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Sur l’île d’Oléron, la justice autorise le coq Maurice à continuer de chanter

Cette affaire opposait les propriétaires du coq et des voisins incommodés par le bruit matinal du
volatile. Maurice est devenu une figure locale et a obtenu le soutien d’élus.

Le Monde  Publié le 05 septembre 2019 à 10h34

Il est devenu une figure locale, le symbole d’une ruralité à défendre… Le coq Maurice a été
« relaxé » par la justice, jeudi 5 septembre, dans une affaire qui opposait ses propriétaires et des
voisins incommodés par le chant matinal de l’animal dans la commune de Saint-Pierre-d’Oléron,
en Charente-Maritime. Le tribunal correctionnel de Rochefort a rejeté leur plainte et jugé que le
volatile pouvait continuer de chanter.

« Maurice a gagné [et] les plaignants devront verser à sa propriétaire 1 000 euros de dommages


et intérêts », a fait savoir Julien Papineau, l’avocat de la propriétaire du coq, Corinne Fesseau, à
l’Agence France-Presse (AFP). M. Papineau a expliqué que sa victoire tenait notamment au fait
qu’« en droit français il faut faire la preuve d’une nuisance, et elle n’a pas été faite ». Ni les
plaignants ni leur défenseur n’étaient présents.

« Je suis sans voix. On leur a volé dans les plumes. C’est une victoire pour tous les gens dans la
même situation que moi. J’espère que cela fera jurisprudence pour eux », s’est félicitée
Mme Fesseau devant le tribunal de Rochefort. « Tout le monde va être protégé derrière : les
cloches, les grenouilles… », a-t-elle ajouté, en allusion aux autres querelles de voisinage liées au
bruit qui émeuvent depuis quelque temps le monde rural, opposant souvent gens du cru et
néoruraux. « Pourquoi pas une loi Maurice pour protéger tous les bruits ruraux ? », a-t-elle lancé.

Cette affaire, qui a fini par attirer l’attention des médias du monde entier, avait commencé par une
plainte banale pour « trouble anormal du voisinage ». Elle avait été déposée par un couple
d’agriculteurs retraités de Haute-Vienne, incommodés par le chant trop matinal de Maurice près
de leur résidence de vacances sur l’île d’Oléron.

Procès de la « ville contre la campagne »


Maurice était alors devenu une figure locale et avait obtenu le soutien d’élus. Corinne Fesseau avait
lancé deux pétitions en ligne et rassemblé autour de sa cause grâce à son association Les Coqs
d’Oléron en colère et au soutien indéfectible du maire de Saint-Pierre-d’Oléron, Christophe Sueur.
Irrité par ce type de situations récurrentes, l’édile avait décidé de prendre un arrêté pour
préserver « les modes de vie liés à la campagne, notamment pour ce qui concerne la présence des
animaux de la ferme ».

Lors de l’audience, le 4 juillet, Maurice a été accusé d’être une « nuisance sonore ». « Le coq, le
chien, le klaxon, la musique, c’est le dossier du bruit », avait affirmé Vincent Huberdeau, avocat
des plaignants, en refusant l’idée du procès « de la ville contre la campagne », d’un « conflit entre
citoyens bobos et ruraux ». D’autant, disait-il, que Saint-Pierre-d’Oléron, avec près de
7 000 habitants en hiver et 35 000 en été, ce n’est pas vraiment la campagne. « Je ne suis pas une
ville, je suis une petite commune », avait répliqué le maire, Christophe Sueur. « On a toujours vécu
avec des potagers, des poulaillers, on a une vie plutôt traditionnelle ».

Le procès n’est en tout cas pas le dernier du genre puisque dans les Landes, le tribunal de Dax se
penchera début octobre sur le cas de canards et d’oies accusés de caqueter et cacarder trop fort.

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