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Une passion
rebelle
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Lionel Évrard
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Titre original
MACLEAN’S PASSION
Éditeur original
Loveswept, an imprint of Random House, a division of
Penguin Random House LLC, New York
© Sharon Cullen, 2016
Pour la traduction française
© Éditions J’ai lu, 2019
Ce livre est dédié à mon mari, John,
qui écume pour moi les librairies à la recherche
de livres historiques. On ne peut rêver
meilleur partenaire que celui qui vous soutient
à cent pour cent dans votre passion.
1
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Sans doute devait-il être en train de rôtir dans les
feux de l’enfer. Rien au monde ne pouvant être aussi
brûlant, Colin ne voyait pas en quel autre endroit il
aurait pu se trouver. Cela n’était pas vraiment une
surprise pour lui. Sa mère lui avait souvent répété
qu’il y finirait un jour s’il ne s’amendait pas. Il avait
toujours cru qu’elle disait cela pour l’impressionner,
mais apparemment elle ne s’était pas trompée, car
c’était réellement en enfer qu’il était.
Tout son corps lui faisait un mal de chien. Les
flammes du démon lui léchaient les talons, rous-
sissant sa peau et cuisant sa chair. Chaque inspira-
tion lui était une torture. Il n’aurait jamais imaginé
devoir respirer en enfer, mais là aussi il s’était appa-
remment trompé.
— Je savais bien que tu finirais mal, asséna
Dougal.
Le visage de son frère mort flotta devant lui. Colin
tendit la main pour le toucher, mais il se déroba.
— Désolé… parvint-il à coasser douloureusement.
Sa gorge semblait tapissée de ronces.
Dougal secoua tristement la tête. Colin détourna
la sienne, car ses remords étaient presque aussi
cuisants que les feux de l’enfer. Et de ce côté-ci,
c’était un autre enfer – la bataille de Culloden – qui
l’attendait.
Les Anglais, ayant pris les Highlanders par sur-
prise, se frayaient dans leurs rangs une percée
meurtrière. Colin n’avait jamais rien vu de tel. Ils
avançaient, implacable machine de guerre parfaite-
ment entraînée, laissant derrière eux des monceaux
de cadavres déchiquetés.
Colin se trouvait à côté de son autre frère, Fergus,
qui tentait comme lui de résister à l’avancée des
ennemis. La massive claymore de Fergus dégoulinait
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de sang et lui maculait la main jusqu’au poignet. Il
rageait et jurait à chacun des coups qu’il portait.
Colin se battait quant à lui contre un adversaire à
peine sorti de l’adolescence. Ce gamin était mort de
peur, et cela se sentait dans sa façon de se battre. Il
commettait des erreurs qu’aucun véritable guerrier
n’aurait commises. Colin aurait pu se sentir désolé
pour lui si les Anglais n’avaient pas été là pour enva-
hir son pays.
Fergus poussa un cri qui lui fit tourner la tête.
Son épée, devenue trop glissante, lui avait échappé
et gisait dans la boue. Son adversaire saisit l’oppor-
tunité. Colin voulut s’interposer en bloquant le coup
destiné à son frère, mais le jeune soldat l’en empê-
cha en passant lui-même à l’attaque. Instinctivement,
Colin para et leurs épées s’entrechoquèrent. Il était
trop tard : en se sauvant lui-même, il avait sacrifié
son frère. Il ne put que regarder Fergus s’écrouler,
terrassé par le coup fatal que le soldat anglais venait
de lui assener.
Les yeux écarquillés, Fergus verrouilla son regard
au sien. Colin poussa un cri et vit son frère ouvrir
la bouche, mais jamais il ne saurait quelles auraient
été ses dernières paroles, car le soldat anglais mit
un genou à terre et dégaina un poignard avec lequel
il lui trancha la gorge.
Submergé par une rage mortelle, Colin plongea
son épée dans le ventre de son adversaire, avant
d’embrocher dans le dos le meurtrier de son frère.
Dans un grand cri, celui-ci s’écroula sur sa victime.
Colin le fit rouler d’un coup de pied rageur et tomba
à genoux près de Fergus, dont il saisit la tête à deux
mains.
Il était trop tard, et c’était lui le responsable. Il
aurait dû assurer les arrières de son frère et ne pas
perdre son temps avec le jeune soldat inexpérimenté.
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À présent, les flammes de l’enfer lui léchaient le
visage, les mains, les pieds, le faisant gémir. Elles
allaient finir par le consumer tout entier. Cela ne
faisait aucun doute pour lui, tout comme il était
certain désormais de ne plus jamais revoir ses frères.
Il tourna la tête pour échapper à la scène de
bataille. Une quinte de toux grasse lui déchira la
poitrine.
— Buvez ceci…
La voix, dans les ténèbres, le fit sursauter. Il ne
la reconnaissait pas.
Il sentit qu’on pressait quelque chose contre ses
lèvres. Un liquide frais dévala sa gorge. Il s’étrangla
et faillit s’étouffer, ce qui mit en colère la bonne âme
qui avait tenté de le faire boire.
— Pas comme ça, idiot ! Vous êtes censé l’avaler…
4
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Colin alla se défouler de ses frustrations sur le
terrain d’entraînement. Apprendre à se battre avait
été le seul des legs transmis par son père qu’il avait
apprécié. Cela faisait un moment qu’il n’avait pu
confronter sa force et son habileté à celles d’un
autre. Il se sentait faible, ses instincts n’étaient plus
ce qu’ils avaient été. Il lui fallait remédier à cela.
Écartant de ses pensées la conversation qu’il
avait eue avec Evan, il laissa ses émotions prendre
le contrôle. Il sentit sa colère se déverser à travers
ses bras en repoussant son adversaire. Il ne pensait
pas avoir jamais été aussi furieux qu’il l’était pour
l’heure. Sa rage ne pouvant se traduire en mots, il
laissa ses actes parler pour lui.
Au bout d’un moment, rattrapé par sa faiblesse, il
lui fallut s’arrêter. Sa volonté se rebellait à l’idée de
déserter le terrain d’entraînement, mais son corps
refusait de suivre.
En essuyant la sueur qui noyait son visage, il aper-
çut un jeune homme frêle qui se mesurait à Gilroy.
Bien vite, il réalisa son erreur. Comment pouvait-il
encore prendre Maggie pour ce qu’elle n’était pas ?
Et comment avait-il pu ne s’apercevoir de rien
durant leur captivité ? Sans doute parce qu’elle était
douée pour tromper son monde. Mais désormais, il
se jurait de ne plus tomber dans le piège.
En compagnie de quelques autres appuyés à la
clôture, il observa le combat. Maggie était vrai-
ment douée. Elle semblait anticiper chaque geste
de Gilroy. Même s’ils devaient avoir l’habitude de
s’affronter, il était manifeste qu’elle avait un instinct
de combattante qui avait été amené par la pratique
à une certaine perfection. Qui plus est, elle était
agile et se dérobait à son adversaire au bon moment,
réduisant sa tactique à néant et provoquant son exas-
pération. Or un combattant exaspéré finit par perdre
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ses moyens et commettre des erreurs – de fatales
erreurs.
C’était un spectacle étonnant de la voir se battre
le sourire aux lèvres, avec des gestes si gracieux
qu’elle semblait danser. Maggie utilisait son corps
comme une arme, provoquant et déstabilisant son
adversaire, lui laissant espérer un instant la victoire,
avant de se dérober avec un rire cristallin emporté
par le vent.
En définitive, Maggie était même plus que douée.
À sa grande surprise, Colin sentit le désir lui mordre
les tripes rien qu’à la regarder.
Pantelant, trempé de sueur, Gilroy finit par recon-
naître sa défaite en pointant son épée vers le sol.
Maggie alla le rejoindre et le prit quelques instants
dans ses bras, avant de gagner la sortie du terrain.
Apercevant Colin, elle fit halte devant lui et scruta
son visage, les yeux mi-clos pour se protéger du
soleil. Des mèches restaient plaquées à ses tempes
humides de transpiration. Ses vêtements moulaient
son corps aux endroits les plus inappropriés. Colin
avait beau s’efforcer de garder les yeux rivés aux
siens, il ne pouvait faire abstraction de ses seins.
— Eh bien ? demanda-t‑elle, le faisant sourire.
— Eh bien quoi ?
Maggie leva les yeux au ciel.
— Qu’avez-vous pensé du combat ?
— Je pense que vous êtes assez douée.
Elle émit un grognement sarcastique.
— « Assez » seulement ?
— Peut-être un peu plus que cela.
Elle pointa un doigt sur sa poitrine, mais Colin
sentit ce contact jusque dans son entrejambe.
— Je suis bien plus qu’assez douée, et vous le
savez.
Un sourcil arqué, il fit remarquer :
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— Ce genre d’attitude trop confiante pourrait vous
faire tuer sur un champ de bataille.
Maggie haussa les épaules.
— Je peux m’en débrouiller.
Décrochant un linge d’un des poteaux de la clô-
ture, elle débarrassa son visage de la sueur et de la
boue qui s’y étaient accumulées. Contrairement à
la plupart des hommes qui ne sentent pas la rose
à l’issue d’un combat, il émanait d’elle une odeur
fraîche de grand air, de verdure, qui suffit à porter
l’érection de Colin à son apogée.
Puis, se remémorant ce qu’Evan lui avait confié,
il sentit sa colère renaître de plus belle. Comment
pouvait-il faire cela à sa sœur ? Comment pouvait-il
la vendre à l’ennemi, dans l’espoir d’une paix illu-
soire ? Mais, même si ce n’était pas correct, que
pouvait-il y changer ? Il n’était pas un Sinclair. Il
n’était personne – juste un étranger de passage. Pour-
tant, l’idée de partir en laissant Maggie derrière lui,
à la merci de son frère, lui était insupportable.
— Moi aussi, je vous ai vu combattre, dit-elle.
Colin réprima une grimace. Cela n’avait pas été
sa meilleure performance…
— Vous êtes assez doué, mais sans plus.
Sur ce, elle lui adressa un clin d’œil et tourna les
talons. Colin ne put empêcher son regard de se por-
ter sur son arrière-train, parfaitement moulé dans
son pantalon, qui mettait en valeur la perfection de
ses hanches.
Le spectacle était si émouvant qu’il ne lui en vou-
lut pas d’avoir eu raison.
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— Maggie, non !
Durant un bref moment de panique, en la décou-
vrant penchée au-dessus du parapet, Colin avait cru
qu’elle voulait se jeter du haut des remparts. Aussi
avait-il couru vers elle pour la retenir. Mais avant
qu’il ait pu la rejoindre, elle se retourna, le bras
tendu devant elle afin de le tenir à distance.
— Allez-vous-en ! parvint-elle à ordonner entre
deux sanglots. Laissez-moi…
Son visage ravagé par les larmes lui serra le cœur.
— Maggie, s’il vous plaît… plaida-t‑il.
Une main plaquée sur la bouche, elle secoua la
tête longuement. Colin s’approcha à pas lents. Tant
elle était consumée par le chagrin, elle parut ne
même pas s’en apercevoir.
— Laissez-moi… répéta-t‑elle d’une voix brisée.
Parvenu devant elle, Colin prit son visage en coupe
entre ses mains, surpris de constater à quel point
elle tremblait.
— Regardez-moi, Maggie… Regardez-moi !
Son regard se fit moins lointain, moins perdu. Ses
yeux parurent le voir enfin.
— Je vais aller voir Evan, expliqua-t‑il. Je lui dirai
ce que j’ai entendu. Il ne pourra pas vous forcer à
épouser cet homme quand il sera mis au courant
de ses intentions.
Il était impossible que Sinclair s’entête, Colin en
était convaincu. Il devait y avoir une solution, et il
se jurait de ne pas quitter les lieux avant de l’avoir
trouvée. Il n’avait pas sauvé Maggie des griffes des
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Anglais pour la voir tomber aux mains d’un monstre
tel que Fraser.
— Il a dit…
De nouveau, son regard se faisait vague.
— J’ai entendu ce qu’il a dit, la tranquillisa Colin.
J’irai parler à votre frère.
Elle se remit à pleurer à chaudes larmes. Ne
sachant que faire pour la consoler, il la prit dans ses
bras et la serra contre lui, en une farouche étreinte
dont il espérait qu’elle l’aiderait à cesser de trembler.
Maggie s’abandonna contre sa poitrine. Ses pleurs
redoublèrent, mais son corps cessa progressivement
de trembler. Colin caressait doucement son dos en
lui murmurant des mots de consolation à l’oreille.
Finalement, les sanglots s’espacèrent et finirent
par cesser. Au bout d’un moment, Maggie s’écarta
de lui et frotta ses yeux rougis.
— Je me sens comme une idiote, confia-t‑elle en
riant d’un air gêné.
— Pourquoi ?
Sous ses pouces, Colin essuya ses dernières larmes.
Sa peau était douce et souple. L’idée que quelqu’un
puisse lui faire violence, marquer cette chair tendre,
lui faisait horreur et l’emplissait de fureur.
— Pour avoir pleuré ainsi, répondit-elle. Cela ne
m’arrive jamais.
— C’est pourtant compréhensible.
Cela la fit rire doucement.
— J’ignore ce que j’aurais fait si vous n’aviez pas
été là pour tout entendre, vous aussi. Evan ne m’au-
rait sans doute jamais crue si j’avais été lui raconter
une telle histoire. Je vous remercie, MacLean.
Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa
un baiser sur ses lèvres. Colin en fut tellement sur-
pris qu’il resta statufié sur place. Leurs regards se
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croisèrent. Au fond de ses yeux écarquillés, il la
découvrit elle-même surprise de son audace.
De nouveau, il serra ses joues entre ses mains et
se pencha pour l’embrasser vraiment. Ce baiser fut
aussi délectable que le précédent, et même mieux
encore car Maggie n’était plus novice et ce fut d’elle-
même qu’elle ouvrit la bouche pour permettre à sa
langue de s’y glisser. Il était satisfait de savoir qu’il
avait été le premier à l’initier, et d’autant plus furieux
contre Fraser qui voulait forcer une âme aussi belle
et aussi pure qu’elle.
Il la sentit entourer sa taille de ses bras et l’attirer
tout contre elle, comme si elle voulait pour se ras-
surer ne plus faire qu’un de leurs deux corps. Lui-
même n’aurait rien trouvé à y redire si cela avait pu
la mettre à l’abri de Fraser. À défaut, Colin souleva
doucement Maggie et la fit asseoir sur le parapet
afin de placer leurs lèvres à la même hauteur. Il
redoubla d’ardeur pour l’embrasser, goûtant sur ses
lèvres le sel de ses larmes, savourant contre la sienne
la chaleur de sa langue. Ces saveurs de femme, de
sel et de vin mêlées étaient un divin aphrodisiaque.
Un bruit se fit entendre derrière eux. Avec un petit
cri de surprise, Maggie le repoussa. D’instinct, Colin
resserra l’emprise de ses bras afin de l’empêcher de
basculer à la renverse. D’un regard par-dessus son
épaule, il constata que non seulement Sinclair les
observait, une lueur meurtrière dans le regard, mais
également Fraser, le visage figé en une expression
glaciale qui le fit frissonner. Il eut pour première
réaction d’adresser à ce dernier un regard de défi,
mais il préféra se concentrer sur Evan.
— Lamentable… commenta Fraser avec un sou-
rire mauvais. Quelle honte, pour une lady, d’être
surprise dans une telle posture !
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Puis, s’adressant à son hôte :
— Vous avez un problème avec les occupants de
votre maison, Sinclair. Une sœur qui s’habille en
homme et qui agit comme une catin prête à séduire
un subalterne supposé vous protéger, vous et votre
famille… Il serait temps d’y mettre bon ordre.
Sachant quand il valait mieux ne pas répondre
à la provocation, Colin préféra se taire. Fraser ne
cherchait qu’à le pousser à se battre, et il ne tenait
pas à lui donner cette satisfaction. Il était de toute
façon préférable qu’il le prenne pour un subalterne
plutôt que pour un chef de clan recherché par les
Anglais.
Sans rien ajouter, Fraser tourna les talons et rega-
gna le château. Colin fit un pas sur le côté et s’inter-
posa entre Maggie et son frère, même s’il savait que
cela ne servait à rien.
— Je veux vous voir tous les deux dans mon étude
à la première heure demain matin.
Evan s’apprêtait à partir lui aussi, quand une idée
lui fit faire volte-face.
— Margaret ! lança-t‑il sèchement. Tu viens avec
moi.
Le regard baissé, pour une fois docile et vaincue,
Maggie s’exécuta. Colin dut faire appel à toute sa
volonté pour ne pas la retenir par le bras. Il lui
fallait reconnaître que la précaution prise par Sin-
clair se justifiait. Pourquoi aurait-il laissé sa sœur
avec celui qui était constamment surpris en train
de l’embrasser ?
Il n’en demeurait pas moins qu’il avait peur pour
elle et redoutait les représailles qu’elle pourrait
subir. Même si Sinclair ne semblait pas être le genre
d’homme à frapper une femme, sous le coup de la
colère, qui pouvait dire de quoi il était capable ? Plus
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que jamais, le besoin de protéger Maggie le plongeait
dans une terrible frustration.
Pour ne rien arranger, avant de suivre son frère
dans l’escalier, la jeune femme lui jeta par-dessus
son épaule un regard effrayé qui ne fit qu’attiser
ses craintes.
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— Est-ce que tu connais bien le secteur ? demanda
Colin lorsqu’ils se furent éloignés de la forteresse.
— Aye, répondit Maggie.
— Moi, je ne le connais pas. Je compte donc sur
toi. Nous devons aller vers le sud, vers Dornach.
— Chez Sutherland ?
Colin acquiesça d’un hochement de tête. Ils allaient
du moins prendre cette direction. Il connaissait bien
le pays et quelques caches où attendre de meilleurs
jours. Sutherland l’aiderait, à n’en pas douter, mais
il voulait s’assurer pour commencer que les Anglais
ne l’attendaient pas à Castle Dornach. Son amitié
avec Brice Sutherland étant de notoriété publique,
ce n’était pas à exclure.
Maggie imprima à leur course une allure endia-
blée. La nuit était tombée depuis longtemps. On n’y
voyait pas grand-chose, mais cela ne la ralentissait
en rien. Elle n’était pas du genre à se plaindre ou à
lambiner, comme elle le lui avait déjà prouvé. Cette
femme avait un cœur de guerrière, et il n’en était
pas peu fier.
Elle méritait tellement mieux que lui, un homme
qui rechignait à rentrer chez lui par peur de ne pou-
voir diriger son clan, un homme qui avait toujours
été une déception pour tous ceux qui l’avaient aimé.
Il n’avait rien à lui offrir, et pourtant il avait accepté
de l’épouser, alors qu’il aurait mieux fait de tourner
les talons et de ne plus revenir. Et voilà qu’à présent
il avait une femme à protéger, à vêtir et à nourrir.
Colin passa une main lasse sur son visage. Cette
responsabilité nouvelle pesait lourdement sur ses
épaules. L’expression de confiance qui avait trans-
paru sur son visage, quand elle s’était donnée à lui
dans la chapelle, lui avait presque brisé le cœur. Il
avait vu passer sur ce beau visage autant de peur
que d’espoir, et pour être tout à fait honnête, c’était
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ce qu’il ressentait également, ainsi qu’un farouche
besoin de protéger cette femme étonnante qui avait
débarqué dans sa vie au plus mauvais moment. Il
voulait par-dessus tout éviter qu’elle se sente aban-
donnée ou qu’elle ait faim ou froid, et pourtant il
ne savait comment éviter cela.
Quel mauvais tour lui avait-il donc joué ?
— Evan retiendra Fraser et les Anglais aussi long-
temps qu’il le pourra, dit-elle.
— Tant mieux.
Colin comptait là-dessus. C’était leur seul espoir.
Cela, et les caches aménagées par Sutherland. S’ils
pouvaient se cacher durant le jour et voyager la nuit,
ils avaient une chance de s’en sortir. Mais combien
de temps leur faudrait-il fuir ainsi ? Devraient-ils
vivre comme des bêtes pourchassées le reste de leur
existence ?
Il s’en voulait à présent de n’avoir pas laissé Mag-
gie auprès de Sinclair. Evan aurait été en mesure
de la protéger. Il n’avait pu, cependant, se résoudre
à la laisser derrière lui. Pour le meilleur comme
pour le pire, elle était sa femme et c’était à lui de
la protéger, pas à son frère. De toute façon, elle était
une guerrière accomplie, et il ne voulait personne
d’autre pour assurer ses arrières que Maggie Sin-
clair – enfin, Maggie MacLean : il allait lui falloir
du temps pour s’y habituer.
Maggie fit halte et Colin la rejoignit au bord de
la rivière Thurso, qui roulait ses eaux gonflées par
les pluies avec une force inaccoutumée.
— Il va nous falloir traverser, annonça-t‑elle.
Colin observa les alentours, puis les flots tumul-
tueux.
— Ici, c’est trop étroit.
Les goulets d’étranglement étaient les plus dan-
gereux à traverser. Avec un peu de chance, il leur
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serait possible de découvrir en remontant la rive un
gué plus adéquat, mais ils risquaient ce faisant de
perdre un temps qu’ils n’avaient pas.
— Combien de temps ton frère pourra-t‑il retenir
Fraser ? s’enquit-il.
— Un jour, tout au plus.
— Ils étaient à une demi-journée de chevauchée
de la forteresse quand nous sommes partis.
Si la chance était de leur côté, ils trouveraient
un point de passage sans trop tarder. Dans le cas
contraire… tout pouvait rapidement dégénérer.
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— Och, aye ! Vous êtes vraiment de la même eau
tous les deux. De bien belles batailles en perspective.
Mais…
Il laissa sa phrase en suspens. Un sourcil arqué,
Maggie attendit qu’il se décide à conclure.
— Mais il se soucie de vous, ajouta Alan d’une
voix douce. Et il ne sait pas quoi faire de cela.
Maggie laissa retomber ses mains le long de ses
flancs. Sa langue semblait paralysée. Elle avait des
nœuds dans l’estomac. Elle aurait voulu pouvoir s’ac-
crocher à ces paroles. Elles représentaient l’espoir
que son mariage puisse fonctionner.
— Écoutez-moi bien, Alan MacLean ! lança-t‑elle.
Je me faufilerai dans ce tunnel, je forcerai ces soldats
à boire le vin drogué, et je jouerai mon rôle dans la
reprise de leur forteresse par les MacLean.
En le saluant d’un hochement de tête, elle tourna
les talons et rejoignit son mari à l’intérieur, prête à
livrer une nouvelle bataille.
— Je ne discuterai pas de ça, la prévint-il aussitôt
d’un air morose.
— Très bien, je n’en discuterai pas non plus.
— Tu n’iras pas, un point c’est tout.
— Je croyais que nous n’en discutions pas ?
Colin serra les dents. Maggie vit un muscle palpi-
ter sur sa mâchoire.
— Tu feras ce que je te demande ! lança-t‑il d’un
ton déterminé.
— Colin… dit-elle dans un soupir de lassitude.
Penses-tu réellement que me donner des ordres de
cette façon va te mener à quoi que ce soit ?
— Maggie…
— J’ai trompé les gardiens de prison pendant des
semaines ! l’interrompit-elle. Je t’ai donné le change
plus longtemps encore ! Je suis parfaitement capable
de remplir cette mission, et tu le sais.
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— Je t’en prie, Maggie. Ne fais pas ça…
Elle alla prendre sa main et la porta à ses lèvres.
— Je fais ça pour toi, dit-elle en cherchant son
regard. Pour nous. Je le fais pour chacun des
MacLean qui se cachent dans ces bois, n’osant en
sortir de peur de croiser un Anglais.
Colin soutint son regard et soupira longuement.
— L’idée que tu puisses te retrouver là-bas, sans
protection, me terrifie.
La panique et le désespoir qu’elle lisait au fond de
ses yeux eurent presque raison de sa détermination.
— Je ne supporterais pas de te perdre, conclut-il.
Je n’y survivrais pas.
L’émotion qui avait fait trembler sa voix lui
retourna le cœur.
— Tu ne me perdras pas, assura-t‑elle tout bas.
Je te le promets.
Colin la prit dans ses bras et la serra fort contre
lui.
— Comment peux-tu promettre une chose
pareille ? s’étonna-t‑il tout contre son oreille.
— Je peux faire de mon mieux.
Il s’écarta légèrement et la dévisagea un long
moment avant de demander :
— Tu es vraiment déterminée ?
— Plus que déterminée.
Colin posa son front contre le sien.
— Promets-moi que tu feras tout pour rester en
vie. Et à la moindre alerte, au moindre problème,
jure-moi de te sauver le plus vite possible.
Cela fit sourire Maggie. Elle avait la certitude à
présent que son mari se souciait vraiment d’elle…
— Je te le promets, dit-elle.
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Et puis il y a aussi les concepteurs des couver-
tures et tous ceux et toutes celles en coulisse qui
mettent au point la sortie des livres, la mise en vente
et toutes les étapes du marketing. Chacun d’eux a
mon livre à cœur et fait de sa réussite un effort
collectif.
Anna Campbell
Les fils du péché - Le plus précieux des joyaux
Inédit
À Londres, tout le monde sait que feu sir Lester Harmsworth
n’a pas enfanté Richard, qui a subi les insultes et les mo-
queries toute sa vie. Mais, s’il entrait en possession d’un
joyau de très grande valeur qui a longtemps appartenu
à sa famille, peut-être pourrait-il restaurer sa dignité ?
Malheureusement, ce joyau se trouve entre les mains de
Genevieve Barrett, qui refuse obstinément de le lui vendre…
Catherine Anderson
La lune comanche
Les Introuvables
Inédit
Sept ans après le meurtre de ses parents, Loretta Simpson
vit toujours dans la terreur que les guerriers comanches ne
reviennent. Loup Noir, indien, est convaincu que Loretta
est la femme décrite dans l’antique prophétie comme étant
celle qu’il doit honorer pour l’éternité. Mais Loretta ne voit
en Loup Noir que l’ennemi qui l’a enlevée, et elle refuse de
se soumettre…
Grace Burrowes
Les lords solitaires - Andrew
Inédit
Rongé par la culpabilité après la mort de plusieurs de ses
proches, Andrew Alexander, comte de Greymoor, a préféré
quitter le pays. Ce n’est qu’en apprenant que son amour
de jeunesse, Astrid Worthington, est marié qu’il décide de
rentrer en Angleterre. Or, Astrid est veuve, enceinte… et en
danger. Andrew n’a pas d’autre choix que de la protéger…
Amy Jarecki
Les seigneurs - Le commandant des Highlands
Inédit
Fille illégitime d’un comte écossais, Magdalen Keith
accepte malgré elle de danser avec des officiers de la marine
en guerre lors du bal masqué de Whitehall. En dépit
de ses préjugés, sa rencontre avec Aiden Murray, lieutenant
de vaisseau, la bouleverse. Mais lorsqu’il apprend que le père
de Maddie, un comte rebelle défendant la cause jacobite, est
accusé de trahison, le bel Écossais continuera-t-il à écouter
son cœur, au risque d’y perdre la vie ?
Shirlee Busbee
La rose d’Espagne
La bibliothèque idéale
Ennemis de longue date, les Delgato espagnols et les
Lancaster anglais se vouent une haine sans merci. Lorsque
le cruel Diego Delgato saisit le navire de Gabriel Lancaster
et le fait prisonnier, Gabriel est prêt à tout pour assouvir sa
vengeance. Maria, magnifique jeune femme aux yeux saphir
et sœur de Diego, sera l’instrument parfait de sa vengeance !
La passion s’avance pourtant sous le masque de l’orgueil…
Julie Anne Long
Pickpocket en jupons
Jeune avocat, Gideon Cole sait qu’il sera un jour baron.
Il a de grands projets. D’abord épouser lady Constance
dont la beauté n’a d’égale que sa passion pour le luxe. Mais
sera-t-elle capable de patienter jusqu’à ce qu’il hérite ?
Rien n’est moins sûr, et Gideon s’inquiète. Et s’il lui
inventait une rivale pour piquer sa jalousie ? Reste à trouver
une candidate... Pourquoi pas cette voleuse dont il a racheté
la liberté sur un coup de tête ?
3 avril
Molly O’Keefe
Coup d’éclat
Monica Appleby est de retour à Bishop. La réputation
sulfureuse qui la précède, elle la doit au drame familial
qu’elle a vécu des années auparavant, et dont elle souhaite
faire un livre. Or, ce projet n’est pas du goût du maire de la
ville, Jackson Davis. Pourtant, malgré l’apparente hostilité
qu’il lui témoigne, Monica est irrésistiblement attirée par
cet homme de pouvoir…
30 titres en lice
Un jury de passionnées
La meilleure romance récompensée
facebook.com/jailu.pour.elle Jailupourelle
12569
Composition
FACOMPO
ÉDITIONS J’AI LU
87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris