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Lettre de deuil à Ernesto de la part de Carmen avec 12 éléments du

livre.

Cher père,
J’aurais tellement aimé que je puisse te dire ce que je ressens aujourd’hui mais la vie en a
décidé autrement. C’est pourquoi, j’ai décidé de t’écrire cette lettre, après avoir lu tes 7
carnets, en espérant que mes mots raisonneront là-haut.
Avec ces carnets, j’ai appris un tas de choses sur toi, ta vie, mais sur moi aussi. Ça n’a pas été
si simple à comprendre. Toutes ces choses-là, je ne les aurais peut-être jamais sues si je
n’avais pas été appelée par l’entreprise, PRESTO-SECURE, où tu louais un box pour y
entreposer tes affaires. Ne recevant plus de loyer, la société m’a appelée pour vider le box
avant que tout ne parte à la destruction. Je m’y suis donc rendue avec Lucas et j’y ai
découvert un bureau et rien d’autre, ou presque. A ce moment-là, jamais je ne me suis
imaginé tout ce que j’allais apprendre sur ta vie, sur celle de ma mère et sur la mienne. Dans
ce bureau, 7 carnets retracent ta vie, de 1936 jusqu’à ces quelques jours avant ta mort.

Pendant des jours j’ai lu presque sans arrêt tes écrits. J’en ai appris des choses, certaines
m’ont choquées et d’autres un peu moins mais je m’en suis sortie avec quelques crises et de
l’alcool, beaucoup d’alcool. C’est ce qui m’a permis d’oublier, de m’évader pour penser à
autre chose que cette vie horrible dont je n’ai jamais eu connaissance.

A l’armée, tu as été engagé comme bourreaux. Tu n’as donc pas eu l’opportunité de choisir ton rôle,
on te l’a imposé. Tu torturais les gens pour les faires parler. Dans tes lettres, je ressentais ton dégoût.
Tu n’avais pas envie de faire tout ce mal mais ton travail t’y obligeait, tu n’avais pas le choix. La salle
de l’Imsa, ce n’était pas toi ! tu étais comme téléguidé, ne pouvant être maître de tes actes, forcé à
obéir aux ordres. Tu restes le père que j’ai toujours voulu, qui m’a soutenue, aimée et qui,
aujourd’hui, j’espère, veille sur moi.

Tu m’as également sauvée la vie dès la naissance en me retirant des bras d’Ortiz, un père biologique
qui aurait été incapable de me fournir une éducation correcte étant terroriste et prisonnier. J’ai donc
fait partie des 500 bébés qui ont été volés, mais tu l’as fait pour moi, pour que mon avenir soit
comme tu l’imaginais. J’ai eu de la chance que tu sois là, ce jour-là. Pour tout cela, je ne te
reremercierai jamais assez.

Alors papa, enfin si tu veux bien que je t’appelle comme ça, j’espère que tu continueras de veiller sur
moi de là-haut, comme tu l’as fait avant ton décès.

Laura Denevi

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