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Vous montrerez que l'innovation résulte de l'action des entrepreneurs mais aussi de celle des

pouvoirs publics.

Document 1

Dépenses intérieures de recherche et développement (DIRD) des administrations et des entreprises

© Source : www.insee.fr.
1 : Toutes les branches ne sont pas représentées.
2 : Administrations publiques et institutions sans but lucratif.
3 : Donnée non disponible.

Document 2

Les objectifs des entreprises qui innovent, selon le secteur d'activité

En % des Élargir ou Conquérir Réduire Améliorer l'impact


Améliorer
entreprises renouveler la de nouveaux les coûts sur
la qualité
innovantes gamme marchés unitaires l'environnement
Secteur de
46,9 44,7 30,5 11,3 7,7
l'habillement
Secteur de l'édition
41,1 40,7 46,6 39,8 13,5
et de l'imprimerie
Secteur
73,2 57,8 44,1 24,5 31,5
pharmaceutique
Secteur de
l'industrie 64,6 57,7 46,0 38,4 23,2
automobile
Secteur de la
production de
33,9 32,6 21,8 11,1 45,1
combustibles et de
carburants
Ensemble des
55,5 49,5 41,0 26,1 21,9
secteurs

Champ : entreprises industrielles de 20 salariés ou plus, innovantes entre 2004 et 2006 en


produits et en procédés.
Lecture : 55,5 % des entreprises du champ indiquent que leurs activités d'innovation ont
permis d'élargir ou de renouveler la gamme de leurs produits.
Source : Enquête statistique publique, réalisation Sessi, CIS 2006.

Document 3

Un agent ne peut, en général, s'approprier tous les bénéfices associés à son invention : d'autres
agents pourront utiliser le savoir nouveau qu'il a produit pour réaliser à leur tour des
inventions, sources pour eux de bénéfices, sans rémunérer l'inventeur initial (rémunère-t-on
aujourd'hui l'inventeur de la roue ?). Ainsi, le rendement privé de la recherche peut être
inférieur à son rendement social. En conséquence, les agents peuvent sous-investir en
recherche, se cantonnant aux projets qui ont un rendement privé suffisant, alors que d'autres
projets auraient un rendement social élevé mais ont un rendement privé trop faible. La
mission de l'État dans un tel cadre est de faire en sorte que l'investissement en recherche soit à
la mesure du rendement social de cette activité […]. L'État dispose pour cela d'une riche
palette d'outils : il peut investir lui-même dans un système de recherche publique, comblant
directement le déficit en recherche ; il peut encourager les firmes à investir en augmentant le
rendement privé, à travers des subventions, des avantages fiscaux ou autres ; il peut tenter de
limiter les imperfections des marchés en modifiant le contexte institutionnel dans lequel les
agents opèrent (politique de concurrence, législation des brevets).
Source : Dominique Guellec, Économie de l'innovation, collection Repères, La Découverte,
2009.

Document 4

Un pôle de compétitivité rassemble, sur un territoire donné, des entreprises, des laboratoires
de recherche et des établissements de formation pour développer des synergies et des
coopérations. D'autres partenaires dont les pouvoirs publics, nationaux et locaux, ainsi que
des services aux membres du pôle sont associés. L'enjeu est de s'appuyer sur les synergies et
des projets collaboratifs (1) et innovants pour permettre aux entreprises impliquées de prendre
une position de premier plan dans leurs domaines. […] Chaque pôle de compétitivité élabore
sa propre stratégie à cinq ans, ce qui lui permet de : concrétiser des partenariats entre les
différents acteurs ayant des compétences reconnues et complémentaires ; bâtir des projets
collaboratifs stratégiques de R&D qui peuvent bénéficier d'aides publiques ; promouvoir un
environnement global favorable à l'innovation et aux acteurs du pôle en conduisant des
actions d'animation, de mutualisation ou d'accompagnement des membres du pôle sur des
thématiques telles que la formation et les ressources humaines, la propriété industrielle etc.
[…] L'État s'attache à promouvoir un environnement global favorable aux entreprises et à
l'innovation et à soutenir l'effort de recherche et de développement déployé au sein des pôles
de compétitivité.
Source : www.industrie.gouv.fr/liste index/148.html.

1. Projets collaboratifs : projet réunissant au moins deux entreprises et un laboratoire en vue


d'une innovation susceptible d'atteindre le marché à cinq ans.
Corrigé

Les conseils de l'enseignant

Le sujet aborde la question du partage des rôles entre les entreprises et les pouvoirs publics
dans l'apparition et la diffusion du progrès technique. Il ne faut pas oublier d'énoncer les
différentes formes que peut prendre l'innovation en les reliant aux objectifs recherchés. La
répartition entre secteur public et secteur privé des moyens financiers mobilisés doit être
l'occasion de rappeler les différents buts que les deux acteurs peuvent rechercher.

Travail préparatoire

1. En France, en 2007, sur l'ensemble des dépenses intérieures de recherche et de


développement exécutées par les entreprises, le financement public a représenté une
proportion de 11,2 %.
2. La prise en charge directe par l'État des dépenses intérieures de recherche-développement
s'élève, en 2007, à un peu plus d'un tiers (36,8 %) de l'ensemble des DIRD en France, le reste
de leur exécution (soit un peu moins des deux tiers) étant assuré par les entreprises. Plus de la
moitié de cette part publique est consacrée à la recherche dans l'enseignement supérieur (soit
19,8 % de l'ensemble des DIRD). Entre 2002 et 2007, la progression des programmes publics
a été supérieure de 2,3 points à la progression de la recherche réalisée par les entreprises.
Mais il faut noter que les pouvoirs publics participent aussi indirectement au financement des
DIRD par la prise en charge d'une partie des dépenses des entreprises (11,2 % en 2007), cette
proportion étant particulièrement élevée dans la branche aéronautique et spatiale (42,8 % des
dépenses de recherche).
3. L'innovation de produit est souvent une condition impérative de la pérennité d'une
entreprise, notamment dans le domaine industriel. Cet aspect de la stratégie d'innovation est le
fait de 55,5 % des entreprises de l'échantillon, dans le but de renouveler ou d'élargir la gamme
proposée à la clientèle. Cette motivation est particulièrement forte dans les secteurs de la
pharmacie et de l'automobile (73,2 % et 64,6 %), soumis d'une part à une forte concurrence et
d'autre part à des évolutions rapides des besoins ou des goûts de la clientèle. Mais on peut
aussi considérer que l'amélioration de la qualité entre également en jeu dans ces stratégies
consistant à conserver ou à conquérir des parts de marché. Les secteurs de l'édition et de la
pharmacie ou celui de l'automobile sont, ici encore, les plus concernés.
4. La compétitivité d'une entreprise, c'est-à-dire sa capacité à préserver ou à accroître ses parts
de marché en imposant son produit, peut être le résultat d'une stratégie « hors prix »
(compétitivité-qualité ou structurelle), visant à provoquer l'acte d'achat sur des critères
qualitatifs en répondant aux attentes spécifiques des demandeurs et en plaçant si possible le
produit en position de monopole. Cela peut passer par des innovations de produits (nouveau
produit ou amélioration). La compétitivité-prix, quant à elle, a pour objectif de maintenir bas
ou d'abaisser encore le prix du produit pour accentuer la pression sur la concurrence et
accroître les parts de marché. Cette stratégie passe le plus souvent par l'innovation de procédé
qui permet de réduire les coûts, soit en main-d'oeuvre soit en capital. On remarque, dans le
document 2, que cette motivation est surtout présente dans les secteurs très concurrentiels
(automobile). Dans la réalité quotidienne de la vie de l'entreprise, les deux préoccupations de
compétitivité ne sont pas nécessairement distinctes.
5. Le soutien financier public aux entreprises privées innovantes peut se justifier par
l'existence d'externalités positives de certains investissements privés bénéficiant à l'ensemble
de la collectivité. Ainsi, la découverte d'une nouvelle molécule, le maintien d'emplois sur un
site national ou encore les effets, pour la sécurité collective, du développement d'un nouveau
matériel peuvent être considérés comme occasionnant des « bénéfices sociaux » pour lesquels
une partie des dépenses de l'innovation ne serait pas compensée par des profits financiers.
Cela est particulièrement vrai dans le cas où les coûts de recherche sont élevés et risqués et où
les délais d'imitation de l'innovation sont relativement courts. Ce « rendement social » de
l'innovation, supérieur à son rendement privé, légitime alors l'intervention d'un financement
public.
6. Les pôles de compétitivité constituent des regroupements d'acteurs économiques destinés
en particulier à favoriser l'innovation. Réunissant des établissements de recherche et de
formation et des prestataires de services au voisinage des entreprises, ils visent à créer entre
ces partenaires des effets de synergie et de coopération. Ils dynamisent leur efficacité en
développant entre eux des réseaux de communication en circuit court. Ils peuvent aussi les
faire profiter d'éventuelles économies d'échelle et d'externalités positives par mutualisation de
certaines ressources (accès à l'information, ressources humaines, brevets etc.). Ces initiatives
sont encouragées par les pouvoirs publics et bénéficient de soutiens financiers de la part de
l'État ou des collectivités locales, sous la forme de subventions, d'exonérations fiscales ou de
fourniture de services publics, pour promouvoir la compétitivité des acteurs soumis à la
concurrence du marché.

Question de synthèse

Introduction

Dans une économie désormais mondialisée, où la concurrence s'exacerbe et rend impérative


l'exigence de compétitivité, l'innovation, qu'elle soit « de produit » ou « de procédé », est la
condition première de la préservation – ou de la conquête – des marchés et un support majeur
de la croissance de l'économie et de l'emploi. La démarche d'innovation concerne au premier
chef les entreprises, qui en sont, par leur effort de recherche-développement, les principaux
acteurs. Mais la puissance publique joue également un rôle irremplaçable dans ce domaine, en
veillant notamment à en faire retomber les bénéfices sur l'ensemble du corps social.

I. L'innovation, une exigence pour les entreprises

La démarche d'innovation est, pour la plupart des entreprises, une condition de la survie car
elle détermine leur compétitivité. Mais les moyens d'améliorer la position de l'entreprise sur le
marché peuvent obéir à des logiques différentes, souvent complémentaires.

1. L'objectif de l'innovation : la recherche de la compétitivité

Les entreprises sont aujourd'hui à la recherche permanente de l'innovation, celle-ci pouvant


prendre des formes diverses et obéir à des motivations différentes : la recherche d'un produit
nouveau ou l'amélioration significative d'un produit existant (innovation de produit) est
souvent, pour une entreprise, une condition du maintien de ses parts de marché voire de leur
extension. L'innovation de produit cherche à créer, aux yeux de l'acheteur (ménage ou
entreprise), un effet de différenciation qui peut aller jusqu'à une situation, souvent temporaire,
de monopole, libérant en partie l'entreprise des contraintes de prix. En dehors de cette
situation extrême, l'innovation de produit permet d'améliorer la compétitivité structurelle
(compétitivité « hors prix ») du produit, permettant à l'entreprise la conquête de nouveaux
marchés. Notons qu'aujourd'hui, la notion d'innovation de produit peut, par exemple, intégrer
des améliorations de l'impact environnemental du produit (empreinte écologique,
consommation énergétique…), variable à laquelle les consommateurs sont de plus en plus
sensibles. Cependant, l'innovation peut aussi consister en une innovation de procédé : elle vise
alors le plus souvent une réduction des coûts unitaires de production (automatisation,
économies de matières premières, gains de productivité, etc.) : c'est dans ce cas plutôt l'effet
compétitivité-prix qui est recherché. La répercussion de cette baisse des coûts sur le prix du
produit permet à l'entreprise de faire pression sur la concurrence ou de faire face à la pression
exercée par cette dernière. Dans une situation de monopole, en revanche, la baisse des coûts
engendrée par l'innovation de procédé permet l'accroissement de la marge de profit de
l'entreprise. Enfin, l'innovation peut consister en une amélioration de l'organisation de
l'entreprise (innovation organisationnelle), d'une certaine manière assimilable à une forme
particulière de l'innovation de procédé. Ce type d'innovation permet, à moyens constants,
d'améliorer l'efficacité globale de l'ensemble en créant notamment des effets de synergie entre
les différentes fonctions dans l'entreprise.

2. La mobilisation de moyens financiers et humains


La poursuite de ces objectifs exige qu'en amont soient engagées des dépenses de recherche-
développement : on constate en effet un lien direct entre les efforts consentis pour la
recherche et la capacité innovatrice d'une économie. Les dépenses intérieures de recherche-
développement (DIRD) incluent l'ensemble des dépenses ayant pour objectif d'accroître les
connaissances et de les utiliser dans des applications nouvelles. On distingue
traditionnellement la recherche fondamentale (recherche de principes théoriques), la
recherche appliquée (visant à la mise au point d'un « prototype ») et le développement (phase
d'industrialisation de l'innovation en adéquation avec les contraintes du marché). Les
entreprises sont plus présentes dans les deux dernières étapes que dans la première, plus
souvent assurée par des organismes publics. Sur les 39 milliards d'euros consacrés aux DIRD
en France en 2007 (soit 2,1 % du PIB), les entreprises en ont exécuté un peu moins des deux
tiers (63,2 %), pour un montant global avoisinant les 25 milliards d'euros (document 1). On
remarque que la propension à la recherche est assez variable selon les branches : ainsi
l'industrie pharmaceutique est, de loin, celle qui consacre les sommes les plus élevées à la
recherche (9,2 % des DIRD) suivie par l'automobile (9 %). Enfin, la recherche-
développement dans les entreprises mobilise environ 130 000 chercheurs, soit environ 55 %
de l'effectif total des chercheurs en France.

II. L'indispensable intervention de la puissance publique

Cependant les enjeux de l'innovation dépassent souvent les seuls enjeux économiques des
entreprises. Les nouveaux produits ou les nouveaux procédés ont en effet un impact sur
l'ensemble des acteurs sociaux et sur la vie collective, ce qui justifie l'intervention directe de
l'État dans ce domaine au nom de l'intérêt général, mais aussi un rôle d'incitation indirecte.

1. Une prise en compte de l'intérêt général

L'innovation produit fréquemment des externalités positives qui vont bénéficier à d'autres
acteurs que ceux qu'elle concerne directement. Ces « bénéficiaires » peuvent être, d'une part,
d'autres entreprises qui, dans une stratégie d'imitation, vont améliorer leurs propres produits
sans avoir eu à supporter les coûts de recherche et sans acquitter de compensation à l'égard de
l'innovateur. Il peut aussi s'agir de l'ensemble du corps social sous la forme de la diffusion
générale d'une nouvelle connaissance. Au final, on peut considérer (document 3) que le
« rendement social » de l'innovation est souvent plus élevé que son rendement privé, et
l'innovateur peut être en partie désincité par ce décalage à engager des capitaux dans des
activités de recherche comportant une part de risques et d'aléas. On considère, de ce fait, qu'il
n'est pas illégitime que la puissance publique prenne à sa charge une partie du financement de
la recherche. En France, un peu plus d'un tiers des DIRD (36,8 % en 2007) est ainsi exécuté
par des administrations publiques ou organismes sans but lucratif. L'enseignement supérieur
contribue pour sa part à environ un cinquième des programmes de DIRD, souvent dans la
recherche fondamentale où le « rendement économique » de l'innovation est limité et souvent
aléatoire. De plus, une partie non négligeable des DIRD des entreprises bénéficie d'un
financement public (11,2 %), la proportion pouvant s'élever dans les branches considérées
comme stratégiques pour l'intérêt général (construction aéronautique et spatiale par exemple
avec un financement public de l'ordre de 42,8 %).

2. Des instruments d'incitation indirecte

L'intervention des pouvoirs publics dans le processus d'innovation peut aussi emprunter des
voies indirectes, sans impliquer nécessairement une prise en charge du financement. L'État ou
les collectivités territoriales peuvent adopter des mesures d'incitation fiscale (par exemple
exonérations de taxes ou d'impôts) en faveur des entreprises acceptant de réinvestir une part
significative de leurs profits dans la recherche-développement. De même, la puissance
publique peut abaisser le coût global d'un projet d'innovation en prenant à sa charge une partie
des investissements « périphériques » (routes, réseaux télématiques, etc.). C'est en partie ces
deux logiques qui inspirent aujourd'hui le développement des pôles de compétitivité en France
(document 4). L'objectif est ici de rassembler des compétences complémentaires dans une
même aire géographique et institutionnelle pour favoriser l'information directe et obtenir des
effets de synergie favorables à l'innovation : entreprises, laboratoires de recherche,
établissements d'enseignement, organismes public sont ainsi incités à une coopération directe
et fructueuse destinée à déboucher sur des initiatives innovatrices plus rapides.

Conclusion

La promotion de l'innovation donne lieu, dans les économies contemporaines, à une sorte de
partage des tâches qui cherche à concilier la liberté d'entreprendre et la nécessaire prise en
compte de l'intérêt général à travers les politiques publiques. Dans la question de la protection
des brevets, par exemple, le législateur doit trouver le délicat équilibre entre la protection des
droits de l'innovateur et la légitime revendication de diffusion de l'innovation lorsqu'elle
touche à des intérêts collectifs majeurs (santé, éducation, sécurité…). Si l'État n'est pas « au
service des entreprises », il ne peut ignorer leur rôle primordial dans la diffusion du progrès
technique, qui, sous des formes diverses, occasionne des retombées positives pour l'ensemble
de la collectivité.

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