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Borrélia
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Comme tu es de caractère entier et imposant,
nous avons, toi et moi, fait un pacte : ok, tu
existes, je suis obligée de te prendre en compte
dans ma vie, tu ne m’en laisses pas le choix.
Mais, moi aussi, j’ai mon mot à dire : « en
aucun cas, tu prendras la première place dans
ma vie ! C’est un ordre. Il y a autour de moi,
des personnes qui sont importantes à mes
yeux, bien plus importantes que toi, dame
Borrélia. J’ai aussi tout un tas de choses
passionnantes à faire et à apprendre, qui, elles,
me donnent de l’énergie, alors que toi, je te
sens plutôt vampire. »
Cela n’a pas été une mince affaire que de te
faire accepter ma volonté. Tu as rusé par tous
les moyens, en me collant une fatigue
insurmontable un jour, une douleur
insupportable un autre, en me faisant traîner
une jambe et j’en passe. Décidément, tu as du
caractère. Mais je te rappelle que nous sommes
deux : moi aussi, j’ai du caractère.
Etant donné qu’aucune de nous deux n’était
prête à s’incliner devant l’autre, il a fallu
signer, entre nous un contrat. Puisque Borrélia
s’imposait, j’acceptais qu’elle soit mon maître.
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Pas n’importe quel maître, pas le petit maître
qui impose sa volonté à l’élève. Sûrement pas !
Durant toute mon enfance, j’ai été une bonne
élève. Entendez par là : celle qui obéit
gentiment. Ce jour-là, je n’étais plus tout à fait
cette petite fille. J’acceptais d’avoir un Maître.
Ce qui signifie, quelqu’un qui m’accompagne
sur le long, mais passionnant, chemin vers
moi-même.
A mon grand étonnement, Borrélia a accepté
immédiatement. Elle s’est même dite ravie de
cette fonction que je lui octroyais. Elle m’a,
par la suite, confié qu’il y avait encore
beaucoup trop peu d’humains qui voyaient
cette fonction en elle.
Elle m’a expliqué qu’elle est le messager de
mon mal a dit.
J’avoue que la première fois qu’elle m’a parlé
de mon mal dit, je me suis dit,qu’avec un
prénom comme le sien, elle n’est peut-être pas
française et qu’elle a des difficultés de
vocabulaire.
Lorsqu’elle m’a répété : « ta maladie, c’est ton
mal qui a dit. », là, je me suis demandée si les
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bactéries pouvaient avoir fumé un produit
illicite ou exagéré avec l’alcool.
Là, tu t’es fâchée et tu m’a dis : « si je dois être
ton Maître, il faudra que tu acceptes de te
mettre au travail et le plus tôt sera le mieux
pour toi ! »
Oups…..
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Enfance.
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Mon mari, le père de mes enfants, mon
amant, mon compagnon de vie.
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Yves
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C’est à ce moment qu’intervient Dame
Borrélia.
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- je confirme, tu es une petite fille, sage de
surcroît ! Que ressens-tu, au hasard, lorsque tu
gères, tu diriges (dit-elle avec un petit sourire
qui me met hors de moi) ta chorale ?
- (je choisi de ne pas relever le sourire) parfois
et de plus en plus, de la lassitude, j’ai
l’impression de ne pas être à ma place, de ne
plus avancer, évoluer ….
-ah, alors pourquoi le fais-tu ?
-hé ben … euh…… parce que je le fais depuis
longtemps et qu’on n’abandonne pas comme
ça une activité.
- bien ! Si je traduis, c’est parce qu’un jour, tu
as créée ce groupe que durant le restant de tes
jours tu t’en occuperas.
- ben, oui, un engagement est un engagement.
- t’es tu engagée à vie ?
- euh… non
- pour combien de temps ?
- aucune idée.
- on pourrait donc appelé cela un contrat à
durée indéterminée.
- oui, voilà, c’est cela !
- sais-tu qu’un contrat ça peut se rompre ?
- oui, mais il faut une bonne raison.
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- ok et ne plus se sentir à sa place, ne plus
évoluer, à ton avis, est-ce une bonne raison ?
- …….
- alors ?
- oui, mais tous les choristes pour qui c’est une
bouffée d’oxygène ……
- et qui se repose sur toi afin de ne pas se poser
trop de questions …..
- je ne peux tout de même pas les abandonner !
- parce que tu es le sauveur du monde ?
- bien sûr que non ! »
Quoi que … me dis-je.
Si je ne me sens plus à ma place, peut-être est
ce une réalité : dans ce contexte précis, je ne
suis plus à ma place.
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- C’est fou ce que ça me met en joie
(sarcastique bien sûr). Et ensuite, je fais quoi ?
Et je suis guérie, c’est ça ?
Bien (elle a de la patience !) tu as encore
beaucoup de choses à comprendre. Prendre de
la distance avec ta chorale, c’est un premier
pas vers toi-même. Comprends-tu ? Vers toi
l’adulte, l’être responsable que tu es.
Responsable de toi-même avant tout. »
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la vie et de préférence quand je ne pense
absolument pas à elle.
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Que, quelle que soit la situation, l’humour est
un allié de grande puissance
Que ………
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