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RAPPORT

PLATEFORMES D’INNOVATION
MODÈLES ÉCONOMIQUES POUR LA
RECHERCHE PARTENARIALE

Première partie
BENCHMARK SUR LES SYSTEMES D’INNOVATION
ETATS-UNIS, ROYAUME-UNI, ALLEMAGNE,
SINGAPOUR
COMPARAISON AVEC LA FRANCE

Table des matières

LE CONTEXTE FRANÇAIS DE L’INNOVATION EN CHIFFRES......................................2


CONTEXTE INTERNATIONAL DE L’INNOVATION : ETATS-UNIS, ROYAUME-UNI,
ALLEMAGNE, SINGAPOUR...................................................................................................4
Etats-Unis................................................................................................................................4
Royaume-Uni........................................................................................................................12
Allemagne.............................................................................................................................20
Singapour...............................................................................................................................26
CONCLUSIONS.......................................................................................................................32
Constats.................................................................................................................................32
Comparaison avec la France..................................................................................................33
LE CONTEXTE FRANÇAIS DE L’INNOVATION EN
CHIFFRES

Les observateurs s’accordent à reconnaitre l’excellence des recherches académiques même si


notre rang économique n’est pas totalement en adéquation avec celle-ci.

Selon l’Indice Global d’Innovation, la qualité de la recherche est une force de la France. Elle
se classe au 6ème rang mondial en nombre de publications scientifiques même si la place de
ses universités dans les classements mondiaux reste une faiblesse (une seule université dans le
top 50 du Times --Paris Sciences et Lettres, 46ème-- et aucune dans le classement QS
[Academic Ranking of World Universities, Times World University Rankings, QS Top
Universities].

La France se situe au 7ème rang de l’Union Européenne en termes de dépenses de recherche et


développement en y consacrant 2,2% de son PIB. Sur ce plan, elle se situe en-deçà de la
moyenne de l’OCDE, qui est de 2,5% du PIB. [OCDE]. Considérant que la place de l’Europe
dans le monde s’est elle-même dégradée (ses dépenses en recherche et développement (2 %
du PIB) sont loin derrière celles d’Israël (4,3 %), de la Corée (4,2 %), du Japon (3,1 %), des
États-Unis (2,8 %)) et vu que la Chine a maintenant dépassé l’Union européenne en
pourcentage et en volume, les gouvernements successifs récents ont eu tour à tour l’ambition
de doper l’innovation française en tentant essentiellement de résoudre ce problème à partir de
la recherche publique laquelle est restée largement à la main de l’Etat.

Si l’on regarde en effet les dépenses de recherche et développement des entreprises en France,
elles sont très basses et s’élèvent à 1,4% du PIB, ce qui les place sensiblement en dessous la
moyenne de l’OCDE elles-mêmes de 1,7% du PIB (les États-Unis sont à 2%, l’Allemagne à
2,1% et la Corée du Sud à 3,6%. [OCDE]). Certains y ont vu un effet « pervers » du CIR,
arguant que le financement ainsi repris d’une main aux entreprises serait plus efficacement
redistribué de l’autre aux laboratoires de recherches appliquées comme le CEA.

En 2017, en France, les entreprises ont consacré près de 28 milliards d’euros à la R&D, soit
56% de la dépense intérieure de recherche et développement expérimental (DIRD). C’est
encore comparativement très inférieur à celle que l’on peut mesurer au Japon (78,3%), en
Corée du Sud (76,2%), en Allemagne (66,2%) ou encore aux États-Unis (63,6%, soit un peu
moins que 2/3).

Quant au financement entièrement privé dans l’innovation : la France se positionne au 16ème


rang en termes d’investissements en capital-risque rapporté au PIB, soit au 5 ème rang de l’UE.
Mais l’Europe entière ne compte que 29 licornes, c’est largement à la traine derrière un pays à
l’économie récemment émergente comme la Chine (227) et derrière les États-Unis (233
[OMPI] [Hurun Global Unicorn Index]. Le salut n’est même pas à l’échelle européenne !
Entre temps, sur ces trente dernières années, le budget public de la R&D est en outre
caractérisé par une érosion des financements récurrents, dits « crédits de base », en échange
de financements sur appels à projets, y compris pour assurer son bon fonctionnement.

Des problèmes ont alors émergé. Les taux de succès aux appels à projets, notamment ceux
financés par l’Agence nationale de la recherche, sont extrêmement faibles (16 % en 2018),
largement inférieurs à ceux prévalant au niveau international. Par ailleurs, répondre aux
appels à projets nécessite du temps afin de monter un programme de recherche ambitieux et
cohérent. Ce temps s’accompagne de coûts indirects sans cesse à renouveler du fait de très
faibles taux de succès.

Pour cela, ont fleuri de multiples formes de coopération entre recherche publique et privée
(entre 2014 et 2016, intra France) et 14% des sociétés technologiquement innovantes ont
coopéré avec des universités ou des établissements d’enseignement supérieur et 11% avec des
organismes gouvernementaux ou publics de recherche. [MESRI].

Ces ratios de coopération public-privé français sont cependant très loin de ce qui se pratique
en Allemagne (27,3% et 20,7%). [MESRI]. En outre, cette donnée doit être rapprochée de la
suivante : les entreprises françaises sont amenées bien plus souvent qu’en Allemagne à
partager la propriété intellectuelle avec des laboratoires académiques et cela soulève des
questions de liberté d’exploitation.
CONTEXTE INTERNATIONAL DE
L’INNOVATION :
ETATS-UNIS, ROYAUME-UNI, ALLEMAGNE,
SINGAPOUR

Les comparaisons ci-dessous concernent la manière de soutenir l’innovation dans différents


pays.

Etats-Unis
La gouvernance de la recherche n'y est pas unifiée. Si le Congrès contrôle finement les
dépenses, la Maison Blanche (Executive Office of the White House) détient un large pouvoir
d’initiative et de coordination, les agences et Départements fédéraux se répartissent la gestion
de l’activité de R&D publique. Il n’existe pas de ministère de l’enseignement supérieur et de
la recherche, comme en France.

Au niveau fédéral, la gouvernance et la coordination entre les différents départements


(ministères) et agences revient directement à l’administration de la Maison Blanche,
l’Executive Office of the President (EOP) où se trouvent se trouvent plusieurs organes
spécialisés : l’Office of Science and Technology Policy (OSTP), le President’s Council of
Advisors on Science and Technology (PCAST) et le National Science and Technology
Council (NSTC).

Au sein du Congrès, pour le pilotage budgétaire, l’Office of Management and Budget (OMB)
de l’Executive Office occupe une place centrale dans la gouvernance de la politique de
recherche américaine. L’OMB possède des attributions proches d'un ministère du Budget.

Concernant l’exécution, la recherche est dirigée par certains départements ainsi que quelques
agences indépendantes, placées sous l’autorité directe du Président. Huit se partagent
l’essentiel (93%) de l'investissement fédéral dans la R&D.

Le financement de la R&D se fait principalement par les canaux de la dépense publique


fédérale et de l’investissement des entreprises. En 2018, les sources de financement de la
recherche se répartissaient ainsi :

- Etat fédéral : 127,2 milliards de dollars (21.9%)


- Entreprises américaines : 404 milliards de dollars (69,6%)
- Organisations et fondations à but non lucratif : 22,7 milliards de dollars (3.7%)
- Etablissements d'enseignement supérieur : 21,1 milliards de dollars (3,6%)
- Etats et les collectivités locales : 4,7 milliards de dollars (0,8%)
Les dépenses américaines totales en recherche et développement (R&D) s'élevaient à 580
milliards de dollars en 2018. On observe un ralentissement du soutien fédéral à la recherche :
la part de la dépense intérieure en R&D des entreprises (DIRDE) tend ainsi à s’accroître, elle
atteignait 1,98% du PIB en 2018.

Les moyens financiers au service de la R&D américaine dépassent largement les autres pays
de l’OCDE.

Les dépenses de R&D américaines peuvent être décomposées en trois catégories. Cela
représentait en 2017 :

- recherche fondamentale : 91.4 milliards de dollars,


- recherche appliquée : 108.8 milliards de dollars,
- développement technologique : 347.6 milliards de dollars.

Les entreprises sont particulièrement présentes dans les activités de développement


technologique.

Le ratio des dépenses internes en R&D (DIRD) par rapport au produit intérieur brut (PIB) est
souvent utilisé comme mesure de l'intensité des efforts de R&D comparé à l'activité
économique générale du pays. En 2015, ce ratio est de 2,79 % aux Etats-Unis. Par
comparaison, il est de 2.07% dans l'Union européenne, 3,48% au Japon, 1,69 % au Royaume-
Uni, 3.02 % en Allemagne, 2.19% en France et de 2,19 % en Chine.

La réalisation de la recherche aux Etats-Unis se fait dans les universités et les entreprises mais
également dans des organismes de recherche fédéraux : agences, départements et « FFRDC ».
Les entreprises financent plus d’activités de recherche fondamentale qu’elles n’en exécutent :
elles délèguent une part de cette activité à d’autres acteurs, comme les universités. À
l’inverse, la part des activités de recherche appliquée et de développement technologique
réalisée par les entreprises est supérieure à la part qu’elles financent : l’État fédéral contribue
ici au financement de leurs activités sous la forme de grants par exemple.

La visibilité de la R&D américaine est extrêmement forte. La forte productivité scientifique


américaine est ainsi renforcée par l’impact individuel de chaque publication : si les Etats-Unis
représentent 26 % des publications scientifiques mondiales, ils représentent 28,9% des
citations d’articles (à deux ans) et 37,9% des publications à fort impact.

Les universités américaines, dont le chercheur moyen par ailleurs ne trouve pas inconvenant
de monétiser le résultat de ses recherches, ont un rôle majeur dans l'économie d l'innovation.
Encouragées par un cadre législatif favorable et une autonomie de gestion, elles ont mis en
place une organisation et des moyens significatifs pour exploiter, à des fins commerciales, des
découvertes issues des laboratoires.

L’innovation de rupture est la stratégie préférée des Etats-Unis en raison de son taux de
production primaire de résultats académique très élevé.
Notons que pour cette même raison, une production académique prenant la première place
dans le monde, la Chine devrait à l’avenir accroitre aussi sa pression sur notre économie
européenne et accélérant sa production d’innovations de ruptures.

Outre les retombées commerciales directes pour les universités, qui restent assez minimes, la
fonction de transfert de technologies poursuit les objectifs suivants :

- faire bénéficier l’ensemble de la société des progrès scientifiques par la mise sur le
marché de nouvelles technologies améliorant la santé et la qualité de vie ;
- favoriser le développement des entreprises et la création de start-ups sur des créneaux
stratégiques ;
- attirer et retenir les meilleurs professeurs et chercheurs assurés de voir leurs inventions
valorisées avec un
- créer un retour financier significatif pour leur laboratoire ainsi qu’à titre individuel ;
- tisser des liens avec le monde industriel générant de nouveaux contrats de recherche et
facilitant l’insertion des jeunes diplômés ;

On trouve dans ce paysage des bureaux de transferts de technologies : cette fonction de


développement économique a été introduite grâce à des incitations fédérales et une loi sur
l’innovation promulguée au début des années 80, mieux connue sous le nom de Bayh-Dole
Act.
Le Bayh-Dole Act est le texte fondateur de la politique de propriété intellectuelle universitaire
américaine. Cette loi accorde aux universités le droit de jouir de la propriété intellectuelle des
technologies développées dans le cadre de recherches subventionnées par l’Etat fédéral.
Jusqu’alors, les brevets étaient la propriété du gouvernement fédéral et les universités
n’étaient que faiblement incitées à les valoriser. Le Bayh-Dole Act prévoit également une
juste rémunération des inventeurs oscillant entre 20 % et 50 % du montant de la licence
négociée. La création d’entreprise est encouragée par l’absence de limites aux prises de
participation au capital, ainsi que l’activité de conseil, qui peut représenter usuellement
jusqu’à 20 % du temps de travail des chercheurs. La NSF a ainsi créé le programme I-corps
destiné aux chercheurs afin d’encourager et accélérer les valorisations commerciales des
projets de recherche fondamentale.

Il faut noter qu’aux Etats-Unis le transfert de technologie reste coûteux et rémunère


inégalement les différentes universités. Seules un faible nombre d’entre elles parviennent à en
tirer des revenus substantiels. Il s’agit pour la plupart d’une poignée de très grandes
universités de recherche (moins que le nombre d’états de l’union) : 8 universités reçoivent
près de la moitié des revenus du transfert de technologie !

Contrairement à la France, la chaîne de la valeur du transfert de technologies est très


segmentée aux Etats-Unis. Ce n’est généralement pas la même structure qui gère les aspects
liés à la propriété intellectuelle (brevets, licences) et ceux liés à la création d’activité
commerciale. C’est pourquoi, en complément des bureaux de transferts de technologies, il est
commun d’observer des centres entrepreneuriaux (incubateurs) au sein des universités. Ces
Centres servent de support aux créateurs en proposant parfois des aides financières sous forme
de fonds d’amorçage. Mais, dans la pratique, ce qui fait leur force, c’est la capacité de ces
structures à mobiliser des réseaux d’expertises, de conseils et de financement, y compris via
l’implication de réseaux d’anciens diplômés ou alumni.

Fonctionnant en réseaux formels et informels, les alumni constituent la grande force de la


valorisation de la recherche américaine. Ils sont composés d’anciens élèves qui, au cours
ou suite à une carrière brillante, décident d’aider les étudiants. On les retrouve fréquemment
dans les centres entrepreneuriaux où ils apportent, outre leur carnet d’adresses, leur expertise
technologique, juridique ou financière.

Le secteur marchand effectue la majorité des activités de recherche et développement (R&D)


aux États-Unis. Il intervient dans les secteurs de la recherche appliquée et fondamentale mais
surtout au service du développement technologique (innovation).

La recherche privée aux Etats-Unis n’est pas déconnectée de l’intervention publique : elle fait
également l’objet de nombreuses politiques de soutien et d’incitations, voire de financement
sur fonds fédéraux. Les politiques incitatives peuvent être des contrats, des crédits d’impôts,
ou des partenariats publics-privés.

Les activités de R&D des entreprises sont partagées entre l’industrie (257,227 Mds$ en 2017)
et certaines entreprises de services, souvent issues des technologies de l’information, de
l’architecture et de l’ingénierie, ou de la biologie (142 Mds$ en 2017).

Sur le long terme, la part du secteur privé dans la R&D américaine s’est fortement accrue. En
2018, les entreprises finançaient 69,7% de la R&D aux Etats-Unis (55,7% en France) et en
réalisaient 72,8% (65,1% en France). Si les entreprises participent de façon limitée, mais non
négligeable, à la recherche fondamentale (27.2% en 2018), elles occupent une place centrale
dans le développement technologique (89,6% en 2018).

Une partie de la R&D effectuée par le secteur marchand est financée avec des fonds fédéraux
(47,5 Mds$ en 2015). En particulier, 60,6% de la dépense fédérale en faveur de l’innovation
finance des activités de recherche dans les entreprises (24,277 Mds$ en 2017). En 2013, 9,1%
de la recherche des entreprises était financée par des capitaux publics, provenant
généralement du département de défense (79,9%), de la NASA (9,0%), du département de
l’énergie (3,3%) et des NIH (2,1%). À l’inverse, les entreprises financent également fortement
l’activité de recherche du secteur non marchand.

La R&D est favorisée par la structure du financement privé. Si la majorité de l’innovation


américaine est réalisée dans les grandes entreprises, la structure du financement américain
favorise le développement de petites entreprises innovantes : « investisseurs providentiels »
(business angels), marchés du capital risque (venture capital) et des fusions-acquisitions très
développés.

Il y a de nombreux dispositifs publics d'incitation. Les dispositifs publics d’incitation font


l’objet de réformes fréquentes, en particulier par les différentes « initiatives » présidentielles,
ainsi que par les modifications réglementaires. Les subventions et les contrats de recherche
restent au cœur des dispositifs publics d’incitation.

Des incitations par le crédit d’impôt, mais aussi par les subventions et contrats
gouvernementaux pour les PME. L’OCDE montre d'importantes évolutions internationales
en matière d’incitations publiques à l’innovation. En 2006, les Etats-Unis étaient en tête avec
la France et la Russie, mais sont maintenant rattrapés par d’autres pays : Corée, Irlande,
Hongrie, Belgique, Autriche. Ces incitations se font plutôt par le financement public direct de
la recherche que par le crédit d’impôt, contrairement à la France.

Le système de crédit d’impôt en faveur de la R&D, le Research and Experimentation Tax


Credit, a été créé aux Etats-Unis en 1981 et il était soumis à l’autorisation régulière du
Congrès, ce qui en limitait son efficacité en raison de son imprévisibilité. Depuis 2015 il est
devenu une dépense fiscale permanente qui représente un total de 7,5 milliards de dollars
annuellement.

Le Small Business Innovation Research (SBIR), créé en 1982 par le Small Business
Innovation Development Act, permet au gouvernement de soutenir la R&D des PME. Mis en
œuvre par une dizaine d’agences, ce programme fédéral est coordonné par le Small Business
Administration. Les agences doivent faire effectuer 3,2% de leur activité de R&D par des
petites entreprises, soit par des subventions, soit par des contrats publics. Ce programme
représente au total 2,5 milliards de dollars, financés par des fonds fédéraux. Le département
de la Défense est la plus grande agence dans ce programme, avec une contribution de
1 milliard de dollars par an.

Il existe un second programme similaire, le Small Business Technology Transfer (STTR)


focalisé sur les partenariats entre les TPE et les institutions de recherche à but non lucratif.
Les 5 agences fédérales participantes doivent faire réaliser 0,3% de leur budget de recherche
extramural par des petites entreprises.

Depuis quelques années, l'Etat fédéral a fait le choix de développer des approches
partenariales avec le secteur marchand, autour d’objectifs précis. L'exécutif exploite ainsi son
pouvoir d’impulsion pour lancer des initiatives, parfois privées.

Le Advanced Manufacturing Partnership coordonne un investissement fédéral (2,9 Mds$)


avec des investisseurs privés et non fédéraux, et vise à reprendre le modèle allemand de
l’institut Fraunhofer. Il a créé le National Network for Manufacturing Innovation (NNMI),
renommé “Manufacturing USA Institutes”, réseau de 14 centres de recherche, véritables «
pôles de compétitivité » focalisés sur certains domaines : fabrication additive et impression «
3D » à Youngstown (OH), production et conception numérique à Chicago (IL), semi-
conducteurs à large bande à Cambridge (MA)…

Le BRAIN Initiative est un projet de recherche public-privé sur le cerveau humain, avec des
investissements partagés entre des organismes publics, des fondations et des entreprises (GE,
Google, GlaxoSmithKline…) ;
Le American Business Act on Climate Pledge (engagement climatique des entreprises) vise à
consigner les engagements environnementaux de grandes entreprises, y compris dans le cadre
de la recherche environnementale. Ainsi, l’entreprise française Schneider Electric s’est
engagée à « investir plus de 11 Mds$ sur 10 ans en R&D innovante et durable » et à «
labelliser 75% des produits en R&D ‘green premium’ ».

Le Accelerating Medicines Partnership (2014) est un partenariat public-privé avec dix


entreprises pharmaceutiques (dont Sanofi) et des organismes caritatifs, focalisé sur la
recherche contre la maladie d’Alzheimer, l’arthrite rhumatoïde et le diabète.

La NASA accroît ses partenariats privés dans le cadre de l’exploration spatiale, par exemple
avec l’entreprise SpaceX.

Les Etats-Unis disposent de moyens d’incitation à la main de l’Administration fiscale


(Département du trésor) :

- « R&D tax credit » : un crédit d'impôt Fédéral qui peut être appliqué pour réduire
l'impôt sur le revenu. De plus, de nombreux États offrent des crédits d'impôt pour la
recherche afin de compenser l'impôt sur le revenu dans l'État (pouvant être vendus).
Le crédit fédéral a une valeur maximale de 7,9 % selon la méthode traditionnelle ou de
9,1 % selon la méthode alternative simplifiée pour les années d'imposition après le
31 décembre 2017. Les dépenses éligibles comprennent la main-d'œuvre interne, les
fournitures utilisées pour les recherches et 65 % des dépenses de recherche
contractuelle. Les dépenses éligibles ne comprennent pas les frais généraux ni les
dépenses d'investissement. Les activités doivent être réalisées aux États-Unis et le
contribuable doit avoir engagé ces coûts admissibles.
- « New market tax credit financing ». : les industriels contribuables peuvent recevoir
des prêts pour financer l'expansion de leurs activités dans des zones ‘à faibles revenus’
pré-désignées (le prêteur reçoit des crédits d'impôt supérieurs au montant prêté au
contribuable en investissant dans un fonds qui accorde le prêt au contribuable). Pour
chaque investissement de 10 millions d'USD dans un site qualifié, un contribuable
peut bénéficier d'un avantage d'environ 2 millions d'USD (ce qui ramène le coût de
l'investissement du contribuable à 8 millions d'USD). Critère d’éligibilité : tout
investissement dans des biens d'équipement associés à une entreprise qualifiée dans
une zone à faible revenu préalablement déterminée (où il existera un avantage
communautaire créé, idéalement sous la forme de création d'emplois, de maintien de
l'emploi ou de services élargis).

Le synoptique de ce dispositif est le suivant :


Le crédit d’impôt « traditionnel" est égal à 20 % du montant des dépenses de recherche
admissibles (DRE) dépassant un "montant de base" calculé de la façon suivante : (i) on
déterminant le rapport entre les QRE et les recettes brutes pour la période. Ce rapport, appelé
"pourcentage de base fixe", reflète la proportion des EQR par rapport aux recettes brutes d'une
entreprise au cours de la période. Le pourcentage de base fixe est ensuite multiplié par les
recettes brutes annuelles moyennes du contribuable pour les quatre années précédant l'année
de crédit. Il existe un montant de base plancher de 50 % des EQR de l'année en cours, ce qui
limite les EQR ‘supplémentaires’ qui dépassent ce seuil à 50 % du montant déterminé.

La programmation, le pilotage et le financement de la Recherche et de l’Innovation aux Etats-


Unis ne sont ni centralisés ni unifiés, pas davantage qu’en France. Il y a de nombreux acteurs,
ils sont à tous les niveaux et ils ont une grande autonomie. Seul le cabinet du Président
possède une marge de manœuvre. La Chambre contrôle les budgets et les dépenses au niveau
national. L’organisation de la gouvernance de la recherche et de l’innovation n’a rien de
particulier par rapport à la France. Mais le système d’innovation, de la recherche à la mise sur
le marché en passant par le transfert, fonctionne très bien en dépit de sa complexité.

Vraisemblablement, la réussite ne vient pas du schéma de la tuyauterie des instruments mais


des musiciens jouant dans l’orchestre, le peuple américain, les acteurs individuels de
l’université, de l’industrie et du marché financier. Il faut comprendre que les chercheurs, qui
passent déjà énormément de temps à rédiger des demandes de contrats de recherche,
s’impliquent bien d’avantage dans le transfert de leurs résultats vers les circuits économiques
qu’en France et partagent facilement leur temps entre les deux types d’activités.
Royaume-Uni

Le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur est organisé sur le principe d’une


séparation entre les ministères, les agences de moyens et l’exécution de la recherche. Il est
d'autre part dévolu, chaque gouvernement régional (Angleterre, Écosse, Pays de Galles,
Irlande du Nord) étant souverain dans ses décisions aussi bien financières que stratégiques ou
thématiques. Le mode de financement du secteur repose sur un système dual (enseignement
vs. recherche), et comprend des financements régionaux et des financements nationaux qui
dépendent du gouvernement de Westminster.

La majeure partie de la recherche est effectuée au sein des universités, dont l’excellence est
soulignée notamment par tous les classements internationaux.

Les universités et la recherche sont placées sous la double tutelle du Ministère des entreprises,
de l’énergie et de la stratégie industrielle (BEIS, Business, Energy and Industrial Strategy,
pour la recherche et la science) et du Ministère de l’Education (Department for Education,
pour l’enseignement supérieur).

Il existe deux organismes d’orientation et de conseil au plus haut niveau de gouvernance du


pays, décrits ci-dessous, qui sont accompagnés de Think Tanks tels que Demos, CaSE, CSAP
ou encore IPPR et Big Innovation Centre, qui représentent des acteurs de poids en matière
d’orientation de recherche et d’innovation.

1. Le Council for Science and Technology (CST), le plus important organisme de conseil du
gouvernement pour l'orientation de la recherche.

2. Le Government Office for Science (GO-Science), Cabinet gouvernemental pour la


science, le GO-Science a pour mission de s’assurer que les décisions gouvernementales
s’appuient sur des résultats scientifiques robustes et avec une vision sur le long terme.

Dans ce contexte du Brexit, le gouvernement britannique a renouvelé sa stratégie industrielle


en 2017, affichant 4 axes nommés « Grand Challenges » : « Intelligence artificielle et
économie de la donnée », « Mobilité du futur », « Croissance propre » et « Société
vieillissante ». Ont aussi été publiées des mises à jour de la stratégie pour les sciences du
vivant (2017) et de la feuille de route pour la biologie de synthèse (2017).

Les établissements bénéficient néanmoins d’une grande autonomie, autonomie renforcée par
la réforme la plus importante du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis
25 ans, appelée « Higher Education and Research Act 2017 ». Le Brexit a d’ailleurs
conduit à une floraison de nombreux accords de partenariats avec l’Europe.
Financement : le Department for Business, Energy and Industrial Strategy (BEIS) est le
ministère de tutelle pour la science, la recherche et l’innovation.

Le BEIS définit, en partenariat avec le Trésor, l’enveloppe du Budget de la science, distribuée


aux universités et aux institutions publiques de recherche via l’organisation UK Research
and

Innovation (UKRI). UKRI est une nouvelle infrastructure non gouvernementale parapluie,
créée dans le cadre de la loi 2017 sur l’enseignement supérieur et la recherche. Elle a vu le
jour en avril 2018, et est responsable du financement pour la recherche et l’innovation
publique au Royaume-Uni. A ce titre, sa dotation totale pour l’année 2018-19 s’élevait à près
de 6 Mds£.

Fédérant 9 agences de recherche et faisant remonter l'information au plus haut niveau.


L’UKRI a aussi pour mission d'améliorer la vision stratégique de la science britannique ;
d'être les yeux et la voix de la communauté scientifique auprès du gouvernement pour
soutenir la science ; faciliter et encourager la recherche interdisciplinaire ; et améliorer les
politiques publiques pour la science et l’approche scientifique des politiques publiques (policy
for science/science for policy).

Sous sa houlette, UKRI rassemble sept conseils de recherche thématiques (médecine, arts et
humanités, sciences économiques et sociales, biologie et biotechnologies, ingénierie et
sciences physiques, sciences de l’environnement, infrastructures de recherche), l’agence de
l’innovation Innovate UK et Research England, structure également créée dans le cadre de la
réforme de l'enseignement supérieur en 2017, en charge de distribuer aux établissements
d’enseignement supérieur les financements récurrents liés aux résultats du Research
Excellence Framework (REF, processus d’évaluation de la recherche). Research England
ventile également les fonds alloués aux structures finançant l’enseignement supérieur des trois
régions dévolues, appelés Scottish Funding Council (SFC), Higher Education Funding
Council for Wales (HEFCW) et Department for Employment and Learning (DEL) en Irlande
du Nord.

UKRI est fortement ancré dans le paysage de la recherche scientifique britannique publique.

Parmi ses missions visant à accroître la connaissance, l’économie, ou les impacts sociaux et
culturels de la recherche scientifique, UKRI a publié sa stratégie (mai 2018) qui entre dans le
cadre proposé par la stratégie industrielle (nov 2017).

Le budget de la science abonde également les académies nationales (Royal Society, British
Academy, Royal Academy of Engineering) et l’UK Space Agency. La recherche et
l’innovation au Royaume-Uni sont également financées par plusieurs ministères via des
appels à projets et/ou des centres de recherche propres dans leurs domaines de compétences.
Les enveloppes dédiées à la recherche les plus importantes proviennent du Department for
Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA), du Department for Health and Social Care
(DHSC) et du Department for International Development (DFID).
Le Research Excellence Framework est l’exercice d’évaluation périodique de la recherche
britannique par des commissions thématiques de spécialistes. Il a été institué en 2008 afin,
d’une part, de répartir les dotations de recherche des universités venant des quatre conseils
pour le financement de l’enseignement supérieur sur la base de la qualité de la recherche, et,
d’autre part, de développer le personnel permanent et les infrastructures hébergeant la
recherche de pointe. Ces subventions « Quality Related »(QR) sont attribuées à chaque
université sous forme d’une enveloppe unique, d’utilisation libre. Les montants annuels sont
importants : à titre d’exemple, l’Université d’Oxford reçoit annuellement 163,5M£ et Imperial
College 126,5M£.

Pour chaque soumission, équivalente à un chercheur en ETP, l’évaluation se fonde sur trois
critères, durant la période considérée : les résultats scientifiques (publications, performance,
expositions, etc. selon les domaines scientifiques), l’impact que ces résultats produisent au-
delà du milieu universitaire, et l’environnement dans lequel la recherche est menée. Les
départements universitaires non examinés ou dont la qualité de la recherche n’atteint pas le
niveau considéré comme « niveau international » ne reçoivent aucun crédit au titre de ce
financement récurrent.

Research England gère le REF au nom des quatre organismes de financement de


l'enseignement supérieur au Royaume-Uni: Research England, Scottish Funding Council
(SFC), Higher Education Funding Council for Wales (HEFCCW) et par le Department for
the Economy, Northern Ireland (DfE).

Le Knowledge Exchange Framework (KEF) : mis en place en janvier 2020, le Knowledge


Exchange Framework est destiné à évaluer l’impact des universités au service de l'économie
et de la société (public, entreprises et collectivités).

Les objectifs de cet exercice sont d’accroître l’efficacité et l’efficience d’utilisation des fonds
publics et de renforcer la culture universitaire en matière d’échange et valorisation de
connaissances.

Le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne en juin 2016 a suscité


et suscite toujours de nombreuses interrogations et inquiétudes dans le milieu de
l’enseignement supérieur et de la recherche, notamment sur l’avenir de la participation du
Royaume-Uni aux programmes Erasmus +, Horizon 2020 et Horizon Europe. Cela a donné
lieu à un certain nombre d’initiatives en matière de partenariats avec des institutions
européennes :

- Signature d’accords bilatéraux entre établissements britanniques et établissements européens


(sur le modèle des accords Erasmus +) pour garantir la poursuite des partenariats même dans
le cas d’une sortie sans accord.

- Mise en place de partenariats stratégiques entre établissements britanniques et


établissements européens pour maintenir et renforcer les liens. En ce qui concerne la France,
ces dernières années ont vu des partenariats signés entre l’Université de Warwick et
l’Université Paris Seine, entre Cambridge et Sciences Po Paris, entre King’s College London
et l’Université de Paris.

- Mise en place de partenariats plus ouverts, entre une université britannique et une ville
européenne : Oxford et Berlin, University College London et son programme « Cities »
(centré sur Rome en 2018-2019, sur Paris en 2019- 2020).

- Campus délocalisés : Oxford prévoit une installation physique à Berlin dans le cadre de son
partenariat. University of London, qui dispose d’un campus parisien (ULIP – University of
London in Paris), souhaite le developper.

A l’inverse, il y a très peu d’implantations physiques d’universités ou d’établissements


d’enseignement supérieur français au Royaume-Uni.

La valorisation concerne essentiellement UK Research and Innovation (UKRI) : UKRI


rassemble les sept conseils de recherche, agences de moyens publiques non gouvernementales
qui ventilent leurs financements sur projets dans leurs domaines d’expertises et selon des
critères d’excellence. Ils sont listés ci-dessous, accompagnés de leurs domaines de
compétences.

L' Art and Humanities Research Council (AHRC) : les activités de recherche dans les
sciences humaines et l’art, incluant le design,

L’Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC) : finance les activités de
recherche dans les domaines des sciences de l’ingénieur et des sciences physiques, incluant le
nucléaire.

L'Economic and Social Research Council (ESRC) couvre les domaines des sciences
économiques et sociales.

Le Science and Technology Facilities Council (STFC) couvre les domaines de l'astronomie,
l'astrophysique, la physique des particules, le nucléaire, ces deux dernières étant co-financées
avec l’EPSRC. Ses activités incluent par ailleurs la gestion du fonctionnement des Très
Grands Equipements de la Recherche. Enfin, il possède un rôle de conseil stratégique auprès
du gouvernement en matière de développement de la recherche.

Les trois derniers conseils de recherche sont classés séparément, car ils sont également
opérateurs de recherche et possèdent des instituts de recherche propres :

Le Biotechnology and Biological Sciences Research Council (BBSRC)

Le Medical Research Council (MRC) est le pendant britannique de l’Inserm

Le Natural Environment Research Council (NERC)


Research England : huitième organisme de UKRI, Research England couvre les fonctions de
UKRI relatives à la recherche menée dans les universités d’une part, et à l’échange des
connaissances, d’autre part.

Innovate UK : Innovate UK est sous l'ombrelle de UKRI.

L’Office for Students (OfS) : instance réglementaire indépendante couvrant la région


Angleterre uniquement, l’OfS a pour objectif d’assurer la qualité des établissements selon une
liste de 24 critères que tout établissement doit satisfaire.

Une pléthore de sociétés savantes, traitant de toutes les disciplines, trop nombreuses pour être
listées.

Les Charities un nombre considérable d’organisations, troisième volet de financement ; on en


compte près de 130, avec des dépenses globales qui s'élevaient à environ 1,6Md£ en 2018.

Structures de valorisation de la recherche : Chaque institution valorise la recherche issue de


ses laboratoires. Ainsi, toutes les grandes universités disposent d'un bureau de valorisation,
tout comme les conseils de recherche. Certaines universités confient contractuellement leur
valorisation à des sociétés privées.

Innovate UK : Innovate UK est l’agence britannique pour l’innovation, dont le rôle est de
favoriser la productivité et la croissance nationale en créant un environnement dé-risqué pour
les entreprises sur le sol britannique. Depuis sa création en 2007, les dépenses d’Innovate UK
se montent à 1,8 Md£, un montant égalé par des co-financements de partenaires publics ou
privés. Il est estimé qu’Innovate UK a facilité la création de 70 000 emplois sur l’ensemble du
territoire britannique. Sous la tutelle du BEIS, Innovate UK gère notamment les Knowledge
Transfer Networks (KTN), les Knowledge Transfer Partnerships (KTP) et les Catapult
Centres.

Le National Centre for Universities and Business(NCUB) : le National Centre for


Universities and Business est une organisation indépendante à but non lucratif, qui travaille
pour ses membres à promouvoir, développer et soutenir les collaborations entre universités et
entreprises, sur tout le territoire britannique.

Le UK Intellectual Property Office (IPO) : l’Intellectual Property Office est l’organisme


gouvernemental responsable des droits de propriété intellectuelle au Royaume-Uni (brevets,
droits d’auteur, marques déposées, créations…). Il s’agit d’une agence exécutive du BEIS.

Les incitations : Le crédit pour les dépenses de recherche et de développement (RDEC) est
passé à 13 % (au lieu de 12 %) pour les dépenses engagées à partir du 1er avril 2020. Le
Royaume-Uni a quitté l'UE le 31 janvier 2020 et n'est plus éligible pour recevoir de nouvelles
subventions de l'UE à partir de cette date.

Le Royaume-Uni offre des « super déductions » et des crédits basés sur le volume des
dépenses et des recettes admissibles, telles que définies dans les directives du Department for
Business, Energy and Industrial Strategy (ministère des affaires, de l'énergie et de la stratégie
industrielle), qui varient en fonction de la taille de l’entité contribuable. Un régime de super-
déduction est même disponible pour les entreprises qui répondent à la définition d'une PME,
tandis que toutes les autres entreprises (grandes entreprises) peuvent demander un crédit pour
les dépenses de R&D (RDEC). Le régime RDEC est accessible aux PME lorsque l'activité de
R&D leur a été sous-traitée par une grande entreprise ou lorsque l'activité est subventionnée
autrement.

Les PME peuvent bénéficier des incitations fiscales suivantes, fondées sur les dépenses :

- superdéduction de 230 % ; et
- crédits en espèces pour les PME déficitaires, jusqu'à 33,35 % des dépenses éligibles.

Noms des programmes britanniques :

R&D expenditure credit (RDEC) for large companies : Crédit pour une proportion des
dépenses de R&D qualifiées d’admissibles. Le taux maximum est de 13% des dépenses
éligibles depuis avril 2020. Les critères : Frais de personnel (société et autres sociétés du
groupe) ; Personnes sous contrat travaillant sous la supervision, la direction ou le contrôle du
demandeur lorsque leurs services sont fournis par un tiers (limité à 65% des coûts) ; Logiciels
ou articles consommables utilisés dans le processus de R&D ; contributions à la recherche
indépendante ; paiements de sous-traitance à des "organismes qualifiés" et les paiements
effectués à des volontaires pour leur participation à des essais cliniques. Dépenses refusées :
les consommables ne peuvent pas être inclus s'ils font partie d'un produit qui est vendu ou
transféré d'une autre manière dans le cours normal des affaires ; les paiements aux sous-
traitants ne sont pas admissibles, sauf si les travaux sont confiés à une université, à un
particulier ou à un partenariat de particuliers.

R&D super deduction for small and medium-sized enterprises, SMEs : Super-déduction
pour les dépenses de R&D admissibles pour les PME, en vue de réduire leurs obligations
fiscales ou, si elles sont déficitaires, pour bénéficier d'un crédit de caisse.

Taux maximum : 230% des dépenses éligibles en Crédits d'impôt et pour les PME en situation
de perte fiscale la possibilité d’un crédit en cash pouvant aller jusqu'à 33,35 % des dépenses
éligibles.

La liste des dépenses éligibles est particulièrement ouverte : frais de personnel (société et
autres sociétés du groupe) ; les personnes sous contrat travaillant sous la supervision, la
direction ou le contrôle du demandeur lorsque leurs services sont fournis par un tiers (limité à
65% des coûts) ; les logiciels ou articles consommables utilisés dans le processus de R&D ;
les paiements aux sous-traitants (limités à 65% des coûts). Seuls sont exclus les
consommables s'ils font partie d'un produit vendu ou transféré d'une autre manière dans le
cours normal des affaires. L'avantage fiscal dont peuvent bénéficier les PME est limité à
7,5 millions d'euros par projet de R&D. Les PME ne peuvent pas demander d'allégement pour
les coûts qui sont subventionnés ou qui se rapportent à des activités qui leur sont confiées,
mais elles peuvent demander un allégement au titre du régime des grandes entreprises pour les
dépenses exclues.

Patent box : Taux réduit de l'impôt sur les sociétés pour les bénéfices provenant d'inventions
brevetées et de certaines autres innovations.

Maximum : 10 % de l’impôt sur les sociétés sur les bénéfices générés par le brevet
admissible.

Sommes qualifiées : les revenus de la propriété intellectuelle provenant de :

- La vente de produits brevetés, c'est-à-dire la vente du produit breveté ou des produits


incorporant l'invention brevetée ou des pièces détachées sur mesure ;
- La vente ou la concession de licences de droits de brevet ;
- les compensations de contrefaçon ; ou
- les compensations de dommages, assurances ou autres compensations liées aux droits
de brevet.

Limitations : à partir du 1er juillet 2016, les entreprises doivent démontrer un lien entre les
bénéfices relevant de la patent box et les activités de R&D qui ont généré la technologie sous-
jacente. Les entreprises qui ont déjà choisi d'entrer dans la patent box au 1er juillet 2016
peuvent bénéficier d'une clause de sauvegarde jusqu'au 30 juin 2021.

Synoptique :
A celles-ci s’ajoutent un grand nombre de mesures d’aide relatives à la soutenabilité
environnementale.
Allemagne

Il est de notoriété publique que l’Allemagne réussisse -mieux que la France en règle générale-
à « monétiser » ses découvertes scientifiques. Pourtant le centralisme n’est pas dans la culture
des allemands. Comment ce conditionnement historique ne devient-il pas un défaut de
coordination nationale préjudiciable ? Plus encore, le nombre de Prix Nobels attribués aux
Allemands, est près du double de ceux attribués à des français, toutes disciplines confondues.
En vérité, ce sont très souvent des prix partagés, le plus souvent avec des américains, ce qui
tend à prouver une grande habileté à tirer parti de façon systématique des réseaux de
recherche internationaux.

En Allemagne, suivant le principe du fédéralisme, la grande majorité des décisions politiques


concernant l’enseignement supérieur et la recherche revient aux Etats fédérés ("Länder").

Le gouvernement fédéral ("Bund") peut néanmoins initier des projets nationaux dans ces
domaines.La recherche et l’innovation est présente dans le contrat de coalition du
Gouvernement de 2018.

L’Allemagne est de surcroît une forte puissance industrielle qui a une grande capacité à faire
émerger des normes et des standards, facilitant l’insertion de ses produits dans un écosystème
complexe. Le dispositif de soutien à l’innovation ciblant les standards et les brevets
(WIPANO) est utilisé de façon diverse suivant les Länder allemands.

La recherche se fait essentiellement dans les universités et dans des centres de recherches
extra-universitaires que sont la société Max-Planck, la société Fraunhofer, la communauté
Helmholtz et la communauté Leibniz (il n’y pas d’équivalent du CNRS en Allemagne).

Lancée en juin 2005 après de longues négociations entre gouvernement fédéral et Länder,
l’Initiative d’Excellence (Exzellenzinitative) consiste en appels à projets de financement de la
recherche à différents niveaux. Renommée en 2017 stratégie d’excellence (Exzellenstrategie),
ce programme vise à inciter la recherche et à améliorer les lieux de recherches des universités
allemandes. Parallèlement à l’adaptation du système d’enseignement supérieur allemand au
processus de Bologne, le l’initiative d’excellence vise également à rendre les universités
allemandes plus compétitive au niveau international.

En tant que responsable des universités sur leur territoire, les Länder assurent le financement
principal des universités notamment leur financement de base. Le Bund finance
majoritairement la recherche, sous forme de projet et en complément aux Länder. Le reste du
financement provient de fonds privés, à travers des contrats de recherche ou encore du
mécénat, des parrainages ou des partenariats avec le monde de l’entreprise et de l’industrie.
En 2016, l’Allemagne a dépensé 92,2 milliards d’euros pour la recherche et le
développement, ce qui représente près de 3% du PIB. Près de deux tiers de ce financement
provient du milieu de l’entreprise et de l’économie.

L’annonce faite par le président Macron de créer des Universités européennes suscite l’intérêt
général dans les universités, sur tout le territoire allemand. Il faut citer ici la création d’une
Académie franco-allemande pour l’industrie du futur, inaugurée le 27 octobre 2015 par le
ministre de l’économie Emmanuel Macron, et portée conjointement par l’Institut Mines-
Telecom (IMT) et l’Université technique de Munich (TUM).

Stratégie High-Tech : la politique de recherche et d’innovation allemande est définie par la


Stratégie High Tech lancée par le gouvernement fédéral en 2006 dans le but d’atteindre les
objectifs de Lisbonne (3% du PIB consacrés à la R et D en 2010).

La dernière version a été publiée en 2018. Cette stratégie a trois objectifs :

- ● favoriser le transfert technologique,


- ● lier la recherche institutionnelle et l'industrie,
- ● accroître la capacité d’innovation technologique, en particulier dans les secteurs
d’avenir.

La Société Fraunhofer (FhG) est un organisme spécialisé dans le transfert technologique,


l’innovation et la recherche appliquée en direction de l’industrie, des services et du secteur
public. En 2018, le budget de la Société Fraunhofer s’élevait à 2,8 Md€. 84% du budget
proviennent de financements sur projets, dont 70% de contrats passés avec l’industrie et 30%
avec le secteur public. Le financement institutionnel – environ 20 % du budget total provient
de l'État fédéral et 2% des Länder – permet aux instituts de mener des recherches plus
académiques afin d’anticiper les besoins de la société civile. La FhG emploie plus de 28 000
personnes et a déposé 734 brevets en 2018. Il existe 74 instituts Fraunhofer, regroupés en sept
alliances thématiques (Verbünde) : technologies de l’information et de la communication,
défense et sécurité, microélectronique, sciences du vivant, techniques des surfaces et
photonique, technologies de la production, matériaux.

La société Fraunhofer dispose d’un bureau de représentation à Bruxelles et de bureaux de


liaison à Bangalore, Séoul, Tokyo, Singapour, Beijing, Sao Paulo et Plymouth (Etats-Unis).

Elle a également mis en place un réseau de conseiller à Budapest, Dublin, Moscou, Ercolano,
Ampang, Pretoria et en Israël. La société Fraunhofer a 12 centres de recherche en Europe, 4
en Asie, 5 en Amérique du Sud, 8 en Amérique du Nord et 2 au Moyen-Orient (Israël).

Suite aux résultats positifs liés à sa mise en œuvre sur la période initiale 2006-2009
(renforcement des investissements en R et D par l’industrie de +19 % entre 2005 et 2009,
augmentation du nombre de chercheurs dans l’industrie, taux pour les dépenses de R et D
atteignant 2,7 % du PIB en 2008), le gouvernement fédéral a décidé la poursuite du
programme stratégique pour la période 2010-2020, la "Stratégie High Tech 2020". L’objectif
est de maintenir la mobilisation de tous les acteurs de la recherche allemande, publics comme
privés, autour de thématiques stratégiques pour favoriser la mise au point de produits
innovants et maintenir la compétitivité allemande au niveau mondial.

6 grands défis sociétaux à relever :

- la santé et le médical (recherche contre le cancer, numérisation du suivi médical,


recherche pharmaceutique, techniques de soins du futur),
- développement durable, lutte contre le changement climatique, transition énergétique
(lutte contre l’utilisation du plastique, diminution des émissions de gaz à effet de serre
dans l’industrie, économie durable et circulaire, protection de la biodiversité)
- Mobilité durable, intelligente et sécurisée (électromobilité, voiture autonome, mise en
réseau des différents modes de transport)
- Vie en zone urbaine et rurale (lutte contre le manque d’infrastructures, d’éducation, de
santé, de vie culturelle en zone rurale, développement durable des villes, production
agricole locale)
- Sécurité (civile, des données personnelles, cybersécurité)
- Industrie 4.0 (accompagner les transformations du monde de l’entreprise et du travail)

Et 3 compétences clé

- Renforcer les connaissances et les compétences allemandes sur les technologies clé
(bases de données, intelligence artificielle, microélectronique, matériaux, systèmes de
communication…)
- Développer des formations professionnelles adaptées aux évolutions du monde du
travail.
- Assurer la participation de la société à la transition vers le numérique, véritable enjeu
de société en Allemagne avec une méfiance vis-à-vis des services numériques, qu’ils
soient publics ou privés

Plus 3 moyens pour développer une culture de l’innovation

- Transferts de connaissances facilités de la recherche à l’innovation


- Développement des PME et des TPE
- Coopération européenne et internationale

Transfert de technologie

Tous les grands organismes de recherche ont des bureaux de transfert de technologies dont la
gestion (centralisée ou non) et la taille varient. Par exemple, la Communauté Helmholtz, qui
possède 19 instituts répartis sur tout le pays, a un bureau central de management de la
propriété intellectuelle et des contrats de licence mais également des antennes plus ou moins
importantes dans les différents instituts. Ce n’est pas le cas de la Société Max Planck, qui a
centralisé ses activités de transfert de technologie au niveau de Max Planck Innovation. Pour
les universités, certaines (les plus importantes ou celles qui ont un profil technologique
important notamment les universités techniques) ont des bureaux de transfert de technologie.
Au niveau national, le gouvernement a mis en place le programme WIPANO (BMWi) d’aide
à la gestion de la propriété intellectuelle (budget 2016-2019 : 23M€). Il existe par ailleurs 22
agences de brevets et de valorisation (PVA), réparties sur l'ensemble des Länder (excepté la
Thuringe). Ce sont des structures publiques-privées dont l'objectif est de s'occuper du transfert
de technologie entre la communauté scientifique et les entreprises. Elles aident les entreprises
à prendre connaissance de l'ensemble des résultats de recherche des établissements
d'enseignement supérieur et des organismes de recherche, et servent d'intermédiaire sur les
questions de protection intellectuelle des résultats de recherche et en particulier Les PVA ont
été regroupées au sein du programme WIPANO en une Alliance technologique
(Technologieallianz e.V.), qui comprend également d'autres bureaux de transfert de
technologie. L'Alliance technologique représente de ce fait plus de 200 organismes de
recherche, universitaires et extra- universitaire, et plus de 100.000 chercheurs.

Incitations fiscales et aides calculées sur les dépenses effectuées

En Allemagne, un régime d'incitation fiscale à la R&D a été introduit par la loi sur les
abattements fiscaux pour la R&D à compter du 1er janvier 2020. Dans le cadre de ce nouveau
régime, les entreprises assujetties à l'impôt en Allemagne sont autorisées à recevoir un
financement pour les activités de R&D réalisées dans le cadre de projets éligibles qui
répondent à certains critères.

Le taux de l'impôt sur les sociétés en Allemagne est de 15 % (15,825 %, y compris la surtaxe
de solidarité de 5,5 % sur l'impôt sur les sociétés). Une taxe commerciale municipale
s'applique également et se situe généralement entre 14 % et 17 %. Le taux effectif de l'impôt
sur les sociétés (y compris la surtaxe de solidarité et la taxe professionnelle) se situe
généralement entre 30 et 33 %.

En particulier, le régime d'incitation prévoit une incitation fiscale de 25 % pour activités de


R&D internes en Allemagne, qui est accordée sous la forme d'un crédit d'impôt et est
accessible aux entreprises indépendamment de leur taille ou de leur situation économique.

En général, les coûts éligibles sont limités à 2 millions EUR par an, d'un montant maximal de
500 000 EUR par groupe d'entreprises.

En raison de la pandémie de COVID-19, la base des coûts éligibles a été augmentée à 4


millions d'euros par an, ce qui porte le montant maximal de l'incitation qui peut être reçu à 1
million d'euros par groupe d'entreprises. Cette augmentation de la limite s'applique aux coûts
éligibles à partir du 1er juillet 2020 jusqu'au 30 juin 2026.

Toute personne ayant une obligation fiscale illimitée ou limitée dans le cadre de la loi sur
l'impôt sur le revenu et de la loi sur l'impôt sur les sociétés peut bénéficier du régime
d'incitation.

La loi sur l'abattement fiscal pour la R&D est entrée en vigueur le 1er janvier 2020. Cette loi
prévoit que toutes les entreprises allemandes ont droit à un abattement fiscal de 25 % sur leurs
activités de R&D internes ou sous-traitées, à condition que certains critères soient respectés.
L'incitation est accessible à toutes les entreprises indépendamment de leur taille ou de leur
niveau de revenu. Des incitations à l'investissement sont également disponibles pour les
investissements initiaux dans de nouveaux établissements, ainsi que pour les investissements
dans l'efficacité énergétique ou les mesures de création d'emplois.

« R&D tax incentive » : cette incitation fiscale (réduction d’impôts) a pour but de
promouvoir les activités de R&D en Allemagne. Taux maximum : 25%, avec un plafond
maximum de 1 million d'euros par groupe d'entreprises. Sont éligibles les coûts liés au projet
pour le personnel de R&D et 60 % des coûts de sous-traitance pour les activités de R&D
externalisées. Limitations : les projets doivent être certifiés comme « activités de R&D » pour
être éligibles à cette incitation. Les dépenses éligibles comprennent, entre autres, les frais de
personnel, de matériel, de frais généraux, de sous-traitance, d'amortissement et de
déplacement.

Les activités admissibles

Elles comprennent :

- recherche fondamentale : Recherche théorique visant principalement à acquérir de


nouvelles connaissances sur les principes fondamentaux, sans application commerciale
directe en vue ;
- Recherche industrielle : Recherche ayant un objectif pratique spécifique et visant à
développer de nouveaux produits, procédés ou services, ou à améliorer ceux qui
existent déjà ;
- Activités de développement expérimental et de démonstration : nouvelles applications
et/ou nouveaux résultats de recherche
- Développement de modèles commerciaux (limité) : analyse et mise en œuvre de
modèles commerciaux numériques innovants.

ZIM/ZIM Network (central innovation program for SMEs) : programme destiné aux
entreprises de technologie et de soutien aux PME pour développer des solutions, produits et
procédés innovants. Aide : jusqu'à 60% des coûts éligibles pour les PME et jusqu'à 100% des
coûts éligibles pour les universités et les centres de recherche. Sont éligibles les coûts liés au
projet tels que les matériaux, les équipements, le personnel, les coûts d'amortissement
(spécifiques au projet) et les frais de déplacement. Limites : les entités qualifiées doivent
répondre à la définition européenne des PME et les entreprises des secteurs de l'agriculture, de
la pêche et des transports ne sont pas éligibles.

Plusieurs autres dispositifs qui distribuent des aides (cash grants) existent également pour
soutenir des programmes spécifiques :

- 7th Energy Research program


- Civil aeronautical research program
- New vehicle technologies
- Environmental innovation program
- National Innovation Program Hydrogen and Fuel Cells
- Federal funding for energy efficiency in the economy
- Maritime Research Strategy 2025
- GRW program

En Allemagne les dispositifs de financement de l’innovation (recherche et innovation)


comprennent donc de nombreux programmes ciblés avec y compris un important dispositif
d’incitation fiscale.
Singapour
Première différence importante, le système éducatif singapourien est inspiré du modèle
britannique, bien que l'influence américaine soit perceptible et il y a très peu de points
communs avec le système supérieur français, que ce soit au niveau de l’université ou des
écoles car le système singapourien vise d’abord à augmenter sa capacité d’adaptation aux
enjeux de la compétition mondiale.

Les priorités de Singapour sont guidées par son paysage économique et industriel, et par ses
contraintes géographiques et géopolitiques. De plus, les autorités sont fortement volontaristes
en matière de politique d’innovation. S’il n’existe pas de ministère dédié aux sciences ou à
l’innovation à Singapour, le Cabinet du Premier ministre est directement associé à la
formulation de plans stratégiques. La politique en science et innovation à Singapour est
définie par le Research, Innovation and Entreprise Council (RIEC) et mise en œuvre par la
National Research Foundation (NRF).

Les agences publiques et les entreprises sont fortement encouragées à établir des partenariats
public-privé afin de favoriser une recherche répondant aux besoins de l’industrie.

Les financements des politiques et des acteurs de l'enseignement supérieur, de la recherche et


de l'innovation se fait via des agences gouvernementales. Le budget global du RIEC est
réparti dans chaque secteur en fonction des objectifs définis par le plan en vigueur.

Le ministère du Commerce et de l’Industrie (MTI) assure la tutelle de trois agences


gouvernementales :

- l'Economic Development Board (EDB),


- Entreprise Singapore
- l'Agency for Science, Research and Technology (A*STAR), qui est à la fois une
agence de financement et un opérateur de recherche.

La Fondation nationale de la recherche (NRF) consacre aussi des financements pour la


recherche et l’innovation (R&I) par différents programmes dont les National Innovation
Challenges (NC) en science ou en innovation et le programme White Space. Ce dernier est un
outil destiné à répondre aux opportunités émergentes et non anticipées. Les NC visent à
proposer des solutions pratiques et efficaces à des challenges nationaux, pour améliorer la vie
des Singapouriens, mais aussi pour favoriser le développement économique. En dehors du
budget public, l'effort d'investissement en R&D est également porté par le secteur privé, à
hauteur d’un tiers environ.

L’écosystème de R&D singapourien favorise les liens entre institutions publiques, universités,
centres de recherche et entreprises, via des clusters et des projets communs avec transfert
technologique. Les axes stratégiques et les priorités de recherche, et donc de financement,
sont déterminés par le gouvernement, via des plans quinquennaux notamment, permettant
d’injecter d’importantes sommes dans la recherche et l’innovation sur des domaines précis.

De nombreux accords existent entre les entreprises internationales et les centres de recherche
singapouriens dans des domaines porteurs tels que l'intelligence artificielle, l'énergie et le
biomédical. Ces alliances sont un moyen d’attraction de l’activité de R&D et d’innovation des
entreprises à Singapour.

Des centres de recherche d’excellence (Research Center of Excellence, RCE) ont été créés
afin d’attirer des chercheurs de classe mondiale, d’assurer une formation d’excellence pour les
ressources humaines de Singapour et de favoriser l’acquisition de connaissances approfondies
dans des domaines d’avenir très ciblés. Ces RCE sont au nombre de cinq : Earth Observatory
of Singapore (EOS), Centre for Quantum Technologies (CQT), Cancer Science Institute of
Singapore (CSI), Mechanobiology Institute (MBI) et le Singapore Centre on Environnemental
Life Sciences Engineering (SCELSE).

Agency for Science, Technology and Research (A*STAR)

L’A*STAR reçoit en moyenne un tiers des fonds destinés à la R&D de Singapour et constitue
le regroupement le plus important de centres et d’instituts en termes de recherche dans le
biomédical et dans l’ingénierie. Elle est constituée de 10 centres en recherche biomédicale
dirigés par le Biomedical Research Council (BMRC) , de 8 centres en sciences de l’ingénieur
dirigés par le Science and Engineering Research Council (SERC) , de l’Exploit Technologies
Pte Ltd (ETPL) spécialisé dans la propriété intellectuelle et le transfert technologique, et de
l’A*STAR Graduate Academy (A*GA) qui en est le volet éducatif.

Indépendamment des universités, la National Research Foundation a également initié en 2007


le programme Campus for Research Excellence and Technological Enterprise
(CREATE), une initiative qui cherche à faire venir à Singapour les meilleures universités
mondiales pour développer des projets de recherche communs avec des partenaires
singapouriens. A ce propos, l’Année de l’Innovation France-Singapour a été une initiative
décidée lors de la visite d’État à Singapour du Président de la République en mars 2017. Elle
a été lancée le 22 janvier 2018 par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et
de l’Innovation lors de sa venue à Singapour et clôturée le 15 mars 2019 à Singapour, en
présence du vice-Premier ministre, ministre des Finances et président de la National Research
Foundation.

Une vingtaine d'accords de coopération ont été signés au cours de cette année, dont :

- Une collaboration entre AI SINGAPORE et le CNRS, l’Inserm et l’Inria, au travers d’un


accord de coopération portant sur 5 priorités thématiques : IA et santé (AI in Healthcare) ;
Explicabilité en IA (Explainable AI) ; Apprentissage distribué et fédéré (Federated and
Distributed Learning) ; Traitement du langage naturel (Natural Language Processing) ;
Confidentialité, confiance et responsabilité en IA et en partage de données (Privacy, Trust &
Accountability in AI and Data Sharing).
Ainsi que

- Un partenariat entre Bpifrance et Enterprise Singapore pour soutenir des projets d'innovation
conjoints dans des domaines technologiques et d'application tels que la fabrication avancée,
des technologies propres sans émissions carbone et les technologies du domaine médical.
L’appel vise à catalyser la collaboration entre les deux pays en matière de développement
technologique et de co-innovation en les aidant à se développer sur de nouveaux marchés en
Europe et en Asie. Entreprises, instituts de recherche et universités sont éligibles à l’appel à
projet.

A l’horizon 2030, Singapour ambitionne d’être le leader du développement et du déploiement


de solutions adaptables à petite et grande échelles faisant appel à l’intelligence artificielle
(IA). Afin d’y parvenir, le Smart Nation & Digital Government Office a publié en 2019 une
stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (National Artificial Intelligence Strategy).

Pour ce faire, Singapour souhaite créer un écosystème parfaitement propice à la mise en place
de telles mesures. Les cinq axes permettant d’atteindre cet environnement favorable sont :

- Le partenariat entre recherche, industrie et gouvernement « triple helix partnership »


- L’éducation et les talents dans le domaine de l’intelligence artificielle,
- L’architecture des données,
- La confiance progressive des citoyens,
- Les collaborations internationales.

Cette stratégie – à l’image des projections de la cité-État - est particulièrement claire et bien
articulée. Elle agrège l’ensemble des initiatives en intelligence artificielle portées par
Singapour ces deux dernières années et fait écho avec de nombreuses perspectives de
renforcement de la coopération franco-singapourienne dans le domaine de l’intelligence
artificielle.

Le CEA a également un accord de coopération scientifique portant sur les matériaux avancés
avec la NTU, en sciences des matériaux et de l’ingénieur, recherche dans les énergies
renouvelables, nanotechnologies, photoniques, imagerie humaine et biotechnologies.

Le Centre of Excellence for Testing & Research of Autonomous Vehicles (CETRAN) : ce


centre a été établi en mars 2017 lors de la visite d'État à Singapour du Président de la
République avec la signature : un MoU a été signé entre la NTU et SytemX.

Fin 2018, Thales a choisi Singapour pour installer sa troisième « Digital Factory » à
Singapour après la France et le Canada, un nouveau hub de l’innovation pour un
investissement de 20 millions d’euros.

Le taux global de l'impôt sur les sociétés à Singapour pour l'année d'évaluation (YA) 2020
(année de revenus 2019) est de 17 %, avec une exonération fiscale partielle accordée pour les
premiers 200 000 SGD de revenu imposable. Les sociétés étrangères bénéficient en outre
d’une réduction de taxes spéciale en cas de localisation à Singapour de leur siège régional.

Politiques d’incitations : récemment un cadre a été introduit pour permettre le transfert des
incitations fiscales existantes, en tout ou en partie, d'une entreprise à une autre entreprise à la
suite d'une fusion, d'un regroupement ou d'une restructuration d'entreprises. La section 14D de
la loi sur l'impôt sur le revenu de Singapour (SITA) autorise les déductions des dépenses de
R&D engagées par un contribuable dans l'exercice de son commerce ou de son entreprise (y
compris les paiements effectués à des organismes de R&D et les paiements effectués dans le
cadre d'un accord de partage des coûts de R&D (CSA)). Seules les activités de R&D
entreprises à Singapour donnent droit à la de la déduction supplémentaire de 150 % prévue à
l'article 14DA(1). Tant que la R&D est effectuée à Singapour, il n'est pas nécessaire que les
dépenses de R&D soient liées à l'activité commerciale ou industrielle existante de l'entité.

R&D super deduction : accroissement des déductions fiscales pour les entreprises qui
entreprennent des activités de R&D. Elle permet un total d'économies d'impôt allant jusqu'à
42,5 % pour la R&D locale et jusqu'à 17 % pour la R&D à l'étranger. Les dépenses éligibles
comprennent les coûts suivants : salaires et traitements, matériaux, services publics,
consommables dépensés directement pour les activités de R&D.

Research Incentive Scheme for Companies (RISC) and enhanced R&D tax deductions :
il s’agit là de subvention en espèces et super déductions fiscales pour encourager le
développement des capacités et des technologies à Singapour. Le taux maximal de subvention
est à hauteur de 50 % des coûts admissibles ; les super déductions fiscales sont plafonnées à
250 % des dépenses de R&D admissibles engagées pour la R&D entreprise à Singapour. Les
dépenses éligibles pour la subvention sont : le coût des employés ; équipements, matériels,
consommables et logiciels ; services professionnels basés à Singapour ; droits de propriété
intellectuelle (par exemple, licences et redevances) et acquisition de technologie. Pour la
Super déduction fiscale : salaires et traitements, matériels, services publics, et consommables.
Subvention de R&D et super déductions prévues dans ce cadre ne sont pas mutuellement
exclusives, les deux peuvent s'appliquer au même projet/activité de R&D.

Innovation Development Scheme (IDS) : un soutien aux entreprises pour qu'elles s'engagent
dans l'innovation de produits, de processus et d'applications et qu'elles développent leurs
capacités dans ce domaine. L'IDS est une subvention en espèces qui encourage les activités
innovantes ou de développement à Singapour. Il peut s'agir d’un soutien pour des actifs
productifs, de laboratoires d'innovation ouverts, de développement de produits, de nouvelles
initiatives numériques/de productivité, ou d'études de faisabilité pour les jeunes entreprises
innovantes. Le programme prévoit un cofinancement allant jusqu'à 50 % du coût des projets
éligibles pendant trois ans, dans les catégories suivantes :

- Coûts liés au personnel ;


- Équipement, matériel, consommables et logiciels techniques ;
- Services professionnels basés à Singapour ;
- Droits de propriété intellectuelle (par exemple, licences et redevances) et acquisition
de technologies.

Financial Sector Technology and Innovation (FSTI) scheme : Le programme ISTF fournit
un cofinancement pour soutenir la création d'un écosystème dynamique pour l'innovation à
Singapour, en boostant le développement de nouvelles techniques et technologies financières
(FinTech) qui améliorent le secteur financier de Singapour.

Les niveaux de soutien peuvent aller jusqu'à 80 % pour les coûts admissibles tels que main-
d'œuvre, services professionnels, équipements/logiciels et droits de propriété intellectuelle. Le
régime de l'ISTA comprend les sept domaines suivants :

- Preuve de concept (POC) : soutenir expérimentation, développement et diffusion de


technologies d'innovation dans le secteur financier ;
- Centres d'innovation : encourager les institutions financières (IF) à mettre en place des
laboratoires de R&D et d'innovation à Singapour pour tester des idées innovantes et
mettre en place des solutions sur le marché ;
- Projets au niveau des institutions : encourager les institutions financières de Singapour
à catalyser les solutions innovantes susceptibles de promouvoir la compétitivité du
secteur financier ;
- Projets technologiques ou utilitaires à l'échelle du secteur : soutenir la construction
d'une infrastructure technologique ou de services publics, à l'échelle de l'industrie, ou
améliorer l'efficacité et la productivité du secteur des services financiers.
- Intelligence artificielle et analyse des données (AIDA) : soutenir le renforcement de
l'écosystème au sein du secteur financier de Singapour.
- Subvention pour la cybersécurité : renforcer les capacités de cybersécurité et
développer les talents locaux en matière de cybersécurité dans le secteur des services
financiers de Singapour;
- Subvention pour l'accélération numérique : aider les petites institutions financières et
les entreprises FinTech basées à Singapour à adopter des solutions numériques pour
améliorer la productivité, renforcer la résilience opérationnelle, mieux gérer les
risques et mieux servir les clients.

Il y a encore une aide au développement commercial et un label « pionnier » ouvrant droit à


d’autres avantages :

Development and Expansion Incentive (DEI) : Taux d'imposition préférentiel de 5 % ou 10


% sur les revenus éligibles provenant d'activités qualifiées, le niveau de soutien dépend
largement du plan d'investissement. Cela permet jusqu’à 12 % d'économies d'impôt sur le
revenu imposable. Les revenus liés à la propriété intellectuelle en ont été exclus en 2018.

Pioneer Certificate (PC) : Il autorise un congé fiscal/exonération de l'impôt sur les sociétés
sur les revenus provenant de d'activités qualifiées pendant une période de temps déterminée.
Comme on peut le constater, l’innovation, y compris financière, et les activités de R&D, dont
celles des entreprises, sont massivement soutenues, par presque tous les moyens imaginables.

L’Etat cité de Singapour a fait de l’innovation son modèle d’existence. Singapour ambitionne
de renforcer son rôle de plaque tournante mondiale de l’innovation positionnée comme
interface de dispatching du trafic des affaires à l’entrée de la Chine et du reste du continent
Asiatique. Les moyens sont en rapport avec l’ambition.
CONCLUSIONS

Constats
L’évidence, les pays qui ont une R&D en pointe avec des secteurs innovants très performants
ne manquent pas d’aides d’Etat très importantes, y compris sous forme de défiscalisation
diverses dans le but d’encourager la prise de risque par les industriels. Les modalités varient,
mais la recette est la même, si un Etat a les moyens de comprendre les enjeux scientifiques et
technologiques ainsi que les moyens financiers, il les utilise. Au fond ce n’est pas l’innovation
qui crée plus de business – si ce n’est à la marge-, mais la réussite dans le commerce
international (une précision doit être apportée, « hors zone monétaire ») qui crée, à la fois, les
besoins affinés à travers les échanges et les moyens de l’innovation via leurs excédents
commerciaux.

L’innovation leur sert à sanctuariser et à développer une économie pleine de vitalité à partir
des positions commerciales déjà forte, en consolidant un « moyo », dans la terminologie du
Go, jeu cher à toute l’Asie, devenue conquérante après la seconde guerre mondiale grâce à
une politique d’investissement massif, tant dans l’industrie que dans l’enseignement supérieur
et la formation par la recherche, sur du très long terme.

Des études sur l’histoire du développement économique de ces pays qu’il serait fastidieux de
reporter dans ce rapport ont montré que le modèle « recherche-innovation » est en effet un
cercle vertueux, mais que le point de départ sur ce cercle n’est pas « l’idée originale », c’est
d’abord le réinvestissement orienté de marges créées par un « secteur fort » qui booste
financièrement le décollage des secteurs innovants en plein essor. La Recherche est nécessaire
mais n’est pas suffisante à faire basculer une économie dans la prospérité. En d’autre termes,
dans ces pays phares, l’innovation bénéficie d’un mécanisme de réinvestissement massif des
excédents commerciaux à travers un circuit redistributif mis en place par l’Etat. Il n’y a pas de
mystère, « l’irrigation » n’est pas créée ex nihilo, les aides d’Etat financées par l’impôt (d’une
façon ou d’une autre) proviennent des succès commerciaux des secteurs qui exportent déjà.
On constate cependant qu’ils n’ont pas laissé le secteur privé s’y spécialiser à outrance
jusqu’à être emprisonné dans un système économique obsolète. L’impôt y a été redirigé sans
lésiner (aides directes, défiscalisations, aides à l’exportation) sur l’innovation, parfois même
autoritairement comme en Corée du Sud (cf. les années d’épargne forcée).

Les Etats-Unis et l’Allemagne ne dérogent finalement pas à ce schéma, qui décrit la


trajectoire des pays émergeants asiatiques, car l’investissement dans la recherche
fondamentale et appliquée y est une tradition forte tandis-que les excédents commerciaux à
l’international de l’industrie sont au rendez-vous (moyennant une utilisation massive des
énergies fossiles à faible coût, hélas).
Comparaison avec la France
On entend dire que les aides publiques françaises ne sont pas à la hauteur des enjeux de la
recherche et de l’innovation, ou que les efforts de l’Etat quand ils sont importants sont non
suivis sur la durée, abandonnent les LABEX au milieu du gué, que les taux de réussite aux
appels d’offre nationaux soient trop faibles pour rester attractif, etc…

Il faut prendre la mesure de la difficulté : si la France a toujours des têtes qui dépassent, les
muscles de ses jambes fondent au fil des années de perfusion au goutte à goutte. C’est tout
autant l’irrégularité et l’imprévisibilité de l’arrosage financier de la recherche applicative
(publique et privée) que son faible montant global qui sont en cause. Pour prendre une
analogie, nous sommes dans un régime ‘hydrique’ méditerranéen, faible en moyenne,
irrégulier, tout au même endroit puis rien pendant longtemps… si ça dure il pousse des
cailloux.

La recette des pays phares qui ont été étudiés ne sera sans doute pas celle de la France,
laquelle accumule année après année, de façon récurrente et sans doute structurelle, un déficit
commercial extérieur croissant. Ce déficit est financé par la dette publique. Les restrictions
budgétaires publiques qui l’accompagnent ont naturellement pour but de réduire le montant
du « service de la Dette » (les intérêts annuels frisent déjà le budget d’un grand ministère).
Nos sommes face à une tendance historique lourde que voudraient à masquer des coups de
cœur assez ponctuels mais très médiatisés, alors quid de l’IA et du Quantique pour les années
à venir…

Quel que soit le tuyau il faudra de l’eau ! Si les poches de l’Etat ne sont plus assez profondes
et qu’il n’a plus les moyens d’être un risquophile persévérant, comment prendre une nouvelle
posture ? Le monde de la recherche français peut-il s’adapter uniquement en se tournant vers
les financements européens ? Les laboratoires communs bilatéraux public-privé sont-ils la
voie de la réindustrialisation ? Dans quelles conditions les groupements de recherche
rassemblés autour des plateformes de mutualisation de moyens peuvent-ils faciliter la relance
de l’innovation industrielle ? Quels sont les facteurs de réussite d’un écosystème innovant
appartenant à une filière industrielle ? Telles sont les principales questions qui restent toujours
dans le flou au terme de notre comparaison internationale.

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