SEMIOLOGIE DE L’IMAGE

La sémiologie est la science générale des signes, dont les premiers théoriciens sont le
logicien américain Charles Peirce (1839-1914) et le linguiste suisse Ferdinand de
Saussure (1857-1913).
Une analyse sémiologique consiste à dégager les signes fondamentaux d’une image
et d’en rechercher les significations qui sont propres à chaque culture.
Chaque signe apporte sa contribution à la signification de l'image.
La sémiologie se donne pour tâche d’expliquer, voire de dévoiler les sens des images
qu’elle étudie.
Le mot ’image’ vient du latin ‘’imago’’, donc l’image est un représentation visuelle de
quelque chose.

L’homme a cette capacité à interpréter le monde qui l’entoure, à transformer les objets
en signes.
Une fresque murale à Barcelone qui met à l’honneur Achraf Hakimi et sa maman.
T-shirts à l’effigie de Souffiane Boufal avec sa mère.
 2 Lundi 19 décembre 2022 | L’ÉQUIPE
coupe du monde 2022
MONUMENTAL
Invités au couronnement de Lionel Messi, les Bleus ont été héroïques
et sont passés à quelques centimètres d’un deuxième titre mondial d’affilée,
au bout d’une finale irrespirable au scénario cruel et magnifique.
êêêêêê
Argentine 4 2 3 pour dire la vérité, il n’a pas été le seul: pendant
T.A.B.
France 2 2 3 plus d’une heure, les Bleus auront été complè-
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
VINCENT DULUC
LUSAIL (QAT) – On avait mis à peu près quarante ans
à se remettre de Séville, et voilà, on en a repris
pour longtemps, après l’un de ces matches hé-
roïques qui traversent le temps et l’un de ces
coups de poignard qui traversent le cœur, au
bout d’une finale de Coupe du monde comme
aucune autre, jamais. Les plus jeunes ont vécu,
hier, la défaite d’une génération : ils reverront,
nuit après nuit, l’image de Randal Kolo Muani se
présentant devant Emiliano Martinez (120e +3),
le ballon d’une victoire en finale de Coupe du
monde au bout du pied. Ils le reverront manquer
cette occasion en espérant chaque fois que le
ballon passe au-dessus du pied gauche de Mar-
tinez, et il n’y aura dans cette litanie pas l’ombre
d’un reproche, parce que Kolo Muani et les jeu-
nes Bleus ont donné un talent fou à une finale
qui en a longtemps manqué. Mais c’est un re-
gret vaste comme le monde que l’équipe de
France était à quelques centimètres de recon-
quérir, et c’est l’une de ces actions qui restent,
parfois, le regret d’une vie.
Les Bleus ont perdu leur titre de champion du
monde aux tirs au but, comme la génération
Platini avait perdu à Séville (3-3, 4-5 aux t.a.b.
face à la RFA en demies en 1982), comme la gé-
nération Zidane avait perdu la finale de Berlin
(1-1, 3-5 aux t.a.b. face à l’Italie en 2006). Les
Bleus ont perdu leur couronne après une finale
de légende, vive les Bleus: il est à la fois compli-
qué, quand on aime le foot, de ne pas être admi-
ratif de la manière dont ils ont failli renverser
une finale qui était perdue, avec un coaching his-
torique et gonflé de Didier Deschamps, et de ne
pas se consoler, un peu, à l’idée que Lionel
Messi soit enfin champion du monde, un événe-
ment majeur de l’histoire du jeu qui rapproche
cet artiste absolu de l’immortalité, juste avant de
vieillir.
L’arbitre, M. Marciniak, n’a pas eu
une envie folle de faire son boulot
Il aurait dû, simplement, choisir un autre jour.
Mais, s’il a été élu sans surprise meilleur joueur
du tournoi, pour prix de ses sept buts, dont qua-
tre penalties, il a bien failli être maintenu dans sa
malédiction par les trois buts en finale d’un in-
croyable Kylian Mbappé, qui a porté ses tripes et
le reste pour contester la couronne de son coé-
quipier en club, et auquel la remise du Soulier
d’Or de meilleur buteur de l’épreuve (8 buts) n’a
pas arraché un sourire. Mais il a été grand, lui
aussi, le soir où il fallait l’être.
Comme à Séville, il y aura de quoi faire un ro-
man sur cette finale, en particulier sur l’arbi-
trage de M. Marciniak, qui n’a pas eu une envie
folle de faire son boulot, par-delà le penalty liti-
gieux du 1-0 (23e), en accordant l’impunité totale
aux Argentins pour l’ensemble de leurs brutali-
tés et gestes d’antijeu, même des tirages de
maillot grotesques. Comment Cristian Romero
a-t-il pu finir le match en fumant la pipe?
finale
Argentine 3-3, 4-2 aux t.a.b. France
Le Polonais n’a été à la hauteur de rien mais,
tement absents, étouffés et imprécis au milieu,
noyés sur les bords, notamment du côté d’Angel
DiMaria, à gauche, et fébriles partout. Cela avait
fait très vite 1-0, donc, sur la première chute de
Di Maria dans la surface, puis assez vite 2-0, sur
un contre limpide, avec Di Maria au bout (36e).
Pas un tir des Bleus
avant la 68e minute
Il faut résumer l’extrême faiblesse des Bleus
alors: pas un tir, même de 40mètres en fermant
les yeux, avant la 68e minute. Mais deux phéno-
mènes ont changé le sens du match. D’abord,
comme face aux Pays-Bas (2-2, 4-3 aux t.a.b., en
quarts, le 9 décembre), la manière dont les Ar-
gentins ont cessé de jouer, prisonniers de leur
cynisme, et rattrapés par le karma. Ensuite, le
coaching de Deschamps : il n’y a pas de précé-
dent, parce que c’est la première fois que cinq
remplacements sont possibles, mais sortir
Ousmane Dembélé et Olivier Giroud pour Mar-
cus Thuram et Kolo Muani avant le repos (41e)
était un sacré message, même si, dans un
monde idéal, il aurait presque fallu attendre
moins encore pour s’adapter à Di Maria.
La manière dont les deux jeunes sont entrés
en jeu a souligné que le problème des autres
Bleus n’était pas le talent, mais autre chose, la
gestion des émotions, la fatigue, peut-être :
quand Antoine Griezmann et Theo Hernandez
sont sortis à leur tour, pour Kingsley Coman et
Eduardo Camavinga (71e), tout a changé, avec
un 4-4-2 qui a ouvert en deux la défense argen-
tine en créant des brèches comme des gouffres,
où les Argentins ont fini par tomber, parce que
Kolo Muani a arraché un penalty transformé par
Mbappé (80e), et parce que l’attaquant parisien a
égalisé d’une volée splendide après un une-
deux aérien avec Thuram (81e), renversant sou-
dain l’atmosphère et le sens de cette finale.
Ces deux minutes parfaitement dingues au-
ront suffi à rendre cette finale folle jusqu’au
bout, incertaine jusqu’au bout, un bonheur et
une souffrance toute une prolongation durant,
avec un double miracle de Raphaël Varane et
Dayot Upamecano devant Lautaro Martinez
(105e), et des sentiments extrêmes, encore, tou-
jours, avec le 3-2 de Messi (108e), et l’égalisation
arrachée par Mbappé, sur penalty, pour une
main que sa frappe avait provoquée (118e).
Quand Mbappé inscrit trois buts en finale de
la Coupe du monde, l’équipe de France n’est
donc pas sûre de gagner. Il ne faudra plus ja-
mais partir aux tirs au but à 3-3, comme à Sé-
ville, comme face à la Suisse au dernier Euro
(4-5 aux t.a.b.), et si on a eu le temps de com-
prendre, en 145 sélections, que ces séances ne
sont pas le truc d’Hugo Lloris, les échecs de Co-
man et d’Aurélien Tchouaméni sur les trois pre-
mières tentatives en auront fait une mission im-
possible et trop vite perdue, une autre vallée de
larmes dans la grande histoire bleue. Mais s’il
faudra regretter cette défaite indéfiniment, il ne
faudra jamais regretter ces émotions, l’intensité
de ces sentiments, tout ce qui nous rattache à
une équipe, et à la Coupe du monde, éternelle. É
 es mardi 27 décembre 2022 LE FIGARO
10 SOCIÉTÉ
i- Kurdes tués :
i- la piste raciste
e- se confirme
Alors que William M., 69 ans,
de
a été écroué pour « assassinats »,
la diaspora s’interroge encore
sur son profil.
on CHRISTOPHE CORNEVIN
£@ccornevin
a-
SÉCURITÉ Alors que plusieurs cen-
taines de Kurdes se sont rassemblés
lundi, en milieu de journée, dans le
10e arrondissement de Paris, pour
une marche en mémoire aux trois
membres de la communauté tués
»,
par balle vendredi, près du centre
culturel de la rue d’Enghien, les mo-
tivations racistes revendiquées par
le tireur lui-même se confirment.
Déféré lundi au terme de 48 heu-
res de garde à vue, William M. a été
Des manifestants
ou imaginé, dans un premier temps,
mis en examen et placé en déten-
tion provisoire pour « assassinats »
et « tentative d’assassinats » com-
mis « en raison de l’appartenance,
vraie ou supposée, des victimes à une
prétendue race, une ethnie ou une re-
tiennent, lundi à Paris,
ligion déterminée ». Depuis de lon-
i- semer la mort“ à Saint-Denis. “
gues années, William M. nourrit
une vive aversion à l’encontre de
ceux qu’il a désignés en garde à vue
comme ses « ennemis », à savoir
des instruments de
« tous les étrangers non européens ».
Le fait déclencheur remonte au
re « Il voulait tuer ”un maximum de”
cambriolage de son pavillon de Sei-
ne-Saint-Denis, en 2016. Selon nos
informations, il a alors tenté de se
défendre en essayant de poignarder
musique traditionnels
au couteau ses voleurs. Ce qui lui a
valu un séjour en détention provi-
é- Noirs ou d’Arabes avant de mettre fin
soire. Cet épisode a provoqué un
immense sentiment d’injustice et
de frustration. Devant les enquê-
teurs de la brigade criminelle qui a
kurdes afin de rendre
supervisé les investigations, ce
conducteur de trains à la retraite,
à à ses jours », résume une source
aujourd’hui âgé de 69 ans, a recon-
nu avoir développé une « haine des
ne
hommage aux victimes Nantes : la tension monte autour de la création
proched’un
decentre
l’enquête quiadministrative
écarte défi-
de l’attentat de rétention
ns nitivement, comme l’a fait la justi-
La décision du ministre de l’Intérieur divise localement. La majorité municipale et les associations s’y opposent.
de la rue d’Enghien.
THIBAULT DUMAS
NANTES (LOIRE-ATLANTIQUE)
u- ce, la piste politique. Au grand dam
IMMIGRATION Une simple phrase a
23
suffi à mettre le feu aux poudres. Le
4 octobre dernier, Gérald Darma-
JULIEN DE ROSA/AFP
nin recevait la maire (PS) de Nan-
tes, Johanna Rolland, place Beau-
me de la communauté kurde. Étreinte
vau, « devant la gravité de la
situation de l’insécurité à Nantes ».
Au sortir de la réunion, un commu-
niqué commun se terminait sur ces
mots : « Par ailleurs, le ministre de
l’Intérieur et des Outre-mer a décidé
l’installation d’un centre de réten-
sa par le chagrin et la colère, cette
tion administrative (CRA) dans le
département de la Loire-Atlantique
dans les délais les plus rapides ».
Sans donner de lieu, de date ni le
nombre de places prévues pour ces
étrangers dans l’attente d’être ren-
dernière continue de se poser des
voyés chez eux.
La rumeur bruit d’une implan-
tation éventuelle dans un bâti-
ment neuf à proximité de l’aéro-
port Nantes-Atlantique, au sud-
ouest de la ville. « Les détails
questions sur les motivations du
relatifs à ce CRA seront annoncés
dans un second temps », répond
aujourd’hui le cabinet du ministre.
Malgré ce flou, l’opposition gon-
fle localement. Quatre manifesta-
tions se sont enchaînées depuis
tueur, sur une fantomatique mani-
l’automne dans le centre-ville de
Nantes jusqu’au dernier dimanche
avant Noël, le 18 décembre. Ce
jour-là, 200 personnes défilent
derrière des banderoles « Les fron-
A
tières tuent, solidarité avec les exi-
pulation par les services turcs et sur
lés », « CRA, zone de non-droit »
étrangers devenue complètement
pathologique ». Se décrivant « dé-
pressif » et « suicidaire », comme l’a
révélé dimanche la procureur de la
République de Paris, Laure Bec-
cuau, le tueur a précisé devant les
policiers : « Mais avant de me suici-
der, j’ai toujours eu envie d’assassi-
ner des migrants, des étrangers, de-
puis ce cambriolage. » Selon l’un de
ses proches parents, cette aversion
se serait cristallisée après l’occupa-
tion illégale par des « squatteurs »,
en 2019, de son logement, plus ou
moins laissé à l’abandon. Son ani-
mosité se traduit pour la première
fois dans les actes il y a un an, en dé-
cembre 2021, lorsqu’il lacère à
coups de sabre une demi-douzaine
de tentes de migrants plantées dans
le parc de Bercy, blessant deux Sou-
danais. L’affaire sonne alors comme
une première alerte. À l’issue de sa
Il voulait tuer un
maximum de Noirs
ou d’Arabes avant de
mettre fin à ses jours
UNE SOURCE PROCHE DE L’ENQUÊTE
garde à vue, le sexagénaire avait été
mis en examen pour « violences
avec arme avec préméditation à ca-
ractère raciste ainsi que pour dégra-
dations », avant de purger une se-
conde période de détention
provisoire et d’être remis en liberté,
le 12 décembre dernier. Onze jours
plus tard, William M. accomplit de
sang-froid l’équipée sanglante du
10e arrondissement, après avoir
ou « Fermez les CRA ». À la
manœuvre, une large coalition lo-
cale qui comprend les syndicats
(CGT, FSU et Solidaires) ainsi
qu’une quinzaine d’associations
(dont Attac, Droit au logement 44)
qui, majoritairement, soutiennent
les migrants.
« De la stricte compétence
de l’État »
« Le centre de rétention administra-
tive est une prison qui ne dit pas son
nom. Des étrangers et étrangères y
sont enfermés sur simple décision du
préfet, sans même une défense juri-
dique possible et sans jugement »,
critique-t-on du côté de la Ligue
des droits de l’homme de Loire-
Atlantique. « À neuf reprises déjà,
la France a été condamnée par la
Cour européenne des droits de
l’homme pour l’enfermement d’en-
fants dans les CRA », poursuit l’as-
sociation. Dans les cortèges, on re-
trouve aussi l’ultragauche,
notamment à l’appel de l’ex-grou-
pe et média Nantes Révoltée, re-
baptisé Contre-attaque.
Mais, surtout, la mobilisation
contre le projet s’étend jusque dans
la majorité municipale. Marie Vi-
toux, coprésidente du groupe éco-
logiste, rejette « un enfermement
qui détruit les vies de personnes ve-
nues chercher une protection et des
conditions de vie dignes sur notre
territoire. Les centres de rétention
administrative sont une honte pour
notre pays et une injure à nos valeurs
». « Vu le contexte de l’annonce (de
Des manifestants imaginé, dans un premier temps, sexagénaire ne révèle aucun lien n’a jamais été résolue. « Ces crimes
tiennent, lundi à Paris, semer la mort à Saint-Denis. avec la mouvance d’ultradroite. politiques et terroristes orchestrés
des instruments de « Il voulait tuer un maximum de Emine Kara, responsable du mou- par la Turquie surviennent à la veille
musique traditionnels
sexagén
Noirs ou d’Arabes avant de mettre fin vement des femmes kurdes en du 10e anniversaire du triple assassi-
kurdes afin de rendre à ses jours », résume une source France, qui s’est battue contre nat des militantes kurdes commis
hommage aux victimes
proche de l’enquête qui écarte défi- Daech entre 2016 et 2018 avant de dans ce même 10e arrondissement de
de l’attentat
de la rue d’Enghien. nitivement, comme l’a fait la justi- venir chercher asile en France, fi- Paris par un agent des renseigne-
JULIEN DE ROSA/AFP ce, la piste politique. Au grand dam gure au nombre des personnes as- ments turcs, des crimes politiques qui
de la communauté kurde. Étreinte sassinées par William M. « Si les restent toujours impunis », peut-on
par le chagrin et la colère, cette lire dans le communiqué du Conseil
avec la
dernière continue de se poser des démocratique kurde en France.
questions sur les motivations du Les yeux « Le drame qui vient de frapper le
tueur, sur une fantomatique mani- de 40 millions centre culturel de la rue d’Enghien a
pulation par les services turcs et sur
de Kurdes issus provoqué une vive résonance jusqu’au
une éventuelle complicité, jusqu’ici Kurdistan, assure Nizan Kendal.
démentie par les investigations. de la diaspora sont Aujourd’hui, les yeux de 40 millions de
Emine K
« Plusieurs témoins ont vu une voitu- braqués sur Paris Kurdes issus de la diaspora sont bra-
re qui a déposé cette personne, que NIZAN KENDAL, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT qués sur Paris. » Après deux mani-
l’on dit dérangée, au coin de la rue KURDE DE PARIS festations émaillées d’incidents, les
d’Enghien, confie au Figaro Nizan Kurdes de Paris ont défilé dans le
Kendal, le président de l’Institut portes du centre culturel n’avaient calme, scandant dans leur langue
kurde de Paris. C’est d’autant plus pas été bloquées, le tueur aurait pu y d’origine « Nos martyrs ne meurent
vement
étrange que l’attaque du centre commettre un massacre », soutient pas » et, en français, « Femmes, vie,
culturel s’est déroulée précisément Nizan Kendal, hanté par le spectre liberté ». Tous ont réclamé « vérité et
au moment où devait avoir lieu une du Bataclan. Sans tarder, les Kurdes justice », tandis que la police conti-
réunion de femmes kurdes proches de de Paris ont aussi esquissé le lien nue à enquêter sur le profil de ce
la mouvance du PKK. » À ce stade, entre la tragédie qu’elle vient de vi- psychopathe qui, selon elle, aurait pu
aucune trace de ce véhicule n’ap- vre ce vendredi et le triple assassi- tout aussi bien cibler, vendredi, au
France,
paraît en procédure. L’examen du nat de militantes kurdes, tuées en moment de la prière, une mosquée si
téléphone et de l’ordinateur du 2013, dans le cadre d’une affaire qui celle-ci avait été en bas de sa rue. ■
EN BREF
Daech e
Romans-sur-Isère : une
fillette de 11 ans se suicide
en se jetant du quatrième
étage le jour de Noël
Une petite fille de 11 ans s’est
venir ch
défenestrée du quatrième étage
d’un immeuble du centre-ville
de Romans-sur-Isère (Drôme)
Gérald Darmanin, NDLR), ça légiti- Nantes dépend, comme tout le jour de Noël, vers 22 heures.
me un amalgame raciste avec l’insé- l’Ouest, du CRA de Rennes, près de Une enquête a été ouverte
curité », argumente l’élue verte. De l’aéroport de Saint-Jacques : il dis- et confiée au commissariat
gure au
son côté, la maire de Nantes de- pose de 56 places, dont six pour les de la ville.
meure silencieuse. « C’est un sujet femmes et quatre pour les familles.
qui relève de la stricte compétence de « La création d’un CRA à Nantes Procès de l’attentat de
l’État », évacue son service de est une très bonne nouvelle car la po- Nice : les deux principaux
communication. pulation migratoire se développe condamnés ont fait appel
La capitale de la Loire-Atlanti- dans le département et la région Les deux hommes condamnés
que a pourtant déjà eu un centre, Pays de la Loire, se félicite pour sa
sassinée
à 18 ans de réclusion criminelle
comme il en existe 23 en France - part Arnaud Bernard, secrétaire Le nombre au procès de l’attentat de Nice
lesquels ont retenu 42 350 étran- régional adjoint du syndicat de po- de centres de rétention ont fait appel du verdict de la
gers en 2021 (dont deux tiers en lice Alliance. Cela va faciliter le tra- administrative cour d’assises spéciale de Paris,
outre-mer). De 1984 à 2009, le vail des policiers en leur évitant de en France, lesquels a indiqué lundi le parquet
CRA nantais se situait dans l’en- faire de longs convoyages à Rennes ont retenu 42 350 national antiterroriste (Pnat).
ceinte même du commissariat voire, quand il est plein, à Oissel, en Au terme de plus de trois mois
étrangers en 2021
central Waldeck-Rousseau. Un Seine-Maritime, ou n’importe où en d’audience, Chokri Chafroud
petit bâtiment d’une dizaine de France. » Pour le syndicaliste, « la et Mohamed Ghraieb avaient
places, longtemps sans espace ex- seule question qui vaille, c’est celle été reconnus coupables,
térieur grillagé, qui a été détruit en des moyens humains qui seront at- le 13 décembre, d’association
raison de sa vétusté. Aujourd’hui, tribués au CRA… ». ■ de malfaiteurs terroriste pour
leur implication dans l’attaque
qui avait fait 86 morts et
450 blessés le 14 juillet 2016.
Les
Orne : un couple retrouvé
“
mort à son domicile
Les corps sans vie d’un homme
et d’une femme âgés d’une
soixantaine d’années ont été
découverts à leur domicile
de Valframbert (Orne), lundi,
par la police d’Alençon.
de 40
Selon les premiers éléments
200 personnes
ont défilé, le 18 de l’enquête rapportés
décembre, à Nantes, par Ouest France et France Bleu
contre l’installation Normandie, le mari aurait tué
d’un centre de rétention sa femme de plusieurs coups
administrative. de couteau avant de se suicider
ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS par pendaison. Le couple était
VIA REUTERS CONNECT en instance de divorce.
de Ku
 Qu’est-ce qu’une image?
1.  Le mot « image » désigne la représenta5on, l’imita5on de la
réalité.

2.  Le mot « image » désigne « la représenta5on analogique

d’un être ou d’une chose.

3.  L’image désigne la « représenta5on mentale d’une

percep5on antérieure, en l’absence de l’objet qui lui avait
donné naissance. ». L’esprit humain a la capacité de
construire des images dans son esprit, sans référence
directe au réel, sans support concret. L’image peut être par
exemple un souvenir.
 Entre 1893 et 1910, Munch, peintre expressionniste (1863-1944) avait réalisé quatre
versions de ce tableau devenu au fil des ans le symbole de l'angoisse universelle.

Le 2 mai 2012, une version du "Cri", du peintre norvégien Edvard Munch, a été adjugée
119,92 millions de dollars (91 millions d'euros) à New York, devenant ainsi l'œuvre
d'art la plus chère jamais vendue aux enchères.
Le 4 mai 2010, adjugée pour 106,4 millions de dollars chez Christie’s à New York, Nu
au plateau de sculpteur a battu le record de l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue
aux enchères.

Record mondial des ventes

Nu au plateau de sculpteur est un tableau de Pablo Picasso réalisé en 1932.

Le sujet est Marie-Thérèse Walter, la maîtresse de Picasso.
Le Journal des Arts n°340 du 4 février 2011, Focus : Pablo Picasso - « La lecture »
Le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communica5on lance le
musée digital “Niya Maghribya”
 Pour analyser une image, vous devez :

•  Décrire objectivement (« ce que je vois »)

•  Mettre en contexte (« ce que je sais »)
•  Interpréter et critiquer (« ce que j’en déduis »)

Décrire l’image

Avant de commencer à décor5quer l’image et l’analyser, prenez le temps de la
regarder.
la nature de l’image ?
– dessin de presse/caricature
– photographie d’actualité (celle-ci peut être également une photographie

poli5que, une photographie documentaire, etc.)
– affiche culturelle, poli5que ou publicitaire
– carte postale
– planche de bande dessinée
– œuvre d’art (celle-ci peut être un tableau, une photographie, un dessin, un
collage, etc.
 Quel est le format de l’image originale ?
L’image a-t-elle été modifiée ? A-t-elle été recadrée par rapport à
l’original ? A-t-elle été retravaillée sur Photoshop (par exemple) ?
Qu’est-ce qui est représenté sur l’image ? Quel est le sujet, la thématique
principale ?
– des personnages ? Connus ou non ? Des politiques ? Des stars ? Des hommes ?
Des femmes ? Des animaux ?
– un symbole
– un paysage
– un objet
– une scène, une bataille, un événement connu
– quel est le thème : religieux, profane, historique, politique, publicitaire, etc.
– y a-t-il un rapport entre le titre de l’image et le sujet ?
–…
A par5r de ces éléments, vous pouvez déjà brièvement faire un inventaire et
présenter l’image en nommant l’auteur, l’année, la source du document et le
thème principal.

Me6re en contexte l’image

Vous devez mebre en contexte l’image pour bien la comprendre.

 MARDI 31 JANVIER 2023
79E ANNÉE – NO 24283
3,40 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE
WWW.LEMONDE.FR –
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY
DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO

Retraites : les clés de la bataille parlementaire

▶ Le projet de loi devait ▶ Les hésitations d’une ▶ Des élus du camp ▶ En l’état, une quinzaine ▶ Le report de l’âge légal à
arriver devant la commis- partie des députés de la présidentiel veulent de députés macronistes 64 ans « n’est plus négocia-
sion des affaires sociales de majorité compliquent la corriger certains effets de ont menacé de s’opposer ble », a dit Elisabeth Borne,
l’Assemblée nationale, lundi tâche du gouvernement, la réforme, par exemple au texte, et une quin- dimanche, avant une nou-
30 janvier, avant son exa- soucieux d’éviter un pour les femmes zaine de LR se disent velle mobilisation, mardi
men en séance publique onzième recours au 49.3 et les carrières longues prêts à voter contre PAG E S 7 E T 8 E T CHRONIQUE PAG E 2 9

Ukraine L’envoi d’avions de chasse,

Fin de vie :
▶ Euthanasies, suicides une hypothèse qui divise
assistés… Les tribunaux
sont parfois amenés à juger alors que la livraison de Le ministre des affaires étrangè-
chars lourds vient tout juste res néerlandais a par exemple
des affaires délicates concer- d’être validée par ses soutiens, déclaré considérer cette option
nant des malades en fin de vie Kiev a réitéré sa demande de se avec « un esprit ouvert ».

le dilemme
voir fournir des missiles longue
▶ Les juges doivent alors portée. Ces armes permettraient
aux Ukrainiens de viser les stocks
arbitrer entre le droit, de l’artillerie russe, dont une par-
ses angles morts et le tie seraient situés en Crimée.
En parallèle, plusieurs respon-
« discernement particulier » sables américains et européens
auquel ils sont appelés
Plus surprenant, le président de
la commission de la défense de
l’Assemblée nationale française,
Thomas Gassilloud, assure qu’« il
n’y a pas de tabou » – une position
aucunement assumée au minis-
tère des armées. « C’est hors de

des juges
n’excluent plus l’hypothèse d’un question », a tranché, vendredi, le
envoi d’avions de type F-16 – pré- ministre de la défense allemand.
▶ Le cadre légal pourrait sents dans neuf pays européens. PAG E 3

évoluer selon les travaux

de la convention citoyenne
actuellement réunie
PAG E 1 1 Géorgie Israël-Palestine
De sa prison, Antony Blinken
l’ancien en visite dans
président en un contexte
Renault et Nissan finalisent leur quasi-divorce 1 appelle à Paris de vives tensions
▶ Réunis depuis ▶ Symbole de cette ▶ Ces dispositions
É D I TO R I A L « Je suis emprisonné Le secrétaire d’Etat
1999 au sein d’une relative mise à dis- ont été rendues LES ÉTATS-UNIS par un régime qui fait, américain était attendu
alliance, les deux tance, le français nécessaires par par ma captivité, acte à Jérusalem puis à Ramal-
MALADES d’allégeance à Vladimir lah. Sur place, les violen-
constructeurs auto- verra sa participation la forte défiance
mobiles seront désor- dans le japonais bais- entre Paris et Tokyo DE LEUR POLICE Poutine », dénonce ces se sont poursuivies
PAGE 29
Mikheïl Saakachvili durant le week-end
mais moins intégrés ser de 43,4 % à 15 % PAG E 1 2 TRIBUNE – PAG E 2 8 PAG E S 2 - 3

Santé Politique Disparition Patrimoine

  

Course de vitesse Le Parti socialiste Tom Verlaine,
vaccinale contre sort de la crise, héros rimbaldien « Restituer
la résurgence mais demeure de la musique les œuvres d’art 
  
 
de la tuberculose divisé punk new-yorkaise
PAG E 6 PAG E 9 PAG E 1 9 africaines, c’est 

     

VU PAR ADENE (FRANCE) CARTOONING FOR PEACE Bénédicte Savoy, histo-

réparer le passé »



rienne de l’art, revient sur 
un demi-siècle de débat

 
autour de la restitution


 
des objets captés pendant
les colonisations
IDÉES – PAG E 2 6

Urbanisme
A Roubaix,
un quartier résiste #! %#! !$ #$#  # $
# % #  %# !
à sa démolition

Dans la cité nordiste,

un collectif d’habitants
  

  
    

conteste le plan de rénova-
""+ (   
 
 "" (  
)%
 
tion prévu pour le quartier !#!  + &  + &   % !#!  + +  +' +   )
défavorisé de l’Alma-Gare
  %  ( &+++ '
%(%    ( ***%
PAG E S 2 0 - 2 1
Algérie 220 DA, Allemagne 4,50 €, Andorre 3,90 €, Autriche 4,20 €, Belgique 3,70 €, Espagne 3,90 €, Grèce 3,90 €, Guadeloupe-Martinique 3,70 €,
Hongrie 1 790 HUF, Italie 3,90 €, Luxembourg 3,80 €, Maroc 28 DH, Pays-Bas 4,30 €, Portugal cont. 3,90 €, La Réunion 3,70 €, Sénégal 2 500 F CFA, Suisse 4,80 CHF, Tunisie 5,50 DT, Afrique CFA autres 2 600 F CFA
 MARDI 31 JANVIER 2023
79E ANNÉE – NO 24283
3,40 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE
WWW.LEMONDE.FR –
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY
DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO

Retraites : les clés de la bataille parlementaire

▶ Le projet de loi devait
arriver devant la commis-
sion des affaires sociales de
l’Assemblée nationale, lundi
30 janvier, avant son exa-
men en séance publique
▶ Les hésitations d’une
partie des députés de la
majorité compliquent la
tâche du gouvernement,
soucieux d’éviter un
onzième recours au 49.3
▶ Des élus du camp
présidentiel veulent
corriger certains effets de
la réforme, par exemple
pour les femmes
et les carrières longues
▶ En l’état, une quinzaine
de députés macronistes
ont menacé de s’opposer
au texte, et une quin-
zaine de LR se disent
prêts à voter contre
▶ Le report de l’âge légal à
64 ans « n’est plus négocia-
ble », a dit Elisabeth Borne,
dimanche, avant une nou-
velle mobilisation, mardi
PAG E S 7 E T 8 E T CHRONIQUE PAG E 2 9

Ukraine L’envoi d’avions de chasse,

Fin de vie :
▶ Euthanasies, suicides
assistés… Les tribunaux
sont parfois amenés à juger
des affaires délicates concer-
nant des malades en fin de vie
une hypothèse qui divise
alors que la livraison de
chars lourds vient tout juste
d’être validée par ses soutiens,
Kiev a réitéré sa demande de se
Le ministre des affaires étrangè-
res néerlandais a par exemple
déclaré considérer cette option
avec « un esprit ouvert ».

le dilemme
▶ Les juges doivent alors
arbitrer entre le droit,
ses angles morts et le
« discernement particulier »
auquel ils sont appelés
voir fournir des missiles longue
portée. Ces armes permettraient
aux Ukrainiens de viser les stocks
de l’artillerie russe, dont une par-
tie seraient situés en Crimée.
En parallèle, plusieurs respon-
sables américains et européens
Plus surprenant, le président de
la commission de la défense de
l’Assemblée nationale française,
Thomas Gassilloud, assure qu’« il
n’y a pas de tabou » – une position
aucunement assumée au minis-
tère des armées. « C’est hors de

des juges
n’excluent plus l’hypothèse d’un question », a tranché, vendredi, le
envoi d’avions de type F-16 – pré- ministre de la défense allemand.
▶ Le cadre légal pourrait sents dans neuf pays européens. PAG E 3

évoluer selon les travaux

de la convention citoyenne
actuellement réunie
PAG E 1 1 Géorgie Israël-Palestine
De sa prison, Antony Blinken
l’ancien en visite dans
président en un contexte
Euthanasie

Acte médical consistant à provoquer inten5onnellement la mort

d’un pa5ent afin de soulager ses souffrances physiques.
0123
MARDI 31 JANVIER 2023 france | 11

Les juges face au dilemme de la fin de vie

Les rares affaires qui finissent devant les tribunaux sont la plupart du temps des casse-tête juridiques

ENQUÊTE

M
orten Jensen et Em-
manuelle Hubault
sont tombés
amoureux à Nan-
tes, pendant la Coupe du monde
de football, en 1998. Elle était coif-
feuse, il était photographe et cou-
vrait la compétition pour un quo-
tidien danois, ils se sont mariés
en 2000 et ont eu un petit garçon.
A la fin de cette année-là, un can-
cer du sein a été diagnostiqué
chez la jeune femme, qui s’est gé-
néralisé deux ans plus tard. Mor-
ten a alors tout quitté pour rester
jour et nuit à son chevet à l’hôpital
d’Angers, faisant preuve d’un dé-
vouement qui a impressionné
l’équipe médicale.
La jeune femme agonisante
s’était confiée à sa sœur : « Je veux
partir. » « Je veux mourir. » Le
11 janvier 2003, alors qu’elle avait
sombré dans un coma profond,
Morten a fermé la porte de la
chambre. Il a disposé des pétales
de rose sur le lit, s’est allongé à
côté d’elle, lui a dit « je t’aime », et a
pressé la seringue de Tranxene,
injectant en quelques secondes la
dose prévue pour vingt-qua-
tre heures, avant de confesser son
geste aux médecins. Emmanuelle
avait 29 ans.
Morten Jensen a été acquitté par
la cour d’assises du Maine-et-Loire
en 2006. « Mon geste est un geste
d’amour et de compassion, pas ce-
lui d’un meurtrier », avait-il dit à la
barre. « Un crime d’amour est un
crime, même s’il est animé des
meilleurs sentiments du monde »,
avait rétorqué l’avocat général, les magistrats à « un discernement pour ne pas relancer le débat.” » soins palliatifs –, fait ce parallèle : tratif de Lille en urgence et pré-
Thierry Phélippeau, qui avait re- et un tact particuliers » dans ces af- Les cas qui finissent dans les tri- « On sait qu’il y a des euthanasies
L’euthanasie senté ses directives anticipées, un
quis deux ans de prison avec sur- faires si complexes. bunaux, en réalité, sont ceux où clandestines dans ce pays, on voit est assimilable courrier rédigé deux ans plus tôt
sis, au motif qu’« acquitter, ce se- En droit français, l’euthanasie l’euthanasie supposée n’en est des Français partir à l’étranger dans lequel il disait vouloir être
rait dépénaliser l’euthanasie ac- est assimilable à un « homicide pas vraiment une, lorsque la vo- pour en bénéficier, comme pour les
à un « homicide maintenu en vie, « même artifi-
tive ». Il n’y avait pas de partie civile volontaire », qu’elle soit le fait lonté de la victime de mourir fait avortements avant la loi Veil volontaire », ciellement », en cas de coma jugé
à l’audience, il n’y en a quasiment d’un soignant ou d’un proche. débat ou franchement défaut. [1975]. Cette situation hypocrite se irréversible. L’affaire est montée
jamais dans ces procès, les proches Des centaines d’euthanasies clan- Quand une peine de prison ferme transfère dans les tribunaux, où la
qu’elle soit le fait jusqu’au Conseil d’Etat. La plus
du défunt se rangeant souvent destines seraient pratiquées cha- est prononcée, c’est qu’un doute réalité fait que la justice ne peut d’un soignant haute juridiction administrative
aux côtés de l’accusé. que année, résultat d’un accord existe sur la sincérité de l’accusé. pas condamner, ou alors à des pei- du pays a tranché, fin novem-
« Lorsqu’un père et une mère qui entre un médecin et un malade Ainsi, Philippe Rialland, jugé nes symboliques. »
ou d’un proche bre 2022, en faveur des médecins.
ont perdu leur fille bien-aimée sont ou sa famille. Si poursuites judi- en 2016 devant les assises des La même clémence s’applique
capables de pardonner à mon fils ciaires il y a, c’est que l’auteur s’est Deux-Sèvres pour avoir tué sa lors des procès dans des affaires « Aucune loi ne résoudra tout »
pour cet acte, est-ce que des hom- dénoncé ou l’a été par un membre mère de 85 ans fortement dimi- d’aide au suicide, que la justice pré, professeure en droit privé à Le cas de Jean-Claude Seknagi, un
mes ou une loi faite par des hom- de l’entourage ou de l’équipe mé- nuée par la maladie et glissant vers française poursuit sous d’autres l’université d’Orléans. homme de 70 ans à la santé fragile,
mes peuvent le condamner ? », avait dicale en désaccord avec son la démence, avant de tenter de se qualifications, puisque l’aide au Par cette espèce de mansuétude, illustre – à l’extrême – le poids que
demandé le père de Morten Jen- geste. Le plus souvent, la justice se suicider, avait été puni de cinq ans suicide n’est pas une infraction la justice corrige sans le vouloir peut avoir la décision d’un juge.
sen. Après une demi-heure de déli- montre clémente, voire détourne ferme. L’avocate générale était – l’incitation au suicide en est une, l’un des angles morts de la loi Hospitalisé depuis décembre 2021
bération, son fils était acquitté le regard pour éviter les procès. parvenue à instiller dans l’esprit mais elle implique d’avoir donné à Claeys-Leonetti de 2016, qui auto- pour de multiples infections, il
sous les applaudissements. Bernard Senet, ancien membre des jurés l’idée que l’accusé – qui autrui l’idée de se suicider, pas de rise la « sédation profonde et conti- était décrit comme un cas déses-
de l’Association pour le droit de s’en défendait – n’avait pas réelle- l’avoir simplement épaulé dans nue » pour le patient souffrant péré. Avant de tomber dans le
« Tact particulier » mourir dans la dignité, ne l’a ja- ment voulu se suicider, juste se dé- son projet. Jean Mercier, 83 ans, d’un mal incurable dont le pronos- coma, il avait exprimé clairement,
Euthanasies, suicides assistés… mais caché : depuis les années barrasser du fardeau que repré- pour avoir tendu en 2011 à son tic vital est engagé à court terme dans une vidéo filmée par son fils
Régulièrement, des cas concer- 1980, ce médecin généraliste re- sentait sa mère, pour pouvoir par- épouse Josanne, fatiguée et qui – quelques jours – mais n’offre sur son lit d’hôpital, son désir de
nant des malades en fin de vie, traité du Vaucluse a aidé à mourir, tir vivre en Thaïlande avec sa com- souhaitait en finir, un cocktail de aucune solution à celui qui, continuer à vivre.
souffrant de pathologies incura- à leur demande, des dizaines de pagne. En 2017, l’aide-soignante médicaments ayant entraîné sa condamné à plus long terme Jugeant inutile de s’acharner, les
bles et désireux de mourir plus ra- personnes, s’assurant à chaque Ludivine Chambet avait été con- mort, avait comparu pour « non- – dans les cas, par exemple, de can- médecins de l’hôpital Robert-Bal-
pidement, ont ainsi fini devant fois que l’entourage était informé, damnée à vingt-cinq ans de réclu- assistance à personne en péril ». A cer ou des maladies de Charcot et langer, à Aulnay-sous-Bois (Seine-
les tribunaux. En France, nul n’a le avant de fournir ou d’injecter le sion par les assises de la Savoie Angers, un vétérinaire ayant aidé, d’Alzheimer – souhaiterait s’épar- Saint-Denis), avaient annoncé
droit d’ôter la vie, même à la de- médicament létal, puis de remplir pour avoir donné la mort, en pré- en 2019, un ami atteint de la mala- gner la dégradation et les souffran- qu’ils procéderaient à une limita-
mande d’une personne, et le sui- un certificat de décès classique : tendant les « apaiser », à dix rési- die de Charcot à mourir – en lui ces qui l’attendent. tion des soins en cas de complica-
cide assisté est proscrit. Des ta- « Evolution terminale d’une mala- dents de son Ehpad. Dix victimes fournissant des ordonnances La philosophie de cette loi tions. La famille Seknagi, persua-
bous qu’ont levés d’autres pays, die grave ». âgées, certes, mais qui n’étaient ni pour un animal imaginaire, ce qui Claeys-Leonetti, qui repose sur les dée que le père pouvait s’en tirer,
comme la Belgique – en assortis- Bernard Senet n’a jamais été mourantes ni désireuses d’en finir. lui avait permis de se procurer des soins palliatifs, est d’éviter le re- avait saisi la justice. En avril 2022,
sant cependant toujours cette lé- poursuivi pour homicide volon- substances létales –, a été jugé cours à l’euthanasie, tout en lut- le tribunal administratif de Mon-
galisation ou dépénalisation de taire, ni aucun praticien assumant « Peines symboliques » pour… « faux » et « usage de faux ». tant contre l’acharnement théra- treuil ordonnait la poursuite des
conditions très précises. publiquement avoir aidé des pa- Nicolas Bonnemaison, qui com- Ces deux prévenus ont été re- peutique. Elle s’appuie notam- soins. En mai, Jean-Claude Seknagi
Le cadre français doit-il évo- tients à mourir à leur demande. Le paraissait devant la cour d’assises laxés, grâce à des raisonnements ment sur l’expression des « directi- était extubé et retrouvait l’usage
luer ? Emmanuel Macron a rou- docteur à la retraite se remémore du Maine-et-Loire en 2014, avait juridiques originaux : les juges de ves anticipées », qui permettent à de la parole. En août, après huit
vert le débat, en septembre 2022, un échange avec le procureur du eu droit à davantage de mansué- Jean Mercier ont argué que seule chacun d’exprimer sa volonté mois en réanimation, il était auto-
en confiant notamment la ré- Vaucluse, dans les années 1990 : tude. Ce médecin urgentiste à la qualification de « meurtre » lui quant à sa prise en charge en fin de risé à rentrer chez lui, bien vivant.
flexion à 150 Français tirés au sort « Il m’avait dit : “Vous, vous aime- l’hôpital de Bayonne avait mis fin aurait été applicable – et un non- vie au cas où il ne serait plus en Le cas Seknagi est atypique, mais
pour participer à une convention riez bien que je vous inculpe pour aux jours de sept patients âgés, lieu définitif concernant cette état de le faire le moment venu. quel cas ne l’est pas ? « Aucune af-
citoyenne. La feuille de route, lan- ce que vous faites pour les person- malades et en fin de vie, par des qualification avait été prononcé à Ces directives « s’imposent au mé- faire de fin de vie ne ressemble à
cée en décembre 2022, a été for- nes en fin de vie.” J’avais répondu injections létales, sans prévenir l’instruction. Ceux du vétérinaire decin », dit la loi, « sauf lorsqu’elles une autre », disait Jean Leonetti
mulée en une question par la pre- que oui, ça ferait un beau procès, quiconque. « J’aurais voulu que angevin – qui sera rejugé, le par- apparaissent manifestement inap- dans un entretien au Monde
mière ministre, Elisabeth Borne : qui pourrait faire avancer les cho- vous m’en parliez et qu’on décide quet ayant fait appel – ont retenu propriées à la situation médicale ». en 2006. L’ex-député prévenait :
« Le cadre d’accompagnement de ses. Il m’avait dit : “Justement, j’ai ensemble », lui avait reproché le l’état de nécessité, qui permet Ce bémol a ouvert la voie à « Aucune loi ne résoudra tout. »
la fin de vie est-il adapté aux diffé- interdiction de vous poursuivre, fils d’une victime. Les autres fa- d’enfreindre la loi pour éviter un d’autres affaires concernant la fin De fait, même si elle a probable-
rentes situations rencontrées, ou milles étaient venues à l’audience dommage plus grand que si on ne de vie, qui s’achèvent aussi, par- ment limité le nombre d’euthana-
d’éventuels changements de- pour soutenir le docteur. Nicolas le fait pas, ce dommage étant, en fois, devant les tribunaux – un sies, « la loi Claeys-Leonetti de
vraient-ils être introduits ? » Les « Les jurés, Bonnemaison avait été acquitté l’occurrence, la dégénérescence contentieux rare, là encore. 2016 n’a pas “vidé” le contentieux
mots d’euthanasie et de suicide – avant d’être condamné à deux mortifère de son ami. Le 19 mai 2022, un homme de de la fin de vie devant les juges,
assisté ne sont pas prononcés.
qui écoutent les ans avec sursis en appel et radié « A chaque affaire de très grande 43 ans était admis au centre hos- constate Aline Cheynet de Beau-
Mais ils sont dans toutes les têtes. souffrances de de l’ordre des médecins. Dans ces souffrance, quand un proche aide pitalier de Valenciennes (Nord) en pré. Mais, au fil des avancées de la
Combien de litiges arrivent de- affaires, les décisions des jurés re- quelqu’un à mourir, on veut une arrêt cardiorespiratoire, après loi, de nombreux cas se règlent
vant la justice ? Les procédures
la personne qui flètent parfois l’état de la société action en justice, l’institution veut avoir été écrasé par le camion qu’il dans la satisfaction du patient, du
sont rares – il n’existe pas de sta- a donné la mort, plus que celui du droit. dire au public “ça ne se fait pas”, réparait. Deux semaines de coma soignant et dans le respect des prin-
tistiques –, mais elles contrai- Concernant les affaires d’eutha- pour éviter d’autres dérapages. En plus tard, face à une situation cipes essentiels de la société. » Il
gnent les juges à s’aventurer dans
vont souvent nasie, le député de Charente-Ma- revanche, les jurés, qui écoutent les qu’ils estimaient irrécupérable, conviendra aux membres de la
la zone grise tragique de la fin de essayer de ne pas ritime Olivier Falorni (MoDem), souffrances de la personne qui a les médecins ont décidé d’arrêter convention citoyenne, et éven-
vie, à trancher des cas particuliers partisan de l’aide active à mourir donné la mort, vont souvent es- les traitements, qui relevaient, se- tuellement au législateur, de déci-
ultrasensibles. Dans une circu-
condamner » et qui dirige actuellement une sayer de ne pas condamner, ou lon eux, de « l’obstination dérai- der si le cadre de la fin de vie doit
laire de 2011 toujours en vigueur, ALINE CHEYNET DE BEAUPRÉ mission d’évaluation de la loi alors à des peines symboliques », sonnable ». Les proches du patient de nouveau être modifié. p
le ministère de la justice appelle professeure en droit privé Claeys-Leonetti – sur l’accès aux constate Aline Cheynet de Beau- ont alors saisi le tribunal adminis- henri seckel
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MARDI 31 JANVIER 2023 france | 11

Les juges face au dilemme de la fin de vie

Les rares affaires qui finissent devant les tribunaux sont la plupart du temps des casse-tête juridiques

ENQUÊTE

M
orten Jensen et Em-
manuelle Hubault
sont tombés
amoureux à Nan-
tes, pendant la Coupe du monde
de football, en 1998. Elle était coif-
feuse, il était photographe et cou-
vrait la compétition pour un quo-
tidien danois, ils se sont mariés
en 2000 et ont eu un petit garçon.
A la fin de cette année-là, un can-
cer du sein a été diagnostiqué
chez la jeune femme, qui s’est gé-
néralisé deux ans plus tard. Mor-
ten a alors tout quitté pour rester
jour et nuit à son chevet à l’hôpital
d’Angers, faisant preuve d’un dé-
vouement qui a impressionné
l’équipe médicale.
La jeune femme agonisante
s’était confiée à sa sœur : « Je veux
partir. » « Je veux mourir. » Le
11 janvier 2003, alors qu’elle avait
sombré dans un coma profond,
Morten a fermé la porte de la
chambre. Il a disposé des pétales
de rose sur le lit, s’est allongé à
côté d’elle, lui a dit « je t’aime », et a
pressé la seringue de Tranxene,
injectant en quelques secondes la
dose prévue pour vingt-qua-
tre heures, avant de confesser son
geste aux médecins. Emmanuelle
avait 29 ans.
Morten Jensen a été acquitté par
la cour d’assises du Maine-et-Loire
en 2006. « Mon geste est un geste
d’amour et de compassion, pas ce-
lui d’un meurtrier », avait-il dit à la
barre. « Un crime d’amour est un
crime, même s’il est animé des
meilleurs sentiments du monde »,
avait rétorqué l’avocat général, les magistrats à « un discernement pour ne pas relancer le débat.” » soins palliatifs –, fait ce parallèle : tratif de Lille en urgence et pré-
Thierry Phélippeau, qui avait re- et un tact particuliers » dans ces af- Les cas qui finissent dans les tri- « On sait qu’il y a des euthanasies
L’euthanasie senté ses directives anticipées, un
quis deux ans de prison avec sur- faires si complexes. bunaux, en réalité, sont ceux où clandestines dans ce pays, on voit est assimilable courrier rédigé deux ans plus tôt
sis, au motif qu’« acquitter, ce se- En droit français, l’euthanasie l’euthanasie supposée n’en est des Français partir à l’étranger dans lequel il disait vouloir être
rait dépénaliser l’euthanasie ac- est assimilable à un « homicide pas vraiment une, lorsque la vo- pour en bénéficier, comme pour les
à un « homicide maintenu en vie, « même artifi-
tive ». Il n’y avait pas de partie civile volontaire », qu’elle soit le fait lonté de la victime de mourir fait avortements avant la loi Veil volontaire », ciellement », en cas de coma jugé
à l’audience, il n’y en a quasiment d’un soignant ou d’un proche. débat ou franchement défaut. [1975]. Cette situation hypocrite se irréversible. L’affaire est montée
jamais dans ces procès, les proches Des centaines d’euthanasies clan- Quand une peine de prison ferme transfère dans les tribunaux, où la
qu’elle soit le fait jusqu’au Conseil d’Etat. La plus
du défunt se rangeant souvent destines seraient pratiquées cha- est prononcée, c’est qu’un doute réalité fait que la justice ne peut d’un soignant haute juridiction administrative
aux côtés de l’accusé. que année, résultat d’un accord existe sur la sincérité de l’accusé. pas condamner, ou alors à des pei- du pays a tranché, fin novem-
« Lorsqu’un père et une mère qui entre un médecin et un malade Ainsi, Philippe Rialland, jugé nes symboliques. »
ou d’un proche bre 2022, en faveur des médecins.
ont perdu leur fille bien-aimée sont ou sa famille. Si poursuites judi- en 2016 devant les assises des La même clémence s’applique
capables de pardonner à mon fils ciaires il y a, c’est que l’auteur s’est Deux-Sèvres pour avoir tué sa lors des procès dans des affaires « Aucune loi ne résoudra tout »
pour cet acte, est-ce que des hom- dénoncé ou l’a été par un membre mère de 85 ans fortement dimi- d’aide au suicide, que la justice pré, professeure en droit privé à Le cas de Jean-Claude Seknagi, un
Séisme en Turquie : la photo du père et de sa fille morte

Mesut Hancer se 5ent à côté de sa fille Irmak, ensevelie sous les décombres, à Kahramanmara, le 7 février 2023.
ADEM ALTAN / AFP