % moins
Deux publics sont visés : les éducateurs sportifs pour
de 30 ans.
la partie ingénierie de formation, et les jeunes de 18
86% ont au maximum atteint un niveau de forma-
et 30 ans résidant en QPV pour la partie ingénierie
tion bac.
d’intervention.
79% des bénéficiaires résident en QPV.
25

  Les points clés à retenir :

• La figure du coach sportif, une personne de • La pratique sportive permet de valoriser les
référence pour certains jeunes, au cœur des compétences et de les traduire dans des com-
stratégies de repérage et de remobilisation dans pétences professionnelles. Les séances spor-
les quartiers prioritaires de la ville. tives sont des lieux de remobilisation, de prise
de confiance et d’apprentissages. Le référen-
• Une logique de professionnalisation et de mon-
tiel de compétences est utilisé par les coachs
tée en compétences centrale, pour former des
d’insertion professionnelle dans des bilans indi-
éducateurs sportifs au métier de coach d’in-
viduels, permettant d’évaluer les progressions
sertion par le sport.
et de faire le lien entre la partie sportive et la
partie insertion socio-professionnelle.

Usages du sport et apports pour Un référentiel de compétences a été créé par l'équipe
les bénéficiaires des parcours du projet au niveau national. C'est un support de tra-
vail pour les coachs en insertion professionnelle afin
Pour l’APELS, l’espace sportif est un lieu majeur d’in- de traduire les aptitudes et comportements identifiés
sertion et de formation de la jeunesse. Il est aussi un lors des séances sportives. Ce référentiel recense éga-
lieu d’expression et de valorisation pour les jeunes, lement des compétences de base pour la vie en entre-
qui peuvent être marqués par des situations d’échecs. prise. Chaque jeune est ainsi évalué au moyen d’une
Le sport permet de capter des publics qui ne sont carte de compétences qui permet de suivre l'évolu-
pas nécessairement inscrits dans des institutions d’ac- tion du jeune durant le parcours. Dans cet accompa-
compagnement social ou professionnel. gnement le rôle du coach est central : il peut pointer
ces avancées individuelles, échanger avec les bénéfi-
La méthode utilisée se base sur l’utilisation des ciaires dans le cadre de bilans réguliers. Ceci favorise
clubs de sport comme premier outil de sourcing. Les l'appropriation des compétences sociales.
coachs en insertion professionnelle sont des éduca-
teurs bien implantés sur leurs territoires, au sein des
associations sportives. L’action d'accompagnement Relations avec les entreprises et les autres
repose sur un cadre contractuel simple, soit un par- parties prenantes du territoire
cours de 6 mois qui s’appuie sur le sport comme fil
rouge pédagogique. L’activité sportive se tient de Sur chaque territoire, les « référents entreprise » de
façon régulière, au moins deux fois par semaine. La l’APELS mettent en œuvre des actions de sensibilisa-
formation des coachs sportifs donne lieu à un par- tion à destination des acteurs économiques locaux.
tenariat entre le club sportif d’affiliation du coach Ces acteurs peuvent intervenir dans le cadre de ren-
et APELS. Dans la mesure du possible, les infrastruc- contres avec les jeunes bénéficiaires des QPV. Ils
tures du club peuvent être laissées à disposition du peuvent mettre en place des actions de parrainage.
coach pour organiser l’accompagnement collectif Les coachs d’insertion par le sport accompagnent
et les activités sportives. Les activités dépendent les jeunes bénéficiaires dans ces relations avec les
alors du sport pratiqué par le coach (principale- employeurs locaux. Des immersions sont organisées
ment football et autres sports collectifs de ballon, dans le cadre des parcours. Celles-ci peuvent conduire
arts martiaux). à sourcer des jeunes en vue de recrutements. En outre,
l'APELS organise des événements sportifs conviviaux
Le sport vise à remettre les jeunes en mouvement et (« Équipe de France Espoir » et « Match job »), qui
révéler des comportements ou situations. Il offre un fédèrent l’ensemble des parties prenantes des terri-
média pour faire passer des messages « autrement » toires autour du développement des soft-skills par le
et rapprocher progressivement les jeunes du monde sport et permettent de rapprocher concrètement les
de l'entreprise. jeunes bénéficiaires du monde de l’entreprise.
26

TRAJECTOIRES

Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour repérer des publics « invisibles »

• le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

• le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur prendre confiance en eux et à se raccrocher à un projet


scolaire ou professionnel. Au niveau national, il s’agit de
Consortium de plusieurs associations (Elan sportif Mulhouse, promouvoir des initiatives locales d’insertion par le sport
Parkour 59 Roubaix, Evasion Urbaine Torcy, Unis vers le et de performance sociale du sport, et à les diffuser auprès
Sport Strasbourg...). des acteurs de proximité. Dans chacune des structures du
consortium, les jeunes sont suivis par un coach en insertion
Territoires de déploiement : par le sport à travers un parcours pédagogique abordant
les axes nécessaires à leur insertion, en transversalité à la
Plusieurs quartiers prioritaires de la politique de la ville en pratique sportive. Si chaque association mène des actions
Île-de-France (Torcy), Hauts-de-France (Roubaix) et Grand au niveau local, elles s’associent également plusieurs fois
Est (Strasbourg et Mulhouse). par an pour proposer aux jeunes des challenges sportifs
leur permettant de se déplacer dans toute la France.
Durée :  3 ans, à partir de septembre 2020 Un des enjeux est de développer la mobilité, dans une
optique de découverte et d’ouverture des horizons pour
ce public majoritairement issu des quartiers prioritaires. La
Diagnostic de départ pratique sportive est centrale dans l’accompagnement. Des
Plusieurs associations, menant localement des actions actions d'allers-vers sont proposées à travers des activités
d’insertion par le sport dans les quartiers prioritaires, se sont sportives sur les territoires, avant de commencer les séances
fédérées pour donner une dimension nationale à ces pro- collectives et le suivi individuel. Les coachs travaillent la
jets. Le constat de départ est la pertinence de la mobili- remobilisation, la motivation, la confiance en soi. Leurs
sation du sport pour développer les savoir-être des jeunes. actions s’inscrivent dans une démarche d’éducation par le
Les quatre structures à l’initiative du projet ont relevé que sport qui permet d'inculquer des savoir-être indispensables
la pratique sportive, via la relation entre un coach sportif à l’épanouissement personnel, à la vie en collectivité et dans
et les jeunes, permet de travailler l’ouverture aux autres, le monde professionnel.
d’améliorer la confiance en soi et de lever des freins psy-
chologiques. La relation avec un coach réenclenche un lien La dernière phase est centrée sur le rapprochement entre
avec les institutions. Dans le cadre de ce projet, les parte- le jeune et l’entreprise. Orientés vers l’entrée en formation
naires font de plus valoir l’intérêt de travailler la mobilité des ou la mise à l’emploi, les jeunes sont mobilisés pour
jeunes. Les échanges entre les structures partenaires du pro- des périodes découverte et d’immersion afin de mieux
jet conduisent les jeunes, suivis par l’une d’entre elles, à se appréhender le monde du travail.
confronter à de nouveaux environnements, à des rencontres,
ce qui renforce l’ouverture citoyenne des participants. Bénéficiaires à fin 2021
138 bénéficiaires, dont 22% de femmes.
Publics visés 98% des bénéficiaires ont moins de 26 ans.
Jeunes de quartiers prioritaires, de 16 à 30 ans. 89% ont au maximum atteint un niveau de formation bac.
57% des bénéficiaires résident en QPV.
Résumé du projet
Le projet vise à promouvoir l’acquisition et la mise en
valeur des compétences travaillées grâce au sport, auprès
du public jeune en désinsertion. Il s’agit de les amener à
27

  Les points clés à retenir :

• Des activités sportives attractives pour repé- • Des coachs sportifs formés à l’insertion profes-
rer et aller vers les jeunes de quartiers priori- sionnelle, dédiés à la mise en œuvre du projet,
taires de la ville. qui interviennent dans une relation fortement
individualisée, en coopération avec des conseil-
• Une démarche d’éducation couplant deux outils,
lers en insertion.
le sport et la mobilité, qui permet la remoti-
vation et la confiance en soi, l’acquisition de
• Une relation avec l'entreprise qui intervient à
savoir-être, mais aussi l’ouverture citoyenne.
différents moments du parcours et des possibi-
lités de construction d'un projet professionnel
individualisé en fonction du jeune, tous secteurs
d'activités confondus.

Usages du sport et apports pour les développement des relations avec les entreprises permet de
bien organiser les temps d’immersion pour les jeunes et la
bénéficiaires des parcours
concrétisation du projet avec l’écosystème de la formation
En lien avec des partenaires, les structures du projet utilisent ou des entreprises.
le sport dans une démarche d’« aller-vers » et « faire venir »
les jeunes. Elles proposent des séances sportives de proxi-
mité, dans les quartiers, sur les espaces publics.
Relations avec les entreprises et les autres
parties prenantes du territoire
Elles mettent en place des espaces de convivialité pour
favoriser le lien social avec les proches et les habitants. L’écosystème intervient dès le repérage des jeunes. Les
Les structures bénéficient d’un bon ancrage territorial et de acteurs sociaux, de l’éducation, de l’insertion et de la
relations partenariales qui facilitent ces actions de repérage. prévention, peuvent également orienter leurs publics vers
Différentes pratiques sportives sont mobilisées, en fonction le dispositif Trajectoires, et favoriser ainsi la coordination
des activités proposées par les structures localement (par territoriale pour un accompagnement renforcé et
exemple parkour, boxe). Le projet suit une logique « multis- une meilleure efficience autour de ces jeunes réputés
ports » avec une variété de sports individuels (équitation) difficilement mobilisables.
ou collectifs (rugby, basket) possibles. Le choix d’activités
La relation avec les entreprises est travaillée dans le cadre
se fait aussi en fonction des compétences à développer.
du label Les entreprises s’engagent. Elle se fait à différents
Par exemple, le tir à l’arc peut être mobilisé pour travailler
moments du parcours en fonction des leviers à activer
certaines compétences transversales telles que la dextérité
auprès des publics. Des professionnels viennent échan-
dans le cadre d’un projet professionnel dans la maroquinerie.
ger avec les jeunes, ils racontent leur parcours pour que ça
Le repérage par le sport peut aussi s’appuyer sur les outils fasse écho, et s’autorisent à les encourager et à les men-
numériques. Au sein de l’association Parkour 59, les coachs torer. Certains, s’ils le souhaitent, peuvent s’intégrer à des
se mettent en scène sur les réseaux sociaux (Instagram) et temps sportifs et d’autres peuvent favoriser les périodes de
postent des stories où ils exercent l’activité (en l'occurrence, découverte et d’immersions afin de permettre aux jeunes
des déplacements à travers des obstacles). Ceci est un bon de mieux connaître le milieu de l’entreprise, et de s’y pro-
moyen de communication suscitant des appels à candida- jeter pour casser leurs représentations et appréhender leur
tures. À côté des compétences repérées et valorisées dans insertion plus sereinement.
le cadre des activités sportives, le projet permet de travailler
d’autres savoir-être dans le cadre des mobilités et échanges En fin de parcours, les expériences et les compétences
entre structures. Lors de ces séjours, les participants sont acquises tout au long de l’accompagnement est travaillée
confrontés à des situations inédites. Ils apprennent des avec la démarche des Open Badges afin de valoriser tous
notions sur la mobilité, l’environnement géographique des les efforts fournis par les jeunes. Pour ce public en grande
structures visitées, la citoyenneté et l’entraide par le biais majorité infra bac et n’ayant pas encore eu l’occasion de
des échanges multiples. L’objectif est de valoriser les com- prouver ses compétences par des expériences profession-
pétences acquises dans le cadre d’un projet professionnel, nelles, cette certification bien méritée peut venir booster
tous secteurs confondus. leur CV et crédibiliser leurs démarches d’insertion.

Les plus-values éducatives pour les bénéficiaires La proactivité est également encouragée : certains partici-
sont multiples : confiance en soi et estime de soi, pants deviennent co-animateurs de séances et cooptent les
ouverture (géographique, psychologique), modification futurs bénéficiaires dans une démarche d’encouragement
comportementale, citoyenneté. Une bonne structuration et de motivation de leurs pairs. Le rôle du coach ne s’ar-
des équipes est une condition de réussite. Elles sont rête dès l’entrée en formation ou la mise à l’emploi. Même
organisées autour d’un chef d’équipe et de coachs si les fins de parcours et l’adaptation au monde du travail
d’insertion par le sport. La relation individualisée avec les sont bien anticipés, certaines difficultés peuvent survenir
coachs est la clé de voûte du dispositif. Ils évoluent à travers et mettre à mal la réussite tant attendue. Un suivi post sor-
des équipes pluridisciplinaires permettant de couvrir tous tie est proposé autant de temps que nécessaire afin d’aider
les aspects de l’insertion des publics (détection et levée des ces publics à bien s’intégrer pour la suite de leur aventure
freins, travail du projet professionnel, inclusion numérique, professionnelle.
activités solidaires…). La présence de salariés en charge du
28

LA MER EST À VOUS


Fédération française de voile
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation
La Réunion Guadeloupe Martinique Guyane

  Usages principaux du sport dans le projet

• le sport pour repérer des publics « invisibles »

• le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

• le sport pour révéler / développer des compétences et  rencontrer autrement des employeurs

Porteur Résumé du projet


Le porteur du projet est un consortium constitué de la Les participants sont accompagnés individuellement
Fédération française de voile (FFV), de l’Afpa et de l’APELS et collectivement sur des sites de la FFV. Il s’agit d’une
(Agence pour l'éducation par le sport). La FFV représente formation longue, de 871 heures sur une période effective
1 000 clubs affiliés et 250 000 licenciés. 3 000 moniteurs de 115 jours. Les candidats sont repérés dans le cadre
de voile sont formés par elle chaque année. de partenariats locaux avec les acteurs de l’insertion et
de l’accompagnement de la jeunesse. Après la sélection
des candidats, une longue phase (350 h ou 50 jours)
Territoires de déploiement :
d’acculturation à l’environnement maritime vise à
Plusieurs territoires en métropole et outre-mer. permettre à un participant n’ayant aucune connaissance
du milieu maritime de s’approprier les codes et les usages,
par une mise en situation de navigation. Cette étape est
Durée :  3 ans, à partir de septembre 2020.
dédiée à l’acquisition des prérogatives de certification des
niveaux de pratique de la FFVoile. La phase suivante (160
Diagnostic de départ heures) porte sur l’acquisition des contenus pédagogiques
du CQP « Initiateur voile ». L’étape qui suit est dédiée à la
La Fédération française de voile (FFV) a souhaité élargir
mise en situation d’encadrement des publics. 105 heures de
ses activités et mettre en œuvre des projets d’insertion
formation sont enfin dédiées à la mise en œuvre d’un projet
professionnelle à destination de personnes éloignées de
au sein de la structure d’accueil. En fin de parcours, un
l’emploi. « Le sport permet un raccrochage au monde tout
accompagnement orienté vers l’emploi local est dispensé :
court et au monde professionnel. » Le projet est issu de
diagnostic des métiers, découverte professionnelle et/ou
premières expérimentations locales au cours desquelles une
immersion sur des plateaux techniques. L’encadrement
démarche d’insertion par le sport a pu être testée. Le projet
est réalisé dans les structures d’accueil de la FFV. Les
émane aussi de l’observation de besoins de recrutement et
moniteurs, formés en tant que « coachs d’insertion par le
de recherches de compétences dans les métiers maritimes
sport », accompagnent individuellement les bénéficiaires
ou navals. Le secteur de la mer représente plus de 100 000
et les aident à établir un parcours adapté, vers la formation
offres d’emploi par an.
ou l’emploi. Des temps individuels sont effectués
quotidiennement avec les moniteurs. Des bilans réguliers
Publics visés sont réalisés : ils permettent d’évaluer les compétences
acquises. Celles-ci peuvent être formalisées par des open
Public de 18 ans et plus, faible qualification, avec focus sur
badges, qui accompagneront les bénéficiaires dans leur
les jeunes résidant en QPV (les opérateurs étant fréquem-
parcours d’accès à l’emploi. Le badge est une image
ment localisés près de QPV).
numérique avec des métadonnées permettant de valoriser
une compétence douce. Le badge contient le titre de la
29

  Les points clés à retenir :

• Des moniteurs de voile suivent la formation de coach • Des compétences acquises transférables vers
d’insertion par le sport et forment des personnes l’entreprise, à travers un système d’open badges
éloignées de l’emploi à la navigation maritime
• Un apprentissage de multiples soft skills par
la pratique sportive, dans un environnement
non habituel

compétence, sa description, les critères d’attribution, qui les entreprises maritimes (source Pôle emploi) telles que :
a endossé le badge (structure + identité de la personne), comprendre et respecter des normes et des consignes, tra-
dans quel contexte et à quelle date. L’Afpa intervient tout vailler sous tension, maintenir son attention dans la durée,
au long du processus de formation dans l’ingénierie des travailler en équipe, agir dans une relation de service, mana-
compétences (description, critères d’attribution) et leur ger une équipe, etc. « La navigation permet de travailler
reconnaissance. Des stages en entreprises sont prévus sur le comportement, la confiance en l'autre et l'esprit col-
(environ 3) pendant les 5 mois du parcours en moyenne. lectif. » Les actions de formation mettent ainsi l’accent
sur l’acquisition de ces compétences par la pratique de
la navigation. L’apprentissage de nombreux soft skills est
Bénéficiaires à fin 2021
issu d’une pratique sportive encadrée : travail en équipe,
121 bénéficiaires, dont 18% de femmes. rigueur, solidarité, obéissance. Le repérage et développe-
78 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans, 82 % moins ment de ces compétences se fait au fil du parcours, en res-
de 30 ans. ponsabilisant les bénéficiaires (par exemple, les mettre en
96% ont au maximum atteint un niveau de formation bac. tête d'équipage).
25 % des bénéficiaires résident en QPV.
Cette éducation par le sport est transférable pour l’inser-
Usages du sport et apports pour tion professionnelle. Les compétences acquises sont valo-
les bénéficiaires des parcours risées par un système d’open badges qui peut être utilisé
Les moniteurs sont titulaires du Brevet professionnel de pour entrer dans différents milieux professionnels. L’Afpa
la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BPJEPS) définit avec les partenaires du dispositif (entreprises, Ecole
Voile. Ils maîtrisent les aspects techniques et humains de française de voile, FFV et bénéficiaires) les compétences
l’apprentissage de la navigation. Ils reçoivent une forma- douces servant l’employabilité des stagiaires et répondant
tion spécifique « coach d’insertion par le sport », dispen- aux besoins en recrutement des entreprises du secteur mari-
sée par l’APELS. time. La formation permet d’orienter les candidats vers les
divers métiers en lien avec le secteur de la mer, présents
Deux pratiques sportives sont mobilisées. La principale est sur les territoires où ils résident.
la navigation en mer. Les participants ont rarement pratiqué
ce sport. L’apprentissage de la voile est au cœur du projet. Les écoles deviennent des « tiers lieux », qui accueillent une
La seconde est la natation lors de la phase de sélection. multitude de publics dans le projet de la structure, sur des
L’évaluation de l’autonomie en nage permet de découvrir le littoraux spécifiques et variés. Cela permet le désenclave-
caractère du candidat. « Le candidat va changer de posture ment et l’inclusion des équipiers de La Mer est à Vous, qui
dans le milieu maritime car celui-ci est inconnu, ça révèle deviennent, par leur implication, une entité active et recon-
les caractères, on se sent perdu, on ne fait pas semblant ». nue dans le fonctionnement des bases nautiques.
Le niveau de natation des candidats est très varié, mais les
formateurs s’adaptent en permanence à l’individu. Relations avec les entreprises et les autres
Les activités de natation, puis de navigation en mer, per-
parties prenantes du territoire
mettent de nombreuses mises en situation concrètes,
La mise en relation avec le territoire en amont (dans le
pour tester la confiance en soi, l’autonomie, le travail en
cadre du sourcing à travers les prescripteurs sur le terri-
équipe, etc. Ils sont remobilisés et gagnent en réassurance.
toire) comme en aval (mobilisation d’un réseau économique
« Ils découvrent le terme de compétence et l’usage qu’ils
pour accueillir les bénéficiaires en immersion : entreprises,
peuvent en faire en entreprise ».
associations, services publics) a été le fait des EFVoile et de
L’apprentissage de la pratique de la navigation en mer, puis leurs encadrants. Le lien vers les centres de formation et
la montée en compétences sur des fonctions d’encadre- les employeurs est pour sa part le résultat d’une collabo-
ment de la pratique, servent à révéler ces compétences. ration étroite avec les conseillers Afpa des territoires et les
Il s’agit à la fois de compétences techniques, maritimes, à encadrants des EFVoile. En étant présents au quotidien sur
vocation professionnelle, et des compétences transversales les bases nautiques, les participants entretiennent un lien
ou soft skills issus de l’activité sportive. L’objectif est d’ac- avec les filières locales de l’économie maritime, à travers la
quérir au moins six des dix-sept habiletés recherchées par réalité technique et logistique des différents équipements.
30

ARCHIPEL
Institut de Formation Régional
des Industries Alimentaires
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

• le sport pour repérer des publics « invisibles »

• le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

• le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur Publics visés


IFRIA (Institut de Formation Régional des Industries Personnes résidant en quartiers politiques de la ville
Alimentaires) Île-de-France est un institut de forma- (QPV) ou zones de revitalisation rurale (ZRR), travail-
tion et de recrutement des industries alimentaires. leurs handicapés, demandeurs d’emploi de longue
Le consortium inclut d’autres membres du réseau durée, bénéficiaires du RSA, publics éloignés de
(IFRIA Centre-Val de Loire), des prescripteurs (mis- l’emploi, quelle qu’en soit la raison. Plus générale-
sions locales), des entreprises et des cabinets spécia- ment, personnes ne disposant pas d’un « garant de
lisés (RH, mentoring). Les activités de l’IFRIA IdF et de confiance » leur permettant l’accès à l’emploi.
l’IFRIA Centre ont fusionné en 2020.

Résumé du projet
Territoires de déploiement :
Le projet propose des parcours vers différents métiers
Déploiement sur différents territoires de quatre de l’industrie alimentaire (opérateur de production,
régions (Centre-Val de Loire, Grand Est, Île-de- opérateur logistique, etc.), en fonction des besoins
France, Normandie) où sont implan­tées des entre- des entreprises partenaires du centre de formation.
prises partenaires. Sur chaque territoire, des partenariats sont montés
autour d’une ou plusieurs entreprises, du centre de
formation et d’acteurs en charge du repérage des can-
Durée :  3 ans, à partir de mars 2021 didats. L’association Pass’Sport pour l’emploi orga-
nise des ateliers sportifs afin d’évaluer la motivation
et le savoir-être des candidats. Une « carte des com-
Diagnostic de départ
pétences » est créée pour chaque candidat, laquelle
Les difficultés de sourcing pour la formation dans le est associée à leur CV et sert de support aux échanges
secteur agroalimentaire, mais aussi les difficultés à avec les entreprises présentes lors des sessions de
impliquer les entreprises, sont à l’origine du projet. recrutement. A la suite de ces sessions, des temps
Il existe un potentiel important de recrutement de découverte de l’entreprise et des métiers sont
dans la filière agroalimentaire (départs en retraite, organisés. Les bénéficiaires intègrent un parcours de
métiers en tension). Trop souvent, cependant, les qualification comprenant une phase de Préparation
entreprises regrettent le manque de candidatures ou opérationnelle à l’emploi (POE), puis une formation
jugent les candidatures insatisfaisantes. Une première en alternance dans l’entreprise partenaire. Le forma-
expérimentation menée en Centre-Val-de-Loire a teur et le coach sportif co-animent l’ensemble du
permis de tester des parcours progressifs permettant parcours, afin d’assurer le développement des com-
de créer la confiance entre demandeurs d’emploi pétences professionnelles et comportementales des
et entreprises. Le porteur souhaite continuer à bénéficiaires.
transformer les pratiques de repérage, de recrutement
et d’accompagnement dans la formation et l’emploi
dans le secteur.
31

  Les points clés à retenir :

• Un modèle alternatif pour « aller-vers » et • Un parcours qui permet d’insister, via le sport,
« faire venir » les jeunes vers la formation, dans sur des exigences essentielles du milieu profes-
des secteurs en tension : un centre de forma- sionnel et qui permet ensuite aux formateurs
tion s’allie avec une structure spécialisée dans de jouer le rôle de « garant de confiance »
l’inclusion par le sport pour repérer des candi- envers des employeurs.
dats motivés.
• U n double accompagnement, par des for-
mateurs et des coachs sportifs, qui permet
de valoriser des compétences nouvelles chez
des bénéficiaires souvent considérés comme
« en difficulté » et de compléter leur CV.

Les activités sportives ont également une visée de


Bénéficiaires à fin 2021
remobilisation. Il s’agit de remettre les personnes en
Projet en phase de démarrage. 12 bénéficiaires à ce dynamique, grâce à la présence d’un coach tout au
stade, dont 2 femmes. long du parcours. Le coach joue le rôle de référent
pour les bénéficiaires et pour les entreprises : il devient
→ 11 ont moins de 30 ans. un « garant de confiance ». Il aide à établir une rela-
→ 11 ont au maximum atteint un niveau de formation tion de confiance entre candidats (majoritairement
bac. jeunes) et entreprises ou centres de formation.
→ 4 sur les 12 bénéficiaires résident en QPV.
Les savoir-être sont enseignés en même temps que les
compétences métiers. Le sport permet de repérer et
Usages du sport et apports pour les
de valoriser des compétences individuelles et collec-
bénéficiaires des parcours tives chez des publics habituellement jugés en difficul-
té. « Dans le sport, on est plus vrai, on montre qui on
La pratique sportive est mobilisée à deux niveaux :
est », explique le responsable du projet. L’association
pour repérer les candidats et leurs compétences, et
Pass’Sport pour l’emploi établit une cartographie des
pour favoriser l'échange et la confiance entre candi-
compétences détenues par les bénéficiaires, qui com-
dats et entreprises lors de « journées de cohésion »,
plète le CV.
selon le terme utilisé par le porteur du projet.

Les sports mobilisés sont variables : escalade, sport


Relations avec les entreprises et les autres
collectif, remise en forme, etc. Les coachs sportifs
sont libres de choisir les activités proposées. Celles- parties prenantes du territoire
ci sont obligatoires durant la phase de repérage et
Les besoins des entreprises sont au cœur du projet.
fortement conseillées ensuite.
Elles sont à l’initiative des propositions de parcours en
alternance et vers l’emploi durable. Elles s’appuient
Les activités sportives attirent un public important,
sur l’IFRIA et des partenaires en charge du repérage
ce qui permet à l’IFRIA de mieux être identifié. Elles
et du recrutement de candidats, sur chaque territoire,
permettent de capter des publics qui ne fréquentent
tels que Pass’Sport pour l’emploi.
pas le service public de l'emploi. Les missions locales
orientent également vers ces sessions sportives. La
pratique « désinhibe » et facilite les échanges avec
les acteurs de la formation.
32

STARTING BLOCKS
ARCHER
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

•  le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

•  le sport pour révéler/ développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur Publics visés


Archer est une entreprise d’intérêt collectif qui s’est Aucun critère d’âge n’a été appliqué pour accueillir
donnée deux objectifs principaux : l’accompagne- les publics mais les personnes de zones rurales ainsi
ment de personnes vers le retour à l’emploi et la que des QPV sont prioritaires. Les personnes en situa-
recherche de partenariats territoriaux pour parti- tion de handicap sont également des publics cibles
ciper au développement de l’activité économique. du dispositif.
La structure, créée en 1987, opère sur le territoire de
l’agglomération Valence-Romans et le sud du départe- Résumé du projet
ment de la Drôme. Archer favorise le développement Le projet se décline en plusieurs phases. Une première
économique local, par exemple, dans le cadre d’un phase consiste à la mobilisation d’entreprises. Il s’agit
Pôle Territorial de Coopération Économique ou l’aide de sourcer des entreprises locales volontaires pour
à la création de start-ups répondant à des projets s’engager dans le projet. Plusieurs réseaux d’entre-
locaux. La structure porte également plusieurs struc- prises sont mobilisés : celui du club de handball
tures d’insertion par l’activité économique. Archer (nombreuses entreprises partenaires), celui du groupe
s’est associé en consortium avec la Plateforme Emploi Archer (150 entreprises), le réseau de la Plateforme
du Valentinois qui coordonne un certain nombre de Emploi ainsi que de différents partenaires (clubs
dispositifs : le Plan Local pour l'Insertion et l'Emploi, d’entreprises) et l’appui sur les entreprises en contact
la Plateforme Mobilité, le Centre Ressources Illettrisme avec le service entreprise de Pôle emploi. Les entre-
07-26, l'Ecole de la deuxième Chance, etc. Le troisième prises volontaires peuvent notamment s’engager
partenaire est Bourg-du-Péage Drôme Handball, club dans des recrutements sous forme de stage.
féminin de handball qui évolue en première division
du championnat national. Une deuxième phase consiste dans la réalisation
de l’accompagnement des publics. Les publics sont
Territoires de déploiement : repérés via la Plateforme emploi et ses partenaires.

Projet mis en place sur la communauté d’aggloméra- Le projet « Starting Blocks » propose un parcours
tion Valence-Romans. en 6 actions modulables, d’une durée pouvant
atteindre 6 mois. Les cohortes constituées sont
d’une quarantaine de participants. Un coaching
Durée :  3 ans, à partir de septembre 2020.
individualisé se tient sur l’ensemble du parcours,
réalisé par plusieurs intervenants : les coachs sportifs
Diagnostic de départ
du club de handball, les conseillers des structures
Le groupe Archer agit auprès des demandeurs d’em- emploi-insertion partenaires. L’élaboration du projet
ploi et auprès de nombreuses entreprises installées sur professionnel se fait progressivement. Une première
le territoire. Ses responsables constatent des désajus- étape de deux semaines est conçue comme une étape
tements entre l’offre et la demande. L’objectif était intensive. Le planning alterne activités sportives et
de mettre en place un projet permettant de remobi- temps de réflexion sur le projet, via des ateliers CV,
liser les demandeurs d'emploi tout en s'adaptant aux des activités théâtrales et des rencontres avec des
besoins des entreprises cherchant à recruter. employeurs. Cette période est clôturée par un « Match
pour l’emploi » : un match de handball organisé avec
deux équipes réunissant les participants au dispositif
et des représentants d’entreprises partenaires du club
et d’Archer.
33

  Les points clés à retenir :

• Rapprocher les demandeurs d’emploi et les • Des partenaires investis dans l’action : des spor-
entreprises par une mise en situation dans un tives de haut niveau et leur staff, des entreprises
cadre sportif redynamisant. qui cherchent à recruter et qui sont prêtes à
repenser leurs méthodes.
• Une mise en lien entre les normes et valeurs du
sport avec celles du monde de l’entreprise, au
travers d’un coaching individualisé.

Les actions suivantes consistent à développer un d’un match de handball, redonne confiance aux
projet professionnel et à le mettre en action. Celui- demandeurs d’emploi dont les capacités sportives sont
ci peut se développer à partir de rencontres organi- valorisées par des professionnels du sport. La notion
sées avec des employeurs ainsi que des mises en de performance est régulièrement mise en avant.
situation réalisées avec l’Afpa. La concrétisation du
Les entreprises conviées au match de handball sont
projet s’appuie sur des actions de formation. Les
sensibilisées par le consortium à innover dans leurs
entreprises de l’intérim peuvent s’impliquer et les
méthodes de recrutement. Ces innovations visent
participants vont pouvoir suivre des contrats d’inser-
à mieux repérer des aptitudes et des compétences
tion professionnelle intérimaire (CIPI) avec un temps
chez les candidats qu’ils peinent parfois à mobiliser
de formation réalisé en centre de formation, un temps ou qu’ils ne pensent pas à valoriser. La pratique
de formation en entreprise et un contrat de mission sportive permet de révéler ces aspects. À l’issue de
temporaire à l’issue de la formation. ce moment détourné de recrutement, une partie
des demandeurs d’emplois peuvent entrer dans une
Bénéficiaires à fin 2021 procédure formalisée d’embauche.
174 bénéficiaires, dont 50% de femmes. Le travail avec les entreprises partenaires autour du
27 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans, 38% moins lien entre sport et monde professionnel permet de
de 30 ans. 19% ont 50 ans ou plus. faire reconnaître les apprentissages des publics dans
le cadre de leur accompagnement : travail en équipe,
76 % ont au maximum atteint un niveau de forma- compréhension et respect des consignes, coopération,
tion bac (*). savoir s’adapter aux contraintes, dépassement de soi.
22 % des bénéficiaires résident en QPV. Ces rencontres avec des employeurs permettent aux
participants d’élargir leur réseau professionnel.
(*) taux calculé sur l’assiette des entrées pour lesquelles le niveau de
formation atteint est renseigné ; non renseigné : 29%
Relations avec les entreprises et les autres
Usages du sport et apports pour les parties prenantes du territoire
bénéficiaires des parcours Archer et Bourg-du-Péage Drôme Handball bénéfi-
Les coachs sportifs du club proposent une pratique cient d’un réseau solide de partenaires qui leur per-
sportive principalement axée autour de la remise en met d’organiser des filières de formation et de
forme, la course d’orientation et le handfit (version découverte de métiers dans des domaines divers. Une
douce du handball). L’enjeu est d’organiser des activi- originalité du programme est d’inciter les entreprises
tés sportives, certes obligatoires, mais pour lesquelles prenant part au projet à repenser leurs manières
chacun peut s’investir à la hauteur de ses capacités
d’organiser un recrutement et à déconstruire les
physiques.
attentes en termes de présentation des candidats et
L’équipe de Bourg-du-Péage Drôme Handball et son de leurs compétences.
staff - notamment son entraîneur - sont aussi sollicités
pour des rencontres et de la préparation mentale. La Les bénéficiaires du dispositif sont ensuite accueillis en
remobilisation par le sport organisée par une équipe entreprise dans le cadre de stages d’immersion pour
de sportives de haut niveau (handballeuses profes- découvrir des métiers, en particulier dans certains
sionnelles) est une plus-value pour l’estime de soi et secteurs en tension sur l’agglomération (métallurgie,
la confiance en soi. restauration…).
Le sport est ainsi mobilisé pendant seulement deux
Du point de vue de l’entrée dans le parcours, une
semaines mais avec un impact très positif sur le
parcours des publics. Accueillis dans les infrastructures bonne communication avec les acteurs du sourcing
d’un club professionnel, les participants sont encadrés est nécessaire quant aux attendus de la participation
par le staff et peuvent s’identifier à des sportifs de à ce projet. Il est essentiel de penser le tuilage avec
haut niveau. Cette pratique sportive « comme des les acteurs du droit commun pour éviter les ruptures
champions », avec comme aboutissement l’organisation de parcours à la fin du projet
34

2024 :
TOUTES CHAMPIONNES,
TOUS CHAMPIONS
MDE de Plaine commune
Appel à projets
100 % inclusion, la fabrique
de la remobilisation

  Usages principaux du sport dans le projet

• le sport pour repérer des publics « invisibles »

• le sport pour remobiliser et lever des freins à l’insertion

• le sport pour révéler / développer des compétences et rencontrer autrement des employeurs

Porteur cherche à expérimenter des démarches innovantes,


recourant au sport pour remobiliser et accompagner
La Maison de l’Emploi (MDE) de Plaine Commune
les publics. L’objectif est de préparer 1000 bénéfi-
est un groupement d’intérêt public qui recouvre le
ciaires à occuper les emplois des secteurs écono-
territoire de Plaine Commune, soit neuf communes
miques qui seront le plus dynamisés par ces grands
d’Île-de-France. Elle propose un accompagnement
évènements sportifs (construction, exploitation,
à des publics bénéficiaires du Revenu de Solidarité
requalification des équipements ; augmentation du
Active (RSA) et du Plan local pour l’Insertion et
trafic aérien ; nouvelles infrastructures de transports,
l’Emploi (PLIE).
d’hôtellerie et restauration, etc.)
La MDE s’est associée à LACOMS, une entreprise de
Saint-Denis spécialisée depuis une dizaine d’années
Publics visés
dans le sport bien-être et le coaching. Le consor-
tium comprend également l’Etablissement Public Personnes de moins de 30 ans, habitant des quartiers
Territorial Plaine Commune, Ensemble Paris Emploi prioritaires de la ville (QPV).
Compétence, la Ville de Paris et le PLIE de Plaine
Commune.
Résumé du projet
Les personnes intègrent un parcours de quinze mois,
Territoires de déploiement :
en quatre phases. Le projet prévoit l’intervention de
Île-de-France, communes du département de Seine conseillers en insertion professionnelle (CIP) recrutés
Saint-Denis et Paris par la MDE et de coachs sportifs de l’agence LACOMS.

1. Première remobilisation et travail sur un projet


Durée :  3 ans, à partir d’août 2019 professionnel dans les secteurs d’activité dyna-
misés par les événements sportifs à venir : BTP,
commerce-vente, transport-logistique, hôtelle-
Diagnostic de départ
rie-restauration, nettoyage-propreté, sport-anima-
Située à proximité du Stade de France, la Maison tion, aéroportuaire et sécurité.
de l’Emploi anticipe l’effet d’entraînement qu’au-
ront les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2. Séjour « hors les murs » de quatre jours dans un
2024. D’autres événements sportifs d’envergure mon- Centre de Ressources d'Expertise et de Performance
diale vont se tenir ces prochaines années, la Coupe Sportive (CREPS) de province (Houlgate, Bourges,
du monde de rugby en 2023 en particulier. Le projet Wattignies par exemple) pour rompre avec son
35

  Les points clés à retenir :

• Une pratique du sport quotidienne, le temps les soft skills des participants. Des défis per-
d’un séjour « hors les murs » où les partici- sonnels en lien avec le sport, pour remobiliser
pants sont invités à mettre entre parenthèses par la réussite à des épreuves.
leur quotidien. Une pratique du sport hebdo-
• Un objectif emploi et formation dans des sec-
madaire ensuite, partie intégrante des parcours.
teurs porteurs liés aux grands événements spor-
• Un accompagnement qui insiste sur l’hygiène de tifs à venir (JOP 2024 notamment). Des parcours
vie et les valeurs de l’olympisme. Des activités de formation définis en lien avec ces secteurs.
sportives qui permettent de mettre en avant

quotidien, se remobiliser par des activités sportives Une originalité du projet est d’inclure l’e-sport
et « apprendre les valeurs olympiques ». Le séjour dans les parcours. En 2021, la Maison parisienne de
est encadré par les coachs sportifs et les CIP. l’e-sport accueillait ainsi une étape du programme,
en partenariat avec la RATP. L’entreprise cherchait
3. Entrée en formation dans le secteur choisi en à diversifier ses formes de sourcing et a utilisé un
début d’accompagnement. Celle-ci est complétée atelier d’e-sport pour révéler des talents. L’action
par des actions visant à lever les freins à l’emploi, visait spécifiquement les jeunes femmes avec
coordonnées par les CIP (formation à la mobilité, un objectif d’intégration dans une formation de
financement du permis de conduire, etc.). conductrice de métro.

4. À l’issue de la formation, le cas échéant, accom- Des défis sportifs peuvent ponctuer le parcours
pagnement du bénéficiaire à la recherche d’em- des jeunes : apprendre à nager et passer un brevet
ploi, dans le cadre de son parcours de quinze mois. de natation à l’issue du parcours, par exemple.

Les filières de formation identifiées et proposées


Bénéficiaires à fin 2021 aux personnes intégrant les parcours sont directe-
ment en lien avec la tenue de grands événements
495 bénéficiaires, dont 29 % de femmes.
sportifs en France pour la période 2023-2024.
42 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans,
59 % moins de 30 ans. 8 % ont 50 ans ou plus. Une cérémonie de clôture marque la fin du parcours.
Les participants se voient remettre un maillot de
81 % ont au maximum atteint un niveau de
l’équipe de France de football, symbole de leur
formation bac (*).
réussite.
55% des bénéficiaires résident en QPV.
(*) taux calculé sur l’assiette des entrées pour lesquelles le
niveau de formation atteint est renseigné ; non renseigné : 16%. Relations avec les entreprises et les autres
parties prenantes du territoire
Usages du sport et apports pour Les entreprises sont mobilisées dans le cadre
les bénéficiaires des parcours de partenariats directs ou indirects en lien avec
des associations d’employeurs locaux. Elles inter-
La pratique sportive est quotidienne durant le séjour viennent en proposant des opportunités d’immer-
« hors-les-murs ». Elle est hebdomadaire ensuite, sions professionnelles (périodes de mise en situation
durant la phase de formation et d’accompagnement à en milieu professionnel, PMSMP). Le sport permet de
l’insertion professionnelle. La pratique sportive permet repérer des candidats à des formations profession-
de mobiliser des compétences informelles, comme nelles, à l’image de l’atelier « e-sport » cité ci-dessus.
la prise de risque, la responsabilité. Pour le porteur, Les actions de formation sont définies en fonction
l’usage du sport contribue à développer une bonne des besoins locaux et mobilisées dans le cadre du
hygiène de vie chez les bénéficiaires des parcours. droit commun (programme régional de formation
Les défis sportifs mettent en avant la détermination notamment). Elles peuvent également prendre la
et la capacité à mener des projets à moyen ou long forme de Préparations Opérationnelles à l’Emploi
Collectives (POEC).
terme. La transmission des valeurs de l'olympisme,
telles que le respect des partenaires, adversaires ou
arbitres, permet de développer des compétences
valorisables dans le monde de l'entreprise.
Sources
et méthode
38 Inclure par le sport

Un cadre pour expérimenter → Repérer et (re)mobiliser les publics « invisibles »,


et apprendre et en priorité les plus jeunes d’entre eux ;
→ 100 % inclusion, la fabrique de la remobilisation ;
Engagement du Président de la République en 2017,
le Plan d’investissement dans les compétences → Intégration professionnelle des réfugiés ;
(PIC) est mis en œuvre de 2018 à 2022 et poursuit → Prépa apprentissage.
trois objectifs majeurs :
La Banque des Territoires (CDC) est opérateur,
→ faire plus, en formant 2 millions de personnes pour le compte de l'Etat, des trois derniers appels
éloignées de l’emploi supplémentaires sur la à projets.
durée du quinquennat ;
L’investissement de l’État en matière de formation
→ faire mieux, en proposant des parcours mieux professionnelle et d’accompagnement des actifs
ciblés sur les besoins, à la fois des entreprises les plus fragiles s’est également traduit par la
et des personnes les plus éloignées de l’emploi ; signature de Pactes régionaux d’investissement
dans les compétences, dans le cadre desquels l’État
→ toucher ceux qui n’attendent plus rien de nos intervient en soutien (ou « additionnalité ») de
institutions, les « invisibles », à travers des actions l’effort des Régions. Les enjeux de transformation
d’« aller vers » et de remobilisation vers l’emploi. des parcours de formation et de l’accompagnement
constituent un des trois axes structurants des
Amener à la formation et/ou ramener à l’emploi les Pactes et ont, au niveau régional, également donné
publics qui en sont les plus éloignés et qui cumulent lieu à l’expérimentation de nouvelles pratiques.
les difficultés (santé, mobilité, isolement, précarité
financière, précarité dans le logement, illettrisme Pactes régionaux et appels à projets ont ainsi permis
de financer un très grand nombre d’actions et de
ou illectronisme, charge précoce de famille, etc.)
projets innovants, souvent à très petite échelle, sur
constitue cependant une gageure. Peine à se proje-
lesquels l’État souhaite capitaliser afin de mieux
ter, moindre appétence à se former, voire défiance
éclairer la suite des politiques publiques en direc-
installée vis-à-vis de dispositifs synonymes d’échecs
tion des plus vulnérables : jeunes décrocheurs,
pour eux-mêmes ou leurs proches, accroissent
bénéficiaires du Revenu de solidarité active, réfu-
encore la distance de ces « grands décrocheurs » giés, etc. Qu’est-ce que ces projets et leur déploie-
par rapport au marché du travail et aux actions de ment effectif, sur des territoires à enjeux (quartiers
formation ou d’accompagnement classiques. prioritaires de la politique de la ville, zones de
revitalisation rurale, territoires ultra-marins), nous
Quatre appels à projets nationaux lancés dans
apprennent à travers leurs réussites comme leurs
le cadre du PIC ont cherché à attaquer de front
échecs ? Quelles pratiques sont les plus inspi-
cette gageure, en soutenant l’expérimentation
rantes ? Quels en sont les facteurs de réussite ?
de nouveaux schémas d’intervention sur tout ou Quels difficultés, verrous ou freins apparaissent
partie de la chaîne allant du repérage à l’emploi, comme les plus récurrents ? C’est en consolidant,
que cette nouveauté tienne aux consortiums d’ac- pas à pas, les apprentissages et en les faisant circu-
teurs mobilisés, aux gestes professionnels et aux ler que l’on se donnera les moyens d’améliorer,
outils développés, à la place faite aux « bénéfi- en continu, le service rendu aux personnes et de
ciaires » dans la conception et l’amélioration des traiter les grains de sable ou cailloux, nombreux
parcours, etc. Il s’agit des appels à projets : encore, qui enrayent le système.
Sources et méthode 39

Capitaliser sur les pratiques mises « 100 % inclusion » et « Intégration professionnelle


des réfugiés » étant plus diversifiés que sur les
en œuvre dans le cadre des appels
deux autres appels à projets, une proportion plus
à projets : une première étape importante de projets a été retenue, pour analyse,
La collection de guides de capitalisation est une sur ces programmes.
des traductions de l’exigence d’expérimentation
20 actions remarquables déployées dans le cadre
et d’apprentissages portée par l’État dans le cadre
des Pactes régionaux. Sélectionnées par l’État ou les
du Plan d’investissement dans les compétences.
Régions, ces actions ne constituent qu’une toute
Cette collection propose une première photogra- petite partie de celles financées dans le cadre des
phie de « bonnes pratiques » mises en œuvre par Pactes, mais elles permettent d’enrichir le panorama
les acteurs, sur sept thèmes : sur des thématiques d’expérimentation en grande
1.  Repérer les publics dits « invisibles » ; partie communes.

2.  Remobiliser les décrocheurs de l’emploi et de Pilotés par le Haut-commissariat aux compétences,
la formation ; les travaux d’enquête et d’analyse ont été réalisés
3.  Construire des parcours sans rupture : le défi par des cabinets d’études mandatés par l’Etat à
d’un accompagnement global ; cet effet. La conception des guides s’est inscrite
4. 
Faire une nouvelle place aux « bénéficiaires »  ; dans un processus de travail itératif, tirant profit
des témoignages et de l’expertise des différentes
5. Reconnaître les compétences par des voies adap-
parties impliquées.
tées aux personnes très éloignées de l’emploi  ;
6. Construire de nouvelles relations aux entreprises A minima, une analyse de la documentation exis-
dans le cadre de parcours d’inclusion ; tante et un (ou plusieurs) entretien(s) ont été réali­
7. Inclure par le sport. sés par les cabinets pour chacun de ces projets
ou actions.
Ces pratiques ont été identifiées par les cabinets
Des résultats d’analyse intermédiaires ont été
d’études mandatés par l’État à cet effet, en analy-
présentés et enrichis dans le cadre d’un atelier
sant non l’exhaustivité des projets financés, mais
d’intelligence collective organisé en novembre
un vivier d'une centaine de projets :
2021, réunissant une centaine de participants :
→ 27 projets lauréats de l’appel à projets « Repérer lauréats des appels à projets, parties prenantes
et (re)mobiliser les publics invisibles », du territoire et services de l’État, franciliens
→ 49 projets lauréats de l’appel à projets essentiellement (cf. cahier photos).
« 100 % inclusion, la fabrique de la remobilisa-
L’analyse s’est également nourrie des présentations
tion »,
et échanges du séminaire « 100% inclusion », dédié
→ 15 projets lauréats de l’appel à projets aux travaux de recherche ou d’évaluation financés
« Intégration professionnelle des réfugiés », dans le cadre de ce programme, animé par le Haut-
→ 10 projets lauréats de l’appel à projets « Prépa commissariat aux compétences, entre janvier et
apprentissage ». mai 2022.

Les projets dont les déploiements étaient trop Les premiers guides de la collection visent à
récents à la date des travaux ont été écartés. Les documenter des pratiques effectivement mises en
projets financés dans le cadre des appels à projets place par les acteurs et quelques-unes de leurs
40 Inclure par le sport

conditions de réussite, afin que ces pratiques Et ils seront par ailleurs à compléter d’une revue
puissent inspirer d’autres acteurs de terrain et systématique des difficultés, freins ou verrous les
qu’elles puissent éclairer les décideurs et agents plus récurrents remontés du terrain. On apprend
en charge de les accompagner et de faciliter leurs en effet tout autant par l’analyse de ce qui bloque
actions. Ils ne constituent pas une fin en soi, mais et freine les dynamiques d’acteurs que par l’ana-
une étape vers davantage d’intelligence partagée lyse de ce qui marche, dans les expérimentations
sur ce qui germe et se déploie un peu partout sur financées.
les territoires en matière de (nouvelles) pratiques
d’inclusion de publics en grand décrochage. Les éclairages apportés dans le cadre de ce chan-
D’autres ateliers d’intelligence collective seront à tier de capitalisation, porté à différents niveaux
organiser en 2022 et 2023, pour mettre en débat de l’État (Haut-commissariat aux compétences,
et enrichir les éléments collectés et consolidés à Délégation générale à l’emploi et à la formation
ce stade. professionnelle, Dreets), ne remplacent bien
évidemment pas les travaux réalisés par ailleurs,
Chacun peut contribuer à enrichir et faire circuler ceux du Comité scientifique en charge de l’éva-
ces apprentissages. Ils seront à actualiser, consoli- luation du Plan d’investissement dans les compé-
der et/ou amender au fur et à mesure : tences tout particulièrement. Documenter un
certain nombre de pratiques mises en œuvre est
→
de l’entrée de nouveaux lauréats dans les
une chose. Évaluer les résultats qu’elles produisent
programmes (en 2021 et 2022),
en est une autre et suppose un recul suffisant par
→d
 e l’enregistrement de données de réalisations rapport aux déploiements des projets, ainsi que
plus significatives sur les projets (déployés depuis des méthodologies adaptées. C’est là tout l’enjeu
une à trois années au moment de l’enquête). des travaux de ce comité.

Zoom sur les appels à projets du PIC


AAP « Repérer et (re)mobiliser les locales, Cap emploi) et évoluent « hors des radars
publics « invisibles », et en priorité institutionnels » en cumulant parfois un grand
les plus jeunes d’entre eux » nombre de difficultés (illettrisme, isolement
social, handicap reconnu ou non, sans domicile
Objectif :
fixe, personnes avec des pratiques addictives,
Renouveler les approches et innover pour
économie informelle, rejet des institutions…).
repérer, aller vers, renouer le contact et
(re)mobiliser des jeunes et demandeurs Une attention particulière est portée aux habi-
d’emploi qui restent en marge du service public tants des quartiers prioritaires de la politique
de l’emploi et plus généralement des dispositifs de la ville (QPV) et des territoires ruraux, ainsi
de droit commun et assurer, à l’issue de cette qu’aux personnes en situation de handicap.
phase, le relais vers un dispositif existant
En quelques chiffres :
adapté aux besoins de chaque personne.
Plus de 300 projets lauréats sélectionnés
• 
Publics cibles : depuis 2019 au niveau régional.

L’appel à projets vise les publics dits «  invi- •  Plus de 100 M€ de financements alloués dans
sibles », prioritairement les jeunes de moins le cadre du Plan d’investissement dans les
de 30 ans, ni en emploi, ni en formation, ni en compétences.
études, qui ne sont pas accompagnés par le • Un objectif de 100 000 personnes repérées,
service public de l’emploi (Pôle emploi, missions sur la période 2019 - 2022.
Sources et méthode 41

Appel à projets « 100 % Inclusion, plusieurs mois, plutôt qu’une seule expérimen-
tation dont on attend les résultats des années).
la fabrique de la remobilisation » :
2. Une conception « orientée utilisateurs »
Objectif :
Expérimenter des parcours intégrés, allant du Il s’agit de remettre les bénéficiaires (leurs
repérage et de la remobilisation à l’emploi situation, comportements et attentes réels)
ou à l’activité durable, en tirant profit d’une au cœur de la conception des parcours. Cette
diversité de situations d’apprentissage et de exigence a eu son pendant, côté Etat, avec
modalités pédagogiques, pour assurer la recon- l’organisation de « Comités de bénéficiaires »,
naissance et la montée en compétences des en amont des Comités de sélection (cf. cahier
bénéficiaires, par des voies qui leur soient photos).
adaptées.
3. Une dynamique territoriale « apprenante »
Publics cibles : Il s’agit d’encourager des réponses en consor-
Prioritairement les personnes peu qualifiées tium d’acteurs (amenant chacun à sortir de sa
(infra Bac) et les habitants des quartiers prio- zone de confort et/ou à se positionner là où il a
ritaires de la politique de la ville (QPV) ou des la plus forte valeur ajoutée), à une échelle terri-
zones de revitalisation rurale (ZRR). toriale maitrisée (permettant des adaptations
Afin de favoriser la mixité des profils, les rapides), avant un possible essaimage.
parcours « 100 % inclusion » peuvent égale-
En quelques chiffres :
ment s’adresser aux demandeurs d’emploi de
très longue durée, aux bénéficiaires du RSA, • Plus de 100 projets lauréats, sélectionnés en
aux bénéficiaires d’une protection internatio- 4 vagues, de 2019 à 2021.
nale et, plus généralement, à toute personne • Plus de 200 M€ de financements alloués dans
en grande difficulté d’insertion profession- le cadre du Plan d’investissement dans les
nelle, quel que soit le lieu de résidence ou le compétences, pour un taux moyen d’inter-
niveau de formation. vention de l’ordre de 60 %.
• Des projets le plus souvent financés sur 3 ans,
Trois attentes spécifiques dans le cadre de cet
pour une phase d’expérimentation, pouvant
appel à projets d’expérimentation :
comprendre un premier passage à l’échelle
1. Un développement agile, ou par itérations
(dans le cadre du projet initial ou de son
successives
extension).
Il s’agit d’expérimenter en cycles courts • De l’ordre de 70 000 bénéficiaires attendus
(plusieurs itérations de quelques semaines à entre 2019 et 2023.
42 Inclure par le sport

Appel à projets « Intégration Publics cibles :


Bénéficiaires d’une protection internationale
professionnelle des réfugiés »
(réfugiés, protection subsidiaire, apatrides)
Objectif : et demandeurs d’asile de plus de 6 mois.
Les porteurs peuvent proposer des projets
Soutenir des projets contribuant à l’intégration
visant des publics particuliers, notamment
professionnelle des personnes bénéficiaires
les femmes, les jeunes de moins de 26 ans,
d’une protection internationale, via le déploie-
les seniors (40 ans et plus) et les personnes
ment de parcours d’accompagnement vers et
analphabètes ou illettrées.
dans l’emploi ou la création d’activité, la recon-
naissance et le développement des compé- En quelques chiffres :
tences, la coordination et la professionnalisation
• 55 projets lauréats, sélectionnés en 3 vagues,
des acteurs, la multiplication des passerelles
en 2019 et 2020.
avec les acteurs économiques d’un territoire.
• Près de 50 M € de financements alloués dans
Les projets doivent privilégier une logique d’ac- le cadre du Plan d’investissement dans les
compagnement global (formation, mise en situa- compétences, pour un taux moyen d’inter-
tion professionnelle, logement, mobilité, santé, vention de l’ordre de 50 %.
français à visée pro, levée de freins de type
• Des projets le plus souvent déployés à une
culturel, aide à la garde d’enfants).
maille très locale, touchant des bénéficiaires
L’appel à projets encourage la création de sur plus de 60 départements (à fin 2021).
nouvelles coopérations et le renforcement • Plus de 25 000 bénéficiaires attendus entre
de coopérations existantes entre acteurs publics 2019 et 2023.
et privés d’un territoire, acteurs historiques et
émergents, spécialistes de l’asile et acteurs de
l’insertion et de la formation professionnelle, etc.
Sources et méthode 43

Appel à projets Publics cibles :


« Prépa apprentissage » Jeunes de 16 à 29 ans (sans limite d’âge pour
les personnes disposant d’une reconnaissance
Objectif : qualifiée de travailleur handicapé, RQTH),
Les projets doivent permettre aux jeunes, sans ayant terminé leur scolarité du collège, et prio-
emploi, ni formation, qui souhaitent s’orienter ritairement : jeunes de niveau de formation
vers l’apprentissage, de bénéficier d’un accom- inférieur au Bac (Bac non validé).
pagnement personnalisé, dans la perspective Les personnes résidant en quartiers prioritaires
de découvrir des métiers, de choisir leur voie de la politique de la ville (QPV), en zones de
et de consolider leurs compétences. revitalisation rurale (ZRR) et les personnes
Il s’agit, en innovant notamment en matière disposant d’une reconnaissance de la qualité
de communication, de pédagogie, de partena- de travailleur handicapé figurent parmi les
riats, de : publics prioritaires de l’appel à projets.
- rendre l’accès à l’apprentissage possible pour
des jeunes qui n’ont pas cette possibilité en En quelques chiffres :
vue, • 150 projets sélectionnés en plusieurs vagues,
- contribuer à développer l’apprentissage dans entre 2019 et 2022.
les secteurs stratégiques ou en tension, • 2 25 M€ de financements alloués dans le
- accompagner les jeunes et les entreprises cadre du Plan d’investissement dans les
dans leur recrutement d’apprentis, afin de compétences, pour un taux d’intervention
réduire le risque de rupture de contrats d’ap- de l’ordre de 80 %.
prentissage ensuite.
• 110 000 bénéficiaires attendus, entre 2019
et 2023.
44 Inclure par le sport
Sources et méthode 45
46 Inclure par le sport
Sources et méthode 47
La collection de guides de capitalisation

Plan d'investissement Plan d'investissement Plan d'investissement Plan d'investissement


dans les compétences dans les compétences dans les compétences dans les compétences

Repérer Remobiliser Construire Faire une nouvelle


les « invisibles » les décrocheurs des parcours place aux
de l'emploi et sans rupture "bénéficiaires"
de la formation Le défi d’un accompagnement
global, du repérage à l’emploi :
de parcours d'insertion

outils, organisation, pratiques,


compétences

Guide de capitalisation n° 1 Guide de capitalisation n° 2 Guide de capitalisation n° 3 Guide de capitalisation n° 4

Plan d'investissement Plan d'investissement Plan d'investissement


dans les compétences dans les compétences dans les compétences

Reconnaître les Construire de Inclure


compétences par nouvelles relations par le sport
des voies adaptées aux entreprises
aux personnes très éloignées de l’emploi dans le cadre de parcours d’inclusion

Guide de capitalisation n° 5 Guide de capitalisation n° 6 Guide de capitalisation n° 7

7 guides pour capitaliser et apprendre des projets financés dans le cadre du Plan d’investisse-
ment dans les compétences :

« Expérimenter ne suffit pas. Il faut savoir apprendre de ce que l’on expérimente via des centaines
d’acteurs engagés sur le terrain, et consolider ensemble ces apprentissages. Il faut savoir ensuite
transformer l’action à partir de ce que l’on a appris. »
Carine Seiler, Haut-commissaire aux compétences.

La collection des guides de capitalisation est une des traductions de la dynamique d’expérimen-
tations et d’apprentissages portée par le Haut-commissariat aux compétences et, plus généra-
lement, par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, dans le cadre des appels à
projets du Plan d’investissement dans les compétences et des Pactes régionaux d’investissement
dans les compétences.

Chaque guide propose un cadre analytique permettant de distinguer des grands ensembles de
pratiques et un premier catalogue de « bonnes pratiques » tirées des projets financés.

 Ce premier relevé de pratiques, réalisé à mi-chemin, pour des programmes et projets
dont les réalisations sont attendues sur les années 2019 à 2023, demandera à être enrichi,
amendé ou consolidé, au terme des déploiements.
Rédaction : Groupement Itinere Conseil-Geste-Orseu et Haut-commissariat aux compétences / Conception : Vraiment Vraiment / Crédits photos : Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion - Octobre 2022

Vous aimerez peut-être aussi