Eloi KOUZOUNDJI

Cours de : Optimisation et Programmation Mathématique

INTRODUCTION

Les agents économiques ont des besoins illimités et les moyens de les satisfaire sont rares ;
d’où la nécessité d’opérer des choix judicieux et rentables (c’est-à-dire choisir la satisfaction
la plus élevée au moindre coût). Donc, la rareté des ressources contribue à réaffirmer deux
exigences morales et économiques fondamentales : la réduction du gaspillage et une meilleure
répartition des ressources. La problématique de toute décision (publique ou privée) gravite
autour de ce double choix. Car, toute prise de décision économique, financière ou technique
est toujours difficile et compliquée à cause des multitudes possibilités de choix. Le Calcul
Economique s’est alors développé sur l’idée qu’entre ces besoins humains illimités et le
ressources rares, il existe, dans la région de ces multitudes de possibilités de choix, un choix
qui est toujours optimal.

L’Optimisation et la Programmation Mathématique, l’une des branches du Calcul

Economique, est une approche analytique rationnelle des situations de décisions où l’on
cherche à répartir de façon optimale des ressources rares pour atteindre des objectifs
clairement définis. Ces ressources rares peuvent être les matières premières, le temps, les
ressources monétaires ou tout autre facteur de production. L’objet de fournir aux agents
confrontés à des choix multiples et compliqués un ensemble d’outils rationnels pouvant
éclairer les décisions individuelles, collectives publiques ou privées sur la base d’information
fiable et disponible. L’objet est de fournir aux agents confrontés à des choix multiples et
compliqués un ensemble méthodes mathématiques et critères rationnels pouvant éclairer les
décisions individuelles, collectives publiques ou privées sur la base d’information fiable et
disponible. Ces critères guident dans le processus de prise de décision en rendant compte des
choix plus opérationnels, moins couteux et plus profitables, donc optimaux.

Ainsi, le Calcul Economique, développé pour satisfaire à la double exigence de réduction du

gaspillage et de meilleure répartition des ressources, peut se définir comme une approche
analytique des situation de décisions où l’on cherche à répartir de façon optimale des
ressources rares pour atteindre des objectifs clairement définis. Ces ressources rares peuvent
être les matières premières, le temps, les ressources monétaires ou tout autre facteur de
production.

L’objectif de notre cours étant d’énoncer les méthodes ayant pour but de déterminer la
meilleure solution qui satisfait à un certains nombre de contraintes dans des situations
économiques d’affectation de ressources rares, il sera divisé en deux chapitres. Le premier
chapitre sera consacré aux méthodes de la théorie des graphes servant à l’ordonnancement et
l’optimisation des projets et le second chapitre traitera des méthodes de la programmation
linéaire.

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Chapitre n°1 : LES METHODES DE LA THEORIE DES GRAPHES

Le concept de graphe largement utilisé en mathématique est aussi utile pour la résolution des
problèmes économiques. Le graphe est un ensemble de couple (xj et xj) formés à partir de
relations définies entre l’ensemble E et F (exemple circulation entre les villes, durée et coût de
projets …) tel que E = F (x1, x2, ….. Xn)

Le graphe orienté (noté G = (X,U)) est un graphe représenté par des flèches ou arcs, il est
composé d’un ensemble de sommets, notés x = (x1, x2…, xn), et d’un ensemble de flèche
U = (U1, U2,…, Un) définis par une relation entre les couples (xi et xj)

Pour résoudre les problèmes économiques, seuls les graphes sans circuit sont utilisés. Ils sont
alors ordonnés en classant les sommets par rang ou niveau. Les flèches sont munies d’une
valeur (durée, coûts, quantité…) à partir desquelles on cherchera à déterminer, parmi tous les
chemins ayant la même origine et la même extrémité, celui dont la longueur est optimale
(c’est à dire minimale ou maximale).

I – LES ELEMENTS DU GRAPHE ET LEUR UTILITE EN ECONOMIE

L’algorithme du graphe passe par trois éléments pour déterminer la solution optimale : le
dictionnaire, le chemin ou circuit et le rang du graphe sans circuit.

1 - Le dictionnaire des précédents et des suivants

Quelque soit l’axe (xi, xj) Є G (X, U) : xi est le précédent immédiat de xj et xj est le suivant
immédiat de xi .On appelle P (xi) l’ensemble des sommets immédiatement précédents de xj et
S (xj) l’ensemble des sommets immédiatement suivants de xi

2 - Le chemin et le circuit

Un chemin de G = (X,U) est une suite d’ars non vides tels que l’extrémité de chacun d’eux
coïncide avec l’origine de l’arc suivant sauf pour le premier de la suite. Un circuit est un
chemin où le premier et le dernier sommet sont confondus.

3 - Le rang ou niveau du graphe sans circuit

Un rang ou un niveau est un nombre entier positif ou nul associé à chaque sommet. Les
sommets étant ensuite ordonnancés par niveau, le graphe sera plus facile à tracer et à
interpréter. L’algorithme de recherche de niveau est le suivant :

1. Présenter le dictionnaire des précédents ;

2. Le niveau 0 est attribué aux sommets sans précédents ;
3. Barrer, dans la colonne des précédents, les sommets ayant reçu le niveau 0 ;
4. Le niveau 1 est attribué aux sommets sans précédents ;
5. Reprendre l’étape 3 en augmentant de 1 la valeur des niveaux jusqu'à ce que tous les
sommets soient barrés.

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4 - La recherche du chemin optimal

Les graphes sans circuit permettent de déterminer, parmi tous les éléments du graphe ayant la
même origine et la même extrémité, le chemin optimal c'est-à-dire ceux dont la longueur est
minimale ou maximal (ou méthode de Ford) . Cette recherche est appliquée généralement aux
problèmes de circulation et de transport (chemin court permettant de réduire le coût d’un
trajet) et d’ordonnancement des projets (chemin plus long pour connaître la durée de
réalisation d’un projet). La recherche du chemin extrémal (optimal) passe par les étapes
suivantes :

1. Présenter le dictionnaire des précédents ;

2. Ordonnancer le graphe par niveau ;
3. Donner une valeur à chaque flèche V(x,y) ;
4. Indiquer au dessus du premier sommet (sommet de rang 0), M(x) = 0 ;
5. Le sommet suivant aura une valeur minimale ou maximale [M(y) = M(x)+V(x,y)] ;

6. Continuer l’étape 5 jusqu’au dernier sommet M(d) :

7. M(d) donne la longueur du chemin le plus court ou le plus long ;
8. Le chemin extrémal (ou optimal) correspond au chemin dont la longueur est réalisée par la
succession des sommets ascendants qui ont permis de connaître la valeur de M(d).

5 – L’application : Pour expédier les marchandises d’une ville A à une ville J, une entreprise
doit recourir à plusieurs transporteurs qui desservent les liaisons entre les villes pour les coûts
indiqués dans la matrice suivante :

Ville d’arrivée A B C D E F G H I J

Ville de départ
A 180 50 160
B 120 290
C 60 150
D 130
E 200 140
F 300
G 40
H 190 250
I 50
J

Travail à faire

a. Etablir le dictionnaire des précédents

b. Représenter le problème sous forme d’un graphe ordonnancé en niveau
c. Proposer la solution la plus économique à cette entreprise pour relier la vaille A à la ville J
(c'est-à-dire le chemin plus court et le plus économique)

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II - L’UTILISATION D’UN GRAPHE MPM

Le graphe MPM (Méthode des Potentiels Métra) enveloppé à France à partir de la méthode
PERT sert à ordonnancer les projets. Ceci consiste à ordonnancer dans le temps l’ensemble
des tâches qui concourent à la réalisation du projet, d’autant plus que le déroulement des
tâches doit tenir compte des contraintes d’antériorité et des contraintes de temps (c'est-à-dire
que la tâche (a) ne peut être réalisée qu’après la tâche (b) et à une certaine date). Le but de
l’ordonnancement est de déterminer la durée totale de la réalisation du projet, connaître le
chemin critique ou l’ensemble des tâches qui ne peuvent être retardées et pouvoir adapter le
projet aux contraintes de résultat (réduire le délai, les coûts etc…)

1 - Les principes de la méthode

L’application de la méthode consiste à déterminer les dates des tâches et le chemin critique
afin de calculer les marges. Ensuite, il faudra déterminer les sommets avant la construction du
graphe

1.1 Les dates et le chemin critique : La date au plus tôt d’une tâche est la date à partir de
laquelle une tâche peut être démarrée sans retarder la durée du projet, toutes les tâches
précédentes étant terminées. Cette date permet de trouver la durée minimale de réalisation du
projet.

La date au plus tard d’une tâche est la date limite de démarrage d’un tâche sans retarder la
réalisation au plutôt de la tâche suivante. Les marges sont les intervalles de flottement
permettant d’évaluer le retard que l’on peut prendre dans le démarrage d’une tâche sans
remettre en cause la durée globale du projet. On a :

• la marge totale de la tâche qui est le retard maximum acceptable si une tâche (a) est
réalisée plus tôt et que la tâche suivante démarre au plus tard ;
• la marge libre d’une tâche qui est le retard maximum acceptable si une tâche (a) est
réalisée au plus tôt et que la tâche suivante (b) démarre au plus tôt.

Le chemin critique est le chemin le plus long reliant le premier au dernier sommet du graphe
c'est-à-dire l’ensemble des tâches qui ne peuvent être retardées ou en d’autres termes les
tâches dont les marges totales et libres sont nulles.

1.2 Les sommets : Chaque opération est représentée par un sommet ou cercle dans lequel
figure le nom de la tâche ou un code. Les sommets sont reliés entre eux, sauf le dernier, par
des arcs associés à la valeur numérique correspondant au temps minimum qui sépare le début
des deux tâches.

12
A B

Tâche A Tâche B

Ici la tâche B ne peut démarrer que 12 jours après le début de la tache A. Lorsqu’il n’y a pas
de contrainte la longueur de l’arc est égale à la durée de la tache qui précède. La fin du projet
est matérialisée par une tâche FIN (dernier sommet).

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2 - La construction du graphe MPM

Les taches et les contraintes étant définies, la construction du graphe repose sur le dictionnaire
des précédents et les niveaux. L’algorithme sera de :

1. établir le dictionnaire des précédents (liste des taches immédiatement précédentes de

chaque tache) ;
2. déterminer les niveaux (rang de chaque tache) ;
3. construire le graphe en plaçant les sommets de gauche à droite en fonction des niveaux.

Les sommets sont reliés entre eux en fonction des précédents et chaque sommet sera surmonté
d’un rectangle partage en 2 (à gauche ou aura la date de début au plus court et à droite la date
de début au plus tard de la tache).

2.1 Les dates au plus tôt : Soient :

a : tache (a) au sommet de niveau 0 ;

b : tache (b) de sommet de niveau 1 ;
c : tache (c) de sommet de niveau 3 ;
L(ab) : valeur de l’axe (a,b) ;
L (bc) : valeur de l’axe (b,c) ;
Toa : date de début au plus tôt de la tache (a) ;
Tob : date de début au plus tôt de la tache (b) ;
Toc : date de début au plus tôt de la tache (c) .

Les dates au plus tôt : départ du sommet de niveau 0 sont :

1- Sommet de niveau 0 : T0a = 0

2- Sommet de niveau 1 : T0b = Max. [T0a + L(a,b)]
3- Sommet de niveau 3 : T0c = Max. [T0b + L(b,c)]
4- Continue aussi jusqu’au denier sommet.

La date au plus tôt de la tache FIN correspond à la durée de réalisation du projet.

2.2 Les dates au plus tard : Soient :

- z : tache (z) dernier niveau n (dernier sommet) ;

- y : tache (y) niveau n-1 ;
- x : tache (x) niveau n-2 ;
- L(y,z) : valeur de l’axe (y,z) ;
- L(x,y) : valeur de l’axe (x,y) ;
- Taz : date de début au plus tard de la tâche (z) ;
- Tay : date de début au plus tard de la tâche (y) ;
- Tax : date de début au plus tard de la tâche (x).

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Les dates au plus tard : départ sommet FIN sont :

1. sommet de niveau n : Taz = T0z ;

2. sommet de niveau n-1 : Tay = Min [Taz – L(y,z)] ;
3. sommet de niveau n-2 : Tax = Min [Tay – L(x,y)] ;
4. remonter aussi jusqu’au premier sommet.

Le chemin critique sera composé d’une succession de tâches critiques pour lesquelles tout
retard pris dans la réalisation se traduit par allongement de la durée du projet. C’est le chemin
le plus long caractérisé par des dates au plus tôt. Ce chemin correspond au chemin qui garantit
que toutes les taches antérieures ont été bien réalisées.

2.3 Le calcul des marges : Soient :

- MTa : marge totale de la tâche (a) ;

- MLb : marge libre de la tâche (b) ;
- T0a : date au plus tôt de début de la tâche (a) ;
- T0b date au plus tôt de début de la tâche (b) ;
- Tab : date au plus tard de début de la tâche (b) ;
- d(a) : durée de la tâche (a) ;
- (a) : précédent de la tâche (b).

• La marge totale est basée sur l’hypothèse que les dates au plus tard seront pas modifiées :
MTa = Min[Tab –T0a – d(a)]
• La marge libre d’une tâche exprime le retard que l’on peut prendre sans modifier la date
au plus tôt de la tache suivante : MLa = Min[T0b – T0a – d(a)]

Les marges totales sont supérieures ou égales aux marges libres et des marges totales et libres
sont nulles pour les taches critiques.

3 - L’application

Le calcul des marges permet de mesurer l’élasticité d’un projet c'est-à-dire les marges de
manœuvre dont on dispose pour traiter certaines tâches. Le but de la méthode est d’optimiser
le projet à partir des coûts.

3.1 L’optimisation : L’optimisation du projet au moindre coût consiste à allonger ou à réduire

la durée de certaines tâches en trouvant le meilleur compromis entre les gains et les coûts
supplémentaires. Ceci peut se faire :

• sans modifier la durée initiale (en ne retenant que les taches non critiques) ;
• par allongement de la durée réalisation ;
• en réduisant la durée initiale.

Pour le faire, on procède par itération successives en :

• recensant les tâches pouvant être modifiées ;

• sélectionnant celles qui offrent le meilleur résultat ;
• recommencer tant que des modifications sont encore possibles
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3.2 Exercice : La société BANGUI – INDUSTRIE met en œuvre un projet industriel

nécessitant la réalisation de 10 taches comportant les informations suivantes :

Tâches Tâche Durée standard Réduction Coût

antérieure (en jours) (en jours) supplémentaire
par jour
A E,G 15
B E 14
C BE 12 4 1800
D G 14
E - 8
F A,G,I 10 5 1000
G E 7
H E,D 9 3 500
I BGJ 5
J BG 09

NB : La tâche J doit commencer 3 jours après la fin de tache G

1. Procéder au rangement des tâches par niveau. Calculer la marge totale et la marge libre de
chaque tache.
2. Représenter le projet sous forme de graphe MPM. En combien de temps minimum le
projet peut être réalisé ? Indiquer les tâches critiques.
3. Déterminer le programme optimal sachant que la réduction du projet permet d’économiser
1200F/jours.

III - LES GRAPHES PERT

Le Program Evaluation Reasearch Tash (PERT) vient des Etats Unis où il a été utilisé par la
NASA dans les années 1950 pour accélérer les recherches spatiales. La méthode, bien que
différentes de la méthode MPM, donne les mêmes résultats et permet d’établir
l’ordonnancement d’un projet, de déterminer le chemin critique et d’adapter le projet aux
contraintes de coût, durée etc…

1 - Les éléments de la méthode

L’application de la méthode passe par la définition des tâches, l’utilisation des taches fictives
et la décomposition des opérations.

1.1 La définition des tâches : L’ordonnancement du projet suppose la définition des tâches et
la connaissance des opérations immédiatement antérieures. Ainsi, le graphe ordonnancé
comporte toutes les opérations avec la durée de chaque tâche. Pour le graphe PERT, le
premier sommet du graphe correspond au début de la première tâche et le dernier à la fin de
toutes les tâches. La disposition des tâches doit traduire la succession ou la simultanéité des
opérations.

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Exemple :

1.2 L’utilisation des tâches fictives : Le respect d’antériorité et les contraintes de démarrage
nécessitent l’introduction des tâches fictives. Par exemple, si on a des opérations
indépendantes A,B,C et D. La tâche D succède à A et B, la tâche C succède à A sans succéder
à B. Alors on aura :

A(5)
1 3
C(

X
5

B (1) D(
2 4

La tâche X de durée 0 est introduite pour respecter les contraintes d’antériorité suivantes :

• la tâche D succède aux tâches A et B ;

• la tâche C succède à la tâche A uniquement.

Par ailleurs, on introduit des taches fictives pour respecter aussi les contraintes de démarrage.
Exemple : la tâche B succède à la tâche A, ce pendant elle ne peut commencer que 10 jours
après le début du projet. Ainsi, on aura le graphe suivant :

1
A(

B
2 4
D
X

1.3 Les opérations décomposées : La décomposition des opérations peut être redue nécessaire
lorsqu’une tâche doit commencer avant la fin d’une autre tâche. La première tâche doit être
divisée en tâches distinctes. Exemple : l’opération B dure 12 jours, l’opération E dure 7 jours
mais ne peut commencer que 3 jours après le début de tache B. Donc on aura :

2 - La construction du graphe PERT et le chemin critique

La construction du graphe repose sur le dictionnaire des précédents mais la détermination des
niveaux n’est pas adaptée à la méthode PERT. Chaque sommet du graphe est représenté par
un cercle qui contient le numéro de l’étape (ou une lettre repère), la date de début au plus tôt
de toutes les tâches partant de ce sommet et la date de fin au plus tard de toutes les tâches
arrivant à ce sommet.

Les dates sont déterminées selon le principe utilisé dans le graphe MPM. Le chemin critique
et les marges sont déterminés aussi selon le même raisonnement de la méthode MPM.

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