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Lasana KISALA

TÉMOIGNAGE D'UN KAMIT INCRÉDULE.

Inédit

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Je ne saurais embellir ce récit d'apprêts littéraires, qui, aussi bien
qu'ils soient source incontournable d'accrochage pour le lecteur, n'ajoutent
rien, à mon goût, à la portée morale et intellectuelle de cette histoire.

Depuis que mon institut supérieur pédagogique est au courant de


mes assertions spirituelles, je reçois des parts et d'autres, soit des questions,
soit d'attaques verbales, soit des conseils destinés à me détourner de cette
voie. La méfiance, la crainte et quelques amitiés brisées ne m'étonnent plus.
Comme quoi, chaque chose a un prix, même dormir, ou simplement rester
assis. Stupide est de croire que lorsque on parle de prix à payer, nous parlons
d'argent. L'argent n'est qu'une des nombreuses matérialisations de cette
énergie d'échange qui est la plus forte loi de Vie. Je réagis chaque fois, selon le
degré de connaissance acquise, selon le rapport avec mon détracteur, parfois
même selon mon humeur. Certaines fois, je ne manque pas de transformer le
débat en une occasion de prêcher la spiritualité ancestrale. Et, en pareille
situation, je suis souvent appelé à user de toute forme de connaissance pour
étayer mes arguments. Je rends hommage ici à Cheikh Anta Diop, pour cette
phrase qu'il nous a léguée : ARMEZ-VOUS DE SCIENCE JUSQU'AUX DENTS. Et
aussi, pour donner valeur à mon appartenance spirituelle, je suis enclin à
travailler deux fois plus que les autres étudiants, répondant ainsi présent à
l'appel lancé par N.K. OMUTUNDE, appel à susciter en nous, jeunes noirs, la
volonté de puissance. Seule cette volonté de puissance te rend créateur et te
pousse à apprendre les lois de la création matérielle et spirituelle de ta propre
vie, pour te retrouver ainsi pratiquant de la Mâat.

La sagesse s'apprend souvent par des fables. J'aurais aimé, mes


reines et rois kamits, vous déposer plusieurs anecdotes vécues, maintenant
deux ans que je suis un étudiant kamit. Alors qu'il plaisent à nos ancêtres
vaillants et lumineux, de m'accorder force et disponibilité pour rédiger, pour
l'instruction kamite, des histoires.

Celle que je vous raconte maintenant, m'a beaucoup plu.

Je me suis rendu dans un bureau, que je fais taire pour des raisons
d'anonymat demandé par notre frère, pour saluer et prendre certaines
informations. Là, nous avons discuté beaucoup avec l'aîné, sur la vie

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estudiantine, sur la vie professionnelle, jusqu'à toucher l'éternel sujet auquel
je suis souvent confronté: LA SPIRITUALITÉ KAMITE. Je m'efforcerai de
rendre cet échange fidèlement et je vaincrai la tentation d'écrivain, cette
tentation qui nous pousse à vouloir créer même ce qui est déjà. J'utiliserai les
pronoms lui et moi, pour marquer chaque prise de parole. Nous avions
longuement parlé ce jour là, mais voici une tranche de notre discussion.

- Lui : tu es encore jeune pour t'enfoncer dans de telles pratiques. Tu as


une vie devant toi et beaucoup d'opportunités. Alors je ne comprends
pas ce qui t'attire.

- Moi : oui mais être jeune c'est aussi l'occasion de choisir sa voie.

- Lui : qui t'as d'abord introduit dans cette secte ?

- Moi. Ce n'est pas une secte. C'est une spiritualité à part entière.

- Lui : personne n'accepte qu'il est dans une secte.

- Moi : oui, c'est vrai. Mais je ne suis pas dans une secte.

- Lui : pourtant tout montre que tu es dans une secte. Ton attitude, tes
faits et gestes et surtout cette croix bizarre que tu portes. Elle te sert à
quoi ?

- Moi: c'est le Ankh. C'est la symbolique de la vie. L'équilibre entre le bien


et le mal, plus la lumière. Elle n'est pas si bizarre.

- Lui : Tu ne m'as pas dit jusque là comment tu es entré dans ce que toi
même appelles ta spiritualité.

- Moi: je vais vous le dire. Beaucoup pensent que j'ai commencé cette voie
ici à isp. Non, ici, c'est juste le lieu où j'ai trouvé la force de m'affirmer.
Ou sinon c'est une histoire qui commence pendant que j'étais encore
aux humanités, à kakanda. Là, en cinquième des humanités
pédagogiques, une nuit, j'avais senti mon souffle se couper. Après cette
sensation, je me plongeais dans un trou très sombre. A force que je me
mouvais dans cette obscurité, j'entrevoyais au loin une petite lumière
grandissante. Je m'approchais de cette lumière quand une voix féminine
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me dit : " fils, rentre d'où tu viens. Mais à chaque fois que tu as mal ou
besoin d'aide, arrête d'appeler Jésus. Commence à appeler tes grands
parents déjà mort. Ou sinon, ce qui te rend la respiration difficile pourra
t'amener ici avant le temps. Lorsque je me suis réveillé, je n'étais plus
dans la chambre mais au salon avec ma mère et mes frères et sœurs,
tous inquiets. Maman leur disait, dans sa tristesse, de ne pas pleurer.
Réveillé, je suis parti me soulager. J'allais très bien. Depuis ce jour, je
réfléchis à comment être en contact avec mes ancêtres. Je me suis perdu,
devenu même témoin de Jéhovah, puis, arrivé ici à Lubumbashi, je me fis
un catholique baptisé. Puis, j'ai recommencé à remettre en question le
christianisme pour retrouver mes origines. Internet m'a servi et m'a mis
en contact avec la communauté kamite. Et dans cette communauté, nous
grandissons spirituellement ensemble.

- Lui : Donc vous avez même une communauté ?

- Moi : Oui. Nous menons la lutte pas de façon dispersée, mais nous nous
sommes organisés.

- Lui : Vous lutter contre qui et vous espérez quoi ?

- Moi : nous luttons contre les ennemis de notre continent. Ennemis qui
nous combattent sur tous les plans de la vie.

- Lui : votre combat n'a pas de sens aujourd'hui. Vous ne pouvez pas
reculer le monde. Beaucoup de gens avant vous ont essayé, sans succès.
Personne n'a fait quoi que ce soit de remarquable. Peux-tu me citer ne
fût-ce qu'un kamit - c'est comme ça ? - oui un kamit qui a changé la
situation ?

- Moi: oui, plusieurs d'ailleurs.

- Lui : qui par exemple ?

- Moi: Cheikh Anta Diop.

- Lui : il a bien tenté, mais seul, il est mort.

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- Moi: oui il est mort, mais pas son esprit qui continue d'œuvrer avec nous.
D'ailleurs, à son époque, Ils étaient peu nombreux, mais beaucoup de
jeunes gens, des vieux et même des professeurs emboîtent ses pas.
Beaucoup d'institutions sont ouvertes pour étudier et enrichir les
humanités classiques Africaines inaugurées par lui. Je cite ici Fakoly,
OMUTUNDE, Bongolo, Lobola lo Ilondo, Mbong Basong, Obenga, etc,
chacun dans son domaine. Et petit à petit l'éveil de la conscience produit
des A. Goita, des I. Traoré, Etc.

- Lui : malgré ça, rien ne pourra changer la situation. Ceux que tu viens de
citer, ne pèsent pas contre l'organisation européenne. C'est comme ici,
tu es seul.

- Moi : Dans un combat comme celui-ci, c'est pas toujours le nombre qui
compte. En 74, Diop et Obenga étaient deux contre dix-huit savants
internationaux, pourtant, leur vérité avait triomphé sur la question de la
race des anciens Egyptiens, qui étaient nègres. D'ailleurs, ici, je suis
peut-être seul physiquement, mais derrière moi il y a des milliers
d'ancêtres.

- Lui : ça c'est juste une croyance.

- Moi: Non, c'est une certitude. Je sais qu'ils sont là.

- Lui : vous n'inventez rien. Beaucoup ont tenté et sont finis chrétiens.
Nous attendons aussi ta conversion.

- Moi : je vous assure qu'elle ne viendra pas.

Pendant que nous parlions, un enseignant est entré. Tentant de se


joindre à la conversation, il m'a sorti une liste des philosophes athées qui ont
fini par reconnaître l'existence de Dieu. Je lui ai répondu que je n'étais pas
athée. Comment être athée alors qu'on est soi-même Dieu ? Cette question l'a
laissé perplexe et il a pris ce qu'il était venu prendre. Notre conversation
continua

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- Lui : tu vois, aucun professeur ici n'est d'accord avec toi. Tu te ferme les
portes que une bonne entente peut t'ouvrir. Tu es l'un de nos meilleurs
étudiants. Mais pourquoi, dis-moi, pourquoi t'égarer ?

- Moi : je ne m'égare pas. Je suis là voie de la rédemption africaine. La voie


que mes ancêtres me montre.

- Lui : malgré ce que tu m'as dit à propos de ce rêve, rien ne t'oblige à y


être.

- Moi : ce n'est pas un rêve. Mais c'était réel.

- Lui : même si c'était réel. Moi j'ai vécu plus grand que ça, pourtant je
continue de servir le sauveur de l'humanité entière. Vous, vous êtes là
pour la Race noire seulement, alors que le monde actuel tend vers la
civilisation de l'universel.

- Moi : parlant de la civilisation de l'universel, Césaire disait que "plus on


est nègre, plus on est universel". Vous dites que vous avez vécu plus que
ce que je viens de vous raconter, vous pouvez m'en parler.

- Lui : je vais t'en parler, pour te faire voir que tu as tort de laisser une
vision guider ta vie. Dans mon enfance, encore jeune garçon, je souffrais
d'un grand cancer au niveau du ventre. Ce cancer c'était tellement
développé que je ne marchais plus tout droit. C'était impossible,
tellement j'avais mal. À l'hôpital, on avait pas su me soigner. Même vos
traitement de fétiche n'avaient rien fait. On m'a fait beaucoup
d'incisions par différents guérisseurs, mais sans résultat. Ma mère a
beaucoup souffert avec moi, mon père était déjà mort. J'ai souffert
gravement. C'était même impossible de manger. Alors un jour, je suis
mort. Je vais te dire ce qui s'est passé. Je n'étais plus de ce monde. Alors
je suis arrivé au bord d'un grand rivière, sur lequel était étalé un long
tronc d'arbre comme pont. Je me mis à traverser ce pont, ventre sur le
tronc. Je me suis tiré jusque de l'autre côté de la rivière. Arrivé là, c'était
un village normal, avec beaucoup des gens, dans une ambiance normale.
J'étais encore au bord de la rivière qu'un homme est venu vers moi et
m'a demandé ce que je faisais là. Je lui ai dit que j'étais venu vivre là,

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parce que j'étais fatigué de souffrir de l'autre côté de la rivière. Et
l'homme énervé, me dit que ma place était de l'autre côté de la rivière.
Et, ajouta-t-il, je devais rentrer vite avant que SHINDANO, le chef, ne me
trouvât là et ne m'enregistrât dans le cahier. Je lui dis que non, je ne
voulais pas y aller parce que je souffrais trop. Il me rassurera que ç'allait
s'arranger pour moi. Puis, me dit de traverser le pont de le sens opposé.
Je dis que j'avais peur de tomber dans l'eau. Il dit de monter sur son dos
afin qu'il me fît traverser vite avant le retour de Shindano. Je suis monté
et il m'a déposé de l'autre côté et est rentré. J'ai marché un peu et je me
suis réveillé chez nous, au deuil. À mon deuil. Les gens étaient là, toute la
famille entrain de me pleurer. La première des choses que j'ai demandé,
c'est de l'eau, sous l'étonnement de tout le monde. J'ai demandé la
raison de cette foule, alors on m'a dit que c'était pour me pleurer. J'ai
raconté ce que j'ai vécu, j'ai décrit les habits de l'homme qui m'avait
ramené et on me dit que c'était les habits avec lesquels mon père était
enterré. C'était mon père qui m'avait ramené. J'ai cité Shindano, les
aînés qui étaient là l'ont reconnu. C'était un chef de notre clan, de notre
grande famille. Ses petits fils étaient déjà très avancés en âge en ce
moment-là.

- Moi: c'est une belle expérience. Avez-vous vu Jésus de l'autre côté ?

- Lui : non non, sauf d'autres personnes inconnus et mon père.

- Moi: y avait-il ne fût-ce qu'un Blanc dans la population du village de nos


ancêtres ?

- Lui : non. Seulement des Noirs.

- Moi: même pas une église ?

- Lui : je ne sais pas dire s'il y avait une église ou pas. Je n'avais pas
sillonné le village. J'étais arrivé juste au bord de la rivière.

- Moi: cette réalité que vous avez vécu vous montre que votre sauveur ne
fera rien après votre mort. Seuls nos ancêtres vous accueilleront, vous

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montreront votre place avant de vous préparer pour votre retour, votre
réincarnation.

- Lui : mais ce sont ces mêmes ancêtres qui, s'ils m'avaient enregistré
dans le cahier, je ne serai plus là aujourd'hui. C'est méchant ça. N'eût été
mon père, c'est serai autre chose.

- Moi : Votre père vous a ramené pour une bonne raison. Vous devez être
en parfaite relation avec nos ancêtres. Seule façon de leur témoigner
votre reconnaissance.

- Lui : C'est rien. Jésus nous délivre de tout ça.

- Moi : Là vous êtes en bonne santé. Comment votre Cancer était-il fini ?

- Lui : Ah, j'allais oublier ce détail. Trois ou quatre jours après cet
événement, un homme est venu se présenter chez nous disant que
quelqu'un l'avait envoyé pour soigner l'enfant qui était malade.
Personne ne le connaissait. Il avait une mixture très amère, à chaque
fois qu'il me faisait boire ça, je devais manger rapidement des bananes.
Moins d'une semaine j'étais complètement guéri, jusqu'à présent.

- Moi: c'était un miracle de la part de nos ancêtres.

- Lui : un miracle comment alors qu'un homme était là avec un


médicament ?

- Moi : c'était un ancêtre guérisseur. Qui vous soignait. Je parie que vous
ne l'avez même pas payé, et vous ne l'avez jamais revu.

- Lui : Oui, cela est vrai. Il n'avait rien pris et personne ne sait où il était
parti.

- Moi : dites-moi, n'est-ce pas que avant cet événement, des pasteurs et
des prêtres venaient prier pour vous ?

- Lui : je t'ai dit que l'on avait tout essayé.

- Moi : Après ça, vous êtes incrédule ? Dans le fond, vous êtes un kamit,
mais un kamit incrédule.
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- Lui : je ne vois pas pourquoi je peux être kamit. Je suis bien en étant
chrétien.

- Moi : c'est une illusion. Nous en parlerons un jour. Votre histoire doit
être connue par les dignes enfants de notre continent. Je vous demande
la permission de l'écrire.

- Lui : Tu peux l'écrire, mais il faut pas utiliser mon nom dans ces choses.

- Moi: d'accord monsieur. Soyez béni pour avoir partagé avec nous tous
cette expérience….

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SE BATTRE

Se battre

Oui, mais contre qui?

Oui, mais pourquoi ?

Je dois me battre

Contre ceux qui me font la guerre.

Contre ceux qui, lorsque je me formais nègre, dans le ventre de maman

Ont réclamé de me battre,

De me rayer de la terre mère.

Je ne veux pas mourir

J'accepte de souffrir,

Et non de disparaitre.

Me battre

Parce que je dois vivre

En homme libre.

Parce que c'est me battre ou mourir.

Je choisis de survivre.

J'étais une fois de plus dans la chair

Et mon pays, ma race

Ainsi que mes Noirs, mes êtres chers

N'étaient plus que chose vendue

J'ai décidé de me battre.

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Depuis 56, lorsque avec un stylographe

Je posais une question d'éveil

Lorsque, en 58, je prenais un bâton

Lorsque, en 58, je parlais à mes frères !

Battons-nous ! Pour l'indépendance !

Lorsque, en 60! Je signais à l'encre de mon sang

La liberté de mon peuple, pour six mois.

Alors des ennemis

Ceux qui veulent toujours m'abattre

À cause de ma race indomptable

M'envoyèrent des chasseurs et des chiens.

Mes frères ont eu peur et m'ont trahi.

Je me battais.

Avec deux autres.

Shilatembo ! Weber ! Acide sulfurique.

Je me battais avec mes doigts.

Weber me les coupa

Je me Battais avec mes dents,

Weber me les retira.

Je me battais qu'avec mon cerveau

Il me mit une balle dans la tête, puis la retira.

Je n'avais plus d'armes.

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Ma mère terre me rappela à elle

Pour me vêtir d'un nouveau corps.

D'un esprit revolver

Et, d'un groupe des frères

D'un groupe des sœurs

D'une femme

Pour que je me batte

Une fois de plus

Car pour la lutte de lumière

Une seule vie est éphémère...

Laissez moi me battre

M'aider c'est m'armer...

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