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C’est une stratégie par laquelle une entreprise envisage de développer au-delà de son
marché national, pour bénéficier d’avantages concurrentiels supplémentaires. L’ouverture à
l’international est généralement traitée sous deux angles complémentaires : d’une part, elle est
liée à des variables générales d’environnement économique et à des facteurs liés à sa
productivité. D’autre part, l’internationalisation d’une entreprise est liée à ses contraintes
stratégiques.
Objectifs :
L’internationalisation d’une entreprise ne se fait pas du jour au lendemain, mais découle d’un
processus subdivisé en six étapes d’internationalisation croissante (Leroy et al., 1978).
1. L’exportation est la forme la plus courante. Dans un premier temps, elle découle souvent de
la nécessité d’écouler un surplus de production. Ensuite, l’exportation peut devenir une
activité régulière, mais à reconstruire chaque année sans qu’il y ait une forme quelconque
d’engagement à moyen ou long terme avec l’étranger. Les relations sont purement
commerciales.
2. Le deuxième stade est le stade contractuel où l’entreprise recherche des accords à plus long
terme de manière à stabiliser ses débouchés, notamment lorsque sa capacité de production a
été calibrée en fonction du potentiel de l’exportation. Il y aura alors contrat à long terme, soit
avec un importateur, soit avec un franchisé ou encore avec un fabricant sous licence s’il s’agit
d’une entreprise industrielle.
3. Pour des raisons de contrôle sur le partenaire étranger ou pour financer son expansion,
l’entreprise peut être amenée à s’engager directement avec ses capitaux ; c’est le stade
participatif qui débouche sur des sociétés commerciales ou de production en copropriété.
4. Après quelques années, l’engagement peut devenir total, l’entreprise possédant 100 % du
capital de la filiale étrangère ; c’est le stade de l’investissement direct sur une filiale en
gestion surveillée.
Douglas Daft, nouveau PDG de Coca-Cola, a annoncé en mars 2000 que Coca-Cola changeait
de stratégie. Après avoir favorisé le développement d’une stratégie globale pendant de
nombreuses années, il faut maintenant penser et agir « localement ». Il explique ce
changement par le fait que « Coca-Cola est devenu une entreprise « globale » lente, lourde et
même insensible. Il conclut que « le monde a changé. Il demande plus de flexibilité et de
sensibilité locale ». Dans le contexte actuel d’accélération de la globalisation du marketing
dans la plupart des secteurs, on peut s’étonner de ce changement radical. Comment expliquer
qu’une entreprise comme Coca-Cola, leader incontesté de la globalisation, se tourne
maintenant vers une stratégie multi locale. Le marketing global montre-t-il ses limites et ses
désavantages ? Ce changement annonce-t-il un mouvement précurseur de retour vers un
modèle multi local, celui qui est actuellement abandonné par de nombreuses multinationales ?
Ne démontre-t-il pas qu’une stratégie gagnante ne peut se faire qu’à l’écoute des marchés
locaux, c’est-à-dire à l’écoute des consommateurs comme dans toute bonne stratégie
marketing ? Ces questions ne peuvent que réactualiser le débat sur le bien-fondé de la
globalisation du marketing
6. La dernière étape d’évolution est celle qui se met en place actuellement : celle de
l’entreprise globale qui gère le marché international comme s’il s’agissait d’un seul et même
marché. Ce type d’entreprise s’appuie sur l’interdépendance entre les marchés qui ne sont
donc plus gérés de manière autonome.
Cette évolution implique des changements importants dans les raisonnements stratégiques et
pose le dilemme standardisation-adaptation évoqué plus haut dans cet ouvrage.
1. L’organisation domestique
L’entreprise est centrée sur son marché domestique et l’exportation est essentiellement vue
comme une opportunité à saisir sans qu’il y ait de vision à long terme. Ce type de philosophie
de gestion se rencontre souvent dans les entreprises qui en sont au stade du marketing passif
décrit au chapitre 1.
2. L’organisation internationale
L’internationalisation se fait plus activement, mais l’entreprise est toujours centrée sur son
marché intérieur qui reste sa principale préoccupation. L’entreprise a une orientation
ethnocentrique et, consciemment ou inconsciemment, considère que les méthodes, les valeurs,
les approches et les personnes du pays d’origine sont transposables dans les autres pays du
monde. L’accent est mis sur les similitudes avec le pays d’origine et la stratégie de base est
une stratégie d’extension de marché : les produits conçus pour le pays d’origine sont exportés
tels quels dans les autres pays.
3. L’organisation multidomestique
Après plusieurs années de pratique des marchés extérieurs, l’entreprise devient consciente de
l’importance des différences entre les marchés et s’efforce d’adapter sa stratégie marketing
aux particularités locales. La préoccupation de l’entreprise devient alors multinationale (par
opposition à une orientation domestique) et l’orientation est polycentrique. Cette orientation
considère que les marchés sont différents et uniques et que, pour réussir, il est nécessaire de
s’adapter le mieux possible aux particularités nationales. La stratégie est ici une stratégie
d’adaptation, qui consiste à modifier le produit pour prendre en compte, autant que possible,
les différences et les pratiques locales. Chaque pays a son organisation propre et est géré
comme une entité indépendante.
Un marché global est un marché dont les besoins peuvent être rencontrés par un même produit
de base, soutenu par les mêmes arguments de vente et de communication. L’entreprise globale
a une vision géocentrique. L’orientation géocentrique (ou régiocentrique) s’appuie sur
l’hypothèse que les marchés à travers le monde sont à la fois similaires et différents et qu’il
est possible de développer une stratégie globale qui s’appuie sur les similitudes transcendant
les particularismes nationaux, tout en s’adaptant aux différences locales là où cela s’avère
nécessaire. On parle alors d’organisation transnationale plutôt que globale.
Cette dernière phase est celle qui se met actuellement en place dans l’économie mondiale et
en particulier dans l’Union européenne.
La présentation sommaire des quatre orientations organisationnelles permet d’apprécier leurs
liens avec les modes de développement à l’international. Elle permet de proposer un modèle
composite qui valorise la convergence des recherches menées par Porter et Perlmutter. Cette
convergence, malgré la spécificité des thématiques et problématiques traitées, nous invite à
présenter l’alignement interactif des logiques stratégiques et organisationnelles (alignement
managérial) comme l’axe pivot pour faciliter la réussite des opérations menées à l’échelle
internationale. Deux raisons justifient cette prise de position. Premièrement, la nature même
de ces opérations (modes de présence à l’étranger, arbitrages entre adaptation et
standardisation, dimensions humaines et sociétales...) exige que les principes relationnels,
décisionnels, communicationnels et culturels soient cohérents avec la politique d’expansion
géographique de l’entreprise. Deuxièmement, la forte congruence des deux typologies
s’explique par le référencement croisé des deux dimensions évoquées:
Ce modèle composite met ainsi en relief la corrélation particulière des logiques stratégiques et
organisationnelles pour les opérations menées à l’international. En effet, cette corrélation ne
se traduit pas par un alignement managérial aussi systématique pour les orientations
génériques (domination par les coûts, différenciation et focalisation) car celles-ci reposent sur
des principes qui dépassent la dimension organisationnelle (concurrence, positionnement...).
L’expression axe pivot, retenue à propos de l’imbrication des orientations et des profils, est
volontairement utilisée pour relativiser l’impact de l’environnement sur les choix des
dirigeants. Comme cela a été présenté dans les développements précédents, le contexte
d’affaires n’est pas forcément la référence prioritaire pour définir les actions à mener à
l’international. Deux cas de figure sont, en réalité, observables.
Cette orientation stratégique a des effets importants sur les concurrents qui, pour ne pas se
laisser distancer, font des efforts particuliers en matière de recherche-développement et
dynamisent à leur tour le secteur d’activité. Les approches de l’adéquation et de l’intention
stratégique, loin d’être incompatibles, sont en fait supplétives (Saïas et Métais, 2001). Le
modèle composite proposé ici intègre cette complémentarité tout en soulignant l’importance
centrale de l’alignement managérial pour optimiser les chances de réussite des actions menées
à l’échelle internationale.