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RAFFOURNIER, Bernard
Reference
RAFFOURNIER, Bernard. Le contenu financier des sites Web des entreprises : une
comparaison Suisse - Europe. Genève : 2003
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:47260
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LE CONTENU FINANCIER DES SITES WEB DES ENTREPRISES :
UNE COMPARAISON SUISSE – EUROPE*
Bernard Raffournier
Université de Genève
Résumé :
Ce papier examine le contenu financier des sites web des entreprises suisses et le compare à
celui d'un échantillon d'entreprises européennes. L'étude révèle une légère supériorité des
sociétés suisses quant à la quantité d'informations fournies, même si la présence d'états
financiers complets est moins fréquente en Suisse que dans le reste de l'Europe. La qualité des
informations, en revanche, apparaît légèrement meilleure dans les autres pays européens.
Dans l'ensemble, il ressort de l'étude que les entreprises utilisent relativement peu les
fonctionnalités d'Internet et que la plupart se contentent de mettre sur le web l'information
déjà disponible sous forme papier.
L'auteur :
Adresse :
Prof. Bernard Raffournier
HEC – Université de Genève
40, bd du Pont d'Arve
1211 – Genève 4
bernard.raffournier@hec.unige.ch
*
Cette étude a été réalisée dans le cadre d'un projet de recherche financé par le Fonds National (subside
12-61703.00). L'auteur remercie Entela Lula et Pierre Vallier, assistants à l'Université de Genève, qui ont
collaboré à la collecte des informations nécessaires à la partie empirique de la recherche.
LE CONTENU FINANCIER DES SITES WEB DES ENTREPRISES :
UNE COMPARAISON SUISSE – EUROPE
INTRODUCTION
Plusieurs études ont été réalisées dans différents pays pour déterminer la fréquence
d'utilisation d'Internet dans la communication financière des entreprises.
Aux Etats-Unis, Ashbaugh et al. (1999) ont examiné les sites de 253 sociétés. Ils ont constaté
que 70% comportaient de l'information financière. Une recherche réalisée par Deller et al.
(1999) montre qu'à la même époque, 91% des 100 plus grandes entreprises américaines
utilisaient Internet pour leur communication financière, mais que ce pourcentage n'était que
de 72% au Royaume-Uni et 71% en Allemagne.
La première étude réalisée au Royaume-Uni est l'œuvre de Marston et Leow (1998). Elle
révèle qu'en novembre 1996, 63% des sociétés composant l'indice FTSE 100 avaient un site
Internet et que dans 71% des cas, celui-ci comportait de l'information financière. Dans une
enquête menée l'année suivante, Lymer (1997) a constaté que 92% des plus grandes sociétés
britanniques étaient présentes sur le web et que 65% y publiaient leurs comptes. Ces
pourcentages passent respectivement à 74% et 71% dans une autre recherche réalisée en 1998
par Craven et Marston (1999) sur les 206 plus grandes sociétés du Royaume-Uni.
Une étude de Deller et al. (1999) en Allemagne a montré qu'en 1998, 76% des sociétés du
DAX 100 avaient un site Internet. Deux ans plus tard, la totalité des sociétés constituant
l'indice en possédaient un et 99% l'utilisaient pour y communiquer de l'information financière
(Marston et Polei, 2002).
Ce sont cependant les pays scandinaves qui semblent les plus en avance dans l'utilisation
d'Internet comme outil de communication financière. Lymer et Tallberg (1999) ont en effet
montré que dès 1997, 90% des sociétés finlandaises cotées avaient un site Internet et que,
dans 89% des cas, ce site comportait de l'information financière. Ces résultats sont confirmés
par l'étude de Hedlin (1999) réalisée en 1998 sur 60 sociétés suédoises et qui aboutit à des
pourcentages correspondants de 98% et 85%.
Les entreprises espagnoles semblent en revanche avoir beaucoup tardé à utiliser Internet.
Gowthorpe et Amat (1999) montrent en effet qu'en 1998, 18,5% seulement des sociétés
espagnoles cotées avaient un site Internet qui, dans 49% des cas, comportait de l'information
financière. Les choses semblent cependant avoir nettement changé depuis puisque, dans une
recherche conduite en 2000, Sevillano et Molero (2002) constatent que 71% des entreprises de
leur échantillon ont un site web et que 68% de celles-ci y font figurer de l'information
financière. Des pourcentages comparables (78% et 67%) ont été relevés par Rodrigues et
Menezes (2002) au Portugal.
Plutôt que de se concentrer sur un seul pays, certains chercheurs ont cherché à mesurer la
fréquence d'utilisation d'Internet au niveau international. Ettredge et al. (2002) ont ainsi
2
constaté sur un échantillon constitué des 30 plus grandes sociétés de 22 pays, que 86% avaient
un site web en 1998/99 et que 73% l'utilisaient pour leur communication financière. Plus
récemment, Bonson et Escobar (2002) ont observé que 92% des sites des 20 plus grandes
sociétés de chacun des pays de l'Union Européenne contenaient de l'information financière.
Ces résultats, résumés dans le tableau 1, ne sont pas directement comparables car ces
recherches ont été réalisées à des dates différentes. Les échantillons ne sont pas non plus
homogènes, ni en termes d'effectif, ni en ce qui concerne la taille des sociétés concernées.
Enfin, le concept d'information financière n'est pas le même dans toutes les études1. Ces
recherches mettent néanmoins en évidence la rapidité de la diffusion d'Internet comme outil
de communication financière.
Certaines recherches sont allées plus loin en examinant en détail le contenu financier des
sites. Au Royaume-Uni, Craven et Marston (1999) ont constaté qu'en 1998, 32% des
entreprises de leur échantillon publiaient leur rapport annuel sur leur site alors que 20% se
contentaient d'en donner des extraits ou un résumé. Les pourcentages relevés un an plus tard
en Espagne étaient respectivement de 32% et 18% (Sevillano et Molero, 2002). Dans leur
comparaison de sites américains, britanniques et allemands, Deller et al. (1999) notent que
85% au moins des entreprises de ces pays publient des données comptables sous une forme ou
une autre mais que l'information est beaucoup plus complète aux Etats-Unis qu'en Allemagne
ou au Royaume-Uni. Une comparaison internationale à plus grande échelle a été menée par
Lymer et al. (1999) pour l'IASB. Elle montre que si 60% environ des sites examinés
comprennent un bilan et un compte de résultat, ce pourcentage varie considérablement d'un
pays à l'autre. Les choses semblent néanmoins évoluer rapidement dans ce domaine
puisqu'une étude plus récente de Cordazzo (2001) montre que les entreprises européennes ont
comblé une grande partie de leur retard au cours des dernières années. Toute analyse du
contenu des sites dépend donc étroitement de la date à laquelle elle est réalisée, d'où la
nécessité de renouveler périodiquement l'exercice.
1
Dans l'étude d'Ashbaugh et al. par exemple, pour qu'une entreprise soit considérée comme utilisant Internet à
des fins de communication financière, il faut soit qu'elle mette sur son site un jeu complet de ses états financiers,
soit qu'elle établisse un lien avec la banques de données de la SEC.
3
LA MÉTHODOLOGIE
L'échantillon
Le but de l'étude était de comparer le contenu financier des sites web des entreprises suisses et
européennes. Nous nous sommes limités aux sociétés cotées en bourse. En effet, pour les
autres, la communication financière ne présente pas la même importance car ces entreprises
ont généralement un nombre réduit d'actionnaires qui plus est, tous connus. En outre, leur
capital étant fermé, elles n'ont pas besoin d'informer de potentiels investisseurs.
Plusieurs études ayant montré que la quantité d'informations publiée est fonction de la taille
de l'entreprise (Asbaugh et al., 1999; Craven et Marston, 1999; Debreceny et al., 2002;
Ettredge et al., 2002; Marston et Polei, 2002), nous avons fait en sorte que la structure par
taille des échantillons suisse et européen soit comparable. Pour cela, l'échantillon suisse a été
découpé en déciles, sur la base du chiffre d'affaires consolidé. Pour chaque décile, on a
ensuite extrait de la base de données Worldscope les entreprises européennes non-suisses de
taille comparable et sélectionné parmi celles-ci 30 sociétés au hasard, obtenant ainsi un
échantillon initial de 300 sociétés.
L'adresse Internet des entreprises a été recherchée à l'aide de diverses sources d'informations
(base de données Worldscope, rapports annuels, Guide des Actions Suisses, moteurs de
recherche, etc.). Huit sociétés suisses et vingt européennes sont apparues sans site ou avec un
site ne fonctionnant pas (site en construction ou sans contenu), de sorte que l'échantillon
comprend finalement 188 entreprises suisses et 280 européennes. La ventilation de ces
dernières par pays montre le poids élevé du Royaume-Uni qui s'explique par le grand nombre
de sociétés britanniques cotées en bourse mais aussi probablement par une sur-représentation
des pays anglo-saxons dans la base de données.
4
- Insérer le tableau 2 à peu près ici -
Le contenu de ces sites a été examiné entre mars et juin 2001 à l'aide d'une grille d'analyse
destinée à mesurer la quantité et la nature des informations financières présentes sur le site.
Cette grille décèle notamment la présence d'états financiers, de chiffres-clés, de statistiques
boursières, de communiqués de presse, de textes de conférences, etc. Elle note également la
forme de ces documents (HTML, PDF…) ainsi que le ou les langages dans lesquels ces
informations sont données. Une première version a été testée en l'appliquant à une
cinquantaine d'entreprises suisses et européennes. La grille initiale a ainsi pu être affinée et
complétée pour parvenir à la version finalement utilisée.
L'étendue et la qualité des sites ont été mesurées par deux indices dont le mode de calcul est
décrit en annexe. L'indice de quantité a été obtenu en attribuant un point pour chaque
information présente sur le site, à l'exception des états financiers annuels complets qui
rapportent deux points. Nous avons en effet estimé que ces documents méritaient une
pondération particulière compte tenu de la quantité d'informations qu'ils contiennent. Le
nombre de points obtenu par chaque site a été multiplié par 10 afin d'obtenir un indice
compris entre 0 et 100.
L'indice de qualité s'intéresse à la forme des documents publiés. Nous avons considéré que
pour être vraiment utile, l'information devait être facile à trouver, d'où l'attribution d'un point
chaque fois que les éléments financiers étaient regroupés dans une subdivision du type
"Investor relations" ou lorsque le site comportait un moteur de recherche. L'indice de qualité
indique également dans quelle mesure l'entreprise utilise l'interactivité et les possibilités
multimédia offertes par Internet. Des points ont en effet été attribués aux sites offrant la
possibilité de s'inscrire sur une liste de diffusion ou de contacter par E. mail les responsables
financiers. Chaque élément rapporte un point, à l'exception de la fourniture d'états financiers
sous Excel qui a été récompensée de 2 points comte tenu de l'utilité de ce format qui permet à
l'utilisateur d'importer directement les données recueillies dans ses propres applications sans
avoir à les ressaisir manuellement.
Plus une entreprise publie d'informations, plus elle a la possibilité d'obtenir des points pour la
qualité de ces informations. Ainsi, une entreprise fournissant l'ensemble des informations
prises en compte pouvait obtenir un maximum de 12 points alors que celle qui, par exemple,
5
ne donnait pas de graphiques sur l'évolution du cours de l'action voyait son total maximal
limité à 10 points. La mesure de qualité risquait donc d'être automatiquement corrélée avec
l'indice de quantité. Pour éviter cela, le total des points obtenus a été divisé non pas par 12
mais par le nombre maximal de points que pouvait obtenir l'entreprise compte tenu des
informations effectivement publiées. Le quotient ainsi obtenu a ensuite été multiplié par 100
pour aboutir à un indice de qualité compris entre 0 et 100.
LES RÉSULTATS
Le premier résultat à noter est le grand nombre d'entreprises qui fournissent de l'information
financière, même limitée2 sur leur site web (tableau 3). En Suisse, ce pourcentage s'élève à
82%, un niveau un peu inférieur à celui constaté dans le reste de l'Europe (87%) mais la
différence n'est pas statistiquement significative.
En ce qui concerne la nature de l'information publiée, on constate que 76% des sites suisses
comportent les derniers états financiers annuels de l'entreprise, généralement tels qu'ils ont été
publiés sous forme imprimée. Cette proportion est significativement inférieure à celle relevée
dans le reste de l'Europe (94%). Les états financiers intermédiaires par contre, ne sont
présents que sur 57% des sites suisses et 70% des sites européens et ici encore, la différence
est statistiquement significative.
Cette moindre propension des entreprises suisses à communiquer leurs comptes est
partiellement compensée par une plus grande tendance à présenter des tableaux de chiffres-
clés (66% contre 60%), différence néanmoins non-significative.
La plupart des sites suisses comprennent également des communiqués de presse (87%), des
statistiques sur le cours de l'action (80%) et un agenda financier indiquant les dates des
principales publications et événements à venir (64%). Ces pourcentages sont à peu près du
même ordre que ceux constatés dans le reste de l'Europe.
2
On considère qu'une société fournit de l'information financière si son site comporte au moins un des éléments
figurant dans le tableau 3 (états financiers, chiffres-clés, communiqués de presse, etc.).
6
Les autres informations inventoriées ne sont présentes que sur une minorité de sites. 37% des
sociétés suisses publient des documents présentés lors de conférences (slide shows) et 12%
des réponses aux questions fréquemment posées. Très peu (10%) fournissent des rapports
d'analystes financiers ou même mentionnent les professionnels en charge du suivi de
l'entreprise (8%). Ces proportions sont généralement inférieures à celles des entreprises
européennes mais les différences ne sont que faiblement significatives, sauf pour les réponses
aux questions fréquemment posées.
L'indice Quantité reflète cette moindre étendue du contenu financier des sites suisses,
puisqu'il s'élève en moyenne à 54,2 pour les entreprises helvétiques, contre 60,7 pour leurs
homologues européennes, et la différence est nettement significative.
Les critères permettant d'évaluer la qualité de l'information financière sont résumés dans le
tableau 4. On constate en premier lieu que les sociétés suisses utilisent largement l'anglais
pour leur communication financière puisque près de 90% d'entre elles fournissent des
informations dans cette langue. Ceci peut s'expliquer par la volonté d'attirer les investisseurs
internationaux (essentiellement anglo-saxons) mais on peut y voir aussi une conséquence du
multilinguisme helvétique. Rares sont en effet les entreprises qui publient leur information
financière dans les trois principales langues nationales, la plupart se contentant de l'allemand
et de l'anglais, ce dernier remplaçant donc le français et l'italien. Le pourcentage d'entreprises
utilisant l'anglais est en tout cas significativement supérieur à celui relevé dans les autres pays
européens, à l'exception bien sûr de ceux dont c'est la langue nationale (Royaume-Uni et
Irlande).
En ce qui concerne la facilité de consultation des informations, on constate que 79% des sites
suisses comportent une section "Investor relations" et 41% un moteur de recherche. Ces
pourcentages ne sont pas statistiquement différents de ceux des entreprises européennes.
Les états financiers sont généralement présentés au format PDF et parfois accompagnés d'une
version HTML. Nous n'avons trouvé qu'une seule entreprise à fournir ses comptes sous Excel,
malgré les avantages que présente ce format pour l'investisseur professionnel. Ces
observations ne sont pas statistiquement différentes de celles faites au niveau du reste de
l'Europe.
7
Les entreprises suisses sont loin d'utiliser pleinement l'interactivité qu'offre Internet. En effet,
si 60% d'entre elles fournissent l'adresse E.mail des responsables de la communication
financière, elles ne sont que 43% à permettre le paramétrage des graphiques boursiers et 37%
à offrir à l'utilisateur la possibilité de s'inscrire sur une liste de diffusion. Des différences
apparaissent à ce niveau entre entreprises suisses et européennes mais sans qu'il soit possible
de mettre clairement en évidence la supériorité d'un échantillon par rapport à l'autre (la
fréquence des adresses E.mail est significativement supérieure en Suisse mais celle des listes
de diffusion inférieure).
Enfin, il convient de remarquer la très faible utilisation des possibilités multimédia offertes
par Internet puisque 3% seulement des sites suisses comportent des documents audio et 6%
des documents vidéo. Ces pourcentages sont sensiblement du même ordre que ceux obtenus
dans le reste de l'Europe.
RÉFLEXIONS ET CONCLUSION
Selon Lymer et al. (1999), on peut distinguer trois étapes dans l'utilisation d'Internet pour la
communication financière. La première consiste simplement à mettre sur le web des
documents déjà publiés sous forme papier sans aucune modification de ceux-ci. Le format
PDF se prête parfaitement bien à cet objectif. La seconde étape s'efforce de tirer profit des
possibilités hypertexte offertes par Internet. L'information est alors présentée au format
HTML, ce qui permet d'introduire des liens entre différentes parties d'un document ou même
entre documents3. L'étape ultime consiste à utiliser à plein les avantages d'Internet pour offrir
à l'utilisateur des fonctionnalités particulières, inaccessibles aux documents imprimés.
L'utilisation des possibilités audio ou vidéo ou bien la publication de documents au format
Excel en sont des exemples.
3
La frontière entre ces deux étapes est beaucoup moins nette depuis que les dernières versions de logiciels PDF
permettent elles aussi l'inclusion de liens hypertexte. On peut même penser que beaucoup d'utilisateurs préfèrent
consulter un document PDF ainsi enrichi qu'une page HTML, même si la rapidité de chargement est moindre.
8
Au vu de l'analyse que nous avons conduite, il apparaît clairement que la plupart des
entreprises en sont encore aux deux premières étapes. Tout se passe en effet comme si, à de
rares exceptions près, les sociétés considéraient Internet comme un moyen de mettre à
disposition d'un public élargi l'information déjà publiée sous forme papier. Ce comportement
peut s'expliquer de trois façons. Il se peut en premier lieu que l'information traditionnelle soit
jugée suffisante et que les entreprises ne voient pas l'intérêt de l'enrichir par ce qui peut leur
sembler des gadgets. Il est vrai par exemple que la vidéo n'apporte probablement pas grand
chose à l'information financière sauf pour certaines utilisations particulières comme par
exemple la retransmission en direct des assemblées générales d'actionnaires. Les entreprises
peuvent aussi craindre les risques juridiques liés à la diffusion d'informations
complémentaires qui, contrairement aux états financiers annuels, n'ont pas été auditées.
Lorsque les documents n'émanent pas de l'entreprise, les risques sont encore plus grands.
L'organisme américain de normalisation comptable (FASB) estime en effet que l'entreprise
pourrait être tenue responsable des informations contenues dans les rapports d'analystes
financiers publiés sur son site où même accessibles depuis un lien hypertexte (FASB, 2000).
Même la simple fourniture d'une liste d'analystes serait dangereuse, l'entreprise pouvant se
voir reprocher un biais sélectif si cette liste n'était pas exhaustive. Il n'est pas certain que les
juridictions européennes suivent les États-Unis dans cette interprétation un peu extrême. Le
risque est néanmoins suffisamment important pour dissuader certaines entreprises de publier
ce genre d'informations.
La troisième raison qui peut expliquer la timidité des entreprises est que les véritables
avantages du web pour l'information financière sont encore à venir. Actuellement, l'utilisation
de l'information financière se heurte en effet à la diversité du vocabulaire et des présentations.
Un même élément d'information, par exemple le résultat net, peut, selon les entreprises,
revêtir plusieurs dénominations (bénéfice net, résultat du groupe, résultat après impôt, etc.)
sans compter les traductions en langues étrangères, de sorte qu'il est matériellement
impossible d'extraire sans intervention humaine la même information des sites web de
plusieurs entreprises pour l'introduire dans les applications de l'utilisateur. L'utilisation du
langage XBRL (eXtensible Business Reporting Language) devrait pourtant rendre cela
possible. Ce langage permet en effet de coder séparément chaque élément d'information
élémentaire de façon à ce qu'il puisse être extrait automatiquement quelle que soit sa
9
désignation ou la manière dont il est présenté4. Le développement de cette technologie
suppose néanmoins la mise au point d'une liste commune d'informations élémentaires à coder.
Un projet de nomenclature a été mis au point fin 2002 en liaison avec l'International
Accounting Standards Board (IASB) afin de permettre aux entreprises qui utilisent les normes
comptables internationales (IAS/IFRS) de publier des comptes au format XBRL. Compte tenu
de l'obligation faite aux entreprises européennes cotées en bourse d'appliquer les IAS/IFRS à
partir de 2005, on peut s'attendre à une diffusion très large de ce langage dans les années à
venir, ce qui devrait faciliter l'échange automatique de données entre les entreprises et les
investisseurs. Mais la disponibilité d'une nouvelle technologie ne suffit pas à en assurer le
succès. Seule une nouvelle analyse des sites web dans quelques années permettra donc de
savoir si les espoirs mis dans le développement d'une information financière réellement
standardisée ne seront pas déçus.
4
Pour une description plus complète du fonctionnement du langage XBRL, voir Westarp et al. (1999) ou le site
qui lui est consacré : http://www.xbrl.org
10
RÉFÉRENCES
Ashbaugh H., K. Johnstone et T. Warfield (1999): Corporate reporting on the Internet, in:
Accounting Horizons, vol. 13, pp. 241-257.
Bonson E. et T. Escobar (2002): A survey on voluntary disclosure on the Internet - empirical
evidence from 300 European Union companies, papier présenté au congrès de l'European
Accounting Association, Copenhague, 2002.
Craven B. et C. Marston (1999): Financial reporting on the Internet by leading UK
companies, in: The European Accounting Review, vol. 8, pp. 321-333.
Cordazzo M. (2001): Internet and corporate reporting : an international and comparative
perspective, papier présenté au congrès de l'European Accounting Association, Athènes,
2001.
Debreceny R., G. Gray et A. Rahman (2002): The determinants of Internet financial reporting,
in: Journal of Accounting and Public Policy, vol. 21, pp. 371-394.
Deller D., M. Stubenrath et C. Weber (1999): A survey on the use of the Internet for investor
relations in the USA, the UK and Germany, in: The European Accounting Review, vol. 8, pp.
351-364.
Ettredge M., V. Richardson et S. Scholz (2002): Dissemination of information for investors at
corporate Web sites, in: Journal of Accounting and Public Policy, vol. 21, pp. 357-369.
Financial Accounting Standards Board (FASB) (2000): Electronic distribution of business
reporting information, FASB, rapport téléchargeable sur http://www.fasb.org
Gowthorpe C. et O. Amat (1999): External reporting of accounting and financial information
via the Internet in Spain, in: The European Accounting Review, vol. 8, pp. 365-371.
Hedlin P. (1999): The Internet as a vehicle for investor relations: the Swedish case, in: The
European Accounting Review, vol. 8, pp. 373-381.
Lymer A. (1997): The use of the Internet for corporate reporting – a discussion of the issues
and survey of current usage in the UK, papier téléchargeable sur http://www.shu.ac.uk
Lymer A. et A. Tallberg (1997): Corporate reporting and the Internet – a survey and
commentary on the use of the WWW in corporate reporting in the UK and Finland, papier
téléchargeable sur http://www.summa.org.uk
Lymer A., R. Debreceny, G. Gray et A. Rahman (1999): Business reporting on the Internet,
Discussion paper, IASC, London.
Marston C. et C. Leow (1998): Financial reporting on the Internet by leading UK companies,
papier téléchargeable sur http://www.summa.org.uk
Marston C. et A. Polei (2002): Corporate reporting on the Internet by German companies,
papier présenté au congrès de l'European Accounting Association, Copenhague, 2002.
Rodrigues L. et C. Menezes (2002): Financial reporting on the Internet – the Portuguese case,
papier présenté au congrès de l'European Accounting Association, Copenhague, 2002.
Sevillano M. et L. Molero (2002): Use of Internet by Spanish public companies: an
evolutionary and sector analysis, papier présenté au congrès de l'European Accounting
Association, Copenhague, 2002.
11
Westarp F., D. Ordelheide, M. Stubenrath, P. Buxmann et W. König (1999): Internet-based
corporate reporting – Filling the standardization gap, rapport de recherche, Johann Wolfgang
Goethe Universität, Frankfurt-am-Main.
12
Tableau 1. Les recherches antérieures
Finlande Lymer et Tallberg (1997) 1997 Toutes les sociétés cotées (72) 90% 89%
Gowthorpe et Amat (1999) 1998 Toutes les sociétés cotées (379) 19% 49%
Espagne
Sevillano et Molero (2002) 2000 195 sociétés cotées 71% 68%
Portugal Rodrigues et Menezes (2002) 2001 Toutes les sociétés cotées (74) 78% 67%
* Les auteurs ne précisent pas si ce pourcentage s'applique à l'échantillon total ou aux seules entreprises possédant un site web.
Tableau 2. La constitution de l'échantillon
Suisse Europe
Nombre % Nombre %
Sociétés cotées à fin 2000 272
Moins : banques -27
sociétés financières -29
sociétés d'investissements -20
Sociétés dans l'échantillon 196 300
Sociétés sans site web -8 -20
Sites examinés 188 100,0 280 100,0
Ventilation par pays :
Royaume-Uni 80 28,6
Allemagne 41 14,6
France 32 11,4
Suède 25 8,9
Pays-Bas 17 6,1
Autriche 16 5,7
Italie 16 5,7
Finlande 13 4,6
Danemark 9 3,2
Norvège 7 2,5
Espagne 6 2,1
Irlande 5 1,8
Belgique 4 1,4
Portugal 4 1,4
Grèce 3 1,1
Luxembourg 2 0,7
14
Tableau 3. Quantité et nature de l'information financière
15
Tableau 4. Forme des informations
16
Annexe. Calcul des indices de quantité et de qualité
Points
Points obtenus
attribuables
Indice Quantité :
- États financiers annuels complets du dernier exercice 2 ……..
- États financiers annuels de plusieurs exercices 1 ……..
- États financiers annuels simplifiés 1 ……..
- États financiers intermédiaires 1 ……..
- Chiffres-clés 1 ……..
- Statistiques sur le cours de l'action 1 ……..
- Communiqués de presse 1 ……..
- Documents de conférences 1 ……..
- Rapports d'analystes financiers 1 ……..
Nombre de points 10 x
Indice Quantité = 10 x
Indice Qualité :
Pour tous les sites :
- Section "Investor relations" 1 ……..
- Agenda financier (dates importantes) 1 ……..
- Possibilité d'envoyer un E.mail aux responsables de
l'information financière 1 ……..
- Moteur de recherche 1 ……..
Pour tous les sites sauf britanniques et irlandais :
- Informations financières en anglais 1 ……..
Pour les sites avec des états financiers annuels complets :
- Documents au format Excel 2 ……..
- Documents au format PDF 1 ……..
Pour les sites avec des statistiques boursières :
- Graphiques 1 ……..
- Possibilité de paramétrer les graphiques 1 ……..
Pour les sites avec des communiqués de presse :
- Possibilité d'inscription sur une liste de diffusion 1 ……..
Pour les sites avec des documents de conférences :
- Documents audio ou vidéo 1 ……..
Nombre de points maximum 12 y
Indice Qualité = 100 y / nombre maximal de points
17