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Une passion
rebelle
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Lionel Évrard
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Titre original
MACLEAN’S PASSION
Éditeur original
Loveswept, an imprint of Random House, a division of
Penguin Random House LLC, New York
© Sharon Cullen, 2016
Pour la traduction française
© Éditions J’ai lu, 2019
Ce livre est dédié à mon mari, John,
qui écume pour moi les librairies à la recherche
de livres historiques. On ne peut rêver
meilleur partenaire que celui qui vous soutient
à cent pour cent dans votre passion.
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Sans doute devait-il être en train de rôtir dans les
feux de l’enfer. Rien au monde ne pouvant être aussi
brûlant, Colin ne voyait pas en quel autre endroit il
aurait pu se trouver. Cela n’était pas vraiment une
surprise pour lui. Sa mère lui avait souvent répété
qu’il y finirait un jour s’il ne s’amendait pas. Il avait
toujours cru qu’elle disait cela pour l’impressionner,
mais apparemment elle ne s’était pas trompée, car
c’était réellement en enfer qu’il était.
Tout son corps lui faisait un mal de chien. Les
flammes du démon lui léchaient les talons, rous-
sissant sa peau et cuisant sa chair. Chaque inspira-
tion lui était une torture. Il n’aurait jamais imaginé
devoir respirer en enfer, mais là aussi il s’était appa-
remment trompé.
— Je savais bien que tu finirais mal, asséna
Dougal.
Le visage de son frère mort flotta devant lui. Colin
tendit la main pour le toucher, mais il se déroba.
— Désolé… parvint-il à coasser douloureusement.
Sa gorge semblait tapissée de ronces.
Dougal secoua tristement la tête. Colin détourna
la sienne, car ses remords étaient presque aussi
cuisants que les feux de l’enfer. Et de ce côté-ci,
c’était un autre enfer – la bataille de Culloden – qui
l’attendait.
Les Anglais, ayant pris les Highlanders par sur-
prise, se frayaient dans leurs rangs une percée
meurtrière. Colin n’avait jamais rien vu de tel. Ils
avançaient, implacable machine de guerre parfaite-
ment entraînée, laissant derrière eux des monceaux
de cadavres déchiquetés.
Colin se trouvait à côté de son autre frère, Fergus,
qui tentait comme lui de résister à l’avancée des
ennemis. La massive claymore de Fergus dégoulinait
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de sang et lui maculait la main jusqu’au poignet. Il
rageait et jurait à chacun des coups qu’il portait.
Colin se battait quant à lui contre un adversaire à
peine sorti de l’adolescence. Ce gamin était mort de
peur, et cela se sentait dans sa façon de se battre. Il
commettait des erreurs qu’aucun véritable guerrier
n’aurait commises. Colin aurait pu se sentir désolé
pour lui si les Anglais n’avaient pas été là pour enva-
hir son pays.
Fergus poussa un cri qui lui fit tourner la tête.
Son épée, devenue trop glissante, lui avait échappé
et gisait dans la boue. Son adversaire saisit l’oppor-
tunité. Colin voulut s’interposer en bloquant le coup
destiné à son frère, mais le jeune soldat l’en empê-
cha en passant lui-même à l’attaque. Instinctivement,
Colin para et leurs épées s’entrechoquèrent. Il était
trop tard : en se sauvant lui-même, il avait sacrifié
son frère. Il ne put que regarder Fergus s’écrouler,
terrassé par le coup fatal que le soldat anglais venait
de lui assener.
Les yeux écarquillés, Fergus verrouilla son regard
au sien. Colin poussa un cri et vit son frère ouvrir
la bouche, mais jamais il ne saurait quelles auraient
été ses dernières paroles, car le soldat anglais mit
un genou à terre et dégaina un poignard avec lequel
il lui trancha la gorge.
Submergé par une rage mortelle, Colin plongea
son épée dans le ventre de son adversaire, avant
d’embrocher dans le dos le meurtrier de son frère.
Dans un grand cri, celui-ci s’écroula sur sa victime.
Colin le fit rouler d’un coup de pied rageur et tomba
à genoux près de Fergus, dont il saisit la tête à deux
mains.
Il était trop tard, et c’était lui le responsable. Il
aurait dû assurer les arrières de son frère et ne pas
perdre son temps avec le jeune soldat inexpérimenté.
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À présent, les flammes de l’enfer lui léchaient le
visage, les mains, les pieds, le faisant gémir. Elles
allaient finir par le consumer tout entier. Cela ne
faisait aucun doute pour lui, tout comme il était
certain désormais de ne plus jamais revoir ses frères.
Il tourna la tête pour échapper à la scène de
bataille. Une quinte de toux grasse lui déchira la
poitrine.
— Buvez ceci…
La voix, dans les ténèbres, le fit sursauter. Il ne
la reconnaissait pas.
Il sentit qu’on pressait quelque chose contre ses
lèvres. Un liquide frais dévala sa gorge. Il s’étrangla
et faillit s’étouffer, ce qui mit en colère la bonne âme
qui avait tenté de le faire boire.
— Pas comme ça, idiot ! Vous êtes censé l’avaler…
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