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Institut de Financement du Développement

du Maghreb Arabe
Concours de Recrutement la 29 ème Promotion
Mardi 7 juillet 2009
Épreuve d’Economie
Durée : 1h 30
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Eléments de Réponse
Parmi les possibilités offertes au candidat pour introduire ce sujet figure celle
qui consiste à revenir sur le fait que l’innovation s’impose, de nos jours et de
plus en plus, comme l’un des vecteurs les plus déterminants de l’amélioration de
la compétitivité des entreprises et, par conséquent, de leur capacité à contribuer
à la réalisation des objectifs globaux d’une économie dont il est à citer : des
niveaux de croissance plus soutenus pouvant assurer des niveaux d’emploi et de
bien être plus élevés.
A partir de là, le candidat peut articuler ses développements autour de deux
grands axes :
™ une présentation de ce qu’on considère comme étant innovation et son
rapport à la compétitivité et à la croissance ;
™ la dynamisation de l’innovation
1. L’innovation et son rapport à la compétitivité et à la croissance (12
points) :
¾ Présentation de l’innovation (4 points)
L’innovation se distingue à la fois par la multiplicité des définitions qu’on peut
en donner et des approches sous lesquelles on peut l’appréhender. Souvent
approchée comme étant la valorisation économique, marchande ou non, de
nouvelles idées qui peuvent concerner toutes les dimensions de la production de
biens et services, il existe plusieurs définitions de l’innovation se rapportant soit
à sa nature, soit à son degré.
En ce qui concerne, les définitions ayant pour point de départ la nature de
l’innovation, on peut faire état d’au moins quatre types d’innovation :
ƒ les innovations de produit,
ƒ les innovations de procédé ou de production,
ƒ les innovations relevant de l’organisationnel,
ƒ les innovations de marketing.
En raisonnant en termes de degré d’innovation, on distingue habituellement
l’innovation de rupture ou radicale de l’innovation incrémentale ou progressive.
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¾ Innovation et compétitivité (4points)
En matière de rapport à la compétitivité, le candidat pourrait commencer par
rappeler à ce niveau que l’innovation permet aux entreprises de renforcer leur
position concurrentielle en leur permettant d’améliorer leur compétitivité prix et
hors-prix et qu’elle est en train, de ce fait, de devenir d’une manière de plus en
plus prononcée un facteur déterminant de la stratégie d’une entreprise, de son
positionnement, de ses performances ; voire, dans bien des cas, de sa survie.
Il est à faire observer que si les prix restent un élément primordial dans la
concurrence internationale, la compétitivité hors prix devient un des axes
majeurs de la stratégie des entreprises.
Quoi qu’il en soit, il est souhaitable que le candidat mette en exergue que,
s’agissant du rapport de l’innovation à la compétitivité, trois effets sont
recherchés par les entreprises innovantes, deux relevant de la compétitivité prix :
la maîtrise des coûts et l’amélioration de la productivité, et le troisième de la
compétitivité hors prix : la différentiation du produit de celui proposé par les
concurrents. Dans ce registre, on distingue, généralement, l’innovation de
produit des autres pour ce qu’elle autorise comme diminution des pressions
concurrentielles conférant à l’entreprise une latitude qu’elle n’aurait pu
autrement avoir en termes de pouvoir de négociation et de détermination du prix
de son produit et de faire payer au consommateur un prix plus élevé que celui
qu’elle obtiendrait sur un marché parfaitement concurrentiel.
Il peut être rappelé à ce niveau, que les autres types d’innovation peuvent aussi
contribuer à l’amélioration de la compétitivité hors prix même si leur impact le
plus observé est du côté de la compétitivité prix en agissant sur les coûts et/ou
sur la productivité.
¾ Innovation et croissance (4points)
L’introduction d’une innovation dans le processus de production et sur le
marché peut agir sur le niveau d’activité aussi bien du côté de l’offre que du côté
de la demande et avoir ainsi des effets positifs sur la croissance.
L’innovation de procédé, à titre d’exemple, en améliorant l’efficacité d’un
équipement et par voie de conséquence la productivité du travail, va augmenter
l’offre ; ces gains de productivité vont, toutes choses égales par ailleurs,
diminuer le coût unitaire du produit et si le marché est concurrentiel, les
entreprises vont diminuer leurs prix pouvant entraîner une hausse de la
demande.
En raisonnant maintenant sur l’innovation de produits, l’apparition de nouveaux
produits diversifie l’offre qui peut contribuer à l’émergence de nouveaux
secteurs d’activité et à leur développement pour remplacer, d’une manière
progressive, les anciens secteurs ; c’est ce qu’on qualifie de « destruction
créatrice ». Ces nouveaux produits peuvent générer une nouvelle demande soit
parce qu’ils renouvellent la gamme, soit parce qu’ils sont radicalement
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nouveaux.
Le candidat peut citer d’autres exemples ou encore se référer sur cet aspect à
l’expérience vécue et aux explications avancées par la littérature s’y étant
intéressée. Dans ce registre, il peut, à titre d’exemple, revenir sur l’analyse
comparative, souvent citée, entre la croissance américaine et européenne sur la
période s’étalant entre 1992 et 2002.
Les études font observer que, d’une part, la croissance américaine a été
supérieure d’un point à la croissance de l’Union européenne mettant fin au
processus de rattrapage du niveau de vie américain par les européens des 30
glorieuses et, d’autre part, que l’analyse de ce différentiel s’explique, entre
autres, par une diffusion des nouvelles technologies de l’information (NTIC)
plus rapide aux Etats-Unis et à une politique de l’Etat fédéral favorable à la
diffusion de ces innovations.
Bien évidemment, le candidat peut opter pour d’autres approches et
cheminements pour cette première partie en abordant directement le rapport à la
compétitivité et les innovations sous cet angle en se référant à des exemples
connus, et souvent mis en avant par la littérature concernée, pour l’illustrer.
2. dynamisation de l’innovation (5points)
Il serait indiqué que le candidat commence par rappeler que parler de la
dynamisation de l’innovation n’est pas une chose aisée du fait de la multiplicité
des intervenants, aux intérêts pas nécessairement convergents, et de la diversité
des interactions pouvant s’établir entre eux et que de par la situation prévalant, à
titre d’illustration dans les économies maghrébines, et quand bien même le rôle
des privés est important, la dynamique d’innovation demeure encore largement
tributaire du rôle du secteur public et plus particulièrement de celui de l’Etat.
Le candidat peut enchaîner en soulignant le rôle premier de l’Etat c’est de
concevoir une stratégie visant à promouvoir l’innovation qui doit, elle-même,
être une composante de la stratégie globale du pays considéré.
Dans cette perspective, l’un des premiers vecteurs à considérer est la Recherche-
Développement (R-D) ayant, entre autres, pour objet de desserrer les contraintes
stratégiques de développement et d’essayer d’adapter une invention aux réalités
de la production et aux besoins des consommateurs.
L’Etat dispose de plusieurs leviers pour favoriser la R-D : la fiscalité, les
subventions directes, la facilitation de la diffusion du progrès technique en
mettant en place des infrastructures publiques et un système d’enseignement,
particulièrement supérieur, performant, le rapprochement entre les laboratoires
privés et les laboratoires publics, la création de technopoles et l’octroi d’une
partie des commandes publiques aux entreprises innovantes.
Pour revenir sur la comparaison entre les Etats-Unis et l’Europe, en 2006, à titre
d’illustration, les américains ont dépensé 2,2 fois plus que les européens pour la
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R-D.
L’Etat se doit, dans cette optique, de faciliter la circulation de l’information en
fournissant les incitations aux inventeurs pour qu’ils divulguent leurs
découvertes (brevets), en construisant des infrastructures pour cette circulation
(revues, forums…), et en organisant la fluidité des transferts de connaissances
du secteur public de la recherche vers le secteur privé.
L’Etat peut, également, aider énormément la R-D en mettant en œuvre une
politique d’évaluation efficace pour discriminer en faveur des équipes les plus
performantes et les projets contribuant le plus à la réalisation des objectifs de la
communauté nationale.
De même, la stratégie mise en place doit comprendre tout un dispositif de nature
à protéger les inventions et les innovations.
Le fait que les politiques publiques puissent jouer un rôle majeur dans la
dynamique d’innovation ne peut être considéré comme contradictoire avec celui
que doit jouer et assumer le privé, et plus particulièrement l’entreprise, dans
cette dynamique.
Le candidat peut, à ce niveau, évoquer que, suivant les économies et leurs
objectifs, cette dynamique va dépendre d’un certain nombre de variables dont il
est à citer : la taille des entreprises (avec un débat non tranché sur les avantages
et les inconvénients des grandes entreprises et des PME en m matière), leur
capacité à intégrer et à profiter des réseaux, leurs alliances et leur prise en
considération, dans bien des cas, de la nécessité à développer et à s’inscrire dans
des logiques de « coopétition ». Par ailleurs, on peut évoquer la possibilité des
entreprises à aller chercher l’innovation à l’extérieur pour pallier leurs difficultés
en technologie, en compétences, en moyens financiers ou encore en temps
nécessaire pour y accéder par rapport à un marché aux mutations rapides. Pour
ce faire, on distingue, généralement, quatre possibilités : l’achat d’innovations,
la prise de licence, l’achat d’une entreprise innovante et l’imitation.
Conclusion
Parmi les conclusions possibles pour un tel sujet est celle qui, tout en insistant
sur l’importance dans le monde d’aujourd’hui de l’innovation pour la
compétitivité et la croissance, développe l’idée qu’il n’y a pas une stratégie
standard ni de modèle ficelé et transposable pour la dynamiser.
La cohérence d’ensemble de la réponse du candidat, la maîtrise de la langue
et la qualité de la rédaction (3 points).

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