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La science dans tous ses états

- Objectifs du module -
Niveau - B2/C1.
Thème - Parler de la méthode scientifique.
Grammaire - Identifiez les subordonnées et employer les relatifs.
Méthodologie - Effectuer une recherche & résumer la thèse d’un auteur.
Production orale - Échanger & débattre.
Production écrit - Articuler son discours & rédiger un compte-rendu.

Arte, « Le Vortex » - La fiabilité des articles scientifiques


☛ Pour voir la vidéo en ligne : https://youtu.be/CEq1aJeBfZo

1 Quel est le problème des articles de presse qui mentionnent des études scientifiques ?

2 À qui s’adresse un article scientifique ?

a) Aux citoyens
b) À la presse
c) À d’autres chercheurs

3 Indiquez les quatre problèmes que pose la lecture d’articles scientifiques.

4 Indiquez deux moyens d’accéder aux études scientifiques.

5 Qu’est-ce que la crise de la reproductivité ?

6 Pourquoi certains chercheurs fraudent-ils pour avoir des résultats intéressants ?

7 Vrai ou faux ? L’influence des lobbys sur les études scientifiques est difficile à déterminer. Justifiez.

8 Qu’a fait Alan Sokal ? Pourquoi ?

9 Quelles revues sont particulièrement ciblées par les canulars ?

10 Vrai ou faux ? Une étude sans erreur ni sans fraude peut ne pas être reproductible. Justifiez.

11 Une étude « significative » a…

a) 5% de chances de ne pas être due au hasard


b) plus de 5% de chances de ne pas être uniquement due au hasard
c) moins de 5% de chances d’être uniquement due au hasard

12 Vrai ou faux ? La valeur de significativité d’une étude permet de valider un phénomène. Justifiez.


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Production orale

1 - Peut-on avoir confiance en la science ? À plusieurs, réfléchissez aux arguments pour et


contre cette affirmation.
a) Réfléchissez aux présupposés (ce qui est déjà impliqué) et aux enjeux (ce qui pourra
l’être).
b) Cherchez des arguments et des exemples précis.
c) Anticipez les éventuels contre-arguments.

2 - Par deux, choisissez un camp (pour / contre) : vous aurez trois minutes pour convaincre les autres
personnes de la classe en répondant aux arguments de votre adversaire.

☛ Ne vous limitez pas uniquement à vos affirmations, il faut prendre en compte les arguments de
l’adversaire.

La Recherche - Martin Stratmann, « Il faut laisser une grande liberté aux chercheurs »
L’Europe est aujourd’hui l’un des acteurs mondiaux majeurs de la recherche, faisant jeu égal avec les États-
Unis et la Chine. Président de la Société Max-Planck pour l’avancement des sciences, l’Allemand Martin
Stratmann partage sa vision de la recherche fondamentale, soulignant l’importance de la curiosité et de la
liberté laissée aux chercheurs. Une liberté qui passe par des financements importants, dont les retombées ne
seront pas immédiates mais qui, pour lui, sont nécessaires afin de maintenir la prospérité économique sur
notre continent. Il s’inquiète également des insuffisances des budgets européens pour la recherche. […]

La Recherche Que pensez-vous du classement de Shanghai et de tous ces classements qui favorisent les
universités anglo-saxonnes ? Pour tenter d’y figurer en bonne place, la France a entamé un
mouvement de regroupement de ses universités. Est-ce utile pour la recherche ?
Martin Stratmann Tout d’abord, le classement de Shanghai est universitaire, de sorte que le Max-Planck ne
peut pas y figurer. Il existe d’autres systèmes de classification qui sont plus liés à la science, tel le Nature
Index, un indice qui examine les publications dans 82 journaux scientifiques de haut rang : nous y sommes
numéro 3 mondial, derrière l’Académie des sciences de Chine et l’université Harvard (États-Unis). Ensuite,
ce type de classements reflète une optimisation statistique et pas nécessairement la qualité d’une institution.
Cela montre que, si vous avez beaucoup plus de monde, vous aurez un meilleur classement. Mais, même si
vous placiez toutes les universités françaises sous une même bannière, vous ne seriez jamais numéro 1, parce
que l’Académie des sciences chinoise - qui représente environ la moitié des sciences qui se font en Chine -
sera toujours devant vous… Pour comparer les institutions, il faut donc normaliser les données, par exemple
en fonction du nombre de scientifiques employés. Mais sérieusement, je pense que les classements sont loin
de parvenir à évaluer la qualité de la science qui se fait dans un endroit donné. Ils traduisent l’histoire de
l’institution, car ils se fondent sur l’activité durant la décennie précédente, et leur valeur prédictive me paraît
faible.

Comment sont organisés l’enseignement supérieur et la recherche en Allemagne ? Est-ce très différent
de la France ?
Tout à fait. Pour en comprendre la raison, il est nécessaire d’avoir trois choses à l’esprit. Premièrement, en
Allemagne, la liberté scientifique est garantie par la Constitution (la loi fondamentale de la République
fédérale d’Allemagne), qui stipule dans son article 5 : « L’art et la science, la recherche et l’enseignement
doivent être libres. » Ainsi, le gouvernement doit s’assurer que des organisations - comme la Société Max-
Planck - ont une structure qui garantisse cette liberté. Deuxièmement, contrairement à la France, l’Allemagne
est un État fédéral. En conséquence, les institutions scientifiques sont non seulement financées par le
gouvernement central, mais aussi par les différents États régionaux [les Länder], et ce, à travers tout le pays.
Pour prendre une image informatique, ce que nous avons en Allemagne pourrait être qualifié de réseau

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distribué par opposition à un réseau centralisé. Enfin, nous disposons d’un certain nombre d’organismes de
recherche non universitaires, qui ont des tâches bien définies. […]

Le budget de la recherche européenne est en cours de discussion au Parlement européen, le


programme-cadre Horizon Europe devant en fixer le financement pour la période 2021-2027. Quelle
que soit l’issue des votes, ce budget sera en forte baisse. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Tout d’abord, j’aimerais souligner qu’il existe une grande disparité sur le financement de la recherche entre
les pays européens. Certains, comme la France ou l’Allemagne, ont un investissement en recherche et
développement substantiel [2,2 % du PIB en France, 2,9 % en Allemagne et 3,3 % pour la Finlande et la
Suède, ndlr]. Le financement européen, en cours de discussion, s’ajoute à cela. D’autres consacrent peu
d’efforts à la recherche au niveau national et comptent beaucoup sur les fonds européens. C’est notamment le
cas de l’Italie ou de l’Espagne [1,3 % et 1,2 % du PIB respectivement] ou de la Pologne [0,9 % du PIB].
Mais l’Europe - en tant qu’entité globale - s’en sort plutôt bien sur le plan économique et de la recherche :
avec 7 % de la population mondiale, elle représente 20 % des sommes investies dans la recherche mondiale.
Et elle compte plus de chercheurs que les États-Unis ou la Chine par exemple. Mais dans les vingt ou trente
ans à venir, le paysage industriel va radicalement changer. Nous savons que l’industrie classique est
menacée. C’est la cas en Allemagne, mais aussi en France. De surcroît, la crise du Covid-19 est de nature à
accélérer cette transition économique. Ce qui adviendra dépendra beaucoup des données initiales : quel sera
le nombre d’habitants en Europe ? Combien y aura-t-il de chercheurs ? Quel sera le financement européen de
la recherche ? Pour réussir sur le plan économique, je suis intimement persuadé qu’il faudra être excellent
dans le domaine de la recherche dans les universités, sans négliger la recherche fondamentale.
Malheureusement, la discussion d’Horizon Europe pour le financement de la recherche européenne ne va pas
dans cette voie.

Qu’entendez-vous par là ?
L’avenir de l’Europe repose sur le cerveau de notre population, qui doit être bien entraîné, recevoir une
bonne éducation, disposer de matériel adéquat, etc. Or nous n’en faisons pas assez. En prenant en compte
l’inflation1, le montant prévu [75,9 milliards d’euros] n’est pas suffisant. La Chine, par exemple, investit
beaucoup dans la recherche [2,19 % du PIB en 2018 et 2,5 % prévu en 2020] ; Israël également [4,95 % du
PIB]. Pour se maintenir à notre niveau actuel, nous avons besoin de faire émerger de nouvelles industries
liées à la science, et cela nécessite d’investir de manière ciblée et d’oublier les subsides2 consacrés à
l’industrie classique appelée à disparaître. Les politiciens en Europe font miroiter un avenir enchanteur, mais
les ressources sont insuffisantes.

Et cela ne pourra se faire que si tous les pays investissent suffisamment ?


Tout à fait. Les fortes disparités entre les pays européens poussent actuellement les étudiants et les
chercheurs les plus brillants là où les conditions sont les meilleures. Ils quittent l’Europe de l’Est pour se
rendre par exemple en Allemagne, en France, mais aussi en Suisse ou au Royaume-Uni. Ce qui renforce
encore le déséquilibre. Et cela vaut pour les financements européens du type ERC3 : les pays qui obtiennent
le plus grand nombre de ce type de financements sont aussi ceux qui investissent le plus par eux-mêmes. En
outre, le gradient4 de qualité de la recherche entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, doit être comblé.
Sinon nous ne réussirons pas sur le plan économique. Et, sur le long terme, il n’est pas viable que les fonds
pour la recherche ne proviennent que de deux ou trois pays.

1 Augmentation des prix alors que les salaires n’augmentent pas.


2 Somme versée à titre d'aide, de subvention, etc.

3 European Research Council : organe de l’UE qui coordonne les efforts de recherche entre les États membres et propose des bourses.
4 L’écart.
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Que pensez-vous des programmes phares européens (Flagship Programs) concernant les batteries,
l’intelligence artificielle et l’information quantique notamment ?
Ce sont des programmes aux objectifs importants et qui arrivent à point
nommé. Mais le processus de financement européen est très
bureaucratique, ce qui empêche beaucoup de scientifiques d’y
participer. En outre, ces sujets sont les mêmes que ceux que l’on trouve
partout dans le monde. Pour avoir un avantage compétitif, il faut être
flexible, disposer d’une structure administrative légère et rapide… Ce
ne sont pas des qualités reconnues de la bureaucratie européenne.
Enfin, la vraie question est surtout de savoir quels seront
les sujets d’importance dans dix, vingt ou trente ans. En menant cette
réflexion, vous vous rendez compte que de tels programmes top-down
[appliqués selon une approche descendante, ndrl] 5 seront incapables
d’y répondre. C’est pourquoi il faut plus de programmes ouverts pour
nos jeunes chercheurs. Ce sont eux qui dessineront le futur de la
recherche. L’innovation ne peut provenir que de cette ouverture. Il faut
laisser une grande liberté aux chercheurs.

À quoi ressemblera le monde de la recherche et de la science de « l’après-Covid » ?


Cette crise pandémique a fait naître des coopérations scientifiques à un niveau sans précédent. Le champ de
recherche sur les virus est désormais l’un des plus dynamiques, parce que nous nous sommes rendus compte
à quel point ces infections peuvent être dangereuses. Nous connaissions finalement assez peu de choses sur
l’interaction entre les virus et les cellules humaines. Cette crise est la parfaite illustration d’à quel point les
investissements dans la recherche fondamentale6 sont importants : les vaccins récemment développés sont
fondés sur des résultats de recherche très innovants (interférence par ARN7) ; si nous n’avions pas investi
autant dans la recherche fondamentale, nous n’aurions pas développé ces vaccins aussi rapidement. Il faut
investir en recherche fondamentale, même si c’est lent, même s’il n’y a pas de retombées immédiates, parce
que cela augmente notre niveau de connaissances et nous prépare pour le futur.

Le manque de confiance dans la science augmente en France. Est-ce la même chose en Allemagne ?
Selon le dernier baromètre national, 56 % des Allemands disent avoir confiance dans les scientifiques des
institutions publiques et des universités, contre 6 % qui ne leur font pas confiance (35 % ne se prononcent
pas). Ensuite, 54 % des personnes interrogées estiment que les décisions politiques doivent être fondées sur
la science (10 % rejettent cette affirmation et 34 % ne se prononcent pas). 70 % des Allemands déclarent être
intéressés par des sujets scientifiques. La conclusion est que la vaste majorité de la population allemande est
en faveur de la science. Il y a même eu une forte augmentation de la confiance en la science durant la
pandémie. Cet intérêt et cette confiance ne sont sans doute pas étrangers à la personnalité de notre
chancelière, Angela Merkel, qui s’est inspirée de sa formation scientifique dans ses discours pour expliquer
la réglementation du gouvernement en matière de pandémie. Dans d’autres pays, nous avons vu que les
hommes politiques rejettent les découvertes scientifiques lorsqu’elles ne sont pas en phase avec leur
politique. Cela donne une mauvaise image de la science, et c’est dangereux pour la population, comme on
peut le voir aux États-Unis ou au Brésil. Si vous négligez les avancées scientifiques, des actions inadéquates
peuvent en résulter et, in fine, c’est la population qui en souffre. Le déni de réalité de certains dirigeants est
parfois édifiant. Mais on ne peut pas avoir éternellement raison contre les faits.

Martin Stratmann, propos recueillis par Philippe Pajot, La Recherche, nº 563, novembre 2020 / janvier 2021.


5 Partir d’un tout, d’un objectif global, et s’orienter vers des aspects plus détaillés, plus précis.

6 Recherche théorique, le contraire de la recherche appliquée.


7 Travail à partir des gènes.
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Activité 1 - Compréhension générale


Chaque fois, pour répondre aux questions, ne citez pas le texte, mais reformulez et résumez les idées.

1 Indiquez les deux reproches que formule Martin Stratmann à l’égard du classement de Shanghai.

2 À quelles échelles trouve-t-on des financements pour la recherche ?

3 D’après Martin Stratmann, quels sont les trois problèmes liés au financement de la recherche en Europe ?

4 Quel paradoxe soulève Martin Stratmann au sujet des financements ERC ?

5 Quels sont les trois problèmes soulevés par Martin Stratmann au sujet des programmes phares ?

6 Vrai ou faux ? Martin Stratmann défend la recherche fondamentale. Justifiez (ne citez pas).

7 Quels sont les deux avantages de la crise du Covid concernant le domaine de la recherche ?

8 Vrai ou faux ? La recherche fondamentale a uniquement des avantages. Justifiez (ne citez pas).

9 Vrai ou faux ? Martin Stratmann défend une politique qui s’appuie sur la science. Justifiez (ne citez pas).

10 D’après vous, pourquoi Martin Stratmann tient-il de tels propos sur la recherche fondamentale ?

Activité 2 - Identifier les différents emplois de QUE


Dans le texte, indiquez à chaque fois si que est un pronom relatif, une conjonction ou un comparatif. Aidez-
vous du tableau ci-dessous.
Proposition subordonnée relative ceux que l’on trouve partout dans le monde

Locution conjonctive Tout d’abord, le classement de Shanghai est universitaire, de


sorte que le Max-Planck ne peut pas y figurer.

Proposition subordonnée complétive je pense que les classements sont loin de parvenir à évaluer la
qualité de la science

Comparatif Et elle compte plus de chercheurs que les États-Unis ou la


Chine par exemple.

Locution adverbiale Et cela ne pourra se faire que si tous les pays investissent
suffisamment ?

Activité 3 - Distinguer et comprendre le fonctionnement des relatifs & des conjonctions


La coordination La subordination

conjonction de subordination - proposition complétive


conjonctions de coordination que - pour que - tandis que…

mais - ou - - et - donc - or - ni - car pronom relatif - proposition relative


qui - que - dont - où

1 Relevez les pronoms relatifs, indiquez le mot qu’ils remplacent, et leur fonction dans la relative :
a) Une liberté qui passe par des financements importants, dont les retombées ne seront pas immédiates
mais qui, pour lui, sont nécessaires afin de maintenir la prospérité économique sur notre continent.
b) Les fortes disparités entre les pays européens poussent actuellement les étudiants et les chercheurs les
plus brillants là où les conditions sont les meilleures.
c) En outre, ces sujets sont les mêmes que ceux que l’on trouve partout dans le monde.
d) Pour prendre une image informatique, ce que nous avons en Allemagne pourrait être qualifié de réseau
distribué par opposition à un réseau centralisé.
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2 Dans la phrase a), pourquoi peut-il y avoir plusieurs relatives ?

3 Dans la réponse à la première question, relevez toutes le conjonctions de coordination et indiquez chaque
fois :
a) quels sont les éléments coordonnés
b) la nature grammaticale des éléments coordonnés

4 Dans la phrase suivante, quelle est la conjonction de coordination. Qu’indique-t-elle ?

L’avenir de l’Europe repose sur le cerveau de notre population, qui doit être bien entraîné, recevoir une
bonne éducation, disposer de matériel adéquat, etc. Or nous n’en faisons pas assez.

Activité 4 - Identifier et résumer une thèse


1 Résumez en une phrase ou deux la thèse défendue par Martin Stratmann au sujet de la recherche.

2 Lisez le dossier « De quoi l’IA est-elle le nom ? » tiré du magazine Socialter. Pour chaque article, résumez
en une phrase ou deux la thèse défendue par l’auteur(e) du texte.

Production écrite

1 - Faites des recherches sur une invention polémique (IA, reconnaissance faciale, etc.). Vous devez
chercher différents points de vue la concernant. Attention, n’oubliez de notez vos sources (titre, auteur,
date, etc.) !

2 - Rédigez un compte-rendu de vos recherches (200 mots) et postez-le sur le padelt avec une photo de
l’invention que vous décrivez. Votre compte-rendu comprendra :
a) Une introduction avec la description rapide de l’invention et la problématique qu’elle soulève.
b) Un développement organisé (deux parties minimum) avec les différents points de vue exposés.
c) Une courte conclusion qui résume le propos.

☛ Pensez à mentionner vos sources à l’intérieur du développement !

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